Un long fleuve tranquille?

Sujet: Un long fleuve tranquille? Sam 06 Sep 2008, 00:12

Ce soir, Gregory n'avait pas voulu rentrer directement. La dernière fois qu'il l'avait fait, il s'était tapé trois étages dans l'ascenseur en compagnie d'un névrosé alcoolique et d'une midinette coquelicot. Charmant. Il avait toujours adoré passer du temps en plein milieu d'une scène de ménage... c'était revigorant de voir ça à la télé, mais dans un ascenseur, c'était autre chose.

Ce soir, donc, le docteur House avait enfourché sa moto vingt minutes avant la fin de ses consultations et il était parti en trombe pour échapper à sa supérieure, son employeuse et cette succube... le tout incarné en une seule et même personne, ce qui triplait la puissance de l'enragée.

Bref. Greg ne voulant pas rentrer directement au 109, rue du 7e Art, il fit un petit détour par le centre-ville où il rigola bêtement en voyant un gamin tomber au milieu de la route et une mémère qui avait failli tomber à causer de ce dernier. La ville, c'était cocasse tout de même!
Mais la ville n'était pas ce qui permettrait à House d'être mieux. Non, le bord du fleuve, voilà ce qui était le mieux.

House gara sa moto contre la rambarde et s'y appuya pour regarder l'eau. Voilà, ça c'était du spectacle. Lunettes de soleil vissées sur le nez, il avait ôté son casque et s'était véritablement accoudé comme on peut le faire à un bar.
Au fond, le bonheur, c'eût été une belle femme et un bon petit verre en plus de ce tableau. Mais il ne fallait pas rêver, le calme, ça se payait et Greg n'allait pas rester seul et tranquille bien longtemps...

Invité

A dire vrai, dès le moment où il était arrivé, House n'avait pas été seul. Quelques mètres plus bas, assise sur un banc Elizabeth rêvassait. La rentrée à l'Ecole militaire ne se ferait que quelques jours plus tard, elle avait eu le temps de s'installer tranquillement et attendait maintenant que sa colocataire daigne pointer le bout de son nez. Bah, tant qu'elle payait sa part du loyer.
Elle non plus n'avait pas envie de rentrer tout de suite, pour risquer de tomber une nouvelle fois sur James ou - ce qui n'aurait pas été mieux - sur le grincheux du troisième étage.
Le bruit d'un moteur pétaradant plus haut sur la route la tira de sa torpeur. Machinalement, elle leva le nez pour voir d'où ça venait. Tiens, le motard s'était arrêté... Etrangement, sa silhouette rappelait quelque chose à la jeune femme.

**Nom. De. D Like a Star @ heaven

**

Non. Non ? Nooooon... Ben si. Le grincheux du troisième en personne. Booooon... Elizabeth reprit sa position initiale, en espérant ne pas avoir été vue. Après tout, s'ils restaient là en s'ignorant l'un l'autre, il ne devait pas y avoir de raison qu'ils se gênassent mutuellement...

Spoiler:

Sujet: Re: Un long fleuve tranquille? Sam 06 Sep 2008, 14:15

Il n'était pas certain que la possibilité d'être tranquille, dans sa solitude, soit envisageable. Après tout, rien jusqu'ici ne le démontrait. Il y avait toujours quelque chose ou quelqu'un pour vous déranger où que vous soyez et quoi que vous fassiez. Ici comme ailleurs, c'était pareil.

Lorsqu'il était arrivé près du fleuve et qu'il avait stoppé son moteur, Gregory avait pensé être seul ici et à cette heure, mais quand il avait marché, toujours en s'appuyant sur sa canne, vers la rambarde, il avait aperçu plus loin une silhouette.
Silhouette féminine. Femme ou travesti?... d'ici, c'était difficile à dire.

* On verra à l'autopsie *

En attendant, il regardait l'eau, tout en songeant au cas qui le préoccupait ces temps-ci. L'IRM et la ponction lombaire n'avaient rien donné. Pas plus que les analyses toxicologiques et la fouille de l'appartement du patient. Il ne servait à rien de soigner les symptomes, non, il fallait trouver la cause et l'annihiler, ainsi l'enfant pourrait guérir et arrêter de le saouler avec toutes ses questions.

Un bref coup d'oeil vers l'autre personne. House ne voulait pas penser trop au cas du petit. Pour le moment, il ne savait pas ce dont il souffrait, il n'en avait aucune idée et son équipe se montrait aussi inefficace qu'une brindille qui servirait de radeau à un sumotori.
C'est alors qu'il la reconnut. La bouquineuse. La midinette. La femme-coquelicot.
Greg ne put réprimer un sourire en coin. Cette bêcheuse était décidément partout! Elle le suivait peut-être... encore une fan qui trouvait son infirmité tellement sexy...

"Eh! Mademoiselle Swan!"

Bon, maintenant qu'il avait établi un lien auditif en plus de visuel, il allait pouvoir entrer plus en contact avec elle. Dire qu'il avait pensé un instant à un travelo...
Le visage tourné vers, toujours accoudé et toujours ses lunettes sur le nez, le docteur House lui fit un signe de la main, comme s'ils se connaissaient depuis longtemps et étaient de bonnes connaissances.

"Vous allez bien?"

Invité

Repérée... Elizabeth soupira. Tant pis pour ses envies de discrétion. Elle releva la tête et fit un rapide signe à celui qu'il fallait bien appeler son voisin. Tiens ? il avait l'air plus aimable que la dernière fois. Elle se leva, cala ses mains au fond des poches de sa veste et s'approcha.

"Bonjour, docteur."

Pourquoi "docteur" ? Parce qu'il avait exercé ses talents de diagnosticien en même temps que son causticisme aux dépens de james, quelques jours auparavant. Et oui ! C'est pas parce qu'elle était blonde qu'elle était idiote !
Bref, comme disait Pépin. Elle sourit.

"En ce qui me concerne, ça va. Et vous ?"

Autant se montrer aimable, bonne éducation oblige. Et puis, peut-être que, mieux luné, le médecin était moins désagréable. Elle ne put pourtant s'empêcher de remarquer :

"Désolée, aujourd'hui, il n'y a que moi pour vous faire les crocs..."

Sujet: Re: Un long fleuve tranquille? Dim 07 Sep 2008, 15:28

Il y a des jours avec et des jours sans… Aujourd’hui, c’était un jour avec pour Gregory. Il avait beau être accro à la vicodine et aux conflits, il n’y avait pas que cela dans la vie et de temps en temps, même le meilleur médecin du monde avait besoin de voir des gens en bonne santé…
La jeune femme s’approcha, mains dans les poches de sa veste et l’air totalement étonné. Mais après avoir salué House, elle lui sourit.

"Ça va…"

Une petite remarque vint alors perturber cette petite discussion banale… Lui, se faire les crocs ? Pas besoin d’aiguiser, cela ne servait à rien et House estimait qu’il n’avait pas besoin de ça… et surtout pas sur une seule femme… qui paraissait moins tarte quand son commodore n’était pas avec elle.

"Le problème chez les bons perdants, c’est que ça reste des perdants. Norrington en fait partie et ne l’accepte pas…"

Le docteur retira ses lunettes pour regarder son interlocutrice. Au fond, il ne savait pas exactement pourquoi il avait voulu être aussi désagréable l'autre jour... ah, si, il savait! à cause de l'autre couillon alcoolique...

"Je n’ai pas spécialement envie de me faire les crocs, comme vous dites, n’ayez pas d’inquiétude là-dessus… ça me fait même plaisir de vous voir…"

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Invité

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Elle hésita à renchérir sur le sujet James. Primo, House s'en fichait certainement autant que de sa première chemise - et vraissemblablement plus encore - et secondo, James s'était déjà rendu assez ridicule l'autre jour pour qu'elle ne l'enfonce pas délibérément en plus. Elle finit tout de même par lâcher avec un haussement d'épaules :

"Le problème, c'est qu'il n'est pas bon perdant. Et que la partie était perdue d'avance pour lui."

Elle haussa de nouveau les épaules.

"Enfin peu importe."

L'angle du sourire d'Elizabeth se modifia légèrement.

"Amusant. Je ne pensais pas que le fait de me voir pourrait vous faire plaisir. J'imaginais plutôt que vous n'auriez qu'une envie : enfourcher votre engin et déguerpir au plus vite."

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Sujet: Re: Un long fleuve tranquille? Dim 07 Sep 2008, 19:19

House sourit à la jeune femme qui était face à lui. Elle n'avait pas tort, au fond. Et ça, c'était bon signe. Une femme intelligente, c'était toujours bon à avoir dans ses connaissances.

"Tiens, oui... c'est vrai qu'il n'avait pas l'air ravi..."

Quel idiot ce devait être, en réalité. On ne se laissait pas faire ainsi quand on était un homme avec un minimum d'amour-propre et d'estime de soi... ce James Norrington était un imbécile. Rien de plus.

"Comment avez-vous pu vous retrouver en couple avec ce bête type?"

En fait, il avait quelques idées. Cela se voyait tout de suite qu'Elizabeth n'était pas fille de n'importe qui. Elle devait être de bonne famille et on l'avait pratiquement forcée à se laisser embrigader dans une histoire amoureuse sans passion, sans suspense et sans amour de sa part. Terrible trahison parentale, au fond...

"Pourquoi vous éviterais-je? J'aurais agi de la sorte si votre ex petit copain m'avait demandé de diagnostiquer son inflammation génitale, mais vous... non, je ne vois pas ce qui aurait pu me pousser à vous fuir."

Invité

Elizabeth eut un haussement d'épaules.

"Je ne sais pas, je pensais qu'après ce premier contact... houleux..."

Elle eut un soupir face à la question.

"Bête type... Vous êtes un peu dur. C'est quelqu'un de bien, foncièrement. Un peu... comment dit-on ? A côté de la plaque... Mais bon..."

Elle s'adossa à la rambarde.

"Comment je me suis retrouvée avec lui ? Oh... C'est une longue histoire. Pour faire court, je l'ai connu toute gosse, quand je suis partie aux Caraïbes avec mon père. Il a toujours fait partie de mon environnement de l'âge de huit ans à l'âge de seize. J'étais fille unique, élevée par mon père, veuf, de manière parfois un peu trop laxiste pour mon milieu... En me mariant jeune, j'aurais sans doute été recadrée. Je savais que je n'étais pas amoureuse, mais c'était le genre d'homme qu'il convenait que j'épouse, et puis lui m'aimait. Alors, quand il m'a demandé sa main, je n'ai pas dit non."

Elle haussa de nouveau les épaules.

"Histoire classique. Et puis les évènements ont fait que... Il n'empèche que j'ai quand même beaucoup de tendresse pour lui. C'est ridicule, mais c'est comme ça. Au moins, j'en suis consciente, c'est toujours ça."

Elle secoua la tête et se redressa, toujours les mains dans les poches.

"Enfin. Je pense que je vous fais profondément suer en vous racontant ma vie. Je me trompe ?"

Sujet: Re: Un long fleuve tranquille? Lun 08 Sep 2008, 11:54

Un contact houleux ? Le docteur House eut un sourire.

"Vous rigolez ? Je ne m’amuse jamais autant dans les ascenseurs de l’hôpital ! On ne peut pas provoquer de pannes comme on veut, surtout s’il y a un malade avec nous…
Remarquez, l’autre fois, j’ai tout de même tenté… Une patiente de seize ans. Et cet arrêt m’a permis de lui enlever ce qui clochait chez elle… alors…"

Puis vint le sujet James. Ça c’était un bon sujet. De quoi déblatérer pendant des heures et des heures.

"Ce n’est pas un bête type ? Bon, alors c’est un imbécile…"

Dieu du ciel ! mais c’est qu’elle pouvait se montrer bavarde cette miss Swan ! Voilà qu’elle était lancée à présent… Greg espérait tout de même qu’elle n’allait pas lui conter ses premiers bisous et compagnie… mais puisqu’elle faisait la remarque d’elle-même…

"Non, vous avez raison… cela ne m’intéresse pas du tout.
Je soigne les corps, pas les esprits.
Enfin, soit… Je suis tout de même étonné qu’il vous coure encore après."

C’est vrai que lui, Greg House, pour courir, il avait déjà donné, même s’il ne crachait pas sur une nuit ou l’autre avec son ex ou une prostituée.

"Il est peut-être temps de lui faire vraiment comprendre… "

Invité

Elizabeth eut un sourire amusé.

ça aura donc eu deux utilités : vous occuper quelques minutes et sauver la gamine. Mais dites-moi, pour que vous en soyez réduit à vous occuper de son cas dans un ascenseur, c'est qu'on avait essayé de vous empêcher de le faire dans un lieu plus approprié ?

Elizabeth préféra ne pas se lancer dans un débat pour défendre James. House s'était visiblement fait son idée au sujet du Commodore, et n'en démordrait pas facilement. Voire pas du tout. Elle se contenta seulement de remarquer :

Si vous aviez vécu à notre époque, vous ne diriez sans doute pas la même chose.
Il a compris, j'en suis sûre. Mais on ne peut pas empêcher les gens d'espérer, même si cet espoir doit les détruire. Je suppose que vous devez voir ça tous les jours, des patients qui, même en se sachant condamnés, s'accrochent encore à l'espoir irrationnel de s'en sortir.

Quelque part, un coup de tonnerre roula. Elle remonta le col de sa veste et consulta sa montre. Morgan ne finissait pas son service avant sept heures, inutile donc de rentrer avant huit heures. Pour une fois, ce serait Mlle le Capitaine qui ferait le dîner.

Si vous en avez le temps et l'envie, je vous propose de vous payer un verre. ça vous tente ? Nous pourrions continuer cette discussion sans se faire tremper.

Sujet: Re: Un long fleuve tranquille? Lun 08 Sep 2008, 18:30

Greg haussa les épaules. La jeune femme n'avait pas tort, mais bon...

"La direction n'accepte pas toujours mes petits projets, je dois bien trouver un moyen de contourner les invectives...
Cuddy voulait la renvoyer chez elle alors qu'elle n'était pas du tout guérie. C'est un peu n'importe quoi..."

Puis vint le moment de clore la discussion consacrée au Commodore Norrington. Quelque chose dans les paroles d'Elizabeth poussa House à écouter plus attentivement, avançant même l'oreille pour être bien sûr qu'il avait bien entendu...

"Ah oui, l'espoir... une bien grave maladie dont on ne guérit pas...

A peine avait-il dit cela qu'il se remémora le début des paroles de Swan. Epoque?

"Pardon? à votre époque? Vous rigolez? J'ai au moins vingt ans de plus que vous!"

Et bardaf! à ce moment précis, un coup de tonnerre fameux se fit entendre au loin et le temps se gâta, d'abord par un coup de vent remarquable. La jeune femme invita alors Greg pour boire un verre.

"Oh, je vois... Fi des traditions et coutumes... Vous m'invitez..." il sourit "Vous êtes un peu anti-conformiste, n'est-ce pas?"

Avançant vers son véhicule à deux roues, House passa son casque à la jeune femme.

"Le centre-ville, ça vous convient?"

Invité

Je vois.

Elizabeth prit alors conscience de ce qu'elle avait dit. Hem ! Comment rattraper le coup ?

Je vous expliquerais volontiers, mais je ne pense pas que vous me croiriez. Et je ne tiens pas à finir mes jours en psychiatrie.

Elle sourit et prit le casque, qu'elle coiffa et règla à sa taille, tout en répondant :

"Totalement anti-conformiste et fière de l'être ! Il paraît que c'est scandaleux, mais la simple idée de devoir rentrer dans un moule me rend malade. C'est grave, docteur ?" ajouta-t-elle avec un petit rire. "Bon, j'arrête, avant que vous ne me laissiez sur le bord de la route. Va pour le centre-ville, ce ne sont pas les bars qui manquent."

Elle acheva de sangler le casque et boutonna sa veste en jean en attendant que House mette en route l'engin. Elle réfléchissait. Comment expliquer sa situation à House qui, en bon scientifique, la prendrait certainement pour une cinglée de première ? C'est alors qu'une idée germa dans sa tête... Quoi de mieux que la démonstration par l'exemple ? Et elle savait où se trouvaient les meilleurs exemples de la ville...

"Le William The Conqueror, vous connaissez ?"

Sujet: Re: Un long fleuve tranquille? Mar 09 Sep 2008, 22:19

Les choses devenaient étranges. D’abord ce coup de tonnerre et la pluie qui commençait, cela faisait une ambiance un peu spéciale. Ajoutez cette parole bizarre d’Elizabeth puis le fait qu’elle parle même de psychiatrie… On devait être dans un stade de déni, assurément.

"Je suis prêt à tout entendre, vous savez…"

Il la laissa mettre le casque et le régler puis l’invita à s’asseoir derrière lui sur la moto.

"Rien de grave là-dedans, vous savez… L'anti-conformisme est même plutôt un atout pour moi."

Effectivement, il y avait beaucoup de bars dans le centre-ville. Autant y aller directement et choisir sur place. A moins que...

"Le roi d'Angleterre ou le bar?" House prit un air de réflexion profonde et intense "Ok pour le William the Conqueror. Je suppose que vous le connaissez.
C'est parti!"

Gregory lança le moteur et attrapa les mains d'Elizabeth pour les plaquer sur son ventre. Alors il démarra en pétaradant et prit la direction du centre-ville...

[=> suite au Centre-Ville]

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