Morgan n'était pas là quand Jack était entré. Elle était alors au fond de la réserve, en train de chercher désespérément une bouteille d'un cru bien particulier, qu'un client casse-pieds avait réclamée à corps et à cris. Bon. Finalement, à force de persévérance, elle avait fini par la dénicher, bien recouverte de poussière et de toiles d'araignées, et l'avait nettoyée avant de remonter servir le client exigeant. Puis, elle avait vaqué à diverses occupations, et en avait profité pour s'éclipser quelques instants pour remonter le moral d'un habitué. Ce qui explique donc pourquoi ce n'est qu'à la dixième bière de Jack qu'elle vint se charger de lui.
Sur le coup, elle ne le reconnut pas. Il était (presque !) coiffé, et arborait un uniforme bleu yankee à mille lieues de son habituel accoutrement éclectique et loqueteux. La flibustière dut donc le regarder à deux fois pour le reconnaître. Et quand elle l'eut reconnu, elle manqua d'en lâcher la choppe qu'elle s'apprêtait à déposer sur la table.
Sweet Lord Of the Seven Seas ! Jack Sparrow ? Sans blague, c'est toi ?
Elle déposa la choppe et se campa, les mains sur les hanches, face à lui.
Nom de nom, Sparrow, qu'est-ce que tu fiches dans cette tenue ? T'as viré ta cuti, ou t'as des tendances suicidaires ?
Morgan était perplexe. Sparrow était sans doute la dernière personne au monde qu'elle aurait imaginée se tourner vers l'armée... Elle jeta un coup d'oeil à la pendule et à la salle. Il commençait à se faire tard, la majorité des clients étaient partis, ne restaient plus que les irréductibles désespérés qu'elle devrait de nouveau flanquer dehors - si elle ne devait pas appeler leur femme/petite amie/meilleur(e) ami(e) pour les récupérer. Son boss était rentré chez lui depuis une bonne heure, elle était donc seule maître à bord. Attrapant une chaise et une bonne bouteille, elle s'installa d'autorité à la table de Sparrow et laissa tomber :
Allez, raconte, comment t'en es arrivé là ?