Échec de premier jour | Sam - Jolinar |- TERMINE

Première journée. Première journée qui s'était extrêmement mal passée. Oh certes, il lui arrivait d'être très sociable lorsqu'il voulait des informations, mais cette si fabuleuse idée ne l'était pas tant que ça. Sous l'insistance de John, il avait postulé pour enseigner la criminologie. Évidemment, devant autant de connaissances, ils avaient acceptés malgré ses sérieuses lacunes en technologie, mais apprenant vite, il les avait assez impressionné. Facile. Ils étaient stupides. Évidemment, ses nouveaux patrons n'aimaient pas réellement son caractère, mais en manque de personnel et surtout face à autant de talents, ils ne pouvaient décemment dire non. Résultat: il était à l'essai. Il était donc partit pour l'académie militaire en s'habillant de son mieux, volant des vêtements appartements à son ami pour s'y rendre. Il se doutait que ses habits victoriens ne seraient pas bien vus. Par contre, il avait amené son violon.

Arrivé finalement à l'école, il était entré dans la classe. Tous les élèves étaient déjà arrivés et malgré le fait que cela s'appelait une école militaire, il n'y avait pas réellement de discipline dans cette salle. Peut-être était-ce parce qu'il était nouveau. John lui avait un peu parlé du domaine de l'enseignement, mais apparemment pas assez pour cet homme. Il avait tout d'abord toussoté, mais aucune réaction autre qu'un regard ennuyé de la personne de devant et un regard amusé de la part d'un autre élève plus loin.

Au bout de quelques minutes d'essais infructueux, il sortit, lentement, son violon et le martyrisa avec son archet, faisant geindre toute la classe qui se retrouva étrangement en silence.

« Bien, maintenant que vos pauvres cerveaux ont l'attention sur moi, peut-être pourrons-nous commencer ? »

Les élèves le regardaient comme s'il venait de dire le pire des blasphèmes dans une église. Ces gens n'étaient pas à cette université pour rien. Ils ne se laisseraient sans doute pas faire par un nouveau qui réclamait l'autorité.

« Avant que l'un de vous n'ouvre sa bouche pour une futilité dont vous seuls êtes capable, je suis le professeur qui vous enseignera. Du moins...jusqu'à un certain temps. »

-Donc c'est temporaire.

Son regard perçant se posa sur la personne ayant parler.

« Hm...je ne crois pas avoir donner droit de parole...et encore moins pour une telle évidence. »

Et le silence revint. Comment se passa la classe ? Jugeons-en par le fait que sa voix, un peu avant la fin, s'éleva à un niveau puissant et devait être entendu d'assez loin. Jugeons-en par le fait que plusieurs minutes avant la fin de classe, les élèves fuirent la salle de classe un d'entre eux quasiment atteint par un projectile lancé par nul autre que le prof. Après un moment de silence, Sherlock Holmes lui-même sortit de la dite classe. Il avait commencé avec diplomatie, il avait finit par perdre patience. Ça lui arrivait. Il avait beau pouvoir montrer de la bonté, il n'était décidément pas près pour les enfants orgueilleux. Il s'appuya sur le mur et soupira, replaçant le col de son vêtement. Au moins ça allait sans doute faire une anecdote de plus à raconter à Watson et de laquelle rire. Des échecs, il en avait. Ce n'était pas une nouveauté et en fait, il s'amusait plus de celui-là que de n'importe quel autre. Comment être ridicule façon Holmisienne. Il était doué.

Un léger sourire étira ses lèvres sur le côté. Il allait rester là un petit moment avant de se préparer à rentrer chez lui. De toute façon, John n'avait pas encore finit sa journée. La sienne l'était. Il doutait revenir. Ou peut-être réessayerait-il.

Les élèves en fuite se dirigèrent, naturellement vers le bureau du Commodore. Mais ce dernier, qui dirigeait l'école, était absent, c'est donc vers le Major Carter qu'ils se tournèrent, depuis son arrivée elle faisait plus ou moins office d'adjoint, voire plus par moment. Elle avait entendu dire qu'un nouveau prof était arrivé mais elle ne l'avait pas encore rencontré. Aussi quand toute une classe arriva devant son bureau en hurlant elle se leva avec calme, ouvrit la porte devant tout ce raffut et toisa les élèves qui, instantanément, se calmèrent, du moins en apparence.

"Vous êtes de futurs militaires messieurs, soyez digne de cet avenir qui s'offre à vous et cessez de geindre comme des gamines."

Les élèves, essoufflés et encore sous le choc se mirent au garde à vous, tardivement et Sam eut un léger sourire en voyant cela.

"Bien, un volontaire pour m'expliquer le problème?"

Les élèves se regardèrent en chien de faïence puis se mirent à parler tous en même temps. Sam leva une main et le silence revint, plus lentement cette fois, manifestement ils étaient remontés. elle en prit un au hasard qui semblait moins énervé que les autres.

"Le prochain qui parle sans permission sera de corvée latrine pendant deux jours. Toi, explique-moi."

"C'est le nouveau prof major, il....il est fou!"

Sam fronça un sourcil réprobateur mais ne dit rien, attendant la suite.

"Je vous assure Major, sauf votre respect, il est venu avec un violon et comme...enfin...on n'était pas totalement silencieux...Il en a joué. C'était atroce! Il joue aussi mal que moi!"

Sam se garda de dire qu'ils n'auraient eu qu'à faire silence, cela aurait évité bien des soucis.

"Et après...Il a passé le cours à dire qu'on était idiots et finalement on s'est énervés, il est même pas militaire vous savez Major. Et quand on a répondu faux à une de ses questions saugrenues et rhétorique, il a commencé à nous lancer des craies à la figure. Et il vise bien hein, heureusement que vous nous avez appris l'esquive récemment !"

De fait certains avaient moins bien appris que d'autre à en juger par leur mine déconfite. Sam retint un soupir.

"Vous auriez du être silencieux à son arrivée dans la classe, vous le savez. vous êtes dans une école militaire, vous deviendrez des soldats pour la majeure partie d'entre vous. Vous devez apprendre la discipline dès maintenant. "

En réalité beaucoup d'entre eux n'intègreraient pas l'armée, cette classe là était une des plus difficiles, c'était la classe des fils à papa envoyés en école militaire pour les empêcher de se droguer ou de faire de trop grosses bêtises. Ils étaient donc très difficiles à gérer et même Sam durant ses cours avait parfois des difficultés. Dans le couloir devant son bureau elle avait l'avantage de n'être pas prof ou Major mais d'être quasiment la directrice. Cela jouait en sa faveur.

"Vous retournez à vos cours, la sonnerie vient de retentir. Si j'entends un seul de vos professeurs se plaindre de vous aujourd'hui je vous garde tous pour des tours de terrain de 5à6 c'est clair ?"

Elle les observa, ils étaient silencieux, calmes même si certains avaient un air de défi dans le regard. Mais ils ne bougeraient pas, parce que la classe ne les suivrait pas, la plupart avaient trop peur de la sanction. Dans les écoles classiques on vous obligeait à rester au chaud à l'intérieur de 5à6, à ne pas faire grand chose. Ici le Major les faisait courir dehors dans le froid, même s'il pleuvait ou neigeait, donc en hiver ils étaient plutôt calmes. Et en été elle trouvait une autre sanction. La classe se dirigea vers son prochain cours et Sam vers la salle de Holmes.

"Bonjour, Mr Holmes je présume ? Je me présente Major Samantha Carter, je suis actuellement en charge de l'académie, temporairement. Pourrions-nous parler ?"

Elle avait dit cela à l'homme adossé au mur devant la salle, un homme dont l"intelligence se sentait dans son regard vif mais qui, manifestement, venait de passer un rude moment, ses cheveux étaient en bataille et son costume froissé. Elle indiqua la salle d'un signe de la tête et s'y engagea en vérifiant qu'il la suivait.

Sherlock avait commencé à allumer sa pipe lorsqu'une jeune femme marcha vers lui. Un coup d'oeil pour l'observer et il analysa rapidement quelque fait qu'il garda en mémoire. Posture disait militaire, son regard aussi d'ailleurs, mais il disait aussi intelligente, donc forcément intellectuelle. Son sérieux et la direction dont elle venait lui disait: élèves cafardeurs, mais surtout lâches. Il ne put réprimer un sourire amusé. De futurs soldats ? Il en aurait bien rit. Il replaça néanmoins cheveux et vêtements. Il fronça ensuite les sourcils, surpris sans le laisser paraître. Il se demanda bien rapidement si cette Samantha n'était pas une certaine connaissance d'Internet. Le fait qu'elle sache son nom le prouverait, mais puisqu'elle était en charge. Il préféra ne pas s'embarquer sur le sujet pour le moment. Il se doutait bien que ce n'était pas de ça qu'elle voulait parler.

« Mr. Holmes, oui, lui-même. »

Il ne se vantait pas. Il savait qui il était et en était fier. Passons.

« Quant à me parler, demande inutile, voir futile puisque vous m'obligez à vous suivre de par votre « responsabilité temporaire » des lieux. »

Il en était quasiment amusé, mais consentit à la suivre, pipe en bouche. Il jeta un coup d'oeil à la classe. Quelques craies cassées traînaient ici et là, une chaise même était renversée et son bureau était en complet désordre. Il y laissa d'ailleurs tomber sa boîte de violon plutôt brutalement. Son regard traînassa un moment sur le tableau où était écrit les noms de criminels notoires de l'époque victorienne, des dates à retenir absolument, ainsi que la définition de mots qui semblaient pourtant simples.

Discipline. Discernement. Intelligence. Stupidité. Âneries. Incompétence.

Ces six mots étaient décrits avec force détails et exemples, citant même des noms d'élèves. Des allumettes étaient restées sur le bureau, preuve qu'il avait soit fumé, soit menacé un élève de le faire brûler vif. En résumé, cette première journée avait été...fortement intéressante. Niveau psychologique du moins. Sherlock avait appris tant de choses en une journée.

« Vous savez que vos élèves ne sont qu'un peloton dégénéré d'ignorants ? »

Il ne l'avait pas laissé parler la première, les deux mains dans le dos, exhalant lentement de la fumée par la bouche tout en serrant l'instrument entre ses dents. Son regard ne cilla pas une fois tandis que son regard revenait sur elle.

« Bien sûr que vous le savez. À moins que mes yeux ne me trompent – ce dont je doute très chère – bien qu'étant...vous-mêmes, vous ne me semblez pas assez stupide pour croire que ces enfants feront un jour la fierté de leurs parents. De grâce jetez-les dehors avant que la société n'en pâtisse. »

Un rire sec sortit de sa gorge.

« Hum...trop tard. La société en a déjà pâti. L'Histoire se répète j'imagine. »

Il inhala un moment, puis consentit à la laisser parler.

« Mais je vous en prie, que me vouliez-vous...Major ? »

L'autorité. Police comme armée. Il était redevenu calme et son visage, sans avoir d'expression polie, était tout à fait impassible et illisible.

Sam sourit, manifestement Holmes n'aimait pas l'autorité, elle en connaissait un autre. Elle songea à O'Neill, détestant l'autorité mais devenu finalement Général.

"En effet, je vous y oblige mais rassurez-vous ensuite vous serez plus libre de vos mouvements et décisions."

Elle observa la salle en haussant des sourcils intrigués. Les craies elle comprenait, les mots au tableau....Elle ne comprenait que trop bien, le violon les élèves en avaient parlé mais....Elle n'avait jamais vu une salle de cette académie, ou d'une autre d'ailleurs, en si piteux état.


« Vous savez que vos élèves ne sont qu'un peloton dégénéré d'ignorants ? »

Elle s'appuya sur une table et le laissa continuer, il lui fallait déverser ce qu'il avait à dire avant qu'elle puisse parler avec lui réellement, lui couper la parole ne serait donc pas productif. D'autant qu'elle n'était pas loin d'être d'accord avec lui. Elle haussa un sourcil amusé au presque compliment dont il la gratifia et finalement prit la parole quand il la lui rendit.

"Appelez-moi Sam, vous n'êtes pas un militaire, le grade n'a donc pas d'importance pour vous."

Elle ne mentionna pas ses doctorats, c'était inutile face à cet homme qui, certes, estimait l'intelligence, mais l'estimait sans doute assez pour n'avoir pas besoin de bout de papier pour la prouver.

"Nous avions discuté sur le net je pense, du moins je suppose que c'était vous, j'ignorais que vous postuliez pour travailler ici."

Elle le mettait en confiance, prenait le temps de le connaitre et surtout de laisser al colère retomber, si elle voulait qu'il revienne travailler le lendemain il fallait lui faire oublier à quel point cette première heure avait été désastreuse. Sans doute n'y parviendrait-elle pas, du moins pas sans un appareil Goa'uld prévu pour ça mais légèrement dangereux sur les bords, mais au moins pouvait-elle essayer.

"Quant à ces élèves, vous n'avez pas eu de chance, votre premier cours était avec la classe de fils à papa. Des élèves qui ont fait des betises diverses et variées, drogue et vol pour la plupart, voire plus pour les plus atteints et que leurs parents ont mis ici pour qu'ils apprennent un peu la vie. Ce n'est pas encore très réussi, ils ne sont là que depuis quelques mois.Et nous ne pouvons les relâcher, ni les euthanasier même si parfois j'y songe, leurs parents sont de généreux donateurs."

La politique, l'argent, toutes ces choses dont Sam comprenait l'importance mais qu'elle méprisait au plus au point. Lorsqu'il fallait prendre des décisions importantes les politiciens se renvoyaient la balle et laissaient finalement les militaires prendre des risques inconsidérés, sans leur aval pour finalement ne pas les récompenser, puisqu'ils avaient agi sans ordre. Quand aux économistes ils prenaient à coup sur la mauvaise décision,puisqu'elle était plus rentable. La plupart des militaires qu'elle avait rencontré suivaient bêtement les ordres, une fois qu'elle était entrée au SGC elle avait enfin rencontré des gens aptes à penser par eux-même et les manquement à la discipline avaient été nombreux, comme les menaces de cours martiale. Mais le fait qu'elle ait sauvé le monde à chaque fois avait du jouer en sa faveur.

Sherlock ne prit pas la peine de lui faire remarquer que son appellation Major était d'un cynisme étudié. Peine perdue. Il reprit sa pipe en main et l'écoutant attentivement, même s'il lui tourna le dos un moment afin de rassembler quelques papiers qui lui appartenaient. Il n'était sortit de la classe que pour respirer un instant et maintenant qu'il était revenu à l'intérieur de la salle, il comptait bien en profiter pour régler ses propres affaires. Il lui jeta un seul regard lorsqu'elle parla d'Internet et secoua la tête.

« Je me doutais bien que c'était vous. Trop de coïncidences tue la coïncidence. »

Simple remarque dont il aurait très bien pu se passer, mais puisqu'ils en étaient là, mieux valait peut-être entretenir un certain fantôme de conversation. Malheureuse pour elle, il s'agissait d'une femme. Intelligente qui plus est. Après Irène et Natasha, il en avait un peu...il était agacé. Fortement. Grandement et plus encore.

Argent. Politique. Pouvoir. À son souvenir, Watson avait bien marqué dans un de ses romans ses lacunes. La politique en faisait partie. Son frère s'occupait de ces futilités, lui il offrait des services à la nation bien différents des habituels. Son frère. C'était la première fois qu'il y pensait depuis son arrivée au 109...ce qui lui faisait étrange. Certes, ils ne causaient que très peu à l'époque, mais c'était étrange et dépaysant tout de même. Il ne savait plus où se trouvait Mycroft. Était-il encore en vie ? Dans ce monde...ce monde si inconnu, si différent. Son frère existait-il ? Trop peu d'humanité en lui, mais peut-être fusse un serrement qu'il ressentit au coeur, mais la sensation disparut bien vite. Trop peu importante. Trop peu...lui-même.

« Euthanasier... »

Une lueur était passée. Une légèrement inspiration. Une nouvelle façon de faire des expérimentations, des expériences. S'il pouvait passer outre la surveillance de John...d'ailleurs...s'il passait un jour à l'hôpital, il y avait bien des façons de se procurer des médicaments. Peut-être même que l'académie militaire en gardait quelque part. Détail à creuser. Peut-être.

« Nous parlions de littérature, de physique quantique, de mathématique, de chimie et d'une visite de cette académie. N'est-ce pas ? »

Question rhétorique. Bien sûr qu'il avait raison. Inhalant de la fumée, il l'exhala ensuite loin du visage de son interlocutrice. Misogyne peut-être, mais avec un minimum de savoir vivre.

« Trois sujets sur quatre ne me sont pas inconnus. Alors commencez par la littérature. Que lisent les gens normaux aujourd'hui ? »

Il la testait. Testait ses connaissances. Sans penser à ce qu'elle pourrait en penser. Si elle était intelligente, peut-être se rendrait-elle compte qu'il la testait, mais ça lui était égal. James Watson lui avait donné le goût des défis et un renouveau de la provocation. Samantha en était une nouvelle victime. Elle était jolie. Peut-être le type de femme qu'apprécierait son ami. Elle n'était pas nudiste et semblait avoir de principes. Un bon parti, mais aussi un poids. Les femmes...il s'agissait de ça. Des poids. Une façon affective d'être pris au piège. Quoique lui-même, ce n'était pas les femmes la cause de ses multiples risques...mais un homme. Homme qui n'aurait jamais du croiser son chemin d'ailleurs. Il sortit de ses pensées pour en revenir à elle.

« À moins que vous n'ayez quelque chose de plus important à me dire, ce à quoi je répond: quoi de plus important que l'instruction ? »

La réaction de Holmes au mot euthanasier, simple plaisanterie...quoique...Peut être pas,, la laissa perplexe mais elle ne dit rien et ne réagit pas. Après tout on a tous des envies de meurtres par moment et cela ne fait pas de nous des monstres. Quand nous mettons ces envies en avant et qu'elles dirigent notre vie ou que nous passons à l'acte, là nous sommes des monstres. Daniel aurait dit que le Bien et le Mal étaient en chacun de nous et que c'était nos choix qui nous distinguaient et non nos pulsions ou pensées, si sombres fussent-elles par moment. Daniel lui manquait, il aurait su bien mieux qu'elle gérer cet homme étrange au cynisme par trop visible. Mais elle saurait faire face elle n'en doutait pas, simplement cela lui serait plus difficile à Daniel qui savait toujours si bien comment prendre les gens. D'autant qu'Holmes ne semblait guère apprécier les femmes. Puis elle se reprit, elle avait réussi à gagner l'estime d'O'Neill alors qu'il détestait les scientifiques, elle en ferait de même avec Holmes qu'il méprise les femmes ou pas.


« Trois sujets sur quatre ne me sont pas inconnus. Alors commencez par la littérature. Que lisent les gens normaux aujourd'hui ? À moins que vous n'ayez quelque chose de plus important à me dire, ce à quoi je répond: quoi de plus important que l'instruction ? »

Sam lui sourit :

"Laissez-moi le temps de vous répondre plutôt que de présumer de mes paroles."

Elle s'assit sur la table, restant ainsi à la hauteur du détective malgré l'estrade sur laquelle il était. Elle portait l'uniforme réglementaire des femmes et donc une jupe serrée pas du tout pratique et qu'elle n'aimait pas plus que cela. Mais comment apprendre la discipline si on ne la respecte pas. Bien sur en labo ou sur le terrain elle se changeait et portait le treillis, comme tout les militaires. Elle s'installa donc et croisa les jambes malgré la jupe. Ses gestes n'avaient rien de séducteur et on était bien loin de Basic Instinct, elle s'installait pour être à l'aise et on aurait cherché longtemps sans voir la moindre étincelle de tentative de séduction dans son regard ou son attitude.

"En ce moment Harry Potter et Twilight sont très prisés surtout par nos élèves, mais des gens plus âgés les lisent aussi. Je ne les ai pas lu pour ma part, navrée mais cela parle semble-t-il de fantastique et de magie, des thèmes qui ont toujours passionné les foules. Sinon Marc Levy ou John Grisham ont du succès en ce moment, mais les gens lisent moins ils regardent la télé, c'est moins...fatiguant je crois."

Elle sourit puis ajouta

"Pour la part j'aime à lire un bon policier de temps en temps, Connelly en écrit d'excellents, et j'ai lu il y a longtemps les livres de Sir Arthur Conan Doyle évidemment. Mais je lis surtout des publications scientifiques pour mon travail ou mes recherches."

Elle n'avait pas oublié les élèves, al classe et son devoir mais elle attendait de voir ce qu'il en était de cette homme étrange. Serait-il capable de réfréner ses insctincts pour devenir un jour un bon professeur ? Si non pourquoi s'embêterait-elle à le persuader de rester ? Il était encore sur la défensive, elle le sentait mais il restait poli malgré tout ce qui était un bon début.

Offrir le temps de répondre ? Elle en avait de ces demandes. Il ferait ce que bon lui plaisait, mais de toute façon, il n'avait fait qu'alimenter une rencontre. Qui pouvait se révéler intéressante. Peut-être. Un jour. Il verrait bien.

Un coup d'oeil à sa stature et il présuma que l'uniforme l'agaçait. Une femme accoutumée à l'action croiserait ses jambes de cette manière sans pudeur, mais une femme respectable aurait un autre maintient. Du moins, c'était ainsi à son époque. Ce ne devait pas être si différent de nos jours. Quoique les jupes et robes étaient bien moins courtes. Néanmoins, il était certain de voir juste. Aucun besoin de magie pour comprendre certains détails.

Twilight, Harry Potter, Marc Levy...tous des titres ou auteurs qui lui étaient inconnus. Pourquoi cela l'étonnerait ? Déjà qu'il était peu amène de connaître la littérature de son propre siècle, celle de celui-ci connaissait le même sort. Même le nom de Sir Arthur Conan Doyle lui resta inconnu alors que cela semblait, pour Sam, une évidence même de les avoir lu. Ce à quoi il fronça les sourcils.

« Magie et fantastique...oui. Ces sujets ont toujours éloigné les gens des faits. Fort regrettable. »

Le mot « télé » se grava dans sa mémoire et il se dit qu'il en reparlerait. Il se doutait bien que ce devait être une technologie d'aujourd'hui, qu'il en avait certainement déjà vu même, mais il ne s'était pas posé des questions sur tout ce qu'il y avait dans son appartement, usant de ces salles surtout pour faire des expériences et dormir, alors pour le reste...c'était un peu sans importance.

« Quant à vos romans policiers j'ose espérer qu'il y a plus de contenu en eux que ceux que j'ai pu lire, car sincèrement leurs auteurs n'avaient guère de connaissances ou bien l'utilisaient mal. Ce qui est fréquent bien entendu, ce genre d'erreurs étant devenues quasiment banales, mais tout de même. »

Il réussit à réunir tous les papiers dont ils avaient besoin. Il n'était pas certain de vouloir revenir ici. Il en discuterait peut-être avec John le temps voulut, mais pour le moment, il n'avait pas l'impression que ses élèves y survivraient. Même si au fond, il n'en avait cure.

« Sinon, puisque c'est ici que vous m'avez donné rendez-vous, que diriez-vous de me faire visiter ? Il y a des laboratoires dans cette académie ? »

Question en apparence innocente. Et qui ne l'était pas du tout.

« Magie et fantastique...oui. Ces sujets ont toujours éloigné les gens des faits. Fort regrettable. »

"Cela éveille aussi des espoirs des rêves et des vocations. Voyez comme Jules Verne a influencé nombre de savants actuels, le spoussant vers la recherche, leur donnant l'envie de la découverte. La magie nous montre ce que la science de demain pourrait faire. Quant aux vampires ils parlent de vie éternelle et du prix qu'il faut payer, un sujet qui touche tout le monde. Il ne faut pas les voir comme des histoires, si on s'intéresse aux mythes et valeurs qu'ils véhiculent, aux idées sous-jacentes, on comprend pourquoi ils sont si prisés. Même si ceux qui les lisent l'ignorent."

D'ailleurs, elle avait pu le constater en visitant d'autres planètes, ce genre de mythes étaient répandus sur quasiment tous les mondes civilisés qu'elle avait visité, ou que Jolinar avait visité, ce qui en faisait nettement plus.

« Quant à vos romans policiers j'ose espérer qu'il y a plus de contenu en eux que ceux que j'ai pu lire, car sincèrement leurs auteurs n'avaient guère de connaissances ou bien l'utilisaient mal. Ce qui est fréquent bien entendu, ce genre d'erreurs étant devenues quasiment banales, mais tout de même. »

"Et bien...sir Arthur Conan Doyle avait créé un personnage qui porte le même nom que vous, un détective sociopathe, héroïnomane et adepte du violon"

Léger sourire de Sam à ce détail et elle continua.

"L'intérêt de ses livres n'était pas tant dans ses énigmes, qu'un lecteur ne pouvait quasiment jamais résoudre car il faisait souvent appel à des connaissances pointues, un poison bien précis et exotiques ou une technologie nouvelle ignorée de tous à cette époque victorienne. Mais l"intelligence, la capacité de déduction du personnage principal et l'humanité de son acolyte et faire-valoir ont fait de ces livres un véritable chef d'œuvre. A tel point que quand il fit mourir son héros il du, à la demande de ses lecteurs, trouver une astuce pour le faire revenir dans d'autres livres supplémentaires.
Quant à Connelly son personnage est intéressant mais surtout il était journaliste criminela vant et ce qui est attirant dans son monde c'est la connaissance qu'il a de ce monde là, tant du coté policier que journalistique ou encore criminel. Il nous plonge dans cet univers sombre et nous emporte avec lui dans une enquête dont, finalement, l'issue nous importe moins que l'univers qu'il crée autour de cette intrigue."

Note pour les suivants : ne jamais lancer Sam sur un sujet tel que les science, la lecture ou les astres, cela avait tendance à la faire partir dans de longs monologues enflammés. Ses yeux pétillaient aux souvenirs des moments passés dans un bain moussant à lire Conan Doyle à la lueur vacillante de bougies.

« Sinon, puisque c'est ici que vous m'avez donné rendez-vous, que diriez-vous de me faire visiter ? Il y a des laboratoires dans cette académie ? »

"Je serais ravie de vous faire visiter, nous en profiterons pour discuter mais nous n'avons pas de labos à part le mien et j'y traite actuellement des recherches classées plus que top secret, je ne peux donc y faire entrer personne, j'espère que vous comprendrez."

Elle se leva et se dirigea vers la porte pour lui faire visiter les lieux.

Sam le laissa parler des rêves et ne répondit pas, amusée, elle marchait d'un pas rapide et s'arrêtait devant chaque salle pour dire rapidement ce que c'était, ils avaient passé les 3 salles réservées aux enseignants de mathématiques et 2 salles pour l'anglais, ainsi qu'une salle pour le français, le tout sans s'arrêter, bien sûr, elles n'étaient guère intéressantes.

"Et bien nous les renvoyons à la vie civile avec un diplome en main, une habitude de la discipline, une solide estime d'eux-même et une habitude du travail, ils sont généralement rapidement engagés, à moins qu'ils n'aillent vers des études plus poussées.

Le couloir arrivait à sa fin et Sam poussa une large porte qui les entraina dehors dans une immense cours emplie de graviers que certains étudiants ratissaient avec l'air de s'ennuyer à mourir, ce qui était exactement le but. Avant de leur inculquer quoi que ce soit il fallait les briser, le ratissage servait à cela, leurs mains occupées leurs cervelles restaient en roue libre et à force de ressasser combien leurs parents, la société, le chef, le prof étaient injustes ils finissaient par prendre du recul et comprendre qu'il n'en était rien...Sauf pour la société mais ça Sam n'y pouvait rien.

Ils avancèrent d'un pas rapide, dérangeant le bel ordonnancement des graviers, forçant les élèves à recommencer après s'être mis au garde à vous, attendant un "repos" de Sam qui venait assez rapidement. Un seul, le dernier arrivé, ne ratissait pas, il tenait son râteau, semblant énervé mais ne bougeait pas, pas plus qu'il ne fit mine de se mettre au garde à vous quand Sam se présenta devant lui avec Holmes.

"Vous voyez Mr Holmes, on a encore des fortes têtes à qui apprendre les règles de bases, celui-ci est arrivé hier, sa mère ne savait plus que faire, il venait de se faire arrêter par la police pour avoir volé un stylo mont-blanc dans une librairie de luxe. Le propriétaire a accepté de ne pas porter plainte à la condition qu'il passe 3 ans chez nous et en ressorte avec son diplôme."

L'élève maugréait sans sembler prêter attention ni à Sam ni au violoniste.

"Gregory, nous en avons parlé hier, si vous n'obéissez pas vous serez de corvée de patates"

"m'en fiche, j'les éplucherais pas, vous pouvez pas me forcer"

Sam eut un léger sourire et hocha la tête

"D'accord, j'ai compris, tu es le dur de service ? Alors faisons un marché, si tu arrives à me donner un coup de poing, un seul, même qui ne me blesse pas, je lève la corvée de ratissage et je te renvoie chez ta mère en disant que tu es trop fort pour moi, que je ne peux pas t'apprendre la discipline"

L'enfant semblait flairer le piège mais il était grand pour son âge, musclé par le sport et la course, rapide aussi, la police le trouvait en tout cas vu qu'elle avait mis un temps fou avant de le chopper...Et la femme était d'un certain âge tout de même, en talons aiguilles sur le gravier, en jupe serrée quand il était en jean et basket....Il avait toutes ses chances.

"L'autre interviendra pas ?"

"Non, Mr Holmes n'interviendra pas"

Elle ne prit pas la peine de vérifier que ce dernier était d'accord, elle attendit que Gregory tente sa chance, ce qu'il fit sans attendre, elle esquiva et en profita pour le gifler, pas violemment, mais assez pour le vexer. S'énervant il fonça bêtement et elle n'eut aucun mal à esquiver d'un pas de coté, tendant légèrement une jambe qui laissa l'enfant le nez dans les graviers. Elle attendit de voir s'il se relevait et voyant qu'il ne le faisait pas elle dit avec une certaine douceur.

"Bien, je crois que la démonstration est finie jeune homme, relève-toi, ramasse ton râteau et mets-toi au garde à vous, ensuite tu finiras ton ratissage."

Gregory grommela mais obéit, battu par une fille, quelle honte, mais les autres ne semblaient pas se moquer, à vrai dire ils ne semblaient pas avoir regardé, la scène était courante avec les nouveaux arrivés et sans doute étaient-ils aussi passés par là.
Sam s'éloigna après avoir prononcé le "repos" qui signifiait à l'enfant qu'il pouvait reprendre son travail et regarda Holmes.

"Ici l'autorité s'acquiert tant par la force que par les connaissances, prouvez-leur que vous êtes plus fort qu'eux, ou plus intelligents qu'eux, ou les deux, et ils vous respecteront."

Il l'écoutait attentivement, analysant son langage corporel en même temps que de mémoriser ce qu'il entendait. Il n'avait rien à répondre à cela, elle se faisait claire, aussi se contentait-il parfois d'hocher la tête ou bien de laisser sortir une réponse positive ou en accord avec ses dires ou même encore une grimace perplexe. Il était d'une certitude que cette femme était intelligente et elle prouva qu'il l'était de même lorsqu'elle avoua ses deux occupations. Choses qu'il avait deviné en peu de temps en fait et qui remontait peut-être l'estime qu'il avait d'elle. Peut-être parce que son estime dépendait de bien des choses et que toutes les conditions n'étaient pas encore respecter pour qu'il puisse donner libre cour à son assentiment.

Ce qu'il devait avouer néanmoins, c'était que le 21e améliorer CERTAINES femmes. À son époque, ces dernières n'avaient le droit de faire quasiment rien de ce que les hommes faisaient, ce qui les rendait généralement mièvres et idiotes, il s'en était rendu compte. Contrairement à l'ère victorienne, cette ère de changement et de modernité permettait aux femmes de s'éduquer et de grimper dans la hiérarchie, ce qui leur donnait des connaissances et un certain pouvoir sur leur propre vie, leur permettant donc de cesser ces apparences d'ânesse pour devenir intelligente et savante. La preuve, il l'avait devant lui. Malheureusement, il avait aussi vu la preuve de la chose contraire. Le plus vieux métier du monde était toujours d'actualité, les femmes se promenait quasiment nues pour leur honte et bien entendu, certaines étaient toujours aussi stupides.

Lorsque Samantha lui posa sa question, il eu un léger sourire avec d'exhaler la fumée de sa pipe.

« J'ai l'intention de revenir oui, mais je ne suis pas un enseignant normal, ni ce que vous pouvez appeler un régulier. Je suis détective de mon métier, enseignant n'étant que pour gagner mon pain et éviter que mon ami ait à me ramasser à la petite cuillère. Je n'ai aucunement vos manières d'enseigner, je ne suis pas orthodoxe, je suis insupportable et finalement, je ne supporte ni la médiocrité, ni l'idiotie. »

Il parlait sérieusement.

« Je peux m'absenter, je peux hurler ou les jeter tous dehors avant l'heure, mais je connais comment enseigner au gens. Non pas à l'école, mais dans la vie de tous les jours, ainsi donc n'ai-je pas peur de ce qui pourrait m'arriver dans cette école. »

Il inhala la fumée et la laissa se promener un moment dans sa bouche avant de l'exhala avec une certaine satisfaction.

« Quant au violon... »

Il haussa les épaules.

« ...on fait avec ce qu'on a. Et je dois dire que c'était assez efficace. »

Un sourire satisfait vint étirer ses lèvres austères.

« La question devrait plutôt vous être posée. Voulez-vous de moi dans votre école ? »

Point barre.