Aujourd’hui, je serai en retard… encore. [Fe Watty]

Se faire foutre dehors comme un malpropre… Gregory aurait pu – il aurait dû – s’y attendre… Cuddy n’était pas assez ouverte à l’imprévu pour qu’il en fût autrement. Elle ne savait pas ce qu’elle ratait !

Dans le couloir du troisième étage, House fouilla dans la poche de son pantalon, qu’il tenait toujours à la main, et en sortit sa clef, celle du 303. Il envisageait tout de même d’au moins se doucher en vitesse avait de se rendre à l’hôpital, juste au cas où Lisa lui aurait refilé son odeur, on ne sait jamais avec les femmes, après tout, elles étaient bien capables de marquer leur territoire, il en était sûr !

Il inséra sa clef dans la serrure (non non, ce n’est pas une métaphore sexuelle XD) et ouvrit la porte, sans vraiment savoir si ses deux colocataires étaient ou non dans les parages. Greg entra et accrocha sa canne au lustre avant d’aller dans sa chambre chercher des vêtements propres : caleçon, chaussettes, tee-shirt de rock, chemise non repassée et passablement chiffonnée, pantalon et veste. Puis, il se rendit à la salle de bain pour se doucher et en profiter pour réfléchir un peu à ce qu’il s’était passé.

Ce qu’il s’était passé, finalement, que fallait-il en penser ? House avait prévu de passer une soirée tranquille après son repas du soir. Il avait allumé son ordinateur dans le but de regarder ses mails et de passer, pas très longtemps, sur MSN. Juste histoire de discuter un peu, peut-être avec Jordan. Et puis, il avait vu Cuddy connectée et était allé lui parler. Pourquoi ? Bonne question. Il avait toujours aimé jouer avec le feu et puis… Lisa avait été partante pour jouer à la bataille navale. Elle avait même accepté le petit jeu sexuel qu’il proposait… Là, elle l’avait tout de même étonné. Au départ, Gregory avait lancé cela pour déconner, pour embêter Cuddy encore un peu, sans jamais penser que sa patronne rentrerait dans le jeu. Oh, et puis, la danse sexy et lascive qu’elle avait faite… Bon sang, c’était un grand moment ! Il avait eu envie de plus suite à cela, évidemment, et s’était demandé jusqu’où elle serait capable d’aller. Et puis Cuddy avait triché et abandonné. Juste au moment où ça devenait le plus intéressant. Alors House était allé chez sa boss, juste en face, parce qu’il était frustré, sur le coup, et aussi parce qu’il voulait mettre les choses au clair avec Lisa. Après cela, c’était un peu confus… champagne, rapprochement et nuit au lit. Avec elle.

A vrai dire, Gregory ne savait pas comment les choses allaient tourner. La nuit avait dépassé de loin ses espérances, mais, finalement, comment tout cela devait évoluer ? Étaient-ils un couple ? Non, elle ne l’aurait pas jeté comme ça ce matin. Était-ce un coup d’un soir ? Peut-être. House décida de ne pas répondre tout de suite à ces questions. Après tout, Cuddy était aussi impliquée que lui dans cette histoire. Et même si, comme tout être humain, Greg était fondamentalement égoïste, il estimait que la doyenne avait son mot à dire dans l’affaire. Même s’il n’était pas encore sûr de la laisser le placer, ce mot.

Le diagnosticien sortit de la douche, s’essuya et s’habilla, puis il sortit de la salle de bain et se mit à boiter jusqu’à la cuisine. Cool. Il restait du café. Il se servit une tasse et entendit alors un peu de bruit dans la pièce d’à côté. Holmes était en voyage, ou quelque chose comme ça. Watson devait donc être là. House ne connaissait pas ses horaires, mais c’était bien possible que ce soit lui. Ça tombait bien, Greg avait prévu d’arriver une demi-heure en retard à l’hôpital aujourd’hui. Passant la tête par la porte, le médecin se mit à chanter :

"Je vais bien, tout va bien
J’ai mes dix doigts, mes deux mains
Les yeux un peu fatigués
Comme tous les matins !"

House lança un sourire malicieux à son coloc’ et boita jusqu’à lui.

"Watson, tu tombes bien ! Toi qui t’y connais à fond en math et en signes… J’ai un problème existentiel à résoudre."

Avec un peu de chance, le mathématicien rentrerait dans son jeu. Et lui fournirait un regard tout à fait terre-à-terre sur ce qui le dépassait. Ça pouvait être intéressant pour les longues soirées d’hiver.

"Imagine que tu fasses un petit jeu sexuel, pas beaucoup, juste un peu de strip, bref, tout à fait anodin, avec ta patronne et que ça se termine dans son pieu, avec une nuit d’enfer à la clef. Au final, ça donne quoi ?"

Invité

Watson, quant à lui, avait passé une nuit réparatrice et tout ce qu'il y a de plus banal. Holmes était en voyages depuis un moment maintenant et John s'en ressentait un peu, peu habitué, malheureusement, à vivre seul, mais Greg était un deuxième Holmes, tout aussi asocial ou presque que lui, il semblait avoir la m^me folie et la même dépendance aussi, même si la substance changeait. Il n'était pas étonnant que les deux hommes se soient si bien entendus. Greg n'était pas rentré la veille mais Watson ne s'en était pas ému, ses deux amis l'avaient, tour à tour, habitué à ce genre de choses et il s'y faisait fort bien, dormir dans un appartement vide ne le dérangeant que peu.
Il avait rêvé de sa femme disparue et il se levait de fort mauvaise humeur, le rêve se terminant par une noyade par trop réaliste.
Il était déjà passé à la douche, peu avant que Greg ne rentre, profitant de l'eau chaude pour calmer ses nerfs éprouvés et avait préparé un petit déjeuner consistant, à la façon anglaise, des oeufs brouillés, du bacon et des pan-cakes.
Il commençait à peine à faire cuire tout cela lorsqu'il entendit Greg rentrer et se précipiter vers la douche, une légère effluve de parfum féminin le suivant avec grâce, à défaut de discrétion. Watson eut un demi sourire amusé et continua sa préparation sans bruit, laissant son colocataire et nouvellement ami se débrouiller avec ses problemes de coeur.

Comme si House pouvait se débrouiller tout seul de ce genre de chose, comme s'il n'avait pas ce besoin, viscéral, d'aller dire avec qui il avait passé la nuit, comment, pourquoi, et que c'était formidable. Quel naïf que ce Watson, décidément. Il ne tarda pas à entendre la voix joyeuse de son ami et à voir sa tête éternellement chiffonnée passer par la porte.

"Watson, tu tombes bien ! Toi qui t’y connais à fond en math et en signes… J’ai un problème existentiel à résoudre."

Ben voyons... enfin de toute façon Watson était debout et habitué depuis longtemps et par un autre génie à ce genre d'exercice, aussi accueillit-il Greg d'un sourire engageant, le laissant poursuivre.

"Imagine que tu fasses un petit jeu sexuel, pas beaucoup, juste un peu de strip, bref, tout à fait anodin, avec ta patronne et que ça se termine dans son pieu, avec une nuit d’enfer à la clef. Au final, ça donne quoi ?"

Hum....voila qui allait être difficile à imaginer, Watson n'étant guère ce genre d'homme, tout d'abord et ne fréquentant guère, d'ailleurs, ce genre de femme. Un air perplexe et étonné se peignit donc sur son visage.

"Euh...hum... Ça donne que...Ta patronne ?"

Ce détail le touchait maintenant et il s'arrêta dessus sans plus réagir, il savait que Huse aimait parler de Cuddy à longueur de temps, même s'il n'avait pas encore eu al chance et l'honneur de la rencontrer, et qu'il ne connaissait donc d'elle qu'un sale caractère présumé, ou du moins la sale manie de ne pas obéir à Greg, chose différente sans doute, et son physique avantageux.

Après les événements de la nuit, House se sentait plutôt de bonne humeur. Oh, pas au point de tenter le break dance sur le sol de l’appart – d’ailleurs il était quasiment certain de ne pas pouvoir se relever s’il essayait ça –, mais il avait envie de sourire et de jouer de la guitare. Et ça, ça voulait tout dire.

Poser la question qui le taraudait à Watson, ce n’était pas un moyen comme un autre d’annoncer qu’il était enfin parvenu à passer la nuit avec Cuddy. Enfin, si, aussi, un peu… mais c’était surtout le besoin d’obtenir des réponses, comme toujours. Autant Greg était capable de résoudre des énigmes médicales complexes et tordues, autant la moindre petite question relationnelle lui paraissait presque insurmontable. Et puis, il n’avait pas voulu attendre d’être à l’hôpital pour demander l’avis de Wilson, même si ce dernier aurait certainement eu un conseil à refiler pour la suite.

Watson, c’était différent. Que se passait-il dans sa tête pour qu’il ne puisse pas répondre à une équation comme celle-là ? "Ta patronne"… c’était tout ce qu’il avançait comme élément, mais ce n’était pas l’inconnue de l’équation. Que du contraire, elle était même plutôt carrément bien connue !

"Ma boss, la directrice d’hôpital, Miss Gros-Poumons-Et-Jolies-Fesses."

House vit au visage de John que ce dernier était passablement interloqué par ce que Greg avait dit. Pourtant, il n’avait pas été grossier, ni cynique ou que sais-je, non, il avait exposé clairement son problème et voilà que le mathématicien le regardait avec des yeux de merlan frit en bloquant complètement sur la profession de Cuddy.

"Eh, attends, c’est pas comme si j’étais une secrétaire et elle le patron qui profite de son employée, ça n’a rien à voir et ça ne me permettra jamais d’avoir une augmentation, ça c’est sûr et certain."

Peut-être que c’était ça qui choquait Wat’. Greg ne savait pas ce qui se passait sous son scalp, mais le mathématicien avait l’air de ne pas comprendre ce qui posait problème à House.

"Bon, posons X = Cuddy et Y = House. Ça sera peut-être plus facile pour me répondre… Je dois faire quoi, moi, maintenant ?"

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Spoiler:

Watson secoua la tête pour s'éclaircir les idées.

"Non...Désolée, donc tu as passé la nuit avec elle et...quelle est la question finalement ? comment veux-tu que je sache ce que tu dois faire ? Tu...as envie de prolonger cette...histoire ? ou pas du tout ? Tu as peur pour ton job ? qu'elle s'attache ? que tu t'attaches ?"

Watson scruta son colocataire

"Tu ne me donnes pas assez d'informations, je n'ai pas assez de données pour te donner une réponse logique....Et puis...Ce genre de chose n 'appelle pas une réponse logique, c'est à toi que reviens cette réflexion, à toi seul, je ne peux rien faire pour toi à part te renvoyer des questions. Ce que je ferais avec plaisir ce soir, parce que là tu es en retard pour le boulot...Pas plus que d'habitude, mais ça ne saurait tarder... Et moi j'ai des copies à corriger."

Et puis comme ça ça lui laisserait un peu de temps pour digérer, et à House pour prendre du recul. Tout bénef donc. Watson s'installa à table avec un léger sourire, le petit déjeuner était prêt, posé sur la table. Mais House ne déjeunait pas souvent, sauf quand il prenait cela comme prétexte pour être en retard.

Spoiler:

Bon, selon toute apparence, Mr John Watson n'avait pas les dons nécessaires à une théorisation parfaite de la situation. Ou alors, il faisait l'imbécile pour le plaisir. A moins qu'il ne soit juste pas bien réveillé. En tous les cas, House tombait mal avec cette histoire. Mais ça, il s'en fichait un peu sur les bords, et beaucoup au milieu.

"Moi, peur pour mon job? tu veux rire ?! Je suis le meilleur médecin de cet hôpital et c'est grâce à moi que Cuddy peut balader ses jolies fesses dans des tailleurs aussi moulants !
Je ne sais juste pas ce que je suis censé faire. Tu ferais quoi, toi?"

Sans avoir l'air d'être un parfait connaisseur, Watson avait au moins l'air d'être un type bien. Du genre de ceux que les femmes appréciaient, voire aimaient. Alors il devait forcément savoir. Et puis, avec ses manières bon chic bon genre, il détenait la solution, c'était évident.

"Pas assez d'informations ? Tu veux des détails, c'est ça ?
Alors, elle avait une nuisette hyper sexy, avec de la dentelle partout... elle a ouvert une bouteille de champagne... et..."

Non, le reste, c'était presque intime. Et puis, Greg ne savait plus trop comment ça s'était passé exactement, ni qui avait pris les devants sur l'autre. Et voilà que le mathématicien remballa House en prétextant qu'il était en retard et que lui avait des corrections à faire. Pfff, on ne pouvait jamais compter sur personne !
Gregory allait devoir se trouver quelqu'un d'autre pour les conseils conjugaux. Il piqua, juste sous son nez, l'assiette de porridge de son coloc' british et l'emporta en s'éloignant, non sans grommeler.

"Ouais, c'est ça... à ce soir, alors... je t'appelle si y a du nouveau... parce que je compte bien aller la voir ce matin, la boss..."

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Spoiler:

Watson vit son assiette s'enfuir et se leva pour rattraper House.

"Tu as éludé les questions importantes Greg, comme toujours, que veux-tu, qu'attends-tu de cette nuit ou de la relation qui pourrait suivre ? que ça continue ? s'arrête ? devienne sérieux ? reste juste...enfin tu vois ?"

Il avait du mal avec ce monde où les gens faisant l'amour sans ressentir d'amour, cela le dépassait, cela le dépassait déjà du temps où certains payaient, mais là il ne comprenait vraiment plus, pour lui l'acte physique était surtout le prolongement d'un sentiment naissant ou grandissant, pas juste...un acte hygiénique comme il l'avait entendu à la télé.
La télé dont il n'avait toujours pas bien compris le mode de fonctionnement, et encore moins l'intérêt, des gens déblatéraient des âneries à tout bout de champ dans une petite boite, totalement inutile.
Enfin bref, de toute façon Greg trouverait le moyen d'être en retard, ses copies seraient corrigées ce soir, même s'il devait sauter le repas, d'autant qu'il n'y avait plus Holmes pour l'entrainer dans de folles aventures, donc autant l'écouter.
Debout dans l'entrée Watson attendait la réponse de Greg, réponse qui ne viendrait sans doute que sous forme d'éludation des questions, bien trop personnelles pour Greg....Ou pas ? Watson avait du mal à cerner le bonhomme, comme Holmes il se révélait parfois surprenant.

Une assiette qui s'en va, ce sont des choses qui arrivent. Et ces choses-là arrivent d'autant plus souvent quand on a pour colocataire un type comme Greg House. Mais de son point de vue, le médecin estimait juste qu'il puisse se servir de porridge, puisque Watson en mangeait, ce ne devait pas être mauvais... et puis, si jamais le plat n'était pas frais ou autre, eh bien, Watson pourrait s'estimer heureux de ne pas y avoir goûté avant House. Bref, autant d'excuses venant en renfort dans l'esprit du diagnosticien lorsque son coloc' se leva et le rattrapa.

"Tricheur, tu sais bien que je peux pas courir !"

Mais déjà, le mathématicien l'assaillait de questions, de remarques et de paroles que Gregory n'avait pas envie d'entendre. Lui, il aurait voulu entendre quelque chose de clair, un mode d'emploi, par exemple : tu couches avec une femme, va la voir le lendemain et offre-lui des fleurs ou autre chose du genre... Mais non, ça n'avait pas l'air d'être une méthode idoine, au vu des réactions du coloc.
House l'arrêta d'un geste de la canne, lui barrant le passage pour protéger son butin de porridge :

"Du moment que je peux remettre ça avec elle, je me fous du reste. Mais toi, justement, tu devrais savoir ce qu'une femme veut. Moi, à force, depuis Stacy, ça a toujours été du n'importe quoi. Et pas moyen de trouver les règles du jeu nulle part!"

Voilà, comme ça, au moins, c'était clair. Si au moins tous ces trucs-là avaient des raisons médicales ou biologiques pures et dures, tout serait simplissime et Greg n'aurait pas de souci avec ça.
Mais bon, fallait bien un peu de bordel dans la vie, non ?

Invité

Watson esquissa un sourire qui se mua en éclat de rire joyeux.

"House....Si les règles du jeu étaient connues d'un homme il se ferait une petite fortune en publiant un livre."

Watson sourit encore puis réfléchit une seconde.

"Les femmes sont...changeantes, complexes et il n'y a pas de mode d'emploi, elles apprécient généralement qu'on soit à leur écoute, mais il faut aussi communiquer, elles n'aiment pas être dirigées, mais elles n'aiment pas prendre toutes les décisions...Il faut jouer dans la nuance et...excuse-moi de te dire ça, mais ce n'est pas vraiment ton genre."

Watson prévint tout éventuelle protestation avec un large sourire supplémentaire.

"En plus chaque femme est différente, et tu connais mieux que moi Cuddy, donc tu es le mieux placé pour savoir ce qu'elle veut, ce qu'elle attend."

Il songea encore un instant à ce qu'il venait de dire et haussa les épaules d'un air de dire "désolé vieux, j'suis pas aussi fort que tu croyais". D'autant que les femmes d'aujourd'hui étaient encore plus complexes que celles d'alors dans cette société qui leur donnait, enfin, une réelle place et une égalité presque réelle. Elles étaient plus difficiles, plus exigeante mais en même temps, curieusement, plus demandeuse d'amour, de tendresse et plus en recherche d'un homme ou d'un mari...enfin pas toute, il y en avait qui, comme les hommes de son temps, multipliaient les passades. Il avait même entendu une petite fille dire à sa sœur une fois "ben non...tu peux pas l'épouser Christopher....Tu peux pas être sure que c'est le bon...tu les as pas tous essayé !" du haut de ses 5 ou 6 ans avec l'air assuré que peuvent avoir les enfants de cet âge.

"Allez viens déjeuner à table, en retard pour en retard...C'est pas bon de manger debout, tu es médecin, tu devrais le savoir"

Et il se dirigea vers la cuisine avec un sourire résigné.

Pffff ! Greg avait toujours pensé que Watson était le genre de types dont raffolaient les femmes. Il avait cru que ce gars avait en main toutes les cartes pour emballer comme il se devait et il avait même été persuadé que ce British était capable de l’aider à se sortir d’un pétrin qui n’en était peut-être pas tout à fait un, mais dans lequel il s’était pourtant bel et bien fourré jusqu’aux cou… des.

Mais non, le diagnosticien s’était trompé et apparemment, cela faisait rire le mathématicien. Bon, il n’allait pas s’arrêter à ça. Mais Watson reprenait, expliquant la façon dont il voyait les femmes. House haussa les épaules.

"Voilà pourquoi les poupées gonflables ont été inventées. Au moins elles ne sont pas chiantes. Et on n’a pas besoin de faire dans la nuance avec elles."

Gregory savait pertinemment qu’il lui était difficile de "jouer dans la nuance" comme disait John. Il n’avait jamais vraiment su comment s’y prendre et finalement il se retrouvait seul à cinquante ans, alors qu’à l’université, il pouvait emballer qui il voulait comme il le voulait. D’ailleurs, c’était comme cela qu’il avait eu Cuddy la première fois. A la fac. C’était peut-être un élément important pour son affaire, ça, non ?

"Ouais, je sais bien. Les femmes ne cherchent pas la même chose que nous. Un mec prend son pied, même s’il n’aime pas la femme avec qui il couche. Une femme cherche l’amour et le sexe n’est qu’un moyen physique pour le conforter."

Il paraphrasait Laclos, là. Dans Les Liaisons dangereuses, le Français écrivait : "Ce goût exclusif, qui caractérise particulièrement l'amour, n'est dans l'homme qu'une préférence, qui sert, au plus, à augmenter un plaisir, qu'un autre objet affaiblirait peut-être, mais ne détruirait pas ; tandis que dans les femmes, c'est un sentiment profond, qui non seulement anéantit tout désir étranger, mais qui, plus fort que la nature, et soustrait à son empire, ne leur laisse éprouver que répugnance et dégoût, là même où semble devoir naître la volupté."

"Il y a des années que je connais Cuddy. Mais cette fois, c’est différent : quand on a couché ensemble à la fac, la question ne se posait pas. Ou pas comme maintenant. Alors j’en sais rien. Elle me l’aurait dit, ce qu’elle voulait, non ?"

Depuis le temps, oui, elle lui aurait dit. Lisa n’avait pas sa langue dans sa poche et Greg savait bien que sa boss était depuis longtemps à la recherche d’une relation stable. Il avait d’ailleurs fait foirer exprès plusieurs de ses rencards. Par jalousie ? il n’en savait trop rien. C’était irrationnel, tout ça, et ça le dépassait.

Alors, de toute façon, il n’avait rien à tirer de Watson pour cette affaire. A part un bon petit déj’. House suivit Watty dans la cuisine et posa l’assiette de porridge. Finalement, il n’aimait pas trop ça. Alors il se servit un café.

"Bon, juste un café, alors. Faut pas abuser non plus ! Et puis, je confisquerai de toute façon du gâteau à un patient tout à l’heure… ou une boite de pralines."

Invité

Elle me l’aurait dit, ce qu’elle voulait, non ?
Watson eut un léger sourire.

Depuis quand les femmes expriment clairement leur avis et leurs demandes ? Enfin House franchement... Les femmes aiment qu'on devine leurs envies, qu'on soit prévenant en les comblant avant qu'elles les exprime...Mais pas avant qu'elles en soient conscientes, sinon elles se vexent.

Watson avait lu de nombreux livres sur la psychologie, d'abord en tant que médecin dans le temps et dernièrement des livres plus récents, parce qu'il se sentait perdu dans ce monde et qu'il n'y comprenait pas les gens.

C'est toi le brillant docteur, tu dois bien avoir des bases de psychologie, non ? Pour n'importe qui d'autre je dirais qu'il suffit d'être soi même, mais là on parle de toi et...je ne suis pas sur que ce soit une solution envisageable dans ton cas...Toi même a tendance à avoir quelques gros défauts....Remarque ce n'est pas comme si c'était nouveau...Elle le savait en te faisant entrer dans son appartement.

Il haussa les épaules légèrement.

"Désole Greg, je ne suis pas le tombeur de ces dames que tu imagines, je suis juste un mec un peu vieux jeu dans votre société égalitariste et étonnante."

Spoiler:

Mouais… Watson n’avait peut-être pas tort, mais ça n’arrangeait pas du tout les affaires du médecin, tout ça. Ce dernier soupira bruyamment avant de piquer le verre de jus d’orange de son colocataire, histoire de faire le plein de vitamines… c’est qu’il s’était bien dépensé, la nuit dernière, vous savez !

"Bah, toutes les femmes en veulent à nos services trois pièces, non ? Elles ont comme un vide à combler et y a que nous pour y parvenir. Alors je vois pas pourquoi il faut qu’elles compliquent tout comme ça… et puis, il n’est pas question de conscience là-dedans, c’est juste l’instinct, non ?"

Et hop, le verre d’agrumes fut vidé en deux temps trois mouvements. Gregory n’y comprenait déjà pas grand-chose en psychologie… mais la psychologie féminine, c’était même pas la peine d’y penser. Alors, tout ça, forcément, ça le dépassait un peu. Ça aurait été si facile de dire à Cuddy « On remet ça ? » et de recommencer, sans avoir à se poser des questions, sans avoir à réfléchir ou à chercher un moyen de la séduire à tout prix. Gosh, quand il y pensait, être un bigorneau, ça aurait pu être sympa : non seulement il aurait eu le plus grand pénis – proportionnellement à sa taille – du règne animal, mais en plus il aurait pu sauter sur le bigorneau Cuddy quand il le voulait. La belle vie, en somme.

"Des bases de quoi ?" House prit un air idiot comme il savait si bien le faire. "Bien sûr, je me suis posé de grandes questions médicales : faut-il dire la vérité aux patients ? comment annoncer à un patient qu’il va mourir ? ou ce genre de choses… mais c’est facile comme tout au fond, il suffit d’ouvrir la bouche et d’articuler : « Vous allez mourir. », ça va tout seul."

Il était de renommée publique que Greg était un bon médecin, mais ce que les gens semblaient ne pas savoir, c’était qu’il détestait avoir à rencontrer les patients. Pour lui, après tout, ce n’étaient que des corps qui avaient en eux une énigme médicale à résoudre. Point.

Bon, par contre, l’énigme pas du tout médicale du cas de Cuddy, c’était autre chose. Ok, House avait des défauts. Il le savait. Et il jouait avec ça, d’ailleurs.

"Mais bien sûr qu’elle sait comme je suis. C’est pas n’importe qui, c’est Cuddy. On se connait depuis presque toujours et je sait bien quels sont ses défauts à elle. C’est pas difficile : elle a les glandes hormonales qui frétillent dès qu’un mec passe dans son champ de vision, son horloge interne déconne un peu, elle ne pense qu’à faire des dossiers et à trouver du pognon pour l’hôpital. Et en plus, elle n’aime pas la viande."

Et Watson reprit la parole, expliquant qu’il n’était pas un tombeur etc. etc.
Greg but son café tranquillement, laissant au Britannique le temps de finir son speech.

"Je sais bien que tu n’es pas un tombeur. Mais je sais que tu plais aux femmes, il n’y a qu’à voir comme elles te regardent dans l’ascenseur… ou même dans ton auditoire ! T’es tout à fait à leur goût, tu sais ! Alors voilà, moi je pense que c’est ton côté « vieux jeu » qui leur fait cet effet-là. Et je suis sûr que Cuddy apprécierait que je me ramène avec quelques manières de type vieux jeu. Tu vas m’apprendre ça ?"

Invité

Watson observa son jus d'orange disparaitre de devant son assiette pour finir dans le gosier de House et soupira en se levant pour aller chercher la bouteille et un verre propre. Ce faisant il continuait d'écouter le monologue pseudo intellectuello-philosophiquo-psychologique de son ami et colocataire avec un léger sourire.

"Allons Greg, tu sais bien que c'est plus complexe que tu veux bien le laisser entendre, je te connais, même si tu es loin d'être doué dans le relationnel c'est plus par choix que par bêtise intrinsèque."

Encore que, le fait de faire le choix d'être nul en relation humaine était en soi assez révélateur et intriguant, mais passons cela, House et Holmes avaient cela en commun, mais Holmes vivait bien mieux l'absence de femmes dans sa vie pour autant que Watson put s'en souvenir.

"Je peux t'apprendre des trucs vieux jeu si tu veux mais la première des choses est le respect et ça....tu connais, tu pourrais maitriser si tu le désirais...Mais soyons francs tu n'en as aucune envie, en fait tu n'as aucune envie de montrer que tu pourrais éventuellement te soucier de qui que ce soit, même si pas mal de gens ont bien remarqué que ton indifférence était en partie feinte."

Il observa House tout en buvant son jus d'orange.

"Nous ne sommes pas tous idiots tu sais... Enfin moi cela ne me dérange pas de t'apprendre à te soucier des autres, c'est très vieux jeu et ça séduit les filles, et puis cela promet d'être passionnant comme enseignement, un réel défi "

Watson eut un léger sourire et ajouta, non sans malice :

"D'ailleurs la première leçon est pour maintenant : je suis toujours excessivement ponctuel, cela fait partie de mon charme, un truc de vieux jeu en quelque sorte."

Ce qui était sympa avec Watson, c’était son calme. D’aucuns parlaient de stoïcisme, d’autres du célèbre flegme britannique… House, lui, avait tendance à prendre ça pour une preuve du côté "bonne poire" du British.
Watson alla se chercher un autre verre que Greg hésita à vider derechef, mais les propos de John le firent un peu tiquer.

"Attends, tu es en train de me dire que les femmes ne pensent pas qu’à se faire plaisir ??? Mais elles sont connes, c’est pas possible…"

Bon, bien sûr, House n’était pas le genre de mec à se montrer romantique. Encore moins délicat.

"C’est l’instinct, je te dis. Cuddy déborde de phéromones et il se trouve que je suis génétiquement suffisamment opposé d’elle pour être compatible. Ou en tout cas pour qu’elle m’excite."

Aaah, les phéromones de Cuddy… Tout un programme ! C’était de loin les phéromones préférées de l’organisme de Greg. Du moins, il pensait que chacune de ses cellules devait penser comme ça si elles étaient dotées de conscience. Mais enfin, l’instinct et la nature, c’était tout de même vachement cool. Surtout quand ça pouvait vous permettre de prendre votre pied.

Greg avait-il vraiment besoin de ces cours de méthode vieux jeu ? La réponse était évidemment non. Il s’en fichait pas mal. Lui, il voulait juste ennuyer un peu Watson et le faire marcher, mais s’il pouvait y gagner quelque chose de plus, ce n’était pas plus mal, après tout. Et il apparut bien vite que son coloc’ avait cerné beaucoup de choses chez lui. House n’aimait pas trop ça, mais il était plein de ressources. Il haussa les épaules.

"Bah, y a ceux qui sont cons parce qu’ils oublient de réfléchir… Et y a ceux qui réfléchissent pour ne pas montrer qu’ils sont cons. Au moins, en jouant la carte de l’indifférence, je peux être sûr qu’on me prenne pas trop pour un con."

Et inversement, il pouvait se faire bien plus con qu’il ne l’était. Bon sang, un talent pareil, ça ne devait pas s’accompagner de manières de snob du siècle dernier ! C’était… le talent, de l’or en barres, de quoi faire une vraie fiesta mexicana du feu de Zeus ! Les femmes devraient être contentes d’avoir des admirateurs comme lui.

"Mouais… c’est rate pour aujourd’hui, on dirait. C’est quoi la deuxième leçon ? Je lui demande la permission avant de lui coller une main au cul ?"

Invité

Spoiler:

"Attends, tu es en train de me dire que les femmes ne pensent pas qu’à se faire plaisir ??? Mais elles sont connes, c’est pas possible…"

"Erm"

Watson toussota discrètement, parce qu'après tout lui non plus ne pensait pas qu'à ça...Et à vrai dire personne à part House, si tant est qu'il pense effectivement ainsi, ce dont Watson, tout mauvais psychologue qu'il se montrait parfois malgré des années d'entrainement avec Holmes, doutait fortement.

Watson écouta l'argumentation, légèrement fallacieuse, de son colocataire et ami et sourit derechef.

"Effectivement, tu ne passes pas pour un idiot mais pour un égoïste, cela dit tu as raison, les égoïstes sont plus attirants que les idiots...Même quand ils boitent et ne se rasent pas...enfin...quand ils cultivent l'air de rien un aspect mal rasé très travaillé finalement."

Nouveau sourire amical et désabusé. John observa un instant son jus d'orange dans son verre, miraculeusement resté sur la table devant son assiette. Il l'ign orait mais les oranges utilisées dans cette fabrique venaient de Floride et contenaient des quantités passablement importantes de produits chimiques contre divers insectes qui, dans quelques centaines d'années, provoqueraient des mutations importantes chez les humains, les dotant d'un troisième oeil du plus bel effet, d'autant qu'il permettra de voir l'avenir. Ce qui, vous en conviendrait, aurait été très utile à Watson présentement, car cela lui aurait permis de comprendre et de savoir tout cela. Ce qui n'eut sans doute pas, je l'admets, changé sa vie, mais là n'est pas la question, d'ailleurs je m'égare, revenons donc à Greg, ses deux yeux d'un bleu profond vaguement las et sa suffisance feinte avec une étonnante dextérité.

"Oui, pour aujourd'hui c'est raté mais je te fais confiance pour appliquer cette leçon demain. Et d'ailleurs pour être sur que tu le feras...La prochaine leçon ne viendra qu'à cette condition."

John but son verre de jus d'orange, amusé, il savait que cela ennuierait Greg juste assez pour lui donner de quoi fulminer, se plaindre, critiquer, grogner, toute la journée. Et puis lui n'avait rien à perdre, qu'il arrive à l'heure ou non ne changeait pas grand chose, si ce n'est que, pour une fois, il aurait peut être de l'eau chaude pour se raser.

Allons, bon. Watson était de ces types que les femmes adoraient. Cherchez pas à comprendre, il y a des folles partout. Greg savait bien que toute quadragénaire désireuse d'une relation stable avec un mec rêvaient d'un homme serein et stoïque comme son colocataire. Mais lui, le quinquagénaire mal rasé, boiteux et, il faut bien le reconnaître, pas toujours agréable, on s'y intéressait quand on voulait s'amuser un peu. Ou quand on fantasmait sur les infirmes. Si si, ça existe ! y a même des gens qui rêvent de coucher avec des nains, alors... ça devait certainement venir d'un visionnage de trop de "Blanche-Neige", mais soit, le fait était là.
House ignora le toussotement de John. Oh, il aurait bien pu lui fourrer de gré ou de force une cuillère de sirop dans la gorge, mais, bizarrement, le diagnosticien doutait que cela eût un effet positif sur les leçons de savoir-vivre élémentaire que le Britannique tâchait de lui faire retenir.
Et puis, il fallait bien avouer que le petit laïus sur l'égoïsme était on ne peut plus intéressant en comparaison avec un toussotement qui ressemblait à un raclement plus qu'à autre chose.

"Au moins, elles savent à quoi s'attendre. Un égoïste n'a pas à se soucier d'une date d'anniversaire, d'une Saint-Valentin ou d'une heure de rendez-vous. C'est simple, je m'en fous de tout ça." Et la question de la barbe? Eh bien, si Watson n'avait pas tout à fait tort, Greg était bien loin de pouvoir le reconnaître. "C'est ça, je sculpte ma barbe tous les matins pour emballer à mort un max de nanas !"

Le colocataire souriant de House avait toujours des manières vieillottes. Mais il avait l'art de préparer le petit-déjeuner et de parler en faisant de belles phrases. Oh, et en plus, il avait semblait-il une sorte de don d'observation. Cool, tout ça, non ? Ce qui était moins cool, par contre, c'était ce qui sortit de la bouche du moustachu un instant plus tard.

"Oh, mais j'ai toujours une bonne excuse pour expliquer mon retard, tu sais. Et ce matin, mon excuse, c'est ma boss elle-même. On ne peut pas trouver mieux !"

Gregory attrapa sa veste du bout de sa canne et l'enfila avant de prendre son sac à dos.

"On verra pour la suite des leçons, alors. Je ne suis peut-être pas prêt à me lever à 7h... 9h, ça me convient très bien, tu sais. Salut !"

House quitta son appartement avec suffisamment de retard pour rester crédible à l'hôpital. C'est qu'il n'y avait pas que la barbe mal rasée qu'il fallait cultiver pour rester lui-même.