Emmenagement [Sylar]

Invité

Le soleil était haut dans le ciel de cette belle journée de printemps, un homme marchait, les mains dans les poches, lunettes de soleil sur le nez. A dire vrai, peu lui importait qu'il fasse beau ou pas, sa peau ne ressentait pas les variations de températures, c'était là un des nombreux avantages de sa condition de vampire. Oui oui, vous avez bien lu, un vampire en plein soleil. Grâce à sa bague qu'il porte constamment, il n'a rien à craindre des rayons de l'astre du jour. Damon Salvatore, puisque c'est de lui qu'il s'agit, adore être un vampire. Il ne voit à sa condition que des avantages, par exemple, lorsqu'il lui arrive de se laisser un peu trop aller pendant sa "chasse aux humains", il persuade sa victime qu'elle s'est blessé avec un couteau ou quelque chose de ce genre et il arrive parfois que la personne demande l'aide de Damon pour se soigner. Ironique, non ?

Oh bien sûr il n'a pas toujours été heureux d'être vampire, ce malaise n'avait pas duré longtemps, à peine une année, c'était après qu'il ai quitté son frère, après qu'il l'ait maudit et qu'il lui ait juré qu'il lui ferait payer la mort de Katherine. Là il avait haï sa condition parce qu'il se retrouvait seul pour affronter l'éternité alors qu'il aurait dû partager ces moments avec Katherine. Au bout d'un an cependant il commença à s'habituer et à apprécier le fait d'être vampire, et aujourd'hui, il ne changerait cela pour rien au monde.

Il avait également renoncé à se venger de son frère. Après tout pourquoi se venger d'une chose qui était fausse, c'était Katherine qui s'était moqué d'eux et qui avait fait croire à sa mort, si il devait se venger de quelqu'un, ce serait d'elle.

Il arriva devant les portes d'un immeuble, l'immeuble où, à présent, il allait habiter. Il avait vu une annonce pour une collocation et il n'avait pas résisté, il y avait répondu. Il avait été très évasif sur son dossier de candidature, mais apparemment cela avait suffit puisqu'il avait été accepté. Il pensa un instant à son frère, si ce dernier savait qu'il allait partager un appartement avec quelqu'un, il plaindrait sans aucun doute le colocataire. Un sourire amusé naquit sur les lèvres du vampire et il entra dans l'immeuble.

Il atteignit la porte de l'appartement numéro 806. Il avait fait livrer ses affaires la veille pour ne pas s'encombrer inutilement. Il se doutait bien que son colocataire ne rangerait rien et en même temps il n'avait pas demandé à ce qu'il le fasse, il était assez grand pour le faire seul. Ayant les clés, il entra dans l'appartement. Il s'assit dans le premier fauteuil qu'il trouva et appuya sa tête sur le dossier en la rejetant en arrière.

Lorsque l'on est un être à part, différent des autres, il est bon d'avoir un chez soi. Un endroit rassurant où l'on ne craint pas le regard des autres et où l'on peut être vraiment soi-même.

Pour Gabriel Gray, l'appartement 806 du 109 rue du septième art était un refuge. Une tanière dans laquelle le prédateur digérait ses méfaits et pensait à ses prochaines actions, qu'elles soient bonnes ou mauvaises. Oui, on peut le dire, le 806 était le sanctuaire de notre homme.

Le foyer de Sylar, puisque c'est comme cela qu'il se faisait appeler, était modeste mais confortable. Il disposait de tout le confort moderne, sans superflu : quelques bières dans le frigo, un vieux fauteuil en cuir élimé qui trônait dans la pièce à vivre, juste en face d'un petite télévision bon marché. Une table usée et une chaise qui n'y était pas assortie dans le coin cuisine. Et enfin, dans la chambre du fond, un lit, ses draps et une table de nuit sur laquelle reposaient plusieurs réveils réglés de manière impeccable. C'était là toutes les possessions du tueur en série qu'était Gabriel Gray.

Lorsqu'hier, le livreur Fedex avait sonné à l'appartement 806, Sylar sirotait une canette, recroquevillé dans son fauteuil en regardant un épisode d'une série débile que nous ne nommeront pas sous peine d'enlever de sa crédibilité à notre Hero.

Bref, en ronchonnant des noms d'oiseau, Sylar s'était déplié et avait quitté son siège pour aller aboyer au visage du teenager vraiment laid qui se trouvait à l'endroit même où aurait normalement du se trouver un paillasson "welcome". Le jeune moche tendit en tremblant un papier à Sylar. Celui-ci le signa sans vraiment lire et suivit du regard le petit mec qui se précipitait déjà vers les escaliers laissant au Hero le soin de comprendre seul ce qui lui arrivait.

Des dizaines de caisses remplies de bibelots et de bouquins inutiles et datant du siècle passé. Sylar savait qu'il allait avoir un colocataire mais il ne s'était pas imaginé devoir se coltiner un vieux. Qui à part un représentant du troisième âge pouvait posséder des livres jaunis, des statuettes de bois et autres chandeliers en or massif? En déballant les paquets que le jeune Fedex avait abandonné sur son pallier, Gabriel Gray vociférait des jurons. Certes, il avait déballé toutes les boites mais il ne rangerait rien! Ah ça non! Le vioc n'aurait qu'à le faire lui même. Sylar passa plusieurs heures à examiner les possessions de son futur colocataire. Lorsqu'il en eut assez, notre Hero prit soin de pousser tout le bazar dans la pièce réservée à son papi colloc' puis sortit de l'appartement pour aller prendre l'air.

Cela faisait à présent une nuit, une matinée et deux heures que Sylar n'avait pas rejoint son appartement. Il avait passé des heures dans un troquet mal famé de la ville. Aussi, lorsqu'il pénétra dans l'ascenseur qui devait le hisser jusqu'au 8e étage, Sylar avait une petite mine, celle de ceux qui n'ont pas dormi depuis longtemps. Avec lui, une odeur âcre de cigarette et d'alcool bon marché flottait dans la cabine élévatrice.

Étonnement, Gabriel Gray n'était pas saoul. Sa capacité de régénération exceptionnelle, le pouvoir qu'il avait volé d'une façon odieuse à la jeune Claire Bennet, lui évitait de ressentir les effets pervers d'une trop grande consommation d'alcool.

C'est donc sale, sobre et de mauvaise humeur qu'il ouvrit la porte de sa tanière, bien décidé à se jeter dans son lit pour profiter pleinement d'un repos bien mérité. Dès lors, quelle ne fut pas sa surprise lorsqu'il découvrit un intrus assis dans son fauteuil, son précieux, unique et magnifique fauteuil. Lors de la fraction de seconde qui s'écoula avant que Sylar ne prenne la parole, ses sourcils se froncèrent et il décocha un regard sanguinaire à l'intrus.

-"Qui êtes vous? Et que faites vous dans MON fauteuil?"

Après avoir hurlé ce qu'il avait sur le cœur, Gabriel Gray claqua la porte derrière lui. Juste au cas où l'intrus aurait eu la mauvaise idée de partir sans qu'il ait pu lui ôter toute envie de vivre et, par la même occasion, de revenir le déranger chez lui, dans son repère.

Invité

Damon était perdu dans ses pensées, il jetait un regard sur ses biens qui étaient là, dans la pièce, dans un désordre organisé. Bien sûr il devra les ranger, mais pas maintenant, non là il avait juste envie de se détendre un peu. Pas qu'il était fatigué, non pas du tout, mais lorsqu'une grande envie de ne rien faire vous saisit, immortel ou non, vous n'y résistez pas. Dans ses cartons, il y avait des livres, certes, mais la plupart appartenaient à Stefan. Oui, Damon les lui avait piqué pour le faire rager une dernière fois. L'aîné des Salvatore n'avait jamais aimé lire, il laissait cette activité oh combien passionnante à son cadet.

Un petit rire amusé s'empara de Damon lorsqu'il repensait aux journaux intimes que son frère prenait la peine d'écrire consciencieusement années après années et qu'il croyait bien protégé alors que Damon les avait lu au moins une fois chacun. C'était si amusant de voir comment son frère s'énervait après lui dans ses écrits, c'était là le seul moyen qu'avait Damon pour savoir si la blague qu'il lui avait fait avait fonctionné ou pas et si ce n'était pas le cas, il adaptait en fonction de ce qui avait raté. Il avait été heureux de constater qu'il avait bien réussi sa mission principale qui était de pourrir la vie de son frère. Peut-être que maintenant qu'il n'était plus à la Pension, Stefan s'ennuierait sans lui. Bah quoi, c'est beau de rêver. Non mais plus sérieusement, Damon espère que Stefan n'en profitera pas pour se mettre dans toutes les situations les plus folles qui puissent exister, car malgré ce que son cadet semble penser, Stefan a un don particulier pour s'attirer des ennuis et si jamais il apprenait un jour que son frère s'était fait tuer, le responsable de cet acte n'aurait pas assez de l'univers entier pour se cacher de la vengeance de Damon.

Il en était là de ses pensées lorsqu'un hurlement attira son attention, il leva les yeux vers la personne qui vociférait en face de lui. Sans doute son colocataire, il le regarda s'agiter et aller claquer la porte, il leva les yeux au ciel, comme si il allait partir, il était chez lui aussi. Oh oui peut-être que le regard qu'il lui avait lancé tout à l'heure était censé lui faire peur....possible, mais c'était un peu raté. Enfin bref. Un sourire amusé naquit sur ses lèvres tandis qu'il continuait d'observer les réactions du jeune homme.

- "Bonjour, moi aussi je suis enfin ravi de vous rencontrer, je suis Damon Salvatore, votre nouveau colocataire."

Non ce n'était pas de la moquerie, il se présentait de façon civilisé, tout simplement, c'est juste qu'il faisait comme si l'éclat de colère de son colocataire n'avait pas eu lieu. Il adorait ça Damon, pousser les gens à bout pour voir leurs réactions....c'était impayable.

L'impression de surprise passée, Sylar se détendit doucement. Analysant la situation de manière rationnelle, le Hero comprit rapidement qu'il s'était mépris. Le type qui se trouvait vautré dans son fauteuil chéri n'était pas un intrus, c'était son nouveau colocataire.

L'examinant avec attention, Sylar remarqua plusieurs choses. Tout d'abord, il était jeune, bien plus jeune que ce à quoi il s'était attendu. Gabriel ne put s'empêcher de se demander pourquoi ce type, à qui on aurait sans hésiter donné le nom de "jeune premier", se trimbalait avec des séries de cahiers jaunis? Sylar remarqua également une chose assez troublante: l'homme n'avait pas peur de lui. C'était étrange, la plupart des êtres humains "normaux" sentaient en lui le prédateur, se méfiaient. Lui, non. Pourquoi? Était-il lui aussi doté d'une capacité qui le rendait sur de lui au point de ne pas craindre pour sa vie? Enfin, le Hero remarqua le bijou étrange qui ornait l'un des doigts de l'homme: une bague, étrange, énorme, ancienne. C'était bizarre, vraiment. Les jeunes ne portaient pas ce genre de bijoux, du moins ce n'était pas à la mode. Ces questions se bousculaient dans l'esprit organisé du tueur aux capacités exceptionnelles.

Pendant que ces interrogations cheminaient dans son esprit, les pupilles du Hero parcouraient le nouvel arrivant: il était assez grand, en bonne santé et étonnement sûr de lui, il transpirait la confiance, et ce constat ne fit que se confirmer quand le bellâtre prit la parole. Sa voix était taquine, mutine, volontairement moqueuse.

Sylar n'appréciait pas qu'on se moque de lui. D'habitude, c'était son rôle. Ce gars était vraiment étrange et Sylar décida de changer de stratégie. Puisqu'il n'avait pas peur de lui, il changerait son fusil d'épaule...

-"Oh...Mon nouveau colocataire. Bien entendu, je vois que vous avez déjà pris vos aises dans mon intérieur...Je suis Gabriel, Gabriel Gray. Il y a de la bière dans le frigo si cela te dit"

S'ils étaient destinés à cohabiter, ils pouvaient se tutoyer non? C'est du moins ce que Sylar pensait en cet instant, pendant qu'il se dirigeait vers le frigo et tentait en même temps de se contenir. De se retenir, de ne pas prendre possession du corps de ce gars, de le plaquer au mur et de lire son cerveau.

Non, Sylar s'était promis de rester "gentil".

Ouvrant le réfrigérateur, Sylar s'adressa à nouveau à Damon:

-"J'espère que tu as prévu d'aller faire un tour dans une brocante car je n'ai pas l'intention de partager le peu de meubles que j'ai."

Fit-il en désignant d'un geste de la tête en direction de son fauteuil chéri. Pendant qu'il décapsulait une canette et en envoyait une à Damon.

-"Damon...C'est un prénom bizarre ça! M'enfin, je m'en accommoderai. Tu as un job j'espère, car tu vas devoir payer la moitié du loyer et le proprio passera bientôt donc si tu manques de liquidités, je te conseille d'aller faire un tour au Burger King ou ailleurs, je veux pas d'un parasite qui paye pas ses dettes..."

Pschiiit

-"Santé!"

Invité

Si il y avait bien une chose dont Damon avait horreur, c'était de se sentir observé, tel une bête de foire, mais après tout, il était entré ici en terrain conquis, alors il pouvait bien se laisser faire quelques instants. Il n'interrompit donc pas l'observation de...Gabriel, oui c'était cela, il se souvenait avoir lu son prénom dans l'annonce. Lui aussi regardait le jeune homme, ce dernier semblait déçu de quelque chose et le vampire aurait bien aimé savoir quel pouvait être le sujet de désappointement du jeune homme. Qu'avait-il bien pu faire qui l'ait vexé à ce point, mit à part s'asseoir dans son foutu fauteuil. Bah oui il fallait bien qu'il le sache, pour recommencer...à l'occasion.

Bien sûr que Damon n'avait pas peur de lui, Gabriel n'était qu'un vulgaire humain, une nourriture sur pattes et honnêtement, peu importait à Damon ce que Gabriel pouvait faire de ses dix doigts, d'ailleurs, le vampire ne savait même pas pourquoi il avait cherché un colocataire, c'est vrai, il aurait très bien pu prendre un appartement voire une maison tout seul mais.....cela n'aurait pas été aussi amusant et avec ce colocataire là, Damon se prédisait de super jeux. Damon haussa les épaules.

- "Navré, mais avec la route que j'ai faite, j'avais vraiment besoin de m'asseoir. Oui, je veux bien une bière, merci."

Il n'était pas désolé du tout, mais ce n'était pas facile de le deviner. Il eut un sourire en coin. Décidément, Gabriel avait l'air d'y tenir à son fauteuil.

- "Et bien, je ne pensais pas qu'on pouvait aimer un meuble à ce point. Ne t'en fais pas pour moi ou pour tes meubles, je n'ai pas besoin d'aller dans une brocante, ce que tu vois là....."

Il fit un geste de la main pour désigner ses affaires.

- "....n'est qu'une partie de mes affaires, le reste arrivera demain. Je voulais voir l'appartement avant de savoir ce que je pouvais emmener ici ou pas....selon la place qu'il y avait."

Il attrapa la canette et regarda Gabriel dans les yeux.

- "C'est vrai que mes parents étaient des gens assez spéciaux...."

Son père ? Arg, Damon espérait que son paternel brûlait en enfer à présent. Enfin bref, se concentrant de nouveau sur ce que disait son colocataire, le sourire en coin ne disparut pas de son visage.

- "N'ai aucune crainte au sujet du paiement, des factures ou de quoi que ce soit. Je suis ce qu'on appelle un rentier, en gros, je suis payé à rester chez moi, mais je ne passe pas non plus mon temps vautré sur le canapé, c'est juste que je ne vois pas pourquoi je décarcasserais à travailler alors que je peux vivre confortablement avec l'argent que m'a laissé mon cher père."

En fait ce n'était pas vraiment l'argent que de son père, c'était l'argent de la famille Salvatore au grand complet que les deux frères se partageaient. Il décapsula sa cannette et la leva en direction de Gabriel.

- "A la tienne"

Sylar écoutait avec attention le discours de Damon tout en buvant sa bière. Ainsi, il apprit que l'homme avait fait un long voyage avant d'atterrir dans cet endroit. Encore une fois, c'était étrange. Pourquoi serait il venu de si loin pour habiter dans cet immeuble banal?

-"Et tu venais d'où si ce n'est pas trop indiscret?"

Gabriel se foutait que ce soit indiscret ou non, mais il essayait tant bien que mal de tenir une conversation sérieuse avec son nouveau colocataire. Les conversations, ce n'était pas le fort de Sylar, d'habitude, il prenait le contrôle des gens, les immobilisait et lisait dans leur cerveau. Mais puisque notre Hero s'était promis de rester "normal" à présent, il se devait bien de tenter de discuter comme tout le monde.

-"Ouais. J'aime ce meuble car c'est l'un des seuls que j'ai mais je suppose que tu l'as remarqué"...

Fit il en désignant le triste vide de l'appartement. Quand Damon vint à lui parler de l'arrivée prochaine d'encore plus de boites en carton. Sylar retint un accès de colère peu productif avant de poursuivre:

-"C'est bien si tu as de quoi meubler cet appart' je dois dire que mon boulot d'horloger ne me permet pas de rouler sur l'or."

Sylar savait pertinemment bien qu'être un horloger faisait de lui un type ringard. C'était ainsi depuis le début de sa vie, à l'école déjà, les autres enfants se moquaient de lui. Ensuite, ce fut ses amis de lycée. Il faut bien dire que le jeune Gray n'avait jamais eu une vie vraiment enviable. Avec un père qui l'avait abandonné et une mère pauvre, la vie n'avait pas été facile. Mais depuis cette époque, Gabriel avait changé. Il avait pris le pouvoir, de force. Son boulot était plus une passion qu'un gagne pain mais c'était surtout une couverture: qui aurait soupçonné un horloger?

Damon semblait être tout le contraire de Sylar: il avait les moyens et des parents qui tenaient assez à lui pour ne pas l'avoir rayé de leur héritage. Plus il parlait et plus Sylar le trouvait antipathique, il n'aimais pas les gens sûrs d'eux, les beaux gosses et les fils de riches et Damon était les trois à la fois. C'était regrettable mais pas rédhibitoire, si Damon pouvait payer le loyer, Sylar s'accommoderait de lui. Après tout, jusqu'à présent, c'était l'un des seuls qui n'avait pas peur de lui et ca, c'était intriguant. Sylar finit sa canette d'un trait avant de la balancer sur le coin de l'évier. Non pas qu'il était quelqu'un de particulièrement désordonné mais il avait bien envie de rendre la vie du jeune rentier un peu difficile, juste comme ça, pour le provoquer, passer le temps et s'amuser.

Invité

Si c'était indiscret, mais Damon n'était pas non plus ce qu'on pouvait appeler un modèle de savoir-vivre. Oh bien sûr il avait reçu l'éducation d'un gentleman et savait se comporter en société, mais au 21ème siècle ça ne servait plus à grand chose, alors il préférait se donner un air effronté qui, le plus souvent exaspérait les gens. C'était un de ses petits plaisir...pousser les gens à bout pour tester leurs limites, et la plupart du temps cela se finissait de la même manière, Damon était obligé de montrer les crocs pour calmer les plus excités.

- "Je viens de la petite ville de Mystic Falls....bled paumé s'il en est. Et toi ? Tu es originaire d'ici ?"

Bah quoi, il avait le droit d'être aimable lui aussi, même si il se fichait comme de sa première chemise de savoir d'où pouvait provenir Gabriel, tout comme il était certain que Gabriel se fichait de savoir de quelle ville il venait, mais on appelait cela avoir une conversation, ça se faisait beaucoup en société. Enfin bref.

- "En effet, c'est ce que j'ai constaté, mais si ça te convient alors je suis mal placé pour dire quoi que ce soit"

Lorsque Gabriel lui dit qu'il était horloger, Damon le regarda avec attention. Ça tombait vraiment bien, il avait une montre que leur avait donné leur père, cette montre datait des années 1800 à peu près et c'était le seul cadeau que leur géniteur leur avait fait et cette montre ne fonctionnait plus depuis quelques temps et Damon savait qu'elle était réparable, mais il n'avait pas trouvé d'horlogers assez doués pour la réparer, disons que maintenant ce ne sont plus des montres qui se font alors c'est dur de trouver quelqu'un de compétent.

- "Tu es horloger ? C'est vraiment un heureux hasard. Je sais que tu vas certainement dire que j'abuse, mais voilà j'aimerais savoir si tu voulais bien jeter un oeil sur une montre à gousset que j'ai, c'est le dernier cadeau que m'a fait mon père, c'est une montre qui se transmet de pères en fils dans la famille et, malheureusement elle ne fonctionne plus. Je sais qu'elle est réparable, mais dans le bled où je vis, les horlogers que j'ai vu ne sont pas assez compétents pour la réparer...c'est une montre qui date des années 1800, donc je me disais que peut-être tu pourrais faire quelque chose. Je te paierais le prix que tu me demanderas, je ne chercherais même pas à négocier."

N'allez pas croire que Damon tenait à cette montre, non pas plus que cela en réalité, mais il savait que son frère y tenait et comme il avait l'intention de la lui renvoyer, autant qu'elle soit réparé, ce serait mieux.

Lorsqu'il vit Gabriel balancer la canette sur le bord de l'évier, il ne réagit pas. Même si il n'était pas spécialement désordonné, il n'était pas non plus un maniaque du rangement, si ça amusait son colocataire de mettre son appartement à sac..libre à lui. Il esquissa un sourire amusé

- "J'espère que tu ne penses pas que je vais nettoyer après toi. Parce que si tu penses ça, ta cannette restera longtemps sur ton évier"

Mystic Falls? Sylar n'avait jamais entendu ce nom là. Pourtant ces pérégrinations l'avaient déjà mené à bien des endroits paumés, oui, Sylar avait déjà beaucoup voyagé, souvent dans une voiture volée et en direction d'une bâtisse paumée dans laquelle vivait une autre personne telle que lui, une personne qu'il tuait après lui avoir volé sa compétence. Mais Sylar n'avait jamais entendu parler d'un quelconque Mystic Falls.

-"Mystic Falls? Jamais entendu parler. Et c'est quoi la spécialité de ce bled paumé? La chasse aux sorcières?"

Il fallait bien l'avouer, en Amérique, soit on vivait au soleil et on était superficiel, soit on vivait dans une petite ville isolée et on était parano. C'était soit l'un soit l'autre. Et vu le teint un peu blafard du jeune en blouson de cuir, Sylar doutait que son passe temps favori soit la bronzette.

-"Moi? Oui j'ai toujours vécu dans cette ville, j'ai juste changé de quartier..."

Changer de quartier, de comportement et même de mode de vie, Sylar avait en effet beaucoup investi dans sa nouvelle vie. Il souhaitait garder cette impression étrange qui était venue l'habiter lorsqu'il avait sauvé la vie de l'amie de Peter Petrelli: celle d'être un héros, d'être utile aux autres, de se sentir aimé, du moins un peu. C'est pour cette infime impression de reconnaissance qu'il avait vue dans les yeux d'Emma que Gabriel Gray avait changé de vie. Mais bref, Sylar se concentra à nouveau sur ce que venait de dire Damon.

Celui-ci lui parlait d'une montre, une montre à gousset de 1800. A cette évocation, Sylar ne put s'empêcher de sourire. Il avait déjà eu affaire à des gens qui souhaitaient faire réparer des montres anciennes que leur avaient passé leur parents. Bien souvent, ces objets n'avaient aucune valeur marchande, il ne s'agissait que de babioles mais leur valeur sentimentale était soi-disant "immense". Et lorsque Sylar les rendait en état de fonctionnement à leur propriétaire, ceux-ci s'empressaient bien souvent de lui demander s'il trouverait un acheteur pour leur précieuse montre de famille. Un sourire franc aux lèvres, Sylar invita Damon à s'approcher de la table de la cuisine et prit place sur l'unique chaise qui se trouvait là. Sortant ses lunettes double foyer et une petite trousse d'outils, il s'adressa au jeune homme:

-"Montre moi ton bijou de famille, je vais voir ce que je peux lui faire. Ne t'inquiètes pas pour le désordre, je trouverai bien une gonzesse qui rangera tout cela..."

Invité

La chasse aux sorcières ? Non, pas spécialement, le sport favori des habitants de Mystic Falls serait plutôt la chasse aux.....et bien ces braves gens ne savaient pas ce qu'ils chassaient, ils ne savaient pas que c'était des vampires, mais cela ne les empêchait pas de mettre du coeur à l'ouvrage et de foncer tête baissé...dans les ennuis la plupart du temps. Et Damon s'en amusait. Au début, il s'appliquait même à faire en sorte qu'on soupçonne son frère d'être le responsable de ses propres crimes mais ce fut lorsqu'il l'avait dit à Stefan et que ce dernier lui avait répondu qu'il n'avait qu'à le faire et que comme ça si les gens s'en prenaient à lui, il n'aurait plus à le supporter que Damon avait décidé d'arrêter son petit jeu....enfin pas celui de tuer des gens, non mais celui de faire porter le chapeau à son frère.

- "Non pas vraiment. Ils chassent, c'est vrai, c'est d'ailleurs assez amusant à voir. Mais ce ne sont pas les sorcières leur gibier."

Il venait de débarquer dans cette ville, et honnêtement, pour l'instant il ne savait pas si il aurait pu supporter de rester habiter là si il avait été originaire de cet endroit. Enfin, la question ne se posait même pas puisqu'il n'était même pas originaire de Mystic Falls non plus, mais de l'Italie

"- Je vois."

Il se leva du fauteuil et alla chercher sa montre-gousset en or et l'emmena ensuite sur la table de la cuisine. Il esquissa un sourire.

- "Oh mais je ne m'en fais pas. En tout cas merci. Donc voilà l'objet, ce n'est pas que j'y tienne particulièrement, mais mon frère y tient, alors je voulais la lui renvoyer....réparé. Alors voilà, si tu pouvais y faire quelque chose, ce serait super."

Bon voilà il avait dit la vrai raison, mais en même temps, dire la vérité pour une fois n'allait pas le tuer. Il alla mettre sa propre cannette à la poubelle en prenant soin de laisser celle de Gabriel où elle était, il voulait laisser du travail à la "gonzesse" évoqué par Gabrielle pour ne pas qu'elle s'ennuie.

Il se dirigea vers ses cartons et s'adressa à Gabriel.

-" Pendant que tu vois ce que tu peux faire, je vais commencer à ranger mes affaires."

Et joignant le geste à la parole, il déballa tout ce qu'il y avait dans ses cartons et commença à ranger. Il ne lui restait plus qu'un seul carton lorsqu'il s'approcha à nouveau de la table. Il esquissa un sourire.

- "Alors docteur, verdict ? "

Oui il était taquin, mais ce n'était pas méchant...pour une fois.

Comme un parfait petit joailler démodé, Sylar ajusta ses lunettes sur son nez et déballa sa trousse d'outils. Il se saisit de la montre que venait de lui apporter Damon comme s'il s'agissait d'un objet très précieux : avec délicatesse et respect. Quand Sylar travaillait, il n'était plus le dangereux prédateur, il était concentré et efficace, il faut bien l'avouer, Sylar était un crac dans son domaine. Grâce à sa capacité exceptionnelle, son don, il comprenait les mécanismes compliqués. Il ne lui fallait que quelques instants pour comprendre pourquoi une montre très complexe s'était arrêtée ou était en retard. Lorsqu'il devait comprendre le fonctionnement d'un esprit humain, il lui fallait en revanche plusieurs minutes et avoir une vision directe sur le cerveau de la personne était très utile. Mais bref, ne nous égarons pas.

Sylar déposa la montre devant lui et commença à l'examiner pendant que Damon s'ingéniait à ranger ses affaires.

-"Commande nous une pizza aussi, ce sera mon salaire..."

Il examina la coque dorée, la tige de remontoir et puis, ouvrit le couvercle. Le mécanisme était poussiéreux mais toutes les pièces étaient en place, il y en avait 130, elles étaient donc toutes là. Rapprochant la montre de son œil droit, Sylar aperçut le mécanisme bloqué. Il s'agissait de l'un des rouages, le troisième pour être précis. La petite roue dentée était arrêtée : trois dents étaient bouchées, par une substance foncée, comme du sang séché. Sylar sortit de sa trousse le produit de nettoyage adéquat et entreprit d'enlever les salissures. Quelques secondes plus tard, les pièces étaient de nouveau brillantes et fonctionnelles. Sylar activa le remontoir et...Le tic tac se remit en marche. Il suffit alors à l'horloger de remonter l'engin pour le mettre à l'heure exacte et de refermer le couvercle. L'appareil était en état de fonctionnement, parfaitement réglé. Sylar lui, était satisfait du travail accompli et Damon souriait devant lui, lui demandant son verdict.

-"Rien de bien grave. L'un des rouages était sali, par une substance foncée assez bizarre que je n'avais jamais vu dans une montre...Mais bref. Et cette pizza?"

Sylar fixait son colocataire de derrière ses lunettes grossissantes, cela lui faisait des yeux globuleux et lui donnait un air vraiment ridicule. Il remit l'objet à son propriétaire.

-"C'est un bel objet. Ton père ne t'a pas remis n'importe quoi. Cette montre a de la valeur, ce n'est pas un gadget...Avec des peperonis pour moi!"

Invité

Damon regarda avec quel espèce de dévotion Gabriel prit la montre qui était sur la table, on avait l'impression qu'il avait une relique dans les mains, et de fait c'était un peu vrai étant donné l'année où elle avait été fabriqué. Lorsqu'il le vit agir ainsi, le vampire sut que l'horloger était quelqu'un qui avait la vocation de son métier, il ne s'était certainement pas dit un matin en se levant qu'il allait devenir horloger, non, Damon sentait que Gabriel voulait exercer cette profession depuis très longtemps. Il sorti de ses pensées lorsque le jeune homme lui dit qu'une pizza serait suffisante pour payer sa facture. Damon en fut étonné, agréablement cela va sans dire, il savait que sa montre était un objet de valeur et le jeune homme aurait du demander plus cher qu'une pizza pour la réparer, mais le vampire n'allait pas se plaindre, bien au contraire. Il esquissa un sourire.

- "Entendu"

Et tout en rangeant ses cartons, il appela le livreur de pizza. Il ne savait pas trop ce qu'aimerait Gabriel alors il prit une pizza avec peperonis et une autre sans. Il raccrocha et continua de ranger ses cartons. Lorsqu'il eut finit, il se rapprocha donc de Gabriel pour écouter son verdict. Il hocha la tête

- "Une substance foncée ? Qu'est-ce que tu penses que ça puisse être ? Pour la pizza, elle est commandé, le livreur ne va pas tarder."

Une montre de grande valeur. Et bien, pour une fois leur père ne leur avait pas menti, c'était une des seules choses de véridique qu'il avait du leur dire dans sa vie.

-" Ah oui ? Et bien Stefan sera content, il tient à cette montre comme à la prunelle de ses yeux. Je trouve ça un peu idiot, ce n'est qu'un objet, si ça n'avait tenu qu'à moi, elle serait resté dans l'état dans lequel elle était, mais bon puisqu'il l'aime bien."

Il récupéra la montre et la remit dans la boîte dans laquelle elle était.

- "Encore merci. Demain je pourrais l'expédier à mon frère. D'ailleurs tant que j'y pense, tu m'excuses deux secondes, j'ai un coup de fil à passer. "

Il alla dans la pièce voisine et sorti son portable de sa poche et appela son frère. Au bout de cinq minutes d'une discussion un peu houleuse, Damon revint dans la pièce, en même temps que le livreur sonnait à la porte. Il prit les pizza et les paya puis il se tournait vers Gabriel.

- "Ça tombe bien, celle-là a des peperonis. J'en ai prit une avec et une sans."

Il lui donna la pizza avec peperonis et garda l'autre pour lui. Il commença à manger, il aurait très bien pu s'en passer vu qu'il n'avait pas spécialement faim, mais si son colocataire ne le voyait jamais manger, il finirait par se demander à quel genre de gars il avait à faire et Damon ne voulait pas éveiller les soupçons, pour l'instant il voulait juste "se fondre dans la masse".

Sylar s'interrogea sur la substance foncée qu'il avait nettoyée à l'intérieur de la montre. A première vue, c'était rougeâtre, comme du sang séché, mais Sylar doutait que cela soit vraiment du sang, il en aurait fallu une grande quantité, que la montre baigne dans ce liquide pour qu'il s'introduise dans les mécanismes.

-"Je ne sais pas vraiment ce que c'est. A première vue cela ressemble à du sang séché. Mais tu me diras sans doute qu'il y a peu de chance que cela en soit vraiment...De toute façon, maintenant, il n'y en a plus. La montre est propre comme un sou neuf et fonctionne à la perfection."

Grâce à son ouïe hyper développée, Sylar pouvait en effet entendre le tic tac de la montre, c'était une capacité qu'il avait dérobée à un certain Dale avant de le tuer. Cette faculté était très utile lorsqu'il était traqué. Mais elle se révélait insupportable quand il se trouvait dans son magasin. Sylar écouta Damon lui parler de son frère, un certain Stephan puis, celui-ci s'excusa pour passer un coup de fil. S'il l'avait voulu, s'il ne s'était pas retenu de le faire, Sylar aurait pu entendre la conversation de son colocataire. A vrai dire, il en entendit quelques bribes mais pas assez pour savoir de quoi cela retournait vraiment. Il entendit un prénom, celui d'une fille : Elena et d'une autre: Katherine. Ainsi, le jeune Damon avait des points faibles. Sylar nota cette information dans un coin de sa tête, juste au cas où il aurait eu besoin de faire pression sur le jeune homme à la bague étrange. La conversation de Damon avec son frère était houleuse. Apparemment, ces deux là ne s'aimaient guère. Avant de poursuivre, Sylar se saisit d'une part de la pizza que Damon venait de lui donner et l'avala en quelques bouchées.

-"Merci. Tu sembles être en conflit avec ton frère chéri. C'est à propos d'une fille?"

Ben quoi? Il avait entendu les prénoms et la plupart des jeunes se disputaient à cause du sexe opposé. Sa question était donc plus que légitime. Sylar avala une deuxième part avant de croiser les bras et de sonder du regard le visage de Damon. La curiosité naturelle de Sylar était difficile à contrôler. Il aurait aimé en savoir plus sur ce démon qui se trouvait dans son appart'...

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Du sang séché ? Oui ça pourrait bien en être. Voyons, de quand date la dernière fois qu'elle fonctionnait...c'était, il y a très longtemps assurément, mais quand précisément. Oh mais oui, ça y est, il s'en souvenait, c'était lorsqu'ils s'étaient battus en duel, le sang avait coulé et comme la montre était dans sa poche intérieur, sans doute avait-elle reçu quelques éclaboussures. Heureusement qu'elle n'avait rien de plus, parce que l'épée aurait pu lui causer des dommages un peu plus considérables.

-" Oh ça j'en serais moins sûr que toi. Mon père avait une vie un peu particulière, alors possible qu'il ait eu sa montre sur lui un jour où il s'est battu, cela expliquerait le sang....si tant est que ce soit du sang bien sûr. Enfin comme tu le dis, maintenant elle fonctionne parfaitement. Je savais bien que tu réussirais. Merci."

Damon ne savait pas que Gabriel avait entendu quelques bribes de sa conversation avec Stefan, si bien que lorsque l'horloger lui posa la question à propos de son frère, Damon ne répondit pas immédiatement, il resta un petit moment à regarder le jeune homme se demandant ce qu'il pourrait bien dire et ce qu'il n'allait certainement révéler à un type qu'il venait à peine de rencontrer. Il esquissa un sourire.

- "Touché. Enfin en même temps mon frère et moi n'avons jamais vraiment entretenu des relations excellentes, au début elles étaient cordiales, tout au plus, mais malheureusement, une femme arriva dans la vie de mon frère. Elle s'appelait Katherine et mon cher frère en était éperdument amoureux, le truc c'est que je n'y étais pas insensible non plus, alors je suis sorti avec et un jour mon frère nous a surpris....Inutile de te dire qu'il n'était pas très content."

Il eut un sourire amusé à ce souvenir.

-" Enfin bref, toujours est-il qu'on s'est battu lui et moi...ça fait très romanesque, non ? Mais Katherine ne supportait plus nos disputes incessantes. On lui a donc demandé de choisir entre Stefan et moi. Elle n'a pas pu choisir et se suicida."

Il avait dit les derniers mots comme si il parlait de la pluie et du beau temps, comme si il s'en fichait et c'était un peu vrai finalement, la jeune femme l'avait tellement fait souffrir en se moquant de lui qu'il se fichait complètement de savoir ce qu'elle devenait à présent.

-" Enfin bref, Stefan et moi on se détesta cordialement depuis ce jour là. Je ne sais pas si un jour ça changera mais j'en doute sincèrement."

Il n'avait pas tout raconté, il n'avait pas dit à Gabriel que Katherine était un vampire et qu'elle avait transformé les deux frères, que ce n'était pas une bagarre qui avait eu lieu entre Stefan et Damon mais un duel à mort et qu'ils s'étaient tués l'un et l'autre, non ça il ne le lui avait pas dit et probablement qu'il ne le lui dirait jamais ou peut-être finira t-il un jour par le lui dire. Qui sait...

Tout en dégustant sa pizza, Gabriel Gray écoutait l'histoire passionnante de Damon. Plus ce dernier parlait et moins Sylar adhérait à ses propos. Voyons, récapitulons. Un père avec une vie spéciale, qui aime se battre. Ses fils, Damon et Stephan qui aiment la même Katherine qui lui demandent de choisir entre eux et la poussent au suicide. Si Gabriel avait été naïf il aurait pu croire cette histoire rocambolesque. Mais il ne l'était pas et donc, il doutait de la véracité des informations que lui livrait Damon. Une chose particulièrement attira son attention. A première vue, Damon ne semblait pas avoir plus de vingt ans, et donc, son frère devait en avoir deux ou trois de plus. Dès lors, pourquoi parlait il d'un événement si récent avec tellement de sérénité, comme si cela s'était passé plusieurs décennies auparavant. Allez, soyons sérieux, si Damon avait rencontré cette Katherine, cela devait être lorsqu'il était adolescent, tout au plus il y a cinq ans. Pouvait-on réellement se remettre du suicide de son premier amour si vite? Sylar en doutait.

-"Dis moi Damon. Tu avais quel âge lorsque cette Katherine s'est donné la mort?"

Demanda-t-il à son colocataire un éclair vicieux dans le regard. Cette fois, Sylar en était certain, il y avait quelque chose de louche chez ce jeune type qui parlait comme une encyclopédie.

-"Tu t'es vite remis de cette perte apparemment."

Sylar n'avait décelé aucun regret, aucune trace de douleur dans la voix du jeune Damon. Soit ce dernier cachait bien son jeu ou alors il se fichait royalement de la perte de son amie.

-"Tu sais, la vie est courte...Tu devrais te réconcilier avec ton frère. Sinon, tu finiras tout seul".

Disant ces mots, Sylar baissa les yeux. La simple évocation de la solitude faisait peur au Hero. Depuis qu'il était devenu immortel, il redoutait de finir sa vie seul, c'était son pire cauchemar. Oh, bien sûr, il y avait la jeune Claire Bennet qui possédait le même pouvoir que lui mais il lui avait ouvert le crâne, torturé ses parents et tué son père biologique. C'était donc peine perdue, elle ne serait jamais ne serait-ce qu'amie avec lui. Aussi, lorsqu'il donna ce conseil à Damon, Sylar le pensait vraiment. Et oui, que voulez-vous, même les pires des monstres ont leur faiblesses et c'était là celle de notre homme. Maintenant vous comprenez pourquoi Sylar avait offert son appartement à la colocation. Pour avoir ne serait-ce qu'une personne à qui parler, pour ne pas être totalement seul. C'était aussi pour cette raison que Sylar avait offert gracieusement de réparer la montre de Damon, pour être gentil.

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Damon entamait sa troisième part de pizza. Il avait tenté de ne pas donner trop de détails sur son histoire afin qu'elle reste crédible sans pour autant attirer trop la curiosité sur tel ou tel évènement, mais c'était sans compter sur Gabriel qui, si on s'en référait à son expression du visage, n'avait pas l'air de croire un traitre mot de ce que le vampire lui racontait. Oh bien sûr, l'air qu'avait Gabriel semblerait normal à un oeil non exercé, mais Damon pouvait percevoir le moindre changement d'expression dans le visage de ses interlocuteurs, cela lui avait demandé des années d'entraînement, mais il y était arrivé. Il s'essuya la bouche avec la serviette fournit avec les pizzas et esquissa un sourire.

- "Dis-moi Gabriel, je me trompe ou tu ne crois pas un traitre mot de ce que je te dis ? C'est vexant, je t'assure que c'est la strict vérité, si tu veux je peux appeler mon frère pour qu'il te le confirme. Lorsque Katherine s'est suicidé, j'avais 17 ans et mon frère en avait 15."

Vite remis de cette perte ? Euh je ne dirais pas ça, avoir mit plus d'un siècle avant de s'en remettre, ce n'est pas si rapide que ça, mais cela Gabriel l'ignorait. Damon haussa les épaules.

- "Et que voulais-tu que je fasse, je n'ai pas le pouvoir de ramener les morts à la vie, et je n'allais certainement pas m'enfermer dans un monastère. J'ai aimé cette femme, sincèrement, mais cela ne sert à rien de rester empêtré dans ses propres souvenirs, je ne suis pas masochiste au point de me fustiger tous les jours en me rendant responsable de sa mort. Pendant un an ça a été le cas, mais j'ai surmonté tout ça. N'en déplaise à mon cher frère."

Se réconcilier avec Stefan ? En voilà une idée qu'elle était bonne, seulement Damon doutait fortement que son cadet le veuille vraiment, et puis le vampire n'avait pas envie d'être le témoin de l'amour passionnel qu'il y avait entre Elena et Stefan. Non il ne le voulait pas. Il ne voulait surtout pas que l'histoire se répète. Et oui, le vampire avait, avant de partir, commencé à ressentir un semblant d'amour pour Elena et voyant cela il avait préféré fuir pour ne pas blesser son frère encore plus qu'il ne l'était déjà. Parce que Damon savait bien que Stefan avait été aussi très touché par la trahison de Katherine. Alors le vampire avait fait ses bagages....adieu Mystic Falls

- "Mais je suis déjà.....tout seul."

Il se leva et alla regarder dehors par la fenêtre.

- "Et puis, de toute façon, mis à part le fait que je doute fortement que Stefan veuille se réconcilier avec moi un jour, je n'ai pas envie de tenir la chandelle pendant qu'il embrassera sa petite amie.....Je ne veux pas que l'histoire se répète. Il esquissa un sourire. Oui, figures-toi que mon frère a eu la sainte idée de tomber amoureux d'une fille qui est le sosie exact de Katherine...c'est amusant non ? Pff, c'est pathétique oui."

Il resta un petit moment sans rien dire, comme si la conversation était fini, comme si il allait rester muet mais il finit par murmurer.

- "Je ne veux plus qu'il souffre."

Et oui, si la solitude était la pire crainte de Gabriel, la faiblesse de Damon c'était son frère. On pouvait lui faire tout ce que l'on voulait, cela lui importait peu, mais si d'aventure on osait s'en prendre à son cadet, le vampire devenait fou et le vengeait.

-"Tu m'excusera mais, j'ai pour habitude de ne pas faire confiance aux jeunes premiers qui ma parlent d'une voix froide de la mort de leur dulcinée. Je doute, par principe."

Par principe ou plutôt par habitude. Depuis qu'il avait découvert son pouvoir, Sylar n'avait jamais plus accorder sa confiance à qui que ce soit. C'était pour cette raison qu'il se méfiait tellement de Damon et de ses histoires rocambolesques. Lorsque celui-ci offrit d'appeler son frère pour lui prouver ses dires, Sylar refusa l'invitation. Il n'avait pas envie de discuter avec un autre Salvatore sans pouvoir avoir un contact visuel et analyser ses expressions faciales, c'était sans intérêt.

-"Oui, je comprends que se morfondre recroquevillé dans son lit c'est plutôt réservé aux filles..."

Sylar imagina Damon en pleurs, comme une adolescente après une rupture amoureuse. Cette image ne convenait pas du tout à la personne froide et en blouson de cuir qui se trouvait devant lui. Mais cela suffit à faire sourire notre tueur en série.

Damon en vint à parler d'une certaine Elena. Ainsi, Sylar ne s'était pas mépris lorsqu'il avait entendu ce prénom. Il savait désormais qui était cette fille. La nouvelle petite amie du frère de son colocataire. Compliqué? Oui et surtout digne d'un pâle feuilleton télévisé.

-"Je suis sûr qu'il est plus heureux que toi en ce moment..."

Sylar lui aurait bien fait une réflexion sur sa solitude personnelle mais ils se retint. Il ne tenait absolument pas à se confier à ce type qui était, à première vue, bien différent de lui. Soudain, il eut une idée lumineuse. Une proposition alléchante qui, si Damon l'acceptait risquait bien de mettre un peu de piment dans la soirée qui s'annonçait morose.

C'est à cet instant que Sylar commis un impair. Sans le vouloir, il entendit les murmures de Damon qui pourtant parlait à vois très basse. Pour une oreille humaine "normale", ces sont n'auraient pas été audibles mais Sylar lui, avait tout entendu. Et il eut le malheur de ne pas faire comme s'il n'avait rien entendu.

-"Et bien, je suppose qu'il ne souffrira pas plus si tu m'accompagnes dans un bar. Tu trouveras peut-être une jolie fille à ramener ce soir... Qu'en dis-tu?"

Fit il en désignant le désordre fait de boite de pizza et de canettes.

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Il eut un air amusé. Le jeune homme en face de lui titillait sa curiosité, il ne regrettait pas un seul instant de l'avoir comme colocataire, il ne savait pas pourquoi, mais il sentait que Gabriel avait quelque chose de particulier. Quoi ? Il ne saurait le dire, mais il n'était pas comme les autres humains, il en aurait mit sa main à couper.

- "Excellente habitude. C'est bien de se méfier des gens qu'on vient à peine de rencontrer. Je ne suis pas non plus du genre à accorder beaucoup de crédit à quelqu'un que je viens à peine de connaître."

Cette phrase tranchait avec les "révélations" que Damon venait de faire, mais il n'avait pas dit l'essentiel, ce qu'il avait bien voulu raconter n'était qu'une banale histoire de série B, à peine bonne pour les ménagères de moins de 50 ans, mais c'était voulu, en même temps, l'aîné des Salvatore n'avait pas envie de raconter au premier venu qu'il était un vampire ni comment il avait été transformé. Cependant il n'avait pas vraiment menti, il s'était juste tout au plus trompé dans les dates et avait oublié quelques menus détails, mais à part ça tout était vrai. Il ne fut pas surpris que Gabriel refuse de parler avec Stefan, et en même temps il en était soulagé parce qu'il se voyait mal expliquer à son cadet pourquoi il devait s'entretenir avec son colocataire. Il eut un rire amusé.

- "En effet, cela ne me ressemble guère. Il y a longtemps que je n'ai plus pleuré pour qui que ce soit de toute manière."

Et c'était vrai, d'abord parce qu'en tant que vampire il ne produisait plus de larmes, la seule fois où il lui était arrivé de pleurer, c'était une goutte de sang qui s'était écoulé de ses yeux. Et pour que cela arrive, il faut que la peine ressenti soit vraiment immense. Et n'en déplaise à l'égo de Katherine, ce n'était pas sa mort qui avait provoqué cette unique larme.

Oui, possible que Stefan était plus heureux que Damon en ce moment, et si tel était le cas, alors tout était parfait. Après avoir juré sur tous les démons de l'enfer qu'il ferait de l'existence de son cadet une torture perpétuelle, Damon en était revenu à de "meilleurs sentiments" même si Stefan l'ignorait et qu'il ne le saura jamais. Ne voulant que le bonheur de son frère, sachant que si il restait près de lui Stefan serait toujours sur la défensive, il était parti. Ça en faisait beaucoup des raisons à son départ. Certaines resteront toujours secrètes.

- "C'est possible. Si c'est le cas, tant mieux pour lui."

Damon continuait de regarder dehors lorsque Gabriel répondit à ce qu'il avait murmuré. Le vampire se retourna brusquement pour fixer Gabriel. Ainsi, il avait raison, le jeune homme était spécial, aucun humain normalement constitué n'aurait pu entendre ce qu'il venait de dire, mais apparemment Gabriel si. Intéressant. Il esquissa un sourire en coin.

- "En effet, je dirais même qu'il s'en contrefiche complètement, et puis tu as raison, j'ai soif et ça fait longtemps que je n'ai pas usé de mes charmes."

Il se dirigea vers la porte.

- "Tu viens, c'est moi qui régale."

Ainsi, les deux compères avaient un point commun: celui de ne pas accorder facilement une confiance trop précieuse au premier venu. Cette révélation fit plaisir à Sylar. Si son colocataire était méfiant, il était donc intelligent et ce, malgré ses airs de pub pour parfum masculin. Après tout, mieux valait partager se piaule avec un type rusé qu'avec un vieil ado mal dans sa peau. L'espace d'un instant, Sylar se surprit à remercier le concierge de lui avoir assigné Damon. Ce type avait une répartie intéressante et était, en fin de compte de bonne compagnie.

Lorsque Damon parla de son problème lacrymal, Gabriel ne put que remarquer qu'il en était de même pour lui. De quand datait sa dernière effusion de larmes? Il n'en savait rien. Par contre, s'il avait dû compter ses accès de colère, les statistiques se seraient envolées. Cette pensée fit sourire Gray. Mais détrompez vous, un homme qui ne pleure pas n'est pas insensible pour autant, que du contraire. Dans le cas de Gabriel Gray, l'absence de pleurs était une preuve de courage. Il avait pleuré, il y a longtemps, à l'école primaire. Mais sa mère lui avait expliqué que les pleurs offraient à ses ennemis une belle récompense. Depuis lors, Gabriel Gray n'avait plus versé une goutte d'eau salée. Se contentant de serrer les dents aux moqueries de ses camarades.

C'est à cet instant que Damon fit volte face pour examiner Gabriel qui, en même temps se rendit compte de son erreur sans la regretter vraiment pour autant. Damon aurait pu le soupçonner, mais il n'en fit rien. Que du contraire, celui-ci répondit positivement à son invitation lui offrant même de payer l'addition.

Gabriel rendit son sourire à son colocataire et se leva d'un bond. Laissant derrière lui son désordre, le Hero s'empara de ses clés, d'une veste qui trainait là et emboîta le pas de Damon. Au fond, cela avait du bon de vivre avec un riche héritier. Il meublerait l'appartement et, par la même occasion lui offrirait ses consommations au bar. Oui, Sylar supporterait de voir Damon errer dans son appartement. A vrai dire, en ce moment, le Hero doutait qu'il existe quelque part une personne plus à même de représenter sa vision du colocataire idéal.

-"Je te suis!"

Prenant soin de refermer la porte derrière eux, une pensée gênante vint hanter l'esprit de Gabriel Gray: a quoi ressemblait une sortie avec un "beau gosse"? Sylar n'en avait pas la moindre idée. Il n'avait jamais vraiment eu d'amis au physique avantageux et lui-même n'était pas vraiment une gravure de mode. Enfin, cela ne pouvait pas être pire que de passer la nuit seul à regarder la télévision...C'est dans cet état d'esprit que Sylar quitta le 109.

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