Visiting Professor ! [libre!]

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Ayant découvert le tombeau du roi Porsenna (lire le livre "La dame qui tue"), Nils était désormais reconnu dans le monde très fermé des historiens et plus particulièrement des étruscologues. Bien entendu, en tant qu'enseignant-chercheur depuis une bonne dizaine d'année, il avait eu pas mal de publications, mais aucune n'avait eu cette importance...

Nils était à présent un "visiting professor", un professeur d'une autre université qui venait pour un séminaire, quelques cours, un semestre ou une année, selon les besoins, les contrats. Pour le moment, il animait un cours d'introduction pour les p'tits jeunes qui voudraient bien aller dans cette direction...

Hélas, cela lui rappelait encore une fois combien certains p'tits sophomores pouvaient être lamentables. Il rendait un devoir, pas bien compliqué quand même, mais largement raté pour la moitié des étudiants qui s'étaient inscrits dans son cours. D'ailleurs les mecs voulaient changer de cours et les filles le trouvaient sexy.

Nils fit voler une feuille jusqu'au bureau d'un étudiant.

- Monsieur Hutchinson, ici c'est un cours d'histoire, pas d'écriture pour débutants! Quand vous serez en mesure de vous relire, je vous autoriserai à me rendre un devoir...

Il continua sa distribution de notes, en passant dans les rangs, balançant piques cyniques à qui mieux mieux.

- Mademoiselle Gerhardt... Votre mascara ne vous donnera pas les connaissances suffisantes pour rédiger une introduction... d'autant plus que votre plume n'y trouverait pas encore assez d'encre...

Et il termina par le clou du spectacle, le zéro pointé. Il attrapa le livre du pauvre étudiant, et le désigna à tout le monde:

- Première nouvelle, chers apprentis historiens. Toucher la couverture de ce livre ne vous délivre en rien son contenu... Je suis au regret de vous annoncer qu'il faut effectivement lire ce qu'il y a à l'intérieur... vous savez... en tournant les pages et en lisant de gauche à droite, de haut en bas... J'espère que vous saurez appliquer ce mode d'emploi pour la prochaine fois!

Il reposa le livre, donna la dernière copie, et retourna à son bureau, où il s'assit, au bord, les jambes battant lentement dans le vide.
Il regarda par la fenêtre. Le soleil déclinait, mais il faisait encore jour. C'était le dernier cours de la journée. Il pensa alors à ses Egyptiens et à Râ, qui allait se coucher... et à cette classe de petits emmerdeurs, la 6èD du collège de Queutilly-sous-Doué. Il avait fait d'eux des apprentis archéologues, et il avait ravivé la flamme dans leurs petits yeux de pré-adolescents démotivé et anarchistes.

Forcément, il pensa à Axel... et à Juliette... et Catherine. Oh, elle ne serait pas contente du tout. Du tout du tout. Mais bon, c'était sa faute à elle aussi!

Il revient à sa classe, et regarda ses étudiants, qui ne disaient plus rien après tel massacre. Les garçons roulaient encore un peu les quelques mécaniques qui leur restaient, les filles remettaient des mèches de cheveu en place.
Ils iraient sans doute au bar du coin, c'était vendredi.

Il se passa une heure avant que le cours soit fini. Il y avait quelques élèves attentifs, d'autres qui bayaient aux corneilles ou griffonnaient des trucs sans rapport avec ce que disait Nils. Il était habitué.
Mais pourquoi étudiaient-ils l'histoire si visiblement ça ne les intéressaient pas?

A la fin du cours, les étudiants ne s'attardèrent pas, et filèrent... encore penauds d'avoir été si mal notés! Mais c'était leur faute aussi, à ces petits cancres!

Nils resta seul, assis sur son bureau, à regarder le soleil et à imaginer...

Seul...?
Non!

Vendredi, début d'après-midi, le soleil brillait et les oiseaux s'en donnaient à coeur joie. Gabriel Gray, main dans les poches et esprit vagabond marchait en direction de l'université. C'était une belle journée, les étudiants semblaient heureux de voir arriver la fin de la semaine et certains se trouvaient déjà à la terrasse des cafés. Sylar traversa le parking réservé aux professeurs avant de se rendre en direction de la faculté des sciences. Les bâtiments étaient immenses, et devant chacun d'eux, une foule de petite jouvencelles aux cheveux longs et aux bras croisés sur des cahiers et des livres de cours gloussaient innocemment. Passant près d'une jolie blonde, Sylar sourit, vous savez, ce sourire vicieux, celui que seul Gabriel Gray arbore, celui qui fait peur aux enfants. La gamine sourit en retour, elle avait du cran mais Sylar n'était pas là pour elle. Il reviendrait un autre jour pour ces bêtises. Car aujourd'hui était un jour particulier: Sylar allait assister à un conférence!

Une fois la volée de marches franchies, Sylar pénétra dans le bâtiment A de la Fac des sciences. Par chance, un petit panneau attira l'attention de notre homme:

Citation :: Pr. Mohinder Suresh
L'évolution en marche
3e étage salle 312

Un petit rictus moqueur se dessina sur les lèvres du Hero qui s'empressa de gravir les marches du vieil escalier que tant d'étudiants avaient gravi depuis la création de l'université, Sylar se concentrant pouvait ressentir des bribes de chacune des individualités qui avait foulé ces marches. Oui, Mohinder avait raison sur ce point: l'évolution était bel et bien en marche et se préparait à assister à sa précieuse conférence.

Le couloir du troisième étage était bondé: des fanatiques scandant des slogans anti-evolution, des étudiants binoclards, la presse, il y en avait pour tous les goûts. Sylar décida de jouer la prudence et la discrétion et passa sa paire de lunettes noires spéciales "je suis un hero, faut pas m'embêter". Une fois que tous les indésirables furent entrés, Gabriel Gray leur emboita le pas et suivit du haut de la dernière place au fond de l'auditoire la conférence de son confrère.

Pendant une heure, Mohinder aborda, ou plutôt tenta de préparer l'esprit des nombreux homo sapiens présent à ses théories sur l'évolution. Bien entendu, l'indien ne pouvait pas aborder le sujet et dire les choses telles qu'elles étaient. Mais il avait au moins le mérite de tenter d'éduquer ce peuple de dépassés.

Sylar suivit avec assiduité le cours de son ami, il voulait en apprendre plus sur ce qu'il était et pourquoi il était "différent". A vrai dire, il n'apprit rien de plus que ce qu'il savait déjà. Il fut donc le premier à quitter l'auditoire et décida de s'octroyer une errance dans les couloirs de l'université.

Ouvrant les portes des classes et assistant à un cours ou l'autre incognito, le hero se retrouva dans la classe d'un prof d'histoire assez agressif et peu respectueux envers ses étudiants. Lorsque celui-ci rendit les copies des devoirs effectués, Sylar sourit à chacune de ses répliques, c'était de la méchanceté gratuite et l'homme aimait cela.
Bien vite, la salle de cours se vida, les jeunes très pressés de profiter de leur week-end décidèrent à l'unanimité de ne pas faire d'heure supp'.

Sylar fut rapidement seul avec ce drôle de prof. Il était assis au fond de la classe, ses lunettes noires toujours vissés sur son nez et ses Rangers dépassant de la tablette. Il n'avait pas de bloc de cours et encore moins de livre, il profitait de la vie, rien ne lui était interdit. L'académicien allait il remarquer sa présence? Avoir peur? Ou au contraire s'énerver et lui demander de sortir?

On peut dire sans peine que l'attitude de Gabriel Gray était étrange mais il avait un plan pré écrit dans son esprit: à quelques chaises devant lui, un classeur de couleur violette trônait sur un coin de banc. Une jolie rousse l'avait oublié, elle reviendrait très vite et Sylar serait là, il tenait effectivement à en apprendre plus sur cette nymphe à la peau diaphane qu'il avait déjà aperçue à la conférence du début d'après-midi. Oui, le chasseur avait une nouvelle proie...

Invité

Méchanceté gratuite? Nenni! Ce n'était que juste retour des choses! Quand un étudiant est médiocre, il fallait lui dire et lui décoller la pulpe du cerveau quitte à secouer la bouteille un peu trop fort! L'université n'a pas besoin d'imbéciles. Le monde n'a pas besoin d'imbéciles: ils sont déjà assez nombreux comme ça! Alors les petites piques méchantes de Nils n'étaient qu'un moyen de faire réagir ses étudiants (et de se défouler un peu au passage, tant certaines copies avaient le don de lui mettre les nerfs en boule!)

Pensant à sa fille, qui faisait des petites phrases toute seule, du genre "papa, c'est quoi ça?", ce à quoi Nils répondait "c'est un chien." Et Juliette de répéter inlassablement la même question, jusqu'à ce qu'elle en ait marre... Et bien certains étudiants lui laissaient l'impression de ne pas avoir plus de vocabulaire que sa fille de deux ans...

Déchéance humaine!
Ou pas!

Finalement, Nils revint sur terre, et tourna la tête, après avoir entendu la porte grincer à cause du vent. Fenêtre ouverte, les courants d'airs n'étaient pas rares. C'est alors qu'il vit un étudiant, qui était resté là...
En fait...

Il ne l'avait jamais vu dans son cours avant. Y avait-il un cours prochainement? En fait.. cet air sombre, et ces lunettes... oui, il l'avait juste remarqué, au fond, entre deux autres étudiants. Il semblait seulement avoir écouté le cours sans y porter grande attention. Un auditeur libre peut-être. En tout cas silencieux, et plus âgé que les p'tits jeunes qui voulaient prétendre un jour à l'art d'être historien...

- Je ne vous avais pas remarqué... Je peux vous aider?

Peut-être que le jeune homme était réservé et n'avait pas osé le déranger dans ses rêveries... Peut-être pas. Si ça se trouve, en fait, le jeune Hero se moquait totalement de la présence de l'étruscologue!

Ensuite, Nils repéra le classeur violet... la rouquine... Celle qui avait eu la moyenne au devoir. Un B. Pas mal, quoi. Bien, même! Excellent, compte tenu de la moyenne générale! C'était quoi son nom, déjà? Ha oui... Un nom qui lui faisait hérisser le poil. Catherine. Comme Roque, sauf qu'elle n'avait rien d'une petite brune adepte des petits boulots à répétition et au caractère de cochon, ni d'une mère d'une petite fille de deux ans... Catherine Gorman. Elle était si pâle qu'on pouvait presque voir au travers.

La jeune femme, si elle s'était aperçu d'avoir oublié son classeur, reviendrait bientôt. Nils se mit à imaginer, puisque le jeune homme regardait le classeur, que ce dernier attendait la rousse... peut-être était-il un amoureux transi. Après tout, les bancs estudiantins étaient remplis d'amoureux transis...

Lorsque la voix de l'étrange prof d'histoire vint tinter aux oreilles de Gabriel, celui-ci était plongé dans ses pensées. Il s'imaginait dans un endroit sombre, un bar, aux côtés de la rouquine. Celle-ci lui racontait sa vie, lui avait des milliers de questions à lui poser comme par exemple celle-ci : pourquoi s'intéressait elle à la fois à l'évolution humaine et à l'histoire? Après tout, c'était assez étrange. Mais le subconscient de Gray n'eut pas le temps d'imaginer la réponse de la fille, le prof le rappelait sur terre. Il lui demandait s'il pouvait lui venir en aide. Cette question aurait pu faire sourire notre homme, mais il n'en fit rien. Au contraire, il resta de marbre, se leva et se dirigea vers le devant de la classe, prenant soin au passage de ramasser le classeur violet.

-"Non, merci."

Sur ce coup là, j'aurais pu faire un effort, pensa-t-il. Il est vrai que sa voix était froide et hautaine, c'était louche pour quelqu'un qui était sensé avoir du respect pour l'éminent historien qui se trouvait devant lui.

-"Au fait...beau cours, très intéressant..."

Le classeur sous le bras, Gabriel se dirigea vers la sortie. Soit il avait de la chance et le prof n'était pas d'humeur à se demander pourquoi un type de son âge, aux lunettes noires sortait de sa salle de classe un classeur violet sous le bras. Soit c'était un enseignant dévoué et il se battrait corps et âme pour récupérer l'objet qui n'appartenait à l'évidence pas à Gabriel Gray. Dans le premier cas, la suite des opérations était simple: il suffisait d'attendre la rouquine à proximité de la salle de cours et puis de l'inviter à boire un verre. Dans le deuxième cas de figure, celui où le prof devenait dérangeant, il faudrait improviser. Trouver un moyen de s'en débarrasser et de pouvoir, en fin de compte retrouver la rouquine au bar miteux qu'elle désignerait comme son "préféré du campus". C'est donc avec toutes ces idées et ces questions en tête que Gabriel passa la porte de la classe, il avait à présent un pied dans le couloir, il releva le visage, content d'avoir pu échapper au prof quand, par malchance, la jeune rousse apparu devant lui, yeux froncés et mains sur les hanches, elle avait reconnu son classeur. Il faut dire qu'il était bien voyant, tache de couleur sous le bras d'un type habillé de sombre. L'esprit de Sylar s'agita à nouveau. Que faire? S'il n'avançait pas, le prof se mêlerait de la conversation, s'il avançait, la gamine crierait et ameuterait toutes les bonnes âmes environnantes dans l'espoir de récupérer ses notes de cours...

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