Bad fiction (The Doctor)

Alex avait accepté qu’on l’inscrive à l’université du secteur bien qu’il n’y voyait absolument aucune utilité. L’Etat de malade qui régnait sur sa cité d’origine et qui lui avait infligé ses dernières tortures avait encore sur lui ce petit pouvoir. Cela dit il n’y avait pas encore mit les pieds et avait l’intention de continuer à vivre comme avant, c'est-à-dire dehors, et à y jeter un œil de temps en temps, les jours d’ennui, une fois la grasse matinée usée. Bref, faire le mur. La différence étant que là bas les profs n’avaient jamais rien osé lui dire, par peur pour leur carrosserie de voiture et pour eux-mêmes sans doute, alors qu’ici la jeunesse semblait être un peu plus disciplinée et les adultes avoir un peu plus le contrôle. Il les éduqueraient si nécessaire.

Il profitait de sa nouvelle liberté. Pas que ça lui ai manqué toute sa vie, en réalité depuis qu’il sait marcher rien ne lui résiste, mais il aimait savoir son sang débarrassé du produit Ludovico, le poison qui l’avait empêché de vivre pendant de longs moments. Lui le jeune truand avait été incapable de faire du mal à la moindre mouche. Depuis son rétablissement il écrasait systématiquement le moindre insecte qui lui passait sous la main avec un bonheur non contenu. Il ne pouvait décemment se satisfaire de bousiller des bestioles toute sa vie mais à l’époque dorée où il pouvait passer à tabac qui il voulait, Alex avait autour de lui une bande d’amis pleins de disponibilité, une vraie petite escorte. Cet esprit de bande lui manquait. Tout seul il avait plus de chance de s’abîmer.

Le coin avait quelque chose de beaucoup moins sordide qu’en son ancienne cité. Ça puait moins, ça grouillait moins, c’était plus clair. Sauf le quartier là qui servait de rendez-vous aux travailleurs et où tous les deux pas on pouvait trouver un bon whisky sec et une compagnie plus ou moins ivrogne. Un chouillat caricatural le coin, il s’y serait senti comme chez lui s’il y avait eu un bon petit Molokov quelque part. Histoire de se remonter d’un grand verre de lait gonflé au LSD afin de bien démarrer la soirée et de rencontrer la jeunesse pimpante de ce bas pays. Alex aimait l’alcool mais ça ne lui faisait pas autant d’effet que le velocett et il était interdit aux mineurs en théorie.

Ses vêtements étaient ceux d’une mode passée, même chez lui. A savoir la salopette blanche lavée et repassée par les bons soins de la prison où il a séjourné puis par les responsables de l’hôpital dont il sortait il y a quelques semaines. Il avait trouvé un gros manteau dans une fripe qui lui permettait de dissimuler ce retard de style avant de pouvoir s’offrir les derniers éléments vestimentaires de la jeunesse d’aujourd’hui. Il y accordait une grande importance. Sa sacoche était pleine de disque vinyles, une partie de sa collection personnelle qu’il avait oublié à l’aéroport et venait de récupérer. Son fidèle épluche-légume était pendu à sa ceinture, la lame nue. Canne et chapeau melon dormaient dans ses cartons, déjà à l’immeuble.

Il n’y avait aucun clochard à cogner, aucune fille à remuer. Il errait comme un chien. En plus il était perdu, merde ! La familiarisation était mal partie !

Le Docteur avait reprit la chasse aux extraterrestres. La chasse aux extraterrestres ? Non, bien sûr que non. Le Seigneur du Temps n'avait pas dans ses habitudes de chasser quoi que ce soit...C'était d'ailleurs généralement le contraire qui arrivait, il fallait tout le temps que quelqu'un (ou quelque chose) lui court après il avait remarqué... et en général ce n'était pas pour des câlins et profusion d'amour. Non, le Docteur était de nouveau partit à l'encontre des problèmes, les vrais, ceux qui vous font marcher à l'adrénaline. Pas les problèmes comme 'Quelle ligne de bus faut-il prendre pour arriver là ?' (le genre de problèmes peu palpitant, mais que l'alien n'arrivait pas à résoudre...) non, ceux où l'on risquait de ne pas s'en sortir indemne. Parce que sérieusement, ici la pire chose qui pouvait arriver au Docteur c'était de louper le bus lorsqu'il en avait besoin pour se rendre à tel ou tel endroit de la ville (dire qu'il prenait le bus...bon sang, son TARDIS lui manquait plus que jamais). Quoi que, on risquait aussi de se faire attaquer par ses voisins, certains avaient l'air vraiment louche et étrange.
Peu importe, là n'était pas le problème de toute manière.
Alors que l'alien faisait les cent pas dans son vaisseau il avait scanné la zone et avait trouvé avec surprise les traces d'un baaraddelskelliumfatrexius. Il faut savoir qu'un baaraddelskelliumfatrexius n'avait rien à faire ici. Pour la simple et bonne raison que leur espèce avait disparu puisque les Raxacoricofallapatorians avaient continué à les chasser jusqu'à ce qu'il n'y en ai plus. Ce n'était pas une bête très dangereuse, mais elle risquait de semer la panique dans la ville puisqu'elle ressemblait à un écureuil géant avec beaucoup de pustules.
Il n'avait pas fallut plus d'arguments pour le Docteur qui avait sauté sur l'occasion de bouger un peu. Il avait attrapé son manteau, s'était armé de son timey-wimey detecor et était sortit du TARDIS pour traquer l'extraterrestre. Hum, pas le traquer non, juste voir deux ou trois détails avec lui comme ce qu'il faisait ici vu qu'accessoirement il était censé être mort et ce genre de petits détails.

L'oreille dans le 'combiné' de sa machine qu'il tenait à bout de bras le Docteur courrait dans les rues sans se soucier des regards surpris des personnes qu'il bousculait.
Sans sens rendre vraiment compte le Docteur se retrouva à dans des rues de moins en moins fréquentées et de plus en plus infréquentables. Mais même s'il l'avait remarqué il ne s'en serait pas soucié.

L'alien, toujours en courant, bouscula cette fois un jeune homme, il se retourna à peine marmonnant des excuses avant de brusquement s'arrêter. Mince, il avait perdu la trace du baaraddelskelliumfatrexius. En même temps c'est que ça court vite ces bestioles-là. Il fit volte face et alla se planter droit devant l'inconnu qu'il avait dérangé.

-Excusez-moi vous n'auriez pas vue un baaraddelskelliumfatrexius passer.. ? Une espèce de..eh...Ecureuil géant, avec beaucoup de pustules. L'extraterrestre plissa les yeux et mit son visage à la hauteur (et tout prêt) de celui du jeune homme marmonnant pour lui-même. Peut être qu'il utilise un filtre de perception. Dans ce cas il peut être n'importe qui. Il marqua une courte pause avant de brailler le doigt pointé vers le visage de l'inconnu: Ha !

Le Docteur recula d'un bond et fouilla un moment ses poches, sourcils froncés. Où l'avait-il mit. Après quelques fouilles infructueuses il sortit triomphalement un miroir. Enfin... ce qui aurait pu être un jour un miroir. Là il était brisé et tellement sale qu'on ne pouvait pas voir grand-chose s'y refléter. Il mit l'objet sous le nez du garçon.

-Vous voyez, le filtre à perception qu’il porte –si bien sûr il en porte un- lui donne une apparence humaine en manipulant les ondes cérébrales ce qui est redondant quand ils sont vus dans un miroir, d’où l’absence de reflet, par exemple si quelqu’un venait un jour à passer devant le TARDIS avec un miroir est bien il aurait conscience que mon vaisseau et là…Ah, j’ai le plaisir de vous annoncer que vous n’êtes pas un baaraddelskelliumfatrexius !