Emménagement

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Le Joker s'affala de tout son long sur son lit, contemplant le plafond. Il venait tout juste d'emménager dans son nouvel appartement ... Une nouvelle ville pour un nouveau départ, hn ? Tout ce qu'il espérait, c'était que cette ville soit moins ennuyeuse que Gotham avait pu l'être. Il avait donc passé les premières heures suivant son arrivée à regarder les informations sur sa petite télévision portable. L'une des rares choses qu'il avait ramenées ... ainsi que d'un petit nécessaire utile à la vie quotidienne, sans oublier, bien sûr, un arsenal suffisant pour alimenter une petite armée, qu'il s'était empressé de dissimuler dans son manteau, avant de disséminer le reste un peu partout dans l'appartement. Le reste, il l'obtiendrait – ou le volerait – sur place.

Cependant, le tour d'information de l'actualité régionale s'était révélé assez décevant, la ville ayant un taux de criminalité bien moindre que celui auquel Gotham City l'avait habitué. Se relevant avec un bâillement, il éteignit donc la télévision, avant de s'étirer paresseusement. Une fois levé, il balança la télécommande par-dessus son épaule, dans la direction générale des couvertures – un "tonk" retentissant l'informa qu'il avait de toute évidence raté sa cible. Haussant les épaules, il se dirigea vers la porte.

"Comme dit l'adage, si le divertissement ne vient pas à toi, alors à toi de le ramener par la peau des fesses ..."

Si le monde extérieur était décidé à se montrer aussi inintéressant, il allait voir s'il trouvait de quoi s'amuser un peu à l'intérieur de la résidence ...

Invité

Dans sa grandiose tenue vestimentaire à la mode de Charles II, James Hook arpentait une ville moderne dont il ne connaissait pour ainsi dire absolument rien. Tout avait l’air calme, ici, et pas un enfant ne courait dans la rue. Cela paraissait grandement reposant.
Il arriva plusieurs fois que des gens se retournent sur son passage, très certainement pour admirer son élégance et sa prestance qui contrastaient fortement avec la plate simplicité des habitants de ce coin. Et le Capitaine appréciait ce regard admiratif. Mais lorsque surgit une femme poussant un landau braillard, son sang ne fit qu’un tour : ici aussi il y avait des enfants… et ils gueulaient plus fort que des porcs qu’on écorche vifs ! Hook fusilla la femme du regard et se planta devant elle, un air de reproche peint sur le visage. Ses noirs et foisonnant sourcils se froncèrent et sa bouche se tordit… tant et si bien que la femme, la lâcheté incarnée, changea de trottoir avant même que James ait eu l’occasion de la menacer de son crochet, de son sabre ou encore de son pistolet.
La crainte qu’il inspirait le fit rire de manière tonitruante, ce qui eut pour effet de faire partir tous les oiseaux qui trainaient par là et de faire se retourner quelques badauds qui n’osèrent pas même venir le saluer.

La balade en ville dura une bonne demie heure avant que le Capitaine ne trouve ce qu’il cherchait. Un immeuble où il était possible de louer un appartement. James ne voulait pas loger à l’hôtel : il ne supportait pas que des bonniches viennent farfouiller dans ses vêtements. Un appartement, ça lui convenait mieux. Après quelques renseignements auprès du concierge -un nain difforme aussi servile qu’un chien… qui lui rappelait un peu Mouche-, Hook obtint une clé pour un appartement au troisième étage. Le 306. Une colocation, mais cela ne poserait pas de problème. Mais si problèmes il y avait, le Capitaine avait le moyen de les régler rapidement et proprement.

L’immeuble était assez propre, un peu trop moderne à son goût, mais James s’arrangea pour décorer un peu l’ascenseur en y apposant sa signature, un coup de crochet juste à côté du miroir, comme pour prévenir les gens que désormais, il était là et que les choses allaient changer. Car, bien qu’étant en vacances, Hook avait de grands projets pour la ville où il avait décidé de s’installer.

Une fois au troisième étage, Hook hésita à faire des éraflures le long du mur pour vérifier la solidité des couloirs, mais se ravisa. Ce n’était pas à faire à son étage. Plutôt plus haut ou plus bas. Il verrait cela par la suite. Car pour le moment, il venait d’arriver devant la porte du 306 qui venait de s’ouvrir sur un homme qui venait de terminer une phrase par les mots « peau des fesses ». Penchant la tête sur le côté, le Capitaine observa l’homme.

Des vêtements très différents des siens. Cela signifiait qu’il faudrait surveiller qu’il ne vienne pas les lui emprunter.
Deux pieds, deux mains… Là, l’autre gagnait.
Un maquillage grossier. Cela signifiait que le Capitaine Crochet serait le plus beau des deux dans cet appartement.

A peu près assuré de savoir ce qu’il avait à savoir, Hook plongea son regard dans celui de ce clown.

"J’ose espérer que vous ne comptiez pas faire quoi que ce soit avec la peau de mes fesses. Ou notre « couple » risque de mal tourner, je vous le garantis !"

Hook venait de poser les règles du jeu. Ce clown étrange et lui allaient devoir vivre ensemble… donc, il était nécessaire de fixer quelques normes. La première étant l’indispensable respect envers le Capitaine au contraire de quoi, on tâtait de son crochet. Cela dit, le pirate tendit une main gantée au clown avant d’entrer dans l’appartement et de se présenter.

"Je suis le Capitaine James Hook."

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À peine avait-il ouvert la porte qu’il tomba nez-à-nez avec un type à l’allure étrange, qui s’apprêtait semble-t-il à entrer dans l’appartement. Sortant une lame de sa manche par réflexe -un Cupid OTF, son petit préféré, le Joker détailla rapidement son nouvel invité.

Assez grand, plus tout jeune, vêtu d'un costume à froufrou digne d'une soirée déguisée ou d'une reconstitution d'un film retraçant la vie de Charles II. Mais le plus étonnant était le crochet qui remplaçait la main gauche de l'homme, formant un mélange improbable faisant écho aux plus grand clichés de la piraterie.

Le Joker ne put réprimer un éclat de rire. Il avait voulu du divertissement, et même lui aurait eu du mal à trouver plus créatif. Il aurait presque pu croire qu’une petite fée veillait sur lui, attentive à la moindre de ses volontés. Comme un service de livraison de pizza, sauf qu'au lieu d'une quatre fromage, on lui apportait un homme semblant sortir tout droit d'un conte pour faire peur aux enfants. Fascinant.

Le mot « couple » le prit légèrement au dépourvu, mais un jetant un regard en direction du logement qu'il s'apprêtait à quitter, il finit par comprendre ce que l'homme au crochet était venu faire devant son appartemment. Deux lits, donc une collocation ... Plutôt logique, somme toute.

"Vos fesses sont en sécurité tant qu'elles ne touchent pas aux miennes ... Par contre, je vous préviens cher « conjoint », hors de question que je porte les enfants... "

L’homme - un capitaine, selon ses dires, mais certainement pas dans l'armée vu son apparence - lui tendit une main ganté, désirant de toute évidence qu'il la saisisse. Le Joker l'observa avec un léger sourire.

"« Capitaine Hook », hun ? ... Enchanté .", ajouta-t-il, détachant chaque syllabe. Sa langue vint glisser rapidement le long de ses cicatrices. " Voici ma carte. "

Il glissa une carte à jouer de Joker dans la main qu'il lui tendait, la sortant d'une des innombrables poches de son manteau violet. En bas de la carte, le mot "Joker" s'étalait en lettres écarlates.

L'homme risquait de ne pas apprécier sa petite pirouette, s'attendant à ce qu'il lui serre la main en « personne civilisé ». Hook voulait de toute évidence jouer les mâles dominants ... Mais si le Joker pouvait, sous certaines circonstances, accepter de partager son territoire, il ne comptait pas non plus se laisser diriger. Il rangea cependant son couteau dans sa poche, se décalant légèrement pour le laisser entrer. L'homme avait un cran qui lui plaisait, il accepterait donc pour l'instant de le laisser s'installer dans son espace vital.

" Joli crochet ..." Ajouta-t-il avec un sourire appréciatif. " Vous devez faire pleurer les enfants, avec un joujou de la sorte. "

À côté de ça, ses cicatrices semblaient presque aussi impressionnantes qu'un bouton de fièvre. L'idée de se couper une main en devenait presque tentante, mais ça le gênerait probablement pour utiliser un semi-automatique ou une mitraillette. Mauvaise idée, donc.

En tout les cas, plus question de sortir pour le moment. Avec un tel invité, il n'était sûrement pas prêt de s'ennuyer avant un certain moment ...

Invité

Faire la connaissance de son colocataire de cette manière assez incongrue ne semblait pas déranger James… Et comme l’autre avait refusé de serrer son unique main, Hook était prêt à lui faire tâter de son crochet, si c’était ce qu’il voulait. Somme toute, qu’aurait-il pu désirer d’autre ? N’avait-il pas sorti une lame de sa manche ? Lame qui, d’ailleurs, n’avait rien d’impressionnant pour Hook qui cachait sur lui de bien plus surprenantes dagues…
Jamais un clown ne lui avait fait peur. Jamais il ne s’était arrêté à ça non plus. Qu’avaient besoin certains hommes de se grimer de la sorte pour amuser des gosses ?
Quand le colocataire -puisqu’il ne pouvait s’agir que de cela- éclata de rire, le Capitaine Crochet se surprit à ressentir une féroce bouffée de haine. Ah, si seulement il avait eu une planche et un banc de requins à disposition ! mais ce n’était pas le cas. Et il était évident à présent que les deux hommes, amenés à vivre ensemble par la force des choses, allaient devoir s’accoutumer tous deux aux manières de l’autre. Alors le pirate eut un petit sourire mauvais.

"Si vous revenez un jour ici avec un… enfant" Il prononça ce mot avec tout le mépris et tout le dégoût que le concept lui inspirait, c’est-à-dire qu’il aurait pu le vomir que le résultat en aurait été le même, "sachez que je n’hésiterai pas à m’en débarrasser proprement, en bonne et due forme !"

Mais revenons à la poignée de mains qui n’eut pas lieu tant certaines personnes pouvaient manquer de civilités… à la place, le clown avait donné à Hook ce qu’il avait appelé, plutôt pompeusement, sa "carte". James y jeta un rapide coup d’oeil et dévisagea presque aussitôt son interlocuteur tout en lançant avec ironie :

"Oh, vous êtes un bouffon… Voilà bien un monde admirable où même les professions les plus… artistiques sont ainsi émancipées !"

Un bouffon répondant au nom de "Joker", à en croire l’indication de la carte.
Et comme le Capitaine avait pu entrer dans la première pièce de l’appartement qu’ils allaient partager, il entreprit un tour d’horizon silencieux, pendant que l’autre commentait son crochet d’acier. James se tourna vers lui et répondit, avec un regard entendu et en grinçant légèrement des dents, car il savait très bien que ce magnifique crochet était le symbole de son autorité sur ses pirates : il pouvait les traiter comme des chiens, ces idiots obéissaient toujours… comme des chiens.

"Pas seulement les enfants, je vous l’assure… "

Avec un tel ustensile, il pouvait écorcher, éventrer et éviscérer tout ce qu’il voulait. Il s’en servait aussi pour poser le canon de son pistolet, aide extraordinairement utile pour viser comme il se doit les gueux qui ne méritaient qu’un peu de plomb dans la cervelle, avec la poudre livrée en prime. Sans parler des petits accessoires que cet imbécile de Mouche avait fait confectionner pour lui dans le meilleur acier qui soit : tout un attirail de gadgets vissables et dévissables qui lui permettait tantôt d’embrocher, tantôt d’assommer.

"Mais votre sourire me semble un peu… forcé, Sir Joker… J’espère que mon arrivée ne contrarie en rien vos projets."

Car, même si la disposition des objets dans la pièce suggérait que cet homme n’était pas encore tout à fait installé, James était arrivé précisément au moment où l’autre ouvrait sa porte… cela laissait entendre qu’il s’apprêtait à sortir, il ne fallait pas être sorcier pour le deviner.

Invité

Le Joker constata avec amusement que son comportement semblait horripiler son nouveau colocataire ... Oh, ce dernier n'était pas le premier à le traiter de bouffon, le sobriquet allait de paire avec les autres "bête de foire", "monstre", "taré", ou encore "espèce de sale psychopathe sans le moindre principe". Mais il savait pardonner : la plupart de ces gens étaient simplement bien trop sérieux, et avaient seulement besoin de se dérider – il optait donc pour leur offrir un magnifique sourire aussi large que le sien, qui faisait aussitôt le ménage de toutes leurs petites contrariétés.

Tout cela mis à part, sur son échelle de contrariété personnelle, l'agressivité était placée bien plus bas que l'ennui, et il préférait de loin ce type de colocataire à un quelconque civil insipide et mortellement ordinaire. Autant cohabiter, donc ... Et si son nouveau "compagnon" dérapait, il se chargerait avec joie de lui apprendre le respect. De plus, si ce dernier avait comme il le prétendait le hobby de massacrer de petits enfants, cela faisait déjà un bon point à mettre sur un CV. Enfin, il est vrai qu'avec une apparence comme la sienne il pouvait sans doute difficilement l'imaginer vendant des glaces et des barbes à papa dans une petite roulotte aux couleurs de berlingot – l'idée même le fit d'ailleurs doucement ricaner. Était-ce un compère criminel, lui aussi ? L'aventure promettait d'être des plus excitantes, s'il étaient voués à se partager la ville en plus de cet appartement. Le fiasco de Gotham City lui avait appris à quel point la vie pouvait être ennuyeuse, lorsqu'on n'avait plus le moindre concurrent de valeur ...

"Je sais faire de magnifiques toursde magie ...Mais les gens que je fais disparaître ne reviennent jamais voir mes nouveaux spectacles ... Petits ingrats."

Il choisit de ne répondre à la provocation de son nouvel "ami" que par un sourire doucereux, qui d'expérience se révélait souvent une réponse bien plus frustrante qu'un quelconque accès de rage incontrôlée.

"Et vous, "Capitaine", quelle est votre occupation ? J'ai du mal à vous imaginer dans la police ou dans la marine, avec un look aussi ... recherché. Quoique, à une autre époque, vous auriez fait un beau tableau dans la piraterie, avec un tel appendice."

Son colocataire étant entré dans l'appartement, il en profita pour aller faire un tour dans la petite cuisine, qui se trouvait à côté de l'entrée. Tout en chantonnant le refrain d'alouette, le Joker fouilla dans le frigo, pour faire le tri dans les provisions qu'un des hommes de main qu'il avait eu à Gotham lui avait ramenées – homme de main dont le cadavre pourrissait à présent dans un petit coin bien tranquille : nul besoin que des personnes qui ne lui étaient plus d'aucune utilité sachent où pouvoir le trouver. L'appellation "sir joker" le fit presque rire à nouveau : celle-là, elle était déjà beaucoup moins courante. Etait-ce un essai de la part de son interlocuteur de se montrer courtois ?

"J'avais besoin d'aller chercher quelque chose en ville ... Mais finalement, je crois bien qu'ici j'ai tout ce qu'il me faut."

Et en effet, il avait trouvé bien plus de divertissement qu'il n'aurait pu rêvé, pour sa première soirée après son arrivée en ville. Il laissa cependant volontairement l'identité du "quelque chose" en suspens : en le voyant fouiller dans le frigo, son interlocuteur penserait probablement qu'il parlait de nourriture. Nourriture qu'il venait tout juste de trouver, d'ailleurs : Une pizza ... Pas cuite, mais ça ferait l'affaire. Au moins, elle n'était pas surgelée. La cuisine ne l'emballant pas particulièrement, il se rabattait généralement sur la première chose d'aspect comestible qui passait à sa portée. La viande, il préférait la découper quand elle bougeait encore ...

Sortant un couteau papillon de sa poche, il s'en servit pour trancher le plastique transparent et découper deux parts à peu près égales, dont une qu'il tendit à son invité, la tenant par la croûte.

"Pizza ?"

Après avoir essuyé le couteau sur son pantalon, il porta sa propre part à sa bouche sans se soucier de poser ses gants de cuir violet. Pas mauvais ... De quoi sceller ce qu'ils auraient probablement de plus proche d'une trêve ... Dans les cultures primitives, ils faisaient bien la paix où concluaient des traités en s'offrant de la nourriture, non ?

À moins qu'il ne confonde avec la fin des BD d'Astérix ...

Invité

Au fil des minutes qui passaient, James commençait à trouver ce colocataire assez intéressant. Il n’était peut-être pas un homme de goût – il suffisait de voir son maquillage, sa manière de se vêtir, ses manières en général –, mais il avait au moins l’originalité pour lui. Cependant, il y avait de bonnes raisons de douter de sa santé mentale. En effet, le bonhomme s’était mis à ricaner sans raison, comme s’il venait de se raconter une blague à lui-même. Ce n’était pas un mauvais genre, mais c’était un genre assez déplaisant pour quelqu’un qui prône le bon goût envers et contre tout. De fait, le Joker s’en était certainement raconté une bien bonne car voilà qu’il reprenait la parole, partageant la probable cause de son hilarité avec le Capitaine qui se mit à rire à son tour.

"Vous me rappelez un vieil "ami" à parler ainsi. La mort est le plus beau des spectacles que les ingrats puissent nous offrir."

Silver n’aurait pas parlé autrement que le clown. Hook en était sûr. À ceci près que Silver, aloas Barbecue, était de ceux qui craignaient le Crochet, comme beaucoup d’autres. Certains allèrent même jusqu’à dire que le Capitaine Hook était la seule personne qui effrayait Silver. Et ils n’avaient sans doute pas tort.
Le sourire que lui adressa alors le colocataire tira James de ses pensées. Un sourire pareil, ça s’encadrait. Le Capitaine songeait qu’il n’avait jamais essayé d’élargir le sourire d’un gosse à l’aide de son crochet et l’idée était plutôt amusante.
Presque aussi amusante que le furent les paroles suivantes du grimé : il demandait au Capitaine quelles étaient ses occupations et parlait même de piraterie.

"En bonne et due forme, Sir Joker ! Je suis gentilhomme de fortune…" Ou, en clair : il serait gentil quand il estimerait sa fortune suffisamment importante. "et je navigue avec un équipage capable de couler un bâtiment en un temps record. J’amasse l’or et je règne. Je commande et mes hommes exécutent. J’organise des batailles et je fais nettoyer mon crochet par mon homme de main…" L’expression le fit sourire, ainsi que le jeu de mots facile. "Que vous dire d’autre ?"

Les détails viendraient par la suite, s’ils devaient venir un jour. La dernière fois que James avait fait une incursion dans ce monde-ci, "l’autre monde" comme on dit au Pays Imaginaire, il avait eu l’occasion de se rendre compte par lui-même que le mystère était une des meilleures façons de se faire craindre. Et même s’il ne désirait pas forcément que son colocataire le craigne – il avait besoin de quelqu’un pour remplacer Mouche et lui prêter main forte de temps en temps –, il ne tenait pas à raconter sa vie, malgré la réputation de conteur qu’on lui avait faite à une certaine époque.
Aussi, lorsque le clown lui indiqua qu’il n’avait pas besoin de sortir, certainement parce qu’il y avait ce qu’il voulait dans l’armoire blanche où il fouillait.

"Vous m’en voyez ravi."

Hook était à présent près de la fenêtre, il regardait la ville. C’était bien différent de Londres. Même la dernière fois, quand il était venu dans ce monde pour enlever Jack et Maggy Banning, les enfants de Peter, ce n’était pas tout à fait comme ici et maintenant. Pourtant, c’était moins de vingt ans auparavant…

Cette fois, quand il se retourna, ce fut après avoir entendu deux syllabes qui ressemblaient étrangement à un cri indien pour se donner du courage. Le mouvement que fit Hook pour se retourner fut accompagné du jaillissement d’une dague de sa manche droite, à une vitesse folle. Il attrapa le manche avec dextérité et se retrouva à menacer un triangle mou que tenait son colocataire et qui ne ressemblait à rien de connu.

"Hum. À vos souhaits."

Le chef des pirates fronça légèrement les sourcils, examinant le visage du clown puis la chose pendouillante, et avança sa dague vers cette chose, en relevant les yeux vers la face grimée.

"Qu’est-ce donc que cela ?"

Ce que Hook connaissait qui ressemblait le plus à ce truc-là, c’était les membres de ceux qui avaient visité le coffre à bobos. Mêmes teintes de couleur, même aspect boursouflé, mais l’odeur était nettement différente. Ce que le clown tenait en main sentait presque bon.

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Le Joker observait Hooks avec une certaine incrédulité. À son vocabulaire, clairement d'une autre époque, s'associait une description d'activités ... Assez peu commune. À l'entendre, son interlocuteur était en tout et pour tout un pirate de la grande époque. Ça expliquait le pourquoi de cet accoutrement en tout cas. Il était clair cependant que son cher colocataire souffrait de sérieux troubles psychiatriques. Pas que ça le dérange, néanmoins. Ayant lui-même fait des séjours involontaires à l'asile d'Arkham, il avait l'habitude de fréquenter un peu de tout de plus ou moins près. D'ailleurs, il en avait recrutés certains dans ses employés ... Car si certains étaient trop déphasés pour avoir une conversation valables, d'autres se révélaient au final bien plus intéressants que les gens "normaux". Ce qui semblait d'ailleurs aussi être le cas de son collègue ici présent ... Mis à part ce petit décalage temporel, il semblait plutôt être un chic type.

Du moins, un chic type selon ses critères. Avec un sens de l'humour comme il les estimait. Et il semblait que ce dernier commençait à, sinon l'apprécier, au moins légèrement moins le détester, allant jusqu'à le comparer à une ancienne connaissance ... Connaissance des plus intéressantes, semblait-il. Qui sait, ils arriveraient peut-être à s'entendre suffisamment pour cohabiter ...

"Vous m'avez l'air bien occupé ... Et bien loin du large, pour un "pirate."

Lorsqu'il sortit une sorte de petite dague de sa manche, le Joker laissa échapper un petit sifflement appréciateur à la dextérité avec laquelle le Capitaine maniait sa lame (apparemment, il avait la même manie de garder des armes un peu partout à porté dans ses vêtements). Il eut l'envie subite de sortir une arme à son tour, juste pour savoir lequel des deux survivraient à une confrontation ... De nos jours, peu de gens savaient manier une lame correctement : la tendance était aux armes à feu, pistolets et semi-automatiques en tous genres. Bien sûr, c'était très pratique pour le travail en gros ... et surtout, très amusant, en particulier lorsqu'un bon lance-roquette ou une petite mitraillette étaient concernés, mais ça manquait cruellement de poésie ... et de touche personnelle.

"Rien de telle qu'une bonne lame qui mord la chair, et toutes ces petites ... émotions à savourer ...", murmura-t-il à voix basse.

Mais apparemment, il ne connaissait pas ... La pizza ? Le Joker détailla la part un instant, comme pris d'un doute subit. Elle avait beau ne pas être cuite, on ne pouvait quand même pas se tromper ... Soit ce type avait vécu dans une grotte ces cinquante dernières années (ou vingts, ou trente : il n'avait pas la moindre idée de quand la pizza était apparu sur le continent, et c'était bien la dernière de ses préoccupations), soit il était sérieusement plus atteint qu'il ne le pensait.

Mais la situation, et cerise sur le gâteau la façon qu'avait son colocataire de ne toucher la part que du bout de la dague, comme s'il s'agissait de quelque ennemi prêt à lui sauter dessus ... C'était si comique qu'il éclata de rire à gorge déployée, au point d'en échapper sa propre part sur le plancher. Reprenant son souffle, il s'efforça de répondre avant que son colocataire si susceptible ne croit qu'il se moque de lui.

"Ça ... C'est de la pizza. Un peu moins efficace que les hamburgers pour faire tourner le marché de la liposuccion, mais certainement l'une des seules choses intéressantes que les Italiens nous aient apportés, avec leur mafia, les pâtes à la carbonara et leur façon si amusante de parler ... Ah, et ça se mange, aussi."

Plantant la part de pizza dans la dague du Capitaine, vu qu'il ne semblait pas décidé à s'en saisir lui-même, le Joker reprit la sienne de sur le sol, et l'époussetant légèrement, en reprit une bouchée pour illustrer ses propos.

"Vous devriez essayer, je vous jure que ça ne mord pas." Il mima le geste avec ses dents, ricanant un court instant. " Au pire, le frigo est plein de tout un tas d'autre trucs divers et variés. Mi casa es su casa, comme on dit, et dans le sens le plus littéral du terme."

Il conclut par un sourire à sa propre blague, balançant sa croûte à la poubelle avant de boire au goulot en plastique d'une brique de jus d'orange. Il la reposa à côté de son colocataire pour s'il voulait s'en servir, se demandant avec intérêt si chacune de ses réactions à la "civilisation" serait aussi distrayante.

Invité

Au fur et à mesure de l’avancée de la prise de contact, Hook commençait à trouver son colocataire assez intéressant. Moins idiot que Mouche, plus mûr que Peter Pan et sans aucun doute au moins aussi amusant que Silver. Et mis à part cette tenue vestimentaire légèrement incongrue, James devait avouer qu’il trouvait ce type de plus en plus digne de lui. Peut-être cette colocation apporterait-elle plus de points positifs que ce que le Capitaine avait imaginé.
Apparemment, le clown avait compris ce qu’était exactement Crochet. Un pirate. C’était un terme un peu banal pour un homme tel que lui, il préférait d’ailleurs l’expression "gentilhomme de fortune" mais il n’avait pas l’intention de tergiverser pour si peu. Bien sûr qu’il était loin de son navire, mais il se contenta de répondre à la première partie de l’intervention de son interlocuteur.

"Quand on a eu dans la bouche le goût du sang et de la cruauté, on ne s'arrête plus, mon garçon!"

S’il se sentait plutôt à l’aise dans ce monde qui n’avait rien à voir avec le Pays Imaginaire, c’était que le Capitaine Crochet était ici parce qu’il l’avait voulu. Il en avait eu assez, un jour, de tuer des Indiens et des enfants perdus, d’entendre à tout bout de champ les sirènes l’appeler ainsi que ses hommes sans cervelle – ses pauvres imbéciles de morceaux d’entrailles mal léchés, comme il se plaisait à les appeler. Un jour, donc, tout cela avait amené Hook à décider de se retirer ailleurs, dans un endroit plus raisonné et où il serait plus reposant pour lui de vivre. Oh, ce n’était peut-être pas pour bien longtemps, tout dépendrait de ce qu’il adviendrait dans les jours ou les semaines à venir, mais il ne délaissait pas l’hypothèse de vacances prolongées.

En entendant le sifflement de son colocataire puis les paroles qu’il marmonna, James se rendit compte qu’il avait dû faire là quelque chose d’assez inhabituel dans ce monde-ci. La preuve en vint peu de temps après, lorsque le clown lui parla de "pissa" et de "homme bourgueur". Deux choses que le pirate ne connaissait absolument pas. D’ailleurs, il n’avait jamais non plus entendu parler de l’"hipposuccion" – peut-être une torture originale avec des chevaux – et la "mafia" n’évoquait rien en lui. Et il se demandait bien des pattes de quoi les gens d’ici mangeaient avec du carbone arabe – qui, soit dit en passant, ne devait pas être très différent du carbone anglais.

"Je crains ne pas comprendre un traître mot de tout ce que vous racontez."

Et l’autre enfonça le triangle mou sur la lame de la dague du Capitaine. Celui-ci regarda le Joker ramasser son morceau sur le sol, le frotter légèrement avant de le porter à sa bouche. Le clown lança même un mot au sujet de l’inoffensivité de ce qui s’avérait être un aliment.
Pinçant les lèvres, Crochet approcha à son tour le triangle de son visage, l’observa de lui près, remarqua qu’il y avait là-dessus un coulis de tomates ainsi que ce qui devait être du fromage et de la viande. Le parfum de tout cela était un peu spécial, mais cela n’avait pas l’air d’annoncer un aliment au goût trop infâme. Alors, il se lança dans l’expérience et mordit la pointe du triangle qu’il mâchouilla quelques secondes avant de l’avaler.

"Eh bien, ça ne vaut pas le salmigondis des boucaniers, mais ça se laisse manger votre pissa…"

Et le Joker lui affirma que l’armoire blanche, le "frigo" regorgeait de choses mangeables. Hook sourit également à la blague du clown, dévoilant des dents inégales et aussi soignées que peuvent l’être celles d’un pirate régnant sur les mers et ne connaissant pas le dentifrice, puis il prit une deuxième bouchée de pizza et considéra son vis-à-vis avec un intérêt un peu interrogateur.

"Vous connaissez certainement mieux que moi la région et les mœurs d’ici… Que faut-il savoir pour survivre dans ce monde ?"

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Il avait beau être habitué à côtoyer un tas de choses plus ou moins net, son nouveau colocataire ne manquait pas de le prendre au dépourvu. "Survivre dans ce monde" ... Est-ce qu'il s'agissait d'une simple expression, ou bien est-ce que son charmant colocataire était réellement convaincu qu'il venait d'un autre monde ? Si tel était le cas, il était encore plus sérieusement atteint qu'il le pensait. D'un autre côté, ça expliquait pas mal de choses, comme par exemple sa façon assez inhabituelle de s'habiller ... Et ne le fait qu'il ne connaisse pas la pizza, ni apparemment des choses comme la mafia ou les pâtes à la carbonara.

Enfin, puisqu'il en était là, autant jouer le jeu jusqu'au bout. Et puisque son colocataire n'avait pas l'air très en phase avec la réalité, autant commencer avec le plus simple :

"Pratiquement tout marche à l'électricité " - il indiqua la prise la plus proche, située sur le côté du mur - " Ce qui intéresse la plupart des gens, ce sont les médias et la petite boîte magique : celui qui y gagne sa place, que ce soit en passant à la star'ac ou au journal du soir peut déjà auditionner pour devenir le prochain maître du monde. La télécommande doit traîner quelque part sur le sol de ma chambre. C'est aussi utile pour faire cuire la nourriture, " - il fit un signe de tête en direction du micro-onde – "pour la lumière, et à peu près 90% de la vie quotidienne."

"Quand à ta petite lame, elle est très jolie, je te l'accorde, et tu as l'air de la manier à merveille mais si tu veux chercher des crosses aux caïds du coin ..." - il fouilla dans le bac à légumes du frigo et en sortit un Smith & Wesson M76 ainsi qu'un plein tupperware de tomates cerises - "Tu ferais bien de te trouver des petits joujoux de ce genre."

Il piocha au hasard dans les tomates cerises, et posa la mitraillette à côté de son colocataire.

"Cadeau de la maison. Tu peux aussi trouver du plus discret ou plus explosif un peu partout dans l'appartement ... Dans les deux chambres aussi, si je me rappelle bien."

Il réalisa qu'il n'avait aucune idée de laquelle des deux chambres était la sienne. Probablement celle où il avait mis la télé.

"Ah, et ce genre d'habits risque de te faire atterrir tôt ou tard dans un établissement psychiatrique. Remarque, si tu as envie d'être nourri, logé et blanchi, ça peut aussi être une planque intéressante. Pour le reste, tu ferais certainement mieux de demander à quelqu'un qui a un mode de vie plus ..." légal". À part si tu as besoin de faux-papiers d'identité, où quelque chose comme ça, je connais une ou deux adresses. "

Il laissa finalement un peu de temps au Capitaine pour absorber toutes les informations, s'occupant en apprenant à jongler avec les tomates cerises – une tâche qui s'avéra plus ardue qu'il ne le pensait. N'empêche que ça lui occupait l'esprit, et l'aidait à se concentrer sur ce nouveau colocataire, qui l'intriguait assez, mine de rien. La clef pour obtenir ce qu'il désirait de son entourage avec toujours été de les cerner, eux et leurs faiblesses, sur le bout des doigts, mais celui-ci dépassait tout ce qu'il avait pu rencontrer à Arkham où ailleurs. Personne ne pouvait être à la fois si lucide et si foncièrement détaché de la réalité ...

Peut-être s'agissait-il d'une toute nouvelle psychose, qu'il n'avait pas encore rencontré. Il aurait bien aimé savoir d'où il pouvait bien débarquer, pour avoir l'air aussi largué ... peut-être venait-il de péter les plombs, et ait oublié tout ce qu'il avait pu faire avant son arrivée ... À moins qu'il ne s'agisse de quelque comédie brillamment orchestrée, et qu'il se moque de lui depuis le début – il manqua d'écraser l'une des petites tomates à cette idée. Si c'était le cas, il se jura de lui faire cruellement regretter, quitte à devoir se trouver un nouveau colocataire. Il posa les tomates dans un coin, le repas oublié, et dévisagea son vis-à-vis avec une curiosité mêlée d'une touche de méfiance.

"Si ce n'est pas trop demander ... de quel "monde" est-ce que vous venez, Capitaine?"

Spoiler:

Invité

James ne s’était certainement pas attendu à ce que ce monde-ci soit tellement différent du sien. Il savait bien que l’un et l’autre monde n’étaient pas identiques, mais il se rendait compte qu’il ne connaissait pas grand’chose de celui-ci et, pire que tout, qu’il y avait de fortes chances pour que tout ce qu’il aimait au Pays Imaginaire n’existe pas ici.
Le colocataire du pirate entreprit alors de lui expliquer ce qu’était l’électricité, en lui donnant des exemples d’utilités de ce truc. Hook essayait de comprendre, mais il avait dû manquer une étape.

"Alors la boîte à images et le truc pour cuire sont différents ? ça se ressemble beaucoup, pourtant ! Comment fait-on pour ne pas se tromper ?"

Effectivement, les deux machines présentaient, aux yeux du Capitaine, les mêmes caractéristiques : une sorte de plaque de verre et des boutons.

Hook vit ensuite le clown lui montrer des armes à feu modernes. Oh, ça, il connaissait le principe, même si ses armes à lui n’étaient pas aussi esthétiques. Il en sortit une, d’ailleurs, un très travaillé pétrinal fait par un artisan, assurément. Il regarda un instant la mitraillette que le Joker avait posé près de lui.

"Je vois, c’est manifestement ce qu’on appelle le progrès… Quelles différences y a-t-il donc entre votre arme et la mienne ? Voyez-vous, je suis habitué au mousquet, au canon, au sabre et au biscaïen. Pouvez-vous abattre un homme à plus de cent pas avec cela ?
Quoi qu’il en soit, je vous remercie, Sir Joker. Soyez certain que je ferai bon usage de vos conseils avisés…"

Le pirate esquissa un sourire. Il était évident pour lui que cet homme qui lui enseignait la modernité de ce monde-ci pouvait s’avérer devenir un admirable compagnon d’abordage.
Et James Hook détonnait décidément dans ce décor et dans ce monde. Même son langage se voulait recherché et élégant. D’ailleurs, il n’avait pas daigné tutoyer son colocataire bien que celui-ci ne se soit pas gêné pour le faire.

Il pencha la tête sur le côté en entendant parler de ses vêtements.

"Vous voulez rire ! Mon tailleur a passé un temps fou pour renouveler ma garde-robe à mon goût ! Et il serait encore occupé si je n’avais pas envoyé ce type par le fond."

Qu’avaient-il de bizarre ses vêtements ? Ils étaient très bien ! parfaits, même ! Ce tailleur aurait été récompensé comme il se doit s’il n’avait osé poser la question que James Hook ne supportait pas. Enfin, là n’est pas la question pour nous, puisque le colocataire avait parlé de faux papiers et de légalité, le Capitaine Crochet haussa les épaules avec une certaine forme d’élégance.

"Les lois sont faites pour être transgressées, Sir Joker. Je n’ai nul besoin de papiers d’identité, je suis une légende vivante, tout le monde me connaît, je ne vois pas pourquoi il faudrait que mon nom soit écrit sur un morceau de papier."

Hook avait toujours tendance à se mettre un peu trop en avant, par moments. Mais il était persuadé que s’il se promenait comme cela dans la rue, tout le monde le reconnaîtrait et tout le monde le fuirait, car sa réputation n’était plus à faire, surtout en tant que pirate ayant écumé les sept mers…

Mais la question que posa le clown éveilla un doute en lui. D’abord, il remarqua avec plaisir que son colocataire avait repris le vouvoiement. Ensuite, il tiqua un peu en entendant le sens de l’interrogation. Quoi, il ne l’avait donc pas reconnu ?

"De Neverland, bien sûr ! Que croyez-vous donc, Sir Joker ? Je ne suis pas homme de théâtre ni gentleman, je suis le plus grand et le plus cruel de tous les capitaines que la terre ait jamais engendré, je suis le plus connu et le plus craint des pirates… En deux mots comme en cent, je suis le Capitaine James Hook, ou Capitaine Crochet, pour ceux qui n’ont pas assez de cervelle pour quitter des yeux mon arme favorite !"

Le capitaine avait un peu haussé la voix en disant tout cela, mais il fallait avouer qu’il était un peu outré que son colocataire n’aie pas encore compris qu’il allait avoir la chance de fréquenter fréquemment un aussi célèbre personnage.

Invité

De deux choses l'une : d'une part, le Cap'tain avait l'air si sincèrement largué dans le domaine technologique qu'il était quasiment certain qu'il ne jouait pas la comédie – à moins de n'être réellement un très très bon acteur. D'autre part, il était à tellement de miles de la réalité que le Joker commençait à se demander comment il avait survécu jusqu'ici ... Ce qui appuyait la thèse d'une amnésie récente. Ça, ou son colocataire venait tout juste d'arriver d'un autre monde ... Mais il avait beau ne pas être une créature des plus rationnelles, même lui pouvait affirmer que la première hypothèse était de loin la plus plausible – même si elle était beaucoup moins amusante.

Ceci dit, l'assurance de ce dernier qu'il comptait bien rester sur la voie de l'illégalité avait achevé de le convaincre que son colocataire était un homme tout à fait honorable, et qui semblait au final d'une franchise des plus rafraîchissantes. Qui sait, peut-être pourraient-ils accomplir quelques forfaits ensembles, en mettant de côté leurs désaccords ? Enfin, s'ils comptaient déjà vivre ensemble, il faudrait peut-être pour leurs nerfs respectifs qu'il lui apprenne à distinguer la télé du four à micro-ondes ...

"Hé bien, à part si vous êtes amateur de spectacles composés d'assiettes ou de bols qui tournent en rond, "Capitaine", le programme proposé par l'un est légèrement plus divertissant que celui du second. Cela dit," – ajouta-t-il d'un ton de conspirateur - "si tu tombes sur une émission de télé réalité, tu pourrais fort bien me contredire."

La blague risquait de toute évidence de tomber à plat, au vu du manque de connaissance évident du monde moderne de son colocataire, mais bon, à dire vrai les gens ne trouvait que rarement nécessaire de rire de ses blagues, même lorsqu'ils les comprenaient. Beaucoup manquaient cruellement de sens de l'humour.

"Plus sérieusement," - il fit claquer sa langue le long de ses dents - Si tu veux utiliser le micro-ondes, il suffit de l'ouvrir pour y mettre de la nourriture, et d'appuyer sur les boutons pour la faire cuire. La télévision, elle, ne s'ouvre pas, mais en appuyant sur la télécommande on peut y voir l'équivalent en image du journal, du théâtre et des cabarets réunis. En plus ... "populaire""

Constatant qu'il s'agissait d'un sujet sensible, il n'insista pas plus sur le look vestimentaire de son nouvel "ami". Après tout, c'était marquant, coloré et recherché, et c'était bien tout ce qu'il demandait. Sans compter que beaucoup n'appréciait pas non plus le sien, alors .. Plus étrange était le nom de l'endroit dont il prétendait être originaire, et qui sonnait comme s'il était tout droit issu d'une mauvaise cuite.

"Neverland ... Jamais entendu parler. Ça se trouve dans quel état ? Quant au nom de Capitaine Crochet, j'ai bien peur qu'il ne m'évoque que de vieux relents de contes pour enfants. Enfin de toute façon ... " - il lui adressa un haussement de sourcil entendu - La notoriété, ça se construit aisément par ici. Un des avantages de la télévision par rapport au micro-ondes ...."

A son ton ronflant, on devinait aisément que le "Capitaine", qui qu'il soit, était assuré de la portée de sa notoriété. Seulement, à moins qu'il ne soit issu tout droit de l'encre de quelque histoire de piraterie fantastique – ce dont il doutait – sa renommée n'était pas le moins du monde parvenue aux oreilles du Joker. Ce n'était pourtant pas faute de s'être tenu au fait des nouvelles du milieu et du journal télévisé ... S'il était rassuré quant à la sincérité de celui qui allait partager son appartement, l'état mental de ce dernier était une autre histoire : il s'était vraisemblablement inventé un monde imaginaire où il régnait en maître sur les océans.

Quoi qu'il en soit, s'il comptaient tenter quoi que ce soit d'illégal à l'avenir, il valait mieux lui faire un topo sur les armes modernes. Aussi amusante que puisse paraître l'idée de le voir braquer une banque armé d'un mousquet ou d'un ... "biscaillen" - bon sang, ce type avait vécu dans un musée de la piraterie pour apprendre ce genre de termes ? - il serait dommage que son cher ami se retrouve en prison avant de n'avoir pu tenter quoi que ce soit de prometteur. Il reprit donc en main le fusil mitrailleur qu'il avait laissé.

"Quand à cette petite chose, sa portée doit avoisiner les deux cents mètres ... Et elle fait dans les 700 coups par minutes ... sacré cadence, pour un mousquet amélioré, hn ? Chaque recharge contient 36 balles, de quoi créer un bordel estimable."

Il soupesa l'arme avant de la reposer sur le comptoir. Relativement légère et pratique, mais capable de faire un maximum de dégâts en un minimum de temps, c'était le type d'arme qu'il affectionnait pour le travail en gros.

"Pour le travail de précision, rien ne vaut un bon semi-automatique. J'ai un fusil à pompe, aussi, mais je préfère le garder. Je l'ai "emprunté" à un sympathique employé de banque, et il m'a été assez utile depuis."

Il sortit un Glock 17 semi-automatique de sa poche, et, y adaptant un silencieux pour ne pas ameuter le voisinage, explosa la poignée du frigo en guise de démonstration. Il tendit ensuite l'arme au pirate, la tenant par le canon. Il adressa à son vis-à-vis un large sourire étirant ses cicatrices.

"Un petit essai , Crochinet ?"

Invité

Spoiler:

Ce colocataire semblait être quelqu’un de bien. Au fur et à mesure qu’il l’écoutait, James sentait que ce type et lui pouvaient faire de grandes choses ensemble, à condition de joindre leurs forces et leurs atouts.
Hook apprit donc que téléviseur et four à micro-ondes n’avaient pas grand-chose en commun au niveau des programmes, même si l’évocation d’assiettes et de bols tournant en rond avait d’abord fait penser à un numéro de cirque, le Capitaine comprit qu’il avait commis une erreur à propos de ces deux boites à écran.

Silencieux, il écouta ensuite les explications concernant le téléviseur.

"Ah oui, il me semble que je vois ce que vous voulez dire, mon cher… Cette chose-là est cette invention qui abrutit les gosses et leur met des idioties dans la tête. Après, ils se prennent pour ce qu’ils ne sont pas et sont tout étonnés de mourir les entrailles à l’air."

Crochet avait parlé au Joker de son pays d’origine, mais celui-ci ne connaissait pas cette région-là. Par contre, il connaissait assez le nom du Capitaine Crochet pour se rappeler du rapport à l’enfance. Parfait, Hook n’en demandait pas tant. Il allait tout expliquer.

"Si vous étiez à Londres, vous trouverez Neverland en suivant une étoile, tout droit jusqu’au matin. Mais il n’y a là rien à voir et rien à combattre. J’ai massacré les Indiens et les enfants perdus durant des années, je suis ici pour changer d’air et de victimes. J’en ai plus qu’assez de ces proies faciles. Même les sirènes et les fées ont fini par me lasser…" Il continua à se présenter en mettant en avant l’idée du conte pour enfant que le clown avait évoquée. "Les fous vous diraient que ce que disent les contes est la vérité. Je n’ai pas la prétention de vous convaincre de l’existence du chaperon rouge, des sept nains de Blanche-Neige ou de Cendrillon, mais mon univers existe bel et bien. Trouvez-vous une fée et vous pourrez atterrir là-bas par vos propres moyens, vous rencontrerez mes hommes et, avec un peu de chance, vous pourriez même leur plaire. Vous avez la prestance, le charisme et le style qu’ils aiment, moi j’ai celui qu’ils craignent. Nous pourrions éventrer tous les enfants de Neverland et faire frire les queues des sirènes avec les mains des Indiennes…"

Lancé dans cet admirable projet, James Hook imaginait toutes sortes d’activités très plaisantes qu’il pourrait partager avec le Joker. C’était très prometteur, tout cela. Et Hook n’avait pas besoin de la télévision pour se construire une notoriété. Ça reviendrait bien un jour à la surface et ceux qui n’avaient pas cru en lui s’en mordraient les doigts à ce moment-là.

Pour l’instant, le Joker donnait à James une petite leçon sur les armes à feu de ce monde-ci, de cette époque-ci et le Capitaine se montrait très intéressé. Cette mitrailleuse était digne de lui, lui semblait-il. Se lissant les moustaches en écoutant et observant son colocataire, Crochet notait mentalement chaque information. Car tout était intéressant.
Et quand le Joker lui proposa un petit essai du Glock, après avoir lui-même tiré sur la poignée de l’armoire glacée, Hook saisit l’arme de sa main valide, la soupesa et la regarda sous toutes ses coutures.

"Parbleu, c’est une arme bien confortable, mon cher Joker ! Il faudra que vous me montriez un armurier où je pourrais… "emprunter" tout ce qui pourrait m’être utile !"

En reprenant le terme utilisé par son colocataire, le Capitaine avait souri, puis il avait ri légèrement avant de viser, nonchalamment, sans même appuyer le canon du Glock sur son crochet, la lampe juste derrière le Joker, celle dont l’ampoule, vue d’ici, semblait être posée sur l’épaule du clown. L’objet explosa, envoyant une myriade d’éclats un peu partout, tandis que le pirate riait.

"En bonne et due forme ! L’essayer c’est l’adopter, Sir Joker ! C’est autre chose que les canons bruyants et salissants de mon navire et que les armes que j’ai toujours utilisées jusqu’ici. Vous êtes sans doute une référence pour toutes ces choses, mitrailleuses, fusil à pompe, Glock… et je suis ravi de pouvoir partager cet appartement avec quelqu’un de votre trempe."

Ils auraient certainement l’occasion de s’amuser un peu tous les deux, que ce soit un combat au sabre ou une chasse à l’homme dans l’immeuble, il y avait moyen de bien s’amuser par ici.

Invité

Spoiler:

Le joker notait avec intérêt les détails du monde duquel son colocataire était convaincu de provenir ... Si les sirènes et les indiens lui évoquaient quelque chose, ce n'était pas le cas de ces "enfants perdus". Des rejetons échoués d'un quelconque orphelinat, peut-être ? En tous les cas, ils constituaient peut-être un élément d'explication concernant la haine farouche que les espèces en bas âge semblaient inspirer à ce dernier.

""Me trouver une fée", hein ? Quelle merveilleuse idée, je vais commencer de suite à éplucher les pages jaunes – "

Il imaginait déjà le genre d'annonce qu'il pourrait y trouver : "Fée Inc, bonnes marraines et compagnie ®" : à gauche du quatrième nuage de la prairie enchantée" ... Cette pensée lui arracha un gloussement – Non, non, décidément peu de chances pour que ça arrive un jour. Dommage, car le programme que ce cher Crochet lui proposait était bien loin d'être rébarbatif - mis à part que les personnages de contes de fées n'étaient pas réellement son truc ... Un peu trop tout rose et tout gentils pour lui. Ses pulsions homicidaires en seraient probablement multipliées par cent, ce qui n'était pas peu dire ...

"Ceci dit, je préfère de loin ce bon vieux monde d'ici-bas ... suintant d'imperfections et corrompu jusqu'aux tréfonds de son squelette. Même cette ville fait pâle figure par rapport à là d'où je viens ... Gotham City, aussi tendre et charmante qu'une prostitué défoncée à la cocaïne. Un véritable délice ... À faire pâlir d'envie n'importe quel conte de fées. Et tout un tas de joujoux à disposition, du camion-poubelle aux ferrys sur les ports – et les tunnels, emplis d'un tas de gens empilés les uns sur les autres, comme une distribution gratuite de Happy-meals ... Je suis sûr que tu aurais adoré y faire y tour ..."

L'évocation de Gotham à son heure de gloire le rendait inhabituellement nostalgique, et il aurait sûrement proposé à son cher colocataire d'y faire un tour si elle n'avait pas depuis longtemps perdu son incorruptible ange-gardien – ou chiroptère-gardien, dans le cas présent – et par là-même tout son intérêt. Enfin, à défaut d'une nouvelle Némésis il s'était trouvé un camarade de jeu ... Peut-être qu'à deux ils pourraient tirer quelque chose d'intéressant de ce nouveau bac à sable.

Surtout qu'il s'était fait très vite à ces nouvelles armes, qu'il manipulait à présent avec une adresse des plus attrayantes ... Et savait apprécier ses conseils. Un estime qu'on lui portait rarement, et qui, chose plus rare encore, était quelque peu partagée. Il éclata de rire, empli d'une énergie nouvelle, débordante. Oh oui, tout ça lui laissait entrevoir l'ébauche de quelques glorieux projets.

"On peut trouver n'importe quoi en sous-main aux quatre coins de la ville ... J'ai récupéré quelques adresses avant de venir ici." Toujours s'informer avant de pénétrer un nouveau territoire. "Et si tu aimes les canons, je suis sûr que tu adoreras les lance-roquettes et les explosifs divers de ce bon vieux monde moderne. De nos jours, réduire en un petit tas de cendres "Il sourit légèrement. "Certains dirigeants possèdent même des bombes capables de raser une ville entière en un clignement de paupières .... Pouf !"

Un violent éclat de rire ponctua la fin de ses propos, et, cherchant dans l'un des placards, en sortit une bouteille. Pas extrêmement porté sur l'alcool, il savait néanmoins apprécier ceux comme celui-ci : de ces tord-boyaux qui vous brûlent la gorge et coulent directement dans vos veines – pas le champagne tiédasse qu'on vous servait aux soirées de gala de la Wayne Enterprise. L'étiquette portait quelque part la mention "rhum", et il ne put réprimer un nouveau sourire : la boisson des pirates, à ce qu'on disait ... Rien de mieux pour se mettre d'accord avec son très cher colocataire.

"J'avoue que j'ai souvent du mal à partager mon territoire, mais quand l'avenir s'annonce aussi divertissant, comment refuser ?"

Il leur servit deux verres et leva le sien en vue de James.

"À nos futurs forfaits, alors ...."

Invité

Spoiler:

Si le Joker ne connaissait pas Neverland, il était évident que Crochet l’y emmènerait un jour, juste pour lui montrer son navire, son équipage et ces morceaux d’entrailles mal léchés qui ne voulaient pas qu’on les extermine en bonne et due forme. Avec les armes que le clown possédait et maitrisait, il était certain qu’ils ne feraient qu’une bouchée des innocents et des imbéciles qui peuplaient le pays imaginaire !

Hook ne comprit pas la référence aux pages jaunes. Il s’agissait sans doute d’un vieux bouquin au parchemin de basse qualité, mais le Capitaine ne le connaissait pas, ce livre. Alors il ne réagit pas à la remarque de son colocataire.

James Crochet leva un sourcil en entendant le Joker parler de son monde à lui. Les mots qu’il choisissait pour en parler évoquaient des images très intéressantes à notre bon vieux Capitaine et lorsque son colocataire en eut terminé avec ses descriptions, le pirate siffla d’admiration entre ses dents.

"Eh bien, pourquoi n’irions-nous pas faire une petite balade du côté de cette Gotham City ? Vous me faites visiter votre région, je vous ferai visiter la mienne. Echange de bons procédés, vous verrez, et je suis sûr que nous aurons bien du plaisir à nous essayer chacun aux méthodes de l’autre !"

Et même si Peter Pan n’était plus au pays imaginaire, même s’il était revenu dans ce monde-ci, Hook avait déjà enlevé ses enfants une fois, il pouvait bien recommencer pour montrer à son comparse à quel point il était amusant de se battre contre le virevoltant Peter Pan !

La manière dont Crochet avait utilisé le Glock avait amené le sourire aux immenses lèvres de son colocataire et James prenait cela pour une sorte de congratulation. Ce Joker était un homme qu’il allait apprécier, il le sentait. Même s’il sentait aussi que ce ne serait pas le même genre d’appréciation que celle qu’il avait portée à son second, Monsieur Mouche.
Le Joker lui expliquait à présent où et comment on pouvait se procurer ces armes. Il cita aussi quelques exemples de ce qui existait encore.

"Cela peut être intéressant, mais raser une ville sans effort, ça ne doit pas être très glorieux. Je préfère le combat sanglant, la bataille grinçante et gémissante, les enfants qui pleurent leur père ou leur frère… Ah oui, c’est tellement plus alléchant de voir souffrir !"

Le clown sortit une bouteille d’alcool d’une armoire encastrée dans un mur. Hook reconnut le mot tellement cliché sur l’étiquette. Du rhum… oh, ce n’était pas sa boisson préférée, mais ça se laissait boire.

"Vous ne serez pas déçu de ce partage de territoire, mon cher Joker ! Je crois que nous sommes faits pour nous entendre !"

De sa main unique, il prit le verre de rhum que son colocataire venait de lui servir et il le leva à la santé du Joker.

"Et à une alliance faite pour durer !"

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Le Joker ricana légèrement lorsque son colocataire évoqua le peu de gloire que l'on pouvait éprouver en rasant une ville entière. Ils avaient de toute évidence le même goût du sang et de la douleur, et le tableau qu'il lui peigna évoqua des images bien agréables à son esprit ... Ses idées d'un autre temps lui plaisait, il était bien plus amusant que tous ces criminels actuels, barbants aux possible, habitués à un tel renfort de technologie ou d'hommes qu'ils n'avaient même plus besoin de se salir les mains. Si en plus il savait savourer la beauté toute particulière de cette bonne vieille Gotham, peut-être avait-il trouvé contre toute attente quelqu'un avec qui il était susceptible de s'entendre réellement. Répondant de son plus large sourire au "toast" du Capitaine, il prit une gorgée de son verre avant de le poser de côté. Une fois n'était pas coutume, il sentit que ce partage de territoire promettait d'agréables moments à venir.

"Pour durer, je l'espère ... L'avenir nous dira si l'on peut en dire autant de cette ville ..."

Il partit dans un éclat de rire qui manqua de peu de le faire tomber de son siège, se rattrapant de justesse pour se redresser. La M16, toujours posée sur le comptoir, n'avait elle pas eu cette chance, atterrissant avec un bruit métallique sur le plancher - sans même avoir le bon goût de se déclencher. Bah, au moins elle ne tomberait pas plus bas. Sauf, bien sûr, si quelqu'un s'amusait à faire sauter le plancher. Mais dans ce cas, le désagrément serait bien moindre vis-à-vis du divertissement gagné ... Oubliant donc ce bout de métal qui manquait décidément de bonnes manières, il reporta son attention sur son colocataire.

Quant à cette chère Gotham, malheureusement, si dans ses heures de gloire c'était le plus divertissant des parcs d'attraction, elle est désormais devenue aussi peu intéressante qu'un tour de grand huit où les wagons restent accrochés aux rails. Tu vois ..." -il se rapprocha de son interlocuteur, une lueur d'excitation nouvelle dans le regard tandis qu'il parlait de son "obsession." - "Ce qui faisait tout l'intérêt de Gotham, c'était le Batman. Oh, bien sûr, à la base, il ne s'agissait somme toute que d'un idéaliste quelqconque, probablement à moitié dépressif, qui a décidé un beau jour de se déguiser en chauve-souris pour jouer les justiciers – une idée quelque peu saugrenue, mais il s'est révélé vraiment ... doué ... dans son job. Et aussi incorruptible qu'un roc, même lorsque tout le reste de Gotham se vautrait dans la boue jusqu'au cou. Oh, tant qu'il était là, il y avait de quoi se lever le matin, des défis à relever toutes ces bonnes vieilles saintes journées. Seulement un beau jour, il s'est envolé dans je ne sais quel grotte et il a dû s'y trouver à son aise, car il n'est jamais reparu sur le terrain. "

Secouant la tête d'un air navré, il passa une main distraite dans ses cheveux gras.

"Aucun sens des convenances, si tu veux mon avis : on n'abandonne pas le jeu au milieu d'une partie .... Il a peut-être perdu la tête à force de rester trop longtemps au plafond. Quoi qu'il en soit, depuis son départ, Gotham s'est enlisée dans sa propre pourriture, et il n'y a plus rien à détruire qu'elle n'ai déjà fait elle-même ... Une vieille boule à neige cassée, qui fuit de toutes parts quand on la secoue, c'est tout ce qu'il en reste.

Il haussa les épaules comme pour chasser une idée désagréable, et passa à autre chose. Se reculant, il passa un doigt distrait sur le bord de son verre, les yeux rivés au mur de l'appartement. Puis un sourire carnassier déchira son visage, et il se pencha de nouveau vers son colocataire avec une moue de conspirateur.

"Ceci dit, je ne serais pas contre faire un tour dans ton monde ... Si l'on ramenait quelques fées bien colorées à épingler au mur, ça ferait certainement du plus bel effet dans la cuisine."

Il laissa de côté le fait que l'endroit n'existait probablement que dans l'imagination de son cher colocataire. Exister, ne pas exister, c'était bien là des considérations utiles aux gens qui avaient du temps à perdre. Les gamins qui aimaient se promener en culottes bouffantes avec un crâne à la main, par exemple ... Pas qu'il ait quelque chose contre les crânes – mais les culottes bouffantes, c'était un fait, lui allaient très mal au teint.

"Est-ce qu'il y a des partenaires de jeu dignes de ce nom - ou bien la seule occupation du coin consiste-t-elle à écraser les petits bonshommes bleus qui sortent des champignons ?"

Inclinant légèrement la tête sur le côté, il détailla du regard le crochet qui remplaçait ce qui avait jadis dû servir de main au Capitaine – à moins, bien sûr, qu'il ne soit né ainsi : une vision certes un peu grinçante, mais qui ne manquait pas d'être hilarante. Un tel appendice impliquait forcément d'avoir rencontré en retour un bout de chair gigotante quelque peu intéressant à égorger, étriper, scarifier, percer ...Quoi que l'on fasse avec un outil de ce genre. Il faudrait qu'il songe à lui demander, à l'occasion - à moins qu'il n'attende de le voir entrer en application, pour se réserver la saveur de la surprise. Peut-être s'en servait-il simplement comme objet de décoration, comme ces stupides bijoux en forme de coup de poing américains qu'on trouvait sur le marché. Non, ce sera du gaspillage, et son colocataire était certainement bel et bien homme à se salir les mains.

Invité

James devait le reconnaître, ce type lui était extrêmement sympathique. Comment cela se pouvait-il? les gens n'étaient pas mieux que des cafards, habituellement, il suffisait d'un geste pour les écraser et toujours ils étaient impressionnés par la prestance et la fausse condescendance du Capitaine... Combien de cauchemars n'avait-il pas peuplé, le Crochet? Quel être humain pouvait se vanter de n'avoir jamais eu le moindre frisson d'horreur devant ces appendices métalliques et pointus? Eh bien, apparemment, le Joker était de ceux qui ne craignaient pas le Crochet et qui, en plus, n'avait rien d'un pleutre. Ah, peut-être était-ce la joie de trouver un tel personnage avec qui partager un appartement, mais James Hook eut soudainement une furieuse envie de fêter cette rencontre dignement, en trouvant une victime, de préférence jeune et jolie, à utiliser en sacrifice humain pour sceller l'union du Joker et du capitaine Crochet.

"Et si nous sortions ensuite chercher un peu de chair fraiche à triturer, mmmh?"

Le meurtre avait toujours eu une telle saveur qu'il était presque impossible de s'en passer une fois qu'on y avait goûté. Le pirate le savait et le crime était assurément son plat préféré. Et là, vraiment, il avait bien envie de faire une petite tournée restauratrice dans cette ville.
D'ailleurs, à entendre ce que racontait son colocataire, Hook se rendit bien vite compte qu'il allait vite falloir trouver de quoi passer son temps dans cette ville.

"Amusante, cette affaire de chauve-souris... Cela me fait penser à ce cher Peter... Il avait quitté Neverland pour fonder une famille et vivre heureux avec femme et enfants... Je suis allé le rechercher. Il me devait un duel et une bataille. Ses enfants ont été mes otages et cet imbécile de Peter a été obligé de se souvenir de tout pour pouvoir essayer de les sauver. Crochet contre Pan. C'était vraiment la belle époque, vous savez... On entendait les cliquetis des sabres dans tous les coins, les courtisanes se pâmaient tant elles étaient excitées par ces combats... Et comme votre chauve-souris, il a fallu insister pour que ce couard revienne se battre ! Je le vois encore donner la main à ses enfants et dire "Rentrons à la maison"... Heureusement que j'avais une dague dans ma manche pour le prendre par derrière, il serait reparti roucouler auprès de sa femme sinon !"

Ah oui, c'était le bon temps... Mais les héros manquaient de courage ou de ténacité ces temps-ci. Et ça, c'était l'horreur.
L'idée d'épingler des fées sur les murs parut géniale au pirate qui sourit de toutes ses dents à cette image.

"Oh, magnifique ! Mais il faudra garder la poudre de fée pour l'utiliser... On n'en trouve plus beaucoup par ici, me semble-t-il."

Alors, le Joker demanda ce qu'il y avait à faire dans le monde du Capitaine...

"J'ai passé ma vie à y égorger des Indiens et des enfants. Il y a tout un côté de l'île où je n'ai jamais mis les pieds à cause du crocodile, mais maintenant qu'il est mort, je ne vois plus d'inconvénient à y aller : c'est un monde à explorer et ça m'étonnerait qu'il n'y ait pas de vie de ce côté-là !"

Invité

Spoiler:

Ainsi donc, le capitaine et lui avaient un peu plus à partager que ce qu'il s'était tout d'abord imaginé, en tout premier lieu un manquement de leur principale source de divertissement. S'il avait cru à des choses comme la volonté divine ou la destinée, il aurait pu jurer qu'ils avaient volontairement été placé dans le chemin l'un de l'autre pour se tracer un joli chemin tout neuf sur les plaines verdoyantes de la criminalité ... Enfin, quelques soient ses croyances, l'heure était belle et bien venue de définitivement passer à autre chose et pour le moment, et bien il s'en réjouissait. Le charisme certain du Capitaine, ainsi que sa façon de se poser en centre du monde qui ne cessait de l'amuser, associée à une cruauté tout en franchise lui donnaient envie de voir ce qu'il donnait dans le feu de l'action. Et pour cela, rien de tel qu'une ou deux activités qui leur permettraient de se dérouiller tout en observant la façon de faire de l'autre.

"Laissons donc de côté les souvenirs désagréables alors - la chauve-souris pendu à son plafond, le gentil père de famille s'offrant des barbapapas avec ses fichus marmots - puisque nous avons juste à côté un tout nouveau terrain de jeu encore inexploré. Une bonne vieille ville endormie blottie bien au chaud dans ses charentaises, qui n'attendait plus que nous pour se réveiller !"

Il laissa cette fois passer le commentaire sur la poudre de fée, s'habituant aux bizarreries de langage de son colocataire à force d'y être confronté, probablement, bien que le commentaire sur le crocodile ait quelque peu aiguisé sa curiosité, quant à la façon dont il semblait l'avoir redouté. Effrayé par un sac à main sur pattes ? Voilà qui serait passablement amusant. Il ouvrit la fenêtre à la volé, observant comme un catalogue le paysage urbain qui s'offrait à leur portée -regrettant de n'être qu'au troisième pour la manque de recul que la vue leur apportait. Il aurait dû prendre un immeuble qui surplombait la ville. Peu importe, la vue du macadam constituait déjà une bonne source d'inspiration, par rapport au confort de cet appartement un peu trop douillet à son goût. Prenant note de s'en rappeler tout de même s'il lui reprenait un jour l'envie de chercher une autre ville à se mettre sous la dent, il fit l'effort de se creuser la cervelle pour trouver quelque endroit intéressant.

"La banque ? Trop commun ... Un commissariat pour voir ce que vaut le petit personnel dans ce coin du monde ? Ou bien un coin de rue sordide pour voir ce que vaut la criminalité de la région lorsqu'elle se retrouve de l'autre côté d'un objet tranchant ..."

Claquant la langue d'un air insatisfait, il finit par lui venir à l'esprit qu'il n'était pas des plus polis de marmonner de la sorte en la présence de son invité. Il se retourna vers lui, un large sourire fendant son visage.

"Je parle, je parle, et j'oublie de demander l'avis de mon tout nouveau partenaire de jeu. L'habitude d'occuper seul le bac à sable, je suppose. Une petite idée, Capitaine ? Quelque chose d'inédit, à la hauteur de notre association ..."

Invité

Spoiler:

Il était certain que ce nouveau compagnon avait plus d'une idée en tête. Hook, ayant traumatisé des générations et des générations d'enfants devenus adultes aujourd'hui, ne manquait pas d'apprécier cela. Il suffisait de voir plus loin que ce maquillage légèrement grossier pour se rendre compte que ce Joker était quelqu'un de très bien dans son genre. Peut-être le Capitaine allait-il même essayer les méthodes modernes de ce clown pour mieux pouvoir s'adapter à la vie terrestre pure et simple. Après tout, n'était-ce pas le mieux à faire quand on arrivait en territoire inconnu ? S'adapter... et oublier, en quelque sorte, ce qui jusqu'ici avait été une raison d'être, une raison de vivre.

"Vous avez parfaitement raison. Nul besoin de vivre dans le passé. Une ville entière n'attend que nous pour se prosterner devant de nouveaux maîtres. C'est désormais à nous de nous imposer et de faire notre loi en ces lieux."

Et tandis que son cher colocataire s'avançait vers la fenêtre comme pour observer la fourmilière qui s'étendait au pied de l'immeuble, James Hook vida son verre d'un trait. Cette ville nouvelle constituait un espoir réel. Et le Capitaine comptait bien se faire un nom ici, comme il l'avait toujours fait depuis qu'il était en âge d'éventrer de bonnes gens, des innocents et des enfants. Il devait bien y avoir de ces lieux où les gosses apprenaient des choses, par ici... Il ferait volontiers son dessert de quelque chasse aux gamins dans la ville.
Crochet vint se poster près du Joker et jeta un bref coup d'oeil par la fenêtre tandis que son colocataire énumérait quelques possibilités de jeux dans la ville. Hook se rendit aussitôt à l'évidence : le clown regorgeait d'imagination. A tel point que sur le moment et durant quelques secondes, le pirate le plus craint des sept mers se sentit presque dépassé. Mais n'est pas Crochet qui veut et l'homme n'était pas craint pour rien, sachez-le.

"Personnellement, mon cher, je serais d'avis de me frotter aux coins sordides pour y débusquer quelques futurs hommes de main. Je n'ai que faire de la richesse et c'est bien ce qui pourra attirer la plupart des truands. Ce que je recherche avant tout, c'est le sang et le combat. Voyez-vous, après tant d'années de rapines et d'abordages, j'ai surtout envie de m'amuser..."

Ne désirant surtout pas évoquer son âge déjà avancé, le Capitaine ne parla pas de retraite tranquille. Lui, ce qu'il voulait avant tout, c'était tuer, trucider, éventrer, empaler, voir souffrir... et se délecter de tous les spectacles possibles en cet endroit. Cela dit, il estimait également qu'il serait bienvenu de ne pas profiter de l'occasion qui lui était servie sur un plateau.

"Que penseriez-vous d'une petite visite amicale aux forces armées? Si j'ai bien prêté attention à ce qu'offrait la ville comme possibilités, il y a une école militaire par ici... Non seulement nous pourrions faire le plein d'armes à un prix imbattable, mais nous aurions en plus l'occasion de nous amuser à écraser de jeunes gens encore pleins d'espoirs et de projets..."

Invité

""Écraser de jeunes gens encore pleins d'espoirs et de projets", hein ? J'avoue que l'idée est pour le moins charmante. "

Tâtant son manteau pour s'assurer de son contenu, il vérifia quelle quantité d'arsenal y restait et l'estima somme toute pour le moins raisonnable. Il récupéré néanmoins le fusil mitrailleur qui gisait sur le sol, l'examinant brièvement avant de l'armer. Après tout, ils se rendaient en un lieu qui risquait d'amorcer un semblant de résistance, n'est-ce pas ? Il devait avoir gardé une grenade quelques part sur lui, également ... De toutes manières, comme l'avait si bien dit son colocataire ils trouveraient probablement sur place de quoi s'amuser à loisir ...

"Sans compter qu'ils ont tout un tas de terrains d'entraînements là-bas ... L'endroit rêvé pour te mettre un peu au goût du jour, et tester à loisir les dernières nouveautés. Ah, et je pourrais peut-être y découvrir quelques nouvelles perles en matière d'arsenal."

Au moins, son tout nouveau partenaire ne rechignait pas à se salir les mains - où, en l'occurrence, la main et l'appendice métallique qui lui faisait office de seconde. Peut-être même avait-il un goût du sens plus prononcé que le sien. Il faut dire que ce qu'il recherchait avant tout, c'était le chaos et la destruction ... L'hémoglobine, les délicieux cris d'angoisse qui pouvaient monter à ses oreilles, tout ça n'était que dégâts collatéraux. D'agréables, d'esthétiques dégâts collatéraux, certes, mais qui n'en restaient pas moins secondaires à ses plus intimes objectifs. Il ne doutait pas, cependant, que le capitaine ferait preuve d'une créativité sainement distrayante et il était curieux de le voir à l'œuvre.

Il prit une dernière gorgée de son verre, avant de balancer le reste dans l'évier, y posant le verre par la même occasion. Il allait falloir qu'ils trouvent une solution au problème "vaisselle", puisque l'asymétrie de son colocataire ne lui permettait probablement pas de s'acquitter de cette corvée ... Cependant, il s'imaginait mal braquer le rayon vaisselle d'un grand magasin chaque semaine pour s'épargner l'inintéressante corvée de laver verres et autres ustensiles ... Un lave-vaisselle, peut-être, ou des couverts en carton ?

"Allons-y pour une après-midi "shopping" alors ... Hum, qui sait, on y trouvera peut-être au passage un ou deux âmes damnées qui nous serviront de futures hommes de main. Les détraqués sont toujours prompts à rejoindre les rangs qui leur permettent de tenir armes et munitions entre leurs mains, quel que soit le côté de la barrière duquel ils prétendent se trouver ..."

Il se dirigea donc gaiement vers la porte d'entrée, esquissa une petite moue dépitée en trouvant le couloir désert : il commençait à se demander si quelqu'un d'autre que les locataire de cet appartement avaient la moindre notion quant à comment s'amuser – probablement pas. Calant la M-16 sur son épaule, il s'avança dans le couloir, observant les tristes murs malheureusement dénués de la moindre trace de sang et de moisissure.

"La voie est libre, à ce qu'on dirait. Allons donc asticoter une fourmilière un peu plus réactive que celle-ci, avant de ne risquer de nous encroûter."

Spoiler:

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