La journée s'annonce dure [Fe Dr Watson]

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Severus Snape se laissa lourdement tomber dans le canapé. Quelle harassante journée… Eût-il fait ce métier si, lors de sa formation de Maître des Potions, on l’avait mis en garde contre les cancres et autres cornichons à qui il devrait enseigner la subtilité de son art ? Sans parler que depuis qu’il avait quitté Poudlard pour venir chez les moldus, les potions n’étaient plus au programme de ses leçons…

Trois ! Il avait empêché de justesse trois accidents d’éprouvette, en une seule matinée de cours ! Salazar, si ce vieux fou diabétique de Dumbledore n’avait eu tant besoin de lui, il aurait sans aucun doute demandé sa retraite anticipée… Bon sang, non, ici ce n’était pas Dumbledore. Severus se surmenait, à force. Il lui arrivait trop souvent ces derniers temps de mélanger des noms avec d’autres. Il allait lui falloir régler cela au plus vite, avant qu’il ne se trahisse malencontreusement.

Il défit les premiers boutons de sa chemise et croisa les bras, fermant les yeux un instant pour récupérer un peu de ses dernières insomnies. S’il avait été dans ses appartements à Poudlard, il aurait projeté chaussures et chaussettes à l’autre bout du salon, avant de se lever et d’aviser, plus loin, une bouteille de whisky Pur Feu, d’excellente qualité soit dit en passant, qu’il se serait offert avant la rentrée, sachant pertinemment que certains soirs, elle lui serait d’un grand secours pour ne pas exploser littéralement à force d’en voir et d’en entendre de toutes les couleurs avec ces petits imbéciles que l’on appelait communément « élèves » mais qui auraient pu tout aussi bien s’appeler « bouse de dragon », cela revenait au même pour le Maître des Potions.

Finalement, c’était le bon temps, tout ça.

Il était à peine onze heures du matin et déjà, Snape ressentait une fatigue indéniable, comme s’il avait dû à lui seul terrasser cinq trolls des vallées et autant de crotales velus - spécimens rares et très venimeux que le garde-chasse hybride de Poudlard ne manquerait sûrement pas de dégoter auprès d’un quelconque trafiquant…

A la réflexion, il aurait mieux valu que Severus prenne un bon bain pour se détendre avant de se servir un petit verre. Oui, dans cet ordre-là, c’était bien plus simple. Mais jusqu’à preuve du contraire, il n’y avait pas de baignoire dans la salle des professeurs.

Et voilà qu’un bruit le tira de ses projets. Poignée de porte. Charnière de la porte. Il y avait malheureusement de grandes chances pour que ce soit un de ces pitchpins attardés peuplant son cours… Mais non, la moustache et le vêtement affirmaient que ce n’était pas un étudiant. Salazar soit loué. Le visage aussi cordial que s‘il était devant une bande de cracmols prêts à se jeter sur lui, Severus observa d’un œil sombre le nouvel arrivant, sans feindre le moindre intérêt pour lui.

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Le docteur Watson enseignait depuis maintenant quelques temps, mais il était toujours étonné et heureusement surpris par la naïveté et l'imaginaire de ses élèves.
Quand il parlait de l'ensemble des rationnels, que les mathématiciens avertis nomment Q pour Quotient, n'est-il pas, il n'avait jamais, au grand jamais, songé au jeux de mots que cela créait, et jamais il ne lui serait venu à l'esprit que Q et "cul" se prononcent de même.
Pour Watson le langage mathématiques...Non pardon, le monde mathématiques est un monde à part, abstrait, univers fantasmagorique où chaque chose a sa place et sa fonction et l'occupe avec sérieux et cérémonie. Oui, les Maths étaient une univers à part et parfait de logique et de simplicité. Il ne le liait jamais, dans ses pensées comme dans ses paroles au monde réel qu'il connaissait, qui était si...réel, justement et imparfait.

Aussi quand la classe entière éclata de rire fut-il si surpris qu'il en lâcha sa craie avant de suivre le mouvement, après tout rire n'a jamais fait de mal à personne....a part peut être au Joker ? Il faudrait qu'il revoit le film tiens, rencontrer le personnage ne le tentant guère, même s'ils étaient sans doute voisins. Lorsqu'il interrogea les élèves sur cette hilarité il eut un sourire amusé, ainsi donc c'est ainsi qu'ils réfléchissaient...Dans ce cas, effectivement, proclamer que le "cul" était rationnel avait un effet comique non négligeable. Au moins était-il sur que ses élèves s'en rappelleraient.

Oui, la nature humaine était chaque jour source d'émerveillement et de découvertes pour John, car malgré son âge et ses expériences il gardait un cœur et une âme d'enfant, à sa façon, et puis, avouons-le, il vivait dans un monde à part, et ne venait dans le notre que dans de trop rares occasions.

Il quitta sa salle pour rejoindre al salle des profs, il avait quelques copies à corriger et se réjouissait d'avance de lire des démonstrations saugrenues et farfelues. La dernière en date l'avait marqué : "Si on prolonge E parallèlement à C (un cercle ) on voit bien qu'on obtient un carré de longueur 10 et de largeur 12" Il avait vérifié, et si on prolongeait un point parallèlement à un cercle...et bien on obtenait un cercle, toutefois l'idée l'intriguait et l'amusait. Un autre que lui, et lui aussi d'ailleurs, eut compris que l'élève n'ayant pas la moindre idée de ce qu'il racontait alignait les mots savants en priant pour que la hasard l'aide autant que les singes tapant à la machine pour obtenir du Shakespeare. Mais même s'il comprenait cela il devait avouer que la démonstration ainsi écrite ne manquait pas de poésie, à défaut d'avoir un quelconque sens et une quelconque logique.

Bref c'est donc tout guilleret que John poussa la porte de la salle des profs pour se retrouver face à un Séverus Rogue qui portait bien son nom et semblait bien moins guilleret.

"Oh ! Bonjour cher collègue ! Je ne crois pas qu'on se connaisse ? Je suis le Docteur John Watson, et vous êtes ?"

Et c'est ainsi qu'ignorant totalement la froideur, pourtant clairement affichée, de Severus, Watson entra dans son espace vital avec la ferme intention de lui serrer la main.

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La vie était injuste. Severus le savait depuis longtemps. Jamais elle ne lui avait fait de cadeau. Il était né sorcier chez un père moldu et alcoolique, avait grandi dans un ersatz de foyer et avait intégré Poudlard en même temps qu'une bande de clowns totalement débiles. Par la suite, la vie de Snape ne s'était pas améliorée. Il avait tantôt combattu le Bien, tantôt feint de le combattre, aux côtés du Mal, qu'il combattait réellement. Une vie foutue en l'air pour des idéaux auxquels il n'avait pas toujours cru...
Au final, il se retrouvait au point de départ. Le monde moldu. Un monde qui lui était inconnu, un monde refoulé dans le plus profond de sa mémoire... Un monde qu'il devait apprendre à connaître et essayer de maîtriser au jour le jour.

Les seuls moments heureux que Salazar voulait bien octroyer au Prince de Sang-Mêlé étaient les pauses, les nuits et les... non, c'était tout. Les pauses et les nuits. Et encore, les nuits, il n'était même pas toujours tranquille. Il y avait ce type bizarre qui rôdait dans les couloirs, parfois, et, mine de rien, Severus n'avait pas envie que ce soi-disant "Comte" vienne se mêler de sa vie privée. Ni même de sa vie tout court, à la réflexion.
Et voilà donc qu'un importun venait détruire la quiétude du lieu de repli de Severus. La salle des professeurs était un lieu de repos et de calme. Eventuellement de travail. Mais certainement pas un lieu où il fallait nouer des relations sociales. En tout cas, ça n'avait jamais été comme ça pour Snape. Encore un truc de moldu, sûrement.

Ainsi donc, un moustachu entra dans la salle des professeurs. Assez grand, le maintien droit sans être rigide et cette étincelle qui pétillait dans son regard. Bon sang, si ce type ne venait pas de se présenter à Sev en lui tendant la main, le sorcier aurait juré avoir en face de lui une espère de réincarnation ratée de... eh bien, oui, de l'autre hybride. Remus Lupin. Quelle horreur ! Et un docteur, en plus. Quelle était donc cette mode étrange de se donner toujours des titres et des grades ? Jusqu'ici, Snape avait rencontré un tas de "docteurs", des "capitaines" et avait entendu parler d'un "inspecteur". Des mots qu'il avait dû vérifier dans un dictionnaire pour en saisir le sens.

Severus regarda la main de l'intrus. Il y avait de la craie dessus, mais elle semblait soignée. Cet homme prenait soin de lui, ça se voyait tout de suite. Et sa façon de se tenir, eh bien, s'il avait été un peu voûté ou un peu fatigué, Snape aurait déjà sorti sa baguette pour le menacer. Des vêtements corrects, qui n'étaient pas rapiécés, et un sourire énervant. Oui, il y avait décidément un peu de Remus Lupin dans ce type. Ou en tout cas, il y avait des ressemblances. A moins que Severus ne se fît des idées depuis qu'il avait croisé Tonks dans la ville ? Ce n'était pas impossible... Jordan appelait ça du "surmenage".

Sans répondre à la poignée de main qu'on lui proposait, Snape resta assis et plissa imperceptiblement les yeux.

"Vous croyez bien, on ne se connait pas. Professeur Severus Snape. Mais je n'ai guère envie de discuter."

Zen. Il ne fallait pas agresser les gens tout de suite dans ce monde-ci. Même Dumbledore l'aurait dit. Severus voulait donc éconduire plus ou moins poliment ce moldu pour retrouver sa tranquillité.

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"Vous croyez bien, on ne se connait pas. Professeur Severus Snape. Mais je n'ai guère envie de discuter."

Watson récupéra sa main tendue dans le vide avec un sourire poli et s'éloigna de Severus pour se diriger vers une table.

"Enchanté Professeur Snape, je ne vous dérangerait donc pas plus"

Il sortit de son cartable une pile de copies dont on se demandait comment elles-y rentraient...Sans doute un coup de Mary Poppins, un stylo feutre rouge et commença à lire. L'interrogation portait sur les calculs fractionnaire, un truc horrible que même les étudiants ne maitrisaient toujours pas, l'idée d'ajouter deux objets différents ne les dérangeant manifestement pas, quand Watson trouvait cela déplacé. Mais il n'arrivait pas, encore, à le leur faire assimiler et ce contrôle était effrayant parfois.
Watson découvrait encore le professorat et souriait des bourdes des élèves, cela durerait-il ? Sans doute, le connaissant, mais allez savoir, il parait que c'est un métier usant, même quand on a le feu sacré et la patience de Watson.
Il commença donc à corriger, raturant en rouge vif des énormités, non sans commenter régulièrement, à voix haute, moins pour son collègue que pour lui même, mais le prenant parfois à parti.

" 7 fois 5 égal 30 c'est bien connu évidemment, où avais-je la tête ?"

Il continua après quelques instants de silence seulement troublés par le crissement léger du stylo sur la feuille et le bruit fin et délicat d'une page tournée.

"Et pour soustraire des fractions on soustrait les numérateurs et les dénominateurs entre eux...Comme ça un demi moins un demi ça ne fait pas rien mais une division par zéro...dont ils ne savent sans doute pas que ça tourne aux alentours de l'infini...."

Il se tourna vers son collègue :

"Des fois leur naïveté et leur découverte du monde merveilleux des maths me laisse perplexe, cela ne vous arrive jamais ? Enfin peut être que votre matière est moins mystérieuse à leurs yeux profanes ?"

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Visiblement, ce type – ce Watson – avait plus de savoir-vivre que Lupin. A moins que ce ne soit qu’une impression. À vrai dire, cela n’avait pas grand intérêt et Severus n’avait aucune envie d’en savoir plus. Pour toute réponse aux paroles du moustachu, le sorcier émit une sorte de grognement un peu sourd, mais terriblement éloquent.

Et l’autre s’éloigna et s’attabla.

Snape ne lui accorda plus un regard. Ce n’était pas la peine de se focaliser sur les éléments irritants quand on avait l’occasion de se poser un moment et de se vider un peu la tête. S’il avait pu, il aurait sans doute dormi, là, dans le canapé du studio des professeurs.
Où en était-il, d’ailleurs ? Ah oui, les yeux fermés, les bras croisés… on se détend…
Severus n’avait jamais pu trouver le moindre repos réel ici, mais au moins, il n’y avait pas d’étudiants bourrés d’hormones qui se pressaient dans tous les coins. C’était l’avantage de cette salle. Parce que, bien évidemment, les jeunes n’ayant aucun respect pour l’autorité professorale, ils ne se gênaient jamais pour venir enquiquiner les titulaires de cours dans leurs salles de classe, dans leurs bureaux et parfois même dans leurs appartements privés ! Ce monde courait à sa déchéance, Severus l’avait tout de suite remarqué.

Lui revinrent en mémoire ses premières années en tant qu’enseignant. Il avait dû assurer un intérim de quelques heures à Poudlard, remplaçant le professeur Slughorn qui, à l’époque, avait prétexté un voyage important pour rencontrer un de ses éminents anciens élèves. Cela convenait à Snape. Il avait accepté les heures et avait commencé d’emblée à annoncer la couleur aux élèves. Le cours de potions, à dater de ce jour, ne fut plus jamais le cours préféré d’aucun élève de Poudlard, quelques membres de Serpentard mis à part. Et encore… C’était plus par "sympathie forcée" pour leur directeur de maison qu’ils daignaient afficher un visage motivé à ses cours. Il en était sûr.

Soudain, le sorcier entendit le professeur moustachu se mettre à parler tout seul. Des calculs. De simples calculs de moldu. Pas le moindre intérêt. Il voulut lancer un regard noir et furibond à son collègue, mais celui-ci avait de nouveau la tête penchée sur ses copies. Severus serra donc les dents pour se retenir de jurer et revint à sa méditation.

Jamais il n’avait aimé l’enseignement. Enfin, il ne détestait pas, mais ce n’était pas un rapport très gratifiant (pour l’enseignement, bien sûr, pas pour Snape). Le triangle pédagogique de Houssaye avait beau être un fait avéré et une théorie intéressante, pour lui, des parallèles pédagogiques auraient fait l’affaire. Le professeur et sa matière. Un couple parfait. Eventuellement un public de limaces trépanées, mais cela n’avait rien de nécessaire. S’il avait pu trouver un emploi de chercheur plutôt que d’enseignant, Snape aurait sauté sur l’occasion. Mais dans le monde sorcier comme dans le monde moldu, lorsque les finances personnelles ne suivent pas, il faut trouver un compromis. Les infrastructures de cette université, tout comme celles de Poudlard en son temps, avaient du potentiel. Mais Severus ne parviendrait jamais à faire ajouter les potions au programme de cours de cette faculté.

Le dénommé Watson parla encore. Toujours seul. Peut-être était-il simplement fou, en fait. Severus n’y avait pas songé, trop subjugué par ses réflexions déjà entachées par l’impression d’avoir une réincarnation de lycanthrope miteux et dégénéré en face de lui…
Mais non, les commentaires étaient émis pour les auteurs du ramassis de copies chiffrées que l’homme avait sous les yeux. Jusqu’au moment où le mathématicien l’interpela sur un sujet qui avait le mérite d’être digne d’être abordé. Severus tourna la tête vers son collègue et hocha légèrement le menton.

"Les étudiants n’ont pas les qualités requises pour voir nos cours autrement que comme des obstacles à franchir pour atteindre leur but. Je ne m’attends plus depuis longtemps à ce qu’ils aient la moindre étincelle d’intérêt devant la beauté subtile d’un liquide frémissant puis bouillonnant dans un athanor ou un rectificateur."

Et de tout temps, ça avait toujours été ainsi. Jamais aucun élève, aucun étudiant n’était sorti du lot aux yeux de Snape. Sauf bien sûr ceux qui étaient tellement irrécupérables qu’il fallait toujours surveiller de près leurs chaudrons ou leurs alambics.

"Vous savez, dès qu’il s’agit d’une matière où l’on demande un minimum de sérieux et de rigueur, rien ne va. Pourtant, je leur demande parfois de faire les expériences eux-mêmes… à croire que la chimie amusante n’est que mythe."

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"Les étudiants n’ont pas les qualités requises pour voir nos cours autrement que comme des obstacles à franchir pour atteindre leur but. Je ne m’attends plus depuis longtemps à ce qu’ils aient la moindre étincelle d’intérêt devant la beauté subtile d’un liquide frémissant puis bouillonnant dans un athanor ou un rectificateur. Vous savez, dès qu’il s’agit d’une matière où l’on demande un minimum de sérieux et de rigueur, rien ne va. Pourtant, je leur demande parfois de faire les expériences eux-mêmes… à croire que la chimie amusante n’est que mythe."

Watson hocha la tête, il comprenait cela même s'il le disait avec un ton moins négatif que son collègue. Alors que lui même s'émerveillait de la naïveté des apprenants et de la fragilité de leurs connaissances, tout en œuvrant de son mieux, pas toujours avec succès, à leur transmettre la flamme sacrée qui brulait en lui, Snape semblait au contraire avoir une fort envie de se débarrasser d'eux.
Pourtant l'un et l'autre semblaient partager une passion immodérée pour leur matière, Severus pour els liquides bouillonnants et els mélanges qu'on en pouvait obtenir, Watson pour les nombres, les Complexes, les Rationnels, racine de deux qui avait causé la mort de plusieurs pythagoriciens tant cela bouleversait leur vision du monde et tant pour eux les maths étaient liés à la religion [véridique]; Pi et ses innombrables décimales aléatoire, on dit que si l'on cherchait assez loin l'on pouvait trouver sa date de naissance son numéro de téléphone ou encore les deux à la suite dans l'interminable suite de ses décimales. [véridique²]. Mais comment faire comprendre cette beauté à des étudiants pour qui le mot infini faisait vaguement penser à la ligne d'horizon ? Qui n'avaient pas al moindre idée de ce qu'était un rationnel, ni même un irrationnel, encore moins un nombre transcendant et de comment leur découverte avait pu bouleverser le monde aussi surement que la découverte de la rotondité de la terre.

"Donc vous enseignez la chimie, un art noble s'il en est, Sherlock s'entendrait fort bien avec vous. Moi même si j'en apprécie la beauté je dois avouer que parfois je n'y comprends goutte, je n'ai pas son talent."

Watson, toujours à se dénigrer, toujours à mettre en avant son cher ami et mentor, fidèle à lui même...Ou peut être pas tiens, et s'il décidait de sortir un peu de ce rôle, pour voir ?

"Je suis sur que vous auriez beaucoup à m'apprendre, Sherlock aime à cultiver un certain mystère, et il ne satisfait pas toujours ma soif de connaissance."

Watson songea soudain que Severus avait dit ne pas vouloir discuter, peut être profitait-il du temps de pause pour se reposer l'esprit et méditer ou même dormir, auquel cas il s'était montré fort impoli en le prenant ainsi à parti. Il regarda le professeur, bien installé dans le fauteuil et se senti soudain gêné, comme un gentleman anglais peut l'être quand il sent qu'il pourrait peut être avoir commis un impair et dérangé quelqu'un.

"Je suis navré, parfois en corrigeant je me laisse emporter, vous disiez vouloir vous reposer et je ne voudrais pas abuser de votre temps en m'imposant comme élève, vous devez surement avoir déjà beaucoup à faire."

Et tout en attendant une réponse il se laissa à aller à imaginer la tête de Sherlock s'il parvenait, ne serait-ce qu'une fois, à l'étonner. Oh il savait bien qu'il était précieux avec sa naïveté sans cesse renouvelée, avec sa fraicheur que Sherlock avait perdu depuis longtemps, mais cela n'empêchait pas de vouloir, un jour, égaler son maitre, même s'il savait cela impossible. Il imaginait les yeux de Sherlock s'agrandir, comme lorsqu'il découvrait soudain un indice primordial jusque là dissimulé ou lrosque Watson, sans le savoir, lui donnait la clé de l'énigme. il imaginait sa légendaire pipe tombant à terre sous l'effet de la surprise et cela le réjouissait de pouvoir ainsi épater son ami.

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Voyant son interlocuteur hocher la tête au fur et à mesure qu’il parlait, Severus commença tout doucement à se dire que ce type-là avait peut-être plus de bon sens que l’hybride auquel il lui avait fait penser immédiatement. L’avait-il jugé trop vite ? En règle générale, Snape se faisait rapidement une idée concernant les gens à qui il avait affaire. Il savait d’emblée lesquels allaient l’ennuyer ou l’énerver et lesquels méritaient son attention et son respect.
Cet homme avait peut-être l’apanage de ceux à qui le sorcier pouvait accorder une seconde chance. Il avait au moins le mérite d’accepter la mauvaise humeur de Snape avec assez de complaisance pour ne pas l’insulter, ce qui était déjà une marque de grande patience. Finalement, il avait peut-être un peu d’Albus Dumbledore aussi, ce Watson.

Cela, Severus en fut un peu plus convaincu en entendant son collègue accorder à la matière que le sorcier enseignait un adjectif qui faisait toujours penser à la subtilité de l’art des liquides réactifs… "Noble"… C’était vrai, après tout. La chimie, si ce n’était pas vraiment le domaine de prédilection du Prince de Sang-Mêlé, avait tout de même quelques similitudes avec l’élaboration des potions. Et c’était pour cela que, tant bien que mal, Snape avait jeté son dévolu sur cela, pensant, un peu à tort, faut-il le dire, que cela serait presque la même chose que de préparer la goutte du mort-vivant, le veritaserum ou le polynectar.

"Je ne connais pas ce Sherlock. Vous n’avez peut-être pas son "talent pour la chimie", mais il serait logique de penser – ou plutôt d’espérer – que vous avez développé ce talent dans autre chose… les mathématiques, par exemple."

C’était la moindre des choses pour un professeur. Le petit rictus qu’afficha l’ancien directeur de Serpentard était éloquent. Ce qu’il venait de dire n’avait rien de désobligeant de son point de vue. C’était même presque un début d’éventuel compliment. Et quand ce John évoqua le fait que Snape pouvait lui apprendre beaucoup, le sorcier modifia légèrement son expression faciale, passant du rictus à une absence totale de courbe sur ses lèvres.

"Je ne suis pas sûr d’être le mieux placé pour apaiser votre soif de savoir, Watson. Mais en cas de besoin, je suppose que je me tiendrai à votre disposition."

Il était parfois difficile de ne pas confondre les termes de chimie moldue et ceux de maîtrise des potions. C’était un travail constant sur soi, il fallait sans cesse se surveiller et être attentif à chaque mot qu’on utilisait. Quelque chose d’éreintant.

"Ce n’est pas l’endroit idéal pour se reposer, mais c’est encore le lieu le plus tranquille. Continuez donc, je pense que je vais lire un peu."

Severus se leva et se dirigea vers la mallette de cuir de dragon noir qu’il utilisait pour ranger ses affaires. Il avait toujours mis un point d’honneur à ne pas laisser deviner qu’il n’était pas comme tout le monde. Alors le livre qu’il sortit de son sac n’avait rien d’un grimoire, c’était un simple manuel d’utilisation d’un ordinateur. Un mode d’emploi, dit en clair.
Jordan avait beau guider Snape dans ses premiers pas dans le monde moldu, l’homme détestait avoir à dépendre des autres… et surtout d’une femme, moldue qui plus est !
Son ouvrage à la main, il retourna s'asseoir. Salazar, s'il avait été seul, Snape aurait fait du café grâce à sa baguette, mais il ne pouvait pas. Et le percolateur et lui, ça faisait deux. Voire plus, selon le point de vue.

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"Je ne connais pas ce Sherlock. Vous n’avez peut-être pas son "talent pour la chimie", mais il serait logique de penser – ou plutôt d’espérer – que vous avez développé ce talent dans autre chose… les mathématiques, par exemple."

La phrase était étrangement tournée et un instant Watson se demanda comment al prendre, et puis il décida que, comme Sherlock, cet homme était là en train de tourner un compliment, mal, certes, mais un compliment tout de même. Il semblait avoir la même difficulté à être aimable que son ami de toujours et cela fit sourire Watson intérieurement. Il fallait croire que ce genre de gens l'attiraient pour qu'il se retrouve si souvent en leur compagnie.

Quant à assouvir sa soif de connaissances il n'avait pas accetpé, mais il n'avait pas non plus refusé, laissant une porte entrouverte, cela ressemblait également fortement à Holmes cela, il ne s'engageait pas, mais il ne s'éloignait pas non plus. Décidément le professeur Snape allait lui plaire, c'était une évidence.

Il retourna donc à ses copies, se retenant de s'exclamer à chaque absurdité ou jolie démonstration, appréciant en silence les démonstrations les plus réussies tout comme les plus farfelues, grinçant légèrement des dents à quelques calculs littéraux bien amochés par leur auteur qui confondait tout et ne maitrisait pas, à son âge, la notion de variable et d'inconnue, cherchant à résoudre quand on ne le lui demandait pas et cherchant au contraire à simplifier quand il fallait résoudre. Le monde des Maths devait être bien nébuleux à leurs yeux pour qu'ils écrivent de telles absurdités qui en devenaient presque poétiques.

Il soupira à la fin de son paquet de copies et se leva pour faire quelques pas, sa nuque engourdie d'avoir été trop longtemps penchée lui rappelait qu'il n'avait plus vingt ans. Il jeta un regard circulaire dans la pièce, les casiers dans le fond... Ah! mince ! il devait avoir encore quelques copies là dedans, quelques retardataires. Il se dirigea vers le casier pour le trouver bien plus rempli qu'il ne le craignait et décida de se faire un café ou un thé pour l'aider. Il alla donc dans la kitchenette équipée et observa le percolateur d'un œil curieux et presque effrayé.

"Je m'en veux de vous déranger de nouveau mais...auriez vous la moindre idée de la façon dont cet animal fonctionne ?"

Il s'était tourné vers Snape et montrait le percolateur d'un geste éloquent, son visage exprimant la plus extrême perplexité.

"Je suis sur que c'est d'une facilité enfantine voyez-vous mais le monde moderne m'est encore étranger, je n'arrive pas à m'y habituer, c'est idiot, je sais...Mais que voulez-vous, ce n'est pas faute d'essayer."

Et son visage exprimait en effet une impuissance et un certaine énervement ainsi qu'une pointe de fatalisme, il n'était pas fait pour ce monde, c'était une évidence. Il avait fini, peu à peu par se faire à la machine à écrire puis à l'ordinateur, et encore, ses étudiants se moquaient de ses cours manuscrits, mais c'est qu'il n'avait pas encore réussi à trouver comment écrire des fractions sur un traitement de texte, et il ne savait à qui demander ce genre de précisions.
Le monde moderne avait, sans nul doute, de grands avantages mais Watson n'était pas fait pour lui, il en était conscient et n'y trouvait pas sa place.

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Jamais Severus n’avait encore rencontré de collègue dans cette salle avant celui-ci. Il faut dire qu’il venait tellement souvent se mêler au commun des mortels que le sorcier avait fini par y venir pour éviter qu’on ne dise de lui qu’il n’était pas vraiment réel ou ce genre de choses. En somme, il ne voulait pas éveiller les soupçons.
Être chez les moldus rendait la vie de Snape bien complexe. Il n’était plus question pour lui de nettoyer son matériel à la baguette magique – du moins jamais en présence d’autrui –, tout comme il ne pouvait utiliser ladite baguette pour nulle autre chose. Ça aurait été tellement facile ! Par exemple, il n’aurait pas à s’embarrasser avec ce mode d’emploi de machine moldue. Un coup de baguette vers la machine infernale aurait certainement suffi à la faire fonctionner et en la bidouillant un peu, peut-être à la façon de Weasley senior, il devait même y avoir moyen de la faire écrire ce qu’on lui dictait. Mais le détournement d’objets moldus était interdit et faire cela alors qu’il prenait tout un tas de précautions, ça aurait été vraiment indigne d’un Serpentard.

Le sorcier s’attelait à sa tâche, lisant ce manuel en essayant de comprendre la syntaxe étrange qui s’étalait sous ses yeux. S’il avait su que tout était si difficile, Severus aurait choisi l’option d’étude des moldus, lors de sa scolarité à Poudlard ! Peut-être aurait-il eu un dictionnaire moldu-sorcier, ce qui lui aurait été vraiment utile… Mais à l’époque, il ne pouvait pas prévoir… d’ailleurs, les prévisions, il n’y croyait pas. Surtout celles qui venaient d’une vieille toupie hystérico-démente empestant le xérès à des lieues à la ronde. Non, il avait choisi un chemin et il se devait de le suivre, désormais.

Le collègue de Sev retourna à sa table et continua à corriger calmement, tandis que le sorcier malmener son mode d’emploi tout en se triturant les méninges dans tous les sens. A force, toutes ses circonvolutions allaient devenir des championnes de la contorsion !
Et tous ces mots bizarres qui se suivaient, c’était une horreur, une véritable calamité ! L’auteur de ce mode d’emploi – un illustre inconnu dont on n’avait même pas jugé utile de reproduire le patronyme sur la couverture de basse qualité – devait être un érudit au langage supra-soutenu ! les tournures de phrases étaient parfois alambiquées, à tel point que Snape se demandait si Jordan était, elle-même, capable de tout comprendre. Cette littérature des modes d’emploi était-elle à la portée de tous les moldus ? Non, il devait forcément y avoir des ignares et des analphabètes, des pas doués et des débiles… En cela, le monde sorcier et le monde moldu se ressemblaient assez.

Severus ne vit pas tout de suite que son collègue s’était levé, il entendit le bruit caractéristique du casier trop rempli qu’on ouvre juste à temps avant qu’il n’explose. Les casiers, c’était comme les chaudrons, il fallait y aller doucement avec eux. Snape l’avait vite compris. Il aurait bien voulu mettre dans le sien une bestiole capable d’avaler la main de quiconque essaierait de lui refourguer du boulot supplémentaire, mais avait abandonné l’idée en voyant qu’on lui remettait la majorité du courrier interne et des copies dans la boite aux lettres de son bureau, à côté de la salle de chimie.

Puis Watson appela Severus pour la machine-moldue-servant-à-faire-du-café… Le sorcier balança de bonne grâce son détestable mode d’emploi sur le canapé et se rendit à son tour dans la petite cuisine de la salle des professeurs. D’un œil méfiant, il observa la machine, avant de plisser les yeux.

"Vous aussi vous préférez le café à l’ancienne ? Il doit bien y avoir ici de quoi se contenter…"

Une parade pour ne pas avouer son manque de connaissances à ce sujet. Severus ouvrit une armoire, puis une autre et une troisième. Il en sortit un paquet de café moulu, des tasses et des cuillères. Au moins, il y avait de quoi manger le café moulu si jamais aucune meilleure solution ne s’imposait.

Finalement, dans un recoin d’une étagère, le sorcier trouva une cafetière italienne. Ces espèces d’objets métalliques où il suffisait de mettre de l’eau dans le récipient du dessous, du café moulu dans l’espace prévu pour cela et de poser le tout sur une source de chaleur. Fier de sa trouvaille, il esquissa un minuscule sourire. Il ne savait peut-être pas faire fonctionner un percolateur, mais au moins, il avait la présence d’esprit de chercher un peu autour de lui pour trouver une solution.

"Voilà qui devrait nous convenir."

Il brandit l’objet – son trophée – devant le mathématicien, avant de constater qu’il n’y avait pour toute source de chaleur utilisable ici pour la cuisine, qu’une espèce de petite armoire ressemblant à s’y méprendre à un parallélépipède rectangle contenant un disque. Pas moyen de revenir sur le nom de ce truc, mais Sev avait plus d’un tour dans son sac : il y avait carrément un réchaud de sa salle de chimie. Avec un peu de chance, il pourrait l’actionner magiquement et faire croire à son collègue qu’il avait mis dans le tout petit réservoir un truc moderne pour faire chauffer les choses… Sitôt pensé, sitôt fait. Snape s’empara du petit réchaud qu’il posa non loin de l’endroit où un robinet lui permit de remplir la moitié de la cafetière italienne avec de l’eau.

"Voulez-vous regarder s’il n’y a pas du lait dans l’armoire blanche, là-bas ?"

Il en profiterait pour jeter un tout petit coup de baguette sur le réchaud. Ça ne pourrait pas faire de mal et puis ce serait discret.

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Severus avait eu sur la machine un regard sans doute assez semblable au sien et Watson se sentit rassuré, il n'était pas le seul à se sentir perdu avec toute cette technologie, devoir appuyer sur des boutons pour faire du café lui en donnait, des boutons, justement.

"Vous aussi vous préférez le café à l’ancienne ? Il doit bien y avoir ici de quoi se contenter…"

Severus se mit à chercher, Watson l'imitant, mais, comme à son habitude, il fut plus lent, ou moins observateur, ou moins chanceux et c'est Severus qui exhiba la vieille cafetière italienne.
Watson ignorait également son fonctionnement, il était plus adepte du thé, mais ici ils ne savaient plus le faire, ils le faisait bouillir, déjà ce qui était une hérésie pour notre anglais, ils le broyaient pour le mettre dans des petits sachets dont l'agrafe métallique laissait un gout de rouille dans la boisson et c'était à croire qu'ils ne savaient plus elf aire pousser car même avec du vrai thé pas en sachet il n'avait pas le gout d'antan, en plus ils s'acharnaient à le parfumer avec des choses exotiques, mangue, menthe, jasmin, quand le thé se suffisait à lui même, s'il était bien préparé.

"Voilà qui devrait nous convenir.Voulez-vous regarder s’il n’y a pas du lait dans l’armoire blanche, là-bas ?"

L'armoire blanche était en fait un réfrigérateur et Watson l'ouvrit, la porte lui cachant totalement les mouvements de Severus, il y trouva du lait et même un restant de gâteau au chocolat qu'il sortit également. Quand il referma le frigo le réchaud semblait fonctionner à merveille et la cafetière était déjà posée dessus.
Il sortit deux tasses et les posa sur la table à coté du lait, du gâteau et des petites cuillères qu'il était allé rechercher en même temps que le sucre. Il laissa le soin à Severus de gérer la cafetière toutefois, regrettant le thé de Mrs Hudson.

"Ça ne vaut pas un thé, mais un bon café me fera du bien, j'ai encore une quantité impressionnante de copies à corriger, je ne me rappelais pas avoir donné tant de devoirs."

Watson s'était assis et rangeait ses copies en deux tas un, petit, de copies corrigées dont il aurait juste à recopier els notes dans son carnet et un autre, plus grand, bien plus grand de copies à corriger. Il éloigna les deux tas vers le centre de la table afin d'avoir de la place devant lui et coupa le reste de gâteau en deux, attendant que Snape apporte le café.

Invité

Le café, c’était la boisson rituelle de la salle des professeurs. Sans doute parce que tout enseignant a besoin d’un petit remontant après avoir eu affaire à une bande de cancres indécrottables et particulièrement éreintants. Il fallait bien quelque chose pour éviter de se laisser trop fatiguer par ces parasites. Le café s’avérait être un excellent moyen de rester éveillé. Seulement, quand on passe de l’enseignement dans une école de sorcellerie à celui, ô combien différent, des écoles moldues – et ce, peu importe le niveau d’études auquel il fallait se consacrer –, ce n’est vraiment pas simple de comprendre la manière de préparer le café.

Depuis qu’il était dans cette ville, Severus avait bien compris que les moldus avaient inventé un tas de machines pour pallier leur molducité. Ainsi, au lieu de transplaner pour se rendre d’un point A à un point B, les moldus utilisaient différentes machineries : ascenseur (ou boite-qui-monte-et-qui-descend, dans le jargon snapien), automobile (boite-à-roues-se-déplaçant-sur-un-sol-synthétique), sans parler du train souterrain, une sorte de Poudlard Express mais sans cheminée et avec des wagons qui ressemblaient à des boites pour ranger les plumes. Bref, si les moldus n’avaient pas de magie en eux, ils essayaient au moins de combler ce manque à leur manière, en inventant des trucs bizarres qui ne devaient, finalement, plaire qu’à des molduphiles comme Arthur Weasley.

Une fois que Watson avait eu le dos tourné, le sorcier avait fait usage de sa baguette et avait alimenté magiquement un feu sur lequel il avait posé la cafetière italienne. Heureusement qu’il avait toujours préféré préparer lui-même ses boissons, sinon, Severus eût été bien en peine de réagir. Mais grâce au manque de confiance qui le caractérisait envers les elfes de maison, l’ancien Serpentard pouvait se permettre de faire lui-même le café. Tout comme il était encore capable de préparer du thé ou un grog. Avec le chocolat, il avait plus de mal, l’aliment ayant la fâcheuse tendance à lui rappeler le lycanthrope Lupin voire carrément sa jeunesse à Poudlard. Mieux valait éviter.

Dans la kitchenette, le bruit caractéristique de la porte de l’armoire blanche qu’on ouvre et qu’on ferme, puis le cliquetis des tasses et des cuillères se firent entendre. Snape avait choisi le beau rôle, finalement. Il n’avait rien à faire à part marmonner une petite formule de temps en temps, à voix très basse, pour que la flamme permette à l’eau de s’évaporer pour passer, sous la forme d’un gaz, dans le filtre à café, avant de se condenser dans la partie supérieure de l’ustensile roman. Tout un art, en soi, qui se rapprochait fort de ce qu’il fallait faire pour certaines potions.
Enfin, au bout de quelques minutes, le café fut fin prêt et Severus rejoignit son collègue à la table, apportant son trophée métallique qu’il posa sur le meuble tandis que Watson parlait de thé. Severus servit le café, tout en répondant à son interlocuteur, d’une voix égale.

"Vous prendrez un thé chez vous. De toute façon, il n’y a ici que des sachets à infuser. Une horreur sans saveur.
Pour les copies à corriger, je procède comme ceci, pour ma part : après avoir rencontré dix fautes, que ce soient des erreurs d’orthographe, de contenu ou de formules, je leur colle un « minable » sur la copie et je passe à la suivante. Croyez-moi, en une heure, vous aurez corrigé cinquante devoirs facilement."

Il y avait aussi la méthode de l’escalier : il suffisait de se placer en haut d’une volée d’une vingtaine marches et de jeter les copies d’élèves vers le bas, puis de les noter en fonction de leur place sur l’escalier. Première marche = 1/20, dernière marche (c’était rare) = 20/20. Mais Snape gardait cette méthode bien pour lui. Pas question de partager ses petits secrets avec un quasi parfait inconnu.

Dans les tasses, le café noir fumait et exhalait une odeur aussi agréable à sentir que celle qui émanait des chaudrons de Felix Felicis. Sev avait toujours été doué pour le café, c’était un véritable don, chez lui.

Invité

Le café exhalait son parfum doux amer dans toute la salle et Watson l'apprécia à sa juste valeur : une pause bien méritée.
Il se servit, ainsi que son vis à vis avec un empressement presque enfantin et garda al tasse entre ses mains savourant cet instant avant de goûter le breuvage, délicieux au demeurant. Il félicita son interlocuteur d'un regard muet mais expressif et se décida à répondre à ses dernières paroles, posant presque à regret la tasse devant lui.

" Oui, le thé n'est plus ce qu'il était, c'est imbuvable, les gens ne savent plus prendre plaisir à des choses simples et pourtant si exceptionnelles et indispensables. Comment profiter d'une pause de détente avec ce breuvage infect qu'ils osent nommer du thé."

Watson secoua la tête, cette nouvelle habitude des gens modernes, comme les sonneries stridentes et les voitures trop rapides et bruyantes et enfumées...Il ne s'y faisait pas, il ne comprenait pas, à croire que l'homme moderne n'avait plus de sens, ni de bon-sens d'ailleurs et qu'il recherchait, dans une course effrénée, des conforts dont on pouvait se passer au prix de plaisirs indispensables.

"Votre méthode doit être terriblement efficace, si je faisais cela toutes les copies seraient gratifiées du terme "minable", sans doute devrais-je acheter un tampon même"

Watson sourit, sans ironie ni joie, un simple constat de l'échec des élèves, échec qu'il constatait chaque jour avec plus de clarté et un désespoir accru, une crainte aussi car ces jeunes gens étaient l"Amérique de demain.

"Je suis moins exigeant je l'avoue, c'est peut être un tort...qui sait, peut être qu'en en demandant plus on obtient plus ? Qu'en dites vous, vous qui êtes exigeant, avez vous un fort taux d'élèves sérieux et ayant de bons résultats dans vos classes ?"

Il but une nouvelle gorgée de café avec un plaisir non dissimulé et ajouta

"Il est vraiment excellent votre café."

Puis attendant la réponse de son interlocuteur il garda ses mains autour de la tasse placée non loin de son nez, profitant des effluves parfumés de la boisson chaude.

Invité

Bizarrement, être assis là, en compagnie d’un collègue capable d’apprécier les bonnes choses dues à son talent certain plaisait à Severus. Oh, bien sûr, ça ne lui faisait pas éprouver le plaisir confus et étouffant qu’il trouvait lorsqu’il s’adonnait à sa passion des breuvages magiques ou de la magie noire – qu’il pratiquait nettement mois à présent, faut-il le dire – mais c’était un moment somme toute intéressant, dans le sens où la salle des professeurs ne regorgeait pas de brouhaha incessant et permettait alors une conversation plus sérieuse et moins chaotique. Et puis, ce mathématicien avait l’air moins agaçant que Remus Lupin, finalement.

"Les Américains sont incapables de fournir du thé de qualité. Je commande le mien en Angleterre, il n’y a que là qu’il est bon."

A la réflexion, les Américains étaient incapables de fournir bien d’autres choses que Snape aimait. A croire qu’ils le faisaient exprès. Le thé n’était qu’un exemple parmi tant d’autres. Et Severus avait beau avoir vécu son enfance dans un milieu mi-moldu mi-sorcier, il n’avait pu apprécier la juste valeur des choses que dans le monde magique, ô combien plus fourni et plus précieux.
Dans le coin, Severus n’avait même pas trouvé la moindre quincaillerie capable de lui fournir un chaudron en bronze de taille 3, avec touilleur à six vitesses. Pourtant, il en avait visité des quincailleries !

Buvant un peu de son café et dédaignant le gâteau – symbole sucré et terrifiant de l’enfance heureuse aux yeux du sorcier – il écouta son vis-à-vis attentivement, cherchant ce qui pouvait bien pousser cet homme à essayer de comprendre ses méthodes. Le tampon "Minable" était une bonne idée. Il faudrait y penser. Enfin, lui, un coup de baguette et le mot s’étalait en rouge sang sur la plupart des copies, il lui suffisait de jeter un coup d’œil au devoir de chaque élève, de classer les copies en deux tas et de lancer le sort sur la bonne pile. Un jeu d’enfant. Mais mieux valait ne pas trop penser à cela. L’idée du tampon était bonne et, au fond, c’était l’essentiel. Ce professeur de mathématiques n’était pas un bon à rien.

"Un tampon encreur… oui, pourquoi pas… Avec l’habitude, je ne songe même pas à me faciliter la vie de cette façon."

Salazar ! qu’il était frustrant de ne pouvoir parler qu’avec des phrases pouvant être comprises de deux manières ! il fallait sans cesse chercher le bon mot, la bonne formulation et ne jamais se laisser aller à une conversation suivie… Même pour insulter les gens, il fallait prendre un maximum de précautions, un peu comme quand il manipulait un éruptif, mais avec la parole.

"Non. Les étudiants ne pensent pratiquement qu’à s’amuser. Aucune discipline, aucune volonté et certainement pas la moindre once d’excellence. Les valeurs ont changé et la durée des études s’est allongée. Je ne vois pas d’autre explication."

Après avoir dit cela, Snape prit une autre gorgée de café. Il regrettait souvent l’époque où il pouvait mettre en exergue un élève de Serpentard qui aurait eu un E dans son cours (Drago, par exemple), écraser un Gryffondor ayant T (Londubat, pour ne pas le citer) ou rabaisser une miss Je-sais-tout incapable de quoi que ce soit sans ses précieux livres. C’était le bon temps, tout ça…
Le sorcier répondit au compliment de son interlocuteur par un léger hochement de tête. Bien sûr que son café était excellent. Il l’avait toujours été. Même avec des instruments moldus. C’était toujours ça…

Invité

"Les Américains sont incapables de fournir du thé de qualité. Je commande le mien en Angleterre, il n’y a que là qu’il est bon."

Quelle idée intéressante, se fournir en thé anglais, Watson n'y avait pas songé, il faut dire, il l'avouait lui même sans honte, que la rapidité des transports, les importations/exportations, tout cela dénotait tant de son monde qu'il ne s'y était pas encore vraiment habitué, et l'idée d'avoir du thé anglais en Amérique en moins de 3 semaines, et encore, si on trouvait un fournisseur, lui semblait tout droit sortie d'un conte de fée ou d'un livre de magie.

"Quel idiot je fais, j'oubliais les transports modernes et leur rapidité ! Vous me diriez où vous le commandez ? Cela me serait un plaisir ineffable que de boire de nouveau du vrai thé anglais, et pas leur saleté aromatisée et en sachet. "

"Un tampon encreur… oui, pourquoi pas… Avec l’habitude, je ne songe même pas à me faciliter la vie de cette façon."

Watson eut un demi sourire, c'était une vieille blague de son professeur de mathématiques dans le temps, au sujet des identités remarquables, trois égalités que personne ne parvenait à retenir - il faut bien admettre que personne n'essayait vraiment en même temps - mais ils avaient fini par y arriver quand le professeur les leur avait fait recopier 20 fois chaque jour jusqu'à ce qu'ils les sachent. Étonnant comme la perspective de recopier stimulait la mémoire des jeunes. Watson sourit et nota ce souvenir et cette méthode, à laquelle il n'avait pas encore songé, dans un coin de sa mémoire.

"L'idée n'est pas de moi, mais je la trouvais drôle du temps où j'étais élève, mon professeur voulait un tampon "Apprenez votre cours" et il ajoutait parfois "Espèce de fainéant !" . Remarquez maintenant on ne peut plus les traiter de fainéants, ils s'offusquent, ils ont passé 5 minutes à relire leur leçon, quand ils sont sérieux, et ils appellent ça réviser, nous n'avons pas la même définition du travail eux et moi je crois."

Il soupira avec philosophie tandis que Snape en rajoutait :

"Non. Les étudiants ne pensent pratiquement qu’à s’amuser. Aucune discipline, aucune volonté et certainement pas la moindre once d’excellence. Les valeurs ont changé et la durée des études s’est allongée. Je ne vois pas d’autre explication."

"Je crois que c'est ça le problème oui, ça et le fait que...Ils n'en voient pas l'intérêt, pour eux l'éducation est imposée par leurs parents, nous nous la recherchions, pour quitter nos parents justement. Et puis nous pouvions nous faire renvoyer, maintenant on ne peut plus faire cela...Ni les mettre au coin, ça mettait pourtant du plomb dans la cervelle."

Il sourit, lui même avait passé quelques temps au coin, particulièrement en cours de littérature, et maintenant il était écrivain, médecin, professeur de mathématiques...Oui, vraiment l'éducation stricte qu'il avait subi avait porté ses fruits, il le voyait maintenant.

[HRP : là aussi désolée pour le retard.]

Invité

Etait-il possible que Severus ait rencontré par hasard un compatriote? Tout semblait l'indiquer, au fond, et le sorcier songea qu'il lui fallait être d'autant plus prudent : si jamais ce Watson avait entendu quelque chose à propos de la guerre qui avait secoué le monde magique, il était du devoir de Snape d'endormir sa méfiance et d'expliquer ces faits par des arguments typiquement moldus...
En attendant, puisqu'on parlait de thé, un autre problème se posa à Severus : Watson voulait savoir où Snape commandait son thé anglais... à vrai dire, c'était du thé qui venait tout droit des boutiques sorcières... Et là, Snape ne pouvait rien pour Watson.

"Eh bien, c'est un ami qui me l'envoie, en réalité... Je lui en demanderai plus la prochaine fois, mais je pense que trouver un bon fournisseur n'est pas bien difficile... Il y a ce réseau où on trouve de tout... le Wep, où vous trouverez sans nul doute une bonne adresse."

Verdict ? hum, Snape pensait s'en être tiré à bon compte. Il n'était plus certain du nom de ce fameux réseau, mais il lui semblait que Jordan avait parlé de "Wep".

Le tampon encreur pour aller plus vite, c'était décidément une idée pas trop mauvaise... surtout venant d'un moldu. Bien sûr, un sorcier aurait juste eu un coup de baguette à donner, mais il allait de soi que les moldus devaient se débrouiller autrement pour se faciliter la vie.
Quant aux élèves, eh bien, il fallait reconnaître que les moldus avaient la même tendance que les sorciers. Partisans du moindre effort, à quelques exceptions près, et surtout, n'ayant aucune ambition pour faire quelque chose de leur vie.

"Et même si l'on fait tout pour rendre les cours plus concrets, ça ne change pas grand-chose. Ils ne veulent pas apprendre. A les entendre, on pourrait croire qu'ils savent déjà tout et que nous ne servons à rien..."

C'était sans doute ce qui avait le plus interpelé Snape lorsqu'il avait commencé à enseigner chez les moldus. Ils étaient aussi bêtes et aussi peu travailleurs que les élèves sorciers.

Invité

"Eh bien, c'est un ami qui me l'envoie, en réalité... Je lui en demanderai plus la prochaine fois, mais je pense que trouver un bon fournisseur n'est pas bien difficile... Il y a ce réseau où on trouve de tout... le Wep, où vous trouverez sans nul doute une bonne adresse."

Ah oui! Il y avait ouvert un...truc où on raconte sa vie dont il avait oublié le nom....M'enfin il n'arrivait pas à y trouver grand chose, chaque fois qu'il l'ouvrait il tombait sur des images de filles dénudées, des femmes de mauvaise vie manifestement qui, la plupart du temps faisaient des grimaces devant des membres masculins plus soigneusement cachés par un rectangle noir que les sein,s trop généreux pour être honnêtes, de ces demoiselles. Du coup il n'y allait plus trop, il n'arrivait encore pas à comprendre comment en tapant "viole" dans google pour se renseigner sur cet instrument du passé, il était tombé sur un site de ce genre.
Il savait que google venait de gogol, un nombre mathématique très grand : 10 puissance 100 pour être exact et avait été choisi pour exprimer la diversité et le nombre effarant de résultats proposés, [véridique]mais coté diversité Watson trouvait surtout des trucs cochons et ce n'était pas vraiment son truc.
Bref, il n'avait guère envie d'y chercher son thé, il craignait trop ce qu'il pourrait trouver d'autre.

"Et même si l'on fait tout pour rendre les cours plus concrets, ça ne change pas grand-chose. Ils ne veulent pas apprendre. A les entendre, on pourrait croire qu'ils savent déjà tout et que nous ne servons à rien..."

Watson réprima un sourire, son professeur, dans le temps, disait pareil, sans doute rien ne changeait-il jamais.

"Espérons que cela leur passera comme cela nous passa, sinon...on ne fait pas avancer une mule qui a décidé de reculer disait mon père, un homme plein de bon sens."

Et pourtant Watson ne cessait d'essayer, se reprochant le manque de travail de ses élèves, même si la partie raisonnable de son être savait, pertinemment, que ce n'était pas sa faute. Il termina son café en mordant dans un gâteau et sourit au professeur.

"Enfin, tant qu'ils ne comprennent pas que leur avenir est plus en jeu que le notre...On ne peut pas grand chose pour eux."

Invité

Ce professeur avait un petit quelque chose. Severus avait bien compris qu’il s’agissait d’un moldu britannique, mais il semblait avoir au moins autant de difficultés que lui avec les machins bizarres que les moldus américains avaient installés partout. Etait-ce propre aux Etats-Unis ? Sans doute pas, avec les moyens technologiques actuels, les connaissances des moldus se répandaient aussi rapidement que le contenu d’un chaudron renversé. Alors pourquoi ce mathématicien n’y avait pas pensé par lui-même ?

Severus ne surenchérit pas. Il n’y avait rien à surenchérir, d’ailleurs, car déjà le dénommé Watson parlait des élèves. Il n’avait que cela à la bouche, celui-là ? Snape eut un rictus mauvais avant d’avaler le contenu de sa tasse et de répondre aux propos de son collègue.

"Je crains que ce ne soit peine perdue. Tout a changé dans le monde et il n’est pas évident pour nous de comprendre ce dont il s’agit. Quoi qu’il en soit, il semblerait que le phénomène de l’adolescence se prolonge au-delà des limites qui la cantonnaient par le passé. Nous sommes dans une société où l’âge adulte a beaucoup reculé. Et les étudiants ne sont qu’un exemple parmi d’autres pour appuyer cette idée."

Lorsqu’il était jeune, Snape avait toujours été passionné par ses études. Il voulait donner le meilleur de lui-même et devenir quelqu’un. Il avait grandi et mûri en gardant cela bien en tête. Et cela avait porté ses fruits. Mais déjà à l’époque, certains jeunes de son âge étaient de véritables gamins, qui préféraient s’amuser et rire plutôt que travailler à leur avenir. Les idiots. Severus les avait toujours méprisés. Il avait très vite compris que de prestigieuses études pouvaient le mener très loin. Peut-être était-ce parce qu’il était quelqu’un qui sortait de l’ordinaire, tout simplement, mais il ne s’était jamais vraiment senti "comme les autres" sans toutefois en être trop éloigné pour autant.

Le sorcier avait pu se rendre compte que les élèves et les étudiants, sorciers comme moldus, avaient au moins en commun ce phénomène d’inconscience de l’avenir. Aucun d’eux n’était en mesure de prendre sa vie en main avant un certain âge. Les temps avaient bien changé.

Invité

L'augmentation de la durée de vie en est sans doute en partie responsable, ça et les consoles où l'ont peut sans cesse recommencer, ils y jouent même pendant mon cours parfois

Watson grimaça, il adorait son métier et ses élèves, mais certains avaient manifestement remarqué son flegme tout britannique et tentaient de le faire sortir de ses gonds, il avait ainsi eu droit à des inscriptions sur sa porte, des blagues d'étudiants, minimes sans doute pour l'époque, mais qui de son temps se seraient soldées par une correction bien méritée faite par des parents concernés.

Et puis les parents...

Watson se rappela encore de ce qu'avait dit l'un d'eux dernièrement
"Vous êtes professeur depuis si peu de temps, comment pouvez-vous savoir ce que mon fils vaut"
Son fils ne savait sans doute pas compter jusqu'à 100, mais comment le lui dire sans être blessant ? Car Watson avait gardé de son éducation ce besoin impérieux de ne jamais se montrer blessant vulgaire ou impoli. Il était même tellement occupé à surveiller chacune de ses paroles que parfois il lui semblait qu'il en oubliait de regarder autour de lui et de voir tous les changements apportés depuis son époque. Il secoua la tête et reprit le cours de sa phrase

Les parents sont moins concernés qu'avant, et plus insolents, de mon temps un professeur avait toujours raison, même s'il avait tort, maintenant...Le professeur a toujours tort, même s'il a raison. Et les enfants sentent cela, si leurs parents sont insolents, ils le sont aussi.

Il soupira et termina son café avec un léger sourire face à l'amertume bienvenue de la boisson.

Invité

Merlin, dans quoi s'était encore fourré Severus ? La salle des professeurs, c'était pourtant un endroit calme où on pouvait trouver de la tranquillité, non ? Du moins, c'était censé être un lieu où il devait éventuellement être envisageable d'être tranquille. Enfin, ça, c'était la théorie, bien sûr. Car en vérité, dans toutes les salles des professeurs du monde - magique ou moldu, d'ailleurs, selon toute apparence - il n'était pas possible d'avoir un moment de silence pur et simple.
Mais soit, c'était ça le prix à payer, sans doute, pour ne pas être harcelé par une bande d'étudiants boutonneux et bourrés d'hormones. Alors, autant faire avec ce qu'on avait et prendre sur soi. Car ce soir, après les cours, Snape rejoindrait les caves du 109 rue du Septième Art... et là, il pourrait exercer son art à lui, subtil et tout en finesse, à l'abri des regards indiscrets.

"De toute façon, ils ont toutes les excuses pour se justifier. Les consoles leur musclent les doigts, favorisent le développement des réflexes et j'en passe. Ne les laissez pas sortir leurs jeux à votre cours. Faites comme moi et instaurez de l'ordre dans tout ça, c'est la meilleure chose à faire."

Comme Lucius le lui répétait souvent lorsqu'il était entré en première année à Poudlard et qu'il avait intégré la prestigieuse maison des Serpents : "Tradition, honneur, discipline et excellence". Une fameuse devise, mais une devise pleine de sens et de valeur. Severus avait suivi cela, s'en forgeant un objectif capable de l'élever au rang des meilleurs malgré son sang mêlé et donc impur.

Watson parlait de parents... entendre de tels propos donnait presque envie de sourire. Le mathématicien avait visé juste. Effectivement, les parents se déresponsabilisaient. Et ce depuis quelques années déjà. Mais là, on avait atteint des sommets dans l'enseignement secondaire... et dans le supérieur, eh bien, c'était sensiblement la même chose. Les élèves comme les étudiants se montraient arrogants envers les "simples profs". Sans parler de leur mauvaise foi.
Par Salazar ! s'il avait pu donner des retenues récurage de chaudrons, tri de véracrasses ou nettoyage d'égouts, le sorcier était certain que cette bande de scroutts à pétard rigolerait moins.

"Le plus ennuyeux dans tout cela c'est que c'est valable pour tous les âges. J'ai enseigné dans le secondaire avant de venir dans cette université. Mais les travers des étudiants restent les mêmes. La différence, c'est que nos étudiants seront lâchés dans le monde des adultes d'ici moins de cinq ans."

Et ça, ça pouvait créer des situations de crise. Des irresponsables aux postes importants? il y en avait déjà eu auparavant et on avait vu le résultat...

Invité

Watson connaissait bien cette expression : les jeunes d'aujourd'hui sont le monde de demain, et parfois, surtout depuis qu'il était prof, cela le faisait frissonner. Cela dit de ce qu'il en avait vu le monde d'aujourd'hui n'était pas vraiment le paradis non plus donc à la limite ils n'étaient plus à ça près disons. Il restait peu de choses à finir de démolir et les jeunes à qui il tentait vainement d'inculquer des bases d'algèbre et d'analyse ne devraient pas faire plus de dégâts que les chefs d'états et autres personnes au pouvoir les ayant précédé, sans compter leurs parents d'ailleurs.

"Il est vrai que si j'étais entrepreneur j'aurais peur de confier mon usine, même seulement en partie, à de tels fainéants irresponsables. Ne vous méprenez pas, j'apprécie ce métier et les élèves, mais ils ont des travers qu'en toute objectivité je ne peux que constater et combattre sans grand succès."

Il haussa les épaules et sourit un peu.

"Mais si je tenais une entreprise je ne voudrais d'aucun d'eux comme comptable, j'aurais trop peur de faire faillite, non pas qu'ils me voleraient, remarquez, mais bien qu'ils se mélangeraient les pinceaux. Je ne saurais vous dire quel pourcentage de mes élèves sait encore que 2+2=4...Enfin j'exagère un peu, mais n'allez pas leur parler de pi."

Watson avait fini son café et le gâteau qui l'accompagnait et il se demandait dans quelle mesure il dérangeait le professeur Rogue qui ne s'était guère montré accueillant au départ aussi finit-il par ajouter :

"Enfin tout cela n'est sans doute pas nouveau pour vous, contrairement à moi, je débute encore dans le métier, et d'après mon ami j'ai une certaine tendance à la naïveté rafraichissante"

Il rit un instant

"Et je ne voudrais pas vous déranger par mon verbiage sans intérêt, je vais retourner à mes copies."

Invité

Spoiler:

Effectivement, comme disaient les plus âgés : "Y a p'us d'jeunesse!" mais Severus le savait depuis longtemps. Depuis sa propre jeunesse, de fait. L'humanité avait commencé sa descente vers la déchéance il y avait un bon moment et, à vrai dire, Snape avait pu constater cela lorsqu'il avait fait la connaissance de cette bande de scroutts à pétard sur pattes, also known as "Les Maraudeurs". Une belle bande de bras cassés, ceux-là !
Enfin, soit, le Prince de Sang-Mêlé savait depuis presque toujours à quel point les jeunes étaient un public décevant. Jamais l'un d'entre eux ne relevait le niveau. Sauf peut-être... non, ça lui arrachait la langue de le reconnaître, mais seule Granger était un peu sortie du lot. En même temps, avec un bouquin à la place du cerveau, ça n'avait rien d'étonnant.

Quant aux collègues enseignants... eh bien, la plupart étaient d'anciens jeunes. En fait, ils l'étaient tous, mais ça se ressentait plus chez certains que chez d'autres. Oui, au cas où vous ne l'auriez pas encore remarqué, Severus avait des idées sur tout. Et sur beaucoup de monde.
Ainsi, ce collègue mathématicien lui rappelait beaucoup quelqu'un qu'il avait connu ailleurs, dans le monde magique. La pilosité excessive en moins, peut-être. Enfin, il fallait attendre la pleine lune pour être sûr. En attendant, la bienveillance de Watson et son humour un peu désabusé malgré tout, c'était du Lupin tout craché. Eurk.

"Voilà pourquoi personne n'a jamais la moitié dans mes cours. Quand ils seront aptes à comprendre et à appliquer, on verra. Mais pour le moment, si je donnais cours à des plantes, ça reviendrait à la même chose."

Et ça avait toujours été comme ça. Lui, l'ancien Serpentard, était craint. Déjà à Poudlard. Le monde moldu avait bien eu son lot de petites victoires sur la classe et l'élégance du Maître des Potions, mais avec un bon professeur particulier, il avait fini par se faire à quelques us et coutumes locaux.
Il lui restait à se forger une réputation d'associal au sein de l'université et il aurait la paix. Aussi, les paroles de son collègues vinrent à point.

"C'est cela, terminez donc vos corrections. Et si c'est trop décevant, il doit bien y avoir un peu de whisky quelque part dans les bâtiments."

Severus rassembla ses affaires et se leva, puis adressa un petit signe de tête - un hochement - à l'attention de Watson avant de sortir de la salle des profs. Il avait besoin d'être seul. C'était pourtant pas bien compliqué, ça !

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