A l'ère victorienne.

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L'extérieur du 109, rue du Septième art, ne pouvait jamais laisser augurer du style de son intérieur. Les habitants de ce logement étaient tous tellement différents, d'époques éloignées et de préoccupations variées. certains appartements pouvaient ressembler à des maisons de pain d'épice, ou de laboratoire d'expérience, potions magiques ou restes de Corned Brain chez un certain mangeur d'homme.

Avant le départ de son ancienne patronne, Sebastian vivait dans un appartement très moderne, adapté aux gouts "designs" de Lisa. Appartement épuré, droit, élégant mais strict, à l'image de la locataire. Sauf dans la chambre de Rachel, adapté à la petite fille.
Lisa était partie, Sebastian était resté. Mais pas longtemps seul : ce matin-là, Sebastian avait reçu un téléphone de l'agence immobilière lui indiquant l'arrivée d'une nouvelle colocataire. Satisfait, il prit les références de la personne, afin de savoir ses gouts...et son environnement. Période victorienne. Parfait.

Sebastian ne laissa pas l'appartement vide très longtemps. Il parvint à trouver chez un antiquaire tout ce qu'il fallait pour que l'intérieur soit d'époque. Lui-même se sentait bien : il venait de cette ère bénie de la grande Reine d'Angleterre. Se déplaçant diaboliquement vite, puis pouvait porter des charges écrasantes sur les épaules, il n'eut aucun besoin de payer des déménageurs. Il savait très bien se débrouiller seul.
Ce fut en moins de 3 heures que l'appartement passa de ceci....

Spoiler:

à cela

Spoiler:

tout était impeccable : pas la moindre tâche de peinture, de plâtre (malgré les cloisons qui furent tombées pour le réaménagement), pas de poussière. P-A-R-F-A-I-T.
Le thé était en train de chauffer tandis que les scones allaient sortir du four. De sorte que quand Miss Adler pénétrerait dans l'appartement, tout serait prêt.

[C]

Dernière édition par Irene Adler le Sam 19 Nov 2011, 00:33, édité 2 fois

Irene inspira un bon coup avant de franchir le seuil de ce qui allait être son nouveau logement.

Elle se remémora les dernières semaines et revit son arrivée en ville. Quelques mois plus tôt, elle était allée à Prague - Dieu que cette ville a changé - et avait continué son périple autour du monde. Pour une raison encore obscure, ses pas l'avaient naturellement menée à cette charmante petite ville où elle avait décidé de séjourner un moment. Lasse de l'hôtel et désireuse de trouver un appartement à elle, elle se mit en quête d'un logis. Elle avait trouvé dans un journal une annonce concernant des appartements à louer dans un immeuble dont l'adresse lui plut tout de suite : c'était le numéro 109 de la rue du 7m art, ce qui laissait présager un quartier calme et des gens qui partageraient sa passion pour l'art. Dès le lendemain elle se rendit sur place et, conquise, signa le contrat de location de l'appartement 302 à peine quelques jours plus tard. Elle réunit ses quelques bagages, descendit du taxis et s'arrêta devant sa porte. Le contrat stipulait qu'il y avait déjà quelqu'un dans cet appartement, et que la jeune femme vivrait en colocation avec lui. Un certain Sebastian Michaelis, si ses souvenirs étaient exacts. Irene était curieuse de le rencontrer, et bien qu'elle ne l'admettrait pas, quelque peu anxieuse : elle avait beau avoir un caractère facile et être quelqu'un de plutôt agréable à vivre, on ne peut pas plaire à tout le monde, n'est-ce pas?

Elle finit par frapper à la porte, résolue. Un loyer divisé par deux était un argument de choix et un colocataire lui ferait un peu de compagnie, et quant bien même elle ne s'entendrait pas avec ce Sebastian, au moins le premier argument serait toujours valable.

Elle fut cependant immédiatement rassurée en voyant Mr Michaelis - un homme immense d'une beauté presque envoûtante et d'une élégance rare - ouvrir la porte : avait-elle trouvé un parfait gentleman comme il n'en existait plus depuis le début du vingtième siècle? Il l'accueillit avec un sourire éclatant de sincérité et une politesse sans égale, et Irene se laissa glisser avec plaisir dans les souvenirs de ses premières années et la période victorienne qui lui était si chères. Elle sourit et pénétra à la suite du bel homme en noir à l'intérieur de son nouveau logis. Quelle ne fut pas sa surprise en découvrant que l'appartement lui-même était décoré - avec goût, qui plus est - selon ledit style victorien ! Et apparemment, elle n'était pas au bout de ses surprises : Sebastian Michaelis, qui se présenta comme majordome prêt à se mettre à son service lui avait préparé un thé et des sconses pour l'accompagner. Décidément, cet homme faisait les choses en grand ! Irene se demanda s'il s'était renseigné sur elle, comme elle avait vainement tenté de le faire à son sujet, puisque le thé en question était de l'Impérial Earl Grey, son préféré. Elle allait lui poser la question lorsqu'elle les nota : ces grands yeux en amande d'un rouge profond qui luisaient d'une redoutable intelligence. La réponse étant devenue évidente, elle tut sa question. Elle sentit que cet homme serait un merveilleux colocataire, et un sujet digne de son intérêt. Elle leva ses grands yeux clairs vers lui, et lui demanda, dans un sourire quelques banalités.

" - Dites-moi, Mr Michaelis, depuis combien de temps vivez-vous ici? J'aimerais me faire une légère idée sur le quartier et ses habitants."

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Sebastian, avec sa grâce féline, s'approcha de sa nouvelle employeuse et la débarrassa des vêtements encombrants, puis des valises, avec une discrétion telle qu'elle s'en était sûrement à peine rendue compte. Tout en exécutant ces simples gestes, il parlait avec simplicité à Mlle Adler.

- Et bien, je ne suis ici que depuis quelques mois, My Lady.

Il laissa les bagages à proximité de la chambre qui devait être celle de la jeune femme. Puis, sans arrêter, s'avança jusqu'en cuisine.
Les gâteaux bien présentés sur une assiette, sur une table basse blanche du salon, n'attendaient que le thé. Il alla quérir le fameux Impérial Earl Grey, qu'il savait être le préféré d'Irène. La théière, pur produit britannique, était posé sur un plateau argenté, de grande valeur. Il parvint à nouveau dans le champ de vision de la nouvelle colocataire.

- Si Madame veut bien s'asseoir, je lui ai préparé un peu de thé pour vous souhaiter la bienvenue.

Lui restait debout, attentif aux moindres désirs ou demandes d'Irène.

- Le quartier est tranquille, même s'il existe des phénomènes étranges dans la ville.

A commencer par le domestique lui-même, pensa-t-il avec ironie.

- Je ne sais si vous croyez au paranormal, mais cette ville regorge d'êtres étranges, vous ne pourrez plus douter de l'existence de ces entités . Vampires, démons, ou ceux que certains nomment "technologie". Les sciences ayant atteint un aboutissement sensationnel. vous êtes à l'épicentre de l'extraordinaire.

Il afficha un petit sourire entendu qui s'accordait à la suite de son discours.

- Néanmoins, sauf si je commets une erreur de jugement, auquel cas veuillez pardonner mon impertinence, je ne vous crois pas femme à fuir les évènements. Vous semblez être déterminée et forte.

Il le fallait pas longtemps à Sebastian pour deviner la nature des gens. C'était inné, chez lui. On ne peut pas laisser secret grand chose à un démon. Il ne lisait pas les pensées, grand dieu, non. Mais son intelligence fine et son esprit de déduction hors du commun lui permettait assez aisément de percer les gens à jour. A part quelques rares exceptions, il ne s'était jamais trompé.

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Mr Michaelis s'affaira avec une rapidité - et, il faut le dire, une efficacité - hors du commun pour débarrasser Irène de ses affaires et alla les poser près de ce qui devait probablement être sa chambre. Sur la table basse, les gâteaux étaient posés en équilibre parfait, dorés à point. Visiblement, cet homme était un fin cuisiner, sans doute même faisait-il tout avec la même finesse, étant donnée se méthode pour transférer manteau et bagages si silencieusement mais promptement... Il avait tout d'une personnalité intéressante, peut-être serait-il utile de garder un oeil sur lui. Et pourquoi ne pas rédiger un carnet à son sujet, à l'instar de Watson publiant les exploits de Holmes? Cependant, les publier ne serait sans doute pas judicieux, mieux valait garder le secret de Sebastian - quoi que cela puisse être - aussi secret que possible. Irène observa la théière en silence, une wedgewood, cette grande maison du XIXème siècle qui avait récemment dû fermer ses portes. L'avoir n'avait certainement pas été chose aisée, tout comme ce plateau d'argent pur. De toute évidence, Sebastian Michaelis était un majordome de métier, et habitué à se donner corps et âme à son maître, prêt à tout pour le satisfaire. Cela interloqua quelque peu l'ancienne actrice : elle qui n'avait toujours vécu que par elle-même et pour elle-même était assez intriguée par ce dévouement. Mettrait-il des limites à ce désintéressement? Il faudrait le vérifier, un de ces jours.

Apparemment, Mr Michaelis était assez récent dans ce quartier qui, bien que tranquille, était le théâtre de biens étranges évènements selon ses dires. Pour elle qui était récemment devenue détective, cela pourrait s'avérer un leiu de travail inépuisable.

*Ah, si Holmes était là...* pensa-t-elle en soupirant. *Il ne pourrait prétexter l'ennui pour user de ses narcotiques.*

Un petit sourire du majordome la tira de sa réflexion.

" - Néanmoins, sauf si je commets une erreur de jugement, auquel cas veuillez pardonner mon impertinence, je ne vous crois pas femme à fuir les évènements. Vous semblez être déterminée et forte."

*Tiens, alors comme ça il avait lui aussi continué à l'analyser pendant ce temps? Intéressant ce jeu de miroir...*

La jeune femme sourit.

" - Vous ne faites pas erreur, Mr Michaelis. Je ne suis pas du genre à fuir les quelques éléments susceptibles de pimenter nos tristes et mornes vies. Je dirais même avoir une fâcheuse tendance à les attirer, aussi si vous craignez de vous retrouver en situation délicate, peut-être serait-il plus sage que je songe à changer de logement avant que vous ne soyez dans l'embarras. Pour ma part, je ne me suis jamais retrouvée en situation délicate, mais je ne peux assurer la même tranquillité à mes fréquentations, fussent-elles indirectes."

Irène prit sa tasse et avala une gorgée de ce merveilleux thé, infusé à la perfection.

*Premier test lancé, voyons quelle va être la réaction de "l'Homme en Noir". Je doute qu'il tique ou me demande de partir, il me semble courageux. Mais peut-être suis-je en train de commettre ma première erreur depuis que je suis tombée amoureuse du ce bon vieux Von Ormstein?*

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Il n'avait pas froissé la jeune femme, finalement. Mais c'était normal, puisqu'il savait que son analyse était bonne. Irène n'était pas de ces femmes qui se réfugient derrière le dos puissant d'un homme ; elle s'imposait d'elle-même, sans crainte du danger ou du qu'en-dira-t-on. Fort rare chez les femmes à son époque, mais tellement appréciable. Il n'y a rien de plus ennuyeux que les pauvres donzelles fades et enfarinées. Mieux encore, Irène prétextait attirer les situations inattendues. Parfait. Voila qui convenait on ne pouvait mieux au rythme de vie du domestique.

La fin de cette phrase amusa discrètement Sebastian. Elle prenait soin de le prévenir qu'il prenait des risques en restant à ses côtés. L'ironie dramatique, terrible fléau, n'est-ce pas ? C'est plutôt l'inverse qui était important. Irène n'avait pas la moindre idée de ce qu'était partager le quotidien de Sebastian Michaelis. Un monde noir et inquiétant. Même si le serviteur était capable de protéger, il n'en demeurait pas moins que son monde était effrayant. Mais pour le moment, Irène l'ignorait et cela était très bien.

- Ne vous inquiétez donc point, Madame. Quelques soient les difficultés que vous pourriez rencontrer, je serais à vos côtés. Je suis votre majordome. A ce titre, vous pouvez m'appeler Sebastian.

La jeune femme porta la tasse à ses lèvres pour goûter le breuvage chaud et gouteux. Sebastian savait qu'elle apprécierait l'attention.

- Je suis ici pour répondre à toutes vos demandes, vos commandes, et vous servir. Je ferais tout ce que vous désirez.

Il afficha un sourire assez ambigu sur ses lèvres. Car à chaque fois, il pensait à Ciel, avec qui il avait coupé les contacts. Il n'était vraiment qu'aux ordres de Ciel, mais le majordome avait pris une rare liberté à son encontre. Même s'il devait le regretter.

Par contre, vu qu'Irène était seule et sans enfant, Sebastian sauta sur l'occasion pour faire une demande qu'il n'avait jamais vraiment prodigué.

- Je souhaiterais demander à Madame une faveur.

[C]

Irène fut très étonnée des paroles de son nouveau colocataire. Son majordome? Quelqu'un qui serait toujours à ses côtés, quoiqu'il advienne et quoi qu'elle fasse? Dire qu'elle ne se sentait pas flattée et assez impressionnée par une telle affirmation, mais... Elle n'en demandait pas tant, elle qui cherchait initialement seulement une personne pour partager son loyer... Certes, elle n'avait jamais eu à douter de son charme, qui - il faut le reconnaitre - lui apportait bien des avantages. Cependant, elle doutait que Sebastian agisse pour ses beaux-yeux, et elle doutait même qu'il ait un jour agi pour les beaux yeux de quiconque. Mais après-tout, pourquoi se plaindre d'une situation si avantageuse? De plus Sebastian semblait être un majordome hors-norme, il serait stupide de refuser une occasion de voir ses talents. Si tout cela dégénérait, elle pourrait toujours trouver un moyen de retourner la situation à son avantage. Cette pensée lui rappela Holmes, à qui elle avait affirmé un jour ne jamais se retrouver en situation délicate... Avant de manquer de finir rôtie et découpée comme un vulgaire morceau de viande quelques jours plus tard. Et sans l'aide du détective et son ami, la situation aurait certainement été très délicate. Tout de même, pourquoi quelqu'un comme Sebastian qui pouvait probablement avoir tout ce qu'il voulait simplement en le demandant désirerait-il se mettre à son service? Pour masquer son étonnement, elle porta sa tasse de thé à ses lèvres. L'odeur lui annonçait déjà qu'il était infusé à la perfection, et que le goût serait unique. Ce qui se révéla exact, pas la moindre critique à faire, ce thé était tout simplement parfait.

*tout ce que je désire? Vraiment? Ne serait-ce pas exagéré? Un tel dévouement est assez... inattendu...*

Irène méditait sur ces paroles pour le moins ambigües, d'autant plus accentuées par le sourire presque inquiétant et le regard étrange qu'il lui lança. Elle commençait à se demander si la méfiance ne serait pas de rigueur lorsque Sebastian reprit la parole, la tirant de ses réflexions.

Une faveur? Qu'est-ce que cela pouvait bien être? Sebastian n'était clairement pas du genre à demander l'impossible, mais en fait il n'était pas le genre à demander du tout, si l'on peut dire. Peut-être aurait-elle enfin la réponse à la question qui taraudait son esprit depuis que l'homme en face d'elle lui propose ses services. Intriguée par cette demande subite, la jeune femme répondit presque plus vite qu'elle ne l'aurait souhaité.

"Bien sûr, Sebastian, que se passe-t-il?"

Elle se mordilla discrètement l'intérieur de la joue. Elle ne savait absolument pas quoi penser de Sebastian, et c'était la première fois qu'elle avait autant de mal à cerner quelqu'un, cet homme était décidément spécial. Peut-être cette réponse lui permettrait enfin de savoir si oui ou non elle pouvait lui faire confiance sans craindre plus qu'à l'accoutumée pour sa vie.

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La jeune femme n'avait-elle point l'habitude d'être servie ? Pourtant, vu ses vêtements de fort bonne facture, sa tenue impeccable, ses manières, il l'aurait imaginé vivant dans une grande maison londonienne. Mais il pouvait se tromper : les apparences sont trompeuses, toujours. C'était peut-être la première fois, d'où son étonnement.

En tout cas, Irène n'aurait rien à regretter de sa présence. Elle serait aux petits soins, lui pourrait se donner le plaisir de cuisiner des plats plus proches des gouts qu'il connaissait plutôt que ce qu'on appelle la "cuisine nouvelle". Il aurait plutôt appeler cela cuisine vide plutôt.
Depuis qu'il ne vivait plus avec Ciel, Sebastian aurait très bien pu choisir de vivre seul. Mais finalement, il s'était attaché à son rôle de majordome et s'en amusait beaucoup. Surtout depuis qu'il n'avait pas trois catastrophes sur pattes à ses ordres.

Irène devait être une personne très curieuse. Elle tentait, avec discrétion et sens de l'esquive, d'observer le majordome sans qu'il s'en rende compte. Elle l'ignorait, mais rien ne pouvait lui échapper. Jamais. Il se contentait cependant de rester là, debout, l'observant avec le même sourire léger sur ses lèvres.

- Je souhaiterais adopter un chat.

Ciel n'avait jamais permis à Sebastian de ramener des chats à la maison. L'enfant y était allergique (Sebastian se demandait parfois si ce n'était pas plutôt pour l'embêter mais du coup, il avait dû se contenter de les voir dans le jardin du manoir, ou au hasard dans les rues. Peut-être qu'enfin...il aurait cette occasion.

[C]

"- Je souhaiterais adopter un chat."

Irène dut faire preuve de beaucoup de sang-froid pour ne pas tomber à la renverse. Ce ton si cérémonieux, cet air si sérieux pour cela? Sebastian était-il toujours ainsi? Elle allait devoir s'habituer. Cependant, fidèle à elle-même, elle prit garde à ce que rien en elle ne trahisse sa surprise, aussi lorsqu'elle répondit avec un large sourire, elle était certaine que le doute qui l'avait un instant assaillie était passé inaperçu. Ou du moins l'aurait-il été face à quelqu'un d'autre.

" - Un chat? Je n'y vois aucune objection, bien au contraire. Il suffira de s'organiser si l'un de nous part en vacances, mais c'est d'accord."

En réalité, Irène était ravie de cette nouvelle. Elle adorait les chats. Ou plutôt, elle adorait ce qu'ils représentaient : la grâce, l'élégance, le mystère et la liberté. Des qualités qu'elle admirait et dont elle aimait se savoir dotée, comme le lui avait dit Holmes un jour. A propos de Holmes, cela faisait bien longtemps qu'elle n'avait pas vu ce cher Sherlock, et elle était prête à parier qu'il n'était pas loin puisqu'apparemment cet immeuble était le théâtre de bien des évènements. Et là où il y a des évènements il y a Sherlock Holmes. Irène sourit. Sourire qu'elle adressa innocemment à son colocataire avant de boire une nouvelle gorgée de thé.

" - Au fait Sebastian, où avez-vous appris à faire le thé? Il est absolument délicieux, vous devez bien avoir un secret?"

Diversion simple mais efficace. Sebastian ne pouvait pas avoir réellement pris ce sourire pour lui. Intelligent comme il semblait l'être, il se doutait probablement de quelque chose. Cacher ses secrets à un homme tel que lui représentait un défi de taille même pour une menteuse experte comme Irène. Mais après tout, quand on a été et est encre souvent criminelle et escroc professionnelle, on couvre toujours soigneusement ses arrières, non?

[C]

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Irène eut du mal à retenir un sourire. Cela se voyait. Il est vrai que la demande de Sebastian était assez incongrue. Et inattendue. Sebastian aimait toujours autant surprendre et prendre du plaisir à regarder les réactions des gens. C'était si amusant. Elle ne sembla pas cependant perdre contenance, bien au contraire. Elle devait être habituée. et avait donné son accord. Sebastian était satisfait. Il allait récupérer le chat du parc, Miskitty, qu'il appréciait énormément.

- Un majordome ne part pas en vacances. Il doit rester pour s'occuper de la maison en l'absence de l'hôte de ces lieux. Sa garde ne sera pas un problème, soyez-en sûre.

Pourquoi cette attirance pour les chats ? Sebastian adorait leur bouille, leur agilité, leur indépendance, et surtout les coussinets, sous les pattes, bien doux. C'était sa forme démoniaque, assez féline, qui le rapprochait. Ciel ne lui avait jamais autorisé de ramener des
chats dans le manoir. Mais maintenant, ce serait possible.

Irène buvait son thé, maintenant rassurée par la la nature de sa demande. Elle le faisait avec l'élégance d'un connaisseur, non pas comme Lisa qui ne prenait pas le temps de déguster son café au lait tous les matins. Non pas que Lisa ne soit pas une femme de goût, loin de là. Mais l'art d'apprécier le thé n'existait pas à notre époque contemporaine, sauf chez les fines bouches de cette boisson. Sebastian n'avait plus de doute : tout comme lui, Irène n'était pas de son époque.
La jeune femme, elle aussi, cherchait à déduire plus de choses sur son nouveau colocataire. Elle apprendrait, oui, cela était certain, mais quand lui le déciderait. Ce qui pourrait être bientôt...ou pas.

- Si un majordome tel que moi ne savait pas faire le thé, il ne mériterait pas d'être majordome.

Le genre de réplique comme Ciel les détestait. Et que lui, en revanche, adorait sortir. Et comment réagirait Irène ?

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Sujet: Re: A l'ère victorienne. Dim 02 Oct 2011, 16:45

- Un majordome ne part pas en vacances. Il doit rester pour s'occuper de la maison en l'absence de l'hôte de ces lieux. Sa garde ne sera pas un problème, soyez-en sûre.

Apparemment, Sebastian avait mal interprété les propos d'Irène. Il va de soi qu'un majordome ne prend pas de vacances, du moins, pas sans l'accord de son maître. Mais Sebastian étant un majordome tout ce qu'il y a de plus particulier, mieux valait le garder auprès de soi en cas de problèmes, même pendant les vacances. Ceci dit, avec les moyens modernes, transporter un chat ne devrait pas relever du domaine de l'impossible.

- Si un majordome tel que moi ne savait pas faire le thé, il ne mériterait pas d'être majordome.

Irène s'amusa de cette réponse. Elle inspecta une fois de plus son nouveau colocataire, troublée mais enchantée de peiner autant à la cerner. Tout en lui criait qu'il n'appartenait ni à ce lieu, ni à ce temps, un étranger en somme. Exactement comme elle. A ses vêtements et ses méthodes, il venait probablement du passé, sans doute assez reculé, mais il avait ce côté très victorien qui avait beaucoup plus à l'ancienne chanteuse. Décidément, cet homme était un mystère fort intéressant.

- Vous avez, semblerait-il, une très haute opinion de votre profession, cela reste une qualité rare, mais que j'apprécie, Sebastian. Je sens que vous avoir à mon service sera l'une de mes meilleures décisions.

Ah, la flatterie... Quel moyen efficace d'amener quelqu'un à se dévoiler? Oh, bien sûr, avec un homme comme Sebastian, le résultat ne serait pas criant, puisqu'il ne répondrait avec modestie et donc ne laisserait apparaître qu'un léger évènement. Mais Irène était formée à ce genre d'exercice et un peu lui suffisait pour savoir beaucoup. Le petit jeu que commençait à s'installer entre elle et son majordome promettait décidément bien des surprises...

[HRP : Et voilà, vite fait bien fait. Désolée d'avoir tant tardé Sebastian, mais je devrais vite reprendre du service ;)]

[C]

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Le courant passait bien entre eux. encore une fois, l'agence immobilière du 109, rue du 7°art avait bien réussi son association de colocataire. Outre l'éducation, le caractère était compatible. Irène se mit à sourire aux réponses de Sebastian, puis elle reprit la parole.

Effectivement Sebastian prenait son emploi de majordome à cœur. Mais pas vraiment parce que c'était son travail, non. Parce que c'est sa nature. Sébastian était un démon, un être des ténèbres, et majordome était sa couverture auprès de Ciel. Cela lui correspondait totalement même si la soumission que sous-entendait la relation employé-employeur était plus appuyé que pour tout autre profession. Cependant, le côté insolent et ironique du domestique réduisait le fossé.

- Je considère comme normal d'accomplir son travail avec respect et conscience professionnelle. On pourrait presque parler de sacerdoce.

La référence à la religion, riche en métaphore, était dans la bouche de Sebastian pire qu'un blasphème. D'où le plaisir qu'il tirait à en user !

- Je crains de me montrer trop indiscret à votre égard. Si c'est le cas, que Madame me pardonne, et je resterais à ma place. Vous même, exercez-vous une quelconque profession ?

Et voila comment Michaelis le machiavélique renversait la situation à son avantage. Irène voulait le connaitre plus. Il avait détourné la conversation vers elle ! Non pas qu'il voulait cacher des choses à son sujet. Le fait de révéler sa nature démoniaque n'était même pas un problème, même s'il ne le criait pas pour autant sur les toits. C'était juste par amour du jeu.
Sebastian se doutait qu'Irène travaillait. Si ce n'était pas officiel, elle savait mettre des talents au service des autres. Elle était si déterminée et si intelligente qu'il l'imaginait mal être une femme au foyer. Institutrice ? C'était possible, mais cela serait du gâchis. Espionne ? Hum...pas mal...sûrement plus proche de la réalité.

Sujet: Re: A l'ère victorienne. Sam 08 Oct 2011, 23:48

L'ambiance était tout simplement électrique. Dans le meilleur sens du terme. Une alchimie particulière semblait opérer entre les deux nouveaux colocataires. Aucune attirance, contrairement à ce que le lecteur curieux pourrait penser, mais une fascination mutuelle qui promettait bien des déboires... Une fascination qui flattait Irène au plus haut point autant qu'elle piquait au vif sa grande curiosité. Perdue dans ses pensées, elle manqua de louper une information intéressante. Une référence religieuse? Tiens donc, pourtant, bien qu'apparemment parfait en touts points, Sebastian ne ressemblait en rien à un saint, ni même à une quelconque personne un tant soit peu pieuse...

Moi? Disons que ma situation professionnelle est... compliquée.

Irène sourit. Elle ne pouvait tout de même pas lui dire qu'après avoir été chanteuse et actrice dans mes plus grands opéras d'Europe, elle était devenue une sorte de mélange entre aventurière, criminelle et espionne, choisissant la profession qui lui convenait le mieux en fonction de la situation dans laquelle elle se trouvait, si? Bien sûr que non ! Il serait ridicule pour une criminelle comme pour une espionne de ce dénoncer ainsi, fût-ce à quelqu'un d'aussi sympathique que Sebastian.

Mais plus embêtant encore, la conversation avait dévié sur elle. Sebastian semblait aussi habile dans le maniement des mots que dans l'art de faire du thé, et rétablir la situation à son avantage ne serait pas chose aisée pour Irène. Cependant la belle avait plus d'une corde à son arc.

- Depuis combien de temps êtes-vous majordome? Si je puis me permettre, vous me semblez bien jeune pour bénéficier d'une telle expérience, cela est peu banal, vous en conviendrez...

[C]

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Le jeu continuait de plus belle. "Je ne réponds pas et je te pose une question". Le genre de chose qui pouvait durer longtemps. Sebastian devait-il abattre son jeu le premier en déclarant ce qu'il était ? Il hésitait à révéler ce qu'il était. Non pas qu'il avait peur : chasser la peur de Sebastian, c'est un mot qu'il ne connaissait pas et qu'il ne connaitrait jamais. Mais parce qu'il aimait cultiver le mystère autour de lui. Et pour ne pas faire le vide autour de lui. Même un démon peut souffrir de l'ennui.

Irène avait la même philosophie. Son regard parlait juste assez pour dire "je ne dirais rien". Son sourire était complice de son esprit et cachait sûrement une vie tumultueuse. Ils allaient longtemps jouer aux devinettes. Et bien soit, cela convenait totalement à Sebastian. Il avait déjà sa petite idée mais n'avancerait ses arguments que dans quelques temps. Pour le moment, faisons durer le suspense. Vous voulez valser, Irène ? Donnez-moi votre main et dansons.

- Je suis majordome depuis très peu de temps, si j'y réfléchis bien.

C'était une vérité. Il n'était devenu majordome que lorsque Ciel l'avait appelé à son service. Le meilleur moyen pour qu'un démon accompagne le jeune garçon en permanence sans que ce soit soupçonneux. Une très bonne couverture, que Sebastian affectionnait beaucoup. Même si devant des yeux étrangers, il n'avait rien d'un majordome conventionnel. Trop parfait dans tout ce qu'il faisait. En dehors de son rôle certaines fois, pendant ses enquêtes avec le garçon. Tiens...Sebastian n'avait pas pensé à ça. Il ne pouvait pas dévoiler sa nature démoniaque ; en revanche, il pouvait avancer son autre fonction professionnelle : enquêteur hors pair dans le domaine du paranormal ou du sordide. bien sûr, il n'allait pas jeter en pâture cette information à Irène. Elle devrait creuser un peu.

- J'ai commencé cette noble profession quatre ans auparavant. Vous savez, il n'y a pas d'âge pour débuter comme domestique. Dès l'âge de quatorze ans, les enfants de majordome entrent au service d'un noble. J'étais même un peu plus vieux que la moyenne lorsque j'ai commencé.

Surtout lorsqu'on existe depuis des siècles, pensa-t-il.

- Pour mon expérience, il s'agit juste de conscience professionnelle. Lorsqu'il s'agit d'une vocation, et que vous mettez tout votre cœur à l'ouvrage, vous obtenez des résultats qui vous étonnent vous même. J'avais peut-être aussi des prédispositions qui m'ont apporté un soutien indéniable.

[H]

Sujet: Re: A l'ère victorienne. Sam 29 Oct 2011, 19:38

Ainsi Sebastian n'était majordome que depuis quatre ans? Cela paraissait incroyable, d'autant plus qu'un quelque chose dans ses yeux semblait dire qu'il était plus bien vieux que son apparence soignée le laissait entendre... En revanche, l'expression "mettre tout son cœur" fit tiquer Irène. Bien que sa "conscience professionnelle" était indéniablement véridique, qu'il s'appliquait dans ce qu'il faisait et y mettait réellement une part de lui, cette part n'était certainement pas son cœur. Il faudrait en avoir un pour cela. Oh, bien sûr, il avait le muscle cardiaque qui permettait au sang de se propager dans son corps, sinon il ne pourrait certainement pas vivre, mais Irène voyait que les sourires étaient factices et que derrière eux se cachait une absence totale de cœur au sens spirituel du terme. Elle doutait même parfois qu'il puisse ressentir un quelconque sentiment. Quoique, elle l'aurait volontiers imaginé regarder une personne mourir avec un rictus sadique...

Que faisiez-vous avant cela, en ce cas? Vous me semblez bien trop... talentueux dans les domaines domestiques comme dans les autres pour n'avoir exercé que cette profession, et je devine à votre sourire ironique que vous vous ennuyez facilement. Une occupation plus... sombre, peut-être?

Irène décocha à son colocataire son plus beau sourire, innocence, intelligence et grâce mêlées, en veillant à ce que ses yeux ne trahissent pas les petits détails amusants qu'elle commençait à entrevoir chez le majordome. La réponse serait certainement instructive, et ce petit jeu si grisant qui s'était instauré entre eux n'était pas près de s'arrêter. Comme vous dansez bien, Sebastian ! Mais pourrez-vous tenir une telle cadence toute la nuit?

[H]

Invité

Spoiler:

Irène était sceptique. Sebastian ne pouvait lui en vouloir ; c'était une méfiance légitime. Il n'était pas un majordome comme les autres, n'avait pas fait d'école pour cela, n'avait aucune notion de la bienséance ni même du service jusqu'à ce que Ciel le forme au fur et à mesure, à coup d'insultes et de reproches. A plusieurs reprises, Sebastian avait dû se donner des coups de pied mentaux pour éviter de dévorer son contractant tellement celui-ci était désagréable. Ciel était horripilant. Il avait donné au démon le nom de Sebastian ; qui était celui de son chien. Quand on sait que Sebastian méprise les canidés...

Face à la curiosité de sa nouvelle employeuse, Sebastian se demandait quelle tactique adopter. Elle était rusée, elle savait jouer de la séduction pour tromper l'ennemi. Là où elle avait tort, c'est que les sourires et les charmes n'avaient aucune prise sur lui. Il n'avait pas de sentiments envers quiconque, sauf peut-être la fascination qu'il avait envers Ciel malgré l'irritation que le gamin pouvait provoquer. Éventuellement il pouvait ressentir de la sympathie. Relative.
Une occupation plus sombre, disait-elle ? Si elle savait !
Et justement....si elle savait ? Mettre carte sur table risquait de la déstabiliser. Il pourrait gagner la partie de chasse à l'information qu'ils avaient débuté alors qu'ils se connaissaient à peine. La solution était tentante. C'est pourquoi il déclara avec le plus grand sérieux.

- Je suis un domestique démoniaque qui dévore l'âme de ceux qui ont signé un pacte avec moi dès que la tâche qu'ils m'ont assigné est exécutée.

Il laissa planer un silence avec de se mettre à rire comme s'il s'agissait d'une plaisanterie.

[C]

Sujet: Re: A l'ère victorienne. Sam 07 Jan 2012, 23:44

Spoiler:

- Je suis un domestique démoniaque qui dévore l'âme de ceux qui ont signé un pacte avec moi dès que la tâche qu'ils m'ont assigné est exécutée.

Irène tiqua. Sebastian avait répondu avec un tel sérieux qu'elle avait presque envie de le croire. Presque. Le rire sonore mais clair qui retentit par la suite sembla confirmer que tout ceci n'était qu'une vaste plaisanterie et Irène se détendit jusqu'à finalement se prendre au jeu. En apparences. Certes, cette déclaration était particulièrement extravagante et invraisemblable, mais... Au fond, et si Sebastian n'avait pas menti?

Après tout quoi de plus déstabilisant que la vérité crue apportée sans détour? Cela créerait forcément un effet de surprise, or c'est justement ce que le majordome souhaitait provoquer. Il y a quelques années, voire dizaines d'années, Irène n'aurait pas cru un traitre mot de tout ceci et aurait pensé à une vaste plaisanterie. Mais ces dernières années l'avait postée comme le témoin de nombreux évènements... étranges dira-t-on. Évènements qui, depuis son emménagement au 109, n'avaient eu de cesse de se multiplier et de devenir de plus en plus incroyables. Après tout, elle avait déjà croisé des vampires, des fantômes et d'autres créatures surnaturelles, alors pourquoi pas un démon? De plus, n'ayant pas pris une ride depuis 120 ans, elle serait mal placée pour contredire cette théorie... Et puis, l'agence immobilière l'avait prévenue alors qu'elle pensait emménager ici que cet immeuble était le théâtre d'évènements inattendus, et avait précisé que le numéro 302 était loin de faire exception à la règle...Elle décida de ne pas éveiller la méfiance de Sebastian et rit de bon cœur à sa "plaisanterie". Elle espérait que la flamme dans ses yeux ne la trahiraient pas.

- Et en plus vous avez de l'humour ! Comment un diable de majordome tel que vous, si je puis me permettre, s'est-il retrouvé sans locataire à servir?

Spoiler:

[C]

Invité

Après la bombe qu'il venait de lâcher, Sebastian était vraiment curieux de voir comment la belle Irène allait le prendre. La première réaction ne se fit pas attendre. Mais le rire forcé de Sebastian fit tomber la chape de plomb qui avait envahi la pièce. Il avait réussi son pari de la déstabiliser. En même temps, face au sérieux que le démon avait choisi, il aurait convaincu même le plus sceptique des humains. Ils regretta presque d'avoir ri et dissipé le malaise qui planait. Il aurait été drôle de voir son sentiment face à la vérité. Après le soulagement, Sebastian crut distinguer le doute dans son regard. Comment assimiler une telle remarque : était-ce du lard ou du cochon ? Le domestique se régalait devant un tel spectacle. Malgré une apparence banale et ennuyeuse, les humains se révélaient passionnants et intrigants. Pour certains d'entre eux, comme Ciel, et à présent, Irène. Car elle réussissait à rebondir en dépit de la situation...Allant même, inconsciemment, à l'appeler comme lui-même se présente : un diable de majordome.
Décidant de jouer le jeu, il continua sur sa lancée.

- Je vous sers vous, Madame, juste en tant que domestique. Mes qualités de service comme "diable de majordome" en revanche sont toujours destinées à mon Maître. Je suis malheureusement en disgrâce à ses yeux, c'est pourquoi je vis dans cet appartement. Je tiens à vous rassurer, vous n'avez rien à craindre de moi.

Quoi de plus drôle, en définitive, que de dire la vérité ? Que risquait-il ? Seul l'ennui était son ennemi, il ne pouvait mourir, il se passait des besoins élémentaires. N'avait pas vraiment d'attaches affectives. En revanche, il s'était pris d'affection pour son rôle de domestique - homme de main, et éprouverait des difficultés à arrêter cette activité. Après, que ce soit pour Irène ou une autre personne, peu importait. Quoique...Il venait à peine de la rencontre. Elle était de la même époque que lui, avait de l'éducation, et était fascinante.
Ce serait dommage qu'elle ne veuille plus de lui.
Peut-être avait-il eu tort, en définitive. Tant pis, il ne pourrait pas revenir en arrière de toute manière. Il choisit alors de dévier la conversation.

- Et vous, Madame, si vous pardonnez l'insolence de ma demande, puis-je connaitre la raison de votre venue en ces lieux ?

Spoiler:

[C]

Irène écouta l'explication de son "diable de colocataire" avec intérêt. Voilà qui éclaircissait la situation. Il faudrait qu'elle rende visite au Maître de Sebastian pour plus d'informations un de ces jours prochains, cela se révèlerait sans aucun doute fort instructif... Et, puisqu'il ne se décrivait pas comme quelqu'un de dont elle aurait à craindre, il lui faudrait un avis extérieur. Après tout, l'actrice ne pouvait accorder pas trop de crédit à cette déclaration, car, qui irait dire "Ah et au fait je suis un psychopathe qui rêve de vous arracher la cervelle" à son nouveau colocataire?

- La raison de ma venue? Et bien je crois pouvoir dire que je ne suis là que par hasard. J'ai beaucoup voyagé, dira-t-on, et lassée d'explorer le monde j'ai décidé de m'installer. Pourquoi ici plutôt qu'ailleurs? Et bien je ne saurais trop le dire, mais il semble que plusieurs de mes connaissances aient été aperçues dans les parages.

Oui, Irène avait encore à sa façon des espions. Des gens qui lui étaient redevables et qui lui rendaient souvent ce genre de services. Il faut bien reconnaître que c'est extrêmement pratique de pouvoir se reposer ainsi sur d'autres personnes parfois.
Mais elle devait en savoir plus sur Sebastian. Qui était-il vraiment? Croirait-il à cette histoire? Qu'avait-il fait pour provoquer la colère de son Maître? La belle aventurière avait vraiment besoin d'informations supplémentaires. Il s'agissait maintenant de les obtenir en douceur pour aller ensuite questionner ledit Maître.

- Alors comme ça vous êtes en disgrâce vis-a-vis de votre Maître? Qu'avez-vous donc fait pour cela?

[H]

Invité

Irène était une voyageuse...Étrangement, cela ne surprenait pas Sebastian. Malgré ses vêtements de femme bourgeoise, qu'on imagine plus dans un salon de précieuses qu'à voguer sur les mers. Mais le comportement d'Irène ne collait pas à cette apparence. Elle était sûrement une aventurière. Son caractère était celui d'une battante, une femme d'action. Le genre d'humain qu'il appréciait fortement. Pas du genre mou du genou qui se laisse aller dans la vie, se faire servir sans râler, qui ne pose aucune difficulté. Le genre de personne ennuyeuse au possible. Sebastian avait déjà beaucoup de mépris pour l'humain. Il fallait vraiment être exceptionnel pour qu'il daigne parler avec politesse comme il le faisait. Et Irène faisait partie de ces rares élus. Il imaginait justement fort mal qu'elle devienne sédentaire. C'était un oiseau, comment pouvait-elle vivre en cage ?
Enfin...Si c'était son choix...

Ce qui était assez amusant était de constater la curiosité exacerbée de cette femme envers lui. D'accord, lui-même faisait preuve de la même curiosité. Mais Irène n'y allait pas par quatre chemins. Elle rentrait directement dans le vif du sujet. Elle utilisait beaucoup son charme ; elle avait l'habitude de ce genre de situation. Faire parler les gens devait être une de ses habitudes. Etait-elle de la police ? Ou un agent secret ? Une criminelle ? Pour le moment, il n'avait aucune opinion précise sur le sujet.
C'est avec une sorte de plaisir qu'il continuait le jeu de question - réponse. Si cela lui permettait d'en découvrir plus de façon implicite...

- A vrai dire, je lui ai promis de ne jamais lui mentir ni lui désobéir. Et j'ai tenu parole. Sauf pour une seule exception. cela ne lui a pas plu, cela va de soi.

Sujet: Re: A l'ère victorienne. Ven 09 Mar 2012, 23:25

Irène savait qu'elle venait de surprendre Sebastian. Il l'avait visiblement bien cernée et devait très probablement se demander pourquoi elle décidait soudainement de s'établir, elle qui ne pouvait s'empêcher de voyager en permanence. Mais ce n'était qu'un des aspects de sa personnalité. Et elle avait, de plus besoin d'une adresse de couverture pour enquêter dans cette nouvelle ville. Mais rien ne la forçait à vivre ici quotidiennement...

De son côté, elle avait compris que tenter de charmer Sebastian était inutile. Il était l'un des rares hommes à ne pas être sensible à son charme. Était-il homosexuel ? Non, certainement pas, il n'était peut-être pas du genre romantique comme Sherlock. Soit cela, soit il était réellement un démon et n'avait pas de cœur... L'aventurière sourit. L'idée d'avoir un colocataire démoniaque - si tant est que de telles créatures existent - l'amusait assez, si on suivait les préjugés sur ceux de son espèce, Sebastian serait un amusant convive. Assez riche psychologiquement pour ne pas l'ennuyer et assez mystérieux pour piquer son intérêt, un compagnon précieux.

Elle observa un instant le jeune homme qui lui faisait face, d'une incroyable beauté il semblait lui aussi absorbé dans quelque réflexion. Une réflexion distrayante, au vue de la lueur amusée dans son regard, et qui la concernait puisqu'elle était la cible dudit regard. Il rompit finalement le silence, mettant fin à l'interminable attente dans laquelle se trouvait Irène depuis qu'elle avait posé sa question.

" - Oui, bien sûr je comprends. Alors ainsi vous ne mentez vraiment jamais ? Voilà qui me semble bien peu usuel pour un démon... Mais peut-être me trompé-je ? Je confesse ne pas être très bien informée en la matière " ajouta-t-elle en riant. C'était décidément une bien belle rencontre...

[C]