Tombola : Angels falls first, avec Adam Pierson

Adam avait perdu l'habitude de sortir. Il était pris dans une routine assez tempétueuse. Il passait de la mairie à l'école, de l'école à la mairie, sans toujours prendre le temps de respirer entre les deux. Disons tout simplement qu'être professeur de deux matières, escrime et histoire, à l'école militaire et qu'en plus il était le conseiller de la mairesse....un jour ça commence à faire beaucoup. Ainsi donc, sur un coup de tête, il avait décidé d'appeler l'école et de leur dire de lui trouver un remplaçant pour les cours de la journée, que c'était une décision finale et que s'ils ne cherchaient pas pour un remplaçant, les élèves n'auraient pas de professeur. Heureusement respecté dans l'établissement, on lui donna son congé sans trop rechigné. Mort savait être persuasif quand il le voulait. Ça aidait.

Donc...promenade. Où ? Bonne question. Comment ? À pied. Qui ? Lui-même. Quand ? Là, tout de suite et maintenant. Il ne restait plus qu'à trouver où, ce qui se révélait une affaire plus difficile qu'elle ne paraissait l'être. Où voulait-il aller ? Il connaissait quasiment toute la ville déjà et avait besoin de quelque chose de nouveau pour le tirer de l'ennui gluant dans lequel il s'empêtrait. Un grondement franchit sa gorge. Se sentir comme un animal dans une cage...il n'en avait plus l'habitude et ça le mettait hors de lui. Il y avait bien quelque chose à faire, qui serait agréable et qui ne le mettrait pas sur les nerfs.

Alors qu'il marchait dans la rue, toujours à la recherche de l'illumination divine, son regard tomba sur l'université. Il n'avait pas pu travailler dans ce bâtiment parce que sa matière avait déjà été prise par un autre. D'où son poste à l'école militaire et ce, malgré toute la haine qu'il avait pour les guerres et le sang. Il en devenait allergique à force de les côtoyer. Ou bien était-ce parce qu'il ne pouvait supporter le fait qu'il avait sans doute été meilleur tueur que tous ce que ces gamins allaient devenir. Il frappa une roche de son pied et l'envoya beaucoup plus loin.

Bah pourquoi pas ? Visiter cette école ? Ce serait marrant. Ce serait nouveau. Pas tellement intéressant, mais plus que déambuler sans but tel un zombi en soif de cerveau. Ça se boit un cerveau ?

Entrant dans l'établissement, il trouva l'université un peu fade. Peut-être parce que tous les étudiants n'étaient pas ces rebelles de la loi que les parents riches envoyaient se faire réformer. Oui...quelques différences certes. Pas de combat, pas d'hurlements. Il était certain qu'ici aussi il y avait des gens stupides, mais en tout cas, ils étaient quelque peu plus discret.

Bon bon bon...maintenant qu'il était là...il faisait quoi ? Challenger son esprit ? Pourquoi pas ?

Direction les laboratoires alors. Il allait pouvoir savoir s'il se souvenait de ses cours de médecine. Il avait fait tant de métier dans sa vie que parfois, il lui arrivait qu'une information vitale lui échappe. C'était le temps de savoir s'il avait toujours les bases en lui ou s'il les avait perdu.

Lorsqu'il poussa les portes, une étrange odeur l'assaillit et lui fit plisser le nez. Regardant autour de lui, il finit par tomber sur un homme travaillant une concoction qui ma foi le faisait douter...

- Vous jouez aux apprentis génie du mal ?

Demanda-t-il avec son humour habituel qui pouvait très bien ne pas être partager par son interlocuteur. Enfin, personne n'avait la même ouverture d'esprit que lui. La même définition que lui en tout cas.

- Parce que vous savez...ça n'a pas l'air sain...

Est-ce qu'il venait de s'incruster sans permission alors que c'était peut-être un enseignant en chimie ? Ouais. Est-ce qu'il venait d'interrompre le cours de ses pensées alors qu'il avait peut-être besoin de concentration ? Ouais. Est-ce que ça le dérangeait ? Pas le moins du monde. Adam s'ennuyait, il venait trouver quelque chose...d'intriguant.

Le thermomètre indiquait maintenant quatre vingt dix degrés. Ne restait qu’à attendre avant de maintenir la température. Question de patience. La préparation serait prête bien assez tôt et quand il faudrait la goûter, il serait certainement l’heure d’être déçu que la cuisson ne dure pas plus longtemps. Six était toujours à songer comme il serait bon de voir débarquer quelques Two pour tester le produit sur eux lorsqu’il entendit un bruit derrière lui. Un bruit de porte. Non, ce n’était pas possible, son rêve ne devenait pas réalité. Dans le doute, il se retourna quand même le cœur serré mais ses attentes furent rapidement déçues et il retomba brutalement dans la réalité de laquelle l’avait extrait un peu la préparation de cette solution chimique.
Un homme qu’il n’avait jamais vu jusqu’alors venait d’apparaître dans l’entrée. Il avait l’air jeune mais pas vraiment au courant de la mode chez les gens de son âge. Trente ans peut être ? Certainement pas plus, même si son chandail et son long manteau le vieillissait probablement un peu. Six avait déjà vu à plusieurs reprise les enseignants qui régnaient sur les laboratoires de chimie et il ne le reconnaissait en aucun d’entre eux. Peut être un chargé de cours ou un assistant ? A moins qu’il ne se fut s’agit d’un étudiant… six devait l’admettre, à part les siens et les rats de bibliothèque qu’il croisait régulièrement aux mêmes heures, il n’en connaissait pas des masses. Pas du genre à sympathiser avec les jeunes peut être ?
Six en était là de sa réflexion éclaire lorsque l’inconnu se manifesta verbalement. Un apprenti géni du mal, lui ? Grand Dieu, il n’avait pas connu certaines des personnes qui l’avait charcuté par le passé !

«　Je ne suis plus un apprentis depuis quelques temps déjà. Cependant, je dois vous donner raison, le breuvage n’a pas l’air des plus excellents malgré la touche de thym…　»

Après tout, ce n’était pas pour rien que Six avait songé un instant le tester sur un étudiant ou sur l’un de ses gardiens ! Si seulement le Nain avait été là, peut être qu’il lui aurait tenu la main pour l’expérimentation ou lui aurait inspiré quelques bonnes idées… Enfin, de là à dire qu'il n'avait pas l'air sain... Six aurait presque pu en être vexé !

«　Enfin, parfois ce sont les choses qui ont l’air les plus mauvaises qui sont les meilleurs. Preuve en est, les Français se délectent de fromages plus moisis, plus coulants et plus puants les uns que les autres alors j’ai foi en cette préparation Monsieur… ?　»

Cet homme sans plus de gêne que cela intriguait tout de même un peu Six. Qui était il, ou pour qui se prenait il pour juger de ses préparations chimiques ? Après tout, il avait suivit la «　recette　» à la lettre et il n’y avait aucune raison pour qu’elle ne soit pas réussis. D’accord, six devait admettre, lui qui baignait dans cette odeur depuis vingt minute, qu’elle ne sentait pas la rose, mais tout de même ! En admettant qu’il ait moins de trente ans, peut être était il en Bac+5 de chimie voir plus. Dans ce cas, il pourrait peut être éclairer un peu sa lanterne quant aux ingrédients engagés dans la préparation. S’il n’était qu’un étudiant perdu, il avait beaucoup de toupet de s’adresser ainsi à un enseignant en pleine expérimentation. Dans tous les cas, Six aimait savoir à qui il avait affaire.

Un jeune homme un peu trop sérieux à son goût. L'aîné regarda un moment la préparation, se disant que décidément, soit il ne savait pas ce qu'il faisait, soit il avait un certain côté suicidaire. Même sachant qu'il reviendrait à la vie si quelque chose tournait mal, Adam n'y toucherait certainement pas. Alors penser qu'un autre expérimentait ce genre de chimie, c'était quelque peu impensable. Du moins, de son point de vue. Quant à savoir ce qui pourrait réellement se passer.

Pas du tout perturbé par le fait que son arrivée n'avait peut-être pas été des plus poli, Methos quitta le seuil de la salle pour s'avancer lentement vers le milieu de la pièce, regardant ce qu'il y avait un peu partout et frôlant de son doigt une surface de travail. Il eu un petit sourire un peu nostalgique d'une certaine époque, si loin dans le temps et pourtant si fraîche dans sa mémoire. Il s'approchait lentement de Number 6, hausse un sourcil lorsqu'il entendit: « malgré la touche de thym ». Tiens, c'était de la cuisine maintenant ?

- Vous n'avez quand même pas l'intention de goûter à ce truc ? demanda-t-il avec son tact habituel. « Pas que je m'inquiète pour vous, mais ce pourrait être...hum...comment dire ? Explosif ? Dangereux ? Totalement...bref. »

Il s'arrêta avant de traiter le jeune homme d'idiot. Après tout, lorsqu'il était lui-même très jeune, il avait fait un nombre considérable de bêtises et quelques-unes l'avaient tué. Disons que même s'il en le connaissait pas, il ne souhaitait pas que cet homme ne meurt devant lui et qu'il doive par la suite expliquer à la police les raisons de sa mort. Nan...il préférait rester en dehors de ça. Pourtant, il était trop curieux pour partir.

S'appuyant avec nonchalance contre une table de travail, il le regarda travailler, un petit sourire sur le coin des lèvres. Il leva par la suite la tête vers lui.

- Ah oui ! J'allais oublier...Adam Pierson, enchanté. Mais oubliez les monsieur. Ça me vieillit. Je n'aime pas les coups de vieux...je n'ai jamais aimé cette sensation d'ailleurs.

Il haussa les épaules, le sourire devenant mutin.

- Vous savez ce que vous faites au moins ?

Il recommençait, mais sincèrement, il était assez intrigué par ce que cet homme faisait. C'était un poison ? Une potion pour maigrir ? Pour devenir intelligent ? Un renseignement atteint finalement son esprit, faisant tilter une cloche.

- Vous êtes enseignant ?!

Appelez ça comme vous voulez, mais habituellement Adam ne se concentre pas sur les gens, d'où la raison de sa lenteur pour la conversation. Il pencha la tête sur le côté.

- Professeur qui donc ?

Il était certain que c'était ce qu'il était ou...s'il ne l'était pas...ben il l'était maintenant.

Six regardait à présent l’inconnu avec plus de curiosité. Pour qui se prenait il à juger ainsi ses expérimentations ? Certes, le mélange n’avait pas l’air bien ragoutant, mais quand même ! Enfin, au moins il avait le mérite d’être honnête et, par expérience, Six avait apprit à préférer les gens qui disaient clairement ce qu’ils pensaient. Le fait que son avis soit franchement défavorable encourageait donc Six à prendre cela pour de la franchise. Et puis après tout, l’avis de ce jeune homme n’était pas totalement éloigné du sien.
Explosive, la mixtions ne l’était très probablement pas. L’ex agent secret avait eu bien suffisamment affaire aux explosifs, même si, la plupart du temps, il ne les confectionnait pas lui-même, pour savoir reconnaître les éléments susceptible de vous tuer en détonation d‘un quart de seconde.
Dangereux en revanche, peut être. Six avait beau se dire que jamais le professeur Witgulven ne lui enverrait quoi que ce soit de mortel sans une note ou un indice pour le prévenir, il subsistait encore un doute quant à l’expéditeur du coli et Six ne pouvait s’empêcher de penser qu’il ne s’agissait peut être pas du vieil homme. Qui cela aurait il pu être sachant qu’il avait réduit son carnet d’adresse à bien peu de monde, il n’en savait rien, mais il se débrouillerait pour en avoir le cœur net.
Dans tous les cas, il ne connaissait ni cobaye pour tester la potion à sa place, ni chimiste pour lui en apprendre davantage et estimer la dangerosité du produit.
En tout cas, si l’individu désapprouvait sa préparation et l’idée qu’il pu éventuellement penser à la goûter, quelque chose le retenait. Un étudiant en médecine prêt à lui apporter les premiers soins au cas où ? Cela pourrait être utile… A moins qu’il ne se fut s’agit d’une simple et pure curiosité.

En tout cas, l’identité de Pierson ne l’avança guère dans ses spéculations. Il pouvait toujours s’agir d’un chargé de cours n’aimant pas se faire appeler Monsieur comme de n’importe qui d’autre.

«　Très bien, Adam. Je vais être honnête avec vous. Mes idées concernant cette préparation sont en nombre assez limités, mais je compte effectivement la goûter. Qui sait, peut être le goût et les effets en sont-ils excellents…　Je n‘avais que les instructions et je n‘ai pas la moindre idée de ce à quoi elle peut servir. La personne que je pense à l‘origine de ce mystère ne se joint pas si facilement et m‘aurait très certainement mis en garde contre un danger mortel relatif à ce breuvage alors je suis prêt à tenter ma chance.»

Ca y est, la température recherchée était atteinte. Ne restait plus à présent qu’à la maintenir. Six jeta un coup d’œil à sa montre et reporta son attention sur Pierson qui lui demandait à son tour son identité et sa raison d’être à l’université.

«　Je suis enseignant en effet. Norman Six. Vous l’aurez certainement deviné, je ne suis pas professeur de chimie même si j‘ai quelques bases. J’enseigne la psychologie. Et vous, que faites vous ici ?　»

Six ne tenait pas à vexer un éventuel géni devenu enseignant à vingt cinq ou trente ans mais il était loin d’être convaincu que cet individu soit étudiant dans l‘université. Question d‘instinct. Il avait plutôt l’air d’un touriste égaré dans les laboratoires de chimie et ayant atterrit là à cause de sa curiosité. Un étudiant d’une autre matière peut être ? Certains étudiants pouvaient avoir l‘air complètement perdu par moment, et Six en était venu plusieurs fois à ce demander si certains de ses propres étudiants avaient conscience d‘être dans une université….
Quoi qu’il en fut, il voulait en avoir le cœur net. Accorder sa confiance trop facilement lui avait déjà coûté cher par le passé et la suspicion avait toujours été l’une de ses meilleurs alliées.

Spoiler:

Six vit clairement que l’inconnu n’était pas vraiment vis-à-vis de la préparation de Six. Il aurait pu s’en vexer si lui-même n’avait pas été dans la même situation. Pourtant, il lui fallait goûter le breuvage. Six ne savait pas exactement pourquoi, mais il avait la ferme intention de découvrir à quoi il pourrait servir, et la solution la plus rapide pour ce faire serait de la tester soi même. Après tout, il avait résisté à suffisamment d’épreuves jusqu’à présent pour savoir qu’il était plus costaud qu’il n’en avait l’air ! Les intrusions dans le cerveau ? Il les avait déjoué. Les changements de corps ? Il en avait fait son affaire et avait finalement retrouvé le sien. Les manigances des femmes, il avait su les percer à jour. Les poisons ! Il en avait fait son affaire. Alors une simple préparation qui avait quelques chances d’avoir été envoyé par un ami… Rien d’insurmontable ! Et puis il n’avait rien mit de mortel dedans… Peut être que l’interaction de certaines molécules aurait un effet plus que moyen, mais il y avait de très faibles chances pour qu’il lui soit fatal.

« Je suis on ne peut plus sérieux. Il faut bien savoir à quoi sert ce produit et je compte le découvrir dans les plus brefs délai. »

Si Six avait plus ou moins appris la patience au Village, cela n’était pas vraiment son fort de toute évidence. Si ca l’avait été, il aurait passé dans la bourgade les paisibles mois d’été en se contentant d’éviter les pièges et n’aurait essayé de fuir qu’après ! Des vacances au frais de la princesse… Peut être pas les îles dont il rêvait initialement, mais un coin assez sympathique tout de même.
La réflexion de Pierson intrigua un instant Six. Les gens de cette époque… C’est vrai qu’avec sa tenu, il n’avait pas vraiment l’air en phase avec son temps celui là. Et puis avec un pantalon aussi serré, il ne devait pas être évident de s’assoir ainsi sur la table… Qui donc mettait encore ceci ? A moins qu’il ne fasse partit d’un groupe d’homo fana de ce genre de vêtements… Non, il avait plutôt l’air d’un excentrique.

« Quelque soit l’époque, les gens ont toujours fais des choses inconscientes ! Quelle idée d’aller visiter la lune. Même en sachant que la technologie est avancée, il faut une dose d’inconscience pour accepter de rentrer dans une fusée qui doit vous emmener non sans risque sur cette petite surface de la taille d’un caillou vu de la terre. Et Colomb ? Insister ainsi alors qu’il savait qu’il avait perdu la route des Indes ? Et tous ces inventeurs de géni qui ne pouvaient pas être sur que leur invention ne leur éclateraient pas à la figure, brulerait leur laboratoire et des décennies de recherches… Non, à côté d’eux, je me trouve relativement conscient… »

Encore une fois, Pierson l’intrigua. Il ne savait plus où les gens en était rendu. Mais d’où débarquait il ? Un esprit un peu tordu aurait dit du futur, mais vraisemblablement, il venait plutôt d’un pays paumé où l’on n’avait pas vraiment l’habitude des choses modernes.

« Les gens m’appellent souvent Six, mais vous pouvez m’appeler Norman si vous le souhaitez. Je ne tiens pas particulièrement à l’appellation de professeur en tout cas. »

Tiens donc, un professeur lui aussi. Et avec tout ce qu’il enseignait, il trouvait le moyen de s’ennuyer ! Quelle idée. L’escrime était un noble art qu’à l’avis de Six il faudrait enseigner davantage. Il apprenait tout ce qu’il fallait savoir sur le combat. Bien que cela fasse longtemps qu’il n’en avait pas fait, Six avait toujours respecté cet art.
Mais voilà que son collègue recommençait à émettre des doutes sur ses choix. Allons bon. Même si cela ne ressemblait -étonnamment- pas à un sermon, A vrai dire, derrière la mise en garde, Six semblait déceler une sorte de curiosité. Et bien, quel culot ! Lui conseiller de ne pas satisfaire ses envies de connaissances chimiques et rester là pour satisfaire la sienne en terme de résistance humaine !
Quoi qu’il en fut, cela confortait Six dans son idée. A moins que le zouave ne se porte volontaire de lui-même, il testerait la formule sur lui-même. Plus qu’une minute à attendre pour pouvoir refroidir la potion.

« Et bien je vous serai reconnaissant si, par hasard il me venait un troisième bras ou quelque réaction de la sorte, de me guider discrètement vers mon bureau afin que je puisse y trouver sans attirer l’attention, une solution pour m’en débarrasser sans douleur… »

Et de fait, en disant cela, Six était des plus sérieux. Qui savait ce qui pouvait se produire de non nocif mais de bizarre ?