109, rue du Septième Art
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.



 
AccueilAccueil  Dernières imagesDernières images  RechercherRechercher  S'enregistrerS'enregistrer  ConnexionConnexion  
Le Deal du moment :
Bon plan achat en duo : 2ème robot cuiseur ...
Voir le deal
600 €

 

 Welcome to my life (PV Jonathan)

Aller en bas 
AuteurMessage
Invité
Invité
avatar



Welcome to my life (PV Jonathan) Empty
MessageSujet: Welcome to my life (PV Jonathan)   Welcome to my life (PV Jonathan) EmptySam 23 Jan 2010, 22:19

Samedi. Journée de "repos" dans l'emploi du temps de ministre de Sinead. Elle ne donnait pas cours, ne travaillait pas à l'hôpital, bref, disposait d'une journée pour elle. Journée qu'elle passait désormais systématiquement à la bibliothèque. L'endroit, d'un calme de monastère, à peine troublé, ici et là par le bruit de pages que l'on tourne ou des pas de tel ou tel lecteur qui allait remettre son ouvrage en place et/ou en chercher un autre, était sans nul doute le lieu de prédilection de la jeune fille. Personne ne lui posait de questions, les rares conversations étaient étouffées, les mots prononcés à voix basse de peur de déranger les autres... Seules, parfois, quelques adolescentes gloussantes, se lançaient dans une discussion à voix haute, portant sur la question si importante de déterminer si oui ou non Robert Pattinson était un acteur inoubliable en plus d'être un sex-symbol. Généralement, elles étaient réduites au silence avant d'avoir apporté une solution à ce problème d'intérêt universel. Une fois, Sinead avait été prise à parti... et sa réplique avait été sans appel.

  • Êtes-vous sûres de vouloir mon opinion quant à un acteur médiocre, dont le charme présupposé et largement surestimé n'a d'égal que son manque d'hygiène et la piètre qualité et la fausseté de son jeu ?


Bizarrement, elles lui avaient ensuite fichu la paix... Ce que Sinead avait savouré avec un soulagement intense.

Pour l'heure, elle était à l'étage des sciences, installée seule à une table pour quatre, sur laquelle elle avait sans honte étalé pas moins de seize ouvrages différents. Biologie, chimie, botanique, biochimie, toxicologie ou médecine, pour la plupart en anglais, mais également, pour certains, en allemand, russe, français... et, perdu au milieu de la masse, un exemplaire de
l'Appel de Cthuluh de HP Lovecraft, duquel dépassait un marque-page aux quatre-cinquièmes, pour quand elle ferait une pause. Feuilles volantes, cahier grand ouvert, le tout couvert de notes manuscrites, formules chimiques, commentaires divers, hypothèses, interrogations, pour moitié en irlandais, le reste majoritairement en anglais, émaillé ici et là de mots étrangers, jonchaient la table.

Penchée tantôt sur l'un, puis sur l'autre des ouvrages, les cheveux relevés pour ne pas être gênée et les lunettes assez basses sur l'arête du nez, malgré les gestes fréquents qu'elle faisait pour les remonter, l'adolescente passait d'une information à l'autre à une vitesse qui n'avait d'égale que celle à laquelle elle prenait des notes. Le but de ces recherches ? Le même que toujours : améliorer ce qu'elle appelait ses "recettes personnelles", ces petites mixtures si utiles dont elle emportait toujours des échantillons dans ses affaires, en doses minimes, comme des échantillons de parfum, ou des cachets soi-disant contre le mal de tête, un inhalateur... des objets dont personne ne se méfiait ni ne s'étonnait de trouver dans le sac d'une adolescente. Quelle erreur... Prudente, elle prenait soin de ne rien marquer qui pourrait indiquer à quoi allaient servir ces formules, ces mélanges. On ne savait jamais. elle prenait même le soin d'intervertir certains éléments, de façon à ce que, si jamais quelqu'un d'assez doué parvenait à décrypter le résultat, celui-ci soit inoffensif. Néanmoins, recherches et formules dépassaient de très loin le niveau habituel d'une simple étudiante en quatrième année de pharmacologie...

Elle s'interrompit et s'assit un instant. Elle avait la tête qui tournait un peu, une légère migraine, la chaleur qui régnait dans le bibliothèque n'aidant pas. Elle ôta ses lunettes et les posa sur l'un des ouvrages, se frottant les yeux de sa main libre. Il y avait des heures qu'elle était là. Qu'elle était plongée dans ses recherches sans interruption, passant d'un livre à l'autre, d'une langue à l'autre. Elle commençait à fatiguer un peu, son dos était douloureux, et le bébé commençait à peser lourd... Elle soupira et passa une main sur son ventre tendu.


  • On peut dire que tu m'en fais voir, toi... murmura-t-elle avec un sourire absent.


Elle savait que c'était un garçon. Elle hésitait encore sur le prénom. Elle le voulait irlandais, comme le sien, mais n'avait pas encore décidé. Quoique, depuis quelques temps, son coeur penchait pour un prénom très irlandais. Bran. Bran Keeny, voilà qui sonnait bien, non ? Et quelle ironie... Bran signifiait "corbeau" en irlandais... Avec ce que Karen lui avait raconté de ses souvenirs d'enfance, c'était sans nul doute un sacré pied de nez au passé ! mais n'était-ce pas ce qu'elle-même faisait, depuis qu'elle avait fichu le camp de chez elle, refusant de répéter un cycle qui n'avait conduit qu'au malheur ?

Sinead s'étira un peu et se releva. Elle avait besoin d'un renseignement, que seul un dictionnaire médical pouvait lui apporter. Or, les dictionnaires médicaux se trouvaient dans la rangée suivante, tout en haut des étagères. Elle fronça les sourcils. Quel était l'imbécile qui avait conçu le classement de cette bibliothèque ? Placer les dictionnaires en hauteur... à moins de vouloir tuer quelqu'un, c'était stupide ! Enfin... Elle attrapa l'échelle, la plaça au bon endroit et grimpa rapidement pour récupérer l'ouvrage incriminé. Perchée sur son barreau, elle saisit le dictionnaire, l'ouvrit, vérifia... L'information était bien là. Calant le lourd volume contre sa hanche, elle redescendit avec précautions, et, sitôt en bas, rouvrit le livre pour retrouver la page dont elle avait besoin tout en retournant à sa table...
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
avatar



Welcome to my life (PV Jonathan) Empty
MessageSujet: Re: Welcome to my life (PV Jonathan)   Welcome to my life (PV Jonathan) EmptyDim 31 Jan 2010, 04:10

Arrivé il y avait un peu plus d'une heure à la bibliothèque, Jonathan s'adonnait au délicat exercice de maintenir sept ou huit divers ouvrages de pharmacologie et toxicologie sous son coude tout en tentant de s'emparer d'un volume posé sur l'une des dernières rangées. Oh non, il n'avait pas besoin de l'escabeau, et il allait lui prouver dans un petit instant – orchestration subtile, malheureusement interrompue lorsque tomba à ses pieds l'un des dits ouvrages, qui avait manifestement glissé. Retenant un soupir, il posa les livres sur l'un des rares coins libres d'une table déjà passablement encombrée que son propriétaire avait momentanément désertée, capturant l'ouvrage avec succès maintenant qu'il était débarrassé du poids qui l'encombrait. Le feuilletant rapidement pour vérifier qu'il correspondait bien à ce qu'il recherchait, il revint à la table où il venait jute de déposer les autres livres, posant ce dernier sur la pile. Son regard dériva pour venir traîner sur les ouvrages répartis sur la table, comme un patchwork littéraire. Patchwork de langue, à ce qu'il semblait, aussi … qu'on retrouvait à moindre échelle dans les productions écrites posées non loin. Quelqu'un d'autre qui avait des racines irlandaises, manifestement, observa-t-il en feuilletant discrètement les notes, par curiosité.

Outre le niveau plutôt évident de leur auteur, il avait été attiré par ces équations par une raison un peu plus "personnelle". Assez étrangement, elles lui étaient assez familières, pour la simple raison qu'elles lui évoquaient ses propres loisirs, à l'époque de l'université. Quelque chose dans sa façon de poser et d'avancer dans son raisonnement, difficile à saisir mais bien présent. C'était assez intriguant et déroutant à la fois … Il se surprit à se demander à quoi pouvait bien ressembler celui ou celle qui avait écrit ces notes – en l'occurrence, l'écriture évoquait plutôt un "celle", pas si vieux que ça ? En tous les cas, pas un vieux chercheur rabougri titulaire d'une chaire à l'université ...

Le résultat en lui-même des premières formules se révélait assez inintéressant, malgré leur niveau, mais aussi, presque déplacé par rapport à certaines des pages ouvertes en face de lui … N'avait-il pas, lui-même, l'habitude d'intervertir les éléments en guise de sécurité ? La coïncidence serait un peu trop grosse -il s'empara malgré tout d'un crayon, et avait entamé un essai de réorganisation quand un bruit de pas qui, il n'y avait plus le moindre doute possible, se rapprochait bel et bien de sa table -ok, ok, pas tout à fait "sa" table - le força à revenir au moment présent. Qui en l'occurrence, le menait à être surpris à violer l'intimité de quelqu'un. Encore une fois.


Oui oui, je sais, c'est votre table, vos notes, votre espace personnel, marmonna-t-il. Je vous demande juste une petite seconde ...

Il termina ce qu'il avait commencé, avant de déposer les notes et de lever les yeux vers leur propriétaire. Une jeune fille, enceinte jusqu'aux yeux, assez jolie, se tenait en face de lui. Probablement pas plus vieille que sa propre mère lorsqu'elle l'avait fait venir sur cette terre, ce qui n'était pas vraiment un compliment. Grossesse involontaire, sans doute, au niveau d'étude où elle devait être, mais qui à ce niveau s'annonçait bel et bien définitive : c'était à se demander à quoi servaient les cliniques d'avortement, ou l'abstinence, ou tout simplement les moyens de contraception. Il ne put s'empêcher de lever les yeux au ciel. Quelqu'un de son âge, qui avait, s'il s'agissait bien de celle qui travaillait à cette table, un talent avéré, c'était un indéniable gâchis ...

Vous travaillez sur quoi ? , demanda-t-il d'un ton innocent, en indiquant du regard les notes qu'il venait juste de reposer.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
avatar



Welcome to my life (PV Jonathan) Empty
MessageSujet: Re: Welcome to my life (PV Jonathan)   Welcome to my life (PV Jonathan) EmptyDim 31 Jan 2010, 18:45

Plongée dans la lecture de l'article du dictionnaire médical qu'elle tenait toujours calé contra sa hanche, plissant légèrement les yeux pour mieux voir - elle avait oublié de remettre ses lunettes, comme de bien entendu - Sinead n'avait absolument pas remarqué la silhouette penchée sur ses notes. Ce ne fut que lorsque l'homme lui adressa la parole qu'elle releva la tête, n'ayant saisi qu'à moitié ce dont il s'agissait. En revanche, elle s'aperçut de suite qu'il était en cet instant en train de retoucher une de ses formules. Elle fronça les sourcils et s'apprêtait à l'invectiver sèchement, posant le dictionnaire à côté de ses lunettes et du cahier qu'il avait laissé de côté... quand elle s'immobilisa, le souffle coupé comme si on l'avait frappée au plexus. Cet homme, qui ne faisait pour l'heure pas attention à elle... ce profil... ces yeux, derrière les lunettes... Sinead ne pourrait sans doute jamais les oublier. Car ces yeux là étaient les mêmes que ceux qu'elle croisait chaque jour dans son miroir. Le visage avait un peu vieilli, très peu, depuis onze ans qu'elle ne l'avait pas vu, mais chacun de ses traits était profondément gravé dans sa mémoire. A moitié dissimulé par le canon d'un revolver, appliqué sur son front...

Sinead ne croyait pas en Dieu. Elle ne croyait pas au destin, elle ne croyait pas en toutes ces foutaises. Mais l'espace d'un instant, elle se demanda s'il n'y avait pas quelque part une entité qui l'avait prise en grippe. Elle avait fui la Géorgie pour s'éloigner d'une génitrice envahissante et décidée à lui ôter voire à tuer son enfant... et tombait en définitive de Charybde en Scylla, puisqu'elle se retrouvait à présent face à son demi-frère - ce même demi-frère qui, onze ans plus tôt, avait essayé de la tuer.

Mais déjà, passée la première seconde de stupeur, le cerveau de l'adolescente recommençait à travailler à vive allure. Il y avait peu de chance que Jonathan ne la reconnaisse. Elle avait un énorme avantage sur lui : en onze ans, elle était passée de la toute petite fille, presque encore bébé d'apparence, à une jeune femme que les études, les nuits blanches, les heures passées en laboratoire, ses six mois de grossesse, ses pérégrinations et son tempérament vieillissaient. Elle ne ressemblait absolument pas à Charlie ni à Karen - ce dont elle se félicitait - et n'avait guère de traits communs avec sa grand-mère, feue Marion Keeny. Tout au plus quelque chose dans ce pincement des lèvres qu'elle avait quand elle était concentrée, ou dans le regard...

En revanche, elle avait pu constater, quand elle s'était rendue au manoir Keeny, le jour où elle avait mis les voiles et juste avant de faire ses adieux à sa Géorgie natale, qu'elle partageait une ressemblance plus que forte avec Mary Keeny, son arrière grand-mère et la terreur de sa mère. Du moins si elle en croyait le tableau de ladite Mary quand celle-ci avait une vingtaine d'années, accroché au deuxième étage de la bâtisse croulante, qui lui avait un instant donné l'impression de tomber face à un miroir. L'idée qu'il puisse faire le lien lui traversa un instant l'esprit... Mais elle la chassa rapidement. C'était peu probable. D'après ses calculs, Mary avait déjà dans les soixante et quelques années quand il était né, et bien que n'étant pas anthropologue, elle en savait suffisamment pour déduire qu'il y avait de longues années que les ossements qu'elle avait découverts dans l'ancienne chapelle transformée en volière y gisaient...

Elle réussit à se composer un visage neutre, récupéra ses lunettes et les rechaussa, mettant à profit les quelques instants qu'il mit à finir de tenter de reconstituer la formule pour noter les grandes lignes de l'article du dictionnaire. Il pouvait toujours essayer. Elle seule savait quels éléments avaient été intervertis et altérés. A moins d'avoir sa clef de cryptage, il aurait beau tourner et retourner les formules dans tous les sens, il ne parviendrait à rien. Elle avait déjà pris une demi-page de notes, écrites très serrées, entrecoupées d'interrogations et de pistes de recherches pour approfondir la question, quand il lui adressa la parole. Elle prit le temps de finir son mot avant de relever la tête, rajustant ses lunettes d'une pression au milieu de la monture.


  • Les effets à long terme des psychotropes hallucinogènes sur la psyché humaine avec référence particulière aux opiacés.


Elle avait répliqué d'une traite, du tac au tac, en refermant le carnet qu'il avait feuilleté. Sa réponse à ce genre de question était toute prête, puisqu'il s'agissait ni plus ni moins que de l'intitulé de la thèse qu'elle entendait soutenir pour son doctorat... deux ans plus tard. Son mémoire de maîtrise était prêt depuis belle lurette et traitait de l'évolution de l'usage de certaines substances addictives, autrefois utilisées à des fins thérapeutiques, en tant qu'analgésiques ou qu'anti-dépresseurs, et dont on avait par la suite découverts les effets néfastes. Soixante-dix pages, bibliographie, notes explicatives, illustrations et sommaire non inclus. Elle le soutiendrait au mois de juin.

Cela, elle ne le dit pas, se contenta de rassembler ses affaires pour libérer une moitié de table et jeta un coup d'oeil sur les ouvrages qu'il avait déposés sur le coin de la table. Pharmacologie et toxicologie également. Elle arqua légèrement un sourcil, et eut un rictus en reconnaissant un des ouvrages qu'elle avait parcourus et qu'elle avait écarté à cause de son inexactitude crasse, mais son visage n'exprimait rien quand elle reporta son attention sur lui.


  • Et vous ?
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
avatar



Welcome to my life (PV Jonathan) Empty
MessageSujet: Re: Welcome to my life (PV Jonathan)   Welcome to my life (PV Jonathan) EmptyDim 07 Fév 2010, 02:15

Jonathan eut un léger sourire à la réponse de la jeune matrice. "Les effets à long terme des psychotropes hallucinogènes sur la psyché humaine avec référence particulière aux opiacés." Voyez-vous ça … Il semblait qu'elle et lui partagent quelques intérêts communs, souligna-t-il en son fort intérieur avec un léger rictus.

Tout un programme … Sujet d'un mémoire quelconque, je suppose ?

Si la jeune fille semblait plutôt de l'âge à fréquenter le lycée, elle avait probablement sauté quelques classes, au vu de ce qu'il avait pu lire de ses travaux. Il ne manqua pas le rictus qui alluma un instant ses traits lorsque son regard passa sur les ouvrages qu'il avait entreposés sur sa table, indiquant assez clairement qu'elle flairait une faute. Deux qu'il avait déjà parcouru précédemment, un qu'il connaissait de mémoire presque photographique, emprunté pour vérifier une référence, quant aux autres, il ne les avait pas encore feuilletés. Mais c'est que mine de rien, cette gamine était passablement désagréable … Jonathan la jugea rapidement, s'attardant sur ses cheveux détachés, ses lunettes, et des yeux bleus qui lui était un peu familiers, même s'il n'aurait trop su dire d'où, son air de ne pas en démordre et la demi-page de notes serrées qu'elle avait prises en mettant à profit le temps qui l'avait séparée du moment où il avait pris la parole. Si elle état encore dans le milieu scolaire, elle tait probablement cordialement détestée. Sur quoi travaillait-il, lui ? Pas si éloigné du sujet de recherches actuel de cette dernière.

Oh, je ne travaille pas, j'avais juste besoin de quelques volumes pour caler un meuble de mon appartement, répondit-il avec un sourire éminemment sarcastique. J'étais en train de déterminer lequel de ces livres avait la couverture qui s'accordait le mieux avec un joli bleu riviera. Dans ce département, voyez-vous, les livres ont une couverture plus épaisse, ce qui a l'avantage d'offrir un meilleur amorti.

Il nota cependant que la jeune fille avait fait l'effort de libérer la moitié de la table … Haussant les épaules, après tout, pourquoi pas – il s'installa à la table, tirant près de lui la sacoche de cuir qu'il avait déposé au sol le temps de prendre les ouvrages dont il avait besoin. Il sortit ses notes et entrepris de se mettre au travail – même s'il s'adonnait à des activités dépassant clairement le cadre de sa liberté conditionnelle, de toute manière, lui seul pouvait relire et comprendre ses travaux. Il avait commencé les expériences sur l'un des deux rats qu'il avait transférer de son appartement à son bureau à l'hôpital, prétextant qu'ils l'aideraient à mettre en confiance les plus jeunes patients : c'était bien le genre de choses qu'il préférait tenir si loin du regard d'Abberline qu'il le pouvait. Il avait modifié certains dosages dans sa toxine pour qu'elle agisse plus sur les souvenirs personnels de ses victimes – une idée qui lui trottait dans la tête depuis sa malencontreuse expérience au fleuve – pour s'apercevoir, que, durant la nuit, son cobaye s'étant retourné contre son compagnon, qu'il avait joyeusement massacré. La dernière chose qu'il souhaitait, c'était prendre le risque que ses victimes se retournent contre lui … Il avait donc profité de ce jour où il n'était pas de garde pour venir ici se pencher plus attentivement sur le problème.

Jonathan fronça les sourcils, relisant le même paragraphe, il venait de s'en apercevoir, pour la seconde fois d'affilée. Ses pensées s'étaient égarées sur la jeune génitrice assise en face de lui. Il y avait quelque chose, chez elle, qui lui déplaisait au point d'en être presque épidermique. Quelque chose dans son physique, plus particulièrement, qui lui évoquait quelque chose -ou quelqu'un sur lequel il ne parvenait pas à mettre le doigt. Peut-être était-ce la petite sœur de quelque mauvaise connaissance ? Non, c'était plus ancien que ça, et à la fois plus proche. Il envisagea de lui demander son nom - mais ce n'était probablement rien, c'était stupide ... Continuant sa lecture en diagonale, il finit cependant par refermer l'ouvrage avec un claquement sec. Ce bouquin ne valait rien. Il glissa les doigts dans la pile au coin de la table, s'emparant du troisième en partant du haut, tout en laissant son regard dériver sur la seconde occupante de la tablée.


Je suppose que vous allez vous débarrasser de l'excédent de bagages pour continuer votre cursus ? - finit-il par interroger, à demi par raillerie, à demi par curiosité.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
avatar



Welcome to my life (PV Jonathan) Empty
MessageSujet: Re: Welcome to my life (PV Jonathan)   Welcome to my life (PV Jonathan) EmptyLun 08 Fév 2010, 19:16

Sinead rajusta ses lunettes d'un geste machinal et rebaissa la tête sur ses notes, lâchant simplement :

  • Thèse.


Bon, en disant mémoire, il n'était pas loin... Elle n'en était pas encore officiellement au doctorat... Mais ça, elle n'était pas forcée de le lui dire. Elle devinait qu'il l'observait. Qu'il la jaugeait. Que pouvait-il bien penser d'elle ? Probablement - comme tous ceux qu'elle avait pu rencontrer dans une situation similaire, qu'elle était une sale petite peste, pédante et orgueilleuse. Ce qui n'était d'ailleurs pas complètement éloigné de la vérité. Peste, elle savait l'être. Orgueilleuse, elle l'était assurément. Pédante, c'était une autre histoire. Si c'est être pédant que d'assumer avoir des connaissances supérieures à la moyenne, alors oui, Sinead était pédante et fière de l'être. Tournant la page, sans relever la tête, elle eut un sourire amusé à sa remarque et répliqua :

  • Oh alors vous en avez un ici qui fera parfaitement l'affaire. Le seul intérêt du Traité de Chimie organique de Liebig, c'est sa couverture bleu roi qui fera un joli camaïeu. Sinon, il faut bien dire qu'il est passablement dépassé. Enfin, depuis 1840, je suppose qu'on peut lui pardonner...


Elle avait repris son travail de copiste, son crayon courant sur le papier presque aussi vite que ses yeux passaient d'un mot à l'autre. De temps à autres, elle s'interrompait pour noter une interrogation ou une hypothèse dans la marge, soulignée d'un trait net pour mieux s'en souvenir. Ayant rempli trois pages de notes de son écriture serrée, elle referma enfin le volume et s'assit un instant, ôtant machinalement ses lunettes et relisant ses notes d'un air absent. Depuis quinze jours, elle travaillait froidement sur le meilleur moyen de donner une petite leçon à une des étudiantes qu'elle avait sous sa responsabilité en tant que tutrice en chimie. Une blonde peroxydée, capricieuse et odieuse poupée Barbie, dont les parents trop indulgents sacrifiaient au moindre froncement de sourcil et dont Sinead se demandait par quel miracle - ou quel pot-de-vin - elle pouvait se trouver à un tel niveau d'études, tant sa tête était vide - autant que son porte-feuilles était plein. Cette petite oie avait commis l'erreur de faire de Sinead la cible de ses railleries. Et si la réplique de l'adolescente avait eu pour effet immédiat de clouer le bec à l'insolente, il n'était pas dans les habitudes de Sin de laisser quiconque se moquer d'elle impunément. D'autres que cette ancienne cheerleader à la cervelle de saurien en avaient déjà fait l'expérience, songea-t-elle avec un sourire mauvais. Le résultat des recherches qu'elle menait actuellement devait lui permettre d'obtenir un petit mélange intéressant, habile croisement entre sérum de vérité et aphrodisiaque, qui devait lever les inhibitions de la garce suffisamment pour la tourner en nymphomane sans retenue. Le spectacle promettait d'être intéressant...

Sinead retint un petit rire, se releva et rechaussa ses lunettes pour se remettre au travail, reprenant le cahier que Jonathan avait précédemment feuilleté. Elle parcourut ce qu'il avait marqué au crayon dans la marge et fronça les sourcils. Funérailles, il était presque arrivé à la bonne solution... Elle eut un frisson en imaginant qu'il y parvienne... Elle releva les yeux vers lui un court instant. Pourquoi l'avait-elle ainsi implicitement invité à s'installer à sa table ? Probablement pour sembler normale - détachée. Pourtant elle ne l'était pas. Non qu'elle ait eu à proprement parler
peur de lui. D'une part, ils étaient dans un endroit public, et il y avait suffisamment de monde pour qu'elle soit à peu près tranquille. D'autre part, elle gardait toujours à portée de main de quoi se défendre en cas de besoin. Quelque chose de plus élaboré qu'un simple spray au poivre, évidemment. Une petite mixture signée Sinead Keeny. Mais il y a tout de même quelque chose d'étrange à se retrouver à la même table que l'homme qui a tenté de vous tuer sans le moindre remord plus de dix ans plus tôt...

Elle se repencha sur l'un des ouvrages étalés devant elle et se mit à le feuilleter à la recherche d'une référence particulière. Machinalement, elle plongea la main dans son sac, posé devant elle, et en retira son inhalateur - le bon, pas celui qui contenait sa dernière expérience en date - pour enrayer la crise d'asthme que la poussière ne risquerait pas d'éveiller d'ici quelques secondes. Bonne initiative, car c'est à cet instant que son vis à vis choisit pour lui adresser de nouveau la parole. Sinead manqua de lui répliquer qu'elle ne s'appelait pas Karen,
elle, mais se retint, peu désireuse de révéler de cette manière qui elle était. Elle prit donc le temps d'inhaler une dose, avant de répondre d'un temps indifférent tout en continuant à parcourir rapidement l'ouvrage :


  • Si j'avais voulu m'en débarrasser, je l'aurais fait il y a déjà six mois et je serais actuellement à Atlanta à m'arracher les cheveux sur l'inutilité de ma génitrice plutôt que d'être remontée me geler dans cet état perdu. Mais je suis plutôt adepte du système DTA.


Atlanta. La gaffe. Elle venait de lâcher une énorme information. Bon, certes, elle avait un accent du Vieux Sud assez prononcé. Mais malgré tout, elle aurait mieux fait de ne pas préciser qu'elle venait de Géorgie. Enfin. C'était fait. Elle perdrait moins la face en faisant comme si cela ne comptait pas. Coinçant son crayon entre ses dents, elle referma l'ouvrage et le posa sur le dictionnaire médical avant de se saisir d'un épais livre en russe.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
avatar



Welcome to my life (PV Jonathan) Empty
MessageSujet: Re: Welcome to my life (PV Jonathan)   Welcome to my life (PV Jonathan) EmptySam 20 Mar 2010, 04:01

La critique de l'ouvrage de Liebig s'était élevée à la « hauteur » du bouquin en question, comme il avait lui-même pu le constater. Un point. Jonathan eut une ébauche de sourire. Loin de l'énerver, comme il soupçonnait que ce soit le cas avec d'autres de son entourage, le mordant de cette gamine l'amusait. Il la soupçonnait de ne pas s'être fait que des amis, à l'université. Il y avait autre chose, cependant. Il avait le sentiment de la rendre nerveuse – la sensation qu'elle était sur ses gardes, lorsqu'elle lui parlait, et il devait avouer que cet élément l'intriguait. N'était-ce pas elle-même qui l'avait "invité" à sa table ?A moins que ce ne fut justement pour sembler naturelle … Il avait laissé échapper un léger ricanement lorsque cette dernière l'avait repris.
 

Mémoire, thèse … Peu importe. Vous n'êtes pas venue pour avancer dans les activités scolaires, de toutes manières, conclut-il avec un léger haussement d'épaules.
 
Au regard qu'eut la jeune matrice en posant les yeux sur les notes modifiées par ses soins il sut qu'il n'était pas loin de la vérité, et il esquissa d'instinct un sourire un brin prédateur. Sourire qui faiblit dès que le nom de la ville d'Atlanta s'immisça dans la discussion. Certes, son accent suggérait bien qu'elle avait des origines qui n'étaient pas si éloignées des siennes, mais le nom de la capitale de la Georgie, évoquaient de désagréables souvenirs dans son esprit. Une ville moins moderne et moins peuplé, les champs de ce qui restait de l'exploitation familiale, la vieille chapelle et le manoir délabrés qui exalhait une odeur malsaine d'humidité du moindre pan fissurée de lézardes, ridiculement nombreuses … Comme pour se moquer du portrait de Mary Keeny qui trônait encore près de l'escalier, absurdement sévère et digne dans la sécurité illusoire de sa toile aux couleurs passées, au cadre de bois sombre dont les années avaient usé depuis longtemps l'éclat. Le souvenir de celle qui avait été immortalisée s'imprima un instant dans son esprit, fantôme du temps où Mary Keeny avait était jeune, et belle malgré son port un peu trop droit car ses traits n'étaient pas encore marquées par l'austérité et les années qui avaient cernés ses yeux, mordu de rides les coins de ses lèvres pincées tandis que son port se raidissait d'avantage, refusant de s'affaisser. Familière.
 
Ses doigts se figèrent le temps d'un instant et il déglutit avec un bruit qui résonna dans le blanc de son esprit comme s'il avait empli le silence de la bibliothèque, ses yeux remontant presque instantanément pour se poser sur le visage qui lui faisait face. Sans la cascade de cheveux châtains qui pavanait glorieusement, libre de toute entrave, sans l'expression radicalement plus vivante de son visage, la fille qu'il avait devant lui était la réplique exacte du portrait de son arrière-grand-mère.

 
Atlanta - vous y résidiez depuis combien de temps ?, lâcha-t-il sèchement, avant d'avoir eu le temps de se l'interdire.
 
Il se maudit instantanément d'avoir eu l'affront de vocaliser ses doutes. Même maintenant, la stupidité d'être même effleuré par ce type de pensées se posait à ses yeux comme une évidence des plus élémentaires. Malgré tout, il avait eu trop souvent le portrait sous les yeux, y cherchant presque malgré lui les ressemblances, ou plus exactement les différences, pour embrasser la possibilité, plus avenante, qu'il ait pu se tromper. Le premier réflexe de Jonathan avait été de se demander si elle ne manigançait pas quelque chose, mais il avait pu remarquer un léger trouble, l'espace d'un instant, sur le visage de la jeune fille – comme si elle avait laissé échapper une information superflue. Peu étonnant : si elle avait bel et bien fui le foyer maternel, elle devait se trouver sous le coup de la loi. Il se redressa légèrement sur sa chaise pour un peu mieux l'observer.


Et c'est à cette fameuse génitrice que votre "devoir à la maison" est destiné ? Plutôt mesquin de s'en prendre à ses géniteurs. Bel exemple pour le futur rejeton. C'était bel et bien destiné à quelqu'un, ou elle ne se serait pas donné autant de mal pour le crypter. Probablement pas à sa mère, cependant. A moins que ce fameux "système DTA" ne permette aussi de gérer ce genre de cas.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
avatar



Welcome to my life (PV Jonathan) Empty
MessageSujet: Re: Welcome to my life (PV Jonathan)   Welcome to my life (PV Jonathan) EmptySam 20 Mar 2010, 18:01

Sinead, penchée sur son ouvrage, ne put s'empêcher d'avoir un rictus amusé face à la remarque de Jonathan sur les "activités scolaires" et lâcha :

  • Je dirais volontiers que j'ai passé l'âge, mais ce n'est malheureusement pas vrai.


Elle avait repris son travail de copiste, jonglant entre trois ouvrages dont, pour l'heure, elle croisait les informations, revenant régulièrement au dictionnaire médical. Son but n'était pas de tuer, mais d'humilier sa victime. L'humilier durablement, définitivement, qu'elle n'ose plus jamais se regarder dans la glace, cette sale gosse de riches, avec ses bijoux Tiffany's, ses cheveux décolorés et sa poitrine siliconée depuis l'âge de quinze ans ! Ses lèvres s'ourlèrent en une moue de profond mépris à cette pensée. Mademoiselle se pavanait avec sa Porsche, ses stilettos et ses micro-jupes, mais n'était pas foutue de faire une décantation correcte... et ça se voulait biochimiste ! Pcha ! Laissez-moi rire ! la seule réaction chimique qu'elle pourrait obtenir était celle de sa peau entrant en contact avec son parfum, et encore, le parfum virait systématiquement. Et cette petite garce se permettait de... de...

Ce fut un "snap" et une légère douleur dans les doigts qui la ramenèrent à la réalité. Baissant les yeux, elle s'aperçut qu'elle venait de casser son crayon en deux. Elle soupira, maudissant par-devers elle ce manque de contrôle - restons calme, jeune fille. Seule les faibles perdent ainsi la maîtrise de leurs nerfs - et par souci d'économie, tira un taille crayon de sa trousse de cuir rapé pour transformer la moitié cassée en second crayon, qu'elle glissa ensuite dans ladite trousse. Elle ne pouvait se permettre de jeter quelque chose qui pouvait encore servir. Pas tant qu'elle n'aurait pas touché ses premières payes.

Elle entendait se remettre au travail, quand Jonathan lui posa une question. Et bien qu'elle ne le regardât pas, la sécheresse du ton lui donnait à penser que l'orage se rapprochait dangereusement. Il venait sans doute de faire le lien avec quelque chose, dans ses souvenirs... S'efforçant de garder un visage le plus neutre possible, elle fit mine de chercher dans sa mémoire.


  • Voyons... une dizaine d'années. Onze ans, très précisément.


Elle jouait avec le feu. Elle le savait. Il eut certainement été plus prudent de mentir, de donner une autre date... Mais d'instinct, elle savait que c'était inutile. S'ils devaient vivre dans la même ville, ils se recroiseraient. Et s'il était aussi opiniâtre qu'elle l'imaginait, il finirait par découvrir la vérité. Pourtant, elle n'entendait pas annoncer tout de go qui elle était. Réflexe de protection, sans doute ridicule.

Elle allait se replonger dans ses recherches, quand il parla à nouveau. Elle ne put tout à fait retenir le rictus ironique qui vint étirer ses lèvres quand il évoqua la "mesquinerie" qu'il y avait à s'en prendre à ses géniteurs. Dit celui qui n'a pas hésité à s'en prendre à sa propre mère et à menacer de tuer sa demi-soeur. L'hôpital qui se fout de la charité... Reposant son crayon et ses lunettes, elle répondit froidement :


  • Je préfère lui donner un mauvais exemple que de le voir enterré au fond du jardin. Elle marqua un temps. Cela dit, elle est inutile, lâche, veule et pathétique, mais ne vaut pas qu'on prenne la peine d'élaborer quoi que ce soit pour se débarrasser d'elle. L'obliger à se débrouiller seule - ce qu'elle n'a jamais su faire en quarante-huit ans d'existence - est déjà une punition suffisante.


Rebaissant les yeux et reprenant ses lunettes, elle lâcha d'un ton absent :

  • Et pour information, DTA signifie "Débrouille-Toi et Assume."
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
avatar



Welcome to my life (PV Jonathan) Empty
MessageSujet: Re: Welcome to my life (PV Jonathan)   Welcome to my life (PV Jonathan) EmptyJeu 01 Juil 2010, 18:19

Démerde-toi et assume, hein ? La formule avait au moins le mérite d'être claire, et probablement des plus réaliste au vu des moyens financiers que la fillette devait posséder. La gamine avait un sens de la répartie intéressant, qui lui rappelait Jordan par certains côtés, et sans ce petit je ne sais quoi qui le titillait depuis un moment déjà il aurait presque pu en venir à l'apprécier. Sans compter qu'ils avaient indéniablement des centres d'intérêts communs, ne serait-ce qu'au niveau des activités extra-professionnelles. Au vu de la description de sa génitrice - il retint une grimace à l'évocation de l'enterrement dans le jardin - il était d'ailleurs étonnant qu'elle ne lui ait encore rien destiné. Malgré le détachement qu'elle affichait lorsqu'elle parlait de cette dernière, il était évident que son mépris à son égard était bien trop conflictuel pour tenir de la simple indifférence. Si lui n'avait pas eu l'occasion de tester le résultat de quelques expériences sur la sienne, ce n'était pas à défaut d'avoir essayé ...

Intéressant portrait. Peu étonnant que vous ayez jugé préférable de fuir sa compagnie, constata-t-il en tournant une page de son livre. Il esquissa l'ombre d'un sourire. Il semblerait qu'elle se rapproche quelque peu de ...

Jonathan s'interrompit. Onze ans … Il aurait dû porter plus d'attention au chiffre, bien plus tôt. Et sa ressemblance avec Mary Keeny … La solution était évidente, et elle aurait dû lui sauter à l'expression depuis longtemps déjà. Jonathan fronça les sourcils, marquant un nouveau temps d'arrêt. Oh non, non. L'âge ne correspondait pas, quoi que … Jonathan rassembla les souvenirs qu'il gardait de l'avorton. Se pourrait-il qu'elle ait été plus âgée qu'elle n'y paraissait ? Il ne put retenir un léger rictus. Après tout, Karen avait le chic pour garder une hygiène de vie suffisante durant sa grossesse pour mettre au monde ce genre d'avortons rachitiques, n'est-ce pas ? Il fit un rapide calcul, augmentant sensiblement l'âge du rejeton blond, et s'aperçut que l'hypothèse tenait tout à fait la route. Il releva les yeux vers son interlocutrice pour l'observer de nouveau. Sa demi-sœur ? Non. La fille de Karen. Et si c'était réellement le cas, cela faisait de la chose qui se trouvait actuellement dans son ventre … Ce fut au tout de Jonathan de manquer de casser son stylo. Non. Il allait définitivement faire l'économie de ce genre de pensées.

Après tout, il aurait probablement dû s'y attendre. Karen était vouée à se reproduire, et il était des plus logique que sa descendance forme à son tour sa propre descendance, et ainsi de suite. Que ces derniers viennent emménager dans la même ville que lui,cependant, cela n'entrait définitivement pas dans les règles du contrat, quel qu'il soit. Karen était libre d'engendrer ce qu'elle voulait – tant que cela restait tranquillement à Atlanta. Bon, cependant, s'il y en avait bien actuellement un – deux – en face de lui, il ferait peut-être mieux de lui adresser la parole de nouveau, avant qu'elle ne se demande pourquoi il la fixait sans ciller depuis cinq bonnes minutes. Se forçant à sortir de ses pensées, il referma son livre, le reposant sur la table en posant ses lunettes sur le quatrième de couverture. Puis relevant les yeux vers la jeune matrice, il demanda avec un calme olympien, esquissant un rictus déplaisant.


Comment va Karen ?

Il ne put s'empêcher de prendre un certain plaisir à noter que Karen avait quitté son trou immonde peu après leur brève mais intense entrevue. Au moins sa fille semblait avoir sensiblement plus de caractère que cette dernière. Ce qui n'était pas si étonnant en soit, si l'on tenait compte du fait qu'elle ait dû survivre à ses gémissements depuis plus d'une dizaine d'années ...
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
avatar



Welcome to my life (PV Jonathan) Empty
MessageSujet: Re: Welcome to my life (PV Jonathan)   Welcome to my life (PV Jonathan) EmptyLun 05 Juil 2010, 18:26

L'espace d'un instant, Sinead espéra que la tempête allait s'éloigner. Plongée dans son travail, elle demeurait néanmoins aux aguets, sachant pertinemment qu'il ne s'agissait que d'une question de secondes avant qu'il ne réalise qui elle était, leur lien de parenté et ce que cela signifiait. Elle s'arrêta un instant, en apparence absorbée par le déchiffrage - ardu, il est vrai - d'un article en russe, mais en réalité songeuse. Leur échange jusqu'ici avait été savoureux. Mais Sinead n'avait aucun doute à ce sujet, comme elle n'avait aucun doute quant au niveau intellectuel de son aîné.

Lors de ses années lycée et de ses premières années à l'Université d'Etat de Géorgie, l'adolescente s'était un peu penchée sur le cas de ce demi-frère qui faisait si peur à sa mère. Elle s'était aperçue, en fouillant un peu les archives diverses et variées, que leur parcours n'avait pas été si différent. Bachelier à 14 ans, lecteur en psychologie à 18 ans, Bachelor's Degree à 19, première année de PhD... et une carrière prometteuse tuée dans l'oeuf à cette époque. Un accident de parcours regrettable. Après avoir disparu des cartes pendant quelques années, il réapparaissait, titulaire d'un PhD en pharmapsychologie, à l'âge de 26 ans. Psychologue à l'asile d'Arkham, puis expert psychologique près les tribunaux de Gotham City, et enfin chef de la psychiatrie d'Arkham à 28 ans... Un palmarès pour le moins impressionnant.

Sinead, bien qu'elle s'en défendît, était assez admirative. Jonathan, bien que parti avec un handicap non négligeable, avait réussi à s'élever de façon fulgurante sur l'échelle sociale. Bon, sans doute ses méthodes n'avaient pas souvent été orthodoxes -- et elle était bien placée pour en parler -- mais le résultat n'en demeurait pas moins le même. Et puis à quoi bon prendre des gants avec les autres quand les autres n'en ont jamais pris avec vous ?

Lors des années passée à Atlanta, l'adolescente s'était plus d'une fois demandé comment aurait été sa vie si Karen avait eu le cran de garder son fils. Mais elle se heurtait toujours à cette évidence : si Karen avait gardé Jonathan, elle n'aurait certainement jamais épousé Charlie et elle-même ne serait alors pas née. De même, elle s'était plus d'une fois demandé comment pourrait se passer une rencontre avec lui. Si elle n'avait pas su qui il était, Sinead l'aurait très certainement apprécié. Mais elle n'était pas surprise du tour que prenait la conversation.

Lorsqu'il s'interrompit, Sinead se figea. Il venait de comprendre. Elle reposa doucement son crayon et regarda sa montre. Elle laissa échapper un soupir.


  • Six minutes et environ douze secondes. Je suis presque impressionnée.


Elle releva les yeux et le regarda attentivement et franchement pour la première fois depuis le début de l'entretien. Il n'était pas difficile pour la jeune fille de suivre sur son visage l'évolution presque prévisible de ses pensées. Elle eut un rictus un peu amer en remarquant la crispation de ses doigts. Il devait probablement avoir fait le lien de parenté avec son fils. Non que Sinead se fût attendue à ce qu'il accueillît la nouvelle avec joie... Mais on pouvait difficilement faire plus évident que sa réaction comme rejet. Et Sinead, bien que rationnellement préparée, ne l'en recevait pas moins comme un crève-coeur. Confirmation s'il en fallait qu'elle ne devait rien attendre de sa famille.

Il avait hésité ce jour-là. Quelques secondes seulement. Mais il avait hésité à presser la détente. Et il avait ainsi perdu un temps précieux avant l'arrivée du voisin, un temps qu'il aurait dû mettre à profit pour l'éliminer -- qu'il avait
prévu de mettre à profit pour l'éliminer. Sinead n'avait jamais su pourquoi il avait hésité. Mais au fil des années, elle avait souvent regretté qu'il l'ait fait.

Elle rebaissa les yeux sur son ouvrage, mais le coeur n'y était plus. Il avait gâché son seul moment de paix de la semaine. Elle ne ferait plus rien d'utile aujourd'hui. Elle rangea ses crayons dans la trousse qu'elle glissa dans son sac, referma carnets et calepins, qui suivirent le même chemin, et commença à refermer et empiler les divers ouvrages avec une certaine lassitude. Lorsqu'il lui adressa enfin la parole, elle ne releva pas les yeux. Elle lâcha seulement avec un vague rictus méchant :


  • Je l'ignore et je n'en ai cure. Si elle n'est pas en désintoxication, elle doit déjà avoir levé le nouveau bovidé qui lui servira d'inséminateur pour son prochain avorton. Un de plus, ajouta-t-elle plus bas avec un ricanement de dégoût. Un cas social restera toujours un cas social.
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé





Welcome to my life (PV Jonathan) Empty
MessageSujet: Re: Welcome to my life (PV Jonathan)   Welcome to my life (PV Jonathan) Empty

Revenir en haut Aller en bas
 
Welcome to my life (PV Jonathan)
Revenir en haut 
Page 1 sur 1
 Sujets similaires
-
» Pourquoi Jonathan
» Blog du Dr Jonathan Crane
» Here I go to a new life... [Sirius]
» Because life alone is boring
» New Life, New Home

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
109, rue du Septième Art :: Hors-Jeu :: Le cimetière des RP-
Sauter vers:  
Ne ratez plus aucun deal !
Abonnez-vous pour recevoir par notification une sélection des meilleurs deals chaque jour.
IgnorerAutoriser