Quand les années ressemblent aux heures // PV James [Arrivée d'Eva au 109]

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Novembre 1951, Argentine

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Juan Perón est au pouvoir de la nation argentine depuis quelques années déjà. Son épouse et ancienne actrice, Eva Duarte de Perón, affectueusement appelée Evita par le peuple argentin, travaille et milite à ses côtés pour de nombreuses causes et mouvements sociaux et populaires. La première dame est devenue à elle seule l'objet d'un culte de la personnalité. Partout où elle passe, les ouvriers, les sans-chemises, les va-nu-pieds -ses descamisados, comme elle les appelle- la clament et l'acclament.

Pour le bien de sa nation et de son gouvernement, rien n'arrête Evita. C'est ainsi qu'au début des années 50, elle se lance dans une tournée hautement médiatisée en Europe, le Rainbow Tour (en raison de ses extravagances vestimentaires) , au cours de laquelle elle rencontre de nombreux chefs d'États. Son but de redorer le blason et les relations diplomatiques du régime politique de son mari.

Pendant cette tournée, elle travaille sans relâche jusqu'à l'épuisement. Elle aura d'ailleurs un premier malaise lors d'une soirée à l'opéra, alors qu'elle était en France. La première dame met donc prématurément fin à son voyage pour revenir en Argentine où elle prend quelques jours de repos. Incapable de s'arrêter, elle reprend rapidement son travail acharné, niant sa fatigue et ses problèmes de santé. Elle n'a tout simplement pas de temps d'être malade et son peuple attendre.

Les semaines passent et l'état de santé d'Eva se détériore lentement. Sa fougue n'est plus ce qu'elle était. Lors d'une cérémonie religieuse donnée en son honneur, Evita est prise d'un malaise et s'effondre. Elle est alors transportée en ambulance à l'hôpital de Avellaneda, à Buenos Aires où l'on doit l'opérer d'urgence. Son mari la rejoint puis on la prépare pour une délicate chirurgie à l'abdomen. Sur la table d'opération, entourée d'une équipe de médecins et d'infirmières, elle s'endort...

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Février 2011, dans un lieu tout à fait inconnu

Allez savoir ce qui a bien pu se passer. Une faille dans l'espace-temps, une dose trop forte de sédatifs, un mauvais tout simplement, Evita ouvre peu à peu les yeux, près de 60 ans plus tard...

Tout est flou autour d'elle. Il fait froid, c'est sombre, il y a une odeur d'égout et d'humidité. Le teint maladivement pâle, mais l'apparence aussi jeune qu'au moment où elle s'est endormie plus d'un demi-siècle plus tôt, elle n'arrive presque pas à bouger. Ses membres sont atrophiés. Elle tente en vain d'émettre des sons, mais elle n'arrive à sortir qu'un râle à peine audible. À moitié consciente, sonnée et l'impression d'avoir dormi pendant des jours, un tas de questions lui traverse l'esprit. Mais où diable se trouve-t-elle ? Que s'est-il passé ? Pourquoi est-elle seule ? Et Juan... où est Juan ? Quel que peu paniquée, ses yeux s'agitent, à la recherche de repères.

[C]

Spoiler:

La seule façon d'apprivoiser son nouvel environnement et bel et bien de s'imprégner de ce qui le compose. James le savait pour avoir longuement travaillé pour les Sanctuaires qui demander une telle capacité d'adaptation. Le nombre de monstres difformes ou de créatures dangereuses qu'ils avaient du catalogués, pas étonnant en fait que la santé de bien des membres s'en était vu compromise. Ils oeuvraient contre le danger 24h/24h. Pourtant aucun d'eux ne se plaignaient, c'était à près tout l'un des raisons pour lesquelles quelqu'un travaillait dans ces établissements. Ce travail était exaltant et faisait dégager une dose d'adrénaline plutôt considérable. Même malgré son infirmité, James n'avait cessé d'apprécier ces doses de peur et d'excitation qu'il pouvait simultanément ressentir pendant son boulot. Il lui avait simplement fallut trouver le juste milieu pour que rien ne s'enfonce plus profondément dans les problèmes personnels. Sous ses réflexions, il était descendu par ascenseur jusqu'au sous-sol, puis avait fait le chemin vers les caves ensuite. La raison de cette descente avait été une perturbation à l'un de ses appareils de mesures, construits avec du presque rien. Une légère altération lui avait permit d'identifier ce que l'on pouvait appeler vulgairement un voyage dans l'espace-temps. Habituellement, c'était John qui faisait de telles fluctuations, mais ne croyant pas possible que leur vieil ami arrive comme ça au 109, il s'était dit qu'il valait mieux pour lui d'aller voir. Après tout, tout ça ne le surprenait plus. Cet immeuble était des plus étranges. Rangeant son thé dans l'armoire – il l'avait sortit pour s'en servir, mais finalement il allait attendre – il était sortit du 806, puis s'était dirigé vers l'ascenseur.

Il était donc arrivé dans les caves où la lumière était pauvre mais présente. Évidemment l'odeur va avec l'endroit et son regard se perdait dans le pathétisme d'une telle place. Pas étonnant que des évènements anormaux s'y produisent puisque décidément, ce lieu avait un petit côté oppressant. Dans le temps, ça aurait été le meilleur nid possible pour des Phénomènes insectes ou parasites. Il avait si hâte que son travail reprenne aux côtés d'Helen et il pensait à tellement de choses ayant trait à tout cela qu'il ne remarqua pas la première fois la silhouette étendue sur le sol, à plusieurs mètres de lui vers la gauche. Étant certain que le signal venait de là, il ne partirait pas avant un bon moment et analysa les alentours. Évidemment, lorsqu'ils avaient leurs installations technologiques, c'était plus facile, mais il était l'un des rares hommes à encore aimé les manières traditionnelles. Chose qui se révéla plutôt utile lorsque son regard tomba enfin sur Evita. Une machine n'aurait peut-être pas détecté l'humaine vers laquelle il se dirigea d'un pas rapide.

"Mademoiselle ?"

Malgré les risques pour lui, le médecin refaisant surface, l'homme s'agenouilla tant bien que mal près d'elle, tentant de trouver une façon confortable pour son exosquelette d'être proche d'elle, scrutant déjà ses signes vitaux, sans même la consulter. Elle était vivante, un peu faible et visiblement bien sonnée. Elle se réveillait lentement, mais aucune explication sur sa présence n'était possible. Dans cette lumière pas très forte, il ne pouvait bien voir son visage, mais il avait l'impression de la connaître ou du moins de l'avoir déjà vue avant. Certes, avec ses 160 ans de vie, il en avait vu et revu des gens, mais quand il les revoyait, cette sensation de déjà-vu ne s'instaurait pas automatiquement.

"Ne vous inquiétez pas, je suis médecin. Avez-vous assez de force pour me répondre ou pour au moins bouger la tête ?"

Il ne savait même pas si elle pouvait l'entendre correctement... Il la parcourut du regard. Il n'y avait aucune trace extérieure de violence sur son visage ou autre peau qu'il pouvait apercevoir. S'il arrivait à la bonne conclusion, cette femme était probablement la raison de l'excitation de ses appareils de détection. Il était quelque peu surpris, mais ce n'était pas le moment de poser des questions reliés à un tel sujet. Pourquoi cette femme était-elle apparut dans les caves du 109 ? Ce n'était pas plus explicable...

[C]

Invité

Spoiler:

Étendue, presque inerte, Eva s’était réveillée ici il y avait un peu plus d'une heure déjà. Elle avait pour ainsi dire abandonné tout espoir d'être "retrouvée". Après tout, qui pourrait bien penser à venir dans un tel endroit ? Déboussolée et confuse, elle songea alors qu’un séisme avait peut-être eu lieu et qu’elle se trouvait sans doute sous les décombres des bureaux du syndicat de la CGT, la Confédération générale du travail de la République argentine. Oh non… Elle imaginait sa nation, déjà appauvrie, à moitié détruite. Elle imaginait des milliers de morts, ses descamisados et ses grasista, et leurs familles, déchirées par la perte des leurs. Et Juan, son mari… avait-il lui aussi été tué ? Cette pensée à elle seule chagrina la première dame, elle qui s’était tant donné pour sa patrie.

Toujours incapable de faire le moindre geste, elle ne pouvait que bouger les yeux. À gauche, à droite, à gauche. Rien. Rien dans cet endroit ne lui semblait familier. Elle n'avait pratiquement aucune idée du lieu où elle se trouvait et encore moins de l'heure ou de la journée où nous étions. Imaginez alors sa réaction lorsqu'elle apprendra, tôt ou tard, qu'elle n'est plus en Argentine et que plus de cinquante années se sont écoulées depuis qu'elle s'est endormie. Elle tenta ensuite difficilement de bouger ses membres. Après des efforts quasi surhumains, elle parvint enfin à remuer le bout des orteils et les doigts. Elle semblait avoir tous ses morceaux. C'était déjà bon signe. Plongée dans l'incertitude la plus totale, elle essayait à présent de comprendre ce qui avait bien pu lui arriver. Dans sa pauvre, c'était le néant. Elle s’assoupit à nouveau, épuisée par ses réflexions.

À son second réveil, quelques souvenirs ressurgirent lentement. Elle se rappelait alors vaguement la cérémonie à laquelle elle s'était rendue. Elle se souvenait même avoir été accueillie par une chorale d'enfants, particulièrement touchante, qui chantait ses louanges. Santa Evita, comme on l’appelait. Et puis... plus rien. L'incompréhension et cette impression de vide la rendaient tout simplement folle. Comment est-elle arrivée ici ? Il fallait que quelqu’un y soit pour quelque chose ? Peut-être l’avait-on kidnappé ? Vu les tensions les politiques et le fait que ses actions dérangeaient, cela n’aurait pas été étonnant. C’est alors qu’elle pu entendre des pas venir au loin. Venait-on enfin la sauver ? Peut-être était-ce son ravisseur ?

Un homme s’agenouilla près d’elle. Le regard perdu, à peine éveillée, Eva ne savait que penser. Quoi qu'il en soit, l’homme se présenta enfin comme étant un médecin, ce qui eut tôt fait de rassurer un peu la jeune femme. Ce dernier la somma alors de ne pas s’inquiéter pour ensuite lui demander de bouger la tête.

- Je... murmura-t-elle avant de se mettre à tousser difficilement.

Eva ferma les yeux, comme si cela pouvait lui donner de la force.

- Où... où som…mes… nous ? arriva-t-elle à demander faiblement et péniblement, la voix cassée.

La jeune femme essaya de bouger un peu, ce qui la fit grimacer. Dieu que son dos la faisait souffrir.

[C]

Le geste que posa la jeune femme fut même encore plus rassurant que le simple fait de bouger la tête, elle parla. Un léger soulagement l'envahit. Ainsi donc elle était assez bien pour pouvoir parler, même si sa voix était quelque peu saccadée, ce qui restait un peu inquiétant, mais au moins les facultés mentales ne semblaient pas touchées. Le problème, puisqu'elle était dans la cave, était de la faire remonté jusqu'en haut. S'ils avaient de la chance, elle réussirait, avec son aide, à se relever d'ici...au plus une heure, le temps de voir si rien n'était brisé. Il avait quelque peu peur au vu de son air douloureux. Elle avait mal quelque part, il le savait, mais espérait que ce n'était qu'un peu de muscle ankylosé et non de véritable fracture. Ce n'était décidément pas un endroit pour apparaître. Surtout si le seul homme tombant sur vous était légèrement infirme de son état. Outre ce petit problème de calcul, il était certain de pouvoir faire ce qu'il fallait. Le plus difficile resterait de la faire monter. Aller chercher de l'aide rendu là s'imposerait. Pour le moment, il ne devait penser qu'à la patience au présent et non à la patiente au futur. Ce serait risqué de passer à côté d'un indice sur son état, malgré que son cerveau soit parfaitement capable de faire dix choses en même temps.

"Nous sommes dans une cave mademoiselle. Pouvez-vous me dire ce dont vous vous rappelez datant d'avant votre réveil ?"

Il n'avait pas répondu avec plus de précision à la question parce que ne sachant pas vraiment d'où les fluctuations provenaient – il savait de qui, mais pas de où – il ne voulait pas risquer de la faire entrer dans une crise de panique si jamais ils étaient loin de son dernier souvenir vécu. Il avait d'ailleurs de plus en plus l'impression de la connaître, comme si son visage – qu'il voyait présentement à moitié dans ces caves mal éclairées – lui était plus familier qu'il ne l'avait pensé au premier abord. Pourtant, ce n'était pas sa mémoire qui pouvait faire défaut, son cerveau était bien le seul de tout son corps à marcher correctement. Alors que le reste de l'organisme tombait en décrépitude, sa matière grise elle ne s'essaie de s'améliorer, à son grand dam. Peut-être cet avantage lui permettrait de bâtir un nouveau exosquelette. Il en caressait l'espoir depuis sa résurrection. Il fallait pour ça qu'il soit extrêmement patient et chanceux. Dès que le Sanctuaire serait en place, il pourrait alors se préoccuper de lui-même, car dans ces établissements, les laboratoires étaient nombreux et donc ses chances augmenteraient. Il ne fallait qu'un peu de temps après tout.

"J'aimerais savoir aussi si vous avez mal et ensuite où avez-vous mal. Il me faut savoir si vous êtes en état de marcher ou si vous vous êtes sérieusement blessée, en quel cas il me faudra vous déplacer jusqu'à l'hôpital."

Bien qu'il songeât qu'il allait très certainement l'amener à l'hôpital, très blessée ou pas. Ne serait-ce que pour son état mental qui commençait à ressembler plus à de la panique qu'autre chose. Il était médecin et non psychologue. Malgré sa douceur légendaire, il n'était pas certain de réussir à la calmer ou la rassurer, ne serait-ce que par sa propre résurrection qui n'était pas très loin non plus et qui le rendait parfois un peu plus brusque que nécessaire. Au moins, pour le moment, ses pensées étaient envahit par l'inquiétude qu'il avait pour cette pauvre femme. Il vérifia, avant même d'avoir ses réponses, le cou et la tête de la jeune femme, ne les bougeant pas, mais les effleurant. Ça lui suffisait pour avoir l'information qu'il voulait: elle ne s'était blessée à aucune de ces deux places qu'il aurait du vérifier dès le début. Maintenant que c'était fait, il pouvait attendre les réponses. Au moins, elle ne mourrait pas dans la demi-heure qui suivrait. Il se doutait, ou plutôt son instinct lui disait, qu'il s'agissait surtout de courbature lié à une immobilité ou même à la téléportation dont elle avait été victime. Il voulait toutefois s'en assurer et du même coup rassurer la jeune femme sur son état.

"Je crois que vous êtes surtout sous le choc, mais je vous prie d'éviter de bouger pour le moment, car un geste mal placé pourrait vous étirer quelque chose et rendre encore plus pénible cette conversation pour vous."

Elle lui disait vraiment, mais vraiment quelque chose. Ses traits, sa voix, son accent. Il avait à peu près situer d'où elle venait, où elle était née, où elle s'était rendu ensuite, il était capable de voir, au vu de ses vêtements, qu'elle ne venait guère de cette époque. Elle aurait pu être une jeune femme aimant se déguiser ou s'habiller à la mode ancienne, mais au vu de la téléportation ou plutôt des fluctuations d'une téléportation, il doutait réellement qu'elle vienne de cette époque. Ce qui rendrait donc le tout beaucoup plus difficile pour elle. Même s'il l'amenait à l'hôpital, il ne pouvait la quitter et la laisser seule avec des gens qui ne la comprendraient pas. Ce serait tout simplement...inhumain. Car il savait le peu d'ouverture d'esprit des médecins du 21e siècle. Ça allait être plus compliqué que prévu.

[C]

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