Le centre commercial décentralisé : rien de tel pour faire le plein (libre)

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Depuis qu'il avait emménagé avec Eponine, Victor avait pris un soin particulier à rendre l'appartement agréable pour la jeune fille. D'abord parce qu'elle avait des horaires impossibles, ensuite parce qu'il était plutôt du genre sympa et enfin, parce qu'il aimait faire plaisir.
Lorsqu'il avait l'occasion de remplir le réfrigérateur, il le faisait, et complètement. Novak partait du principe que la demoiselle, étudiante qu'elle était, n'avait pas beaucoup de revenus et qu'il était donc normal que lui, adulte ayant un salaire convenable, s'occupe de certaines choses. Et puis, de toute manière, il aimait prendre soin des autres.

Aujourd'hui, l'instit était venu en dehors de la ville, dans ce centre commercial un peu à l'écart, mais où l'on trouvait de tout. Il s'était évidemment déplacé sur sa moto et avait, avant de partir, rédigé une petite liste de tout ce qu'il fallait acheter. ET dans la liste, il n'avait pas oublié de préciser les crèmes chocolatées et autres plaisirs gourmands nécessaires pour quiconque veut étudier sérieusement.

Il commença par la grande surface la plus générale, pour y acheter les réserves pour la semaine et quelques petits extras que ne refuserait pas mademoiselle Thénardier. D'ailleurs, il comptait bien lui préparer un petit repas bien gastronomique pour un de ces soirs... il fallait trouver des ingrédients précis et particuliers, notamment pour les aromates et les épices.

Victor prenait son temps. Il ne voulait pas acheter de choses inutiles, mais il tenait à trouver aussi un petit cadeau pour sa colocataire qui l'avait si gentiment accueilli le soir de son arrivée. Il tenait vraiment à lui faire plaisir et à la remercier à sa manière.

La tête dans ses pensées, Novak avait arrêté de marcher et il était planté au beau milieu d'un rayon. Il ne vit pas le caddy arriver dans son dos.

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Le Fou n’était pas habitué à aller faire les courses, et encore moins dans un supermarché. Lorsqu’il était au Château, la nourriture était servie à table quand il fallait et lorsqu’il s’est retrouvé sur les routes, il chassait ce dont il avait besoin, ou allait dans des auberges. Cependant, il s’était rendu compte qu’il n’était pas dans les habitudes des gens de ce monde de chasser eux-mêmes ce qu’ils mangeaient (de plus, sans Œil-de-nuit cette activité était beaucoup plus difficile). Comme il comptait rester un petit temps ici, il fallait qu’il apprenne comment les gens se procuraient de la nourriture.

C’est pourquoi il avait décidé de se rendre au centre commercial (il avait entendu dire que c’était là qu’on trouvait de quoi manger) pour voir ce que c’était et comme cela se passait. Arrivé à l’entrée, il prit un caddy comme tout le monde. Très vite, il se rendit compte que c’était très pratique pour se déplacer, il suffisait de mettre un pied sur le bord du caddy et de pousser avec l’autre pied sur le sol (un peu comme pour une trottinette).

Les rayons permettaient une certaine vitesse et l’homme doré qui n’avait jamais vraiment été comme tout le monde s’amusait comme un petit fou à aller de plus en plus vite à travers tous les rayons découvrant par la même occasion une quantité incroyable de nourriture plus diverse les unes que les autres. C’est ainsi qu’il déboucha dans un rayon qui n’était pas vide et qu’il ne manqua l’homme qui s’y trouvait que grâce à un virage pas trop contrôlé qui fit atterrir le caddy au beau milieu d’un étalage faisant tomber toutes les boîtes de conserve qui s’y trouvaient. Lui était descendu du caddy juste à temps et se retrouvait sur ses deux pieds regardant le désastre qu’il avait causé. Il se retourna vers l’homme qu’il venait de manquer de peu.

« Bonjour, veuillez m’excuser pour cette arrivée un peu brusque, je ne savais pas qu’il y avait quelqu’un ici. J’espère que je ne vous ai pas fait mal. »

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Le bruit qui se fit entendre était assourdissant ! Un fracas énorme, juste derrière Victor… L’homme se retourna, que pouvait-il faire d’autre ? Il constata alors que le bruit était dû à plusieurs choses qui étaient liées. Il y avait premièrement la chute de nombreuses boîtes de tomates pelées qui jonchaient à présent le sol du magasin. En deuxième lieu, il y avait un caddy encastré dans un rayonnage et, enfin, un homme qui s’excusait pour son arrivée brutale. Novak avait envie de rire, ce n’était pas tous les jours qu’on était plus ou moins témoin d’un accident comme celui-là !

"Il n’y a pas de mal, mais je suis épaté par votre habilité à éviter les obstacles… vivants !"

Novak souriait. La situation aurait pu être dramatique, par exemple si le conducteur de ce véhicule roulant parfaitement identifié avait renversé une femme enceinte ou un tout jeune enfant… mais ce n’était pas le cas et on pouvait donc rire de ce qui s’était passé.

"Comment donc avez-vous fait ça ? Ce n’est pas donné à tout le monde de renverser plus des trois quarts d’une pile de conserves en si peu de temps !"

Cette fois, l’instit se mit à rire. Non, ce n’était pas donné à tout le monde. Il fallait beaucoup de maladresse ou énormément de vitesse pour cela. Et dans les grands magasins, il était plutôt rare qu’on puisse avancer avec la rapidité que l’on pouvait utiliser ailleurs.

"Enfin, vous avez l’air d’aller bien, c’est le principal…"

Les dégats matériels… et bien, les gérants des grands magasins devaient bien avoir l’habitude qu’il y ait de temps en temps des problèmes comme ça. Mais le tintamarre allait peut-être attirer des vigiles.

"Si vous avez besoin de moi pour témoigner au cas où, je reste dans les parages…"

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L’homme qui se tenait devant le Fou lui parut tout de suite sympathique, contrairement à beaucoup qui se serait mis à crier et peut-être l’insulter, celui-ci le complimentait.

Ses yeux délavés brillaient de malice lorsqu’il lui répondit en faisant un salut assez théâtral…

« Ravis de vous épater, Monseigneur, j’avoue que je suis assez fier de moi, je me produis tous les jours à la même heure. »

Lorsqu’il lui demandait comment il avait réussi l’exploit de renverser autant de conserves, le sourire du Fou se fit très large.

« Voyez-vous, je me suis entraîner longuement pour réussi à renverser toutes ces… comment avez-vous dit ? converses?... Mais bon, en général j’arrive à toutes les faire tomber. »

Il partit d’un grand éclat de rire, après tout, à part la petite frayeur qu’il avait eue lorsqu’il avait vu que quelqu’un occupait le rayon, il s’était plutôt bien amusé…

« Si je vais bien ? Bien sûr, j’ai même envie de recommencer, je ne pensais pas que c’était si amusant de venir ici…

Mais je crois qu’avant ça je devrais peut-être tout remettre en place…Sinon comment réussir à tout refaire tomber ? »

Il avait commencé à ramasser lorsque l’homme lui dit qu’il serait là s’il le fallait pour témoigner.

« Vous pensez que je vais avoir des ennuis ? Mais pourquoi, ça arrive à tout le monde de perdre le contrôle de se machin…

Au fait puis-je savoir qui j’ai failli renverser ? »

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La personne qui avait finalement atterri près de Victor était quelqu’un de très joyeux, apparemment. Cela se voyait dans son attitude, un peu théâtrale, et s’entendait dans sa voix qui résonnait comme un chant enjoué. Et l’homme était doté d’un humour bien sympathique, en plus. Novak ne pouvait faire autrement que de sourire.

"Les conserves…
C’est un sport qui n’est pas très fréquent, dites-moi… C’est la première fois que je vois quelqu’un qui joue au jeu de massacre de cette manière… Mais c’est original, vous devriez essayer de faire déposer le brevet, ça peut toujours servir. Et puis, peut-être qu’un jour vous deviendrez célèbre et que les caddys porteront votre nom !"

L’homme annonça alors qu’il avait bien envie de recommencer. L’instit pencha un peu la tête. Son métier et son histoire le poussaient à ne pas laisser faire trop de bêtises autour de lui… Même si les bétises en questions étaient plutôt rigolotes.
Il s’agenouilla près du sportif et l’aida à ramasser les conserves.

"Je vais vous aider à remettre tout ça en place…" Et comme l’homme lui posait la question des ennuis, l’instit répondit : "Je vais vous expliquer…
C’est très simple. Vous vous êtes bien amusé, mais ces conserves doivent se vendre. Si elles tombent sur le sol, elles vont être toutes cabossées, donc les clients ne voudront pas les acheter. Et si les clients n’achètent pas, les gérants du magasin ne vont pas apprécier. Ils chercheront la cause de la baisse d’achat, finiront par comprendre qu’il existe un sport qui consiste à faire tomber les conservs, et ils réaménageront la grande surface. J’imagine qu’ils sont capables d’installer des doubles vitrages devant les pyramides de boîtes… et les nouveaux aménagements devront être payés. Pour ça, les prix des produits augmenteront…"

C’était peut-être très raccourci et très caricatural, mais c’était bien ce qui pouvait se passer. Victor commença à reconstruire la pyramide de boîtes de conserve, tout en continuant à parler.

"Les gérants de grands magasins, comme celui-ci, cherchent à gagner un maximum d’argent. Si votre course de caddy devient le sport national, ils risquent fort de perdre un capital plus ou moins important… Et ça, ils le feront payer à tout le monde…"

Principe des capitalisme, libéralisme et impérialisme économiques. Bien sûr, Victor avait mis son point de vue sur ce système dans ses paroles, mais le plus important, c’était que le jeune homme avec qui il discutait comprenne que, même si c’était un jeu génial et marrant, tout le monde n’allait pas apprécier ça.

"Mais je suis prêt à témoigner que vous avez bien perdu le contrôle de votre caddy, ne vous en faites pas…
Je m’appelle Victor. Victor Novak. Et vous ?" L’instit tendait au jeune homme une main amicale.

Invité

Le Fou regardait l’homme lui parler, à vrai dire, il ne comprenait pas tout ben oui, à Castelcerf il n’y a pas de caddy, brevet, jeu de massacre… L’ex-prophète blanc ne pensait pas qu’il serait si difficile de comprendre ce nouveau monde…

Il réfléchissait tout en remettant les boîtes en une pyramide en soi très jolie, mais peut-être pas des plus solides. Un caddy à son nom, mais lequel ? Le vrai ? Quand on sait que le Fou ne dévoile presque jamais son nom, on comprend que cette idée ne l’enchantait guère.

L’homme vint l’aider à ramasser les conserves, qui avaient piteuses allure là au sol. Tout en ramassant, il lui expliqua en quoi son nouveau jeu pouvait devenir ennuyeux pour les autres. Bien qu’il ne saisissait pas tout, le Fou avait l’esprit vif et très vite il comprit le principal.

Mais lorsqu’il se retourna vers l’instituteur, ses yeux brillaient toujours de la même malice.

« Ok, donc si j’ai bien compris, je dois éviter les boîtes de conserve en plus des personnes, mais ça ne rend le jeu que plus intéressant, prochaine fois, je tenterais bien ce rayon-là… »

Il partit d’un grand éclat de rire en montrant un rayon rempli de bocaux en verre.

« Merci pour l’aide…
Rassurez-vous, je n’utiliserai plus les caddys de cette façon… Mais peut-être pourriez-vous m’expliquer comment fonctionnent les magasins, et tout ça… »

Le Fou savait bien qu’il devait avoir l’air un peu sot à ne pas savoir ce qui semblait ici élémentaire, mais l’homme qui se tenait en face de lui paraissait sympathique et l’homme doré se disait que peut-être il pourrait lui apprendre ce qu’il ne savait pas. S’il voulait vivre dans ce monde, il allait bien falloir qu’il apprenne les coutumes le plus rapidement possible et peut-être que l’homme qui l’aidait à réparer ses « bêtises » serait un prof valable.

« Merci de tout ce que vous faites, je suis ennuyé de vous demandez ça, mais voyez-vous je viens d’arriver dans ce… il n’allait quand même pas dire ce monde-ci, le peu qu’il avait pu en apprendre lui disait que s’il le disait, on risquait fort bien de ne pas le croire enfin, ici, et je ne connais pas encore grand-chose des coutumes d’ici. Pourriez-vous m’aider ? »

Le seul hic de la situation qui pourtant avait l’aire de s’engager pas mal, l’homme venait de se présenter et lui tendant la main. Le Fou vérifia que son gant était mis avant de serrer la main de l’homme.

« Moi pas… » Il se mit à rire « je suis habitant du 109 rue du septième art »

Il réfléchissait à toute vitesse visiblement, il était dans la coutume de demander et de connaître les noms de ceux que l’on croisait. S’il voulait passer inaperçu (enfin autant que faire se peut quand on a la peau dorée et les yeux délavés), il allait devoir vite fait se trouver un nom, mais comment trouver un nom qui convenait ici ? Il n’était pas sûr que ses noms d’emprunt iraient ici. Il allait devoir se forger une autre identité.

Invité

Le temps passant , les deux hommes ramassaient les boîtes de conserve et les rangeaient au fur et à mesure convenablement à l’emplacement qui leur était destiné. Victor était un homme patient et il était plus qu’évident que l’autre homme n’avait pas l’habitude de faire les courses. En bon pédagogue, l’instit songea qu’il devait trouver un moyen pour proposer à l’autre de l’accompagner pour lui montrer comment tout ça fonctionnait… mais il fallait éviter de blesser le caddyman…
Quand il vit le rayon qu’indiquait l’autre pour une nouvelle tentative de battre le record de vitesse en caddy, Novak écarquilla les yeux un instant avant de rire avec l’autre homme. Au moins, il avait de l’humour et il avait compris certaines choses. Victor eut ensuite l’agréable surprise de se voir demander un cours de magasinage alors qu’il cherchait comment il allait bien pouvoir proposer ça à l’autre homme…

"Je n’osais pas vous le proposer ! Vous savez, cela se voit un peu que vous n’êtes pas encore habitué à ce qui se fait par ici… Mais le système n’est pas bien différent de ceux qu’on trouve en Europe… "

Novak se demandait un peu d’où pouvait bien venir cet homme pour ne pas connaître ces bases de la vie, mais il avait déjà été mis en face d’un élève qui n’avait jamais appris à faire ses lacets, à frotter un tableau ou à ranger correctement ses affaires… La différence était qu’ici, l’homme ne semblait pas avoir de retard intellectuel, au contraire, il semblait m^me être plutôt intelligent et très fin d’esprit.... Non, il devait juste ne pas être au courant…
Par exemple, le principe élémentaire qui est de se présenter lui semblait incongru ou totalement inconnu. Mais d’où venait-il pour ignorer ça ? Quels parents indignes ne lui avaient rien appris de la vie ? Comment peut-on laisser un enfant grandir jusqu’à être homme sans lui avoir inculqué le minimum de politesse ?

Novak sourit au trait d’humour que venait de lancer l’autre. Bon. Puisque son interlocuteur vivait dans le même immeuble que lui, il pourrait lui expliquer ce qu’il faut savoir pour se débrouiller.

"Tiens ? Moi aussi je vis dans cet endroit…
Que diriez-vous que nous fassions nos courses ensemble, puis je vous raccompagne jusque là… J’ai toujours un deuxième casque et je ne dois pas faire des achats énormes… Il y aura encore de la place pour vous, si vous le voulez."

L’instit avait l’habitude de prendre sous son aile des personnes en difficulté. Si cet homme ne s’en sortait pas tout seul, Victor l’aiderait.

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Très vite, toutes les boîtes de conserve retrouvèrent la place qu’elles n’auraient jamais dû quitter. Enfin, peut-être pas dans la position initiale, sans doute tenaient-elles un peu moins bien maintenant, mais au moins elles étaient revenues dans le rayon, après tout, c’est le principal… Non ?

« Je ne suis pas non plus habitué au système d’Europe, que d’ailleurs je n’ai pas encore vu. Vous savez, je viens de beaucoup plus loin… »

Il n’allait quand même pas lui dire qu’il venait d’un autre monde, d’une autre époque, une époque où les forteresses existaient, où les pirates terrifiaient la population, bien que lorsqu’il l’avait quittée, ce n’était plus vraiment le cas, une époque où il avait tenté de faire revenir les dragons. De toute façon, l’aurait-il cru ?

« Merci d’accepter de m’aider, ça m’évitera de me retrouver à nouveau dans les conserves ou toute autre chose parce que je n’utilise pas les objets à bon escient. »

L’homme semblait tout à fait habitué à la vie ici, en tout cas plus visiblement que les autres personnes que le Fou avait déjà rencontrées, sauf peut-être la locataire de l’homme aux chaudrons.

« Vous habitez aussi au 109, quelle coïncidence ! J’accepte votre proposition avec joie, j’avoue que je ne savais pas très bien comment j’allais faire pour faire les courses, sans doute observer les gens pour apprendre, mais ça m’aurait pris beaucoup de temps. »

Mais une chose troublait le Fou, pourquoi avait-il besoin d’un casque ? Il n’avait pourtant rien rencontré de dangereux sur sa route, il n’aurait pas besoin de se battre…
Et puis, sur quoi y avait-il encore de la place ? Le Fou ne voulait pas une fois de plus paraître ignorant et pourtant ça l’inquiétait quand même de savoir comment l’instituteur comptait rentrer au 109.

« Pardonnez-moi Monsieur, mais comment comptez-vous me raccompagner ? »

Invité

Aaaaaaah, la pédagogie... c'était quand mêem quelque chose dont on avait sans cesse besoin dans la vie. Victor aimait enseigner, il adorait pouvoir apprrendre des choses aux autres et depuis qu'il avait quasiment cessé son activité professionnelle, il ressentait parfois comme un manque.
En rangeant les boites de conserve, il réfléchissait vaguement à ce qu'il pouvait apporter comme enseignement à cet homme qui lui semblait ne pas savoir grand chose des habitudes de vie... Il venait de dire qu'il ne connaissait pas le système européen... mais d'où venait-il alors? Et s'il s'agissait d'un de ces enfants privés très tôt de sa liberté, qui avait dû grandir dans une cave, ce qui expliquait sa couleur de peau un peu bizarre, et qui avait fini par être libéré un peu par hasard, mais ne connaissait rien de la vie... Oui, c'était possible... Et Novak se décida vraiment à le prendre sous son aile.

"Je vous apprendrai tout ce qu'il faut savoir, ne vous en faites pas..."

Un jeune homme élevé dans la solitude et un monde à part, celui d'une pièce étroite et obscure. Voilà ce qu'il avait devant lui. Et malgré ce très mauvais départ dans la vie, l'autre avait beaucoup d'humour. Victor sourit eà nouveau quand il lui demanda comment l'instit allait le reconduire au 109.

"Je vous raccompagnerai en moto. mais je roule prudemment, vous n'avez pas à vous en faire..."

Tout en parlant, il s'était relevé et avait posé les mains sur les poignées du caddy qu'il commençait à pousser dans les rayons.

"Bon, suivez-moi, je fais mes courses et si vous avez une question sur quoi que ce soit, n'hésitez pas.
Voilà comment on utilise les caddies..."

Invité

L’homme, ce Victor Novak était vraiment quelqu’un de bien, du moins à première vue. Le Fou était content d’être tombé (dans presque tous les sens du terme) sur lui, peut-être comme ça parviendrait-il à savoir ce qu’il lui fallait pour vivre ici sans paraître complètement idiot ou étranger (je ne dis pas que les étrangers sont idiots, mais quelqu’un qui ne connaît rien des habitudes paraît aux yeux des gens, dans le meilleur des cas étrangers, dans le pire, complètement idiot…)

« Encore une fois, merci pour votre aide… »

Le Fou fronça quand même un peu les sourcils, l’homme en face de lui le regardait bizarrement, comme s’il avait pitié. Bien que la situation du Fou était peut-être peu enviable (se retrouver dans une époque inconnue, dans un lieu inconnu et surtout n’ayant plus de rôle étant donné qu’il ne devait pas survivre pour voir cette partie-là de son histoire), il ne pensait pas que c’était au point de faire pitié.

Il ne savait pas ce qu’était une moto, mais chaque chose à la fois, il le verrait bien en temps utile. Il récupéra son caddie et suivit l’instituteur. Après avoir fait quelques pas, il regarda l’air malicieux l’homme à côté de lui.

« Je trouve que cette façon de faire manque d’amusement, mais bon, c’est vrai que c’est peut-être la meilleure manière d’éviter de nouvelle catastrophe-conserves… »

Il regarda autour de lui, il y avait tant de produits qu’il ne connaissait pas, ou qui étaient présenté sous d’étranges formes… Des questions, il en aurait eu des milliers, mais comment choisir les plus importantes ?

Invité

Victor savait très bien que jamais il ne pourrait s’empêcher d’aider quiconque en avait besoin et si son regard exprimait bien quelque chose, il s’agissait de compassion plus que de pitié, car il savait d’expérience que personne n’aimait provoquer la pitié chez d’autres. L’instit avait d’ailleurs le souvenir très clair de cet homme qui vivait dans la rue avec son fils et qui refusait toute aide par fierté, parce que ça lui faisait honte qu’on puisse avoir pitié de lui… Novak se rappelait très bien de tout ce que cette foutue fierté du père avait fait endurer au fils et ça, c’était bien ce qui avait déclenché en lui cette rage. Si le père n’avait finalement pas choisi de protéger le petit en le confiant, en pleine nuit et en plein hiver à Victor, ce dernier aurait fini par taper sur le père jusqu’à ce qu’il se décide à bouger !

En continuant à marcher dans le magasin, Novak se servait dans les rayons, en n’oubliant surtout pas le chocolat qu’adoraient Eponine et Gizmo, des Danettes, des pâtes, du soda, des aliments en tous genres et un livre pour lui. Son interlocuteur l’accompagnait et Victor lui expliquait au fur et à mesure pourquoi il prenait telle chose dans un rayon : ce que c’était, combien ça coûtait et à quoi cela allait servir. L’instit n’avait pas l’air trop pressé et passait expressément dans tous les rayonnages du magasin pour être sûr que l’homme qui l’accompagnait trouvait son bonheur.

Evidemment, c’était moins amusant de faire les courses sérieusement, mais c’était plus efficace. Novak avait souri aux quelques remarques de l’autre. C’était plutôt sympathique de voir que son interlocuteur s’intéressait à tout, ça avait un côté encourageant. Il était avide d’apprendre, sans aucun doute.

Invité

Le Fou suivait Novak, il écoutait et apprenait. Son caddie était toujours vide. Il était là pour apprendre, pas pour s’approvisionner, il restait encore à l’appartement quelques morceaux de viande qu’il avait chassée et séchée avant d’arriver ici et d’autres trucs qu’il avait emmenés avec lui, bref, de quoi tenir quelques jours. Alors, autant se concentrer sur la manière pour faire les courses, avant le stage pratique, le stage d’observation.

Son interlocuteur lui expliquait chaque fois ce qu’était ce qu’il prenait et combien cela coûtait. Mais une chose turlupinait le Fou ; comment se procurer de l’argent ? Est-ce qu’il fallait travailler ? Mais comment cela fonctionnait-il ?

Alors qu’ils arrivèrent dans la file pour la caisse, le caddie du Fou vide et celui de l’instit plein, le Fou posa la question qui le travaillait depuis un moment.

« Vous venez de m’expliquer le prix de tout ce que vous avez mis dans votre caddie, mais comment fait-on pour se procurer de l’argent ici ? Quel genre de travail y a-t-il moyen de faire ? »

Il savait faire pas mal de choses comme, par exemple, tout ce que doit pouvoir faire un bouffon à la cour, mais il n’avait pas vu de château en venant il craignait donc que ce don-là ne lui serve pas. Mais est-ce que l’un de ses dons pourrait lui servir ? Il fallait qu’il sache, sans quoi il allait devoir improviser pour vivre.

Invité

(hj : désolée, j'avais oublié ce rp :s)

Le temps passant, le caddy de Victor se remplissait bien de tout ce qu'il avait noté sur sa liste. Quand il fut certain de tout avoir trouvé, il jeta un regard au caddy de son compagnon et se rendit compte qu'il n'avait pas pris grand-chose, pour ainsi dire. Novak eut alors droit à une question à laquelle il ne s'attendait pas du tout. Il en resta immobile quelques secondes, deux ou trois, pas plus, et dut se cramponner à son caddy pour éviter de tomber à la renverse en apprenant que l'autre ne savait pas cela. Il devait vraiment avoir vécu dans le trou du c** du monde, au fin fond de la brousse ou en tout cas à des kilomètres de la civilisation !

"Rassurez-moi... Vous vous fichez de moi ?
Vous n'avez pas de job ? Pas de compte en banque ?"

Novak aurait aimé que son interlocuteur se fiche de lui. mais il ne croyait pas vraiment en cette possibilité. L'autre avait l'air trop innocent pour cela. Quoique sa blague tout à l'heure pour ne pas donner son nom n'était pas du genre innocente...

"Personne de votre famille ne vous a expliqué comment ça fonctionne ?
Vous faites des études, vous obtenez un diplôme qui vous ouvre les portes d'un métier. En travaillant, vous gagnez de l'argent que vous pouvez dépenser en achetant ce que vous voulez.
Ce qui existe comme métiers... eh bien, en fait, c'est très varié. Vous pouvez être pompier, agent de police, coiffeur, commerçant, médecin, restaurateur... ou enseignant, comme je le suis. Mais si vous n'avez pas de qualification, vous allez sans doute avoir des difficultés à obtenir un boulot..."

Invité

En voyant la tête que faisait son interlocuteur, le Fou comprit qu’il venait de poser LA question dont la réponse semblait évidente pour les autres, mais pas pour lui. D’un côté, cette situation l’amusait, c’était toujours drôle de voir la tête de l’instituteur à chaque nouvelle question posée montrant que clairement il n’était pas du coin. Cela dit, l’homme doré se rendait bien compte qu’il allait finir par devoir donner une explication à sa totale absence de connaissance du monde. Ne serait-ce pour que son interlocuteur ne se fasse pas une mauvaise idée de son éducation.

Reprenant le ton de l’instit avec un petit sourire malicieux…

« Rassurez-moi, vous faites exprès d’utiliser des mots très spécifiques ?
À vrai dire, je ne sais pas ce qu’est un job ni une banque. Par contre, j’ai bien un peu d’or, c’est avec ça que je me procurais ce dont j’avais besoin avant. »

Spoiler:

Il sourit, non parce que ce qu’il disait était faux, mais pour ne pas inquiéter plus l’homme qui avait accepté de l’aider et qui semblait un peu catastrophé par l’ampleur de la tâche qu’est celle d’apprendre au Fou ce qu’il faut savoir de ce monde dont il ne savait rien.

Il est vrai que le monde dans lequel le Fou avait vécu franchement différent, si on avait dû le qualifier par une époque connue, celle du Moyen Âge, avec ses châteaux, ses chevaliers, ses chevaux,… aurait peut-être été la plus proche de ce que connaissait le Fou.

Ne serait-ce que pour rassurer l’homme il lui dévoila une partie de la vérité le concernant.

« Vous savez, là d’où je viens, en générale les métiers se passaient de père en fils ou de mère en fille. Cela dit pour moi il en fut quelque peu autrement… »

Il n’en dit pas plus, il ne tenait pas à expliquer, du moins pas tout de suite ce qu’avait été son enfance.

Par contre lorsque Novak lui parla de qualification, il s’inquiéta un petit peu, les seules qualifications qu’il avait étaient celle de prophète blanc, celle de sculpteur, celle de bouffon… Il craignait qu’elles ne lui seraient gère utiles ici. Tous les métiers dont lui parlait d’instituteur lui étaient totalement inconnus.

« Je crois qu’il va falloir que j’apprenne très vite, mais avant ça, il faudra que vous m’expliquiez le sens de tous ces mots… Mais rassurez-vous, s’il faut trouver du boulot, comme vous dites, pour vivre ici, je me débrouillerai.»

Il sourit, peu importait, ce qu’il faudrait faire, il parviendrait à vivre ici.

Invité

Je verrouille le topic.
Victor ne peut plus se connecter, on verra par après.

Le Fou, je pense qu'il vaut mieux faire comme si Victor t'avait inculqué quelques bases de ce monde.

Bon jeu.

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