Any message... ? [PV Sherlock Holmes]

Any message in
my mailbox ?

Fin de journée ou début de matinée, le train-train était le même. On passait par le local du courrier, pour vérifier que rien d’important n’avait eu lieu durant la nuit ou durant le temps passé au travail. Le courrier… de tout temps, ça avait été un moyen de communication privilégié. Que ce soit pour le travail ou pour les relations plus personnelles, une lettre, ça avait toujours fait son petit effet.

Pour quelqu’un comme Hannibal, adepte de voyages un peu partout dans le monde, les missives étaient le plus sûr moyen de rappeler à certaines personnes qu’il existait toujours. Quelques visites bien placées, bien calculées et bien camouflées sur le site du FBI pouvait déjà donner quelques indices sur l’avancement de l’agent Starling… et tant que le Docteur Lecter figurerait parmi les dix criminels les plus recherchés, il devrait jouer la carte de la prudence sept jours sur sept, vingt-quatre heures sur vingt-quatre. A son âge… enfin, il n’était pas non plus si vieux que cela et faisait tout pour rester en forme. Donc, oui, même un quinquagénaire (bien tassée, la cinquantaine, je vous prie) pouvait garder un rythme de vie soutenu et très surveillé.

Jamais de café dans un pub sans essuyer le bord de la tasse d’un petit coup de chiffon. Le mouchoir blanc dans la poche, pour pouvoir toujours effacer toutes les empreintes. La paire de gants, les lunettes de soleil, le chapeau… Hannibal possédait tout cela. Et pour ne pas éveiller les soupçons, il préférait passer pour un vieux maniaque de la propreté que pour quelqu’un qui effaçait les indices de sa présence. Pour les gants, il y avait évidemment un énorme avantage à travailler à l’hôpital, même en psychiatrie, cela allait de soi.

En ce jour, si Hannibal n’avait encore laissé aucun indice pour que Clarice puisse le rejoindre ou pour que le FBI puisse deviner qu’il était encore en vie (avec un peu de chance, les dix dernières années avaient pu jouer en sa faveur en stimulant l’imagination des agents : tombé dans un lac, bouffé par des poissons ou des crabes, etc. Il y avait un tas de manières d’imaginer la mort de quelqu’un… et Lecter espérait qu’ils avaient trouvé quelque chose d’assez sympathique pour lui).

Avant d’aller à l’hôpital, aujourd’hui, le Docteur Lecter passa donc, comme chaque jour, prendre son journal dans sa boîte aux lettres. Outre le journal, il n’y avait le plus souvent que des factures. De temps à autre des publicités pour un événement ayant lieu dans la ville, mais cela s’arrêtait là. Et aujourd’hui, comme d’habitude, rien n’annonçait que la journée serait particulière… si ce n’était le fait que le psychiatre, fermant la boite aux lettres du 802, croisa le regard d’un homme beaucoup plus jeune que lui qu’il n’avait encore jamais croisé jusqu’alors.

"Belle journée, Mister."

Être poli, toujours, avec les inconnus. La température de la pièce expliquait les gants. Hannibal n’avait guère de souci à se faire. Il pouvait décemment s’accorder quelques minutes ici, à discuter avec le nouveau venu, sans que cela ne soit pris comme un retard par la doyenne de l’hôpital.

Dire que tout allait pour le mieux était un euphémisme vexant. Dans son petit appartement, chambre 304 plus précisément, l'homme qui était autrefois plus brillant qu'une étoile montante de l'époque actuelle, faisait pâle figure à ce qu'il était autrefois. Amaigri par une diète à l'alcool, sans cocaïne à portée de main, sans travail, sans énigmes, il n'arrivait pas à voir la lumière au bout du tunnel. Y en avait-il simplement une ? Pour une fois il se tenait debout, grattant les cordes de son violon. Au moins, il l'avait encore. Il pouvait donc essayer de calmer son esprit, bien que peut-être le contraire eut été préférable. L'alcool embrumait ses sens et son cerveau, mais il s'agissait du seul remplaçant qu'il avait trouvé à la drogue, cette dernière étant plutôt complexe à se procurer dans cette nouvelle époque dont il apprenait à peine à contrôler.

~J'insiste, vous devez sortir !

Ces paroles lui revenaient en mémoire. Oui, oui, bien entendu qu'il devait sortir, mais pour aller où ? Il était emprisonné dans un bâtiment résidentiel, avec aucun colocataire; ce détail n'était guère du à un manque de choix, mais plutôt à son refus. Si ce n'était pas Watson, il ne voulait pas de quelqu'un d'autre au 304. Il avait mis trop de temps à s'habituer à toutes les allées et venues de cet homme pour devoir se s'imprégner une nouvelle fois de la vie d'un autre. Refusant de se laisser aller à de telles pensées, le célèbre détective en déchéance abandonna sa robe de chambre quelque part sur le sol déjà bien jonché de toutes sortes de choses étranges, engloutit le contenu d'une fiole non étiquetée, puis sortit de l'appartement. Il connaissait la destination.

Désormais, ils avaient une boîte aux lettres. Elle était plus loin que lorsqu'ils habitaient tout simplement Baker Street. Désormais, il lui fallait descendre les trois étages pour se rendre au rez-de-chaussée. Toujours sans penser qu'il allait devoir les remonter. Arrivé dans l'enclos où ils desservaient le courrier, le regard gris d'Holmes accrocha presque automatiquement l'homme qui s'y trouvait déjà. S'il n'avait plus la splendeur d'autrefois, son regard était resté le même dès qu'il croisait un détail qui réveillait son cerveau de sa torpeur.

Un tour du regard.

'Belle journée mister.'

Il regarda vers l'extérieur et plissa les yeux. Son appartement étant en permanence dans le noir total, il n'avait jamais pu se rendre compte du soleil qui brillait à l'extérieur. Peut-être un peu trop pour lui-même, mais quelle importance avait son avis devant l'astre lumineux ?

Son ton était un peu lointain. Il examina à nouveau l'homme devant lui, fronça les sourcils et ouvrit finalement sa petite boîte. Il trouvait ingénieux de ne pas avoir à crocheter la serrure de son propre casier personnel. Il cilla.

Il avait lancé ça sans réellement vouloir partir ne conversation. Il s'agissait pour lui d'un échange des plus banals malgré...malgré ce détail qui le titillait. Il remonta ses lunettes de soleil sur son nez. Il avait presque tout gardé niveau accessoire et vestimentaire. Il vivait dans le passé pour le présent, mais ne souhaitait pour rien au monde penser à l'avenir.

Any message in
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Outre la facture d’eau, celle d’électricité, le journal du jour, un courrier pour Six et une lettre de l’hôpital, rien de bien intéressant ne se trouvait dans la boîte. De toute manière, avec le système qu’utilisait le psychiatre pour faire suivre le courrier de sa « vie d’avant », il ne risquait pas de recevoir de nouvelles de Clarice avant un mois ou deux. En effet, ce qu’il envoyait transitait par différents dépôts des quatre coins du monde avant d’arriver à sa destinataire. Dans le sens inverse, c’était la même chose : quelques enveloppes munies de billets judicieusement placées permettaient que le circuit soit sûr et respecté. La sécurité de l’anonymat pouvait être assurée de la sorte, si on n’était pas trop regardant au coût engendré par ce système.

Lecter prit le courrier de son colocataire et le sien. Il griffonna un petit mot pour Six, au cas où ce dernier aurait la surprise de trouver une boîte aux lettres vide :

Se retournant alors pour faire face à l’homme qui était arrivé, Hannibal eut un léger sourire en voyant celui-ci avoir quelques difficultés avec la lumière solaire qui filtrait à travers les vitres du local. L’homme avait fait usage du mot « Certes », terme peu usité par les temps qui couraient – en effet, d’aucuns lui préféraient un mot plus actuel comme « Ouaip » – mais le psychiatre ne releva pas, cela ne dénotait rien d’autre qu’un vocabulaire riche. Quant au ton, un peu lointain, de l’homme, il indiquait que ce dernier avait sans doute la bouche pâteuse des réveils difficiles. Rien d’alarmant.

Cependant, il se passa quelque chose d’étonnant. L’homme évoqua l’hôpital. Non comme quelqu’un qui prendrait des nouvelles d’un patient visiblement malade, mais plutôt comme quelqu’un qui savait qu’Hannibal y travaillait. Bien sûr, le titre « M.D. » était noté sur la boîte aux lettres du 802, juste à côté de « H. Lecter », mais quel indice y avait-il eu pour voir que l’homme présent dans le local du courrier était H. Lecter et non N. Six ? Le sourire du médecin se fit plus ferme.

"La psychiatrie n’est guère le département le plus visité de l’hôpital, vous savez…"

Le médecin n’avait pas tiqué sur ce qui avait pu permettre à l’autre de reconnaître sa profession… Cependant, il avait noté la chose, en excellent observateur qu’il était. À ce stade, nulle pensée culinaire ne venait assaillir l’esprit d’Hannibal et l’échange restait cordial. Et si Hannibal ne s’étonnait que bien peu de la tenue vestimentaire de son interlocuteur – en psychiatrie, on voyait bien d’autres choses que ces quelques exubérances – il se tenait suffisamment sur ses gardes malgré tout. L’incessante cavale déformait un peu les gens. Toute nouvelle rencontre incitait à la méfiance. Plus encore lorsque la rencontre en question s’avérait en savoir plus sur lui que l’inverse.

"Si vous me permettez… vous n’avez pas l’air de respirer la grande forme… Peut-être qu’une petite balade au parc vous ferait le plus grand bien."

Psychiatre, certes, mais médecin avant tout. N’était-ce pas là le genre de conseil que tout médecin normalement constitué donnerait à quelqu’un ayant le teint si terne ?

Son courriel n'avait rien d'extrêmement passionnant, se révélant n'être que le journal de la journée. Il le roula sans le lire et le passa sous son épaule, refermant la boîte. Il avait noté, sans en prendre réellement conscience un changement léger en son interlocuteur. Il passa outre ce détail. Après tout, il savait bien l'effet qu'il faisait à toute personne nouvelle qu'il rencontrait. Ça lui rappelait d'ailleurs sa première rencontre avec son ancien colocataire.

'La psychiatrie n'est guère le département le plus visité de l'hôpital, vous savez.'

'Si vous me permettez...'

Sherlock devint attentif, portant son regard sur H. Lecter. Cette manie de la propreté l'agaçait. Quelque chose clochait dans le tableau qu'il avait devant les yeux. Il avait beau deviné bien des détails alors qu'il l'avait sous les yeux, il sentait qu'un en particulier lui échappait. Était-ce l'alcool qui l'empêchait de réfléchir correctement ? Si oui, il irait au marché ou n'importe quel mot que les gens de cette époque utilisait pour décrire l'endroit où se vendaient les substances dont il avait besoin.

'...vous n'avez pas l'air de respirer la grande forme...'

Il avait le teint si maladif que ça ? Sûrement, puisqu'un psychiatre, médecin, etc, venait de le lui faire remarquer. Il songea que cet homme là usait de beaucoup plus de diplomatie que Watson. Évidemment, leur relation était différente, mais au lieu de l'agresser dès le matin, il pourrait, de temps en temps, montrer le professionnalisme de celui devant lui. Enfin...si réel professionnalisme il y avait.

'Peut-être qu'une petite balade au parc vous ferait le plus grand bien.'

Ça se corsait. Il jeta un regard vers l'extérieur. Impassible, mais à l'intérieur il hésitait. Il n'était plus sortit depuis son arrivée au 109 et s'était juré de ne mettre les pieds dehors que pour le travail. Chose qui tardait à venir selon lui, mais cette nouvelle époque semblait avoir de moins en moins besoin de détective consultant. Il allait finir par ankyloser son cerveau et les dommages seraient irréparables. En même temps, s'il pouvait, par le plus grand hasard, se faire accompagné de cette nouvelle rencontre, il pourrait peut-être y voir plus clair.

Il replaça son chapeau.

Il lorgnait surtout sur le soleil. À Londres au moins avait-il été moins difficile à éviter. L'habitude de la pluie et des gros nuages. Il tâcherait d'en apprendre plus sur cette nouvelle ville. Un tour à l'extérieur serait déjà une bonne idée afin de dresser un plan des alentours. À Rome, fais comme les romains. Il soupira sous cette pensée ridicule et se tourna vers l'autre.

Ce qu'il connaissait le mieux excepté Londres: le 109. Il y avait rôdé tant et si souvent qu'il avait entendu bien des choses...

Any message in
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Cet homme-là avait quelque chose d’étrange en lui. Bien sûr, il ne s’agissait peut-être que d’une impression, mais Hannibal n’en démordait pas. Banalités et apparences mises à part, l’homme était quelque peu intrigant. Un je ne sais quoi qui le rendait différent. À quel niveau ? Bonne question. En tout cas, Lecter trouvait cela intéressant. Un petit challenge personnel de temps en temps, cela permettait de se maintenir en forme : trouver le côté étrange de cet homme, trouver la réponse à ce questionnement et cela ouvrirait peut-être de nouvelles possibilités, quelles qu’elles puissent être.

"Vous avez très certainement raison, mister, mais en cette période de l’année, il y a plus de cas de grippes et d’accidentés de la route que de schizophrénies ou de démences."

Hannibal était prompt à donner des conseils, souvent minines, que les gens étaient libres de suivre ou non. Peu lui importait, en réalité, mais il s’agissait d’un principe. Aussi Lecter n’escomptait pas recevoir de réponse réelle. Pourtant, celle-ci ne tarda pas à arriver.

"Se donner un peu de temps pour prendre soin de soi permet de préserver le physique et le mental. Mens sana in corpore sano."

Le psychiatre rangea le courrier du jour dans la sacoche d’ordinateur portable qui pendait à son épaule et posa à nouveau les yeux sur son interlocuteur.

"Environnement hostile ou non, l’être humain est doté d’une étonnante capacité d’adaptation. Vous verrez, vous vous ferez à cet environnement-ci, vous vous adapterez à bien des situations. Il suffit parfois de bien peu de choses."

Une nouvelle profession, un nouvel appartement partagé avec un inconnu qui s’avérait digne d’intérêt, et cet espoir, toujours, de retrouver Clarice un jour. Non, vraiment, il ne fallait pas grand-chose. Hannibal le savait pertinemment.
L’homme du local à courrier poussa un soupir résigné et parla à nouveau, prenant Lecter au dépourvu durant une fraction de seconde…

"Un patient potential? Comme vous y allez… Il faut bien plus qu’un peu de fatigue et de non accommodation pour atterrir dans mon cabinet !"

Ceci dit, un homme demandant à un autre de l’accompagner, d’une certaine manière, c’était une occasion rare. Combien d’hommes faisaient ce genre de demande à un inconnu ? Chez les femmes, c’était fréquent, mais un homme… Peut-être était-ce cette manière d’agir et d’être qui posait tant question ? L’homme avait beau avoir le teint grisâtre et les traits tirés, mettre ainsi son orgueil de côté, cela dénotait quelque chose. Même quelqu’un qui viendrait d’emménager aurait tendance à essayer d’abord de trouver lui-même ses marques en un lieu nouveau avant de demander aide et conseil.

"Ma foi, j’imagine qu’un retard peut être négociable auprès de la doyenne de l’hôpital… quitte à récupérer ces heures plus tard dans la journée ou dans la semaine."

Sortant son téléphone portable, Hannibal appela l’hôpital.

"Miss Hobbs? Docteur Lecter. Un imprévu de dernière minute… Je ne pourrais venir que cet après-midi. Mais indiquez que je compense ceci par quelques heures de consultation généraliste demain. Merci, passez une excellente journée, miss."

Cela n’avait pas duré une minute entière. Lecter était tellement ponctuel que ce genre d’appel n’avait jamais lieu. Aussi, la standardiste n’avait pas posé trop de questions. Quand on ne mettait pas le pied de travers, un tas de choses restent accessibles. Rangeant son portable dans la poche de sa veste, le psychiatre opina.

"Que deviendrait-on sans la téléphonie mobile, n’est-ce pas ?"

Réajustant le col de son manteau, Hannibal esquissa un nouveau sourire.

"Je ne suis pas le meilleur guide pour cet environnement peu accueillant, mais j’espère pouvoir vous montrer quelques endroits qui vous intéresseront. Personnellement, je suis un fervent adepte du centre culturel, de sa bibliothèque, de son musée et de son cinéma. Mais une balade en ville suppose que je vous présente quelques hauts-lieux du coin."

L’homme ne s’était pas présenté, mais cela ne gênait pas Lecter. Lui non plus ne s’était guère présenté, même si c’était surtout parce que son interlocuteur avait découvert d’emblée son identité. Peu importait le nom ou le prénom des personnes. Sauf pour Clarice, bien sûr, qui restait un prénom qu’Hannibal prononçait presque avec ferveur et dévotion.

Il commençait à sentir qu'au fond, cette sortie lui ferait grand bien. Cet homme lui semblait civilisé, bien mis et intelligent, ce qui était, au fond, tout ce qu'il fallait pour l'intéressé. Ce n'était pas un idiot, une deuxième Irène, un fou furieux, une femme tâchant de caché de son mieux son étrangeté. Ce n'était rien de ce qui l'agaçait ces derniers jours. Cet homme, en plus d'être un fait nouveau ne l'obligeait pas à supporter une intelligence réellement moindre que la sienne. Il n'irait peut-être pas jusqu'à le traiter en égal, mais il lui reconnaissait certes une grandeur qu'il n'accordait que très rarement. Ou même jamais ces temps-ci. Les seules personnes qu'il rencontrait se limitaient souvent à bien peu de choses. Elles avaient certes un intérêt un peu malsain pour lui lorsqu'un mystère se présentait à cause d'elles, mais sinon, aucune personne pour le moment ne l'avait décidé à sortir du cocon qu'était le 109.

Pour éviter la stagnation, échanger quelques amabilités pouvaient aussi être une bonne idée. Il y réussirait peut-être à trouver un certain équilibre de connaissances et de cordialité sans que son cerveau ne souffre d'infériorité séquentielle. Il n'avait pas porté attention à l'étrangeté de sa demande. Avant, ils s'apostrophaient peu importe l'heure et se proposaient d'aller boire un verre par-ci par-là ou simplement d'aller se promener à travers Londres. Il avait gardé cette habitude, et ce, malgré le fait que la solitude n'était pas non plus à mettre de côté. Évidemment, depuis sa dernière enquête, qui datait de loin, il n'avait plus eu de travail ou d'énigmes, rendant alors sa solitude insupportable. Pouvoir sortir ainsi ne pouvait, au final, que lui faire le plus grand bien. Du moins l'espérait-il fortement.

'Un patient potentiel ? Comme vous y allez... Il faut bien plus qu'un peu de fatigue et de non accommodation pour atterrir dans mon cabinet.'

Sherlock reprit contact avec la réalité. Évidemment, son cerveau avait enregistré ses paroles précédentes, mais son esprit avait décidé de ne faire attention qu'à celle-ci, le sortant alors de ses pensées pour lui permettre de lever son regard vers Hannibal. Il eu un petit sourire en coin énigmatique. Certes, certes, il fallait bien plus. Il ne pouvait s'empêcher d'être amusé par l'information que lui donnait H. Lecter. Évidemment, la fatigue et la non accommodation n'étaient pas ses seuls problèmes, mais il n'était tout de même pas pour argumenter. Il n'était guère là pour se plaindre de son état, plutôt pour trouver être supérieur à ce qu'il avait l'habitude de rencontrer.

Il accepta, puis sortit un appareil qui le fit froncer les sourcils. Depuis son arrivée au 109, ce n'était pas la première fois qu'il en voyait, mais il n'avait toujours pas cherché à savoir de quoi il s'agissait. Il le vit parlé dans cette chose étrange et ne broncha pas, même s'il se demandait en fait qui avait besoin d'aller en psychiatrie. Était-il réellement en train de parler seul ou bien Holmes était-il une nouvelle fois en retard sur la nouvelle époque dans laquelle il vivait ? Il enfonça ses mains dans ses poches un moment, attendant sagement que le docteur ait finit. Moins d'une minute fut nécessaire à...à...à ce tableau étrange.

'Que deviendrait-on sans la téléphonie mobile, n'est-ce pas ?'

Il préféra ne pas répondre et écouta ce qu'il avait à dire. Il n'était pas difficile. Un simple trajet entre les rues lui ferait plaisir, après tout, ça lui permettrait de dessiner un plan concret de cette nouvelle ville. Il avait beau l'exécrer, il s'agissait de la meilleure manière pour lui de se fondre dans le décor. Replaçant son vêtement correctement pour être un tant soit peu présentable à l'extérieur, il rajusta ses lunettes, puis se tourna vers H.

Il eu un très léger sourire. Comme quoi, malgré l'alcool il reprenait du mieux. Il se fourvoyait, il le savait, car dès qu'il reviendrait à la solitude et à l'immobilité, tout redeviendrait comme avant cette rencontre dans le local du courrier.

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Le silence qui s’instaura n’avait rien d’étrange. Il semblait plutôt s’agir d’un silence de connivence, comme pour souligner l’aspect tacite de l’accord passé entre les deux hommes. Enfin, « accord », c’était beaucoup dire. Il s’agissait juste d’un petit service qu’Hannibal allait rendre à cet inconnu. Jusqu’ici, il n’avait pas encore fréquenté beaucoup de gens dans les environs, hormis quelques collègues, voisins, colocataire ou patients. Cette fois, la rencontre était un homme énigmatique, sans nul doute habitant cet immeuble, mais Lecter ne l’avait jamais croisé au huitième étage ni dans l’ascenseur.
Alors, habitant de quel étage ? A moins qu’il ne soit l’amant occasionnel d’une quelconque jeune femme vivant au 109, rue du Septième Art ? Le psychiatre n’en avait aucune idée, mais il songeait que la lumière finirait bien par se faire. Peut-être autour d’un bon café partagé après une promenade instructive.
Quoi qu’il en soit, puisque l’homme avait accepté de suivre le docteur Lecter, celui-ci ouvrit la porte du local du courrier, pour laisser passer son interlocuteur mystère.

"Après vous, je vous en prie… J’espère que votre veste n’est pas trop légère, il arrive parfois que le vent soit traître, dans le coin… surtout près du fleuve, en réalité."

Ce fut le dernier petit conseil qu’Hannibal partagea avec cet homme avant de quitter l’immeuble pour marcher en ville et se diriger vers le parc où, assurément, la verdure et le cadre rendraient bien vite ses couleurs à cet homme terni par la fatigue et le stress, car il devait s’agir de quelque chose comme cela, bien sûr, le stress, c’était la grande mode, ces temps-ci.

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