Fahrenheit 451

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Depuis qu'il était arrivé dans ce monde, Ed avait facilement passé le trois-quart de ses journées dans une bibliothèque. Il y restait aussi longtemps que les heures ouvrables le lui permettaient, quoi. Pestant à chaque fois contre les employés qui osaient insister pour le déloger. A la Bibliothèque des Alchimistes d'Etat de Central, on l'avait toujours laissé rester autant qu'il le souhaitait. Quand il était pris d'une frénésie de recherche, il lui arrivait d'y passer la nuit, il avait suffi de quelques occurrences pour qu'il obtienne son canapé réservé. Pourquoi les gens d'ici étaient-ils si peu accommodants ? Enfin, sans doute que le fait de ressembler à un gamin insignifiant n'incitait pas à le traiter différemment. Voilà bien l'une des très rares occasions où il regrettait son rang.

Faute d'avoir accès à la totalité de la bibliothèque universitaire pour l'instant, n'ayant pas encore présenté sa candidature pour occuper un poste d'enseignant, il s'établissait pour le moment dans la grande médiathèque du centre ville. Ayant déjà assimilé les principales données sur l'histoire et la géographie de cet autre monde afin d'éviter toute bourde trop monumentale pour ne pas attirer l'attention, il pouvait désormais s'accorder le droit de se pencher sur le domaine qui l'intéressait le plus, l'alchimie. Il s'était approprié une table dans un coin, où il ne risquait pas trop d'être dérangé vu que la place pour travailler ne manquait pas, et avait disposé autour de lui en piles la quinzaine de livres qu'il avait repérés, avant de se lancer dans leur lecture.

Mais en cette fin de matinée, alors que ça faisait près de trois heures qu'il avait commencé à explorer les différents ouvrages, il fulminait au point de devoir s'empêcher de jeter les livres qu'il consultait pour évacuer une partie de sa frustration. S'il n'avait pas voulu absolument éviter les ennuis avec les autorités à cause de son manque de papiers non fasifiés, il serait même allé jusqu'à les porter à l'incinérateur le plus proche. Et pourtant, s'il n'était pas totalement erroné de qualifier le tempérament d'Edward de violent, il avait tendance à traiter les livres avec le plus grand respect. Seulement, selon lui, ces tissus d'inepties ne méritaient pas de tels égards, ne constituant qu'un gaspillage de papier.

D'où ils sortaient, ces gens qui osaient décrire l'alchimie comme une discipline ésotérique dont les accomplissement étaient purement mythiques ? L'alchimie était une science ! Elle se basait sur un examen raisonné et méthodique de l'environnement naturel, et permettait de développer des moyens de l'altérer, de préférence bien que pas nécessairement pour le bien de l'humanité.

Le comble fut atteint quand il en arrivé à un livre présentant des diagrammes... dont même le plus élémentaire était mal tracé. N'y tenant plus, Ed saisit un stylo et commença à corriger rageusement à même les pages.

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Depuis qu'il avait décidé de prendre sous son aile le jeune homme bizarre qu'il avait rencontré au centre commercial, Victor avait beaucoup cherché comment il pourrait aider ce drôle de garçon pour qu'il soit armé pour la vie.
Novak comprenait bien que ce jeune homme pouvait ne rien connaître des façons d'agir... il était parvenu à la conclusion que celui qui ne disait pas son nom était l'un de ces malheureux enfants qui étaient obligés de grandir, séquestrés dans une cave et sans aucun lien avec l'extérieur. Un jour, peut-être, l'homme à la peau si étrange lui en parlerait, alors l'instit pourrait considérer que ce type était partiellement guéri.

Aujourd'hui, Victor était venu à la bibliothèque pour chercher des livres susceptibles d'aider le jeune homme à apprendre ce qu'il devait connaître pour être suffisamment autonome dans cette ville. Ainsi, il lui fallait des livres traitant de tous types de sujets. Il s'était dit qu'il fallait commencer par quelque chose de léger pour ne pas décourager trop vite le jeune homme qui devait encore tout apprendre.
Alors l'instit avait commencé à fouiller du côté des ouvrages de référence assez généraux : encyclopédies, dictionnaires, et toutes ces pages qui pouvaient être utiles.

Il lui fallait à présent photocopier les pages les plus intéressantes pour son nouvel élève. Alors que Novak cherchait une table où s'installer pour se mettre au travail, il vit un jeune homme écrire rageusement dans les livres qu'il avait empruntés. L'instit ne supportait pas que l'on ne respecte pas les bouquins, c'était un fait. Il avait assisté un jour à un désastre écoeurant : deux gamins étaient entrés chez le vieux professeur où Victor logeait à l'époque et avaient foutu le feu à tous les livres que collectionnait le vieillard...

Ce souvenir poussa Victor Novak à se diriger d'un pas ferme vers l'endroit où se trouver l'iconoclaste.

"Vous êtes fou?
Ces livres sont ici pour tout le monde, arrêtez ça tout de suite !"

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A mesure qu'il corrigeait les diagrammes présentés, Edward avait réussi à se calmer, ne conservant qu'un profond sentiment de mécontentement et d'écœurement face aux erreurs monumentales qui avaient été publiées. Il devait en avoir déjà corrigé une vingtaine quand il fut soudain interrompu par un éclat de voix. Il ajouta rapidement les trois traits manquant encore au diagramme de la page qu'il avait sous les yeux, avant de redresser la tête pour constater que c'était effectivement à lui qu'on s'adressait. Il roula des yeux pour répliquer aussi sec, sur le ton catégorique de celui qui est convaincu de son bon droit.

"Les fous sont ceux qui ont écrit ce bouquin et ceux qui ont permis sa diffusion. Et c'est justement parce qu'il est destiné à la consultation de tous qu'il est impératif de le corriger. Ce n'est qu'un ramassis d'inepties."

Il prit alors le temps de détailler l'homme qui lui faisait face. La cinquantaine d'années, trop grand à son goût, les traits de quelqu'un se montrant généralement patient et avenant mais présentement indigné. Bon. Il y avait de fortes chances que le type pense bien faire. Le blond daigna donc ajouter quelques mots d'explication, moins sèchement, désignant la page sur laquelle le livre était ouvert.

"Regardez cette figure. Si je l'avais laissée telle qu'elle était, quiconque aurait essayé de l'utiliser aurait immanquablement été incapable de maîtriser le rayon d'action, ce qui aurait entraîné des dégâts matériels et aurait pu les blesser sérieusement au passage."

Il fronça le nez de désapprobation pour ponctuer ses propos. Il avait déjà très peu de tolérance pour l'incompétence, mais si en plus cette incompétence mettait d'autres gens en danger, il ne pouvait définitivement pas l'accepter. Et s'il pouvait bien admettre pour lui-même qu'il avait agi bien plus par impulsivité que par décision réfléchie de protéger, ce qu'il avait dit n'en restait pas moins vrai. Laisser un tel livre à la portée de n'importe qui pouvant avoir envie de se lancer dans l'alchimie était positivement criminel.

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La jeune personne que Victor avait interpelée était suffisamment convaincue du bienfondé de son geste pour se défendre et s’expliquer. Cela pouvait signifier beaucoup de choses. L’instit écouta, bien sûr, ce que le jeune homme lui disait, parce qu’il estimait que tout le monde avait le droit à la parole, et qui plus est lorsque la personne en question est en position nécessitant une argumentation de défense. Après que le jeune blond eut parlé, Novak le regardait toujours, avec un air légèrement dubitatif.

"Pourquoi ne pas écrire vous-même un traité de ce genre plutôt que de corriger des erreurs qui peuvent avoir une valeur en tant que trace du passé ? Vous deviendriez vite LA référence et ces ouvrages qui vous énervent au point d’aller jusqu’à raturer dedans feraient simplement pâle figure à côté du vôtre..."

Et en effet. Si ce jeune homme était assez cultivé en ce sujet, il pouvait toujours essayer… et puis, si cela pouvait corriger certaines erreurs du passé, c’était faire d’une pierre deux coups !
Victor s’était dit, tout naturellement, que son interlocuteur pouvait toujours essayer. Après tout, il y avait bien des bouquins sur la cryptozoologie ou ce genre de sujets un peu fantasques… Pourquoi pas un traité de… de quoi au fait ? Il jeta un coup d’œil au livre sur lequel le jeune homme s’était acharné. L’alchimie. Ça lui disait vaguement quelque chose, bien sûr, il avait entendu parler de Nicolas Flamel, de la pierre philosophale capable de changer le plomb en or et du fameux élixir de longue vie que l’alchimiste était parvenu à concevoir… mais tout cela n’était-il pas que légendes ? l’instit commençait sérieusement à se poser la question…

"Surtout avec un but aussi altruiste et sensé, il n’y a pas de raison de ne pas essayer…"

Novak préférait ne pas interroger au sujet de l’alchimie. Il n’était pas vraiment un adepte des sciences occultes ou ésotériques et laissait cela à ceux qui en éprouvaient le besoin. Lui, il vivait très bien comme cela, il n’avait pas besoin d’un refuge magique.

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Bon, il était manifeste que le type n'était pas convaincu par ses explications. Et pour lui-même, Ed pouvait bien avouer qu'elles étaient effectivement quelques peu bancales. Il s'était mis à corriger ces diagrammes parce que voir les principes de l'alchimie ainsi maltraités l'avait franchement énervé et qu'il s'était laissé emporter. S'il avait vraiment songé à empêcher ce livre de causer des dommages, il aurait dû prendre en compte le fait que ce n'était certainement pas le seul exemplaire existant, et trouver un moyen de tous les neutraliser.

Seulement, Ed n'était pas du genre à reconnaître ses torts facilement. Traduire : il continuerait à affirmer qu'il avait raison au mépris de toute argumentation qu'on pourrait lui présenter... à moins qu'Al ne lui adresse un regard déçu ou que Winry ne le menace avec une clé à molette, mais ce sont là des circonstances extrêmes devant lesquelles il n'a d'autre choix que de s'incliner. Heureusement, l'homme partait dans une toute autre direction pour lui expliquer que raturer des livres mis à disposition du public ne constituait pas la meilleure solution, et comme la proposition pouvait facilement être contrée, Ed ne s'en priva pas.

"Je n'ai absolument pas le temps de me lancer là-dedans. J'ai bien d'autres priorités qui m'empêcheraient de mener un tel projet avec l'attention qu'il mériterait. Et de toute manière, je n'ai jamais doué pour vulgariser."

Il afficha un nouveau froncement de nez méprisant. Franchement, il ne saurait pas mettre l'alchimie à la portée de n'importe qui, ni ne le voudrait, car l'alchimie devait se mériter. C'est ce qu'Al et lui avaient fait, se plongeant dans les livres laissés par Hohenheim dès qu'ils avaient été en âge de les déchiffrer, s'acharnant à pratiquer pour progresser par eux-même, et plus tard se cherchant un maître et acceptant ses directives les plus dures afin d'apprendre le plus rapidement possible.

Mais bon. Pour en revenir au présent, ce qui le gênait le plus dans les propos de l'homme, c'était qu'en dépit de ses apparentes bonnes intentions et de son désir de trouver un terrain de conciliation qui lui permettrait de mettre un terme à ce qu'il percevait comme la profanation de traces du passé, il ne semblait pas totalement convaincu de ce qu'il disait. Il ne semblait pas véritablement trouver un tel objectif utile et sensé. Ed fronça les sourcils.

Si l'homme ne distinguait pas l'intérêt réel d'un ouvrage exact sur l'alchimie, cela tendait à indiquer que les quelques livres que le jeune blond avait consulté dans la matinée constituait un échantillon représentatif et que ce monde considérait l'alchimie comme un mythe. Alors qu'ici l'alchimie était possible. Comment de telles connaissances avaient-elles donc pu en arriver à sombrer à ce point dans l'oubli ? Enfin, là n'était pas la question pour le moment. Voulant confirmer sa conclusion, Ed la présenta toutefois sous la forme d'une affirmation, estimant que ce qu'il avançait avait de grandes chances d'être vérifié, son ton trahissant toutefois son incrédulité.

"Vous ne pensez pas que les accomplissements alchimiques soient autre chose qu'une légende. Vous ne voyez aucun mal à préserver les erreurs de ce livre car vous les croyez absolument sans danger. Vous ne croyez pas qu'il puisse suffire d'un toucher pour les activer."

Tout en observant son interlocuteur pour voir s'il avait correctement interprété son attitude, le blond fronça un peu plus les sourcils, songeant déjà aux conséquences d'une telle réalisation sur ses projets. En découvrant que l'alchimie était possible dans ce monde-ci, il s'était imaginé pouvoir collaborer avec des alchimistes locaux pour avoir accès aux archives de leurs travaux et être à même d'y dénicher toute mention d'un portail. Mais si en dépit de son applicabilité l'alchimie n'avait plus été étudiée sérieusement depuis des siècles... une fois de plus, il devrait mener ses recherches seul, sans aucune aide et en secret. Cela prendrait bien plus de temps que ce qu'il avait espéré. Et revoir son frère redevenait une possibilité bien trop éloignée. Son regard se durcit à cette idée.

Peu importait. Il y arriverait. Il le fallait.

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(HJ : je suis désolée, j'allais te répondre dans l'après-midi, mais j'ai eu un petit problème de connexion...)

Le jeune homme aux cheveux blonds à qui parlait Victor avait l'air vraiment convaincu que ce qu'il faisait était juste. un bien pour l'humanité. Il semblait considérer son acte comme quelque chose de logique, de rationnel; pour lui, il fallait apparemment que tout ce qui était écrit soit la vérité pure et simple. Que dire alors des romans? Novak avait cherché doucement à le raisonner, en invoquant la conservation des traces du passé, dans un but utile à toute la société humaine, mais le jeune homme ne semblait pas convaincu par cet argument...

"Ne le prenez pas mal, je voudrais juste que vous admettiez que ces livres, même si vous y trouvez des erreurs, appartiennent à la collectivité... et que, par conséquent, il pourrait arriver que n'importe qui cherchant à en savoir plus sur l'évolution des connaissances sur l'alchimie pourrait venir ici pour chercher ces ouvrages... Imaginez la tête d'un lecteur qui constaterait que ce bouquin est tout raturé... Non seulement il ne saurait pas ce qui est correct, mais en plus, cela l'empêcherait de photocopier quoi que ce soit... et il y a gros à parier qu'il considérera que cette bibliothèque n'est pas bien tenue... "

Avec son éternel sourire bienveillant, l'instit s'entendit alors quasiment critiquer par son interlocuteur. Il restait calme cependant, il avait connu bien pire comme situation de crise. Et si le blond n'avait, effectivement, pas le temps d'écrire un traité d'alchimie pour compenser les manquements des ouvrages qu'il avait compulsé, c'était sans doute aussi la raison de sa fureur. Victor s'assit en face du jeune homme et s'expliqua posément.

"Ce que je crois ne changera rien. Vous êtes peut-être passionné pour l'alchimie autant que je le suis par l'éducation permanente... Cela ne nous autorise pas à rectifier les erreurs des autres à même leurs travaux..."

Et il ajouta encore, non pour rassurer l'autre, mais plutôt pour appuyer ses dires :

"Vous savez, chaque légende a un pied dans la réalité. Ce sont des faits souvent isolés qui permettent la naissance de récits légendaires, mais il n'y a pas de fumée sans feu. Et il ne suffira jamais de croire que quelque chose n'existe pas ou n'a pas existé pour qu'en effet la chose n'ait aucune raison d'être... sinon, les négationnistes n'auraient pas si tort que ça..."

Une fois encore, l'homme ponctua ses paroles d'un petit sourire...

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Spoiler:

Ed avait écouté en se contentant de marquer son désaccord avec des sourcils légèrement froncés quand l'homme avait essayé de lui expliquer une nouvelle fois qu'il ne devait pas écrire sur les livres car ils appartenaient à une bibliothèque publique et que de toute manière les erreurs du passé devaient être conservées pour leur valeur historique. L'histoire de photocopie lui avait complètement échappé, mais à ce qu'il avait saisi du reste de la tirade, son impression s'était renforcée : ce brave type cherchait simplement à le raisonner, seulement il ne connaissait vraiment rien au sujet.

Il avait donc exposé sa conclusion... et la réaction de l'homme confirma définitivement qu'il n'avait aucune idée du danger que des erreurs non corrigées pouvaient représenter quand il s'agissait d'alchimie. Les équations erronées d'un livre d'astronomie ne faisaient de mal à personne, ou alors seulement très indirectement. Un cercle de transmutation mal tracé dans un livre d'alchimie pouvait tuer l'ignare qui chercherait à l'activer sans avoir suffisamment étudié pour réaliser le problème.

En plus, cette vision des choses paraissait un peu naïve. Quel que soit le sujet, fallait-il autoriser la diffusion de n'importe quelle information à n'importe qui pour sa valeur historique ? Le partage universel des connaissances, c'était évidemment un bel idéal, mais il ne fallait pas oublier que tout le monde ne cherchait pas à s'approprier le savoir dans l'objectif purement intellectuel d'étendre sa culture générale. Les informations sensibles devaient être restreintes à un cercle limité, même ainsi trop de problèmes survenaient. Et vu ce que le blond savait du potentiel destructeur de l'alchimie, il lui paraissait inconcevable qu'un ouvrage comportant des diagrammes activables puisse être trouvé dans une bibliothèque publique, sans même prendre en considération le fait que ces diagrammes étaient rendus plus dangereux encore par leurs mauvais tracés. Est-ce que ce monde avait vraiment totalement oublié ce dont l'alchimie était capable ? Ou bien était-il peuplé de fous du genre à mettre des plans de fabrication de bombe à portée du premier venu ?

Enfin... l'homme venait de déclarer être passionné par l'éducation permanente, c'était quasiment inévitable qu'il se caractérise par de l'idéalisme et une certaine naïveté. Et même si Ed ne comprenait pas bien qu'on puisse ainsi conserver une telle foi en l'humanité, il reconnaissait que ce genre de personnes était nécessaire, et n'aspirait pas particulièrement à leur injecter une dose de réalisme. Il ne chercherait donc pas à expliquer à cet homme pourquoi ses arguments n'étaient pas recevables, que ce soit en général ou dans le cas particulier de l'alchimie. Qu'il pouvait d'ailleurs continuer à considérer comme une simple légende, Ed n'allait certainement pas se livrer à une démonstration pour lui prouver à quel point il se trompait.

Au final, le blond caractériel n'avait toujours pas la moindre intention de déclarer qu'il avait eu tort, mais il pouvait au moins essayer de contenter l'homme à présent assis en face de lui, histoire de pouvoir se replonger dans sa lecture sans perdre davantage de temps dans une discussion qui ne mènerait à rien.

"OK, message enregistré, on ne doit pas écrire sur un livre appartenant à la collectivité, parce que le respect d'un témoignage du passé et le respect du droit de propriété ont la priorité sur la prévention d'un hypothétique danger."

Bon, personne n'avait jamais dit qu'Ed était doué en matière de diplomatie. Non qu'il ait jamais essayé. Un génie avait bien droit à quelques lacunes, et il s'accordait donc lui-même la permission de ne pas développer le moindre tact. Il claqua le livre aux diagrammes pour le refermer et saisit le suivant de sa liste, celui situé sur le dessus de la pile de gauche, l'ouvrant à la page de sommaire. Mais avant de se lancer dans la lecture, il adressa tout de même un sourire ironique au type bien intentionné.

"Félicitations, vous avez accompli votre bonne action et ramené un vandale sur la voie de la raison."

Rien ne garantissait qu'Ed ne corrigerait pas le reste des diagrammes plus tard, ne serait-ce que par principe, mais hé, le type avait fait ce qu'il pouvait. Il n'y était pour rien si le sens des priorités du blond différait tellement de celui qu'il défendait. Et puis, rien ne disait non plus que l'alchimiste prendrait la peine de finir la correction. Après tout, si les gens de ce monde ne voyaient généralement l'alchimie que comme un mythe, seuls ceux qui étaient déjà bien informés auraient l'idée d'essayer d'activer un cercle de transmutation, et les risques restaient de ce fait très limités. Et puis il avait tout de même des problèmes bien plus importants desquels se préoccuper. Il commença donc la lecture de cet autre livre.