Rencontre étonnante [James Watson]

Il hocha la tête. Il s'agissait là d'une conversation intéressante qui faisait fonctionner son cerveau d'une agréable façon, le sauvant d'une stagnation, d'un ennui et d'une crise d'immobilisme. L'intelligence exponentielle qu'il avait lui demandait une concentration et une attention très grande. Il lui fallait trouver très rapidement une manière de l'occuper, car il risquait de s'ankyloser tout seul. Il en avait déjà fait l'expérience durant les jours au Sanctuaire où il n'y avait rien pour l'occuper. Ce n'était pas faute de chercher pourtant. Il n'avait simplement pas toujours une énigme, un problème médical ou n'importe quoi d'autres pour l'empêcher d'en mourir. Surtout maintenant qu'il revenait d'entre les morts et que son appareil ne semblait plus sur le point de lâcher. Il allait en profiter. Il lui fallait simplement trouver un moyen de renforcer ses jambes, ce qui n'était pas une mince affaire. Peut-être... il chassa l'idée subitement avec violence. Il s'était toujours débrouillé seul et n'allait certainement pas embêter deux jeunes femmes avec ses problèmes de vieillards – et ce, même si Jolinar était plus vieille que lui, ce qu'il oubliait souvent.

"Oh, je ne rejette pas le fait que les ancêtres des créatures que je connaisse viennent de l'espace. Comme vous dites, les créatures terriennes et extraterrestres ont du mêler leur ADN avec les années. Ce serait quelque chose d'extrêmement possible étant donné que ce que l'on retrouve sur nos protégés vient plus d'ici que d'endroits inconnus. De plus, je ne puis dire beaucoup de choses sur le sujet, étant donné que je suis resté deux pieds sur Terre durant mes longues années de vie."

Il avait vu la noirceur de la mort, mais n'en avait jamais gardé aucun souvenir. Il n'eut aucune réaction lorsque les yeux de son interlocutrice s'illuminèrent. Et pourtant il savait parfaitement que la curiosité aurait du l'assaillir. C'était un phénomène tellement intéressant. La fluorescence des iris était extrêmement rare chez les espèces qu'il connaissait. Une des raisons pour lesquelles il croyait Samantha quant à la vie sur d'autres planètes. L'habitude et la politesse devait être les deux facteurs qui l'empêchait de la dévisager ou de lui demander plus amples informations. Par contre, la jeune femme militaire n'avait pas tort. La question était beaucoup plus pour l'humaine que le symbiote, mais il ne savait pas que le changement pouvait se faire aussi rapidement. Il écouta donc la jeune femme avec une attention intéressée particulièrement intense. Elle était la seule chose dans cette pièce qui permettait d'éviter le mal de tête. Il ne pouvait que faire peser ses pensées sur ces deux femmes en une. Ç'aurait pu être un cas de trouble de la personnalité, mais les yeux n'étaient pas un canular, alors il chassa cette pensée à son tour. Il ne doutait pas d'elle, loin de là.

Le Mr Watson le vieillit encore plus. Après tout, Dr passait très bien, il ne s'en faisait pas, c'était professionnel, c'était normal et même les jeunes se faisaient appelé ainsi, mais monsieur...il avait l'impression de se trouver devant une élève. Elle était gamine. Elle avait...dans la quarantaine maximum, la trentaine peut-être. Au moins trois fois plus jeune que lui. C'était surtout dans ces moments-là qu'il se rendait compte de sa vieillesse.

"Oui, je dois dire que la question vous est plus adressée, mais ne sachant pas si Jolinar pouvait vous laisser la place aussi facilement, je ne pouvais le faire d'une autre manière. Je suis heureux néanmoins que vous y répondiez."

L'intérêt dans cette histoire était purement d'un esprit scientifique. Il n'en attendait rien. Ne souhaitait pas des réponses pour lui-même, mais plus pour agrandir ses connaissances sur un monde. Il avait la chance de réussir à maintenir une illusion de l'immortalité. Il avait donc pu tant apprendre sur son monde et ses facettes qu'il n'en était que choyé. Il se sentait privilégié par une planète qu'il n'avait pas toujours mérité. Ses échecs le hantaient encore. Moins qu'avant sa mort, mais il les savait pas loin. Quelque part entre deux énigmes et deux récitations de la bible en latin.

"Elle a un sens du sacrifice qui l'honore. Et peut-être cela me rassure-t-il un peu de savoir que les créatures hors de la Terre ne sont pas toutes trop dangereuses pour notre planète et ses habitants, humains et autre. Je suis soulagé aussi de savoir que vous gardez votre autonomie, tout en espérant que ma question n'aura pas vexé Jolinar."

Il eu un petit sourire.

"Nos deux mondes sont extrêmement différents, mais pourtant si semblables. Vous travaillez avec les étoiles et ses habitants, je travaillais avec les habitants cachés de cette planète. Je crois comme vous que nous aurons beaucoup de choses à nous apprendre. Si vous consentez à réitérer ce genre de conversation. Toutes vos questions sont les bienvenues."

Samantha Carter était de bon vivant. Agréable, calme et avec la conversation facile. Il n'y avait aucun froid, aucune tension, aucun problème. C'était là toute la différence avec la relation que James avait entretenu avec quatre des Cinq. Tensions agressive envers Nikola, tensions de toutes sortes avec John tout dépendant de l'époque et de même avec Helen. Une rencontre saine, un contact sain lui faisait le plus grand bien. Au lieu de le ronger, cette conversation lui permettait d'axer ses pensées sur autre chose que lui-même. Il hocha la tête lorsqu'elle réitéra une explication. Le fait que les deux étaient conscientes en même temps le rendait perplexe. Il avait déjà eu et vu des cas de possession et pourtant, ça ne s'était pas passé avec autant de pacifisme, mais comme le lui avait dit la jeune femme, son symbiote à elle ne l'avait pas parasité pour lui faire du mal, mais plutôt pour survivre. Il eu donc un sourire lorsque Samantha lui signifia que Jolinar avait un sale caractère. Oui, il connaissait ça. Pourtant, elle ne lui avait pas semblé si agressive que ça. Il avait bien sentit de la méfiance, mais c'était plutôt normal lorsqu'on rencontrait quelqu'un qu'on ne connaissait pas.

"J'espère bien avoir encore une petite centaine d'année devant moi maintenant."

Si sa machine avait duré au moins 160 ans dans sa première vie, il était en droit d'en espérer quasiment autant pour sa deuxième non ? Il pourrait régler quelques petites choses et apprendre encore plus. Il avait eu la chance de voir un siècle et demi passer, connaître deux époques totalement différentes et voir naître les technologies d'aujourd'hui. Même s'il ne l'aimait pas, ça ne l'empêchait pas d'admirer ses contemporains qui les avaient créées. Il était bien curieux de voir quel bond ferait le monde. Est-ce qu'il allait régressé jusqu'aux années noires ou bien les technologies triompheraient et le monde se verrait projeté comme dans un film de science-fiction ? C'était bien là toute la question et il espérait pouvoir occuper son talent à cela: rester en vie le plus longtemps possible. On ne dit pas non à une deuxième chance.

"Nous avons effectivement des cas de parasites. Par exemple, il y a un Phénomène, sur Terre, qui s'insère à la base du cou du patient, agrippant ses pattes aux nerfs principaux. En plus de changer la personnalité, ce parasite vient souvent avec un virus dont les effets sont assez semblables aux stéroïdes. Je n'en ai jamais vu de mes propres yeux, mais cette créature et ce virus étaient tous les deux fichés. Il y a bien entendu d'autres exemples, mais il s'agit bien plus de forme larvaire que reptilienne."

Il avait eu le temps d'apercevoir ces détails peu avant son départ pour le Sanctuaire d'Helen. Il avait su l'histoire du jeune William par les dossiers qu'il consultait dans la base de données. Il ne dit pas à Samantha par contre que l'exemple qu'il venait de donner était plutôt rare puisque la cause était la Cabale, mais le danger restait là. Toute créature pacifique devient violente quand elle cherche un foyer. Encore plus lorsqu'une organisation secrète provoque le manque pour rendre le Phénomène des plus invivables.

"Quant à l'invisibilité qui vous intéresse, je puis vous dire que mon collègue à l'époque fut celui qui inspira l'auteur de l'homme invisible. Véritablement capable de faire disparaître son corps, son don fut transmis à sa descendante et ainsi de suite. Nous avons eu des cas de vampires invisibles aussi. Certains Phénomènes l'ont par une tare génétique, d'autres à cause d'un mécanisme de défense. Il ne s'agit donc pas d'un pouvoir rocambolesque inventé par des auteurs en manque de fiction. Il y a eu plusieurs cas à travers les siècles. Nous avons réussit à en expliquer quelques-uns, d'autres nous sont restés inconnus. Il nous aurait fallut plus de temps, plus de gens pour y travailler et nos Sanctuaires étaient déjà bien occupés.

L'invisibilité génétique est la plus rare des deux. Pour la simple et seule raison qu'il faut que le premier à l'avoir ne l'aie pas eu naturellement. C'est le cas de mon collègue qui était – pardonnez-moi le terme – ce que l'on pourrait appeler un humain génétiquement modifié. Étrangement, son pouvoir s'est transmis par les gènes à sa fille qui l'a transmise à son tour à la sienne.

L'invisibilité par mécanisme de défense est beaucoup plus répandu. Elle permet à la créature qui possède cette capacité de se fondre dans le décor, pour se protéger des prédateurs ou même parfois pour devenir prédateur soi-même. Nous n'avons jamais encore eu la confirmation de la source de ce pouvoir. Si les créatures sont réellement nées avec sans causes extérieures ou s'il y a eu, il y a plusieurs années, un accident génétique ou biologique."

Il se tut un moment. Nigel Griffin avait été le premier des Cinq à mourir, n'étant pas immortel naturellement comme l'était Helen ou Nikola, immortel par procuration comme John et immortel par détermination comme James. Les quatre avaient été atterrés par cette disparition qui marquait le début de la disparition de ce groupe de savants qui avaient tant fait avancer le monde. Que ce soit Nikola, Helen ou James, ils avaient écrit une page de l'histoire des hommes et pouvaient espérer continuer pour quelques années encore.

"N'ayez aucun inquiétude pour ma capacité de suivre vos réflexions. Je les suis parfaitement bien.2

Et certainement mieux que ce qu'elle pouvait penser. Évidemment, Samantha ne pouvait savoir la raison. Car bien qu'il ait été plus intelligent que la moyenne lorsqu'il était jeune, le Sang Originel avait fait grandir son intelligence à des mesures immenses qui l'avaient terrifiés la première fois. Lorsqu'il avait enfin pu s'habituer, il avait découvert tout le potentiel qu'il pouvait y avoir dans un tel don. Depuis il l'utilisait pour son bien-être, mais aussi pour celui du monde. Il ne voulait pas s'abandonner au profit des autres, c'était contre la détermination victorienne et l'instinct de survie, mais il ne voulait pas utiliser ce qu'il avait reçu pour de l'égoïsme pur. Ainsi essayait-il de faire concorder les deux. Il y était arrivé. Comme Nikola Tesla avait inventé beaucoup de chose pour les humains, comme lui-même l'avait fait.

"Même si le peuple dont vous me parlez m'est inconnu, je peux vous dire que ces créatures n'utilisent sûrement pas un procédé mécanique. Ils doivent posséder une capacité spéciale semblable à celle que certaines créatures utilisent ici en mécanisme de défense. Comme l'invisibilité n'a pas réellement rapport avec la télépathie, je ne suis pas surpris que les Goa'Ulds ne l'aient guère ressentit. Si vous me dites qu'en plus ça leur permettait de cacher les animaux et la cité.... soit ils étaient plusieurs à utiliser ce don pour se cacher, soit la seule avait une extrêmement grande puissance. D'après moi, peu importe la réponse, il faut une puissance considérable, même à plusieurs, pour cacher autant de choses aux yeux des autres. D'où peut-être leur pacifisme. Une créature, aussi grande et emplie de pouvoirs qu'elle soit, ne peut se battre sur trop de fronts à la fois. Quoique la majorité de celles près de la nature que j'ai rencontré étaient effectivement d'une douceur parfois dangereuse pour elles-mêmes."

Le nom des extraterrestres avaient été prononcés avec un accent anglais un peu plus tranché étant donné qu'il n'avait pas habitué sa langue à une telle prononciation. Pas réellement compliqué, mais ce n'était pas un mot qui se retrouvait dans le vocabulaire ou la grammaire anglaise. Il aurait peut-être pu rajouter quelques choses, mais un soudain froncement de sourcil le fit quasiment sourire. Il pouvait reconnaître quand cette jeune femme avait des réactions dues à Jolinar et il lui semblait que c'était justement le cas. Peut-être le symbiote avait dit quelque chose de soit particulièrement offensant, soit elle l'avait défier sur un autre sujet. Ça arrivait la compétition entre partenaire de corps. Helen en avait déjà eu un très bon exemple dans son Sanctuaire avec cet homme à deux faces. Qui bien que joueur et sympathique se promenait avec un côté plus cannibale et agressif. Enfin, on ne peut pas tout avoir. Il hocha la tête vers Sam.

"Oui, je suis d'accord. Il est toujours bien de converser entre scientifique travaillant dans deux zones différentes. Les connaissances qu'on en tire sont souvent plus importantes que dans toute autre relation."

C'était une phrase tout à fait innocente. Il n'avait rien à retirer pour son bien-être dans les connaissances que pouvaient bien lui dire. Ça ne faisait en fait qu'agrandir ce qu'il savait du monde et de ses joyaux ainsi que de l'univers. Il ne pouvait se plaindre. Ce qu'il ne savait pas était bien entendu les propriétés de guérison des symbiotes comme Jolinar, mais même s'il l'avait su, jamais il n'aurait cherché à l'utiliser – même s'il avait su comment – trop fier peut-être pour demander de l'aide et trop inquiet pour sa santé pour risquer la chose. Il préférait travailler avec les technologies d'aujourd'hui afin de les former pour sa machine. Il devait toutefois toujours faire attention, puisque ses créations restaient un peu futuristes peu importe l'époque dans laquelle il se trouvait. C'était une des raisons pour lesquelles il préférait ne pas montrer son objet de survie à n'importe qui.

"Votre manque de douceur ne m'importune pas. J'ai eu la chance de rencontrer des personnages plus colorés et beaucoup plus sauvages que vous. D'autant plus que vos questions sont intelligentes et bien fondées. Que puis-je demander de plus ?

Quant à vos questions, les parasites dont je fais référence ont l'apparence d'un gros cafard dont les pattes possèdent de toute petites aiguilles leur permettant de s'accrocher aux nerfs de leur victime. Et d'après ce que je sais, ils sont capables de vivre très longtemps sans hôtes, mais ceux dont je vous parle avaient probablement l'aide d'humains pour survivre. L'hôte reste conscient apparemment, mais dans une partie du cerveau où il ne peut pas réagir comme il le ferait habituellement, ce qui entraîne un changement de la personnalité. Le sujet devient alors plus violent. Ensuite, pour la possession, je ne suis pas en mesure de répondre à cette question. J'espère tout de même avoir pu répondre à la majorité de vos interrogations. N'hésitez pas si je n'ai pas assez développé une partie, j'ai la mauvaise habitude de prendre pour acquis ce que je dis puisque je le comprend."