Plumé or not plumé... There is pas de question

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Une pie volait, frôlant les gratte-ciels, se servant des courants aeriens comme tout bon oiseau pour voler, indifférente au reste du monde qui évoluait sous elle. Une pie somme toute assez banale. Ou pas. Car cette pie n'en était pas une. C'était une entité bien plus complexe, bien plus extraordinaire (dans la mesure où elle était pour le moment unique). Voilà de cela quelques temps que Rekhyt Sakr' Al Djin était en ces lieux et bien entendu, il connaissait le coin comme sa poche mais avait encore du mal à se dire qu'il était là... Par l'opération du saint esprit. Libre et sans douleur, sans maître, sans limites ou conditions, sans mission... Rien que lui, son essence et le ciel. Il avait fait le tour de ce qu'il y avaità faire et s'émerveillait encore de ne plus ressentir la moindre douleur ni le moindre tiraillement sur sa pauvre essence, qui en avait vu de toutes les couleurs avec Nataniel... Nataniel... Tout s'était passé si vite... Un soupir s'échappa des maigres poumons de la pie qui finit par se poser sur la tonelle d'un petit café. Elle se pencha, la tête en bas, cramponnée par ses petites pattes à la barre de fer, observant le monde. Les humains... Créatures insipides... Toutes les mêmes... Tellement peu pour faire la différence... Kitty, Ptolémée, Nat'... La pie s'ébroua pour se remettre les idées en place. V'la 'tit pas que le serpent à plumes allait devenir sentimental?! Jamais de la vie! L'oiseau reprit son envol et décrivit plusieurs allés/retour au dessus du centre ville. Le fait est que l'essence de Djinn ne trouvait guère sa place dans ce nouveau monde... Finalement l'aspect de la pie le lassa et il se posa dans une ruelle, où il se changea en chat tigré gris noir et blanc. Il allait sortir de la ruelle quand un grognement sourd fit s'hérisser les poils sur le dos du chat, qui feula. Le chien, car c'était bien un chien qui grognait, aboya et chargea le chat qui détala comme un lapin (ah ah ah), et, sortant de la ruelle, se jeta dans la grand rue. La, il se faufila entre plusieurs paires de jambes humaines mais le dog commençait à le rattrapper... Finalement, il déclara forfait, ne pouvant se changer devant tous ces badauds en minotaure, et le chat sauta la première paire de jambe suivant, enfonçant ses griffes dans les mollets, puis les cuisses... Et tout ce qu'il fallait pour atteindre l'épaule humaine du haut de laquelle il pourrait regarder et narguer le chien, qui se précipita à sa suite, mais se retrouva incapable de grimper. Le chat feula et lui cracha dessus.

*V'la 'tit pas autre chose... Me voilà obligé de demander assistance à un homme... Moi? Quelle décadence...*

Le centre-ville. Un lieu de passage comme un autre. Le docteur House s’y trouvait et avançait grâce au renfort de sa canne. Il se frayait un passage dans la foule, en écrasant parfois quelques pieds qui traînaient sur son circuit. Sans blague, on ne peut jamais être tranquille nulle part. Gregory avait besoin de s’acheter une nouvelle babiole pour son bureau. Enfin, "besoin", c’est beaucoup dire, disons juste qu’il en avait envie, simplement. Une bricole qui l’aiderait à réfléchir, ça devait pouvoir se trouver quelque part en ville. Alors, il arpentait le centre en regardant les vitrines qui pourraient l’intéresser.

Jusqu’à présent, il n’était entré dans aucune boutique. Ce n’était pas la gloire au niveau des gadgets dans le coin. Mais il ne fallait pas perdre espoir. En passant devant un magasin de lingerie féminine, il s’arrêta et regarda ce qu’on proposait d’original ici. Cuddy aurait sans doute les dernières nouveautés en matière de string ou de soutien-gorge, mais observer les dentelles exposées étaient une manière de se tenir au courant de ce qu’elle pouvait bien porter aujourd’hui. Oh lala, sympathique le string rouge avec le porte-jarretelle assorti… sur la doyenne de l’hôpital, ça devait être du plus bel effet ! Enfin, le rouge lui allait toujours bien, c’est tout.

Après dix bonnes minutes d’observation – bizarrement, les passants le contournaient bien largement –, Greg reprit sa marche. Il n’allait tout de même pas acheter une fantaisie en dentelle pour mettre sur son bureau… Même Wilson l’aurait pris pour un pervers avec une telle aberration !

Mais le médecin fut tiré de ses pensées par une douleur aiguë qui lui traversa soudain la jambe droite. Un chat, un putain de chat, l’avait pris pour cible et avait décidé d’escalader sa jambe la plus mal en point pour venir se nicher sur son épaule. Le visage de Gregory House fut plus expressif que jamais. La douleur était vive, mais il fallait se ressaisir : un gros clébard furieux lorgnait dangereusement le félin perché sur son épaule. Merde. Le diagnosticien n’hésita pas longtemps. Levant sa canne, il essaya d’éloigner la bête sans oser la frapper. La dernière fois qu’il avait pris ce genre de risque, il s’était retrouvé à plat ventre devant son équipe.

"’tain, mais dégage, sale bête !"

Prenant appui sur sa jambe gauche, Greg essayait tant bien que mal de maintenir le monstre à distance. Et les passants regardaient la scène comme si c’était normal…

"Y en a pas un qui m’aiderait, en plus ! Bande de connards !
Elle est à qui cette grosse brute ?"

Le médecin avait sans doute réussi à éviter le pire – la chute de l’homme suite à un saut du chien – mais il craignait légèrement pour sa petite personne. Et il espérait que la fourrière allait débarquer rapidement. Espoir qui activa (enfin) ses neurones. Il sortit son téléphone portable. Si dans deux minutes le maître du bestiau ne se pointait pas, il appellerait un de ces gros cons de flics pour le libérer du canin. Et du matou, par la même occasion.

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"Hey vas-y doucement!"

Ca avait été plus fort que lui. Il avait fallut qu'il l'ouvre. E^n même temps, l'humain sur lequel il s'était réfugié ne lui facilitait pas la tâche en gigotant comme ça.

"Cessez donc un peu de remuer, vous allez me faire tomber!"

Le chat feula de nouveau. Non mais... Devant l'indifférence des passants, Rekhyt se changea en moineau. Moineau qui sauta gaimant sur la tête du médecin. L'oiseau se pencha pour regarder le chien. Chien d'ailleurs qui, ne reniflant ni ne voyant plus de chat, retourna à sa ruelle. Le moineau ébouriffa ses plumes.

"Une bonne chose de faite."

Se faisant, le petit oiseau avança ses papattes jusqu'au bord du front de House et se pencha, la tête en bas, pour le regarder "dans les yeux", non sans tenter de faire loucher le médecin, juste parce que... C'était drôle.

"Dis donc, vous auriez pu vous abstenir de gesticuler comme un pantin désartibulé. Un peu plus et ce chien maltraitait mon essence. Bien sûr, j'aurai pu lui flanquer la frousse de sa vie en me changeant en géant à tête de boeuf mais vous les humains vous êtes tellement facilement impressionnables..."

Sûr. Voir débarquer un pseudo dieu égyptien en pleine rue ferait son effet. Mais après cela, le moineau était certain de voir son essence terminer en tubes... Pour peu qu'ils parviennent à l'attrapper!

[HJ : roh, ça me rappelle un peu le fameux sujet sur Poudlard où mon perso s’était perché sur l’épaule du tien ^^ mémorable, tout ça !]

C’était déjà pas la joie de se retrouver en pleine rue avec un matou sur l’épaule, mais quand cette bestiole s’était mise à parler, Greg avait songé qu’il n’avait pourtant rien pris d’inhabituel depuis le matin. Sept cafés, treize cachets de Vicodin, deux bourbons… pas la peine d’halluciner pour si peu…

Éberlué par ce qu’il avait cru entendre, House regarda autour de lui, peut-être qu’il avait mal entendu d’où venait la voix et que c’était un passant qui avait parlé, simplement… Mais personne ne le regardait bizarrement. Personne ne le regardait tout court, d’ailleurs. Sauf ce… moineau ? Bon sang, un instant plus tôt, le médecin était persuadé d’avoir un chat sur l’épaule, voilà qu’à présent, c’était un oiseau ! qui parlait lui aussi !

Le gros monstre disparut dans une petite rue et Gregory dut se rendre à l’évidence, s’il était certain de n’avoir abusé de rien de spécial aujourd’hui, il n’était en revanche pas sûr du tout qu’entendre des animaux lui parler était signe de bonne santé. Hallucinations auditives que ça s’appelait. Jeanne d’Arc entendait des voix. Lui aussi. Bientôt, il prendrait les armes et bouterait les Chinois hors de Chinatown si ça continuait… Mais non, il ne devait pas avoir rêvé, ou alors, on avait mis quelque chose de peu licite dans sa Vicodin… car le moineau venait de se percher sur sa tête et avait baissé la sienne pour lui parler en le regardant dans les yeux. Le médecin loucha, évidemment, pour essayer de capter le regard du volatile et ses yeux bleus ne pouvant rencontrer qu’un oeil à la fois, il finit par opter pour la facilité et ne garda qu’un oeil ouvert.

"Impressionnables, les humains ? Boh, ça dépend qui… Tu n’as jamais autopsié un chat crevé depuis cinq semaines, toi, ça se voit !"

Greg s’était remis à marcher. Parce que décidément, ça faisait bizarre d’avoir un oiseau sur la tête et de lui parler. Pour sûr, si Wilson passait par là, House aurait eu un tas de justifications à trouver pour expliquer une situation qui lui tombait dessus comme une fiente sur le crâne. D’ailleurs en parlant de fiente…

"Préviens-moi si tu dois chier, au fait, je me suis lavé les cheveux ce matin… et je préfèrerais, d’ailleurs, que tu choisisses une autre tête que la mienne pour ça… Je connais une femme qui a des cheveux très confortables, tu adorerais !"

Une minute… Le moineau n’avait-il pas parlé de se transformer ? En quoi déjà ? en géant à tête de boeuf!

"C’est sûr, Cuddy serait parfaite pour servir de chiottes ! même à un géant à tête de boeuf, elle aime beaucoup les grands musclés et elle se fout pas mal de leur tronche…"

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"Sache jeune bipède que j'ai eu le loisir de voir des choses bien moins élégantes que des chats creuvés depuis 5 semaines comme tu dis. En plus de 5000 ans d'existance, on a le temps d'avoir ses propres références si tu vois ce que je veux dire."

Lui c'était les cadavres humains pourrissants, voire pire. Comme ce maître cannibale qui l'avait invoqué il y a de ça quelques centaines d'années, pour lui servir de cuillière afin que le vieux chaman puisse manger la cervelle de ses énemis... Oui oui, il avait eu son content de fun. Le moineau fit mine de s'offusquer, s'ébourriffant les plumes, à la spécualtion du médecin.

"Mwa??..."

Il allait répondre qu'étant pure essence, il n'avait rien d'animal, ni d'humain, mais le simple esprit de cet individu lui paraissait trop étroit. Il n'arrivait déjà pas à concevoir qu'un moineau puisse parler alors...

"Pour ton information, nous autres ne sommes pas faits comme vous, les humains. Nous ne sommes pas que des tubes. Vous si. NOUS, les créatures de mon espèce, sommes bien mieux conçues que vous. Cela étant, tes dégoutantes spéculations ne se verront jamais vérifiées. Quant à cette Cuddy, régle tes comptes toi-même Norbert-mon-petit-père. Va donc lui chier dessus, pour reprendre ta charmante expression. Moi je n'en ai rien à faire."

Rekhyt tutoyait le grand doc House. Et ouais. A son âge, on pouvait prendre la liberté de tutoyer les nouveaux venus!
House marchait, un oeil fermé, l'autre en l'air regardant le moineau, qui lui était parfaitement à l'aise au milieu des courts cheveux grisonnants de l'homme moderne, l'oeil allant de-ci, de-là. Tiens en parlant de ça...

"Je t'informe mon bon-ami que tu vas rencontrer un poteau sur ta route dans très exactement trois, deux, une..."

[Héhé voui! Brum' en chat Garou ^^ c'était trop fort]

De deux choses l’une : ou Greg était tout bonnement en train de rêver éveillé et c’était franchement le rêve le plus débile qu’il ait fait depuis un moment, ou bien c’était un canular et cet animal qui parlait et changeait de forme – selon ses dires car ça, House voulait le voir pour le croire – était un produit publicitaire quelconque, créé et conditionné pour attirer le regard des gens et les pousser à acheter je ne sais quoi.
Donc, sachant cela, il était évident que tout ce que pouvait bien raconter le volatile n’était pas intéressant. Sauf peut-être d’un point de vue psychiatrique – si c’était un rêve – ou d’un point de vue marketing – si cette chose était bien une pub sur pattes. Alors, le baratin concernant les milliers d’années d’existence et les choses dégueu qu’une existence aussi longue pouvait supposer, ça n’atteignait pas vraiment le diagnosticien.

"Eh quoi, je suis censé croire qu’un moineau de quelques millénaires pratique des autopsies sur des fossiles ? Sache, volatile, que je ne crois pas n’importe quoi. La vérité a beau commencer dans le mensonge, faut pas pousser non plus…"

L’oiseau parla encore et commença à déblatérer des choses tellement inconcevables pour l’esprit rationnel qu’était Gregory House que ce dernier décida que ce moineau était un robot bourré d’éléments électroniques microscopiques et ultra perfectionnés. Car, il ne fallait pas se mentir, ce robot avait beau être mal élevé, c’était un tour de maître de l’avoir rendu si réaliste. Pour voir jusqu’où il pouvait aller, House choisit de pousser un peu les choses.

"Malheureusement, Cuddy ne doit pas faire partie des scatophiles. Mais bon, ça c’est une autre histoire. Alors, raconte-moi, si tu n’es pas un tube, tu es quoi ?"

L’intelligence artificielle était sans doute poussée assez loin dans cette machine perfectionnée, mais était-elle capable de répondre à des questions existentielles ? ça restait à voir…

Depuis quelque temps qu’il réfléchissait à tout ça, Greg n’avait plus vraiment fait attention à son chemin et il fallut l’avertissement de l’oiseau suivi d’un choc de son front sur un poteau qui se trouvait là pour qu’il redescende sur terre tandis que son postérieur touchait le sol soudainement. Évidemment, des imbéciles qui se trouvaient là autour eurent les deux types de réactions typiques de ce genre de situation : certains riaient, d’autres se précipitaient pour aider cet homme handicapé à se relever.

"Dégagez, tas de bouffons ! j’ai pas besoin de vous."

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[je vais reprendre le rp à la première personne pour voir ^^]

Blablabla... Le scepticisme de cet humain m'ennuie au plus haut point. De mon temps, la perspective d'avoir un djin sur sa tête en poussaient certains au suicide, provoquait des crises cardiaques, suscitait l'effroi pour beaucoup, ou juste l'inquiétude pour d'autres... Mais certainement pas ce déni de notre existence... Décidément, les temps étaient bien difficiles, pas pour moi j'entends puisque j'étais libre de toute contrainte, pouvait parcourir la terre au gré de mes désirs et n'avait plus le besoin de retourner dans l'autre lieu pour reconstituer mon essence, qui restait intacte... Mais bien pour ces humains dont l'imaginaire allait rétrécissant au cours des siècles... Où étaient passés les bipèdes peureux qui organisaient des cérémonies pour un oui ou pour un nom et nous priaient, nous, qui prenions alors l'apparence de leur Dieu, quand cela nous chantait évidemment, et nous amusions à leur dépends? Je soupirai, cette époque était bien triste, et dangereuse avec ces poutres, ces architectures, ces voitures... Que de métal partout... Brrr!

"Tu es tellement réducteur dans tes réflexions que tu me fais de la peine."

A sa question, toujours heureux de parler de moi et de la supériorité de mon espèce sur la pauvre et dégingandée, pas gâtée du tout, espèce humaine, je piétinais la tête de House pour retourner me pencher par dessus son front et le regarder de mon oeil volatile. Puis, la collision étant proche, je m'envolais et profitais de la diversion qu'il m'avait offert pour me transformer en petite fille d'une dizaine d'années aux joues roses, aux grands yeux bleus et aux cheveux blonds et bouclés. Le stéréotype même du petit angelot. Je me rapprochais de lui, et une fois qu'il fut remis debout, je mettais ma petite main dans la sienne et attendit qu'il recommence à marcher pour lui emboîter le pas.

"Ca sera plus pratique pour discuter, vous n'aurez pas l'air de parler tout seul et ne risquerez plus de vous prendre un poteau. Bien, avant ce petit aparté ma foi fort divertissant, j'allais vous dire que nous, Djins, nous sommes pure essence. Sachant cela, vous ne pouvez que reconnaître notre indéniable supériorité par rapport à vous n'est-ce pas? A moins que vous n'ayez besoin de plus de précision, puisque vous ignorez ce qu'est l'essence?"

La petite fille que j'étais leva ses grands yeux innocents vers le docteur éclopé, sachant déjà sa réponse mais préférant tout de même avoir la politesse, oui car nous autres savons être bien plus polis que les humains, de le laisser répondre lui même. Ma main dans la sienne est chaude et vivante, exactement comme celle d'une petite humaine de l'âge que lui ai donné. La seule différence aurait été qu'en me coupant je n'aurai pas saigné, et que si le docteur avec cherché mon pouls, il ne l'aurait pas trouvé. De même, si on m'avait ouvert, ça aurait été comme couper un morceau de beurre. Mon intérieur était plein, mon essence remplissant tout l'espace vital que constituent les organes et systèmes internes des humains.

Le volatile perché sur le crâne de House commençait à susciter de nombreuses questions. De nombreuses interrogations supplémentaires, plutôt. Greg avait dernièrement songé avoir affaire à un de ces gadgets hyper modernes qui devaient servir à faire de la publicité pour tel ou tel produit, mais maintenant, il se demandait si ce n’était pas un robot créé pour l’amener à intégrer une secte. Il suffisait d’analyser vaguement ce que l’oiseau avait dit : "Tu es tellement réducteur dans tes réflexions que tu me fais de la peine."… ça fait très secte, ça, non ? Une secte anti-athées, une secte prête à tout pour recruter des gens. Et apparemment, ils avaient le pognon qui suivait pour servir leurs desseins de prosélytisme. Géniale, l’idée de cet oiseau qui parlerait, un peu comme une conscience virtuelle qui viendrait vous mettre nez à nez avec ce qui cloche en vous… ou pas.

Gregory avait haussé les épaules, puis s’était pris un poteau en pleine tronche. Au pire, s’il avait un œil au beurre noir, il s’en servirait pour se faire soigner par Cuddy, en inventant une histoire où il se serait montré héroïque et aurait sauvé un gosse… c’était son point faible, à Cuddy, les gamins. Allez savoir ce qu’elle leur trouvait… Au début de leur vie, c’était des tubes, comme aurait dit l’oiseau, qui ne faisaient que bouffer, vomir, dormir et se vider. En grandissant, ça devenait des porcs qui devaient tout apprendre, puis plus tard, on avait en face de nous des petits cons bourrés d’hormones. Théorie valable pour les deux sexes tant que rien ni personne ne viendrait la contredire.

Quand il était par terre et que des imbéciles s’étaient penchés sur son cas, House avait perdu de vue l’oiseau. Ce qui laissait planer un doute : avait-il rêvé cette histoire ?

Mais non, apparemment, l’oiseau avait cédé sa place à une gamine. Une gamine de quoi ? Dix ans maximum. Une blondasse qui venait de lui prendre la main. Pour un peu, les passants auraient pu croire avoir là un papa et sa fifille ou un pédophile et sa victime. Allez savoir ce qui peut passer par la tête de la plèbe.

En tout cas, ce qui passait par la tête de la gamine, c’était un peu trop élaboré pour une fillette comme elle. Elle commença par se foutre de lui. Logique : il venait de se prendre un poteau. Puis, elle prétendit être un jean. Oui, un jean. Un pantalon qui, à l’origine, était découpé dans les toiles des tentes de l’U.S. Army, à l’époque de la guerre de sécession… ensuite, elle prétendit être pure essence. Jusqu’à preuve du contraire, aucune once de pétrole raffiné n’avait jamais été pure et le contresens de ces mots poussa le diagnosticien à froncer les sourcils. Et si cette gamine parlait d’un autre type d’essence ?
House s’était déjà suffisamment ridiculisé avec cette voix bizarre, mieux valait essayer d’aller en son sens s’il ne voulait plus se voir punir par un poteau ou pire… une poubelle. Il se racla la gorge et posa les yeux sur ce petit machin à bouclettes blondes.

"Ecoute, j’ai lu Sartre, si c’est de cette essence-là dont tu veux parler. « L’essence précède l’existence ». Sans elle, la vie n’a pas de sens. Donc, il est logique que chaque être vivant ait un peu d’essence en lui ou alors le monde entier serait absurde. Quant à toi, si tu es pure essence, il y a un truc qui m’échappe… Pourquoi t’es blonde ?"

Humour à deux balles, mais Gregory n’avait pas pu s’en empêcher. Il ne savait pas s’il avait tapé juste. Mais s’il avait raison, alors, les propos de la fillette étaient logiques, eux aussi… pas raisonnables, mais logiques : si l’essence précède l’existence, elle est au-dessus d’elle. Donc, un être qui serait pure essence serait, fondamentalement, supérieur à tout ce qui existait. Pourtant, le côté bancal de ce raisonnement résidait dans l’existence même d’une pure essence : puisque la faiblesse était l’existence, même une pure essence, en ceci qu’elle existait avait une part d’imperfection. CQFD. Mais tout ça s’approchait beaucoup de propos presque philosophiques et, franchement, ça donnait mal au crâne du docteur… à moins que ce ne soit encore un coup du poteau ?

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