Sur la plage abandonnée… (PV Chapelier Fou)

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Prendre l’air, de temps en temps, c’était nécessaire. Et pour cela, la plage apportait à Arsène tout ce qu’il pouvait espérer. Le vent y était léger aujourd’hui, le temps était assez doux. Ni trop chaud, ni trop froid. Le genre de temps que l’on voudrait avoir bien plus souvent.
En sortant de l’université, Lupin n’avait pas résisté à l’appel de la nature et plus particulièrement de la mer. Bien sûr, cela ne valait pas la Normandie et ses falaises, mais le Français aimait tout de même venir ici et apprécier la beauté de mère nature à travers les flots.

Arsène retira ses souliers et ses chaussettes, il ôta veste et veston, remonta les manches de sa chemise blanche, et posa ses vêtements sur son avant-bras gauche, tandis que ses souliers, ayant pour l’occasion hérité de chaussettes sans pieds, rejoignaient sa main droite. Le haut de forme restait bien en place, c’était un chapeau de qualité que Lupin ne retirais que lorsqu’il était à l’intérieur de bâtiments ou pour saluer une dame et la charmer un peu avant de la détrousser de ses bijoux.

Marcher dans le sable, cela donnait aux pieds une sensation de massage fin et léger. C’était bon pour le corps et pour l’esprit. Il s’agissait d’en profiter au maximum, par tous les sens, pour se laisser envahir par la sérénité de l’endroit. Par habitude, Arsène cherchait toujours les coins tranquilles et calmes. La plage n’échappait pas à la règle. Pas de cohue et de touristes, ici. Juste le sable, l’eau salée et, de ci de là, quelques rares promeneurs…

Et puis le regard de Lupin se posa sur une silhouette étrange. Assis sur le sable, ou peut-être sur un tissu, d’où il était, Arsène ne pouvait le voir, quelqu’un prenait un pique-nique. Un bref coup d’œil à sa montre-gousset confirma au Français que ce n’était l’heure ni de goûter, ni de dîner. Cela le fit sourire. Ici, aux Etats-Unis, les traditions étaient tout à fait différentes et il était parfois étonnant de découvrir que l’on n’est pas en phase avec ce qui se fait.
Le professeur de Lettres ne changea pas de trajectoire pour autant. Si ce pique-niqueur était sur son chemin, c’était sans doute qu’il était inscrit quelque part qu’Arsène devait passer à son côté pour une obscure raison.

Invité

Le Chapelier avait prit une nappe rouge à carreaux comme on les aime, un petit panier creusé et avait enfilé son chapeau qui ne le quittait presque jamais. En n'oubliant pas d'emmener son service à thé, il avait ouvert la porte avec élégance, toutefois l'élégance qu'on pouvait lui trouver. Ses sens complètement en éveil il s'était dirigé vers la plage déserte, où il avait déplié gentiment et adroitement sa belle nappe qu'il avait contemplé pendant plusieurs minutes, les yeux dans le vague.

Il ne se souciait ni de la petite brise qui venait faire courir sa seule mèche rousse sortant de son chapeau ni les alentours qui restaient malheureusement déserts. En effet ce n'était pas vraiment l'heure de déjeuner ou de manger à vrai dire, mais comme son nom l'indiquait, le chapelier était un peu... toqué. Aussi, en bon fou il s'appliquait à ne rien faire comme les autres, cela allait de soi.

Il avait sorti son service à thé et s'était servi une tasse qu'il n'avait pas bu. Il l'observait du coin de l'oeil, posée sur la nappe, prête à tomber. Le sable voletait autour de lui sans jamais le gêner. Il scruta un grain qui passait devant ses yeux ce qui lui donna une mine assez grotesque. Imaginez-vous le chapelier fou, qui portait déjà bien son nom, en train de loucher pour apercevoir un des milliards de grain de sable que la plage voulais bien nous offrir.

-Mais que veux-tu donc ?

Comme à son habitude il parlait tout seul, cela lui faisait un peu de compagnie. Aussi incroyable que ça pouvait paraître, il parlait à un grain de sable, et ça ne semblait pas lui paraître étrange pour autant. En jetant un coup d'oeil sur sa montre arrêtée, il haussa les épaules et se saisit de la tasse restée à sa place. Il la porta à ses lèves et avant même d'avoir pu en gouter ne serait-ce qu'une goutte il la reposa et se leva vivement.

Il courut sur quelques mètres en agitant les bras comme pour chasser une chose dans les minuscules buissons près de lui et retourna s'assoir, satisfait.

Après plusieurs de minutes de silence, il reprit la tasse entre ses doigts et observa les alentours pour la première fois. Rien. Il but une gorgée du thé et reporta son attention au loin. Si, il y avait bien quelqu'un. Ou quelque chose, sa tête trop malmenée par le mercure avait un peu perdu tout ses sens pour pouvoir identifier une telle chose aussi loin.

-Est-ce le temps de se promener sur la plage ?, demanda-t-il au grain de sable en face de lui.

Il haussa les épaules. De toute façon, le temps... Ca n'existait pas chez lui.

-Le temps, le temps, qu'est-ce que le temps ?

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