Quand un viking se pointe à votre porte, faut-il le laisser entrer ?

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Messieurs je vous écoute…

Ça suffit maintenant monsieur !

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Depuis quelques temps déjà, Eric était tourmenté. Son arrivée au 109 s’était relativement mal passée, sa colocataire étant une vampire prétentieuse comme il n’en avait jamais connue, et venant apparemment d’un autre monde, il regrettait amèrement de s’être foutu dans cet immeuble paumé. De toutes manières il n’avait vraiment pas le choix. C’était ici ou dans un autre bled similaire, loin d’où il avait vécu, loin de tout d’ailleurs, comme un exilé. Normal, vous me direz.

A part Carmilla, la désagréable qui partageait son appartement, et Anna, cette pauvre naïve qu’il avait rencontré à la plage, le vampire ne connaissait personne du coin. Plutôt une bonne chose d’ailleurs. Ca lui éviterait pas mal de problèmes à l’avenir. Etant donné la situation particulièrement délicate, il n’avait absolument pas l’intention de rester moisir dans ce trou et compter bien dégager au plus vite, du moins quand il serait reconnu comme « le grand méchant loup » qui allait bouffer tout le monde. Non pas que le sang de synthèse ne lui convenait pas, mais il faut bien avouer que, ce n’est pas parce qu’on a inventé la nourriture en pilule que tu vas te priver de ton délicieux plat préféré non ? Enfin bref, le Scandinave aurait bien croqué quelques jeunes filles du coin, et éventuellement les deux gosses du deuxième étage qui chialaient longueur de journée – et de nuit -, chose qu’il se serait totalement auto défendue à bon temps. De plus, cela faisait environ trois jours qu’il ressentait une présence oppressante et indéfinissable, vexante et frustrante au possible.

Vingt et une heures, Eric, d’une humeur massacrante, sortit de la chambre qui lui avait été attribuée. Pour la première fois depuis son arrivée dans cet immeuble, il se cogna le front dans le chambranle de la porte qui était taillé pour des humains de taille moyenne, c’est à dire dix centimètres de moins que sa propre taille. Le vampire lâcha un « fuck » rageur, accompagné d’un coup de poing dans le mur qui ne lui fit ni chaud ni froid, ne le calma même pas mais laissa une légère fissure dans la cloison qui n’était vraiment pas solide. Il ne le remarqua même pas et traversa tout le salon en un éclair direction le frigidaire. Il l’ouvrit et prit d’un air dégouté la bouteille en verre de Tru Blood A+, la dernière. D’un coup de hanche négligé, il referma le frigo et prit place dans le plus grand fauteuil en face de la télé. Il attrapa la télécommande et zappa trois fois en se sifflant son sang synthétique. La première chaine passait une publicité vantant les bienfaits d’une lessive quelconque, sur la deuxième, les informations balancèrent un déraillement de train, une catastrophe naturelle dans le pacifique et l’enlèvement d’une fillette de 4 ans au Canada. Que de choses passionnantes -__-. La 3ème chaine enfin, diffusait le nouveau film de vampires, Twilight, qui faisait fureur chez les adolescentes Américaines. Vraiment déprimant. Contrarié, Eric éteignit le téléviseur et balança la télécommande sur la table basse.

Il avait besoin de sortir, encore une fois. Après avoir échangé sa bouteille vide contre le trousseau de clés sur le comptoir, il jeta un coup d’œil dans le grand miroir de l’entrée et ne prit pas la peine de mettre une veste. Affublé seulement d’un jean banal et d’un marcel bleu nuit très moulant, le Scandinave enfila des tongs noires et claqua la porte de l’appartement en imaginant la colère de Carmilla qui serait coincée dehors si elle n’avait pas pris la précaution d’emporter une clé de l’appartement. C’était son problème. Le vampire dévala les marches jusqu’au rez de chaussée et inspira une grande bouffée d’air frais. La nuit était douce ici, un humain censé n’aurait jamais eu l’idée de sortir en tee-shirt. De toutes manières il n’y avait personne. Ses pas, particulièrement lents, le guidèrent naturellement et inconsciemment vers Stringfellows, la discothèque et boîte de Striptease de la ville. Même pas étonné, il lança un regard, plus méchant qu’il ne l’aurait voulu, aux deux nanas de l’entrée en mini jupe et top moulant, d’au moins trente centimètres de moins que lui, qui prirent un air apeuré et virèrent au blanc-vert-rouge (dit comme ça, ça fait drapeau de l’Italie, mais c’était pas simultané). Il leur aurait bien fait un petit quelque chose… mais la partie rationnelle de son esprit lui indiqua qu’il avait bien mieux à faire à l’intérieur.

Le bâtiment était constitué de trois pièces en enfilade, la troisième étant un bordel, la deuxième la discothèque dont les murs épais ne suffisaient pas à couvrir le son des basses, et la première en entrant, le bar : devant, la scène où des nénettes à moitié à poil jouaient les acrobates contre des barres sous les yeux accrochés du public majoritairement masculin, au milieu, quelques tables pour les clients, et au fond, le comptoir. Il avait fallu seulement un quart de seconde au vampire, ignorant les regards qui s’étaient posés sur lui, pour analyser la situation, son regard se dirigea directement devant le comptoir. Son cœur se crispa dans sa poitrine, enfin façon de parler, il serra les poings et les dents. Sookie. Tous les sentiments et cette impression de « présence » incongrue qui l’obsédaient depuis moins d’une semaine s’expliquèrent. Sookie était là. En tenue de serveuse, un tee shirt révélateur et un mini short serré qui eurent un effet indésiré et incontrôlé sur le Suédois. Mais ce n’était pas tout. Il vit un homme mettre la main aux fesses de la jeune fille et celle-ci, gênée comme tout, avait du mal à se défendre. Fou de rage, hors de lui, Eric traversa la salle d’un bond et se retrouva derrière la belle serveuse, qui ne l’avait toujours pas vu.

Il posa brutalement sa main gauche sur l’épaule droite de la blonde qui sursauta et ne sourit pas. Avec une moindre délicatesse, le vampire poussa Sookie sur le côté et s’approcha près, très près, du gars qui avait osé toucher sa petite protégée. Eric le dépassait d’au moins une tête et le gars était à peine en train de réaliser dans quelle merdier il s’était fourré, quand le Scandinave l’attrapa par le tee shirt à une main et le souleva pour amener son visage à la même hauteur en lui lançant un regard noir empli de haine. Il le menaça.

- Si je te revois poser la main sur Sookie, tu vas avoir des problèmes mon gars.

Il avait parlé d’une voix très calme mais n’en pensait pas moins. Eric s’apprêtait à reposer au sol le fautif quand le gars qui ressemblait au patron du bar s’approcha de lui comme pour calmer la baston qui n’allait pas tarder à éclater. Encore plus fâché, le géant sortit les crocs et balança le monsieur qu’il avait au bout du bras contre le mur d’en face. Assommé, il glissa au sol et tous les regards qui n’y étaient pas encore se fixèrent sur lui. Le vampire se tourna a présent vers le patron qui était aussi petit qu’Eric était grand. Sous le regard d’Eric, et en voyant ce qu’il avait fait au pervers, celui ci se recroquevilla sur lui même et marmonna quelques mots qui ressemblaient vaguement à des excuses suivies d’une invitation à quitter la pièce. Eric ne se le fit pas redire deux fois, il attrapa le poignet de Sookie et la traîna dehors par la sortie de derrière, qu’il avait repéré en entrant. Qu’elle ait lu dans ses pensées ou pas, la jeune serveuse devait savoir que le vampire attendait seulement des explications. Il la plaqua contre le mur délicatement et se tint droit devant elle, un regard à la fois accusateur et protecteur vers elle.

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Si seulement Sookie avait su qu’Eric était présent au Stringfellows, elle aurait pu se dégager vite fait du contact malsain de l’homme qui lui touchait les fesses pour éviter le scandale. Seulement voila, trop occupé à essayer d’enlever la main de l’homme, elle ne s’était pas rendu compte que le blond s’avançait d’un pas rapide vers eux, avec la ferme intention de corriger l’impoli. Quelle ne fut pas sa surprise quand une grande main s’abattit sur son épaule droite, la faisant au passage violement sursauter.

▬ Que…Eric non !

La situation lui échappait, ça allait mal se terminer. Regardant avec un regard à la fois stupéfait et inquiet, la blondinette essaya de faire quelque chose pour calmer le vampire mais alors qu’elle allait prendre le poignet du viking, son patron débarqua à son tour. Manquait plus que ça ! Avec horreur, il vit l’autre s’envoler et les crocs d’Eric sortir. C’était son premier jour et voilà qu’elle n’allait pas faire long feu dans la discothèque. Non pas que le geste d’Eric ne l’a flattait pas, mais elle se sentait gêner d’être une fois de plus, le centre de l’attention.
Alors que son boss se recroquevillait sur lui en bégayant de plate excuse, la blondinette pu entendre avant les pensées de l’homme avant d’être forcer de sortir par Eric. Il ne voulait plus d’elle dans son bar, il préférait rester loin d’une cinglée qui fréquente ce genre de type.

▬ Lâche moi bon sang !

Rapidement, Sookie retira son poignet de la tenaille du grand blond et braqua ses yeux furieux dans celui bleu azure de son interlocuteur. Il lui reprochait peut être d’être ici au lieu d’être à Bon temps, il lui faisait peut être comprendre qu’il n’était pas content d’elle, mais ça tombait car elle non plus. Elle faisait ce qu’elle voulait de sa vie et en avait ras le bol que chaque vampires se sentent obligé de la protéger. Après tout avant Bill, elle s’en sortait très bien toute seule !

▬ Ne me regarde pas comme ça Eric Northman ! Je n’ai pas à me justifier à tes yeux…

Têtue et bien décidé à ne pas lâcher le morceau, la jeune femme croisa ses bras sur sa poitrine et fixa le vampire d’un air borné. Pour elle, elle n’avait pas à le remercier. Il venait par son comportement Impulsif de lui faire perdre son travail et la seule façon de payer son loyer et tout ce qui allait avec. Elle n’allait quand même pas lui lécher les pieds quand même !

▬ Par ta faute, je viens de perdre mon travail ! Tu es fier de toi j’imagine ?En plus, je pouvais me débrouiller toute seule Eric, je n’ai besoin de personne et surtout…surtout, pas de toi…Alors ne t'attend pas à des remerciements...

Se voulant vexante, elle n’hésita pas une seule seconde à lâcher ses mots qui, elle en était sûre, ne lui ferait strictement rien. D’ailleurs, elle ne passait pas ce qu’elle disait, elle voulait juste camoufler le sentiment de joie et son désir de le revoir, là en face d’elle. Il lui avait tellement manqué qu’elle préférait cacher ses émotions plutôt que de les lui montrer ; il serait bien trop content.
Deux semaine qu’il était parti sans prévenir, deux semaine qu’il avait laisser le Fangtasia derrière ses pas et deux semaine qu’elle avait attendu qu’il revienne. Quand enfin elle eu appris de la bouche de Bill que le viking avait comme qui dirait, chassé, elle n’avait pas hésité une seule seconde. Tant pis pour Bill, tant pis pour Jason ou même Sam ou Tara, elle partirait retrouver le beau blond.
Et maintenant qu’elle l’avait devant elle, elle jouait les femmes furieuse et outrée.

▬ Tu es parti…

Sa voix sonnait comme un reproche.

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Eric en avait fréquenté des humaines en plus de mille ans d’existence. Et des plus où moins bizarres. Il en connaissait un rayon sur les réactions des femmes face à une situation embarrassante comme celle ci l’était visiblement. Du point de vue d’un innocent et subjectif humain, la jeune serveuse aurait eu tout simplement l’air « dans une colère noire » comme on dit chez nous. Elle avait protesté et vainement essayé de se débattre le temps que le vampire la traîne dehors, sans même ressentir ce qui ressemblait vaguement à des tentatives de coup de poings venant d’elle.

Elle devait pourtant savoir à quel point elle était précieuse aux yeux d’Eric pour se permettre de lui manquer de respect à ce point. C’était très risqué de jouer les insolentes, sachant que si il l’avait voulu, le vampire aurait réduit Sookie en miettes en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire. Seulement voilà, elle savait qu’il ne lui ferait pas de mal. D’ailleurs, le Scandinave dût avoir l’air contrarié face à la réaction provocatrice de la jeune humaine. Sur le coup il ne broncha pas, mais n’en pensa pas moins. C’était vrai qu’au point de vue juridique, il n’avait aucunement le droit de lui exiger des explications, le fait qu’elle travaille était un de ses droits. Ah, la loi… Quelque chose de plus fort que le vampire, chose qu’il assumait difficilement. Frustré de n’avoir aucun pouvoir sur elle étant donné qu’il n’était pas prêt à lui faire du mal physique ou moral (sauf en cas de force majeure comme il avait été le cas quelques secondes auparavant), il lâcha le regard qu’il avait maintenu planté dans celui de la blonde et baissa les yeux tandis qu’elle croisait les bras.

Stupide… Avec ses quarante centimètres de plus, il avait une vue plongeante sur le décolleté de la jeune fille, chose qui n’arrangea pas son problème. Cependant, il resta les yeux fixés sur ce magnifique paysage, sorte de provocation si je puis dire. Si la concernée avait eu l’indélicatesse d’essayer de franchir l’esprit d’Eric, elle n’aurait pas été déçue. Elle continua de déverser son flot de reproches, comme une mère à son gosse qui aurait fait une grosse bêtise, avec les « tu es fier de toi ? » et tout le blabla qui va avec, sauf que dans le contexte, le « gosse » était Eric.

Il la sentait tendue, elle hésitait sur ses mots, comme si ça lui faisait d’un certain côté, de la peine de balancer tout ce qu’elle avait sur le cœur au Suédois. Eric réprima un sourire pour garder une expression neutre. Il savait très bien qu’elle avait du mal à être méchante et qu’elle n’en pensait pas moins. Même si elle n’aurait eu aucun mal à se défendre, au fond elle devait être contente que le blond vienne lui sauver la mise. Mais il faut avouer qu’elle jouait quand même très bien la comédie, et si le vampire ne l’avait pas aussi bien connue, il aurait pu penser qu’elle était vraiment dans cette colère noire qu’elle laissait transparaître. Peut-être à cause de son job qu’il lui avait fait perdre.

Il ne répondit toujours pas, et releva les yeux (très légèrement il faut l’avouer) jusqu’à croiser une nouvelle fois le regard de l’humaine. Seulement maintenant, il rangea ses crocs. Elle hésitait à ajouter quelque chose. Comme pour l’inciter, il se rapprocha d’elle. Leurs corps étaient seulement à quelques centimètres maintenant, et le vampire sentait contre son torse la respiration se Sookie qui était en train de se faire un torticolis pour garder son regard planté dans les yeux bleus du Viking. Enfin, après quelques secondes de silence, elle reprit la parole d’une voix toujours pleine de reproches mais aussi un peu triste. Eric l’arrêta tout de suite, en posant un index sur la bouche de la serveuse.

- Sookie… je suis pas parti, j’ai été viré par un shérif. Contraint de m’exiler.

Il ne savait pas si elle était déjà au courant et si elle était choquée ou pas tant l’expression de Sookie était neutre. Il continua d’une voix plus douce.

- Je serais bien resté au Fangtasia si j’avais eu le choix. Le problème ce n’est pas que je sois parti… C’est que tu sois là. Tu te rends pas bien compte de ce que tu fais je suppose. Je sais que tu as laissé Bill a bon temps… Je ne peux pas les exiger mais j’aimerais bien quelques explications.

Il n’insista pas sur le fait qu’il n’attendait pas de remerciements, étant donné que la phrase de la jeune fille était seulement toute faite et pas forcément sincère. Mais la serveuse n’avait pas l’air vraiment décidée à lui donner les fameuses explications qu’il attendait, ce qui le contrariait. Il se rapprocha tout près d’elle, encore plus près qu’il ne l’était déjà, et plaqua son bras contre le mur pour la dissuader de partir au cas où l’envie lui aurait pris. Il chuchota.

- Je n’aimerais pas être dans l’obligation de t’y forcer, ma belle…

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▬ Eric recules toi s’il te plait..

▬ Si je te réponds, tu me laisse partir ?

▬ Tu me manquais trop…Tu as beau être insupportable, prétentieux et manipulateur, je n’arrivais pas à t’oublier…

▬ Jamais je n’aurais dû éprouver ça, si tu m’avais pas contrainte à boire de ton sang, je n’aurais pas trompé Bill et je serais encore à Bon temps à l’heure qu’il est. J’aurais un travail, des amis…je…je…lâche moi Eric maintenant…

▬ Eric j’ai froid…laisse moi maintenant !

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Le vampire commençait à devenir très menaçant et la demoiselle n’avait pas l’air d’apprécier énormément. Elle ne répondit pas immédiatement. Sa respiration s’accéléra, et sans détacher son regard de celui d’Eric, elle lui demanda (ou ordonna) gentiment mais fermement de se reculer. Pour lui faire plaisir, et surtout pour qu’elle continue, le viking relâcha légèrement la pression qu’il exerçait sur son poignet et déplaça ses deux pieds de quelques centimètres en arrière de manière à ce que Sookie puisse respirer, tout en laissant une distance entre eux suffisamment restreinte pour que la jeune femme se sente étouffée face à la hauteur du Suédois, et aussi, il le savait au fond de lui, parce que cette proximité les excitait, tous les deux. Le vampire était bien conscient que même si elle le repoussait, même si elle niait (en tout cas jusqu’à cet instant) le fait qu’il l’attirait, elle fantasmait sur lui à moitié à cause du sang qu’il l’avait forcé à avaler. Seulement à moitié.

Et elle posa la question qu’il attendait. Est ce qu’il la laisserait partir… Eric aurait bien aimé lui répondre que ça dépendait de sa réponse, mais ça l’aurait bien évidemment trop influencée voire incitée à ne pas admettre la vérité. Alors il ne répondit pas, et eût seulement un hochement de tête et un regard insistant, qui ne signifiait ni oui ni non. Prudent et efficace, la preuve : il ne prenait comme ça aucun risque, il ne mentait pas et il obtint sa réponse qu’il voulait. Ou pas d’ailleurs. La serveuse était dans un état de gêne plutôt énorme. Elle qui était si réservée… Elle faisait peine à voir. Honteuse, elle baissa les yeux et avoua d’une toute petite voix qu’Eric lui avait manqué et qu’il était important. Ca ce n’était évidemment que la belle partie de la phrase, parce qu’elle était aussi étoffée d’une liste de vilains mots pour définir le vampire, plus ou moins bien. Il apprécia énormément qu’elle soit si franche avec lui mais ne le laissa transparaître en aucun point. Cependant, une pression dans son bas ventre lui donnait l’envie de la serrer contre lui, très fort, de l’embrasser, et on ne va pas détailler toutes les choses qui lui passaient par la tête en ce moment de révélations.

Somme toute, elle finit par relever la tête et replongea son intense regard dans celui envouteur du beau Suédois. Elle avait envie de rester, ça se lisait dans son regard. Mais pourtant, elle affirma le contraire, et n’y alla pas de main morte pour faire culpabiliser Eric de sa situation présente, chose qui ne toucha absolument pas le vampire. Le fait qu’elle ait bu son sang et qu’elle l’ait rejoint dans ce trou paumé si loin de Bon Temps n’avaient (presque) pas de lien de cause à effet. Sookie était grande (façon de parler) et responsable, elle était venue moisir ici de sa propre initiative en abandonnant Bill et ses amies… Le viking n’avait donc pas de raisons de s’en vouloir. Une fois de plus, elle demanda à Eric de bien vouloir la lâcher. Il réalisa qu’il lui serrait très fort le poignet. Brutalement, il desserra son étreinte en laissant de profondes marques sur l’avant bras de la blondinette qui lui lança un regard noir en massant son poignet endolori, et aussi en constant que le vampire se comportait comme n’importe quel humain en baladant son regard où il était malvenu de le laisser traîner, à savoir entre les seins de Sookie. Elle avait la chair de poule. Peur ou froid ? Plutôt froid. Sur un ton sec, elle réclama une dernière fois la liberté. D’une voix calme, le Suédois lui répondit.

- Pour quoi faire ? Tu as perdu ton job. Et tu te verrais… Tu vas quand même pas conduire comme ça non ? Je ne voudrais pas qu’il t’arrive quelque chose Sookie.

Il se rapprocha de nouveau d’elle, tout près. Beaucoup plus délicat qu’il ne l’avait été au début, il passa sa main gauche dans la droite de sa petite protégée, qui se laissa faire, et glissa deux doigts de sa main libre sous son menton pour lui faire relever la tête. Leurs regards se croisèrent une nouvelle fois, mais il sentait bien qu’elle le fuyait.

- Je suppose que tu m’en veux d’être parti. Mais si tu m’as suivie ici, tu m’as donc pardonné. Tu n’as donc plus aucune raison d’être si… froide… avec moi.

Il eut un léger, très léger sourire. Jeu de mots très fin. Sookie semblait hésiter entre la partie raisonnable et rationnelle de son esprit, et la partie plus libertine… Celle qui rejoignait celle de son cœur.

» Quand faut y aller, faut y aller...
» Il faut comprendre !
» Parce qu'il m'en faut un !