Du fleuve au comptoir...

Sujet: Du fleuve au comptoir... Mar 09 Sep 2008, 23:11

[<= Bord du fleuve]

Après avoir roulé durant un petit quart d'heure, Gregory stoppa net son véhicule dans le centre-ville, devant un bar, précisément. Devant le "William the Conqueror" exactement. Moteur coupé, il ôta ses lunettes de soleil, dévoilant un regard bleu vif, et se tourna vers sa passagère en attendant qu'elle descende avant lui. Et qu'elle lui rende son casque. Non mais...

"Terminus, on descend..."

Le docteur House n'était jamais venu ici. Mais la devanture du café l'inspirait assez. Cela faisait longtemps qu'il n'avait pas mis les pieds dans un bar un peu soigné au niveau du décor. A force de toujours être à la cafétéria de l'hôpital...

"Pourquoi ici? Vous connaissez le patron personnellement? Vous avez des réductions sur les alcools?"

Si c'était le cas, elle ne pourrait pas en profiter pour lui : il ne buvait que très rarement de l'alcool. Une bière de temps en temps, mais c'était tout.

Invité

Elizabeth lâcha le médecin et sauta à terre, dégrafant le casque qu'elle tendit à House, tout en passant une main énergique dans ses cheveux pour leur redonner ce côté ébouriffé qui la caractérisait désormais. Ses yeux bleu-gris se posèrent sur la devanture du pub. Elle aimait bien le décor de cet endroit, qui tenait à la fois du pub anglo-irlandais et - passé une certaine heure - de la taverne de Tortuga.

"Ni l'un, ni l'autre. Je suis rentrée une fois par hasard avec mon ancienne colocataire, et on a apprécié l'endroit. Et pour avoir eu l'occasion d'aller expérimenter une bonne partie des bars du coin avec ma promo, j'en ai conclu que c'était sans doute le plus sympathique. Par contre, je vous préviens, c'est assez... particulier."

Elle ne précisa pas qu'elle connaissait une bonne partie des clients qui le fréquentaient habituellement. Il s'en rendrait compte bien assez vite.
D'ailleurs, dès qu'elle poussa la porte, elle eut à saluer des gens. Rebecca était là, et, "bizarrement", en grande conversation avec son amour de toujours, Wilfred d'Ivanhoé. Elle repéra aussi, au fond, devant une tasse de café et l'air toujours aussi avenant, le commissaire Javert. Déjà qu'il n'était pas particulièrement aimable à l'époque où il était inspecteur, mais depuis qu'il était monté en grade, il était tout simplement imbuvable. Elphaba, la serveuse, servait les clients en se déplaçant sur son balai, tandis que le gérant, un nommé Blackadder, aristocrate sans le sou qui avait dû se résoudre à chercher du travail, se planquait sous son comptoir pour échapper à la colère d'un client qu'il avait pris de haut. Bref, drôle d'ambiance.
Elizabeth souriait. Il n'y avait pas encore trop de monde - la fréquentation commençait surtout vers les 21-22 heures. Elle se tourna vers House.

"Toujours d'accord pour entrer, ou vous préférez aller ailleurs ?"

Elle avait choisi ce pub non seulement pour le décor et l'ambiance, mais aussi parce que c'était le seul endroit de la ville - hormis le 109 - où chacun reconnaissait et assumait parfaitement le fait de "venir d'ailleurs". Le plus frappant étant sans doute Elphaba, qui faisait usage de ses pouvoirs magiques dans la plus complète indifférence des clients - la même indifférence qu'ils opposaient à sa peau vert émeraude, d'ailleurs...

Spoiler:

Sujet: Re: Du fleuve au comptoir... Jeu 11 Sep 2008, 11:55

Pour quelqu’un qui affirmait venir tout droit d’un autre siècle, Elizabeth semblait avoir pas mal de connaissances sur le monde actuel. Elle avait sauté de la moto – peut-être comme elle le faisait habituellement d’un cheval, qui sait – et elle avait ôté le casque de la même manière qu’elle l’avait mis et ajusté. Sans problème.
Les femmes avaient cette habitude de toujours se recoiffer après avoir porté un couvre-chef. Par mimétisme, peut-être, Greg se passa une main dans les cheveux avant de reprendre sa canne sur le côté de son deux-roues.

"Avec votre promo ? et qu’étudiez-vous donc exactement ? J’ai cru comprendre que vous étiez à l’école militaire… mais je ne vois pas ce que vous pouvez bien y faire…"

Tout en parlant, ils avaient franchi le seuil du bar, elle la première. Après un rapide coup d’œil au décor, House regarda un peu plus attentivement les personnes qui se trouvaient là. Les gens qui fréquentaient les bars où quelqu’un vous invitait pouvaient toujours vous fournir quelques renseignements sur ce quelqu’un. Mais là, Gregory dut se rendre à l’évidence : la serveuse était une sorte de grenouille géante montée sur un balai, le serveur adoptait une méthode assez personnelle pour s’occuper de ses clients et les autres personnes que salua Swan semblaient un peu plus dans les normes. C’était surtout cette chose verte qui détonnait.

"Toujours d’accord. Même si la serveuse n’est pas aussi sexy que j’aurais pu l’espérer… Ce doit être son teint… ou alors sa rapidité à se déplacer… "

Le docteur House désirait appliquer son causticisme en toute situation, même ici. Il choisit une table pas trop loin d’une fenêtre et d’où il aurait une assez bonne vue sur l’ensemble du bar. L’homme s’assit sans même demander à Elizabeth si cet endroit précis lui convenait. Ça lui allait très bien, à lui, alors, pourquoi pas elle ?

"Alors, mademoiselle Swan… où sommes-nous ? qui sont ces gens que vous semblez connaître ? Le type, là…" il montra discrètement Javert "Il est flic, n’est-ce pas ?"

Invité

La jeune femme suivit le médecin et s'assit dos à la salle.

"En fait, je suis un cursus pour devenir officier supérieur dans la Marine. L'équivalent en moins prestigieux de West Point, mais il y a une équivalence pour la Royal Navy qui n'existe pas à West Point."

Elle leva la main pour attirer l'attention d'Elphaba, qui lui répondit d'un signe de tête qu'elle arrivait.

"Un conseil, si vous ne voulez pas qu'elle vous envoie votre verre directement à travers la figure, ne faites pas de remarque sur son teint, elle est très susceptible à ce sujet."

Elle se cala confortablement sur sa chaise, croisa les jambes, et ajouta :

Pour répondre à votre question, nous sommes dans l'un des endroits les plus agréables de cette ville : le seul endroit où nous n'avons pas à prétendre être des gens de ce siècle. Ce monsieur que vous m'avez montré est effectivement un flic. Je dirais même l'archétype du flic qu'on a envie d'abattre : obstiné, hargneux, rancunier... et intelligent, ce qui le rend dangereux. Il se nomme Javert, il est français à n'en plus pouvoir et nous vient tout droit du Paris de la Commune, autour de 1830.
Les deux jeunes gens qui discutent là-bas sont Rebecca d'York et Wilfred d'Ivanhoé. Ils sont anglais, comme moi, et ont débarqué du 12ème siècle. Deux bons amis. Je pourrais vous signaler d'autres cas, si nous étions plus tard dans la soirée...

La serveuse débarqua à cet instant.

Comme d'habitude, pour moi, Elphaba. Et pour vous, docteur ?

Sujet: Re: Du fleuve au comptoir... Ven 12 Sep 2008, 19:15

L'ambiance de ce pub était pour le moins étonnante. Même les patients souffrant de crises aiguës de folie démentielle n'imaginaient pas un monde aussi hétérogène. Et cette jeune fille qui étudiait pour devenir officier dans la marine...

"Sincères condoléances... c'est pour donner des ordres ou ne plus avoir à obéir que vous faites ça?"

L'armée... ça rappelait son père à Greg. Un père qu'il n'aimait pas.
Mais déjà, Elizabeth appelait la serveuse verte pour prendre les commandes. Elle en profita pour conseiller à House de ne rien dire sur la couleur de peau de cette Elphaba.

"Je ne suis pas raciste, voyons... Ce qui me dérange surtout, c'est qu'elle court plus vite que moi."

Miss Swan continua ses explications sur le lieu et les gens qui s'y trouvaient. Le médecin n'y croyait pas vraiment, mais bon. Les derniers mots de la jeune femme le firent sourire.

"C'est une invitation à ce que nous passions la soirée ensemble? Si c'est le cas, je décommande immédiatement Samantha..."

Mais cette charmante discussion se fit interrompre par la rainette volante. Gregory posa le coude gauche sur la table, fit tenir sa canne sur son avant-bras et posa sa joue dans sa main.

"Un soda au citron, merci."

Invité

Elphaba hocha la tête et s'éloigna, tandis qu'Elizabeth s'accoudait à la table, le menton sur ses mains entrecroisées.

En fait... Ni l'un, ni l'autre. Je cherche juste à m'occuper et j'ai toujours aimé la mer. Oui, je sais, c'est bizarre. Mais si je devais choisir, je dirais que c'est pour ne plus avoir à obéir.

Elle sourit.

Je m'en voudrais de vous faire rater une bonne soirée... Elle est mignonne, cette Samantha ?

Elle avait posé cette question avec un sourire espiègle, car elle se doutait bien que la réponse était oui.

Je ne sais pas si c'est un bon choix que vous feriez là... Elle risque de vous en vouloir ! Enfin, si vous êtes toujours partant, moi, je n'ai rien de prévu ce soir.

Elle n'ajouta pas que, tant qu'à faire, elle préférait passer la soirée ici à discuter avec quelqu'un d'intelligent, plutôt que d'avoir à subir les récits de Morgan. Elphaba reparut et déposa les deux consommations sur la table. Un coup d'oeil vers Elizabeth...

Oui, sur ma note, Elphaba. Merci.

La sorcière hocha de nouveau la tête et quitta les environs de leur table. Elizabeth prit son verre et le leva.

Cheers !

Sujet: Re: Du fleuve au comptoir... Sam 13 Sep 2008, 09:06

La serveuse verte s’éloigna, aussi rapidement qu’elle était venue. Greg se demanda s’il aimerait pouvoir gambader, avec ou sans balai, s’il avait le teint aussi verdâtre que celle-ci. La réponse était évidemment négative, même s’il était encore vert malgré son âge… mais là n’était pas la question.

"C’est par amour de la mer que vous vous destinez à une carrière si vide de sens ?
Mais enfin ! Pourquoi ne pas vendre des crevettes dans les ports, tant que vous y êtes !
Il y a des centaines de trucs intéressants à faire dans la vie et vous choisissez dans les trucs nuls… Le scorbut existe toujours et je n’ose même pas vous imaginer sans vos dents ! Et ne parlons pas des clichés… vous pensez vraiment que des andouilles en uniforme vont suivre vos ordres ? L’égalité entre hommes et femmes, c’est des conneries, voyons !"

House poussa un "Ah ! " exclamatif.

"Si elle est mignonne? Mais je n’en sais absolument rien… Je ne regarde que les fesses quand je choisis une fille dans un catalogue ! mais de ce côté-là, oui, on peut dire qu’elle est plutôt pas mal…"

L’histoire de bon ou mauvais choix le fit sourire. Comme si une prostituée allait lui en vouloir…

" Mon portefeuille sera content et elle, elle n’aura pas de pourboire. Que voulez-vous, c’est la vie…"

La grenouille apporta les consommations et le médecin la remercia d’un signe de tête. Son interlocutrice leva alors son verre.

" A la vôtre !... à quoi buvons-nous, au fait ?
À cet ascenseur trop étroit où nous nous sommes rencontrés ? à ce fleuve pollué qui nous a amenés ici ? ou à votre avenir, peut-être ?"

Invité

Flegmatique, Elizabeth sourit en laissant passer l'orage. Et choisit de répondre en commençant par la fin :

"A mon manque d'avenir, plutôt, à voir votre réaction. Disons simplement que nous buvons à cette soirée, ce sera moins polémique !"

Elle sirota une gorgée de son verre et, en le reposant, ajouta :

"Si son arrière-train est tout ce qui vous intéresse chez une femme, faites-moi penser la prochaine fois à vous mettre en rapport avec Sparrow : il connaît toutes les Belles de Nuit de Tortuga et je suis sûre que si vous vous présentez comme venant de sa part, on vous fera des prix. Par contre, attendez-vous aussi à recevoir des gifles à lui transmettre... Que voulez-vous, c'est la vie !"

Ben quoi ? Il espérait la choquer en lui parlant de prostitution ? C'était une pratique plus que courante à son époque, et même les hommes de la meilleure société fréquentaient les demi-mondaines... Le corps a des exigences, et même s'il n'est jamais agréable de se dire que son mari est dans les bras d'une catin, au moins, on pouvait être à peu près sûre qu'il n'allait pas provoquer quelque rixe... Non, Elizabeth n'encourageait pas la prostitution, mais elle l'acceptait comme une réalité presque incontournable.
Elle reprit son verre, en vida un bon quart et reprit :

Pour répondre à votre remarque, je n'ai pas l'intention de moisir dans le giron de la Marine Royale. J'entends acquérir la formation, le grade et le navire, et puis so long ! Retour à mes premières amours, avec en plus le statut de déserteur, ce qui ne peut qu'ajouter du piquant à la chose. Je n'espère pas que ces messieurs m'obéiront sous l'uniforme, mais je sais que sous pavillon noir ils le feront. Parce qu'ils n'auront pas d'autre choix. La piraterie a changé de visage depuis mon époque, mais il y a toujours une chose de certaine : le capitaine est seul maître à bord de son vaisseau.

Elle souriait, calmement, posément. Elle savait parfaitement que le médecin ne la croirait pas, alors pourquoi se restreindre ? "Si c'était la vérité, il ne nous l'aurait jamais dit... Sauf s'il savait qu'on ne le croirait pas, même s'il avouait tout." C'était Jack qui lui avait fait découvrir ça.

Un croiseur, c'est moins romantique qu'un gallion, mais c'est plus efficace, de nos jours... Et mieux équipé.

Sujet: Re: Du fleuve au comptoir... Mar 16 Sep 2008, 19:03

Ce que Greg remarqua bien vite, c’était la facilité avec laquelle il avait pu faire comprendre à Elizabeth son point de vue sur l’armée. Enfin, ce n’était pas son but, mais ainsi, les choses étaient claires. House préférait éviter tout ce qui pouvait lui rappeler son père. D’ailleurs, il n’avait aucune raison d’en parler avec elle : après tout, qu’avaient-ils en commun, elle et lui, à part un immeuble et un ascenseur ?
Mais juste après avoir trinqué, la jeune femme parla de "Belles de Nuit" et d’un certain Sparrow. Le médecin eut un regard suspicieux.

"Vous pensez que j’irais me vautrer dans le stupre avec votre Sparrow ? Des gifles, j’en reçois rarement, je ne pense pas que l’on puisse traiter tout mâle par le mal.
Je me contente de ce que j’ai et je n’en veux pas plus…" et il ajouta, sur un ton pseudo-enjoué "d’ailleurs, j’ai déjà ma carte de fidélité dans deux maisons closes. Pas besoin de vos Belles de Nuit de Balouga ou d’ailleurs…"

C’était idiot, mais Gregory faisait souvent ça. Il prenait un malin plaisir à essayer d’énerver un peu l’autre en écorchant les noms qu’on lui avait cités. Mais au fond, il ne voulait pas tellement énerver cette femme en face de lui. C’était la seule rencontre plus ou moins potable qu’il ait faite dans la résidence jusqu’à présent. Quoique… l’autre sombre emmerdeur de la bibliothèque devait être intéressant… mais cela viendrait en son temps.

Enfin, cette Elizabeth était tout de même un peu demeurée, à la réflexion. Qui s’engageait dans l’armée pour déserter ? Bien sûr, on ne devait plus risquer la peine capitale pour ça, sauf en temps de guerre, peut-être, et dans ce cher pays outre-Atlantique, pays de la liberté et des imbécillités, mais bon, elle semblait aimer le risque.

"Ok, porte-avions coulé, je comprends où vous voulez en venir… mais vous avez raison, la piraterie n’est plus tout à fait ce qu’elle était, on la retrouve essentiellement sur le net, maintenant. A mon avis, vous seriez gagnante à pirater le réseau de sécurité du FMI avant de prendre le large…"

Invité

Je n'ai rien d'un génie informatique, et quitte à pirater quelque chose, autant s'attaquer aux dossiers secrets de la CIA, au moins, ça me fera quelque chose à monnayer sur le long terme,répliqua-t-elle du tac au tac.

S'il cherchait à l'énerver, il s'y prenait mal. Plus on la cherchait, moins on la trouvait - sauf sur certains sujets. En fait, la tendance du médecin à chercher la petite bête la faisait plutôt rire.

Pour vous répondre, je n'imagine rien. Je propose, vous disposez. Point-barre.

Elle reprit son verre et le vida complètement. Elle avait du temps encore devant elle, inutile de se presser. Elle était curieuse de voir comment Morgan se serait débrouillée avec le dîner. l'image de la cuisine ravagée lui traversa fugacement l'esprit, mais elle la repoussa. Si elle se mettait à envisager le pire, Morgan le mettrait sûrement en oeuvre.

Spoiler:

Sujet: Re: Du fleuve au comptoir... Mar 23 Sep 2008, 18:45

[hj : bon, c'était pas tout à fait ce que j'avais posté dimanche, mais c'était un truc dans le genre...]

La CIA ? Carrément ? C’était du suicide ou de la folie… Gregory se mit à essayer d’analyser quelque peu la psychologie de cette demoiselle qui disait venir d’une autre époque.

"Vous êtes consciente de ce que vous dites ? En piratant la CIA, vous seriez directement cataloguée comme terroriste… et à l’heure actuelle, cela revient à signer son arrêt de mort ! Vous seriez rapidement repérée, où que vous soyez… aussi recherchée qu’un tueur en série ou qu’un violeur d’enfants ! si pas plus !"

House songeait que cette jeune fille n’avait, mis à part le fait qu’elle disait venir d’un passé de navigation sur galion, pas l’air d’être atteinte de démence… à tout le moins était-elle peut-être dépressive… mais ça pouvait se comprendre si elle fréquentait des ascenseurs avec des alcooliques paranoïaques…
Il ne réagit pas à la dernière remarque qu’elle avait faite, absorbé qu’il était dans une réflexion pour établir un diagnostic.

"Vous avez reçu un coup sur la tête, dernièrement ? ou même il y a longtemps ?"

Si c’était le cas, il se ferait un plaisir de lui prouver que la trépanation était passée de mode et qu’une biopsie pouvait s’imposer. Elle avait une série d’hallucinations dans ses souvenirs, ça remontait peut-être loin, très loin… et peut-être que si c’était le cas, elle pourrait reprendre une vie normale.

Invité

Elizabeth sourit.

J'ai tout à fait conscience de ce que je viens de dire. C'était censé être de l'humour. Certes, pas d'une qualité extraordinaire, mais de l'humour quand même.

Elle faisait tourner son verre vide au creux de sa main, tout en obserant son vis à vis. Elle croyait voir où il voulait en venir.

Non, pas de coup sur la tête, hormis une gifle à l'arrière du crâne il y a un peu moins d'un an. Ce qui, à ma connaissance, n'a jamais tué personne. Ma dernière blessure en date doit être un coup de mousquet à l'épaule, je crois.

Ah, l'esprit scientifique... C'était assez drôle de voir House se creuser la tête à la recherche d'une éentuelle pathologie, qui pourrait expliquer son discours. Difficile en effet d'admettre, pour quelqu'un de sensé, qu'elle s'était simplement endormie un soir de 1700 et des poussières dans une maison de Port-Royal, vieille femme, mère et plusieurs fois grand-mère, et réveillée un matin de 2007, dans cette même maison de Port-Royal, jeune femme célibataire et sans enfant... Alors quoi ? Qu'allait-il trouver ? Des examens, peut-être, si ça l'amusait...
Elizabeth consulta sa montre. D'autres personnes arrivaient. Un gamin d'une douzaine d'années se faisait refouler à la porte, une gamine de vingt ans réussissait à passer. Eponine avait toujours été débrouillarde... Mais si Javert la repérait, ça allait chauffer pour son matricule ! Elizabeth se surprit à compter les secondes avant que le commissaire ne remarque la gamine et ne pète un cable...

Spoiler:

Sujet: Re: Du fleuve au comptoir... Sam 11 Oct 2008, 14:08

Spoiler:

De l'humour? En ce cas, Gregory allait devoir revoir sa définition de ce concept. En effet, depuis des années et des années, il était persuadé que l'humour devait faire sourire, à défaut de faire rire. A ce rythme-là, si les concepts n'avaient pas les mêmes définitions pour tout le monde, on n'était pas sorti de l'auberge!

"Désolé, je n'avais pas perçu la finesse de l'idée..."

Il s'avéra ensuite, à la lumière des informations que lui donnait Elizabeth, que cette dernière ne semblait pas être un cas de traumatisme cérébral habituel. Bon, mais elle ne semblait pas vouloir donner beaucoup plus d'éléments au médecin. Il était sûr qu'elle lui mentirait s'il continuait à la questionner.

"Ok... déformation professionnelle..."

Quand elle regarda sa montre avant de laisser son regard se perdre dans la salle du bar, House jeta un coup d'oeil à la scène qui accaparait tant les yeux de son interlocutrice, puis il lâcha d'un ton offusqué :

"Si je vous ennuie, dites-le moi tout de suite, ça vous évitera d'avoir à regarder les gens pour passer le temps !"

Evidemment, ce n'était pas bien délicat comme remarque, mais regarder un gamin se faire remballer du pub, puis une jeune fille - assez jolie, faut-il le dire - entrer par la porte, bref, regarder des scènes qui n'avaient rien d'extraordinaire, ce n'était pas très délicat non plus. Greg estimait qu'il fallait tout de même un minimum de respect pour les gens qu'on invitait à boire un verre. Or, elle l'avait invité lui...
D'ailleurs, à y réfléchir, elle allait peut-être l'inviter chez elle après... Et il ne refuserait pas, elle n'était pas si mal cette jeune femme folle!

Invité

Spoiler:

Elizabeth haussa les épaules.

J'ai toujours été d'une nullité consternante dans ce domaine. Je ne dois pas avoir la tournure d'esprit adéquate. Peu importe.

Allons bon. Non content d'être grincheux et curieux au-delà du raisonnable - pour Elizabeth du moins - voilà qu'en plus, il était susceptible ! Miss Swan croisa les jambes et soupira.

Bon. Alors premièrement, vous ne m'ennuyez pas, sinon, il y a un moment que je serais partie. Deuxièmement, si vous vous souvenez bien, je vous ai dit, plus tôt, que, passé une certaine heure, ce bar pouvait se remplir de... disons "specimens" humains intéressants à observer car ayant vécu des expériences similaires à la mienne. J'espérais en voir quelques uns... Mais il semblerait que ce soir, les gens n'aient pas envie de sortir. Cela étant posé, si vous vous ennuyez avec moi, je ne vous retiens pas.

Elle eut un geste en direction de la serveuse pour faire renouveler sa consommation.

J'allais vous proposer de finir la soirée chez moi, mais visiblement, ce n'était pas une bonne idée.

Spoiler:

Sujet: Re: Du fleuve au comptoir... Dim 26 Oct 2008, 16:36

Greg se rendit compte rapidement que sa remarque avait dû être un peu déplacée. Tant pis. Il n'était pas du genre à s'excuser pour si peu. De toute façon, elle allait s'y faire au fur et à mesure si ce n'était déjà fait. Il se contenta donc d'ajouter quelques mots à peine à cette réflexion de son interlocutrice.

"Bah, l'humour n'est pas toujours une qualité, vous savez. Essayez de raconter une blague de Toto à un gars qui va mourir d'un cancer généralisé, vous verrez qu'il vous prendra pour une espèce rare d'imbécile."

Il ne disait pas cela parce que ça lui était arrivé, même si on pouvait le croire, mais juste pour étayer l'argument. Rien de plus. D'ailleurs c'était presque un geste de générosité de sa part de souligner que l'humour n'était guère toujours un atout alors que la demoiselle venait de dire qu'elle ne possédait pas vraiment cet instinct.
House l'avait, lui, ce sens. Mais son humour ne plaisait pas à tout le monde. Loin de là. Alors il s'en servait comme d'un moyen de faire tomber les barrières. Au fil des expériences, en effet, il avait pu remarquer que complimenter Cuddy sur sa poitrine et ses fesses était un bon moyen pour obtenir une claque, tandis que ridiculiser les malades était excellent pour extorquer une autorisation qu'il n'aurait jamais pu obtenir autrement.

Mais voilà qu'Elizabeth Swan prenait la mouche. Allons... c'était la meilleure, ça! Elle ne parlait que peu, elle s'intéressait à tout sauf à lui et elle lui disait qu'il ne l'ennuyait pas. Puis, oh la belle stratégie féminine, elle retournait le problème pour tenter de lui faire dire que lui s'ennuyait avec elle. Le docteur House resta quiet.

"Je vois... mais vous savez, je suis aussi du genre à partir si je m'ennuie... Ce qui me dérange, c'est que vous regardiez à gauche et à droite après je ne sais qui de plus intéressant que moi. Vous devez savoir que l'homme est égoïste... je le suis autant que tout le monde, si pas plus..."

A ces mots, il fit signe à la serveuse verte de lui apporter la même chose, puis il continua :

"Vous êtes la seule personne à peu près crédible dans le coin, je porte donc, logiquement, ma préférence sur vous... Et si vous m'invitez à finir la soirée chez vous, je m'y trouverai d'autant mieux que chez moi, je me sentirai obligé de zapper toute la soirée, en caleçon et tee-shirt, en avalant des antidouleurs et en grignotant des cookies."

Invité

C'est mignon, dit comme ça, remarqua-t-elle avec un sourire ironique. Remarquez, je crois avoir aussi quelques cookies dans mon placard...

La jeune femme haussa les épaules. Elphaba vint déposer les deux consommations sur la table et Elizabeth prit la sienne, levant son verre rapidement avant d'en prendre une gorgée.

Bon. Vous vous définissez comme égoïste. Mais alors comment vous vous êtes retrouvé médecin ? Ce genre de profession demande un tant soit peu d'altruisme, en théorie...

Spoiler:

Spoiler:

Mignon ? Bon, ben si elle le disait… C’était peut-être bon signe. Mais l’histoire du placard… était-ce un sous-entendu que Greg devait saisir et sur lequel il devait rebondir ? Autant tenter le coup. N’avait-elle pas souri ?

"Quelle coïncidence ! J’ai toujours rêvé de visiter votre placard ! Vous me servirez bien de guide pour cette expédition, j’espère…"

House avait utilisé ce ton légèrement moqueur, plutôt insolent et assez badin pour paraître être beaucoup de choses. En soi, tout ce qu’il essayait de faire, c’était de tout faire pour mieux saisir la personnalité de son interlocutrice. Il lui avait déjà dit qu’elle était, à ses yeux, la seule personne crédible qu’il ait rencontrée dans le coin, c’était un beau compliment, ça, et elle ne l’avait pas remarqué.
Mais elle s’intéressait un minimum à lui, selon toute apparence puisque, après que les consommations aient été renouvelées, elle demanda pourquoi il était devenu médecin alors qu’il se définissait comme égoïste. Gregory savait précisément pourquoi, mais il joua le jeu de l’égotisme jusqu’au bout.

"Je vois, vous pensez que je fais ça pour sauver des gens ou améliorer des vies autres que la mienne… C’est le stéréotype classique, remarquez…
Je diagnostique pour mon plaisir. Je prends mon pied en démêlant des mystères médicaux et en tyrannisant mes sous-fifres. Et puis, j’obtiens presque tout ce que je veux de la doyenne de l’hôpital… C’est un job parfait pour moi."

De toutes manières, tout le monde mentait. Alors, pourquoi se priver de cela ? C’était toujours tellement sympa de voir les expressions mitigées des gens à qui il servait ce type de considérations. Mais bon, il fallait bien alimenter encore la discussion ou jamais elle ne l’inviterait à finir la soirée chez elle…

"Mais vous, alors, à part officier de la Navy, que faites-vous ?"

Invité

Elizabeth eut un rire

Vous savez, je doute que vous puissiez vous y perdre... Mais je veux bien vous ouvrir la voie...

Elizabeth, le menton dans la main, écouta attentivement le petit discours de House. Sans doute y avait-il un fond de vérité dans ce qu'il disait - du moins était-ce cohérent avec ce qu'il lui avait laissé apercevoir de sa personnalité - mais la jeune femme sentait que son interlocuteur lui jouait plus ou moins la comédie.

Je vois. C'est sympathique tout ça. Remarquez, ça doit en effet être jouissif.

Elizabeth souriait. Il était évident que House s'efforçait de cerner sa personnalité. Elle lui souhaitait bien du courage ! Elle se renversa sur son dossier et répndit à sa question :

En dehors de ça, je m'efforce de tenir mon rôle de fille à papa blonde. Et croyez-moi, c'est pas tous les jours facile d'avoir l'air cruche !

Elizabeth avait appris l'autodérision au contact de Morgan, qui usait et abusait du sarcasme. Elle commençait à s'habituer et à s'endurcir. Et, au final, ce qui, à son époque était considéré comme un vice - le cynisme - était quelque chose d'assez drôle...

Greg eut la chance d'entendre rire son interlocutrice. Un rire agréable à entendre, ni trop naïf ni trop éclatant. Un rire sympa, rien de plus, rien de moins. Bref, il continua.

"Eh bien soit, ça risque d'être instructif... Vous n'imaginez pas tout ce qu'un placard peut vous apprendre sur son propriétaire !"

Le petit discours qu'il avait tenu sur le pourquoi de sa profession avait semblé être cru, au moins à moitié. C'était déjà pas mal. Après tout, il y avait, en effet, du vrai dans ce que House avait daigné dire. Alors, à quoi bon s'évertuer à chercher d'autres causes que celles-là?
Miss Swan avait compris qu'il ne servait à rien d'essayer d'en savoir plus que ce qu'il voulait bien dire. Et elle avait raison.
La voyant se renverser sur son dossier avant de parler, Gregory dut reconnaître qu'il la trouva bien partie pour être assez amusante à ses yeux.

"Oh, mais vous faites ça très bien! Enfin, si vous voulez vous entraîner, rien ne vous empêche de demander conseil à votre ex, là, ce Norrington... Il a tous les trucs pour paraître aussi idiot qu'on peut l'être en ce monde..."

Il avait dit cela avec nonchalance, comme si c'était tout à fait normal de faire référence au commodore pour ce genre de choses. Dorénavant, pour House, ce type était l'emblème de la connerie. Alors, il tentait de faire partager cet avis éclairé à tout le monde.

Invité

Elizabeth souriait toujours.

Je viens juste d'emménager, je doute que mon placard vous apprenne grand chose... Par contre, vous en apprendrez long sur ma colocataire !

La jeune femme songeait d'ailleurs que la personnalité de Morgan, caustique à souhait, plairait sans doute au médecin. Elle ne releva pas quand celui-ci attaqua une nouvelle fois James. Inutile d'argumenter, House ne reviendrait pas sur sa position. Elle se contenta de répondre :

Merci du conseil, mais je me contenterai de mes maigres capacités de comédienne et de ma blondeur naturelle. Et puis d'ici quelques jours, plus besoin de me faire passer pour plus bête que je ne le suis, le chef s'en chargera très bien pour moi.

Elizabeth eut un ricanement et vida son verre. Elle le reposa sur la table.

Bon. Prêt à affronter les profondeurs de mon placard ?

Ah lala... Les femmes et leur sourire... c'était bien de l'ordre de l'inexplicable! Vous pouviez leur raconter n'importe quoi, elles trouvaient toujours une bonne raison de vous montrer leurs dents en déformant leur bouche. Mais c'était esthétique, donc, rien à redire là-dessus.

"Votre colocataire? Vous ne vivez pas seule?"

Boum! Cela signifiait pas mal de choses. Et en même temps, cela ne signifiait pas grand-chose. En bref, ce pouvait être plus ou moins intéressant selon l'identité et la personnalité de ladite coloc.
Greg ne chercha plus à enfoncer Norrington plus encore. De toute façon, son cas était désespéré. Il ne servait à rien de tenter quoi que ce soit pour lui. D'ailleurs, il était plus qu'évident que ce marine n'avait plus aucune chance avec cette jolie blonde.
Il ne répondit donc pas et se contenta de vider son verre.

Et voilà que la demoiselle insistait pour le voir réellement venir visiter son placard... peut-être avait-elle une idée derrière la tête? Bonne question. House se leva après qu'elle eut parlé.

"Et comment! Mais je ne vous cache pas que j'attends aussi le moment où vous vous serrerez contre moi sur ma moto pour parcourir ensemble le chemin qui nous sépare du 109 !"

Ben oui, Gregory n'allait tout de même pas y aller à moto et l'attendre sur place pendant qu'elle prendrait le bus ou qu'elle ferait la route à pieds...

Invité

Elizabeth secoua la tête.

Non, je partage l'appartement avec une amie. Mais elle travaille souvent de nuit. Je doute que vous la voyiez ce soir.

Elle se leva, fit un signe de connivence à Elphaba - elle paierait le lendemain - et se dirigea vers la sortie.

Et bien, n'attendez plus...

La jeune femme s'arrêta un instant faire la bise à Rebecca, saluer d'un signe de la main quelques connaissances, puis sortit. L'orage s'était apaisé, il ne tombait plus qu'une espèce de bruine froide, si fine qu'on dirait du brouillard. Elizabeth releva le col de sa veste en jean. Elle songea qu'elle avait certainement de quoi manger dans le frigo, qu'elle trouverait sans doute un moyen de se débarasser de Morgan - en l'envoyant au cinéma, par exemple - et que la soirée s'annonçait décidément intéressante. La jeune femme plongea les mains dans ses poches.

Bien. On y va ? lança-t-elle, la tête penchée sur le côté. C'est pas que je m'ennuie, mais j'aime autant ne pas trainer dans le coin. Passé une certaine heure, ça craint un peu...

Une amie qui travaille la nuit... Bah, cela laissait le champ libre, après tout. Et Greg aurait bien le temps d'en apprendre un peu plus sur cette amie comme sur miss Swan.
Il prit sa veste de cuir sur le côté et l'enfila avec de grands gestes avant de reprendre sa canne.

"Oh, mais je n'attends plus, j'agis à présent..."

Et pendant que son interlocutrice saluait çà et là des gens qu'elle connaissait sans doute mais que House ne connaissait ni d'Eve ni d'Adam, il s'avança vers la sortie pour - une fois n'est pas coutume - ouvrir la porte pour elle passer devant lui. Les mains enfoncées dans les poches de sa veste, elle avait l'air très frileuse. Du moins, c'est ce que Gregory ne put s'empêcher de songer lorsqu'elle passa devant lui en annonçant que le coin était un peu craignos passé une certaine heure.

"No souci, on sera à l'immeuble dans moins d'un quart d'heure."

Accompagné d'Elizabeth, il se dirigea vers son véhicule. Il passa, une fois encore, un casque à la jeune femme, avant d'enfiler le sien et d'enjamber la moto. Il attendit, évidemment, qu'elle soit installée et cramponnée à lui pour démarrer. Il avait pris le temps d'attacher sa canne sur le côté, comme à son habitude.

[et go ^^ je te laisse poster le récit du voyage et l'arrivée au 109 Smile

je suppose qu'il est logique de faire ça comme un flash-back avant l'entrée dans l'appart]

» Un long fleuve tranquille?
» Camarade de comptoir ? (House et Tonks)
» Ricochets au bord du fleuve (PV Capitaine Crochet) TERMINE