Good evening, Mr Sherlock Holmes (Sherlock & Arsene)

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Il n'était pas très tard quand Irène referma son classeur et libéra ses étudiants. Elle était satisfaite de cette première journée avec les troisième année. Leur précédent professeur leur avait inculqué de bonnes bases et elle avait constaté avec plaisir qu'ils n'étaient pas aussi ignorants que ce qu'on lui avait laissé entendre. L'année s'annonçait bien avec eux, et Irène espérait qu'il en serait de même pour les autres classes. Le lendemain, elle devait rencontrer son assistant, dont elle ignorait encore jusqu'au nom, personne n'ayant jugé bon de l'en tenir informée.
Elle fit un dernier tour de la classe, rangea quelques papiers oubliés, referma une armoire, le piano... Sa montre, quand elle la consulta, indiquait 16h30. Elle quitta sa salle, la verrouilla, et sortit du bâtiment A(rts et Sciences humaines) pour rejoindre le bâtiment L(ettres et Langues) où officiait désormais son colocataire. Elle savait qu'ils terminaient à la même heure, ce jour, et souhaitait lui proposer de rentrer ensemble, en passant par le centre-ville.
Irène appréciait beaucoup Lupin. C'était un homme charmant, galant et attentionné. Elle n'aurait pu imaginer meilleur colocataire, et avait développé une certaine affection pour lui. Les hasards de la métenpsychose leur avaient donné le même âge, mais Irène n'oubliait pas qu'elle avait en réalité dix-huit ans de plus que lui et réagissait donc parfois en conséquence. C'était assez amusant de se dire qu'elle aurait pu être sa mère... Elle mesurait à sa juste valeur la confiance qu'il avait placée en elle en lui révélant sa véritabe identité - elle gardait le souvenir des articles de presse lus à l'époque et traitant des exploits du gentleman-cambrioleur - et s'appliquait à la mériter en prenant garde à ne pas le trahir. Rien de bien difficile pour cette actrice-née qui avait toujours joué la comédie...
C'est en songeant à tout cela qu'elle arriva devant la salle de Lupin et frappa à la porte. Il était 16h35 à sa montre, et la cantatrice espérait que son ami (?) n'était pas encore parti...

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Si Arsène était bien sûr d'une chose, c'était que son nouveau statut était loin de lui déplaire. Enseigner, voilà tout un art qu'il appréciait beaucoup ! D'abord parce qu'il savait qu'il aimait ce qu'il faisait et que, donc, il prenait du plaisir à partager sa passion, ensuite parce que le cours qu'il donnait était suivi par de jeunes gens motivés et enfin parce que les jeunes filles sur lesquelles son regard s'attardait parfois avaient, décidément, des formes très intéressantes, formes auxquelles il eût volontiers jeté un coup d'oeil d'un peu plus près...
Mais soit. Il préférait éviter d'avoir des pensées lubriques de ce genre, parce que justement son nouveau statut avait cet impératif : ne pas entretenir de relations trop intimes avec les étudiantes. Bien sûr, certains professeurs passaient toujours outre cet interdit, prétextant que les étudiants, majeurs qu'ils étaient, avaient bien le droit de se taper leur prof de temps en temps... mais Lupin n'était pas de ceux-là. Il était bien tombé amoureux, une fois dans sa vie, mais la déception avait été telle qu'il avait bien été forcé de ne plus nourrir de trop intenses sentiments pour sa belle... elle était beaucoup trop envahissante et son homme de main, celui avec son visage à moitié emprisonné dans une sorte de casque de métal, était fou d'elle... Trop de contrariétés aux yeux du gentleman-cambrioleur.

Depuis qu'il était ici, aux Etats-Unis, Arsène n'avait pas trouvé de choses à redire. L'immeuble dans lequel il vivait était bien tenu, l'appartement qu'il partageait avec sa collègue était agréable... et la colocataire ne l'était pas moins, que du contraire : Lupin l'appréciait beaucoup. Elle avait de la conversation, une excellente culture et, comble de tout, elle était très jolie également. La confiance était rapidement née entre elle et lui et désormais, Lupin la considérait comme une véritable amie. Dieu merci, il aurait pu tomber sur une gorgone ou une gourgandine... Mais le Ciel avait bien fait les choses et le cambrioleur était heureux. D'ailleurs, pour preuve de cette amitié qu'il pressentait formidable, il lui était déjà arrivé deux fois de se servir allègrement sur le cou d'une femme riche pour pouvoir offrir à Irène Adler un somptueux collier de perle et une rivière de diamants.

En rangeant ses affaires dans sa mallette, une fois que tous les étudiants furent sortis de la salle de cours, Arsène songeait à cette vie devenue sienne à présent. C'était véritablement quelque chose de magnifique qui lui était arrivé. Et cette vie-ci, si elle n'avait pas encore fait disparaître toutes les habitudes un peu désuètes d'Arsène, lui convenait parfaitement. Il s'amusait chaque fois de voir l'étiquette sur sa porte, cette nominette qui annonçait "Professeur Paul Sernine" et qui n'était qu'une arnaque... C'était cette blague-là qui lui donnait le sourire tous les jours...

Clic. La mallette fut bouclée au moment même où un "Toc toc" bien connu se faisait entendre à la porte.

"J'arrive !"

Le jeune professeur de Lettres attrapa sa veste et son chapeau et, mallette à la main, il coiffa son haut de forme et jeta sur son bras replié la longue veste sombre avant d'ouvrir la porte pour trouver devant lui sa charmante colocataire et amie.

"Ah, Irène ! cela me fait toujours autant plaisir de vous voir !"

Les manières désuètes d'Arsène étaient, par exemple, de saluer sa chère amie d'un baisemain alors que cela ne se faisait assurément jamais par ici et en cette époque, mais cela ne le dérangeait absolument pas. Il aimait être bien élevé et ce geste était parmi ceux qu'il affectionnait.

Il enfila sa veste avant de proposer à miss Adler son bras droit en souriant.

"Que diriez-vous d'une petite balade devant les vitrines des magasins du centre-ville?"

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Si, à beaucoup d'égards, Irène s'était parfaitement adaptée à la vie moderne et à ses usages - sa grande habitude de la scène aidant, de même que ses manières très modernes pour son époque - elle n'en demeurait pas moins sensible à certaines attentions qui, aux yeux de leurs nouveaux concitoyens, devaient apparaître comme surannées, mais qui étaient tout à fait normales pour leurs contemporains. Ainsi, ce baisemain, qui aurait paru ridicule à n'importe quelle femme de ce siècle, fit sourire la cantatrice.

Le plaisir est partagé, cher ami.

Irène appréciait vraiment profondément Arsène. Elle prit son bras, toujours souriante, et inclina la tête sur le côté.

Volontiers, cela nous détendra. D'autant que, ce soir encore, je vous abandonne : je donne un récital à vingt heures.

Ils quittèrent la salle de cours. Irène songeait qu'elle allait sans doute en profiter pour récupérer des livres qu'elle avait commandés, et peut-être... Non. Elle irait voir sa couturière un jour où elle serait seule, inutile d'infliger un tel supplice à son colocataire.

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Une fois dehors, les deux amis se mirent à marcher, en devisant çà et là de leur journée de cours, de leurs projets et de telle ou telle rencontre qu'ils avaient faite, chacun de leur côté.
Entre elle et lui, c'était vite devenu une amitié formidable. Comment se pouvait-il que deux inconnus, réunis par le pur hasard en une colocation cordiale, devinssent si rapidement proches l'un de l'autre? Il faut croire que le destin avait eu un rôle à jouer dans l'affaire... Arsène avait toujours été honnête avec Irène et il était sûr qu'elle le lui rendait bien. Ainsi, tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles.

Lupin questionna un peu Adler sur son récital, lui qui n'avait guère le temps d'aller l'écouter ce soir, voulait tout de même en savoir un peu sur ce qui se passerait pour sa colocataire et surtout ce que représentait pour elle ce concert.

"Alors, ce récital, qu'en est-il, ma chère? Vous allez, une fois encore, pratiquer vote art à guichets fermés, mmh?"

Il sourit : il savait très bien que la voix d'Irène valait de l'or et que des gens des quatre coins du pays venaient toujours à ces concerts qu'elle voulait bien leur faire partager.

"Voulez-vous que je vous préparer un petit quelque chose à grignoter pour votre retour à l'appartement ?"

C'était le moins qu'il puisse faire. Généralement, il laissait toujours un petit plat issu de la traditionnelle gastronomie française pour sa colocataire et néanmoins amie. Après une rude soirée, il savait à quel point il pouvait être agréable de trouver chez soi une petite surprise pour le palais.

Cela dit, tout en marchant, les deux professeurs arrivèrent dans la rue commerçante de la ville...

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Spoiler:

Irène avait toujours apprécié la compagnie de son colocataire, depuis le premier jour. Elle qui s'était toujours montré très précautionneuse avec le terme d'amitié, n'hésitait pas à l'appliquer au Français. Elle appréciait qu'il ait toujours joué franc-jeu avec elle, sans chercher à lui raconter des histoires. Elle-même, si elle ne lui racontait pas tout en détail, ne lui cachait pourtant rien. Elle s'étonnait de ce caprice du destin, qui avait voulu qu'ils se rencontrent, alors qu'ils n'avaient pourtant rien en commun. Le hasard fait parfois bien les choses...

Face à la question de Lupin, elle eut une petite moue, mi-méprisante, mi-moqueuse, alors qu'elle répondait :

En réalité, il s'agit d'une apparition à une soirée de charité - une fantaisie organisée par une ancienne connaissance de Paris récemment installé dans la région et qui se pique de jouer les philanthropes, sans pour autant jamais faire de don lui-même. Je n'ai accepté d'y participer qu'à la condition expresse que mon cachet soit reversé à la cause servie. Je ne crois pas qu'il avait prévu de donner tant d'argent à la recherche !ajouta-t-elle en riant.

Irène ne s'était jamais cachée de l'aversion qu'elle éprouvait pour l'hypocrisie, et à plus forte raison pour cet intéret factice que portent certains riches à leurs semblables mieux favorisés par le sort. Elle-même était généreuse, mais ne le criait pas sur les toits. Elle trouvait cela déplacé.

Elle retrouva rapidement le sourire en entendant sa proposition.

Vous êtes adorable, mais ce ne sera pas nécessaire : le récital sera suivi d'un buffet. D'ailleurs...

Elle s'interrompit net et s'arrêta de marcher, son visage exprimant un mélange de stupéfaction et d'incrédulité. Juste de l'autre côté de la rue, dans la librairie, elle venait d'apercevoir une silhouette surgie du passé. Une silhouette qui était restée gravée dans sa mémoire malgré les siècles : celle d'un homme exceptionnellement grand et maigre, au visage en lame de couteau...
Irène, en reconnaissant ainsi Mr Sherlock Holmes, était partagée entre une certaine joie et l'inquiétude. Retenant Lupin par la manche, elle lui indiqua la vitrine d' un signe de tête en demandant :

Serait-il possible que nous passions par un autre chemin ? Je ne suis pas sûre de souhaiter rencontrer certaine personne...

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Avec le soleil qu’il faisait à cette heure, Arsène était persuadé que rien ne pourrait venir gâcher l’instant présent. Il se promenait dans la rue en compagnie de son excellente amie et il n’y avait aucune raison pour que ce moment prît fin.
La discussion portait sur le récital d’Irène et Lupin fut assez stupéfait d’entendre ce que sa colocataire lui disait. Elle n’allait faire qu’une simple apparition à une soirée de charité ? C’était incroyable ! comment pouvait-on pousser une femme de si grand talent à cela ?

"Mon amie, je suis étonné de vous entendre parler ainsi… Vous, faire une simple apparition… c’est de l’ordre du blasphème !"

Mais Irène Adler avait émis une condition plus qu’admirable. Que son cachet soit versé pour la cause… Voilà qui fit hocher la tête au gentleman, d’un air admiratif.

"Vous gardez les pieds sur terre et le coeur sur la main. Ce gala est donné pour quel type de recherche ?"

Le Français songeait à peut-être y faire une apparition-éclair. Pour détrousser l’organisateur de la soirée de quelques objets de valeur. Cela lui prendrait à peine une petite heure et il était sûr de bien s’amuser.
Voilà ce qui lui traversait l’esprit pendant que sa colocataire refusait la proposition qu’il avait faite de lui préparer un petit plat pour son retour. Ce serait pour une autre fois, bien sûr.

Mais soudain, la jeune femme le retint par le bras, demanda à emprunter un autre chemin et indiqua du regard une silhouette qu’Arsène ne connaissait que trop bien. Sherlock Holmes. Ce cher vieil ennemi de toujours…

"Si c’est là votre désir, Irène, cela me convient… mais je doute fort qu’il ne nous ait pas déjà aperçus…"

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Il y avait à présent près d'un mois que plus aucune affaire ne s'était présentée. Holmes était donc dans cette période de transition, où l'excitation et la fébrile activité intellectuelle provoquée par l'enquête ne s'étaient pas encore complètement taries, mais où l'ennui, son pire ennemi, commençait à poindre. Bientôt, ce même ennui prendrait possession de son esprit, le plongeant dans cette sordide dépression qu'il abhorrait, avant qu'il ne cherchât à s'en débarasser à l'aide de sa fameuse solution à 7% de cocaïne - en vain, d'ailleurs.
En attendant que le cycle infernal atteignît ce stade, il tentait de s'occuper l'esprit en achevant de compléter ses connaissances sur ce 20ème siècle qu'il n'avait pas vu venir. Aussi était-ce tout naturellement dans une librairie qu'il était venu passer une grande partie de son après-midi, et dont il s'apprêtait à ressortir, chargé de nombreux ouvrages. Il était en train de payer quand, tournant la tête distraitement tandis que le libraire lui rendait sa monnaie, il aperçut une personne qui lui sembla familière. Un second regard lui confirma ses soupçons : la femme qui se trouvait de l'autre côté de la rue, en grande discussion avec un homme sensiblement du même âge... Cette femme était bel et bien la cantatrice Irène Adler. L'homme, à bien y regarder, lui était également familier. Oh, son apparence était sensiblement différente de la dernière fois qu'ils s'étaient rencontrés, il avait quelque peu vieilli - même sous le maquillage... Mais les yeux de Holmes étaient habitués à percer les meilleurs déguisements, et ne lui avaient jamais fait défaut. Aussi n'avait-il aucun doute : le compagnon de Mme Adler était le cambrioleur Arsène Lupin, l'un de ses anciens adversaires parmi les plus coriaces. Il n'avait pu l'arrêter, autrefois, et avait dû confesser que celui que Paris avait nommé le "Gentleman-Cambrioleur" avait un talent certain. Néanmoins, et jusqu'à sa retraite, il avait aidé les inspecteurs Ganimard puis Béchoux à lui donner la chasse. Un autre des rares échecs de sa carrière...
Il prit ses ouvrages et sortit de la boutique. Les deux autres l'avaient vu et reconnu, il en était certain, le mouvement de retraite très net de Mme Adler en témoignait. Il aurait pu passer son chemin, les ignorer, leur "épargner", en quelque sorte, cette rencontre. Il aurait pu. Mais, s'il n'était pas aussi friand de conflits et de confrontations que son colocataire, Holmes aimait aussi parfois mettre ses antagonistes dans l'embarras. Et puis, viendrait bien un jour où ils se retrouveraient de nouveau face à face... Aussi se dirigea-t-il droit sur eux. Pour minimiser le nombre de personnes susceptibles de les comprendre, il opta pour le français, langue maternelle de Lupin, que lui-même parlait et comprenait à la perfection, et dont il savait que Mme Adler pratiquait couramment - les renseignements pris sur elle le lui ayant prouvé.

Madame Adler... La place m'est heureuse à vous y rencontrer. Mr Lupin, bonsoir.

Son ton était incontestablement aimable. Mais il était également fortement teinté d'Ironie. D'ailleurs, la situation était elle aussi fortement ironique... Etre tous trois réunis...

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Irène soupira. Lupin avait raison, il était improbable que le détective ne les ait pas remarqués. Impossible d'éviter la confrontation. D'ailleurs, Holmes traversait déjà la rue pour venir les saluer. En français, ce qui indiquait qu'il avait dû reconnaître Lupin, d'une part, et qu'il ne semblait pas désireux que celui-ci se fasse arrêter derechef, d'autre part. La cantatrice eut un sourire, mais son regard, lui, demeurait distant.

Mr Holmes. Il y avait longtemps.

Son ton était celui de la simple constatation. D'ailleurs, même avec la meilleure volonté du monde, elle-même n'aurait su dire si elle était heureuse ou non de revoir le détective. Ils ne s'étaient guère croisés qu'une seule fois, et cette fois-là avait failli coûter cher à l'Américaine. Mais elle avait par la suite suivi de près l'évolution de la carrière de l'Anglais. Elle le respectait, avait même pour lui quelque chose qui ressemblait à de l'admiration. Mais elle savait aussi qu'il s'agissait d'un adversaire redoutable et qu'il n'avait sans doute jamais dû lui pardonner l'affront qu'elle lui avait fait subir.

Pourtant, cette rencontre n'était pas une surprise pour Irène. Celle-ci avait eu l'occasion de s'y préparer depuis un long moment - depuis, en fait, qu'elle avait vu par hasard le nom de Holmes dans le journal local. elle n'y avait d'abord pas cru, puis avait fini par se faire à l'idée qu'elle risquait de revoir le détective un jour ou l'autre. Elle aurait seulement préféré ne pas le croiser si tôt.

Son regard se posa sur la pile de livres qu'il tenait. Ouvrages scientifiques, essais, ouvrages documentaires... Dieu que l'esprit de cet homme manquait de poésie ! Elle s'était toujours demandé, en parcourant les oeuvres du Dr Watson, comment un homme si hermétique à toute poésie pouvait être si sensible à la musique. Enfin. Irène songea que, si le détective avait ainsi le temps de faire des emplettes, ce ne pouvait être que parce qu'il n'avait pas d'enquête en cours. Point sur lequel elle décida d'appuyer.

Seriez-vous donc sans emploi, en ce moment, pour être ainsi réduit à piller les rayons de la librairie ?

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Ainsi, il fallait venir ici, dans cette ville du New Jersey pour rencontrer son meilleur ennemi… Dieu, que la vie était bien faite ! Arsène commençait justement à s’ankyloser un peu avec cette petite vie rangée qui le menaçait. Heureusement qu’il avait Irène… Cette charmante jeune femme était tellement délicate et délicieuse… Jamais Lupin ne lui saurait suffisamment gré d’exister. D’abord parce qu’elle lui fournissait une bonne raison de ne pas se laisser aller à végéter, le résultat étant qu’il avait quelques petits larcins à son actif dans la région, principalement de très beaux bijoux qu’il avait tous offerts à sa colocataire et amie. Ensuite parce qu’une femme comme elle méritait bien que l’on se donne le mal nécessaire pour lui être agréable.

Or, jusqu’ici, tout se passait pour le mieux. Arsène avait pu trouver un emploi stable, sous une identité fallacieuse, il avait pu rencontrer quelques gens charmants et n’avait guère pensé retrouver ici quelqu’un qu’il appréciait autant qu’il détestait. Relation étrange, mais terriblement stimulante. Si Holmes était dans les parages, Lupin se ferait un plaisir de reprendre ses activités de loisir de plus belle.

Et comme le Britannique lui adressa la parole en français, par pur orgueil, le gentleman-cambrioleur lui répondit en anglais.

"Votre accent est toujours aussi ridicule, mon cher Holmes, mais cette rencontre inopinée me comble au plus haut point !"

Jetant un coup d’œil aux achats livresques de son vis-à-vis, Arsène sourit de toutes ses dents.

"Vous préparez votre retraite, peut-être, mon vieil ami ?"

Le ton condescendant et ironique qu’utilisait Lupin était flagrant. Très flagrant, irais-je même jusqu’à dire. Holmes était un homme dont l’orgueil se mesurait non en onces mais en mètres cubes et il était magnifiquement amusant de se moquer un peu de lui par ces taquineries.

"Vous n’avez pas choisi ce qui se fait de mieux, Sherlock. Ces livres sont tout à fait mièvres et sans éclat. Même vous, vous n’allez pas y trouver votre compte, c’est dire..."

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