Envahissement en bonne et due forme [John]

Dans son appartement, le 304, Sherlock Holmes regardait le plafond avec un regard vide. Il était amorphe. Il fallait dire que ne pouvant guère facilement trouver de cocaïne pour calmer ses crises d'immobilité, il l'avait remplacée par l'alcool. Malheureusement, au lieu d'aider et de stimuler son cerveau, l'alcool l'embrumait. Il s'agissait donc de la raison de son soudain état végétatif. Couché sur un divan de sa chambre – ou même avachit si l'on puis dire – il contemplait depuis bientôt une heure un point imaginaire au-dessus de lui. Il aurait même juré l'avoir vu bouger de quelques millimètres la demi-heure d'avant, mais n'ayant aucune preuve, il avait préféré laisser tomber. Courir contre l'invisible n'était pas dans son répertoire pour le moment.

Comment faire ? Son lit l'importunait, son appartement l'importunait et le fait que Watson soit son voisin et non son colocataire l'importunait. En plus d'être devenu professeur de mathématique, cet homme s'était entiché d'un autre homme. Ses pensées ridiculisées par l'alcool et ses émotions agaillardies par la même substance, il ne pouvait voir clair dans ce qui se passait autour de lui, ou même à l'intérieur de lui. Il cilla. Était-ce la première fois depuis le début de l'heure ?

Grondant, il s'extirpa de sa torpeur et se laissa tomber sur le sol, y atterrissant dans un bruit sourd. Son appartement, assombrit par tous les rideaux couvrant les fenêtres, ne le rendait pas confortable. Il n'était pas nécessairement bien. Un loyer, c'était compliqué. Sans Miss Hudson et sans Watson, sa vie était devenue légèrement compliqué. Des objets jonchaient le sol par-ci par-là, des boîtes de pizza trônaient dans un coin de la pièce, des bouteilles d'alcool vides décoraient le plancher. Déchets, désordres, déchéance. Il se traîna de son mieux vers le frigidaire d'où il sortit une bière. Il aurait préféré s'en tenir à ses anciennes habitudes, mais maudite soit l'époque dans laquelle il avait atterrit.

« Riddles...Work...Problems...Work...Riddles... »

Il délirait, mais alors qu'il croyait s'enfoncer sans pouvoir en ressortir, une idée germa dans son esprit abrutit par l'alcool. C'était simple finalement, si simple. Laissant tomber la bouteille qui se déversa sur le sol, il se redressa lentement et difficilement, un grognement sourd accompagnant le geste. Il passa sa main dans ses cheveux en un geste ultime pour avoir un semblant d'hygiène, lança sa robe de chambre sur la table et sortit de sa chambre.

Sortant le nécessaire, il s'agenouilla devant la porte de son ami. Heureusement, il connaissait leurs habitudes et savait qu'à cette heure-ci, il n'y avait personne dans l'appartement. Entrant, il jeta un léger coup d'oeil en se redressant. Moins dévasté que chez lui. Pas étonnant. Avec Watson dans la place. Refermant la porte sans la verrouiller, il se dirigea avec un air de mort-vivant vers la chambre de John. Comment savait-il laquelle était la sienne ? Mystère. Il le savait. Entre les deux chambres, il y avait une différence et c'était à cette différence qu'il faisait confiance.

« Victory... »

Il se laissa tomber dans le lit de son ancien compagnon d'aventure et ferma les yeux. Décidément, il serait bien plus confortable dans cette salle. Il y avait l'odeur de Baker Street, l'odeur du passé. Malgré l'alcool, il était conscient du ridicule dont il se couvrait, mais n'arrivant guère à dormir, rêvant de substances que Watson n'avait jamais ni aimées, ni détestées, la seule solution qu'il avait trouvé, c'était celle-ci. Il tira les couvertures sur lui, s'enroula à l'intérieur, puis posa sa tête sur l'oreiller. Il était outré par l'injustice. Cette chambre était trois fois plus confortable que la sienne et ça n'avait rien à voir avec les faits qu'une panoplie de fioles prenaient toute la place dans son lit au 304.

Était-il enfantin ? Il vous dirait que non. Il n'avait en fait, selon lui, que trouver un moyen de plus pour agacer John et lui signifier son existence. Il s'incrustait. Comme toujours.

L'alcool aidant, le lit aidant et son confort aidant, Holmes s'endormit rapidement...

Watson avait devant lui une longue et harassante journée de cours mais, fort heureusement, la moitié de ses étudiants avaient décidé d'aller voir ailleurs si par hasard on ne trouvait pas des choses plus intéressantes qu'un cours de Maths. L'autre moitié, peu nombreuse, avait exprimé le souhait de réviser l'histoire pour le lendemain et Watson les avait laissé faire, s'octroyant ainsi quelques heures d'avance sur son retour à la maison. Il avait pris le temps de passer récupérer quelques copies qu'il devait corriger et était rentré chez lui, Etonné de trouver la porte ouverte Watson appela Greg mais ne reçut aucune réponse. Un coup d'œil au salon le rassura, si cambrioleur il y avait ils n'avaient pas pris grand chose à priori et surtout pas la guitare de Greg ou l'écran plat qu'il aimait à regarder affalé sur le divan.
Il déposa son sac et ses copies dans son bureau et alla faire chauffer de l'eau pour le thé, il en profita pour vérifier les réserves d'alcool, encore intactes pour l'instant. Il prépara un plateau avec deux tasses de thé et le déposa sur la table basse du salon puis se dirigea vers sa chambre.
Si ce n'était pas un cambrioleur qui avait ouvert sa porte, c'était Holmes, et si Holmes n'était pas en train de boire leur réserve d'alcool, ni de dormir dans le canapé il ne restait plus guère d'endroit où le chercher, la chambre semblant le plus plausible pour l'instant.

En observant son ami endormi Watson laissa échapper un soupir. Décidément Sherlock était un génie sur bien des points et un enfant sur tous les autres. S'approchant de lui il le secoua sans ménagement.

"Holmes ! Levez-vous vieil ami, le thé vous attend"

A en juger par son haleine et son air négligé une douche ne lui ferait pas de mal non plus, mais il faudrait attendre un peu pour cela.

Watson songea à une anecdote amusante raconté par un de ses élèves le matin même et se dit qu'il serait aisé de la tourner en une énigme qui occuperait son ami avec un peu de chance assez longtemps pour le convaincre de se doucher ensuite.[i]

Spoiler:

Il avait eu un léger temps pour dormir un peu, c'était l'important. Il en avait besoin, après l'alcool avalé et l'ennui prenant, il n'y avait rien à faire pour lui, sauf peut-être dormir. Grommelant, grondant et grognant – ce qui en revenait à une série de borborygmes confus – il fut happé loin de son sommeil réparateur, secoué sans ménagement par son ami. Un autre que lui aurait tenté un tel affront, son bras aurait très certainement craqué, mais Sherlock se contenta de s'ébrouer et, se secouant, cilla pour ensuite lever les yeux vers John. Du thé. Il y avait bien longtemps qu'il n'avait eu de thé. Ça lui ferait sans doute du bien et chasserait le mal qui fracassait sa tête.

« Thé ? Vous êtes bien aimable Watson. »

Sarcastique à souhait. Il le regarda un moment, puis s'extirpa du lit avec un mal visible qu'il cacha pourtant le mieux qu'il put. À quand la salle d'entraînement dans son appartement ? Ça viendrait. Il n'était pas homme à se laisser mourir ankyloser tant de cerveau que de musculature. Il tourna la tête vers son ami, puis ne put retenir un certain sourire. Avouer qu'il était content de le revoir après avoir trop longtemps rôdé dans cette résidence tout seul avant de se convaincre qu'entrer par effraction dans sa chambre ne serait pas une mauvaise idée ? Jamais. La seule chose qu'il pouvait avouer était sa supériorité.

« Comme vous pouvez le voir, je me suis permis d'entrer. Ces portes n'ont guère changé depuis le temps. Toujours aussi facile de les combattre. »

Il remonta le col de son habit à l'ancienne et passa une nouvelle fois sa main dans ses cheveux, sans tenir compte de sa propre hygiène. C'était un défaut qu'il avait gardé. Oh certes, dans ses bons jours il gardait la classe quand même. Après tout, c'était ce qu'il était. Imposant, mais faisant fi des conventions sociales. Il passa devant John et se dirigea vers la cuisine, attrapa la tasse de thé au passage et y trempant ses lèvres un moment, testant la qualité du breuvage.

« Peut-être que si vous me donneriez un double des clés je n'aurais pas besoin de pénétrer par effraction ? »

Il eu un rictus qui aurait pu paraître moqueur pour un inconnu, mais qui laissait entrevoir une touche d'amertume pour un oeil avisé. Il jeta un coup d'oeil vers la réserve d'alcool.

« Alors alors...dites-moi...vous avez changé de profession n'est-ce pas ? Cela vous plaît-il ? »

Se préoccupait-il réellement du bien-être de Watson ? Oh, un tout petit peu. Tout petit peu. Gardant la tasse dans ses mains et proche de ses lèvres, il leva son regard vers lui.

« C'est une excuse bien piètre que vous avez là. Mais soit, j'en conviens, l'évolution est peut-être allée trop vite. »

Il prit une gorgée tandis que son cerveau tantôt de reprendre un train de route rapide. Après tout, l'alcool avait embrumé ses réflexions et bien qu'il ait dormit, il buvait beaucoup trop. De plus, ce qu'il avait avaler des fioles qu'il y avait d'éparpillées dans son lit semblait faire un effet retardataire. Fait intéressant à prendre évidemment en note. Après tout, ce pouvait servir à l'avenir. L'énigme entra certes dans son cerveau, mais il n'y porta guère attention, sachant qu'elle se résoudrait d'un moment à un autre, soudainement, en plein milieu de leur conversation très certainement.

« Je retrouve bien là votre si grand amour pour les humains. Comme quoi, même si vous n'êtes plus médecin, votre attachement reste profond. Ce qui vous honore. »

Il grimaça.

« D'un certain sens. »

Il but une autre gorgée. Il fut ravivé par le sourire de John. Cet homme était naïf – enfin, autant que pouvait l'être un homme moyennement intelligent, veuf, etc – et sa bonté l'exécrait, mais leur amitié allait bien au-delà des divergences de caractères et d'opinions. Son manque d'humanité – comme il se plaisait lui-même à l'appeler – était pardonné par le surplus qu'avait son acolyte. Ses défauts étaient embelli par la compagnie de cet homme. Un inconnu n'aurait jamais compris la patience de John envers Sherlock, ni l'amitié de Sherlock envers John. Après tout, pourquoi un sociopathe notoire perdrait son temps avec un homme de ce genre ? Incompréhensible lien certes, mais plus puissant que le caractère agaçant du détective.

« Votre appartement a bien piètre allure et ne vous sied pas. »

Il lui lança un regard perçant.

« Il est trop petit pour vous. »

Il y eu un silence, puis il prit une gorgée de thé. C'était sa façon à lui de lui demander de revenir vivre avec lui. Ordonner serait le mot exact, mais le faire directement serait avouer sa faiblesse. Il n'était pas désespéré à ce point - ou peut-être que si....

« Et en tant qu'ancien médecin, vous devez parfaitement savoir quels effets néfastes l'oisiveté et les mauvais traiteurs peuvent avoir sur les honnêtes gens. »

Chercher la corde sensible. La titiller. L'agacer. Son regard ne le quittait plus et restait sévère.

Il examinait les réactions de son ami et le voir sourire lui enlevait un certain poids. Envahir l'espace de ses paroles exubérantes lui avait manqué, envahir l'espace personnel de Watson était une habitude qui lui avait aussi manquée. Après tout, personne ne le connaissait mieux que cet homme et personne n'encaissait mieux ses paroles sèches et sarcastiques. Au fond, John avait un don – agaçant, très agaçant – pour comprendre trop rapidement ce qui se cachait derrière chaque insulte. Oh certes, il était stupide, mais c'était commun chez les mortels et Sherlock n'y faisait plus réellement attention. Le rire qui suivit le tout fit apparaître l'ombre d'un sourire sur son visage.

« L'honnêteté, l'honnêteté, que voulez-vous que je vous dise Watson ? Que recherchez-vous exactement ? Vous avez parfaitement compris où je voulais en venir et à moins que vous ne soyez devenu stupide, du moins plus que nécessaire, je ne me vois pas dans le besoin de m'expliquer. »

Il finit son thé et posa la tasse sans réelle douceur, mais heureusement sans casse non plus.

« Et je ne vous ai jamais entendu vous plaindre quant à l'état des mes affaires. »

Il cilla un instant et revint mentalement en arrière. Son regard se braqua avec plus d'attention sur l'homme devant lui. Quelque chose, l'avait fortement agacé.

« Greg ? »

Jalousie ? Non, sûrement pas. Juste un petit peu...dépaysé. À l'époque, l'entourage de John se résumait à lui-même et miss Mary. Pauvre miss qui avait fait de son ami un homme veuf et attristé trop rapidement. Alors de voir qu'ici cela commençait à un peu trop s'élargir. Oui, peut-être finalement était-il jaloux. Mais pouvait-il l'être ? Lui qui n'était pas humain. Lui qui était au-dessus des faiblesses de ses semblables. Ou peut-être se le faisait-il accroire. Après tout, pour veiller à la vie de son ami, il avait bien passé quelques temps dans la lande comme un sauvage alors qu'il aurait très bien pu rester au chaud à Londres – et ce même s'il était plus un homme d'action que d'attente.

Le sourire aurait pu le provoquer, mais la tendresse le calma. S'il voulait jouer, il y avait bien des façons de le faire. Il réprima rapidement un sourire. Hors de question de se laisser aller à quelques sensibleries.

« Mon désordre vous attend quand vous voulez. »

Une lueur amusée perça dans ses yeux.

Il eu un roulement des yeux presque exaspéré, quasi vexé. Il grommela quelque chose de complètement incompréhensible, fronça les sourcils et prit une grande respiration avant de reprendre totalement le contrôle de ses émotions. L'alcool le rendait faible contre ses propres pulsions. Le voilà avertit maintenant.

« Bien entendu que je l'ai remarqué. Je connais même ses déplacements, les heures auxquelles il arrive ici. Sinon je n'aurais guère utilisé mes outils pour entrer par effraction chez vous non ? Je sais aussi qu'il côtoie une femme, à moins que ce léger résidu de parfum, qui a dû voyager sur ses vêtements, n'appartienne à un homme, ce qui à mon avis serait fort surprenant. Je pensais qu'après toutes ces années mon intelligence n'était plus à discuter. »

Cette défense venait en même temps de révéler plus qu'il n'avait voulu le faire. Il allait finir par étrangler Watson. Ce dernier mettait souvent ses nerfs à rudes épreuves, mais pour une raison totalement différente de celle reliant ses propres défauts aux crises de John. Personne, au grand jamais personne n'avait réussit à lui faire ressentir une quelconque part d'humanité. On ne s'attache pas dans son métier. C'était inutile et surtout dangereux. Lorsque l'on avait une faiblesse, les ennemis pouvaient l'utiliser. Ce que certains s'étaient déjà risqué à faire par le passé.

« Quant à l'intérêt que je puisse lui porter, je me fis à votre avis et n'ait point d'impatience à le rencontrer. »

Comment fuir une conversation qui pouvait s'avérer risquée pour lui ? Il se dirigea d'un pas rapide vers la chambre de John et y fouilla, sans rien demander, sans commenter, sans même un regard en arrière. L'inventaire des habits de son ami se fit rapidement et il eu un grondement. Décidément, les modes étaient trop changeantes pour lui. Il prit un habit qui lui plaisait le plus – sans pourtant entrer dans ses goûts vestimentaires – et ressortit. Direction la douche puisque monsieur semblait y tenir et puisque lui-même s'était mis dans une situation...agaçante.

Et voilà le sourire taquin qui réapparaissait. Ce nouveau siècle allait mieux à John qu'à lui-même. Il lui lança un regard, s'arrêta, puis soupira. Drogue d'accord. Alcool non. Trop abrutissant.

« Ne m'obligez pas à faire quelques essaies d'une menace sur vous. Je serais attristé de devoir prendre de telles mesures. Je vous laisse jusqu'à demain pour réfléchir. »

Spoiler:

Il avait lancé pêle-mêle ses vêtements un peu partout dans la salle, avait accroché ceux de John sur un crochet et avait allumé l'eau. Ce qu'il voyait – avait vu – l'inquiétait un peu. John s'était parfaitement – quasi, personne n'était parfait – adapté à cette nouvelle époque. Tant et si mieux que lui. Pauvre loque qu'il était. De médecin – chose qu'il ne pouvait plus exercé face à l'évolution qu'avait subit la science – son était passé à professeur en mathématique, ce qui – même si ça lui rappelait amèrement le professeur Moriarty – restait honorable pour un homme de sa stature. Et lui, où en était-il rendu ? À se balader à quatre pattes comme avant, à crocheter la serrure de chez son ami et à maudire les services de l'ordre qui ne voyait pas encore sa valeur. Certes, il savait que sa défaite contre Natasha avait légèrement refroidit leurs ardeurs, mais il n'y pouvait rien. Son passé le suivait, partout et n'ayant ni crâne ni John à qui discuter de ses théories...

Être sous l'eau lui faisait grand bien. En même temps, cela éviterait à John de faire le moindre commentaire sur son hygiène. Certes, il ne se plaignait qu'en de rares occasions, mais il n'était pas allé retrouver son ami pour supporter ce genre de sottises.

Où avait-il commis une erreur ? À quelle période de leurs nombreuses aventures avait-il laisser trop paraître son attachement pour John ? Il était folie de faire comme les êtres humains, il le savait pourtant. Son comportement exagéré avait sans doute pris des proportions insoutenables à l'arrivée de Mary.

Pensée qu'il chassa rapidement. Tant pis.

Lorsqu'il ressortit du bain, l'alcool semblait avoir quitté peu à peu son organisme. Il enfila les habits de John et se chamailla légèrement avec ses cheveux, finissant par abandonné. De toute manière, aucune femme ne s'était jamais plaint de son apparence, alors tant pis pour les cheveux – pas que l'avis des femmes ait une quelconque importance en fait.... Il sortit de la salle de bain, frais et rayonnant, un sourire moqueur sur les lèvres et le regard allumé.

« Les trains sont des machines traîtresses, ou plutôt, guidées par l'être humain, elles deviennent automatiquement emplies des défauts de leurs contrôleurs. Le plus grand défaut de l'homme ? Son manque de ponctualité je dirais. Oh certes, vous n'y êtes pas sujet, mais vous êtes homme de bonne famille, militaire et médecin. Le retard n'est guère pardonné dans chacune de vos deux spécialités. Les gens ordinaires par contre, particulièrement ceux travaillant dans le domaine du transport – et ce malgré que nos fiacres étaient largement à l'heure dans le temps – souffrent souvent de ce défaut. »

Il s'avança, but ce qui restait de thé dans la tasse de Watson – ne se souciant guère de ce que cela pouvait vouloir dire dans cette nouvelle époque – puis passa sa main contre son visage pour s'ébrouer un peu.

« Le retard vient ensuite avec l'habitude, l'habitude du retard vous fait donc arriver toujours en retard n'est-ce pas ? Que se passerait-il si le train qu'ils attendent en retard arrive, pour une seule et malheureuse fois en avance ? Il le manquerait bien entendu. Quant à expliquer la violence des indiens, nous mettront cela sur le compte de l'âge de vos élèves. Affaire classée. Trop détaillées pour son intérêt, mais qu'est-ce qu'un peu trop de mots ? »

Il glissa son regard sur son ami, puis se tut. Il n'avait plus rien à dire.

Watson éclata de rire.

"Je n'en attendais pas moins de vous Holmes. dites-moi, de quand date votre dernier repas ? Je suis sur que Greg saura commander une pizza sans moi, je vous invite au restaurant."

Il se dirigea vers la porte d'entrée sans attendre la réponse, de toute façon ce n'était pas vraiment une invitation et son ami n'avait surement rien de mieux à faire, puisqu'il était venu dormir dans son lit.

"Et ensuite nous verrons à vous trouver une femme de ménage, c'est le nouveau nom des gouvernantes....Il faut s'y mettre maintenant si on veut en trouver une qui vous supporte avant que vous ne soyez plus en âge de déranger un appartement du sol au plafond."

Il attrapa son chapeau, sa canne et son pardessus, et se tourna vers son ami :

"Que diriez-vous de faire des expériences culinaires ? Manger chinois ou japonais ? Le poisson cru c'est étonnamment bon."

Les deux amis sortirent donc dans l'air frais de ce début de soirée hivernal et Watson se dirgea, naturellement, vers sa place de parking où trônait sa voiture, une petite voiture plus toute jeune mais qu'il affectionnait, quoique la conduite le laissa encore parfois perplexe, l'agressivité des gens surtout d'ailleurs.

"Allez montez et choisissez, mexicain ? Chinois ? Japonais ? ou français peut être ? Il parait que les cuisses de grenouille sont un met raffiné."

Watson s'était adapté à ce monde où les distances n'existaient plus, plus au sens où on l'entendait de leur temps en tous les cas, où l'on pouvait manger japonais au coin de la rue, voire sans même sortir de chez soi, où les gens traversaient les rues en parlant au téléphone, où les fiacres n'étaient plus tirés par des chevaux mais motorisés et appelés Taxis, on les sifflait toujours par contre. Plus d'allumeur de réverbères, ils avaient un système qui détectait la luminosité ambiante et les allumait automatiquement. Tout avait bien changé mais John s'y était adapté rapidement, il ne doutait pas que ce serait plus long pour son ami qui faisait déjà figure de dinosaure dans sa propre époque.

Spoiler:

Spoiler:

Il haussa les épaules.

« Je suppose la question rhétorique. En tant que médecin vous n'aimeriez pas ma réponse. »

Il fronça par la suite les sourcils, arrangeant le nouvel habit qu'il avait dû revêtir. Encore quelque chose qu'il ne faisait qu'avec une personne: l'échange de vêtements. Quoique dans sa garde-robe à lui, il n'y avait que du linge victorien et donc sans doute trop...comment avait-il dit...'rétro' ? Il le suivit à l'extérieur.

« C'est possible de trouver cela ? »

Il faisait dans le sarcasme et la plaisanterie. Oui, trouver une femme pouvant supporter ses sottises, son désordre, son caractère plus que désagréable, ses mauvaises habitudes, ses envies de drogues, les bouteilles d'alcool partout sur le plancher.

« Non je ne crois pas. »

Il avait répondu lui-même à sa question, mais il se parlait à lui-même. Puis John le conduit vers la voiture. Ce à quoi il fronça d'autant plus les sourcils. Il hésita même, un très long moment devant la machine. Certes il en avait déjà vu, avait été plutôt interloqué même, mais jamais, au grand jamais il n'était monté dans l'une d'entre elle. Il resta donc planté là, devant l'automobile, commençant lentement à ressentir qu'effectivement, c'était l'hiver. Ou en tout cas la température n'était pas extrêmement chaude. Il frissonna légèrement.

« Je... »

Et il monta. Non. Aucune raison de laisser paraître cette faiblesse-là non plus. Il s'assit du côté passager, incertain. Il ferma la porte comme s'il ferma lui-même celle de sa cellule, puis se tourna vers son ami.

« Oriental. Je vous laisse choisir quelle sorte. J'ai eu l'occasion de boire un thé oriental avec une connaissance et je dois dire que le goût me plaît. Si leur cuisine vaut leur boisson, pourquoi pas ? »

Il reporta son regard vers l'avant de la voiture.

Il fallut deux secondes à Sherlock pour trouver le fonctionnement de la ceinture de sécurité et à peine un demi millième de seconde pour retenir ce qui aurait pu être un cri de surprise. Pas qu'il n'avait pas l'habitude des courses poursuites, mais ça...ça...c'était la modernité. Bien qu'il fusse fervent du progrès – non fervent, plutôt admirateur passif – il n'était pas le mieux placé pour l'adaptation rapide. Il évita donc d'y penser jusqu'à ce que John arrête enfin la voiture et qu'il puisse en sortir. Ses jambes ne tremblèrent pas et il n'eut aucun doute que le retour se ferait bien mieux que l'aller. Il suivit John sans problème, retint un commentaire désobligeant à propos de la femme – il savait que John les aimait lui – et le suivit jusqu'à une place où il enleva le léger vêtement lui servant de manteau. Il dévoilait ainsi la poche dans laquelle il cachait ses outils, mais puisque John avait insisté pour qu'il utilise ses vêtements, il n'avait pas trop le choix. Ce linge ne lui fournissait aucune cachette décente.

Il releva le regard lorsque John parla.

« Comme au bon vieux temps. »

Son ton était lointain, un peu froid, mais il était sincère. Ça lui arrivait, de temps à autre, de laisser sortir ce genre de sottises. Il le complimentait aussi parfois. C'était rare, mais quand il le faisait, il était toujours amusé par la lueur de plaisir qui apparaissait dans les yeux de son ami. Heureusement, il n'usait pas de se privilège très souvent, ce qui rendait le jeu des compliments assez agréables et amusant. Il sortit sa pipe sans un mot, puis le regarda un moment.

« J'imagine que la restauration n'a pas tant changé. »

Il lorgna d'un oeil désapprobateur la jeune fille.

« Enfin, dans le service je veux dire. »

Il s'appuya sur le dossier de sa chaise, puis examina 'à la loupe' John Watson, sans se soucier que son regard soit indiscret. John Watson victorien et John Watson moderne avaient quelques différences et il comptait bien les noter et les garder en mémoire. Il savait tout de son ami auparavant et était capable de 'lire ses pensées' même. Il ne souhaitait pas que cela changeât et un examen approfondit de son interlocuteur s'imposait donc tout naturellement. Remplissant distraitement sa pipe, plus rien n'apparaissait devant son regard autre que le sujet de son étude.

« Vous avez changé. Cette nouvelle profession vous amollit Watson, prenez garde. »

« J'imagine que la restauration n'a pas tant changé. Enfin, dans le service je veux dire. »

"Les mœurs ont évolué, la pudeur semble avoir disparu, vous verriez la plage en été."

John n'était pas adepte de ce changement là, cela lui déplaisait de voir le corps des femmes exposé à tout vent, il appréciait l'élégance discrète d'une belle robe et regrettait que de nos jours découvrir le corps d'une femme ne soit plus un privilège réservé à son seul amant. D'abord son corps était en grande partie exposé à la vue de tous mais, de plus, les femmes avaient parfois plusieurs amants, si tant est qu'on puisse les appeler ainsi vu qu'elles ne les revoyaient généralement pas. Non décidément les mœurs avaient changé et cela ne convenait pas du tout à John, sa grimace le prouvait sans peine.

« Vous avez changé. Cette nouvelle profession vous amollit Watson, prenez garde. »

Watson éclata de rire.

"Vous croyez Sherlock ? Je serais ravi de vous prouver le contraire lors de votre prochaine affaire, si toutefois vous voulez bien accepter mon aide le moment venu."

Et voila, ça c'était dit, Watson et Holmes, comme au bon vieux temps, prenant des risques et courant après des criminels. Sauf qu'il faudrait le temps à Holmes pour s'habituer aux methodes scientifiques et à leurs progrès, sans nul doute cela lui plairait dès qu'il aurait fini de regimber par habitude.

Lorsque la serveuse repassa ils commandèrent un peu au hasard et attendirent leurs plats tout en continuant de deviser.

Sherlock était ravi de voir qu'il n'était pas tout seul à désapprouver l'habillement. Watson aimait les femmes certes, mais semblait avoir garder le goût pour leurs femmes et non celles de cette époque. Ce qui au fond, lui ressemblait plus. Pour lui, c'était déjà très mal partit. Déjà que les femmes au temps victorien lui étaient désagréables, celles de l'époque moderne étaient pire.

« À vous entendre, non, je n'ai pas envie de voir la plage. »

Sa misogynie avait ressurgit des ténèbres. Il alluma sa pipe lorsque le rire de Watson retentit à nouveau. Beaucoup plus agréable que le silence morne de son appartement lugubre et en désordre. Cependant, ce qu'il entendit lui fit relever la tête. C'était dit. Ils avaient eu le choix. John avait eu le choix. Soit il restait campé à sa nouvelle vie, soit il acceptait de revenir vers lui. C'était une demie victoire, mais il se doutait qu'après les enquêtes viendraient la colocation, l'un ne venant sans les autres et les autres ne venant sans l'un.

« Nous verrons bien au moment venu si vous avez bien garder la forme mon vieil ami. »

Oui, il voulait bien de lui. Il le disait, plus ou moins à sa façon, en le provoquant. C'était le mieux qu'il pouvait faire, le mieux qu'il pouvait dire, mais pourtant il était certain que son ami comprendrait et entendrait ce qu'il fallait. Toutefois, pour les enquêtes, ça allait attendre le feu vert des autorités. Il avait bien entendu remarqué, comme son vis-à-vis, que la médecine avait fait un bond surprenant depuis leur époque, mais il n'avait aucune inquiétude pour lui-même. Il apprendrait vite et bien.

Lorsque la femme revint, il commanda comme son ami, au hasard. Aucun des deux n'avaient déjà mangé ici, alors ils devaient se fier à leur instinct et ce qui était écrit dans le menu.

Il mis la pipe dans sa bouche et inhala un moment avant d'exhaler, gardant l'objet dans sa bouche.

« Vous êtes arrivé ici bien avant moi. Racontez-moi donc vos aventures. Avant ce furent les miennes, maintenant, c'est aux vôtres. Je ne crois pas que le niveau d'intérêt est le même que lorsque votre vie bougeait un peu plus, mais je suis curieux. »

Il semblait pourtant un minimum intéressé au moins. Au même moment, leurs commandes leur revinrent et Sherlock y posa un oeil critique. Il goûta du bout des lèvres, mais fut bien obligé d'avouer que ce n'était pas une nourriture indigne de ses papilles. Il eu un très, mais très léger sourire et regarda un moment autour de lui. Tant de détails, tant de gens, tant d'histoires. Ce restaurant lui prouvait qu'il n'avait pas perdu ses talents.

Sherlock ne crut pas nécessaire d'ajouter qu'il ne parlait justement pas de la vie passionnante comme il l'entendait, mais de sa vie ordinaire. Aussi n'insista-t-il pas. Il ne voulait pas partir dans une grande discussion expliquant le pourquoi du comment. Pour une fois dans sa vie il demande du normal. Après tout, ne pouvait-il pas, une seule fois, s'intéresser à la vie normal de monsieur John Watson ? Évidemment qu'il n'y avait eu ni bombe, ni attentat, ni vol depuis leur dernière rencontre. Il n'était pas idiot loin de là. Quant à la boxe, il l'avait remarqué. Il fallait toutefois qu'il se souvienne que jamais il n'avait réellement demander ce que son ami pensait de la vie normale. C'était sa faute, comme d'habitude. Il inhala une bonne quantité de tabac. Il commençait à se demander s'il s'agissait d'une bonne idée de renouer avec lui.

Le voilà qui revenait à la charge. Évidemment, son ami était aussi prompt à la détente qu'à la provocation, ça allait de pair dans leur vieux couple mal fichu. Il exhala la fumée et réfléchit un moment à la réponse.

« Je suis ici depuis moins longtemps que vous ne le pensez. »

Il ne s'en sortirait pas avec cette simple réponse, il en était certain. Un petit éclair d'amusement passa dans ses yeux, mais il ne laisserait pas son ami deviner ce qu'il ressentait en ce moment. Il voulait jouer, il jouerait avec un bloc de marbre. Pourtant, il se sentait bien. À fumé, dans un restaurant, en compagnie d'un vieil ami. Que pouvait-il demander de plus...ah oui. Une enquête, une énigme, quelque chose et rapidement. Une ombre passa, puis il se reprit. Il avait besoin de travail. Là et maintenant. Il avait bien faillit y passer peu de temps avant cette rencontre. Maintenant le fait qu'il lui reparlait l'aidait à se dire de rester vivant, mais sinon, ce n'était pas suffisant.

« Je voulais vous laissez profiter de votre liberté avant de vous rappeler que je suis un être atroce. »

Il plaisantait. La dérision sauve souvent de la bonne réponse. Il avait renvoyé le fiacre. De cette façon, il rappelait à Watson à quel point les aventures qu'ils avaient eu l'avaient manqués et la difficulté avec laquelle il les avait quittées – et ce même si au final, il les avait réellement quittées. Son regard se fit perçant et son sourire moqueur. Il finit par reprendre une bouchée de son repas. Il ferma légèrement les yeux. Le docteur avait eu raison de poser la question. Il n'avait pas eu de nourriture depuis quelques jours. Ou du moins trop peu en plusieurs jours. Ce qui faisait naître migraine et malaise chez lui. Un léger vertige le prit, mais il n'en avait cure. Il mangeait maintenant, alors que son organisme le laisse tranquille.

« Quand à un moment où vous auriez été chez vous...je n'aurais pas pu utiliser votre lit. »

Sherlock grimaça au mot café. Il en avait aussi fait les frais et si cela avait permit à son cerveau de fonctionner à une vitesse appréciable, le goût ne justifiait pas un tel bénéfice. Le sacrifice était trop grand pour qu'il continuât à boire cette boisson infâme. Il secoua la tête.

« Atroce. Aucun raffinement. »

Fut les seuls mots qu'il laissa passer sur l'affaire. Il était à priori d'accord – très d'accord – avec l'avis de son ami : le café n'égalerait jamais le thé. De près ou de loin.

« J'ai visité un salon de thé avec une connaissance, comme je le disais tantôt. Thé succulent, près de l'eau. Je vous y amènerai un jour. C'est agréable. »

Il jeta un regard vers la serveuse.

« Et plus acceptable. »

Sherlock avait la douce impression que son ami allait revenir avec lui. En fait, il avait pourtant la crainte que sa confiance en lui-même n'ait surestimé la patience de John. Allait-il réellement revenir avec lui où s'était-il proposé de l'aider à ses prochaines enquêtes simplement pour le faire taire ? Pourtant, lorsqu'il l'observait, il voyait que cet homme avait soif du danger et de l'aventure. Une petite vie rangée, après tout ce qu'ils avaient vécu. Impossible. Même pour quelqu'un s'adaptant aussi rapidement que lui.

« Scotland Yard... »

Il secoua la tête, prenant ensuite quelques dernières gorgées de son thé

« Certes ici ce n'est pas son nom, mais je puis vous dire que ces gens-là sont d'une incompétence qui ne rivalise guère avec celle de Lestrade. Au moins celui-ci savait voir, comme vous le dites, qu'il n'était qu'un être commun à tous les autres, et surtout très limité. Ceux-là sont certains de leur intelligence et de leur pouvoir, mais leur patron trompe sa femme et le sous-chef, sa femme, trompe son mari. Donc niveau déduction, ils ne sont pas à ça prêt de surpasser quelqu'un. »

Geindre contre la police. Cela faisait longtemps, très longtemps. Il fronça ensuite les sourcils.

« Votre teint s'est assombrit. Immanquablement, ce regard lointain, distant, vous êtes chez nous, à une époque révolue, dans le passé. Vous pensez...à nos enquêtes bien évidemment, vos yeux parlent, trop peut-être. Vous avez toujours été d'un expressif désarmant. Cela vous manque. À coup sûr. Bien que je n'en doutais pas, mais vous vous sembliez douter."

Spoiler:

Il ne pouvait qu'acquiescer à ce que lui avait dit John. Certes, il n'était qu'un livre ouvert dans lequel il était apte de lire toutes les lignes de ses émotions et de ses pensées. Quant à pouvoir penser une seconde que cela pouvait agacer John, il n'était peut-être pas assez humain pour comprendre ce fait. Il entendit ensuite le reste et retint ses sourcils de se froncer, retint un tic nerveux sur le coin de ses lèvres et retint une moue agacé. Chez lui. Et non chez eux. Pourtant, les signes ne pouvaient le tromper. Pourtant, IL ne pouvait se tromper. Il n'était pas à ce point tombé si bas pour se tromper sur un sujet qui lui tenait tant à coeur – chose qu'il n'avouerait jamais. Il secoua la tête, ayant par trop besoin de calme et de sommeil et ne supportant plus ces non-dits.

« À vos ordres docteur. »

Aucun combat cette nuit-là. Le repas avait été délicieux, la compagnie avait été agréable.

« Aller, partons donc.... »

Il se laissa reconduire, beaucoup moins stressé par le retour en voiture qu'il ne l'avait été la première fois. Lorsque Watson le laissa à sa chambre, il y entra, jetant un léger coup d'oeil autour de lui. Refermant la porte, il ouvrit la lumière, cilla furieusement et ne put que constater le désastre qu'il y avait. Fioles, boîtes et autres déchets. Il y avait tant de choses autour de lui. Baker Street lui manquait. D'un pas morne, il se dirigea vers le coin le plus sombre de son appartement, y tira une chaise, s'y assit, puis alluma sa pipe. Dormir ? Oh que non, il ne réussirait jamais à dormir. John allait regretter cette nuit de trop à essayer de repousser une chose inévitable. Il allait revenir vivre avec lui, il le savait. Holmes n'était pas stupide. Son ami était un ancien soldat, pas un simple paysan stupide. Il inhala une bouffée de fumée et ferma les yeux.

Il allait rester dans ce coin. Jusqu'à ce que des bagages soient apparus dans son appartement. De toute façon, il n'avait rien d'autre à faire. Ses rêves ne seraient peuplés que de manques. Ses réveils se termineraient en crise. Ses journées en longues heures de solitude. Autant ne pas dormir. Watson le retrouverait peut-être à moitié mort, mais tant pis. Il se mit à réfléchir avec rapidité à comment il allait aborder les autorités pour se faire accepter cette fois. Ça n'allait certainement pas être compliqué. Il était doué, eux stupides. Pas compliqué.