Et dieu créa le GPS (à défaut du sens de l'orientation) [PV Tonkinette]

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Avec un bruyant soupir, Mason posa au sol l'encombrant sac de voyage qui lui sciait l'épaule pour regarder autour de lui. Il avait bien dû passer trois ou quatre fois dans cette rue auparavant. Ou du moins, une rue qui lui ressemblait. Quoi qu'il en soit, il était très probable qu'il se soit légèrement écarté du trajet qu'on lui avait indiquer pour atteindre la rue du septième art. Et il devait bien avouer, être mort de fatigue – sans mauvais jeu de mots. Des jours de voyage … C'est ce qui se produit généralement lorsque l'on décide de faire du stop pour économiser des frais. Enfin, il avait au moins eu la chance de tomber sur un routier relativement sympa pour la dernière partie du trajet, qui, s'il n'avait pas vraiment le goût de la conversation, et une mine à planquer une tronçonneuse dans la boîte à gants, avait fait un petit détour dans son itinéraire pour le déposer à l'entrée de la ville. Quoi qu'il en soit, il avait passé les deux derniers jours dans une cabine de camion, et n'avait qu'une envie, celle de trouver sa chambre. S'asseyant sur le sac, Mason se posa un instant pour reprendre son souffle et essayer d'identifier ce qui l'entourait.

Bon .. Des rues, des maisons, des arbres … Le New-Jersey manquait sacrément d'originalité. Mason s'étira doucement, réprimant un bâillement. Londres, Manathan, et maintenant le New-Jersey. Pas mal de nouveaux départs, pour un bout de viande froide … Mais celui-ci, il devait avouer qu'il s'en serait bien passé. Enfin, il y en avait au moins un qui avait dû être content de se débarrasser de lui, après son bilan lamentable en tant que faucheur d'âmes, là-bas dans le New Jersey – décidant, que, cependant, les pensées défaitistes ne lui apporteraient clairement rien de bon, Mason se redressa, cherchant du regard quelconque signe d'un plan à l'horizon.

Après tout, qui sait, peut-être trouverait-il dans cette ville des morts suffisamment riche pour faire fortune ? Son regard s'attarda sur un grand-père, à quelques mètres, penché en équilibre précaire sur sa cane, pour nourrir les pigeons au bord d'une fontaine, tentant de déterminer si ce dernier était du genre à planquer jalousement les économies d'une vie sous son matelas. Probablement pas, ou il se serait déjà acheté une volière … Ou une télévision. Ou une vie. Enfin, peu importe : le fait qu'il ait laissé son sac sur le banc et que son esprit semble tout attentionné au volatiles providentiels était déjà immensément plus intéressant. Regard à gauche, regard à droite, il prit le sac avec un naturel travaillé et entama l'autopsie.

Première surprise, de taille, lorsqu'il y trouva une petite flasque de Whisky, et il haussa les sourcils. Si on ne pouvait même plus se fier à la sobriété des aînés, où allait le monde … Il en prit une ou deux gorgées, puis cette dernière vint trouver la place dans son propre sac. Un billet de vingt dollars, deux de dix – mauvaise pioche – qui vinrent aussitôt trouver une petite place bien au chaud dans sa poche de pantalon. Papiers d'identité et cartes de fidélité en tous genres, rien d'exceptionnelle. La carte de crédit, source d'em****ements en tous genres, resta bien tranquillement dans son étui. La photo jaunie d'une jeune fille assise au bord d'une fontaine, souriant timidement, lui arracha un sourire. Sur une petite enveloppe blanche, contenant un billet de cinquante et un de dix, était inscrit le nom d'une petite fille. Tchh … Pourquoi fallait-il toujours par les sentiments ? Empochant le billet de dix dollars, il referma l'enveloppe qu'il remit dans le portefeuille, avant de reposer le sac à sa place, sur le banc. Bon. Il n'était toujours pas plus avancé quant au moyen de rejoindre sa nouvelle demeure ... Un bruit de pas à sa droite interrompit ses réflexions, signe qu'une personne s'approchait. Chaussant aussitôt son sourire le plus aimable, il se leva pour l'accoster :

"Hey !!! Je crois que je me suis un peu perdu … Vous pourriez m'aider ?"

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Tonks posa le carton une énième fois. Teddy arrivait. Bon, d'accord ce n'était pas une grande nouvelle. Elle avait pris cette décision quelques temps plus tôt, et ne le regrettait pas. Son fils lui manquait. Depuis de longs mois qu'ils étaient séparés, il était plus que temps qu'elle le récupère. Elle avait déjà loupé de grands moments dans sa croissance, et ne voulait plus rien manquer. Dans 2 mois, il aurait 1 an... Il était temps. Oui, Teddy arrivait, et elle avait (enfin) compris ce que cela signifiait d'avoir un enfant en bas âge dans son appartement. Elle avait complètement oublié qu'il faudrait des aménagements particuliers, qu'il faudrait de nouveaux meubles, des jouets, des accessoires...

C'était Dean au petit déjeuner qui lui avait demandé quand est ce qu'elle comptait acheter tout ce qui allait vite devenir nécessaire. Ddean qu'elle ne remercierait jamais assez... Il n'était pas plus que ça enchanté de voir son monde bouleversé par un tout-petit. Pourtant il avait très vite compris que c'était quelque chose de très important pour elle, qu'elle avait besoin de redevenir une maman. De mauvaise grace; il lui avait dit oui, promettant du même coup de rester avec eux au 503. Il y arriverait, c'était elle qui allait s'en occuper. Il imposerait une présence masculine à son fils, et c'était déjà une bonne chose.

Voilà pourquoi elle était en train de se battre avec un carton encombrant.. Elle avait voulu faire la maligne, et bien maintenant, elle allait assumer. Qu'elle idée elle avait eu... Bien sur qu'elle aurait du accepter l'aide de Dean... Bien sûr qu'elle aurait du dire oui quand il lui avait proposé de venir avec elle pour lui éviter de se trimballer les meubles... Mais elle avait cru déranger... Elle lui était déjà tellement reconnaissante d'accepter la présence du bébé dans l'appartement qu'elle ne voulait pas qu'il se sente obligé de faire la moindre chose pour l'accueillir. Elle avait déjà l'impression qu'il lui avait fait une immense faveur, elle n'avait pas envie d'en rajouter. Et puis, franchement, qui aurait cru qu'un lit pour enfant était aussi embarassant?! .. Oui, bon, d'accord, tout le monde... Mais ça partait d'un bon principe à la base... A la base... Et puis avec sa force de mouche... Bonjour, je suis débile. Evitant de croiser le regard des deux gamines qui la regardaient en pouffant, elle le souleva une nouvelle fois et recommença à marcher vers le 109.

Autre détail qu'elle avait légèrement oublié et qui lui donna envie de tout lâcher là, maintenant... Vu la taille du carton, il lui serait impossible de monter les 5 étages. D'une part, elle le cognerait contre tous les murs de la cage d'escalier et d'autre part, elle devrait poser le tout à chaque volée de marches montée. Elle n'avait pas trente-six solutions: elle allait devoir utiliser l'ascenseur... Le souvenir qu'elle en avait n'était pas le meilleur. Nouvelles rencontres, ascenseur et elle se retrouvait sur le point de rendre son petit déjeuner. Depuis le jour de l'amménagement de Sinead, elle avait réussi à l'éviter, mais elle allait bien être forcée d'y rentrer une nouvelle fois... Elle était perdue dans ses pensées, tournant et retournant son problème d'ascenseur dans tous les sens que quelqu'un lui parla. Surprise, elle saursauta et retint de justesse le carton. Elle soupira... Elle n'y arriverait jamais. Elle le posa, et s'arma de son plus beau sourire. C'est un jeune homme charmant et qui semblait extrêmement fatigué qui l'accosta.

- Oui bien sûr ! Où est ce que vous devez aller?

En espérant ne pas trop ressembler à une folle qui se serait évadée, elle passa une main dans ses cheveux pour essayer de rattraper les dégâts... Mais elle abandonna vite. Le mal était fait, tant pis.

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Mignonne, couleur de cheveux originale, et un peu plus jeune que lui, son interlocutrice avait l'air positivement adorable. Mais aussi positivement éreinté, et il esquissa un sourire en la voyant faire des efforts manifestes pour se montrer présentable. Il eut un instant de blocage, cependant, en constatant le poids dont s'était chargé la demoiselle. Wow … Et c'est lui qui lui demandait son aide. Il manquait à tous ses devoirs, pour le coup. La question de la miss, cependant, le sortit de sa rêverie.

Au 100quelque chose, rue du septième art ... Il s'interrompit quelques secondes, le temps d'y réfléchir. 109, je crois. Mason, au fait. Enchanté ! Il marqua un temps, s'arrêtant sur le carton. Mais ce truc a l'air de peser une tonne …. Il se pencha pour examiner plus avant l'emballage, qui s'avéra contenir un lit d'enfant. Jeune maman, ou c'est une cadeau de naissance ? Si c'est le dernier cas, une peluche aurait été suffisante, et moins encombrante …

Parce qu'encombrante, la chose l'était définitivement. Est-ce qu'ils ne proposaient pas la livraison à domicile, dans les magazins d'ameublement, pour les rescapés de l'ère glaciaire tels que ce dernier ? A moins que cette dernière ne soit aussi grapilleuse que lui sur les dépenses superflues … Il jaugea rapidement le poids et le calibre de l'engin, essayant de déterminer combien de temps il pourrait le porter avant que ses bras ne tombent. Dix minutes, peut-être ? Allez, quinze, soyons généreux. Il était plutôt impressionné que la petite miss soit parvenue à le porter jusqu'ici. Elle avait plus de force que sa petite carrure ne le laissait supposer. Bref bref bref. Le fait était qu'elle semblait à présent à bout de forces, et qu'elle ne pourrait probablement pas le porter beaucoup plus loin. Du moins pas toute seule.

Je peux porter ce machin jusque chez toi, avant d'emménager. J'ai déjà fait de la boxe, Porter ce truc sera un jeu d'enfant. Il ponctua sa proposition d'un sourire assuré, pour faire bonne mesure.

Ou jusqu'à l'arrêt de bus, si il s'avérait qu'elle habite à l'autre bout de la ville. Enfin, il devait être moins facile de resquiller avec ce genre de colis en main. D'un autre côté, il venait de récupérer suffisamment de monnaie pour faire le sacrifice de deux tickets si c'était nécessaire. Tant qu'il n'avait pas à faire de risettes au gamin auquel le "colis" était destiné ... Il n'avait pas approché énormément d'enfants en bas âge (mis à part dans le cadre de son "boulot", mais il ne valait mieux pas s'étendre sur le sujet), de son vivant si bien que depuis sa mort, mais chaque fois l'expérience lui avait laissé un souvenir difficile à oublier : aussi bavards qu'incompréhensibles, chiants, toujours à répandre toutes sortes de "fluides vitaux" plus ou moins nauséabonds et surtout, surtout, ayant la très désagréable habitude de pleurer quand il essayait d'être drôle. Le jour où quelqu'un lui donnerait le mode d'emploi de ces bestioles-ci, il envisagerait d'en approcher un à moins de dix mètres. Et encore, il s'agissait de l'âge où ils n'étaient pas encore capables de poser des questions...

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