un Rendez-vous haut en couleur [Greg House et ceux qui veulent]

Invité

Dans les rues sombres de la ville où il venait de s'installer, Barney traînait des pieds, rythmant sa ballade d'un écho quasi harmonique et trahissant un plaisir certain à se rendre là où il allait.
Dans sa tête, virevoltaient déjà des vêtements féminins et se trémoussaient enfin des corps quasi nus de femmes aux formes parfaites. Le paradis était au bout de la rue que longeait notre compère et il le savait. Justement, de là où il se trouvait, il pouvait voir la lumière des néons roses et bleus clignoter, attirant tout de suite l'oeil, donc le client, donc le pognon du client.

Plus il s'approchait plus l'excitation le prenait, il se voyait déjà au bas de la barre ou se produisent ces divines créatures, sirènes de la luxure, appelant les mâles avec leur corps et dévorant ses billets avec appetit ... Oui Barney le savait, et oui il aimait ça.

Ca y est, il se tenait devant la porte. Les papiers présentés, il réajusta le col de son costume noir et sa cravate fine de la même couleur. Il s'agissait maintenant de retrouver l'homme de la salle de sport. Un coup d'oeil à sa montre, ça fait tout juste deux heures qu'ils se sont quittés. Barney sourit alors, relevant les yeux sur la salle pleine, l'air saturé d'une musique electro. Sur la droite, une fille, a peine vêtue de quelques morceaux de tissu, disparait derrière une porte, suivie d'un homme. Ah le lap-dance, quel pied, mais ça sera pour un peu plus tard.

Tel un enfant pour un jouet, regardant tout autour de lui les yeux pleins d'étoiles, il est comme attiré par une des barres de strip-tease. Sur celle-ci évolue une petite brune, un petit canon, un peu métisse. Elle ne porte en tout et pour tout qu'un string, qui ne ferait pas long feu, et une jarretière remplie de dollars.
C'est ça qu'un homme normal aime. Donner des ordres destinés à assouvir un fantasme passager, tout cela souligné de quelques dollars. Et le coup de ne pas pouvoir toucher c'est d'une excitation énorme de ne pas pouvoir avoir ce qui est à portée de main !
Enfin bon, Barney aimait cet endroit et la fille au dessus le lui rendait bien, à moins qu'elle n'ai vu le porte feuille bien garni de ce dernier. Il ne manquait plus que Greg pour profiter à fond, s'il il venait ...

Il est des endroits qui rassurent. Ceux que l'on connait par coeur, dans lesquels on aime passer des heures à examiner des détails insignifiants, juste pour se rassurer, pour se donner l'illusion d'un "chez soi". Pour Charles Bass, ces endroits rassurants se ressemblaient tous. Pour la plupart, ils étaient mal éclairés et on y servait des boissons alcoolisées.

Qu'ils se trouvent au cœur de New-York, ou comme ici, un peu plus à l'écart de l'agitation mondaine, les clubs et les boîtes de striptease étaient le premier foyer du jeune homme. Il avait toujours pu y trouver des amies prête à déshabiller ses craintes et à offrir leurs conseils sans pudeur. C'est dans ce genre d'endroit que Charles Bass avait passé une bonne partie de sa jeunesse, un verre de vieux malt à la main et une femme à chacun de ses côtés.

Ce soir comme tant d'autres, Charles Bass était donc chez lui: dans un coin du club, sur une banquette qui lui était réservée. Une poule aux cheveux auburn s'évertuait à dénouer le noeud trop serré de la cravate du dandy qui n'avait d'yeux que pour le spectacle qui se déroulait sur scène: une jeune femme aux cheveux blonds dénoués, s'évertuait, la tête en bas à nettoyer le sol de ses boucles dorées. Elle avait les jambes écartées et ses petites mains étaient son seul lien avec la barre en métal brillant. L'espace d'un instant Chuck se laissa emporter par ses fantasmes, il s'imaginait avec cette blonde, dans son king size, dans une pièce recouverte de miroirs. Fermant les yeux et resserrant légèrement ses doigts sur son verre, Chuck se laisse aller à ses pensées. Son nœud de cravate se desserra comme par magie et une langue vint se loger dans le fond de sa gorge. La femme que Chuck s'était offert ce soir là savait y faire. Et elle avait plutôt intérêt d'y mettre du sien, Charles Bass était connu pour être un bon payeur, très bon même, il n'avait donc aucun problème pour obtenir ce qu'il souhaitait de celle qu'il désirait. Un soupir d'aise et Charles ouvrit de nouveau les yeux, la fille s'évertua à fouiller le creux de son cou à la recherche de l'une ou l'autre sensation qui pourraient lui rapporter encore plus de billets verts...

Pffffff ! Il avait fallu le temps, mais Gregory avait finalement pu se débarrasser du procureur Edgeworth. Un coriace, celui-là ! Le juge Winston avait au moins le mérite de ne pas faire chier. Mais le principal, c'était que House était libre comme l'air et presque pas en retard à son rendez-vous avec Stinson.
La prochaine fois, il refuserait toute entrevue arrangée par Cuddy, ça c'était certain !

Une fois libre, Greg était allé le plus vite possible - sachant qu'en boîtant, c'était pas vraiment évident de courir - chercher sa moto pour foncer en ville, à la boîte de strip-tease qui n'attendait que lui. Sachant que la soirée serait payée par Barney, c'était plutôt motivant... surtout que le lieu en lui-même offrait déjà pas mal de motivations à la base...

Bref. Le diagnosticien gara son véhicule sur le parking privé de la boîte, et avait rapidement rejoint l'entrée où le videur l'avait laissé passer sans problème. Après tout, il faisait largement plus de 21 ans, alors, pas de quoi le laisser dehors.
Une fois à l'intérieur, Greg put constater que les danseuses dévêtues étaient d'excellentes contorsionnistes et que les lap-dances avaient ici de quoi vivre une heure de gloire, voire plus. Et son regard se posa sur une tête blonde surmontant un costard. Une tête visiblement très concentrée sur une danseuse plutôt bonnasse qui était aussi douée pour exciter les mâles que Greg pour diagnostiquer. C'était souvent comme ça quand on transformait une passion en profession, donc, c'était plutôt normal.

En se dirigeant vers son nouveau pote, House passa devant un jeune homme qui se faisait lécher les amygdales, puis le creux du cou, par une blonde apparemment entreprenante. Eh, faut bien gagner de quoi s'acheter son McDo ! Se penchant à l'oreille de la blonde, Greg lui souffla :

"Descendez un peu plus bas et votre soutard sera vite rempli de billets verts."

Consultation gratuite, comme on dit dans ces cas-là. Et le médecin continua à avancer vers son objectif... Barney Stinson. Pourtant, soit dit entre nous, dans un tel endroit, il avait bien envie de se diriger vers la méditerranéenne qui se trémoussait sur une petite scène éclairée de flashes colorés. Pas loin de Stinson, justement.
Pas plus de deux minutes plus tard, House posa les fesses dans le fauteuil voisin de celui de Barney. Et à proximité de la stripteaseuse qui roulait des épaules et des hanches en le regardant désormais.

"Sorry pour le retard, Stinson. Ma boss avait planqué un procureur dans mon bureau."

Lorsque vous êtes plongé dans les abysses de vos fantasmes, voir un boiteux susurrer des informations à votre partenaire du moment n'est pas très plaisant. C'est pourtant ce qui arriva à Chuck Bass. Le jeune homme entendit très distinctement une voix masculine et virile s'adresser à la fille qu'il venait de s'offrir. Ouvrant les yeux, Charles aperçu une silhouette qui s'éloignait vers l'une des tables voisines de la sienne. L'homme était de taille moyenne et vêtu de façon banale, le seul détail qui attira l'attention du milliardaire fut la démarche de ce type: il se déplaçait à l'aide d'une canne.

Pendant que sa "compagne" tentait de mettre à profit les enseignements de l'individu claudicant, Chuck Bass sentit poindre en lui plusieurs sentiments négatifs. Tout d'abord une pointe de dégoût. Si cette fille ne savait pas imaginer ses tactiques de séduction elle même, elle n'avait plus aucun intérêt. Payée d'avance ou pas, Chuck avait déjà envie de s'en débarrasser. Un certain énervement s'installa également, Charles n'aimait pas qu'on se mêle de ses affaires, qu'elles soient sexuelles ou non d'ailleurs. Charles posa ses yeux sur la gonzesse qui faisait son job sur ses genoux:

-"Je n'ai plus besoin de tes services Bernadette"

Ravalant sa langue, la fille émit un soupir facilement audible mais, sachant très bien qu'elle avait déjà dans son sac à main plusieurs milliers de dollars, elle décida de ne pas se faire prier et rajusta la bretelle de son soutien-gorge avant de chercher un autre pigeon au portefeuille fourni.

Par le plus grand des hasard inattendus, Bernadette jeta son dévolu sur un quinquagénaire mal rasé qui portait des chaussures de sport et une canne. Tortillant son postérieur Bernie vint frotter ses attributs sur les épaules du type qui, quelques minutes auparavant lui avait donné un conseil.

Charles Bass quant à lui observa la scène de son fauteuil. Faisant tourner les glaçons qui fondaient dans son verre de whisky, il ne put s'empêcher de penser que les filles dont il ne voulait plus suffisaient sans doute aux autres...

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