Esprit tourmenté & nouvel échec [Adam&Patrick]

Patrick s’acharnait comme un dératé sur son téléphone portable, sans pour autant arriver à joindre Lisbon de quelconque manière. Il finit par rendre les armes, non sans avoir déjà démonté son portable… remonté… frotter la carte Sim jusqu’à finir par se dire qu’elle n’était pas joignable de quelconques manières. Et puis comme si il avait besoin d’elle de toute manière. Il rangea son portable dans la poche de sa veste dans un léger soupir. Sa tête continuait de lui faire mal, bien qu’il savait que le coup sur la tête qu’il avait reçu n’était pas si violent que cela. Il savait qu’il allait encore se plaindre près de Lisbon, qui le traitera de petite nature… Hey ! Mais se faire assommer par quelqu’un ca fait mal ! Il aimerai bien la voir, elle…

Mais bien trop énervé et inquiet pour se soucier pour l’instant de cela de toute manière. Première chose à savoir : Où se trouvait-il ? Le paysage ne lui disait rien du tout… Et ce qui était rare pour notre Mentalist, qui avait cette fameuse faculté de reconnaitre un endroit et de le photographier dans sa mémoire sur l’instant. Ne pouvant faire mieux que cela, il avait pris les devants et s’était mis à la quête d’une personne pouvant l’aider à savoir, dans un premier lieu, où il était…

Mais pourquoi tant d’énervement ? Patrick avait été sur le point de découvrir l’identité de John le Rouge et enfin de lui faire payer ce qu’il avait fait à sa famille… Mais il s’était fait prendre par surprise et encore une fois, le bougre avait échappé à ses tenailles… Patrick se sentit las de devoir à chaque fois tout recommencer. Red John jouait avec lui, et ses nerfs lui prouvaient qu’il y réussissait bien. C’est le visage fermé, et la mine sombre qu’il commença à remonter ce qui semblait être un fleuve. Mains solidement enfoncées dans ses poches, démarche penaude. On pourrait même croire un enfant qui aurait perdu à un quelconque jeu, et qui, en tant que mauvais perdant, se serait mis à l’écart pour bouder un instant.

Il broyait du noir, et comme il n’y avait personne pour le voir de front, il laissait le Patrick Jane des bas-fonds ressortir sur les traits de son visage. Chose qu’il aimait cacher au commun des mortels. Rare sont ceux qui arrivent à déchiffrer Jane. Il n’y avait souvent que les grands observateurs ou certaines personnes qui le connaissaient bien. Sans parler de ceux qui s’étaient renseignés sur le sujet : « Meurtre sanglant chez les Jane ». Google apparait comme votre ennemi dans ces cas-là ! Bien que garder cet air si sûr de lui, constamment sur le visage pouvait lui paraitre bien fatiguant certaines fois… Il suffit d’une micro-expression, un regard, ou un tressaillement du corps, pour comprendre ce que pouvait cacher notre blond charismatique.

Il n’était plus trop là. Il n’arrêtait pas de remanier certains indices dans sa tête… Ce qu’il avait pu manquer sur Red John… Pourquoi s’était-il fait avoir aussi bêtement. Patrick aimait toujours avoir trois coups d’avance sur le tueur, mais cet homme semblait toujours avoir un coup bien placé à lui réserver en dernière minute. Il était surement trop pressé d’en terminer… ou alors tout le contraire. Car le jour où il aurait enfin Red John, il se demandait bel et bien ce que serait son nouveau but dans la vie. Il ne se surpris pas à penser qu’il devrait surement mieux, mourir en laissant tomber sa vengeance. Cela serait une fin mémorable pour lui… Mais si ce n’était pas le cas… Une image vint à lui inconsciemment. Celle de Lisbon et ses conseils avisés… Il semblerait que malgré ce qu’il pouvait s’interdire de penser, des personnes pouvaient tenir encore à lui.

Patrick remontait ce fleuve, se demandant où il le conduirait, mais à voir les habitations, il n’était pas totalement paumé non plus. Pourquoi avoir été aussi près du but et de s’en éloigner si rapidement ? Red John était très fort pour ce petit jeu, au plus grand malheur de Jane, qui sortait souvent de ces « affrontements » totalement à bout. L’arrogance de notre blond lui faisait porter à croire qu’il ne pouvait échouer comme cela à chaque fois. Un jour, il aurait Red John, c’était une promesse qu’il s’était fait. Jane faisait rarement des promesses, mais quand il en faisait une, il s’y tenait jusqu’au bout.

Perdu dans ses pensées, ses tourments, il était comme déconnecté et ne voyait plus ce qu’il se passait à l’extérieur. Une voix le rappela pourtant à la réalité. Dans un clignement d’yeux, Patrick releva le regard et reprit pied à la réalité. Il buta alors légèrement sur le bord du trottoir, sans pour autant tomber. C’était la première personne qu’il croisait. Un homme de la trentaine pour lui. Au premier regard, il savait que cet homme pourrait facilement le renseigner sur l’endroit où il se trouvait. Il semblait à l’aise dans les lieux. Bien que Patrick n’arrivait pas à discerner exactement tout de lui. Au moins, un peu d’aide ne serait pas mal.

« Merci. J’étais un peu ailleurs. J'aurai pu me faire mal. »

Comme s’il avait été pris sur le fait, un sourire se dessina tout de suite sur le visage de Jane. Il avait repris son masque habituel. Celui qu’il aimait maintenir tout le temps. Il avança une main à l’homme pour la lui serrer tout en lui disant :

« Je suis Patrick Jane, du CBI. Je cherche un endroit pour pouvoir téléphoner. Disons que je me suis un peu perdu. J’étais sur une enquête et… pour faire court. Perte de conscience et je me suis retrouvé ici. »

Bien entendu cette phrase dans la continuité voulait dire : « Où suis-je ? » Bien que Patrick Jane ne se doutait pas un instant à l’heure actuelle qu’il était si loin de Sacramento et de ses collègues. A vrai dire, Jane était bien trop terre à terre pour pouvoir y penser une seule seconde… Comme le fait qu’il se trouvait face à un homme qui avait plusieurs millénaires en face de lui. Bien que son visage pouvait lui dire vaguement quelque chose… et les vaguement de Jane pouvait se traduire par : Je l’ai déjà vu, c’est sûr, faut juste que je me rappelle exactement quand et où… L’information ne devrait pas tarder quand j’aurai fouillé tous les tiroirs de ma mémoire. Bien que le nom allait surement l’aider dans ce sens.

Que faisait-il ici ? Pourquoi ? Comment ? C’était des tonnes de questions que Patrick pouvait se poser. En tout cas, il n’était pas seul et le fait de pouvoir trouver quelqu’un pour le renseigner, le soulageait en quelque sorte. Il avait tendu la main à l’homme en face de lui, après un court instant, il la serra et se présenta pareillement. Il voyait dans le regard de l’homme en face de lui qu’il le sondait ou plutôt, qu’il avait vu une facette que Patrick s’efforçait toujours de cacher aux autres. Cela aurait pu l’embarrasser, mais la vie est faite de haut et de bas, et Patrick n’était pas du genre à se sentir gêné de quelconques situations. C’était d’ailleurs bien là un de ses problèmes, ou plutôt une de ses facéties. De toute manière, il était clair qu’il faisait parti de ces dépressifs qui cachent leurs souffrances derrière un large sourire joyeux et innocent. Bien que ce qu’avait pu voir Adam juste avant, n’était pas que peine, mais aussi colère et incompréhension… Comme à chaque fois qu’il pouvait traiter de l’affaire Red John. Cet assassin était à lui, et il ne pourrait pas lui échapper éternellement.

Quand Adam lui indiqua où il se trouvait, Patrick ne put s’empêcher de lâcher une mise surprise. Bien qu’il était encore sur le sol américain, le New-Jersey se trouvait à l’autre bout du pays. Patrick se demanda alors combien de temps il est resté inconscient… Ca aurait pu faire un mois complet. Mais qu’est-ce que Red John lui avait préparé. Il ne se cacha pas alors, prenant une mine perplexe et étonné, il avoua alors à l’homme :

« Je suis de Sacramento, en Californie. Ca fait un bout de chemin quand même… »

Sa fin de phrase se perdit, comme si ses pensées venaient à rejoindre ses paroles. Adam parla de nouveau. Patrick leva les yeux, et l’écouta attentivement. Il lui dit qu’il n’était pas le premier à débarquer ici comme lui. Un léger sourcillement de sourcils pour montrer sa perplexité, il plissa légèrement les yeux. Patrick ne répondit rien en premier lieu, il sonda rapidement l’homme en face de lui. Il ne put s’empêcher de sentir une immense sagesse se dégageant de cet homme. Il paraissait trente ans, mais son regard avait celui d’un homme bien plus âgé que cela. Un homme qui avait vu des choses et qui connaissait aussi beaucoup sur le monde. Pourtant un mot, un nom vint à le frapper : et si Red John le testait ? Et s’il était dans les parages et l’observait discrètement ? Paranoïaque ? Il l’était devenu par la force des choses. Il fixait Adam, ne comprenait pas vraiment où il voulait en venir :

« Je… Je ne comprends pas très bien. J’ai… la nette impression qu’on me mène en bateau, et si c’est un jeu que Red John m’a concocté, c’est loin d’être à mon goût… »

Il gonfla la poitrine, respirant profondément pour se contrôler. Son cœur continuait pourtant de battre la chamade, mais il ne laissa ni la panique, ni la colère monter en lui. Patrick était de ceux qui gardaient un self control remarquable. Ce gars l’intriguait… Il n’était pas comme n’importe qui. De plus, son visage lui disait vraiment quelque chose… C’en était troublant. Il avait l’impression à l’instant actuelle, qu’il perdait totalement le contrôle de la situation et surtout qu’il se retrouvait à la place où il mettait souvent la majorité des autres personnes.

« Qui êtes-vous ? Réellement… Je n’arrive pas à vous lire complètement. Quelque chose m’échappe et pourtant, et je vais vous l’avouer, je suis un très bon observateur. »