Les malheurs d'une anguille. [Draco Malfoy]

Viviane traversait le parc d’un pas allègre, presque bondissant. Elle avait de quoi être heureuse, elle tenait dans sa main un bocal contenant une anguille noire. Oui il n’en fallait pas grand-chose pour mettre la fée de bonne humeur. La pauvre bête se tortillait de façon des plus pitoyables dans un litre d’eau trouble agitée par la marche vive de la jeune femme. Jeune femme qui ne se souciait absolument pas des regards à la fois curieux et dégoutés de tous les passant qu’elle croisait. C’était décidément une superbe journée et Viviane avait décidé qu’il serait trop triste de rentrer chez elle par les rues tristes et sales de la ville, elle avait préféré faire un détour par le parc, quitte a rallonger son trajet de 10 minutes mais après tout, qu’était 10 pauvres petites minutes lorsque l’on avait plus de 1000 ans à son actif. Plus de 1000 ans, certes, mais terriblement bien conservée pour cet âge a voir Viviane, on ne lui aurait guère donné plus de 25 ans, et encore.
Elle était a peu près rendue au milieu du parc lorsqu’un gamin, ou plutôt un mini-tornade vu son énergie, lui fonça entre les jambes, la faisant par le même coup perdre l’équilibre. La pauvre anguille fit bien entendu un vol plané qui aurait pu se terminer de façon catastrophique si Viviane n’avait pas eu la présence d’esprit de réagir avant de s’étaler elle-même sur le sol. La scène que les trois personnages (si l’on peut ainsi qualifier l’anguille) donnaient aux promeneurs du coin était des plus étrange : un gamin observant avec de grands yeux ronds une jeune femme qui mordait la poussière et un bocal qui volait à quelques centimètres du sol contenant un poisson au bord de la crise cardiaque.
Viviane ne resta pas longtemps par terre, d’un bond elle fut de nouveau sur ses pieds (sans la moindre salissure sur son pull blanc, l’avantage de faire de la magie, c’est qu’on économise beaucoup en lessive). Elle se jeta sur le gamin, loin de vouloir le réprimander, elle voulait s’assurer qu’il n’était pas blessé. S’accroupissant à ses côtés elle l’analysa sous toutes ses coutures sans geste brusque toutefois, lui demandant d’une voix douce s’il avait mal quelque part. Une fois qu’elle fût sûre que l’enfant allait bien, elle le pris par la main et alla chercher son anguille deux mètres plus loin. Elle alla s’assoir dans l’herbe, montra l’animal a l’adorable petit blond et commença a discuter avec un grand sourire :

- Heureusement que le bocal ne s’est pas cassé ! Les poissons on besoin d’eau pour survivre. Tu as déjà vu un poisson comme celui-là ?

Toute personne normale aurait commencé par demander à l’enfant ou pouvait bien se trouver ses parents. Mais Viviane était loin d’être quelqu’un de normal et adorait les enfants, tous les enfants. En revanche elle était loin de s’entendre avec tous les adultes qu’elle croisait.

(Je m’autorise à jouer un peu ton petit Scorpius si ça ne te dérange pas, ça fera plus naturel que s’il se contente de regarder d’un air passif =) )

L’enfant regardait le bocal d’un air émerveillé. Probablement tous les enfants, en tout cas tous les enfants en bas âge étaient fascinés par les animaux. En particulier quand ces animaux se révélaient être bizarres. Viviane sourit d’un air attendrit. Le petit garçon lui rappelait Lancelot au même âge. Les deux garçons n’avaient pas grand-chose en commun au niveau physique, Lancelot était un enfant brun aux yeux sombre, mais le même émerveillement innocent avait brillé dans ses yeux quand il était encore un bambin et que Viviane lui enseignait à sa façon tout ce qu’il avait a savoir. Elle n’hésitait pas à abuser de sa magie pour rendre l’enseignement exceptionnel et amusant pour son fils adoptif.
Viviane était sur le point de demande son prénom à l’enfant quand un homme débarqua en trombe et se mis à hurler après la fée. Il éloigna le petit garçon d’un geste brusque pour le cacher derrière lui dans une intention qui se voulait protectrice. Loin de se démonter, Viviane leva les yeux vers le nouvel arrivant affichant une expression calme mais désapprobatrice. Son visage changea quand elle se rendit compte de la posture étrange du père de l’enfant (vu la ressemblance physique qu’il y avait entre eux elle n’en doutait pas un seul instant). Il avait un doigt pointé vers elle et était complètement essoufflé par sa course. Il était rouge pivoine et haletait avec difficulté. S’il essayait de lui faire peur il n’était pas très crédible. Viviane arqua deux sourcils surpris mais retint un sourire. Elle se releva tranquillement comme si la situation était des plus naturelles. Elle le regarda de haut en bas, principalement pour lui laisser le temps de reprendre son souffle. Elle lui lança d’un voix pas du tout impressionnée, du haut de son mètre cinquante six :

- Si vous comptez me faire peur en me montrant votre doigt, c’est raté. En tout cas je constate que ce petit ne tiens pas sa politesse de son père.

Elle avait reconnu l’accent anglais du jeune homme, mais n’était pas sûre d’avoir compris tout ce qu’il lui avait crié à la figure (c’était d’ailleurs peut-être dû au fait qu’il hurlait justement).

- Pouvez-vous me répéter de façon plus civilisée ce que vous venez de me dire ? Mes oreilles ont tendance à se boucher quand on emploi ce ton pour s’adresser à moi.

Pointilleuse ? Viviane ? Non ! Elle estimait juste que la plupart de l’humanité lui devait un minimum de respect. Elle était la Dame du Lac tout de même. On n’était pas n’importe qui quand on avait sa propre légende.

Bien que l’homme l’ignora totalement pour reporter son attention vers son fils, Viviane ne s’en offusqua pas. Au contraire, elle se disait qu’après tout, il était simplement inquiet pour sa progéniture. Certes peut-être un peu trop protecteur (Viviane pouvait parler tiens !) mais certainement un bon père. Il pris son fils dans les bras pour l’inspecter de la même façon que Viviane quelques minutes auparavant tout en lui posant des questions sur sa santé. L’enfant nommé Scorpius (nom peu commun d’ailleurs) répondit de façon plutôt claire et intelligible pour quelqu’un de son âge. Viviane qui se contentait de regarder passivement en souriant ne put s’empêcher de tilter en entendant le nom de son bien-aimé Merlin. Cependant elle se senti observée par le père dont elle ignorait toujours le nom. Elle fixa a son tour son visage qui redevenait de plus en plus pâle maintenant qu’il reprenait son souffle et que sa respiration se faisait de moins en moins saccadée. Il se lança dans un court monologue ou il lui disait, encore une fois, de s’éloigner de son fils et de ne même plus s’adresser à lui. Monologue que Viviane ignora parfaitement puisque lorsqu’elle ouvrit la bouche, son regard était fixé sur le garçon.

- Tu connais Merlin Scorpius ? Sais-tu que plus de mille ans après sa disparition, il est encore considéré comme le magicien le plus puissant qu’il n’ai jamais existé ?

Sa disparition, ça Viviane en savait quelque chose puisqu’elle en était directement responsable. Elle s’aperçu que le garçon regardait toujours le poisson avec un air fasciné. Elle reprit d'un ton enthousiaste avec un grand sourire joyeux.

- Tiens regardes, je vais te montrer quelque chose qu’il m’a appris il y a bien longtemps.

En deux bonds elle alla chercher le bocal contenant l’anguille nageant dans une eau brunâtre et fut de retour face au père et au fils. Elle prit le récipient à deux main et le secoua violement trois ou quatre fois. Quand elle présenta de nouveau le bocal aux deux garçon c’était pour y montrer un petit poison clown coloré qui nageait dans une eau plus claire que le verre du bocal qui la contenait. Viviane ne craignait pas du tout d’user de sa magie devant un adulte (devant plusieurs si l’on comptait les passants auxquels la jeune femme ne prêtait nullement attention). Les grandes personnes étaient tellement incrédule et rationnelles que dans le pire des cas, on lui demanderait quel était son « truc », pour les adultes il y avait toujours un « truc » derrière tous les tours de magie.

Le petit Scorpius était décidément bien plus agréable de caractère que son père pour qui il avait une grande admiration, comme tous les enfants envers leurs parents. Quand il ouvrit la bouche pour répondre à la question de Viviane à propos de Merlin, c’était sur un ton qui contenait toute la fierté dont il était capable. Il lui affirma que c’était son père qui était le plus grand sorcier sur Terre. Viviane ne réagit pas à l’évocation du mot sorcier. Après tout les enfants vivaient souvent dans un monde ou tout était magique… ce qui était le cas, la fée en savait quelque chose. Oui, la magie était bien réelle, mais les hommes n’y croyaient plus et ne la voyaient plus. Ou plutôt si, ils la voyaient parfois, mais ils trouvaient toujours une explication rationnelle et ennuyeuse au phénomène dont ils venaient d’être témoins. Seules les enfants possédaient encore assez de sensibilité et d’innocence pour percevoir les émanations de magie dans le monde qui les entouraient. Ensuite ils grandissaient et devenaient aussi bornés que leurs parents.
Viviane sourit à la phrase du garçon mais son père le coupa en lui mettant la main sur la bouche. Il semblait gêné par les dire de son enfant. Encore un exemple qui montrait à quel point les humains pouvaient être obtus. Enfin bon au moins, le plus âgé des deux blond en avait oublié de lui crier dessus, chose surprenante, il souriait même a Viviane. Certes c’était un sourire dû a son embrassement mais un sourire tout de même. Il y avait du progrès.

Le petit tour de magie de Viviane eut l’effet escompté, les deux garçons la regardèrent avec des yeux écarquillés et le père se mit même franchement à sourire a Viviane. Le petit tour de la jeune femme semblait avoir eut un impact particulier sur lui puisqu’il se détendit complètement et alla jusqu'à lâcher son fils. Le garçon semblait complètement fasciné par le bocal. La fée se pencha pour le tendre a Scorpius. Bien qu’un peu lourd, le récipient n’était pas non plus énorme, un garçon de son âge pouvait le porter sans trop de problème. Se sentant observée, Viviane se releva une fois le pot de verre passé dans les main du petit blond. Pour le coup, l’homme ne souriait plus, il avait plutôt l’air de se poser des questions. A propos de la magie qu’elle venait de faire sous ses yeux probablement. Etait il en train de chercher ou était le « truc » ? Rien n’aurait été plus simple pour Viviane que de trouver les réponse a ces question en s’introduisant dans l’esprit (et fouiner un peu au passage) du père de Scorpius, mais elle préférait s’y prendre de façon classique pour changer, et discuter, tout simplement.
Il prit la parole le premier, l’appelant madame, Viviane se serait vexée s’il ne s’était pas ensuite présenté sous le nom de Harry Potter. Se moquait-il d’elle ? Etait-ce une plaisanterie liée au fait qu’elle venait de métamorphoser un poisson en un autre ? Pourtant il ne semblait pas être le genre de personne à blaguer de la sorte. Elle leva un sourcil interrogateur. Viviane avait peut-être plus de mille ans, ce n’était pas pour ça qu’elle n’avait pas évolué depuis le Moyen-âge. Elle avait évolué avec les époques passant des robes longues et des fourrures aux crinolines du 18ème siècle, elle avait dévoilé ses jambes lors des années folles, porté des jeans dans les années 70, les tenues les plus excentriques dans la décennie suivante… Elle s’était tenu au courant de ce qui se passait dans le monde, elle avait voyagé, beaucoup voyagé. Elle n’avait certainement pas pu manquer le succès retentissant d’une certaine saga en 7 tomes écrit par une anglaise qui était à présent la personne la plus riche de son pays après la reine.
Enfin bon, Viviane était de bonne humeur, elle décida donc de le prendre sur le ton de la plaisanterie.

- Vous n’êtes pas assez brun pour pouvoir porter ce nom là, mais vous êtes anglais, ça je vous l’accorde.

Cela s’entendait à son accent (aux intonations assez bourgeoises d’ailleurs). Elle-même parlait avec un accent britannique, elle avait passé de nombreuses années là-bas.

- Je comprends que vous vous fassiez du soucis, c’est normal. Scorpius me rappelle un peu mon fils au même âge.

La fée posa un bref regard attendri à l’enfant qui jouait toujours avec le bocal. Elle tendit ensuite la main et se présenta au père :

- Moi c’est Viviane. Et votre vrai nom, Harry ?

Elle insista bien sur ce dernier mot pour montrer qu’elle n’y croyait pas une seule seconde et son visage affichait un sourire amusé.

Décidément, cet homme agissait de façon de plus en plus étrange. Pour résumer, il l’avait à moitié agressée pour avoir approché son fils, ce qui Viviane pouvait encore comprendre, puis s’était adressé à elle avac tout le mépris dont il était capable. Une fois qu’elle avait fait son petit tour de magie il avait agit de façon presque sympathique, puis lui avait annoncé s’appeler Harry Potter, pour plaisanter ? Viviane n’en n’était pas si sûre. Et voilà maintenant qu’il se mettait à agir avec un mélange de soulagement et de suspicion. Si Viviane n’était pas elle-même une des personnes les plus bizarres que la Terre ai jamais porté, elle l’aurait probablement traité de schizophrène et serait parti en courant. Seulement la fée, loin d’avoir peur pour la santé mentale de son interlocuteur (et puis après tout il avait un fils tellement adorable qu’il ne pouvait être totalement anormal) , elle était en revanche de plus en plus intriguée et c’était presque à grand peine qu’elle se retenait d’aller faire un tour dans la cervelle du grand blond. Celui-là cachait quelque chose et elle saurait quoi. Mais pour cela elle utiliserait la manière « classique ». Il jeta un coup d’œil en direction de son fils, tout ce qu’il y avait de plus normal, il n’aurait pas été un père digne de ce nom s’il ne le surveillait pas avec attention. Viviane elle-même prêtait attention aux actions de Sorpius, dès qu’il s’agissait d’enfants, la fée ne prenait jamais les choses à la légère.

L’homme, il n’avait toujours pas dit son nom à Viviane, commença dont il sembla hésiter à dire la fin. Il lui demanda tout d’abord de rassurer ses craintes. Viviane n’essaya même pas de savoir de quoi il parlait, en général, la plupart des gens qu’elle rencontrait la plaçait dans la catégorie « excentrique » quand ce n’était pas « excentrique à éviter »et des craintes à son sujet, ils en avaient des tonnes, et elle ne parlait même pas de ceux contre qui elle avait une dent bien sûr.
Cependant la jeune femme dû avouer qu’elle ne s’attendait pas vraiment à ce qu’il lui sortit ensuite. Mais de quoi parlait-il ? Le ministère ? Avait-elle un tête à travailler dans un quelconque ministère. Et pourquoi donc voudrait-elle se battre contre lui. Bon d’accord il n’avait pas été des plus poli avec elle lors de leurs premiers échanges mais Viviane en avait vu d’autres, il en fallait bien plus pour la vexer. La fée considéra un moment sa tenue. Converses, jean et pull blanc, elle n’avait rien de quelqu’un venant de sortir d’un bâtiment officiel. Elle aurait encore pu comprendre si elle était habillée d’un complet tailleur, ce qui n’était pas le cas. Viviane le regarda d’un air intrigué. D’autant plus intrigué qu’elle n’avait pas manqué de noter le sens de ses paroles, Mr. Blond père avait donc quelques ennuis avec la justice. A ce rythme la, s’il ne lui en révélait pas plus, ou trop, la jeune femme aurait du mal à ne pas s’amuser disséquer ses pensées pour en savoir plus sur son compte. En attendant, l’homme souhaitait une réponse.

- Au ministère ? Est-ce que j’ai une tête à travailler dans ce genre de bureaux ennuyeux ?

Son ton était presque offusqué même si l’humour était dominant dans sa voix.

- Et puis je pense que s’il avaient voulu envoyer quelqu’un se battre avec vous, ils auraient envoyé quelqu’un au gabarit un peu plus imposant que le mien.

C’est vrai que du haut de son mètre cinquante six et de ses quarante cinq kilos, elle n’était pas vraiment le genre de personne qu’on imaginait au milieu d’une baston. Ce qui vint Viviane à se demander s’il en savait plus sur elle qu’il ne semblait le laisser croire.

- Vous savez, je ne suis dans sa parc pour la seule raison que je rentrais chez moi. Et si je me suis arrêtée pour discuter avec votre fils, c’est parce que votre adorable petit monstre s’est jeté dans mes jambes et a manqué de réduire mon bocal en miettes.

Non pas qu’elle n’aurait pas pu réparer les dégât mais bon… par principe. Elle lança un grand sourire en direction de Scopius montrant que cet incident d’avait aucune importance pour elle. Revenant au père du garçon elle ajouta avec un sourire amusé:

- Et la seule chose que je voudrais savoir de vous pour l’instant c’est votre prénom. Cela dit cela ne m’ennuie pas de vous appeler « Mr. Blond Sénior » mais je ne suis pas sûre que cela soit tout à fait à votre goût.

La deuxième affirmation, Viviane la pensait, bien qu’elle faisait passer ça pour une plaisanterie de par son attitude amusée. Faute de mieux, cela ne la dérangeait pas du tout de le designer par ce surnom quelque peu ridicule, elle en avait bien conscience. En revanche, la première affirmation était un beau petit mensonge. Bien sûr que Viviane était une incorrigible curieuse et voulait en savoir beaucoup plus sur lui.