Rencontre d'infortune ? [PV Pansy Parkinson]

Il avait mis le nez dehors pour la deuxième fois en quelques jours seulement, un record personnel qu'il n'inscrirait guère dans la liste de ses accomplissements. Qu'allait-il faire de bon matin alors que la plupart des logeurs du 109 dormaient encore ? Chercher ce dont il avait besoin évidemment. Comme n'importe quoi, sa réserve d'alcool n'étant point éternelle, il était en son devoir d'aller en chercher d'autre. John n'aurait sans doute aucunement voulu y aller pour lui, alors aussi bien faire son grand garçon et s'y diriger par soi-même. Seul problème: il ne savait pas dans quels magasins il pouvait acheter de l'alcool. Ce n'était pas comme Londres, il s'en faisait la réaction dès qu'il en avait l'occasion. Seul avantage: se promener ainsi à la recherche de son du lui permettrait sans doute de tracé dans sa tête le plan de la nouvelle ville dans laquelle il vivait désormais, non sans quelques regrets d'ailleurs. Ce trou, aux États-Unis d'après ce qu'il avait vu dans le journal et entendu au 109, ne lui plaisait pas. Baker Street lui manquait, mais il savait qu'il devrait faire une croix sur son passé.

Donc le voici, aux bonnes heures du matin, à fureter dans l'ombre, le regard ne manquant aucun détail. Comme l'insigne un peu bancal de ce magasin, le trou étrange dans la chaussée, le trottoir qui présentait une certaine pente à un certain moment, l'odeur de ce magasin, l'odeur de celui-ci, l'odeur de ce salon de coiffure bon marché qui sentait le produit dilué et ce salon-là qui lui avait l'effluve de ces produits chimiques qui fonctionnaient certes, mais dont l'odeur ne vous quittait guère qu'après quelques jours. Le bistro du coin, sympathique mais bruyant, il avait entendu une jeune fille rire aux éclats alors qu'il se tenait de l'autre côté de la rue. Il enregistrait tout, absolument tout. C'était à s'en donner le mal de tête et pour celle un peu ankylosée et alcoolisé de Holmes, il s'agissait d'un travail qui demandait bien plus d'efforts qu'avant.

Deux passantes marchèrent un moment dans la même direction que lui. L'une d'elle racontait à son amie sa vie et son inquiétude envers l'homme qui était son époux. Après quelques minutes d'écoute, il se lassa. La réponse était simple, l'énigme n'avait rien de complexe et la femme se faisait une inquiétude pour rien. L'homme en question était partit avec une collègue de travail amenant avec lui une bonne partie des bijoux de madame. Décidément, peu importe l'époque, certains détails ne changeaient pas. Ce qui devenait alors assez pitoyable. Les hommes étaient coupables des mêmes erreurs que dans le passé et aucune femme ne croyait bon d'apprendre de ces erreurs. D'où venait sa misogynie alors ?

Par chance, ses deux compagnes de route d'infortune ne restèrent pas longtemps à ses côtés, tournant dans une rue qu'il n'avait, aux premiers abords, guère vu. Il l'examina un moment, puis reprit sa route. Dans sa tête se dessinait lentement mais sûrement les alentours du 109. Il n'avait pas finit de tout voir, mais il avait le temps. Pour son nouveau travail, il devait connaître le terrain. Passant près d'un parc, il remarqua sur le sol un peux boueux, il avait plut durant la nuit, des traces de pas distancées les unes des autres. À voir leur profondeur, ce n'était pas quelqu'un d'étonnamment grand, mais bien une personne qui courant. Paniquée. Ce n'étaient guère les traces sûrs d'un quelconque coureur expérimenté. Malgré cela, il ne parut pas particulièrement appelé par cet indice, continuant sa route comme si de rien était. Peut-être la personne courrait-elle pour échappée à un chien ou peut-être même s'agissait-il d'un être touché par une folie étant donné que les traces n'étaient poursuivies d'aucune autre.

Il entra finalement dans un magasin et prit tout ce qu'il pouvait avant d'aller payer là où il se devait de le faire. L'homme derrière le comptoir lui servit un regard légèrement perplexe.

-Une fête ?

« Exactement mon brave, vous savez comment peuvent être les jeunes de nos jours n'est-ce pas ? »

Le visage de son interlocuteur ne devint guère plus amical, mais il consentit tout de même à le laisser partir avec une petite réserve d'alcool. De toute façon, il pourrait toujours en discuter avec ses 'collègues' une fois que son dossier serait pris en compte. Avec Scotland Yard c'était tellement moins compliqué. Qu'il regrettait ces heures de triomphes face à Gregston et Lestrade, tous deux bien braves mais légèrement poivrots. Quittant le magasin peu amenant, il reprit sa route, prenant un autre chemin qui, il l'espérait, le conduirait directement au 109. Malheureusement, prendre ce genre d'initiative en terrain inconnu ne l'aidait pas. Évidemment, il aurait pu tourner les talons et suivre son chemin en sens inverse, mais s'il voulait tracer un plan pour se retrouver plus tard, il ne pouvait toujours emprunter les mêmes rues. Tous les chemins mènent à Rome dit-on, c'était le moment de prouver cet énoncé.

Il cherchait depuis une bonne demi-heure déjà lorsqu'un visage familier s'offrit à lieu. Cachant son sourire quelque peu ironique voir carnassier derrière un visage tout à fait affable et lointain, il se dirigea vers sa vague connaissance qui lui semblait...nerveuse ?

« Bonjour à vous milady ! »

Il s'approchait, armé de son sac d'alcool, son regard la regardant par-dessus ses petites lunettes fumées.