I could fall for you (PV Tonks)

Invité

*La sagesse populaire dit qu'on n'est jamais si bien que chez soi. Mais quand on n'a plus de chez soi ?*

Installé à l'arrière du taxi qui le conduisait de la Virginie au New Jersey, Spencer Reid regardait d'un air absent le paysage hivernal défiler de l'autre côté de la vitre. Il s'était assis un peu en travers pour pouvoir étendre sa jambe blessée. Malgré les deux mois qu'il avait passés à l'hôpital la douleur était toujours aussi intenable. Mais il préférait se passer d'antidouleurs plutôt que de risquer de replonger. Il avait eu trop de mal à s'en sortir.

Pour l'heure, Spencer était mélancolique. Il avait beau savoir que la décision qu'il avait prise de partir était la bonne, il y avait quelque chose de douloureux à devoir ainsi tourner le dos à ce qui avait fait toute sa vie pendant six ans. Oh, bien sûr, tout le monde avait dit que ce n'était que temporaire, un break qui lui permettrait de se refaire une santé, physique et mentale, l'occasion pour lui de faire aussi de nouvelles expériences... Mais Spencer n'était pas dupe. Il savait qu'il ne retrouverait pas facilement sa place s'il revenait jamais à Quantico. L'équipe aurait pris l'habitude de tourner sans lui, quelqu'un d'autre prendrait sa place, et pour se réintégrer, il faudrait longtemps. Et même s'il se réintégrait, son absence aurait tout changé. Rien ne serait plus comme avant.

Il eut un soupir et se rencogna sur la banquette, croisant les bras pour résister à l'envie de se ronger les ongles. Il était mal à l'aise. Il n'avait pas envie d'être là, dans ce taxi qui l'emmenait vers une ville où il ne voulait pas travailler. Seul. A la réflexion, il se rendait compte que c'était surtout ce dernier point qui le terrifiait. Chaque nouveau départ, chaque nouvelle étape dans sa vie s'était toujours effectuée dans la douleur. Seule son arrivée à la BAU s'était relativement bien passée grâce au soutien de Gideon. Il ne voyait pas de raison pour que cette nouvelle étape ne soit pas comme les précédentes : une nouvelle bataille où il devrait avant tout tenter tant bien que mal de se protéger des coups. En l'occurrence, les-dits coups seraient sûrement virtuels, vacheries, moqueries, résistance passive, subtils manques de respect... Habitué à avoir des ennuis, il avait appris à les anticiper, mais malgré tout, il détestait cela. Qui n'en ferait pas autant à sa place ?

Et à présent ? Une autre valise, dans un autre couloir... Enlever ses photos d'un autre mur... Oh, il s'en remettrait, il l'avait toujours fait auparavant. Régulièrement, il disait n'en avoir rien à faire, qu'il était devenu suffisamment endurci. Mais dès qu'il aurait fallu qu'il le soit, toute sa faconde s'envolait et n'importe qui pouvait le blesser. Et on se gênait rarement pour le faire. Oh, si on lui laissait le temps... disons... trois mois... il irait parfaitement bien, il aurait pu le jurer. Oh, peut-être pas si bien que ça, mais il survivrait. Il ne garderait pas trace des noms de tous ceux qui s'en prendraient à lui, ni de toutes les occasions où on le tournerait en ridicule... Mais pour l'heure, ce n'était pas une consolation.

Il soupira. Où tout cela allait-il le mener ? Il avait vingt-huit ans, une culture générale que la plupart des gens n'atteindraient probablement jamais, un vécu qu'il ne souhaitait à personne... et il était complètement passé à côté de sa vie. A son âge, nombreux étaient ceux qui avaient un groupe d'amis avec qui sortir, s'amuser ou simplement discuter, qui étaient mariés, parfois pères de famille, ou plus simplement en couple, ou même avaient simplement eu au moins une relation sérieuse dans leur vie... Et lui ? Sorti de son boulot, il n'avait pas de vie, Morgan s'était assez souvent payé sa tête à ce sujet...

Le taxi entra dans une ville dont il ne put lire le nom, et tourna bientôt dans une rue perpendiculaire à l'avenue, pour enfin s'arrêter au pied d'un immeuble. L'immeuble où il allait désormais vivre. Il eut un léger frisson en regardant la haute bâtisse, qui, sur le ciel gris de ce jour d'hiver, n'avait rien d'engageant. Le chauffeur vint lui ouvrir la portière et sortir son sac du coffre, le laissant se débattre seul avec ses béquilles pour sortir de la voiture. Après cinq bonnes minutes à lutter, il parvint enfin à s'extraire du taxi et à garder son équilibre. Le type avait été payé par le département et démarra donc presque immédiatement, le laissant se débrouiller avec son sac et ses béquilles. Great. Il se pencha, réussit à ramasser son sac à dos sans se casser la figure, et l'ajusta. Le reste de ses affaires était censé arriver quelques jours plus tard par camion. Quelques meubles - un lit, un bureau, quelques étagères - et ses vêtements. Plus ses livres, bien sûr. Tous ses livres. C'était surtout ça qui prenant de la place dans les cartons...

Avec un soupir, il s'arc-bouta contre la porte pour l'ouvrir et se retrouva dans un hall assez clair, bien tenu, brillant de propreté. Presque trop. Comme si la personne chargée de l'entretien souffrait d'un TOC. Il secoua la tête avec un sourire d'auto-ironie. Décidément, à force de travailler à la BAU, il en arrivait à voir des troubles partout... Il haussa les épaules et se dirigea vers l'ascenseur. Il appuya une première fois sur le bouton. Pas de réaction. Une deuxième... Une troisième... Allons bon. L'ascenseur était en panne. C'était bien sa chance ! Tirant ses clefs de sa poche, il regarda le numéro qui y était attaché... et déglutit en constatant que son appartement se trouvait au septième étage. Il jeta un regard à la cage d'escaliers. Sept étages à monter sur une jambe. Un cauchemar.

Rassemblant ses forces, il fit passer ses béquilles dans sa main gauche et s'accrocha à la rampe. Mais juste au moment où il allait s'attaquer à la première volée, quelqu'un apparut en haut des escaliers et dégringola les marches. Spencer eut juste le temps de tendre le bras pour essayer de rattraper la personne, mais, emporté par l'élan, il ne put que tomber en arrière avec elle. Ce qui ne fit que rendre plus intenable encore la douleur qui déchirait sa jambe et il ne put retenir un gémissement, sonné, et se mordit le poing pour ne pas hurler. Reprenant souffle, il regarda à la personne tombée à côté de lui.

ça va ? Vous allez bien ?

Invité

- Smoooooooooooke on the wateeeeeeerrrr and fire in the sky !!!!

Réveillée de bonne heure, douchée et habillée, Tonks faisait le ménage dans tout l'appartement en musique, profitant du sommeil de Dean pour gagner du temps avec sa baguette. Le temps était particulièrement maussade: un ciel gris, de lourds nuages qui emplissaient le ciel et une température qui n'invitait pas à la balade, mais Tonks avait retrouvé sa vieille habitude d'être de bonne humeur. Finie la dépression, seuls quelques petits moments de doute et de déprime venaient l'embêter parfois, mais après ce qu'elle avait traversé c'était tout ce qu'elle s'autorisait.

Dean surgit brusquement en caleçon de sa chambre. Dérangé par le volume de la musique, il avait daigné sortir de son lit pour venir baisser le volume, avant de repartir pour son repaire, sans un bonjour ou un regard pour sa colocataire. La porte claqua, et la jeune femme alla immédiatement relever le son de la chaîne. Un peu moins fort qu'avant, mais un peu plus que ce qu'il autorisait. Un flot d'injures indistinctes retentit, mais l'ours des cavernes ne ressortit de son antre.

Elle se dirigea vers la cuisine et ouvrit le frigo pour en examiner le contenu. Des bières et des tomates. C'était là tout ce qu'il contenait. Ils avaient prévu de faire les courses la veille, mais avaient finalement décidé de se faire livrer un repas. Elle conjura une feuille de papier et un stylo qui traînaient sur la table basse, et commença une liste. Elle ouvrit tous les meubles et les placards afin de ne rien oublier, nota rapidement le tout, et partit vers la chambre de son colocataire.

Elle toqua plusieurs coups à la porte et un grognement lui répondit. Elle poussa le battant et dit au dormeur de se réveiller pour venir avec elle. Ils avaient toujours dit qu'ils iraient ensemble faire les courses, et elle ne manqua pas de lui rappeler sa promesse. Elle évita de justesse un oreiller lancé dans sa direction, non sans se prendre le cadre de la porte et s'en alla après avoir obtenu un grognement qu'elle déchiffra comme étant « Megonflepasdebrouilletoitouteseule ! ».

Elle alla chercher un panier à courses, attrapa son sac à bandoulière et chercha son porte-monnaie. Une idée jaillit dans son esprit. Toute contente, elle rouvrit la porte de son colocataire, le réveillant une nouvelle fois.

-Dean, t'as besoin de quelque chose?

- Allezbarretoi grogna-t-il.

Tonks attendit quelques toutes petites secondes, avant de recommencer son manège pour la dernière étape de son plan.

- Dean, je peux? J'arrête de t'embêter après promis... demanda-t-elle sur un ton faussement timide et gêné.
- Ouaistantquetudégages...

Tonks ferma la porte, et, dans un sourire, subtilisa le porte monnaie de son colocataire dans la poche intérieure de son manteau en cuir, traînant sur une chaise, avant de quitter l'appartement. Elle se dirigea joyeusement vers les escaliers, délaissant l'ascenseur pour éviter de faire une crise de panique. Tout en chantonnant un air de Deep Purple, elle sautilla d'une marche à l'autre, et alors qu'il ne lui restait qu'une volée de marche, tout s'accéléra.

Son pied se posa sur la tranche d'une marche. N'ayant aucun appui, elle partit en arrière. Dégringolant les marches, elle rebondit contre un mur en poussant un gémissement avant de continuer sa course, incapable de s'arrêter. Et finalement elle s'arrêta. Sa tête tournait, elle n'avait plus aucun repère... Où était le haut, du bas de la gauche de la droite... elle reprit ses esprits en entendant un gémissement qu'elle n'avait pas poussé.

Elle ouvrit les yeux brusquement en entendant quelqu'un lui parler. Si elle allait bien? Elle était incapable de le dire pour le moment. La douleur se réveillait dans ses bras et ses jambes, et les larmes flouaient tellement ses yeux qu'elle fut incapable de voir qui était la personne qui avait amorti sa chute. Elle se releva vivement afin de se dégager du corps de la seconde personne, et s'allongea à côté de lui, pour reprendre son souffle et ses esprits. Il lui fallu quelques secondes, et quand ce fut fait, elle se redressa pour constater que celui qu'elle avait fauché était un homme déjà blessé.

- Je suis vraiment désolée. Je ne faisais pas attention et j'ai glissé. Comment vous vous allez? J'espère que je ne vous ai pas fait mal.. Ohhh je suis vraiment désolée!

Debout malgré le sang qui cognait contre ses tempes, se sentant misérable au possible, elle lui tendit une main pour l'aider à se remettre debout. Elle ne l'avait jamais vu et se dit que niveau rencontre, celle-ci valait quelque chose.

Invité

La personne qu'il avait voulu aider et qui lui valait d'être à cet instant allongé sur le sol, à essayer de contrôler sa respiration pour ne pas rendre son déjeuner à cause de la douleur, s'avérait être une jeune femme.Vingt, vingt-cinq ans, les cheveux violets et l'air aussi contrit que ce que sa voix et son débit précipité pouvait donner à penser. Elle s'empressait pour l'aider à se relever alors qu'elle-même devait s'être probablement fait mal. Il était d'ailleurs surprenant que, malgré son intervention, elle ne paraisse pas plus mal en point... En Europe, 173 personnes meurent par an suite à des chutes dans les escaliersn et les coûts résultant de blessures dues aux chutes dans les escaliers en Amérique du Nord sont les deuxièmes en importance après ceux associés aux accidents causés par des véhicules motorisés...

Spencer secoua la tête et accepta la main qu'elle lui tendait, se remettant péniblement debout, appuyé sur l'une de ses deux béquilles qu'il n'avait pas lâchées. Il eut un sourire et répondit machinalement :

Techniquement, si, vous m'avez fait mal...

S'apercevant alors de ce que sa phrase pouvait avoir de méchant pour la jeune femme, qui devait déjà être suffisamment embarrassée comme cela, il rougit, et baffouilla :

M-m-m-mais, comme j'avais mal avant - je veux dire, ce n'est pas grave - ça arrive...

Il eut un soupir et se passa une main nerveuse dans les cheveux avec un sourire navré.

Désolé. J'ai le don de mettre les pieds dans le plat.

Il regarda la jeune femme, réassura sa position pour éviter de retomber, et demanda :

Vous ? Vous allez bien ?

Il était un peu inquiet, elle avait tout de même dégringolé en beauté toute une volée de marches - pas loin d'une vingtaine - et il était pour ainsi dire impossible qu'elle ne se soit pas au moins fait une entorse. C'était statistique. Et accessoirement une réalité physiologique.

Invité

Tonks chercha le sac de courses qu'elle avait pris avec elle. Le hall n'était pas grand, pourtant, elle ne le voyait pas. Elle se déplaça pour regarder dans le coin et l'aperçut dans les marches. Elle monta sur les premières, se pencha et attrapa le sac, serrant les dents lorsqu'une violente douleur se fit ressentir dans son épaule. Sa tête était extrêmement douloureuse.

Elle fit aller son bras gauche, d'avant en arrière. Il y avait une certaine gêne. Le mouvement n'était pas aussi ample que d'habitude, et la douleur, vraiment pas normale. Elle allait être obligée de remonter pour transplaner depuis sa chambre. Molly aurait certainement quelque chose à lui donner pour faire passer la douleur. Une potion ou n'importe quoi, mais il fallait impérativement que tout arrête d'être flou devant ses yeux.

Bon, elle venait de faire une sacrée chute, de 8 sur l'échelle de Tonks sûrement - le maximum de l'échelle atteignant le 10. La douleur était donc une réaction normale. Elle s'appuya contre le mur et posa ses yeux sur l'homme qui lui faisait face. Plutôt mignon, assez grand, et un peu plus âgé qu'elle, ses grands yeux soulignés par des cernes. Elle sourit à sa dernière phrase. Il avait vraiment l'air mal à l'aise alors que c'était elle qui aurait du l'être. Enfin, elle n'avait rien aggravé, c'était déjà ça.

- Oui ça va, ne vous en faites pas. Encore une fois, je suis désolée.

Note personnelle: éviter de sautiller dans les escaliers. Vu qu'elle ne pouvait pas se servir de l'ascenseur – un évanouissement serait dommage pour éviter de monter ou descendre 5 étages quand même – il faudrait qu'elle fasse attention à bien regarder devant elle. Etrangement, cette pensée la fit sourire. Ses parents, Maugrey, Kingsley et même Remus lui avait toujours dit de faire attention où elle mettait les pieds, l'avait toujours rattrapée quand elle allait tomber. Plus personne pour assurer ses arrières, il lui faudrait bien prendre ses responsabilités un de ces jours.

- Je ne crois pas vous avoir déjà vu, vous êtes nouveau ici?

Il n'avait pas apporté grand chose avec lui. Un simple sac à dos. Peut être était il ici simplement pour rendre visite à un proche. Elle se demanda pourquoi il ne préférait pas utiliser l'ascenseur avant de se souvenir de Dean râlant quelques jours auparavant à cause d'une énième panne.

- L'ascenseur ne marche toujours pas? Mon colocataire râlait hier ou avant hier à cause de ça... Vous avez besoin d'aide pour monter? Je vais remonter .... prendre un truc pour ma tête, je vous aide si vous voulez.

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