Premier client...? {House

Invité

"These are my friends..."

Le centre-ville. Actif, moderne, ampli de bonne gens courant de gauche à droite pour qui, pour quoi ? Personne ne le sait, pas même eux. Ces personnes n'ont plus le temps de s'arrêter, plus de respirer, plus le temps de vivre. Elles vont et viennes entre les rues du centre sans même regarder qui elles croisent ou qui elles pourraient rencontrer. Et, au milieu de cette foule que rien ne semble arrêter, une route, régulièrement fréquenté par un flot incessant de voitures et autres véhicules motorisés venant d'un point de l'horizon pour disparaître à l'opposé.

"See how they glisten.
See this one shine...
How he smiles in the light..."

Les magasins sont devenus on ne peut plus clinquant. Des pancartes lumineuses, des bannières de publicité aussi grandes que des parkings payants. Il faut que tout sois à la mode, chic et relativement bien présenté. L'on semble se moquer d'être. On donne beaucoup plus d'importance au paraître et a rien d'autre. Quelle était cette époque ? Quel était ce monde de folie dans lequel nous nous étions retrouvés plonger? Qu'est devenu ce Londres ancestral que tout le monde connaissait et affectionnait, tant pour ses qualités que ses défauts...?

"My friend...
My faithful friend..."

Et au milieu de ce temple de modernité, une petit échoppe, esseulée, semblant datée du siècle passé. Les vitres y étaient propres, plus qu'elle ne l'avait jamais du l'être auparavant. Lorsque l'on posait sa tête contre la vitre, l'on pouvait s'émerveiller du style XIXème parfaitement retranscrit. Des murs fait d'un vieux papier peint très légèrement usé. Le portrait d'un visage ombré semblant appartenir à une femme. Trois mirroirs, trois éviers et trois chaises pour la coiffure. Le vieux s'était allié à la nouveauté dans un mariage d'une originalité parfaite pour rendre cette échoppe aussi atrayante qu'intriguante. Un mix ne pouvant qu'amener un maximum de clients.

Au centre de cette échoppe, un homme, d'une quarantaine d'années en apparence. Fidèle au style de sa boutique, il portait un vieil assortiment de chemise, pantalon et veston du siècle dernier. Semblant perdu dans ses pensées, cet homme à la mèche blanche semblait parler à ce qui semblait être des rasoirs tout en les replaçant dans une vieille boite métallique. Deux rasoirs, retrouvant leur place fétiche et se voyant enfermé dans leur précieux écrin lorsque...

Quiconque se balade en ville à cette heure sait très bien que personne n'est là par hasard. Untel a rendez-vous avec sa maîtresse, tel autre cherche une dose, en voici une qui semble juste s'être paumée... et ce type claudiquant qui portait sur l'épaule un sac à dos plein d'on ne savait quoi avait l'air aussi pressé qu'un citron. Gregory House, pour ne pas vous servir.
Quand on s'enfuit de l'hôpital sous un fallacieux prétexte, il n'y a pas trente-six manières de garder sa dignité : soit on couchait avec la doyenne, soit on se barrait le plus vite possible. Bon, si Cuddy se mettait à lui courir après, ce serait de la triche.

Pourquoi House avait-il quitté l'hosto, me demanderez-vous? eh bien simplement pour emm***er Lisa Cuddy, pour quelle autre raison voulez-vous qu'un brillant médecin quittât son lieu de travail si précipitamment? Aucune raison n'était suffisante. Et c'est la canne fière et le sourire arrogant que Greg se dirigeait vers son lieu préféré dans cette ville : la boîte de strip-tease. Bon, malheureusement, elle n'ouvrait qu'une heure plus tard, mais ça n'empêchait pas le diagnosticien de se dépêcher. Avec un peu de chance, il aurait la meilleure place, juste en face de cette barre verticale... mmmh... Ajoutez un scotch et le tour est joué.

La perspective de cette soirée à venir était aussi satisfaisante que possible. Greg devait le reconnaître, il avait besoin de faire une sorte de pause. Bien sûr, il aurait pu aussi bien rentrer à l'appart et se bourrer la gueule avec les bouteilles de Sherlock, mais ça manquait de charme. Même avec beaucoup d'imagination, Holmes faire un strip... non merci.

Et soudain vint l'illumination. Non seulement House allait passer une excellente soirée, mais il avait une formidable idée pour faire enrager Cuddy un peu plus. En passant devant une échoppe, il avait ralenti, s'était arrêté et était finalement revenu sur ses pas. Un barbier. Parfait !

Le médecin poussa la porte d'entrée et se retrouva dans un salon de coiffure pour barbe un peu vieillot, mais certainement pas inintéressant. Il y avait un type dans la pièce et Greg toussota pour se faire annoncer. Il aurait aussi pu imiter le cri d'une clochette en haut de la porte, mais ça ne servait pas à grand-chose, au fond.

"Salut... ce serait pour... un renseignement."

En lui-même, House se marrait déjà. Son plan était simplissime et il était certain de provoquer la colère noire de la ~~mère supérieure~~ doyenne de l'hôpital. Son jeu préféré, en fait...

Invité

Lorsqu'un toussotement vint attirer l'attention de notre barbier. Ce dernier se sentit mu par le souvenir de Turpin passant la porte de son échoppe, toussotant légèrement en prononçant très laconiquement 'Monsieur Todd...'. Mais non, un retournement vif et brusque, accompagné d'un regard trahissant le qui vive constant sur lequel était notre barbier et, hop, il constata l'arrivée d'un simple quadragénaire boitillant. Aussitôt, notre cher ami décrispa les traits de son visage pour afficher une face dénuée d'intérêt. Le client ne tarda pas à informer Sweeney de la raison de sa visite. En attendant, notre professionnel rabatti les manches de sa chemise le long de ses coudes, s'apprêtant déjà à faire un rasage. Il s'y prépara à un tel point qu'il répondit du tac o tac à ce vieux 'client'.

"Le rasage est à 5$, 15 si vous voulez avoir la coupe de cheveux en plus..."

Il n'offrit même pas un regard à son interlocuteur. Au vue de son attitude, l'on pourrait se demander comment cet homme arrivait à tenir un commerce. Il ne semblait guère enthousiaste ni très poli envers ses clients. Mais, pour ce visiteur, cela valait mieux. Sweeney avait ses propres principes. Il ne montrait de l'intérêt qu'aux personnes dont il voulait se venger d'une manière ou d'une autre. Autrement dit, prier les cieux pour que cet homme ne vous sourit jamais ou ne sois jamais plus poli que cela avec vous.

"Si c'est pour des réclamations, aller à l'épicerie en face, prenez vous une tourte et déposer vot' plainte."

Rajouta-t-il en relevant enfin ses yeux vers l'homme à la canne. De manière froide et stoïc, il garda son regard planté dans celui de l'étranger, attendant de voir ce qu'il pourrait bien lui demander en réalité. La part de Benjamin Barker, l'homme qu'il était avant, qui sommeillait en lui, avait bien l'envie de ressortir pour se montrer sociable, plus accueillant et détendre cette atmosphère quelque peu morose. Néanmoins, Todd avait toujours le dessus dans les divers conflits psychiques que le barbier pouvait faire subir à ses deux personnalités. Ainsi donc, le gentil coiffeur de l'ancien temps se devait-il de rester précieusement enfermer au sein de sa conscience.

D'un naturel pressé lorsqu'il se sentait dérangé, Todd avait à peine terminé son tout petit discours qu'il haussa un sourcil en tirant la tête. Traduction : parle rapidement le vioque, si tu veux pas te faire raser, moi je n'ai pas que ça à faire. Bien qu'en réalité, Todd n'avait absolument rien à faire, c'est juste qu'il préférait être seul... Lorsqu'il n'égorgeait pas...

Wow... face à l'enthousiasme débordant de ce coupe-tifs, Greg ne put réprimer un sourire mesquin. 5 dollars ? C'était dérisoire ! et seul un Wilson en quête d'une nouvelle paire de fesses paierait encore pour se faire raser les joues de près... Tssss, pourquoi dépenser de l'argent alors qu'il s'agissait surtout et tout simplement d'une perte de temps? House toisait l'autre d'un oeil interrogateur. Le barbier venait de parler de... plainte? Hu hu, pour un peu, on aurait dit lui... Bonjour l'accueil ! et le médecin aimait cela, mine de rien.

"Non, mais, vous me voyez venir ici pour me faire caresser les joues par vos petites lames?"

Restait cette histoire de plainte... Sherlock aurait sans doute adoré venir ici pour essayer de comprendre... mais pas de bol pour lui, Gregory était le premier !

"Ah, vous aussi, vous avez votre préposé aux plaintes et compagnie ?"

A une certaine époque, c'était son ex, embauchée par les soins de miss T-shirt-moulant-même-quand-il-n'est-pas-mouillé, qui gérait les soucis de ce genre et Greg n'avait rien à faire pour se défendre. Tout se passait comme sur des roulettes et il s'en fichait éperdument. A présent que l'avocate s'occupait de tout.

Mais soit, House n'était pas là pour perdre son temps à penser à tout ça et encore moins à penser à ces deux femmes qui le harcelaient encore trop souvent.

"Vous faites aussi les femmes? Je voudrais offrir vos services à ma boss... Voyez-vous, elle a une pilosité assez importante et un petit ravalement de façade ne lui ferait pas de mal..."

Moustache et maillot et elle se sentirait nettement moins mal... et si elle se sentait mieux, elle arrêterait peut-être de le faire ch*** ! Et si ça ne marchait pas, eh bien, il faut le reconnaître, le diagnosticien aurait eu le plaisir d'imaginer Cuddy se faire raser de près par ce type à la mèche blanche et à l'air aussi accueillant que lui.

Invité

Il haussa les épaules laconiquement face à la première réplique de cet homme à la canne. Une réplique quelque peu stupide et inutile d'ailleurs. Sweeney se moquait éperduement de savoir si cet étranger se voyait être raser de près ou non. Le fait est qu'il était rentré dans son échoppe et cela ne devait certainement pas pour venir s'acheter un sachet de sucreries à dix cent la pièce.

"Dans ce cas, fouttez moi le camp, à moins que vous veniez pour le ménage ?"

Rétorqua-t-il en haussant un sourcil.

Si notre barbier ne semblait pas apprécier la présence de l'homme, ce dernier, lui, avait presque ce malin plaisir de rester pour discuter avec lui. Avait-il envie de pourrir le moment de calme et de tranquilité de notre bon vieux mister T.? Allez savoir mais, si c'était le cas, il s'y prenait très bien. Toutefois, un brin de politesse et, comme les affaires devaient reprendre le plus rapidement possible, notre cher assassin se laissa aller à un très fin sourire.

"Oui, Mrs Lovett, de la boutique d'en face. Si vous voulez un déjeuner mémorable, allez y de ma part. L'échantillon est gratuit."

Mémorable, c'était bien le mot... Dans son ancienne vie, Sweeney se rappelait à quel point les tourtes de sa bonne amie était immangeable avant leur ténébreuse association. Un morceau de caillou renfermant de la pâte pourrie depuis trois semaines. Fort heureusement, le nouveau commerce dans lequel ils s'étaient lancés ensemble avait rendu ce met beaucoup plus moelleux et délectable. Car, oui, on peut les critiquer sur leurs méthodes mais les dandis d'antan semblait adorer manger les miches de leurs défunts congénères.

Les femmes ? En voilà une bien drôle d'idée. Pourquoi un barbier, dont la clientèle avait toujours été exclusivement masculine, s'occuperait-il d'une femme ? Une idée aussi saugrenue qu'intéressante. Visiblement, cet individu semblait avoir un malin plaisir à vouloir narguer cette personne et, peut-être ferait-elle une délicieuse tourte ? Une tourte avocate ? Une tourte médecin ? Ou bien une tourte indigeste ? Tout dépendait de ladite personne. Dés lors, pousser par ce vice de curiosité et de découverte, c'est avec un regard sombre mais intéressé, le sourire bien évidemment assorti, que notre ami répondit à son visiteur.

"Parfait... Nous faisons précisemment des ravalements exquis. Un petit coup de lame pour vous transformer de la manière la plus magistrale qui soit. Si cela peut convenir à votre idée, je serai ravi de la recevoir..."

Comment penser qu'une simple blague pouvait se montrer aussi dangereuse pour le commun d'une simple mortelle ? L'étranger voulait enquiquiner une femme, le barbier, lui, s'imaginait déjà trancher la gorge de cette créature pour la transformer en pâtisserie... La vie est parfois bien étrange... Ou normale, c'est selon !

S’il ne tenait vraiment à ennuyer Cuddy le plus possible, Greg ne serait jamais venu se perdre dans ce miteux salon de coiffure où le personnel n’était même pas sexy. Enfin, pas à ses yeux, s’entend, il était clair que le teint d’enfariné, les yeux noirs et les cheveux bizarres du barbier devaient plaire à l’une ou l’autre femme complètement dérangée, sinon, ce type là sous le regard finement observateur du diagnosticien ne présenterait guère cet air-là. Ou alors il avait lui aussi opté pour les professionnelles. En tout cas, vu la manière dont ce gars s’exprimait, House ne tarderait pas à accueillir chez lui toutes les prostituées de la ville, car au moins, lui, il évitait de parler dans ces cas-là.

En somme, le "Foutez-moi le camp" et l’idée de faire le ménage que venait d’énoncer le barbier misanthrope manquèrent de faire glisser la canne hors des mains de Gregory. Il s’imaginait déjà en train d’expliquer à Sherlock qu’il était occupé à nettoyer la canne et que le coup était parti tout seul, mais finalement, le médecin se souvint qu’il était ici pour une raison, et pour une bonne raison, surtout. De celles qui musèlent vos ardeurs de répliques cinglantes et de celles qui vous font serrer les poings dans vos poches quand vous trépignez d’envie de frapper sur quelqu’un.

"Je sais bien que je fais de l’effet autour de moi, mais jamais vous ne m’aurez chez vous, habillé en soubrette, pour réaliser vos fantasmes."

Na. Il aurait pu faire mieux, évidemment, mais s’il se montrait désagréable avec Mister-Siècle-Dernier, il aurait du mal à trouver un autre endroit aussi pourri en ville pour la blague qu’il comptait bien faire à Lisa Cuddy.
Et puis, si bureau de plaintes il y avait, c’était bien parce que plaintes il y avait. Soyons logiques. Ce type aussi accueillant que le sourire édenté d’un clochard moisissant dans la rue n’était pas doué pour son commerce et il avait dû être obligé de recourir à quelqu’un d’autre pour l’aider à gérer une affaire qui ne marchait pas. Cheminement logique et indiscutable.

"Malheureusement, ma religion m’interdit de déjeuner en dehors des cercles très fermés de mon bureau ou de mon appartement."

Everybody lies, vous le saviez ? Oh, ce n’était pas un grand mensonge, juste une manière comme une autre de refuser une proposition qui ne tentait pas Greg. La gratuité, bien sûr, il aimait ça, mais un échantillon… bah ce n’était pas assez, tout simplement. Lui ce qu’il préférait par-dessus tout, c’était un bon repas copieux en compagnie d’un Wilson qui payait tout. Le reste… ça n’avait pas d’importance.

Mais soudainement, le barbier s’était montré plus amène. Il souriait et acceptait. Parfait.

"OK, alors, ça me semble parfait. Vous avez des chèques-cadeaux ou une autre connerie du genre ? Une carte de visite qui vous rappellera que même si elle vous demande autre chose c’est la totale qu’il faut lui faire ?"

House, en demandant cela, avait sorti de sa poche cinquante dollars, fruit d’un pari qu’il avait gagné ce matin même avec Chase. Il fallait avouer que réussir à extorquer du pognon à ce petit con de riche, ça faisait un bien fou ! et se servir de ce fric-là pour emmerder Cuddy comme il se doit, c’était le top du top !

Invité

House et Todd... Une association involontaire qui pourrait se réveler encore bien plus meurtrière et sanglante que celle du barbier avec la pâtissière d'en face. L'un ne voulait faire que des plaisanteries de mauvais goûts sans se douter des noirs desseins de l'autre. L'autre, lui, se moquait totalement de connaître les réelles et profondes intentions de son interlocuteur. Tant qu'il avait de la clientèle et que le commerce fleurissait à nouveau, c'est bien tout ce qui comptait ! D'ailleurs, cet homme à la canne s'en sortait à bon compte. Sans l'offre d'une proie facilement piègeable, ce boiteux aurait sans nul doute été la nouvelle cible du commerçant. Qui plus est, rien qu'à voir cette barbe mal entretenue, Sweeney salivait déjà de pouvoir faire glisser sa lame contre cette gorge raide et virile au sang bouillonnant.

La réaction de Sweeney ne se fit pas attendre. Son interlocuteur en soubrette ? Hum, moui... Mais encore ? Le barbier avait peut-être de drôles de penchants quand à ses aspirations professionnelles, c'est vrai ! Mais ce n'est pas pour autant qu'il se laisserait aller au plaisir de connaître le compagnie d'un travesti de seconde zone venu pour faire le ménage. Il n'en n'aurait même pas rigoler d'ailleurs. Grincheux tel qu'il est, il se serait contenté d'envoyer littéralement ch*** cette personne... Ou pire !

"Mais vous êtes libre d'avoir vos propres désirs mon cher..."

Répondit-il d'une voix légère, presque teintée de sournoiserie même si cette dernière n'avait pas réellement de place purement présente dans cette conversation. De toutes façons, il était inutile d'essayer de comprendre logiquement les réactions que pouvait avoir le barbier, ce serait une peine perdue à tous les coups.

"A chacun sa croix..."

Fit-il simplement, ne se formalisant guère de ce pseudo mensonge pour refuser l'offre de Mister T. Ce dernier se moquait bel et bien que quelqu'un aille manger une tourte en face. Si ces dernières étaient piégées à l'arsenic, mon dieu, cela aurait encore pu être amusant mais, non.

"Hum... Un instant s'il vous plait..."

Silencieusement, son visage ayant déjà abandonné son sourire pour reprendre son air glacial et renfermé, le barbier se dirigea vers l'une de ses commodes pour y ouvrir un tirroir. Il saisit un petit calpin sur lequel était accroché un bic. Dans son autre main, il prit une petite carte indiquant l'adresse et le nom du barbier, à savoir : Mister Todd. Un petit bout de carton pas très reluisant en apparence, ce dernier arborant des teintes sépia et ne respirant guère la propreté mais bon, il fallait faire avec les moyens du bord.

"Voici..."

Tendit-il la carte au quadragénaire pour ensuite ouvrir son calepin d'un geste mécanique et presque habituel pour lui.

"Votre amie peut passer ce soir; Pourrais-je avoir son nom ?"

Sujet: Re: Premier client...? {House Mar 03 Nov 2009, 23:56

Spoiler:

Parfois, quand on rencontre quelqu’un pour la première fois, on sait dire d’emblée si cette personne sera de celles qu’on apprécie… ou pas. Ici, avec ce barbier, Gregory était incapable de décider si oui ou non ce type allait avoir la chance de faire partie des gens qui avaient une importance plus ou moins valable à ses yeux.
Ce qui était sûr, par contre, c’était que les deux hommes n’avaient pas du tout le même sens de l’humour. Il suffisait de penser à ce qu’avait répondu le barbier lorsque House avait tenté d’au moins le faire sourire en laissant sous-entendre à son interlocuteur qu’il avait tout d’un coiffeur gay aux tendances inventives et classiques à la fois. Bon, quand il constata que cela ne faisait rire que lui, Gregory haussa les épaules. Lui, il ne fantasmait pas sur les soubrettes, il visait un peu plus haut… comme une directrice d’hôpital, par exemple et sans viser personne, surtout.

La compagnie de ce barbier à la mèche blanche commençait à devenir longue. Non que sa compagnie soit franchement soporifique, mais House avait envie d’en finir vite avec cette affaire. Faire un sale plan, ça lui plaisait bien. Surtout si cela pouvait énerver Cuddy qui, de ce fait, l’aurait dans le colimateur et aurait envie de lui faire la peau… de là, ça promettait bien des situations très excitantes… Greg imaginait déjà la doyenne lui courir après, avec ou sans rouleau à tarte, avec ou sans vêtements aussi d’ailleurs…
Seulement voilà. Même les pires gamins ont parfois ce qu’on appelle un acquit de conscience. En l’occurrence, House songea soudain que dans cette baraque miteuse et poussiéreuse, avec ce type à la mèche blanche et au teint cireux, il n’était pas certain que le ravalement de façade serait réussi.

Et si Lisa revenait défigurée ? Et si sa jolie bouche ressemblait, après coup, à celle de l’horrible concierge ? Et si sa peau était ensuite couverte de cicatrices ?

Non, ça ne se pouvait pas. Il ne pouvait pas faire ça. Gregory House ne pouvait pas risquer de laisser sa belle patronne être défigurée par des mains malhabiles et crasseuses.
C’était un risque trop important… Greg n’avait pas envie d’avoir des nausées chaque fois qu’il irait demander à sa boss pour avoir une autorisation de trépaner un gosse de deux ans ou pour une coloscopie sur un hétérosexuel guindé et coincé du cul.

Alors, sans réfléchir plus que cela, quand l’autre lui demanda le nom de la personne qu’il invitait, Greg répondit en donnant celui d’une patiente morte depuis près de quinze ans maintenant…

"Doyle. Esther Doyle."

Puis, House sortit quelques billets de sa poche. Le dernier pari qu’il avait fait et gagné allait servir à éviter à Cuddy de ressembler à un pop-corn. Le médecin tendit 200$ au dénommé Todd, à en croire la carte que ce dernier lui avait donnée.

"Voilà pour vous. Donc, coupe de cheveux, faites-lui un beau brushing et la moustache… Pour le maillot, si vous avez un bon sens de l’orientation, vous pouvez risquer de vous aventurer dans cette jungle, mais bon… à vos risques et périls, comme on dit… j’ignore tout de ce qui peuple ces lieux inhospitaliers !"

House afficha un sourire bâti expressément pour la circonstance. C’est-à-dire un sourire tout à fait fallacieux et tout à fait crédible. Le tout était à présent de faire bonne figure et de laisser croire son mensonge jusqu’au bout.
Greg se dirigea vers la porte de la boutique. Sortir d’ici avec toujours sa barbe de quelques jours sur les joues avait quelque chose de rassurant. C’était comme sortir d’un bordel avec son portefeuille complet.
House fit un petit signe de tête au barbier.

"Bye, Barber Todd… on se reverra peut-être. "

Et il sortit, plutôt soulagé d’avoir finalement change d’avis.

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