When Darkness Falls...

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Mircalla avait longuement hésité quant à la marche à suivre dans ce nouveau pays, dans ce millénaire désinhibé... bref, dans cette nouvelle vie. Elle avait fini par choisir une méthode qui avait porté ses fruits plus d'un fois : se fondre dans la masse. Certes, elle avait un style assez peu discret, mais l'avantage de cette époque et de son apparence fortement post-adolescente, aux airs de fruit défendu et aussi désirable que vénéneux, était qu'elle pouvait se prétendre gothique ou 'émo', deux mouvances dérivées de ce romantisme qu'elle avait vu éclore et se développer, d'abord dans sa lointaine Styrie, puis un peu partout en Europe.
Pour l'heure, Mircalla devait se trouver un logement, de la nourriture qui, à défaut de subvenir à ses besoins alimentaires, parviendrait au minimum à la caler en attendant mieux, et surtout de quoi la payer. Il fallait donc trouver du travail puisqu'elle ne pouvait se faire héberger comme autrefois. Les jeunes filles du XXIème siècle n'étaient peut-être pas moins naives que leurs ancètres, mais Mircalla savait que sa technique d'autrefois ne serait d'aucune efficacité : elle faisait appel à des choses qui n'étaient plus dans les moeurs. Il lui fallait affiner sa technique de chasse. Peut-être cibler plutôt les hommes que les femmes, désormais. Ce serait sûrement plus facile. Les hommes étaient des proies si aisées à berner et attirer dans ses filets...

C'est en se promenant dans la ville et en passant par hasard devant le William The Conqueror qu'elle vit que, suite à un changement de propriétaire, on recherchait une nouvelle serveuse. Elle resta un moment devant l'affiche. Serveuse. Pourquoi pas ? Elle avait déjà exercé de genre de travail à St Petersbourg avant la Révolution d'Octobre, et à Paris avant cela. A Londres également, au Ten Bells, en 1888, où elle avait croisé un homme charmant, qui se faisait appeler Jack...
Elle finit par se déciderà pousser la porte du bar, dont elle fit le tour d'un regard critique. Pas mal de désordre et de poussière, mais l'endroit avait du potentiel. Il faudrait juste un bon nettoyage et une bonne déco...
Mircalla était patiente. Elle n'appela pas, mais vint s'asseoir au bar, sa longue robe noire balayant le plancher, attendant, silencieuse et immobile, que quelqu'un vienne. Elle avait tout son temps...

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Ce monde était vraiment bizarre. N’importe qui pouvait obtenir à peu près n’importe quoi. Le bouffon avec qui James partageait son appartement ne dépendait pas d’un puissant, lui, le Capitaine Crochet, avait un appartement, une vie soi-disant rangée et depuis peu, il était même devenu le propriétaire, le patron et le gérant d’un bar. Le William The Conqueror. Bien évidemment, c’était un travail pour lequel il était plus que surqualifié, lui, l’anguille en acier massif, mais Hook savait très bien que gérer un bar était un excellent moyen de se faire à ce monde et de se forger une solide réputation. Ainsi, donc, il était de nouveau le grand chef, mais dans une organisation bien moins importante quantitativement que son équipage au Pays Imaginaire.

Mais c’est bien beau de posséder un établissement de débit de boissons, encore faut-il trouver des sous-fifres à qui ordonner et à qui faire faire tout le boulot. Lui, il n’aurait qu’à récolter le contenu de la caisse tous les jours et empocher la recette.

Aujourd’hui, donc, après avoir visité son nouveau domaine, James avait planté, à l’aide d’une dague, sur le linteau de la porte un parchemin où l’on pouvait lire :

Parchemin a écrit:: Recherche serveuse. S’adresser ici.

Rien n’était plus simple que d’embaucher quelqu’un. Du moins, c’était ce que Hook pensait : il avait toujours procédé de la même manière pour renouveler son équipage : il repérait un gars, le mettait à l’épreuve et le gardait s’il avait survécu à l’épreuve qu’il lui avait choisie. Et lorsque ses pirates commençaient à le lasser, Hook s’en débarrassait, soit d’une balle tirée à bout portant et présentée comme un jeu au reste de son équipage, soit en le désignant comme un traître à enfermer dans le "coffre à bobos", une ravissante caisse de bois dans laquelle on glissait des scorpions à la piqûre extrêmement douloureuse avant d’être mortelle.

Conformément à l’idée que le Capitaine se faisait de l’embauche, une femme d’apparence assez jeune fit son entrée à peine une demie-heure après qu’il ait placardé son annonce. Plutôt pâle, le visage grave et sérieux. Sans doute une jeune dame de bonne famille… et cela étonnait le Capitaine qui jaillit du fond de la salle, de derrière une porte qui lui avait servi à observer la nouvelle venue sans être vu. Hook devait tester cette fille à plusieurs niveaux : il fallait qu’elle soit honnête et lui remette la recette de chaque jour sans se servir au passage, il fallait qu’elle soit apte à défendre l’établissement contre d’éventuels scélérats et il fallait qu’elle soit assez attirante pour que les clients aient envie de boire beaucoup. En somme, la troisième condition ne devrait pas poser trop de problèmes.
Mais rien ne lui disait, finalement, que cette fille était bien là pour l’annonce. Peut-être était-elle une simple consommatrice. Il fallait en avoir le cœur net.
Marchant vers elle en traversant la poussière qui jonchait le sol, James s’arrêta à un bon mètre de la jeune personne. Et d’une voix doucereuse, Hook lui adressa un hypocrite :

"Désolé, miss, l’établissement sera fermé tant que je n’aurais pas trouvé de personnel digne de ce nom."

Il n’était pas du genre à servir lui-même les gens. Surtout les femmes. Après tout, il était sans doute l’un des hommes les plus importants et les plus influents du monde entier. Au Pays Imaginaire, déjà, tout le monde le disait : "A quoi ressemblerait le monde sans le Capitaine Crochet ?" Cela signifiait bien ce que cela signifiait.

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Mircalla regarda sans émotion aucune un homme s'approcher. Elle remarqua de suite son accoutrement, particulièrement déplacé dans ce XXIème siècle - au moins autant que sa propre robe de velours noir, dont la coupe correspondait au tournant de 1700. Habillement familier donc pour l'Austro-hongroise que celui de cet homme. Elle repéra également le crochet, qui lui arracha une ombre de sourire. Bien qu'originaire d'une région très éloignée de la mer, elle n'ignorait pas, de par ses pérégrinations, ce qu'était la piraterie. Et son interlocuteur était véitablement l'archétype du pirate.
Elle l'observa en silence de pied en cap tandis qu'il venait à elle, se faisant une brève opinion de lui - démarche conquérante, élégance et manières un rien affectées... Cet individu ne respirait pas vraiment la modestie. Enfin, il parla. L'ombre de sourire s'élargit, devint un rictus vaguement moqueur qui aurait enlaidi tout autre visage, mais qui ne sut que donner une dimension autre à la beauté du sien. Elle jeta un nouveau regard à la pièce et, sans bouger, ses mains toujours sagement posées sur ses cuisses, répondit :

C'est pour remédier à cet état de fait que j'ai poussé la porte. A l'heure actuelle, personne de normalement constitué ne voudrait venir prendre un verre dans pareil taudis...

Mircalla ignorait comment l'homme qui lui faisait face allait prendre sa dernière remarque. Probablement mal, si elle ne se trompait pas. Mais elle n'était pas inquiète. Que ce pirate l'invectivât ou tentât de l'égorger nelui ferait ni chaud, ni froid. Même en admettant que, dans un élan de rage vidactive, il tentât de lui arracher la coeur - et il semblait bien outillé pour cela - Carmilla ne mettrait que quelques instants à s'en remettre. Oh pas totalement, car ce serait douloureux et pénible, et elle aurait de surcroît à recoudre sa robe, mais cela ne la tuerait guère. Alors pourquoi s'en faire ?
Tout en attendant distraitement de voir la réaction de l'homme, Mircalla songeait à ce qu'il faudrait faire pour rendre l'endroit plus attrayant. Un coup de balai s'avérait plus que nécessaire, évidemment, et aussi un peu de redécoration. Puisque le patron était un pirate, le thème s'imposait de lui-même, mais Mircalla se demandait comment faire pour qu'elle aussi, en tant qu'éventuelle employée, s'y sente comme chez elle. Car, si elle convoitait cet emploi, c'était au final moins pour l'argent que pour fuir son ennui chronique et repérer d'éventuelles proies. Autant paraître à son avantage, dans un environnement approprié...

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Ainsi, Hook se trouvait à un bon mètre d’une dame élégante qui n’avait rien à faire dans un pareil endroit. Du moins, pas dans l’idée que James se faisait des coutumes des bonnes familles. Mais peut-être cette femme était-elle justement de celles qui fuyaient leur noble famille pour voler de leurs propres ailes… du moment qu’elle n’avait rien d’une Indienne ni d’un enfant perdu déguisé, ça lui convenait.

Le sourire qu’elle affichait avait changé son visage. Comme si elle avait la possibilité de changer totalement de face en changeant simplement d’expression. Le Capitaine se laissa aller à croire qu’il avait mal vu, pourtant, tout le monde savait bien que son regard d’aigle était infaillible… ou presque, mais ça, Crochet ne laissait jamais personne le dire ni même le penser, dès que le doute s’insinuait en lui au sujet d’une personne, il rayait simplement ladite personne de la surface terrestre en l’envoyant six pieds sous terre ou sous mer, selon le cas.
Hook n’apprécia pas vraiment les paroles que prononça la nouvelle venue, cela dit. Elle l’insultait en critiquant l’établissement. Et Crochet ne supportait pas ce genre d’impertinence.

"Il faut croire que vous n’êtes pas suffisamment normalement constituée, en ce cas. Car même si vous ne désirez guère boire quoi que ce soit, vous avez choisi d’entrer ici, dans ce "taudis". Seriez-vous atteinte du syndrome du paradoxe ?"

C’était ainsi qu’il appelait les gens qui agissaient de manière contradictoire avec leurs dires. Cela donnait aussi lieu, la plupart du temps, à un petit jeu de torture pour voir où se situait la vérité. Et quand il en avait fini avec la personne en question, il la délaissait, l’abandonnait au bon vouloir de ses hommes qui, généralement, s’en servaient comme cible pour s’entraîner aux fléchettes ou comme d’un mannequin vivant à taillader à coups de sabre.

Mais soit. Même si Hook était persuadé que les volontaires pour la place ne manqueraient pas, il se disait qu’il fallait un début à tout et que cette femme serait peut-être un bon début.

"Alors, puisque vous êtes là… Qui êtes-vous ? Avez-vous des références ?"

Les références, quand il engageait de nouveaux homes pour son équipage, c’était le plus souvent les avis de recherché. Quand il s’agissait de courtisanes, il vérifiait lui-même la qualité de la marchandise avant de faire embarquer les femmes. Et tous ceux et celles qui ne convenaient pas… il les faisait enfermer à fond de cale pour être sûr qu’il ne leur vienne pas à l’idée de révéler à quiconque ses activités de gentilhomme de fortune.

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Mircalla souriait toujours, s'amusant des réactions de son interlocuteur. Car il y avait bien de quoi rire de le voir ainsi s'offusquer de sa remarque. Espérait-il la vexer en sous-entendant qu'elle n'était pas normale ? Aux yeux de la belle vampire, c'était au contraire un compliment des plus rares, auquel elle réagit en courbant la tête.

Je ne suis effectivement pas un parangon de normalité. J'ignore ce qu'est le syndrome de paradoxe, mais je ne crois pas en être atteinte.

Relevant la tête, elle accentua volontairement son sourire, dévoilant partiellement l'éclat de ses crocs, sans autre commentaire. Toujours immobile sur son siège - suprême insolence, puisqu'en tant que solliciteuse, c'était elle qui aurait dû se trouver debout face à ce pirate, et non l'inverse - elle écouta ses questions, et prit rapidement le temps de réfléchir. Allait-elle donner son véritable nom, ou bien encore l'une de ses anagrammes tant aimées ? Elle se décida pour coupler les deux.

Mon nom est Carmilla Von Karmstein. Quant à mes références, voici le Черный Орел (l'Aigle Noir) de St Petersbourg, le Pavie de Paris, le Ten Bells de Londres... quoique non, le Ten Bells est un mauvais exemple. Il y a aussi le Dante à Venise... et le Drakùl de Bucarest. Je crois que nous avons fait le tour.

Au fur et à mesure qu'elle énonçait les divers noms des établissements où elle avait exercé ses talents, elle tirait de son sac quelques coupures de presse relatant les massacres qu'elle y avait perpétrés lorsqu'elle avait fini de s'y amuser. A chaque massacre était associée une illustration (photographie ou gravure) la représentant, suivie de ces mots : "suspecte dans l'affaire du carnage du..." et du nom qu'elle s'était choisi à l'époque. Si elle avait bien cerné son interlocuteur, cela produirait son petit effet. Si elle s'était trompée, elle n'aurait qu'à le massacrer, ce qui lui donnerait l'occasion de se nourrir correctement, ce qu'elle n'avait pu faire depuis un bon moment.
D'ailleurs, elle avait faim, ce qui commençait à devenir gênant. Il faudrait qu'elle trouve à manger en sortant de cet entretien. Elle commençait à en avoir assez d'en être réduite à consommer son propre sang pour survivre...

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James ne s’était pas douté que cette femme était aussi particulière. Il l’insultait, elle semblait apprécier la chose. Peut-être aimerait-elle aussi s’il la torturait ? En tout cas, elle ne devait pas être d’une intelligence très remarquable pour n’avoir ainsi aucune idée de ce que pouvait bien être le syndrome du paradoxe. À moins que sa nature de femme ne l’empêche d’avoir le recul nécessaire, c’était plausible également. Hook la regarda encore une ou deux secondes avant de lever les yeux au ciel, juste avant qu’elle ne relève le visage.

"Alors il vaut mieux continuer à l’ignorer."

Puis elle se présenta enfin, déclinant son identité puis une série de noms d’établissements que le Capitaine ne connaissait absolument pas. Mais cette femme était suffisamment prévoyante pour sortir au fur et à mesure des coupures de presse où on pouvait la voir.
Alors comme ça elle était une de ces femmes qui massacraient à tire-larigot ? C’était intéressant, ça…

"Mmh, je vois que vous avez là d’excellentes références… Vous ne serez certainement pas contre quelques heures supplémentaires de temps à autre pour changer du service, n’est-ce pas ?"

Il devait bien y avoir l’une ou l’autre bonne affaire à faire dans le coin. Et une alliée de massacre était toujours bonne à prendre. Même si les dates des coupures de journaux laissaient supposer qu’il s’agissait là d’une vieille et non d’une jeune femme. Pourtant elle en avait l’apparence. Mais là n’était pas la question. Et James s’en fichait bien, d’ailleurs : lui aussi il faisait tout pour ne pas paraître son âge véritable.

"Quel cuistre je fais, j’ai complètement omis de me présenter. Capitaine James Hook. Si la place vous intéresse vraiment, vous m’appellerez Capitaine."

Gérer un bar, ça ne devait pas être bien différent de la gestion d’un équipage de pirates, après tout.

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Visiblement, elle avait fait mouche. L'homme semblait satisfait de ses "références", quoique vaguement surpris par les dates des coupures. Mircalla hocha la tête quand il évoqua des "heures supplémentaires". Pourquoi pas, après tout ? quelle qu'en fût la nature, elle devinait que cela serait sans doute plaisant pour elle. Aussi répondit-elle :

Ma foi... Pourquoi rechignerais-je ? Toute opportunité est bonne à prendre.

Elle songeait par-devers elle qu'au détour de l'un ou l'autre massacre, elle aurait ainsi l'occasion non seulement de s'amuser, mais également de faire des réserves. Et puis, il y avait tellement longtemps qu'elle n'avait plus l'occasion de mettre ses talents en pratique...
Enfin, l'homme se présenta. Mircalla inclina la tête pour toute réponse.

Soit. Allons-y pour "Capitaine".

La place l'intéressait, elle avait envie de s'y frotter. Et puis, elle avait déjà commencé à imaginer comment retaper cet endroit et comment en faire une place attractive pour la clientèle. Il fallait tabler sur le long terme, essayer de fidéliser les gens... Pour lui, il y aurait plus de bénéfices, pour elle, plus de victimes potentielles à attirer dans ses filets... Tout le monde pouvait y trouver son compte, il suffisait de jouer un peu la comédie. Hook, entre son apparence, son attitude et son langage, pouvait à lui seul constituer une sorte d'attraction, mais au bout de quelques temps, la clientèle se limiterait à une certaine catégorie de personnes, et pas vraiment la plus intéressante pour le commerce. En revanche, si elle s'en mêlait, elle pouvait essayer d'attirer une autre catégorie de clients, qui payeraient, d'une part, et qui seraient plus appétissants pour elle d'autre part... Bref, l'esprit calculateur de Mircalla tournait à plein régime...

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Peu importaient les problèmes de dates et les emplacements géographiques où avait trainé cette femme. Son maintien et sa stature étaient suffisamment convaincants, ainsi que sa volonté de se montrer digne d’être l’élue pour s’occuper de ce pub… Evidemment, c’était un honneur mais son curriculum vitae laissait présager bien d’autres amusements que ceux, classiques, des cafés. James était certain que c’était là l’une de ces perles rares qui pouvaient lui être plus utiles qu’elles ne le pensaient d’ordinaire.

"Bien, nous verrons cela en temps voulu."

D’ores et déjà, cette femme acceptait de l’appeler comme Hook l’exigeait. Un bon point pour elle, ça. Si elle continuait ainsi à se plier à la volonté du patron, elle pouvait être certaine, ou presque, d’être embauchée à long terme. Bien sûr, rien ne disait que le Capitaine n’aurait pas un jour l’envie subite de voir comment cette Carmilla était faite à l’intérieur, de pouvoir regarder de près la couleur de ses tripes, de pouvoir sentir l’odeur de ses entrailles…

Mais en attendant, il fallait que cette femme fasse ses preuves. Et l’examen que Hook devait lui faire passer était on ne peut plus simple…

"En bonne et due forme ! Je vous prends à l’essai. Vous avez une semaine pour me prouvez ce dont vous êtes capable. Après cela, nous verrons si vous faites l’affaire."

Une semaine durant laquelle Carmilla von Karmstein avait en quelque sorte carte blanche pour montrer ce qu’elle valait. Car si le CV était intéressant, rien ne prouvait que tout cela était bel et bien vrai… et les dates, d’ailleurs, tendaient à argumenter en faveur du mensonge.

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Aceasta este perfect. laissa-t-elle échapper, avant de se reprendre : Voilà qui est parfait.

Mircalla se releva, défroissa sa robe d'un geste négligent et eut un geste brusque vers le lustre du plafond, qui s'éclaira. Elle promena alors son regard calme sur la pièce et se mit à faire l'inventaire à mi-voix des tâches, à moitié pour elle-même.

Mmh. Il faudrait évidemment commencer par un ménage de fond en combles. Ce sera vite fait. Faire le tri, envisager la décoration... l'affaire de quelques jours. Renflouer la réserve, bien sûr, la clientèle vient pour boire, pas pour les beaux yeux du patron ou la croupe de la serveuse - encore que ce soit un atout qui peut s'avérer non négligeable. Vous avez déjà songé à l'atmosphère générale que vous voulez donner à l'endroit ? L'ambiance ? La musique, peut-être ? ou bien partons-nous complètement de zéro ?

Tandis qu'elle parlait, immobile, son ombre, elle, se mouvait sur le sol, s'allongeait, se projetait sur le mur, se détachait petit à petit d'elle, passait une main sur une table, laissait la trace de cinq doigts dans la poussière, redressait une chaise ici ou là, une table, redressait une applique... Mircalla ramassa ses coupures de presse, les glissa dans son réticule à nouveau, tout en murmurant pour elle-même :

Da ... Există mai multe moduri de a face ceva interesant aici ...

Elle eut un sourire et se tourna vers Hook, son ombre revenant sagement se coucher à ses pieds et reprendre son impalpabilité naturelle.

Bien, Capitaine. Commencé-je dès à présent, ou bien à partir de demain ? Et souhaitez-vous que les travaux - au moins la partie ménage - commencent dès à présent, ou préférez-vous d'abord préparer les plans du futur établissement ?

Spoiler:

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Entendre cette femme parler une autre langue provoqua en Hook une idée immédiate : si elle était polyglotte, cette Von Karmstein allait pouvoir drainer plus de clients, donc lui faire gagner plus d'argent. Bon, entendons-nous bien, l'argent n'était pas un problème. Pas du tout, même. Mais il fallait bien faire semblant d'avoir besoin de ce pub, cela lui confèrerait dès lors une couverture admirablement crédible.

Le ménage, James s'en fichait un peu. Sur son bateau, à Neverland, c'était Smee qui s'occupait de ça. Lui, il vivait juste dans l'opulence et le luxe, parfois le stupre aussi, mais sans jamais avoir à s'inquiéter de quoi que ce fût d'autre que sa petite personne et ses batailles à organiser et à gagner en trucidant, pourfendant, éventrant et étripant les ennemis. C'était le bon temps.
Alors, la question qui suivit lui parut presque déplacée, bien que judicieuse.

"Je ne pense pas que quiconque viendra ici pour mes yeux. Pour vos fesses, je ne dis pas, mais pas pour mes yeux.
Décoration et ambiance sur le thème de la piraterie. j'ai cru comprendre que cela plaisait par ici et ça tombe plutôt bien car je n'ai nulle intention de changer de vie."

Le Capitaine laissa Mircalla ranger ses coupures de presse et faire ce qu'elle devait, tandis qu'il se servait un verre de rhum et un autre pour elle. Un contrat comme celui-là, ça ne se scellait pas n'importe comment.

"Si vous vous sentez d'attaque à commencer dès aujourd'hui, vous en serez récompensée financièrement, mais sachez que je n'ai pas l'habitude de mettre la main dans la crasse. Si vous désirez engager un clochard pour vous aider à débarrasser et à nettoyer, je n'y verrai pas d'inconvénient. Il recevra quelques écus et un repas, mais pas plus."

Crochet leva son verre en direction de son employée et lui dit encore :

"Bien, si vous n'avez pas de question, buvez donc avec moi."

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Mircalla arqua un sourcil, mais ne prit pas la peine d'expliquer à son irascible nouvel employeur qu'il ne s'agissait que d'une façon de parler. A quoi bon gaspiller de la salive. Décoration et ambiance sur le thème de la piraterie... L'Autrichienne songea qu'il faudrait qu'elle se documente si elle voulait faire du bon travail, puisqu'apparemment Hook ne lui serait d'aucune aide. Elle haussa les épaules en venant prendre le verre sur le comptoir.

Je n'ai pas pour habitude de confier à d'autres les tâches que je souhaite mener à bien, il faut toujours repasser derrière eux. Réjouissez-vous, ça vous fera des économies.

Elle leva son verre vers le Capitaine, retrouvant son sourire de sphinx qu'elle avait perdu quelques instants auparavant.

Bien. Trinquons donc. Puis, si vous n'y voyez pas d'inconvénients, je me mettrai au travail... et je déteste avoir quelqu'un dans les pattes.

D'une manière générale, d'ailleurs, Carmilla n'aimait pas avoir quelqu'un dans les pattes, qui pouvait surveiller d'une façon ou d'une autre ce qu'elle faisait et disait. C'était vraiment par nécessité que la jeune comtesse avait fini par se résoudre à se mettre au service de quelqu'un. Par nécessité et par goût du changement. Et un certain nombre d'autres raisons toutes plus floues les unes que les autres.

Elle vida le verre d'une traite après avoir porté un toast avec Hook, savourant pour un instant la brûlure familière de l'alcool dans sa gorge - sensation trop vite enfuie - puis recula de quelques pas et, de nouveau, laissa son ombre se dissocier d'elle-même, tandis qu'elle demandait :

Bien. Si vous pouviez avoir l'amabilité de m'indiquer où je pourrai trouver le nécessaire, je pense qu'une grande partie pourra être faite d'ici à ce soir.

» Tombola : Angels falls first, avec Adam Pierson