Drame ! Leçon 1ère

Invité

Le soleil s’était éclipsé depuis belle lurette lorsque le Comte Olaf prit possession de la salle où il offrirait généreusement, en échange de sommes scandaleusement friponnes, ses cours d’Art Dramatique.

La pièce en question était assez vaste et circulaire, avec de hautes fenêtres recouvertes d’un filtre sombre devant lesquelles gisaient des Gargouilles tristement brisées par leur échec face à la pénible tâche de repousser les Démons.
Au fond de ce qui ressemblait à une salle de danse, trônait une scène de théâtre impressionnante et étrangement bizarre dans le sens où l’on aurait pu croire qu’elle fut sculptée dans une unique pièce de bois. Ravissant.
Des yeux ornaient par-ci par-là les planches, exactement comme celui représenté sur sa cheville osseuse.
Quelques branches feuillues sculptées émergeaient de manière insolite de la scène, prêts à accueillir un corbeau.
De part et d’autre, des rideaux d’un rouge bordeaux en velours encadraient le plateau en bois qui craquait allègrement lorsque l’on s’y aventurait.

A l’arrière plan se dressait la lourde malle de Comte bourré d’artifices, de costumes, de masques, de maquillage, de mystère (en effet, un énorme cadenas scellais une partie de la valise).
Du reste, de somptueuses loges flottaient au dessus des têtes, comme suspendues dans les airs par quelques forces maléfiques. Ces dernières étaient reliées entre elles par de splendides couloirs illuminés de lanternes.

Olaf avait tout d’abord installé le système d’éclairage de telle sorte que son meilleur profile puisse ressortir et éclabousser d’admiration ses cher futurs élèves qu’il espérait nombreux.
Il épousseta son vieux costume rayé d’un revers de sa griffe et s’assit sur scène, inspectant son sac.
Lorsqu’il en revint, le coq avait déjà chanté et l’heure de son premier cours avait sonné.

Invité

Le Comte Olaf, tout excité, ouvrit la porte de son théâtre en y donnant un grand coup de pied. Les yeux clos, il attendit qu’affluent les misérables élèves qui auraient la chance d’avoir cours avec lui, le grand Comte Olaf ! Naturellement, le nombre d’individus serait trop important pour que tout le monde puisse rester, il faudrait alors organiser des épreuves éliminatoires où l’angoisse s’emparerait de l’assemblée et où les larmes couleraient à flot. Ah ! Comme il s’en régalait d’avance ! Il serait impitoyable : « Toi non, tu as une tête de dégénéré. Toi tu es recalé parce que tu fais trop craquer les planches, reviens me voir quand tu auras dis adieu aux gateaux… »
Toujours les yeux fermés, les bras ouverts, Olaf déclama :

- « Bienvenue à toutes et à tous ! Mesdames, mesdemoiselles et messieurs, apprêter vous à vivre des expériences absolument fantastiques et déconcertantes dans mon cours d’Art Dramatique ! Cet endroit sera le théâtre, si j’ose dire, de votre gloire mais également de votre perte. Je con… »

Le Comte s’interrompit.
Ses fantasmes disparurent lorsqu’il ouvrit enfin ses yeux. Devant lui, pas un chat ! Même pas une vieille boule de paille comme on en voyait passer dans les westerns, rien.
Où étaient passés ces stupides étudiants ? Sûrement cachés ! Ces fripons allaient voir ça. Il les trouverait. Il sortit du théâtre et se mit à galoper autour du bâtiment, les membres courbés comme un beau diable, mais il ne vit toujours personne.
Il entreprit alors de faire un deuxième tour, sans plus de succès.

Essoufflé, Olaf s’effondra quelque part dans l’herbe verte, désemparé.
Il ne comprenait pas, on devrait accourir pour venir à ses leçons, camper devant le théâtre avec sa tente pour être le premier à avoir l’honneur de fouler ces planches.
Les gens n’étaient donc plus intéressés par l’art dramatique ? C’était aberrant qu’une telle chose puisse arriver. Les temps avaient peut-être changés…
Le Comte poussa un long soupir et s’allongea dans l’herbe, au milieu des fleurs. Puisqu’il n’avait pas à donner cours, il avait bien le droit de se la couler douce.
Cependant, son repos fut de courte durée. Un bruit de pas l’avait redressé.
Ce n’était qu’un(e) simple passant(e) de dos mais son désespoir était tellement grand qu’il s’était précipité sur lui/elle en hurlant :

- « Attendez ! Vous avez une seconde ? J’aurais besoin d’un coup de main là, à l’intérieur, sa urge ! Soyez sympa, vous n’avez rien de plus intéressant à faire dans votre triste vie de toute façon, alors venez ! »

Spoiler:

Invité

Spoiler:

Reprendre ses études après... disons plusieurs années d'interruption n'est jamais facile. Pour Cordelia, qui s'était habituée à un rythme pour le moins particulier - debout toute la nuit à chasser du démon et dodo une heure ou deux par-ci par-là dans la journée - c'était encore plus dur de reprendre une vie à peu près normale. Heureusement, son premier cours ne commençait qu'à onze heures. Cours d'art dramatique : tout ce qu'il lui fallait pour bien commencer la semaine.
C'est donc vers la salle où devait se dérouler le cours qu'elle se dirigeait posément, avec environ un bon quart d'heure d'avance, quand elle entendit quelqu'un la héler. Cordy se retourna pour se retrouver quasiment nez à nez avec ce qui ressemblait à une espèce de créature noueuse, squelettique, crochue de partout, dont la puanteur n'aurait rien eu à envier à celle de quelque démon chtonien qu'elle avait eu à affronter à Los Angeles. Des cheveux en bataille, et deux yeux luisants complètaient le tout. Se faire tomber dessus par ce type - car Cordelia avait assez d'expérience en matière de démonologie pour reconnaître un humain, si répugnant soit-il, d'un démon - n'avait décidément rien de plaisant. Sur le coup, elle le prit - en toute bonne foi - pour un clodo quelconque. Elle grimaça un sourire.

Euh... désolée, mais je n'ai pas beaucoup de temps devant moi... J'ai cours dans ce bâtiment dans quelques minutes...dit-elle en désignant d'un coup de menton le bâtiment A(rts).

Tout en parlant, elle avait reculé d'un pas. Non qu'elle fût particulièrement sensible d'un point de vue olfactif, mais ce type puait tellement qu'ohn avait l'impression de voir des vapeurs toxiques s'échapper de lui. Les attaques au gaz, c'était franchement déloyal, comme moyen d'intimidation, et contraire aux conventions de Genève !