Fleurs de pavot à gogo

Invité

Ed ne faisait pas partie des quelques malheureux professeurs ayant écopé de la corvée d'essayer de faire cours le samedi à des étudiants s'estimant déjà en week-end, mais il s'était tout de même rendu à l'université ce matin-là. Non qu'il n'appréciât pas de traîner au lit quand il le pouvait, mais il était curieux de recueillir les résultats d'une de ses dernières expériences, et cela valait bien le sacrifice de quelques heures de sommeil supplémentaires.

Quand il avait indiqué lors de son entretien avec le doyen qu'en plus de donner des cours il souhaitait mener des recherches, il avait mentionné un intérêt pour la toxicologie. En fait, ce qui l'intéressait était bien plus spécifique : il s'agissait des substances aux effets hypnotiques ou hallucinogènes. Partant de l'hypothèse que le Portail avait moyen de recréer un corps lors d'un passage si l'on utilisait la transmutation alchimique nécessaire et que c'était uniquement la transmutation de l'âme qu'il ne fallait absolument pas tenter, il voulait trouver un moyen de séparer son âme de son corps actuel sans se tuer malencontreusement ce faisant. Ces substances lui semblaient être une piste valable, et il avait décidé d'approfondir ses connaissances sur le sujet pour voir s'il trouverait une solution de ce côté-là.

Et voilà pourquoi il se retrouvait installé à sa paillasse pour observer trois cages de rats. Chacune contenait dix de ces animaux, un groupe ayant reçu une drogue au métabolisme très lent à un dosage simple, un autre la même drogue à un dosage divisé par deux, et un dernier groupe servant de témoin. Le comportement très erratique de certains des rats drogués aurait pu être amusant, s'ils n'étaient pas révélateurs d'un dysfonctionnement cérébral inquiétant quand on le ramenait à un humain. Il lui faudrait collecter des observations régulièrement pendant encore quelques jours pour déterminer à quelle allure la drogue était éliminée et à partir de quel taux le comportement des rats redevenait normal. Histoire de justifier son travail vis-à-vis de ses collègues et ne pas paraître suspect. Car pour lui, le résultat était déjà connu : cette nouvelle drogue n'était pas ce qu'il cherchait, l'âme des rats était toujours aussi bien ancrée, il lui faudrait en synthétiser de nouvelles pour les tester.

Refusant de se laisser décourager aussi rapidement, après tout cela ne faisait qu'un mois qu'il cherchait, il prit son crayon et se remit à griffonner des schémas de molécules sur son calepin, cherchant à concevoir des structures prometteuses.

Invité

Si Jonathan avait attendu le samedi matin pour venir arpenter les couloirs de l'université du coin, ce n'était pas pour le simple plaisir de se gâcher le week-end, mais parce que c'était le moment où il était sûr que la fréquentation serait le moins abondante. Des étudiants qui grouillaient dans tous les coins, riant et cahutant, des filles qui gloussaient, jetant des regards qui se voulaient discrets à l'Elu de leur coeur ... Les souvenirs qu'il gardait de l'époque où il enseignait ne l'emplissaient guère de nostalgie, et il préférait venir un jour où les rares étudiants condamnés à leur vision de l'enfer sur terre seraient troppressé de rentrer chez eux pour s'attarder dans les locaux. Enfin, cette fois-ci, il n'était plus là pour tenter de mettre un peu d'instruction dans ces chères petites têtes vides, mais pour y effectuer une course bien particulière ... Sa précieuse petite fleur bleue, l'ingrédient clé de sa toxine. Après s'être trituré les méninges pour trouver un moyen de s'en procurer sans éveiller les soupçons, il avait fini par apprendre que le département de biologie en utilisait pour ses expériences : une aubaineinopinée qu'il n'aurait pour rien au monde manqué - et la raison pour laquelle il se trouvait devant le bureau du professeur Edward Elric en ce moment précis. Par la porte restée entrouverte, il pouvait voir quelqu'un s'y activer - peu de chance qu'il s'agisse du professeur en question, cependant, à moins que ce dernier ne soit plus petit que ses élèves.

Probablement un étudiant qu'il avait recruté pour l'aider dans ses recherches. Soit un élève qui s'était distingué par sa brillance, soit qulqu'un de suffisamment dissipé pour avoir écoper de la corvée de revenir ici un samedi matin pour y jouer les larbins. Probablement la première possibilité, au vu de la frénésie avec laquelle il écrivait sur son calepin. Signalant sa présence d'un petit raclement de gorge, il avança d'un pas à l'intérieur du bureau.

Bonjour ... Je cherche le Pr. Edward Elric, on m'a dit que je pourrais le trouver dans ce bureau - votre professeur, je suppose.

Tout en s'avançant dans la pièce, il jeta un petit regard intéressé aux cages qui se trouvaient à proximité de l'étudiant, observant avec un amusement certain le comportement des spécimens les plus désordonnés. Il avait une petite idée de ce qui avait pu causer leur trouble, et se demanda si cet Edward Elric le laisserait jeter un oeil à ses recherches ... Après tout, ce dernier semblait avoir assez avancé, et peut-être trouverait-il quelque chose qui puisse l'aider pour ses propres expériences. Puis son regard remonta jusqu'à l'étudiant qui lui faisait face : d'allure juvénile, il semblait à peine de l'âge à entrer àl'université . Blond et les yeux d'une couleur assez indéfinissable, il appartenait probablement à la catégorie de ce que les filles considéraient comme "mignon".

Est-ce que vous avez une idée de l'heure à laquelle il est supposé revenir dans ses locaux ?