Encore caser ? Avec quel idiot maintenant ? [Amelia Pond]

Amy se regarda d'un oeil critique dans le miroir. Quelque chose tiquait. Elle jeta un regard sur la pile de vêtements qu'elle venait d'enfiler. Des jupes, des shorts, des hauts, des robes, des mailles. Beaucoup de vêtements différents en somme. Qui s'empilaient les uns sur les autres joyeusement, formant un tas informe de fibres qu'elle n'achèterait pas. Elle n'avait pas vraiment d'argent à ce moment même. Il lui était bien resté des billets dans ses poches mais entre le petit déjeuner qu'elle s'était payé et le déjeuner du midi, elle n'allait pas vraiment tenir ce train là. Seulement voilà, quelque chose la chiffonnait. Elle tira un jeans du tas et l'enfila. La rousse percuta enfin. Tout ce qu'elle avait choisi était bleu. Bleu légèrement foncé. Bleu T.A.R.D.I.S. Ah. Voilà autre chose. Elle soupira et s'assit sur le tabouret, persuadée qu'une fois encore son comportement virait à l'obsessionnel. Et il y avait de quoi. Cela faisait deux fois qu'on l'abandonnait. Le Docteur s'était encore envolé. Elle l'imaginait très bien, là-bas, de l'autre côté, en train d'hurler pour revenir à l'heure. Sauf que cette fois il était aussi parti avec son coeur, et c'était agaçant. Rory et ses doudounes moches, ses sourires idiots et son amour éternel. La rousse jeta tout au sol et s'y laissé tomber les pas écartés. Bien sur, ses jambes ne pouvaient pas s'étendre dans une cabine d'essayage, aussi les garda t-elle repliées, ce qui enlevait une certaine poésie à son geste, mais peu importait. Elle fixa le faux plafond où s'étaient greffés des spots à la lumière douce. Amy cherchait les étoiles auxquelles elle appartenait. Mais elles n'étaient pas là. Les larmes avaient une fâcheuse tendance à lui monter aux yeux, à cet instant là. Elle enfoui son visage dans un pull qui lui rappelait les choses affreuses que portait Rory. Et puis ce bleu Docteur, ce bleu qu'elle avait reproduit mille fois en cours de peinture, aux côtés de Mélody. Ce bleu dont elle avait repeint de petites reproductions du T.A.R.D.I.S.

Mais le temps des regrets était un temps du passé. Elle savait au fond d'elle qu'il fallait encore une fois relever la tête, garder espoir au creux du ventre et marcher. Attendre. Attendre. The Girl Who Waited ne portait pas son nom pour rien. Et elle n'était pas non plus une fille roulée en boule dans un tas de vêtements bleus. Elle reprit contenance et se releva, attrapant un autre jeans, et le pull hideux. Elle rendit tout le reste à la vendeuse et glissa jusqu'aux caisses en soupirant lourdement. Quelques uns de ses billets filèrent dans les mains de cette dernière avant qu'elle ne sorte. Les gens semblaient pressés. Ils glissaient ici ou là, comme animés par de nobles buts. Amy penchait plutôt pour "aller au travail" ou "aller chercher Julia à l'école", mais elle ne comptait pas leur demander. Elle regarda ses chaussures, une paire de converses qu'elle avait abîmé à force de marcher sans cesse. Des chaussures qui cherchaient sa famille, elles aussi. Et elles-aussi étaient usées par tout ça. La tête rousse enfila le pull qu'elle venait d'acheter par dessus son t shirt et commença à avancer jusqu'aux lieux qu'on lui avait indiqué. Un appartement. Ca voulait dire loyer. Ca voulait surtout dire travail. Rien ne l'emballait moins que de redevenir embrassadrice, mais elle n'avait pas tellement d'autres qualifications.

Il lui fallait bien une demi heure pour arriver à destination. Beaucoup d'étranges personnes s'animaient au bas de l'immeuble. Ils semblaient propulsés là, tout comme ça. Certains avaient l'air heureux, plus qu'il ne le fallait, d'autres au fond du trou, d'autres encore totalement paumés. Elle glissa dans le hall et se jeta dans les escaliers pour monter, serrant le petit papier. Sauf que voilà. Neuf étages, c'était plutôt long. Déjà arrivé au cinquième, elle commença à jurer à chaque étage. Mais rien n'y faisait, elle n'avait pas envie de prendre l'ascenseur. LEs ascenseurs étaient de petites choses à l'extérieur, toutes petites à l'intérieur, et ça n'avait rien de fantastique. Ce n'était pas un T.A.R.D.I.S. Lorsqu'elle arriva au niveau de la porte, elle haussa un petit sourcil avant de frapper. Lorsqu'un homme ouvrit et qu'elle jeta par mégarde un regard dans l'appartement, elle se persuada qu'elle s'était trompée. Il portait un costume si bien taillé qu'il en semblait sur mesure. Il l'était peut-être. Il avait une certaine carrure, et il était...Dépourvu de cheveux. Certes, c'était un style à porter avec le costume. Il lui rappelait vaguement Zombie Boy, mais sans les tatouages. A l'intérieur le mobilier semblait lui aussi plus que luxueux. Quant à la façon dont elle fut accueillie, elle était pour le moins froide. Elle recula d'un pas.

Je suis bien au 906 ? ... Oui.... euh ... je crois que je suis votre nouvelle colocataire. Amelia Pond. Et j'ai rien à vous vendre...

C'était un peu banal mais elle ne savait pas bien comment s'y prendre avec lui. Elle n'avait qu'un petit sac et avait sûrement l'air d'une sans papiers. Mais Amy Pond ne se préoccupait pas vraiment du regard des autres ou ce qu'ils pouvaient penser. En revanche, elle imaginait mal Monsieur Sans Cheveux lui laissa accrocher ses vieux dessins du T.A.R.D.I.S sur les murs. Peu importait, s'il fallait se battre, elle se battrait. Bon. Peut-être que le combat n'était pas tout à fait au goût du jour.

Joli costume, tout ça, je peux entrer peut-être?