Plonger du sodium dans l'eau, c'est rigolo

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Voilà quelques semaines qu'Ed avait débarqué dans ce nouveau monde, et il avait eu le temps de déterminer qu'en repartir ne serait pas aussi simple qu'il l'aurait souhaité. Une fois de plus, nouveau monde, nouvelles règles. Et il allait lui falloir se poser pour pouvoir étudier les possibilités qu'il avait. Dans le monde d'Alfons et Noah, travailler dans une équipe universitaire l'avait aidé à accéder au matériel utile à ses recherches, alors il ne voyait pas de raison que ce soit différent ici. Voilà pourquoi il arpentait actuellement les couloirs de la fac de sciences, bâtiment chimie.

Lisant les indications apposées à côté des portes, il se désintéressa complètement des amphis et autres salles de cours, ainsi que des laboratoires réservés aux travaux pratiques des étudiants. Par contre, un panneau annonçant un laboratoire de chimie organique réservé au personnel lui parut bien plus prometteur.

Il avança la main gauche vers la poignée, avant de se rappeler que la courtoisie élémentaire requérait de frapper pour signaler sa présence. Bon, habituellement, il s'en passait, mais là il voulait faire bonne impression, non ? Il frappa donc, trois coups bien nets. Au bout de dix secondes, n'ayant rien entendu, il s'impatienta et en revint à son premier plan. Mais trouva la porte fermée. Ah ben c'était malin.

Enfin, il n'avait aucune envie de se laisser arrêter par une bête porte fermée, et si l'idée que revenir plus tard pour obtenir l'autorisation de visiter les lieux serait probablement plus respectueux lui traversa l'esprit, il la repoussa vite dans un coin. Ne jamais remettre au lendemain ce qu'on pouvait faire de suite en jouant au bourrin.

Un coup d'œil à gauche, un coup d'œil à droite... Le couloir était vide. Une chance que la rentrée n'ait pas encore eu lieu. Sans plus attendre, il claqua ses mains avant de poser ses paumes à plat contre la porte. Un petit flash de lumière bleutée, et c'était fait. Il ouvrit la porte sans la moindre difficulté, se glissa dans la pièce et referma derrière lui. Ni vu ni connu.

Jetant d'abord un regard circulaire à la pièce, il siffla doucement entre ses dents. C'était grand. Et drôlement bien équipé apparemment. Il décida de vérifier ce qu'il en était sans perdre davantage de temps. Parcourant la pièce méthodiquement, il commença à vérifier systématiquement les paillasses, les étagères, les placards, les tiroirs, dressant mentalement la liste du matériel et des composés à disposition.

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Enseigner… Cela n’avait jamais plu à Severus… et pourtant, voilà des années qu’il y consacrait sa vie. Paradoxe de l’humanité ? Masochisme abusif ? Snape n’avait pourtant pas l’étoffe d’un soumis ni d’un héros tragique mis en face des dilemmes de son existence. Bref, il enseignait parce que c’était quelque chose qu’il savait faire, qui ne lui prenait pas trop de temps et qui le laissait suffisamment libre pour rester lui-même. Seulement, chez les moldus, pas de cours de potions. Aucun breuvage de ce type ne pouvait être élaboré devant le peuple non magique et on ne trouvait pas tous les ingrédients chez ces attardés. Donc, pour ne pas perdre la main, Sev avait un laboratoire dans les sous-sols de l’immeuble où il avait emménagé. Et puis, il y avait aussi certaines choses dans la faculté des sciences, à l’université, où le sorcier occupait le poste de professeur de chimie. Il s’était rendu compte qu’il était nécessaire de travailler comme un moldu pour gagner de l’argent moldu et ainsi payer son loyer moldu. Car les gallions, mornilles et noises n’avaient aucune valeur ici. Foutu monde non magique…

Il y a des gens qui existent pour ne jamais être heureux. C’est bien sûr le cas de Severus. Triste enfance, adolescence malheureuse, mauvais choix, double jeu, réputation entachée… On les lui avait toutes faites. Comment voulez-vous qu’un homme au cœur aussi petit et desséché qu’un raisin sec puisse envisager la vie autrement ? Même parmi les moldus, avec les nombreux talents dont il jouissait, il n’arrivait pas à être autre chose qu’un type que l’on n’aimait pas trop fréquenter, un homme qui faisait peur aux enfants et qui ne plaisait pas à beaucoup de femmes. Heureusement qu’il y avait Cavanaugh. Cette femme était le moyen le plus sûr pour lui ne pas sombrer. Simplement parce qu’elle le respectait suffisamment pour que lui la respecte aussi. Et à partir de là, tout était possible. Même si ce n’était qu’une moldue, même si elle avait des objets bizarres que Sev ne connaissait pas, même si ce n’était qu’une femme…

Tant que les cours n’avaient pas repris, il était clair que Snape était complètement libre. Mais le temps passait et l’échéance se rapprochait. Dangereusement. C’était parce qu’il voulait essayer de se familiariser avec les lieux où il travaillerait désormais que le Prince de Sang-Mêlé était venu dans les bâtiments de l’université aujourd’hui. Il ne donnait pas cours avant quelques jours et il ne savait guère comment se déroulerait son programme.
Quand il avait obtenu ce poste, Sev avait eu la bonne idée de se renseigner pour le système des assistants. Car il aurait très nettement préféré se la couler douce en laissant un petit jeune assurer les cours à sa place. Mais la réponse de la direction se faisait attendre.

Soit. Severus donc était là pour voir un peu ce dont les moldus étaient capables. Il n’avait pas pris la peine de se vêtir autrement qu’à son habitude et portait pantalon, veste à douze boutons, cape et souliers, le tout en noir, avec la chemise blanche à longues manches et col romain, ou à peu près. Les vêtements que portaient les moldus ne lui paraissaient pas d’excellent goût. Puis cela lui rappelait les missions que devaient mener certains membres de l’Ordre du Phénix. Missions dont il ne faisait jamais partie, lui qui avait un rôle tellement plus subtil que tous ces bras cassés.
Arpentant les couloirs de l’aile consacrée aux sciences, le sorcier se dirigeait vers son laboratoire. Enfin, vers le labo qu’on lui avait attribué. Il était déjà venu plusieurs fois, mais ce n’était pas un endroit qu’il aimait assez pour y rester bien longtemps. Alors il n’était pas régulier. Mais aujourd’hui, il comptait bien voir un peu ce qui était faisable là-dedans. Il voulait aussi avoir le plan de matière pour l’année à venir. C’était un peu utopique, mais c’est avec des objectifs comme ceux-là qu’on arrive à quelque chose dans la vie.
Arrivé dans le couloir où se trouvait sa salle de chimie, Snape marcha d’un pas plus rapide. Il ne tenait pas à rencontrer des collègues. Pas avant de connaître les lieux. De toute façon, pour ça, ce devait être comme à Poudlard : pause café en salle des professeurs et tout ce que cela implique. Sev soupira, las, rien qu’à cette idée. Le pire, c’était les collègues comme MacGonagall ou Chourave. Le genre glu perpétuelle, avec un soupçon de mauvais goût. Il avait bien compris leur petit manège à toutes deux. Et Flitwick allait dans leur sens. Quelle horreur. Et l’autre vieux croûton sénile qui avait, lui aussi, des idées dans le style de temps en temps. Severus avait vite choisi de ne pas prendre part à ce triste tableau. Désastreux. La solitude valait bien mieux que tout cela.

Il prit dans sa poche la clef du labo et l’introduisit dans la serrure avant de constater que la porte n’était pas verrouillée. Sev était plutôt maniaque pour ce genre de choses. Jamais il n’aurait laissé une porte ouverte. On avait violé l’intimité de son laboratoire. Le sorcier émit un grognement rageur. Il ne connaissait encore personne ici et on ne le respectait pas. Baguette prête à agir, il entra dans la pièce et lança d’une voix glaciale :

"Que faites-vous ici ?"

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Depuis qu'il était entré dans le laboratoire, Ed avait eu le temps de repérer comment était organisé le rangement et de procéder à l'examen minutieux des composés chimiques à disposition. Constatant que la pureté des produits était généralement limitée à 95%, il put confirmer ce que ses passages à la bibliothèque lui avaient laissé penser : si l'alchimie était possible en ce monde, pour une raison quelconque, son développement semblait avoir été abandonné quelques siècles auparavant et elle n'était désormais plus utilisée. Si l'alchimie avait été aussi courante ici qu'à Amestris, fournir aux laboratoires des composés parfaitement purs aurait été un jeu d'enfant. Il devait toutefois admirer la débrouillardise des chimistes de ce monde : être capable de produire de larges quantités de certains produits à une pureté de 99.5% sans l'aide de l'alchimie constituait une prouesse technique digne d'être relevée. Rien que par simple curiosité scientifique, il faudrait qu'il s'intéresse à leurs techniques de synthèse.

Après avoir contrôlé les produits courants, Ed décida de se tourner vers le matériel usuel. Les appareils électroniques le laissèrent d'abord perplexe, jusqu'à ce qu'il trouve les notices correspondantes dans l'un des tiroirs. Le temps de faire mentalement les conversions d'unités entre celles de son monde et celles d'ici, et il dut reconnaître que la précision de cette balance avait de quoi impressionner. Bon, il faut dire aussi, vu le prix qu'elle coûtait, elle pouvait. Le pH-mètre le convainquit un peu moins. L'appareil nécessitait d'être trop souvent étalonné pour lui paraître vraiment fiable. Il s'en tiendrait probablement à ses propres méthodes d'évaluation de l'acidité ou de la basicité. Quand au thermomètre électronique, pas question qu'il en utilise. Le mercure était bien assez sensible pour ses besoins, et beaucoup plus amusant à observer.

Vint ensuite le tour de la verrerie. Aux yeux d'Edward, c'était le seul aspect de la vulgaire chimie qui pouvait prétendre souffrir la comparaison avec l'alchimie. Il avait toujours été fasciné par les délicats montages nécessités pour l'extraction ou la séparation de composants. Même les simples tubes à essai pouvaient devenir intéressants pour peu qu'il s'emplissent de liquides de couleurs plaisantes ou deviennent le théâtre de réaction distrayantes. Agiter les ampoules à décanter en rythme était amusant. Les burettes et les pipettes offraient la possibilité de mesurer précisément les liquides. Mais le mieux, c'était encore les montages de distillation, la possibilité de suivre le parcours alambiqué du liquide extrait en différentes phases...

Edward fronça les sourcils. Il manquait quelque chose. Il ouvrit les portes des placards à côté, mais non, il n'y avait que des portoirs à gauche et des potences à droite, plus rien à voir avec la distillation. Il revint à l'armoire dans laquelle il avait trouvé le reste du matériel à distillation et s'accroupit devant pour essayer de voir si ce qu'il cherchait ne se cachait pas au fond, derrière autre chose. Absorbé comme il était dans sa quête, il n'enregistra que vaguement que quelqu'un venait d'entrer dans le labo et s'adressait vraisemblablement à lui, vu qu'il était à sa connaissance seul dans la pièce. Il répondit automatiquement, sans prêter la moindre attention au nouveau venu ou aux propos échangés.

"Je fais l'état des lieux."

Quelques instants plus tard, à sa grande frustration, il dut bien admettre que ce qu'il cherchait ne se trouvait pas dans cette armoire. Se mordillant la lèvre inférieure, il tâcha de déterminer à quel endroit cela pourrait logiquement être rangé... quand il réalisa soudain qu'il venait de parler à quelqu'un. Et que qui que soit ce quelqu'un, il était probablement plus familiarisé que lui avec le matériel de ce laboratoire et saurait le renseigner. Se relevant vivement, il contourna la paillasse pour se rendre visible et se tourna vers la porte pour adresser à l'homme un large sourire avant de l'interroger.

"Hello ! Vous ne sauriez pas où sont rangées les colonnes à distillation fractionnée, par hasard ? J'ai trouvé tout ce qu'il fallait pour l'hydrodistillation simple, mais pas les colonnes Vigreux."

Sans se départir de son sourire enthousiaste, il prit le temps d'observer un peu le nouveau venu en attendant sa réponse. Il eut du mal à le situer. L'homme paraissait particulièrement taciturne, et irrité par sa présence pour ne rien arranger. Le blond fronça légèrement les sourcils, espérant que ce n'était pas parce qu'il le prenait pour un gamin. C'est vrai qu'habillé en jean et sweat comme il l'était actuellement, il n'avait pas l'air aussi âgé qu'avec un costume, mais tout de même, il était adulte, ça devait se voir, non ?!

Autre motif de perplexité, l'homme brandissait devant lui un petit bout de bois, et le sérieux avec lequel il réalisait une action aussi ridicule compromettait fortement son allure qui aurait sinon pu passer pour intimidante. D'ailleurs, il avait du mal à imaginer l'homme avec une blouse blanche. Ce qui l'amena à poser une autre question sans réfléchir, avant même que l'homme ait la possibilité de répondre à la précédente.

"Vous travaillez ici, au fait ?"

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Spoiler:

Quand il était entré, Severus avait entendu du bruit et en avait déduit que quelqu'un se trouvait dans ce laboratoire. Son laboratoire. Le sien. C'était une violation de propriété privée. C'était une effraction. L'intrus pouvait être puni pour son acte. Et pour son insolence aussi, d'ailleurs, car à la question que Snape avait posée, l'importun avait osé répondre, tout naturellement, qu'il faisait l'état des lieux. Autrement dit, qu'il n'était pas là par effraction.
Mensonge !
Le sorcier serrait les dents et les poings. Sa tempe commençait à battre, signe évident de la colère montante qui envahissait Sev. Comment osait-il lui parler comme ça, ce bête moldu?

Et voilà qu'ensuite l'intrus avait parlé comme si tout était normal, demandant où il pouvait trouver Salazar sait quelle trollerie dont Snape n'avait jamais entendu parler de toute sa vie. De plus en plus furieux par son évidente carence en vocabulaire moldu, Severus allait répondre à l'autre, quand ce dernier lui posa une autre question, toujours avec cette insolence qui exaspérait le sorcier.

Ce dernier avait le regard aussi froid que la banquise, aussi dur que le roc et aussi insensible que Voldemort. De quel droit ce freluquet lui parlait-il comme cela? S'il avait été animagus, Sev aurait profité de sa forme animale - il était sûr qu'il aurait été un grand fauve ou un reptile bien venimeux - pour venir à bout de cet intrus et faire porter le chapeau à Merlin sait quelle bestiole pouvant traîner chez les moldus.

Le silence s'était fait. Alors ce type laissait enfin Sev en placer une? Il n'allait pas être déçu.

"Vous n'avez pas à être ici. Et encore moins à me poser des questions. Dégagez tout de suite !"

La baguette plus menaçante que jamais (cf. plus haut, pour le regard de Sev, on reste dans le même registre pour sa manière de tenir son arme), la voix du sorcier s'était avérée nette, tranchante comme une lame et ferme comme une cuisse de femme bien faite (ben pourquoi pas?). C'était sans appel. Il en aurait peut-être été autrement, bien sûr, si le jeune homme n'avait pas montré - sans le savoir - à Snape son ignorance en molduïté chimique.

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Spoiler:

Hey, on dirait qu'Ed n'avait pas perdu la main, il semblait avoir réussi à totalement exaspérer ce type en trente secondes chrono ! Il se faisait maintenant fixer par un regard certainement destiné à le pétrifier sur place... sauf qu'après avoir fait face à des homonculus redéfinissant la notion de psychopathie, à un tueur en série fanatique, à une femme au foyer aux tendances violentes non refoulées, à une lieutenant chatouilleuse de la gâchette et à un colonel pyromane, Ed n'allait certainement pas se laisser impressionner par un type maîtrisant simplement l'art de lancer un regard noir. Surtout quand ledit type paraissait penser que brandir une brindille devant lui constituait une attitude menaçante.

Mais en l'entendant parler, Ed dut bien admettre que la voix de l'homme pouvait certainement suffire à imposer le respect. Brindille ridicule ou pas. C'était la voix de quelqu'un ayant travaillé ses intonations durant de nombreuses années pour la moduler de façon parfaitement adaptée au message qu'il voulait faire passer. En l'occurence, le type voulait clairement indiquer qu'il n'était pas le bienvenu en ce lieu, et qu'il avait tout intérêt à dégager vite fait, ou sinon le pire risquait de lui arriver.

Ed retint de justesse un sourire prédateur. Si ce type voulait jouer à ça, ils allaient bien s'amuser...

Mais pour le moment, le blond conserva une attitude décontractée et un sourire nonchalant, qu'il savait être parfaitement irritant. Il répondit tranquillement, sans manifester la moindre intention de prendre en compte l'ordre donné.

"Oh, désolé, je ne me suis pas présenté. Je vais enseigner ici. C'est pour ça que je contrôle le matériel présent, c'est la moindre des choses que de m'assurer que je disposerai de l'équipement adéquat pour travailler, ne pensez-vous pas ?"

Bon, okay, en réalité Ed n'avait pas encore été engagé. Mais il avait vu sur le panneau d'affichage près de l'entrée du campus que l'université recrutait, et franchement, il ne doutait pas un seul instant qu'il serait embauché. Ils auraient du mal à trouver plus qualifié. Certes, il n'avait pas encore étudié toutes les techniques de chimie spécifiques à ce monde et peinait encore un peu avec l'informatique dont il venait à peine de découvrir l'existence, mais il apprendrait rapidement. Il n'était pas un génie pour rien.

Enchaînant directement, le blond revint à la question existentielle restée sans réponse.

"Et donc, maintenant que vous êtes assuré de la légitimité de ma présence, ça vous dérangerait de m'indiquer où sont rangées les colonnes Vigreux ?"

Et tout en riant machiavéliquement intérieuremlent, il adressa à son interlocuteur un nouveau sourire conçu spécifiquement pour donner envie de lui refaire le portrait. Une de ses spécialités.

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Il est des moments où votre suprématie est remise en question, parfois par un être ridiculement insignifiant… Snape connaissait suffisamment les fables de Ta Lonfaine, un auteur sorcier du XVIIe siècle qui avait écrit des récits un peu bébêtes où des animaux servaient de support pour critiquer la société et les hommes. Ainsi, Severus se sentait comme le corbeau de l’histoire, face au ver de terre qu’il aurait pu réduire à néant mais qui avait été suffisamment malin pour aller se fourrer là où le bec de l’oiseau noir ne pouvait que rester coincé. Bref, s’il ne faisait pas attention, Sev savait ce qui pouvait arriver. L’arrogance et l’insolence du blondinet lui rappelait fortement ces imbéciles d’élèves de Gryffondor, tout juste capables de prétendre que leur bêtise est du courage et que leurs idées sont supérieures à celles, plus recherchées et plus subtiles, des Serpentards. Quoi qu’il en soit, le sorcier ne cillait pas et maintenait sa baguette relativement prête à intervenir. L’autre se présenta enfin, du moins en partie. Et Snape ne put qu’esquisser un frémissement d’irritation.

"Vous mentez. On n’a pas engagé d’autre professeur que moi pour occuper ce labo. Vous n’avez donc rien à faire ici et je me ferais un plaisir de vous l’expliquer autrement si vous avez trop de bouse de dragon dans le crâne pour comprendre que vous dérangez."

La colère montait en lui comme le mercure dans un thermomètre plongé dans un chaudron bouillonnant. Et l’autre ne faisait rien pour améliorer l’humeur du Prince de Sang-Mêlé.

*Merlin m’en soit témoin : j’ai fait les sommations d’usage.*

La goutte d’eau qui fit déborder le chaudron fut ce sourire insolent. Severus avait eu beau faire usage de tout un tas de clichés mentaux pour se calmer, rien n’y avait fait. Mais s’il était vrai que ce pâle type avait été engagé ici, alors il allait falloir ne pas trop l’abîmer.
Le jet de lumière vive qui sortit de l’extrémité de la baguette d’ébène du professeur projeta le blondinet insolent dans les airs. Snape avait fait usage du Levicorpus, ce sortilège qu’il avait lui-même inventé et qu’une bande de ploucs avait découvert – Salazar sait comment – et l’avait retourné contre lui. Depuis le temps, le sorcier qu’était devenu Severus s’était spécialisé dans les potions, l’occlumancie et la légilimancie ainsi que dans les sortilèges informulés qu’il avait appris à réellement maîtriser grâce au Seigneur des Ténèbres.

Le jeune homme blond flottant dans les airs, à une quinzaine de centimètres du plafond du laboratoire, Snape le fixait d’un regard noir aussi froid qu’un iceberg.

"Je ne me répèterais pas, jeune homme.
Et vos colonnes Vigreux, vous savez où vous pouvez vous les mettre ?"

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Quand l'homme en noir l'accusa de mentir, Ed haussa les sourcils en accentuant son sourire si irritant. Il n'avait absolument pas menti... juste impliqué quelque chose qui n'était pas vrai. Ce qu'il avait dit, c'était qu'il allait enseigner ici, pas qu'il avait déjà été engagé. Ce n'était pas de sa faute si les subtilités du langage échappaient complètement à ce type.

Il nota toutefois au passage que l'homme avait fini par daigner le renseigner sur son statut. Il était donc déjà professeur. Et celui qui était en charge de ce laboratoire. Ed jugea très surprenant qu'un laboratoire de cette taille soit réservé à un seul chercheur... et soupçonna que les autres y avaient également accès mais préféraient travailler ailleurs pour éviter d'être confrontés à la personnalité si ensoleillée de ce type.

Il allait répliquer pour tout de même l'éclairer au sujet de son statut de futur employé, quand il vit soudain un jet de lumière d'origine non identifiée foncer sur lui. Par pur réflexe, ne sachant ce dont il s'agissait, il chercha à s'écarter du trajet et à s'abriter derrière une paillasse. Malheureusement pour lui, il ne put y parvenir à temps, et le rayon lumineux toucha son bras droit, qu'il avait placé devant sa tête pour la protéger.

Au lieu de la douleur à laquelle il s'attendait, Ed se sentit soulevé et retourné, jusqu'à se retrouver suspendu par les pieds à quelques centimètres du plafond. Durant le mouvement, complètement déconcerté par ce qui lui arrivait, il ne put s'empêcher de jurer bruyamment, revenant pour l'occasion à sa langue maternelle, celle d'Amestris, sans penser à utiliser la langue locale. Les deux se ressemblaient dans leur sonorité, ce qui expliquait que l'accent d'Edward n'ait rien d'exotique et passe très facilement pour celui d'un britannique, mais différaient totalement dans leur vocabulaire.

"Woatze fok ??!"

Une fois stabilisé dans sa position défiant les lois de la gravité, il cessa de battre des bras dans une vaine tentative de retrouver son équilibre et se reprit, fixant d'un regard noir l'homme qui lui paraissait désormais à l'envers. Bizarre comme perspective. Mais passons, il y avait plus urgent comme considérations. Bon. Gérer les situations de crise et les évènements impossibles, il savait faire. Analysant à toute allure la situation, il rassembla donc les données dont il disposait.

L'homme en noir était indubitablement responsable, le truc qui l'avait touché venait de sa direction, et plus précisément sans doute du bout de bois qu'il tenait en main. Bon, okay, il aurait sans doute dû davantage se méfier. Brindille ridicule ou pas, l'arme semblait suffisamment efficace pour inciter à un minimum de respect.

La nature du rayon responsable de sa situation le rendait perplexe. Cela émettait de la lumière, avait l'aspect général d'un rayon de lumière se propageant dans l'air, mais n'était pas de la lumière. Sa vitesse de déplacement était bien trop lente, probablement de l'ordre de la dizaine de mètres à la seconde. Mais là n'était pas la question la plus immédiate.

Il lui fallait surtout déterminer ce qui lui était arrivé et ce qui le retenait suspendu en l'air dans cette position si désavantageuse. Sous prétexte de croiser ses bras sur son ventre pour récupérer un peu de dignité, notamment en empêchant son sweat de continuer à découvrir ses abdos, il veilla à former un cercle en mettant ses mains en contact afin de percevoir son environnement alchimique.

Son incompréhension ne fit que s'accroître. Apparemment, les propriétés des molécules d'air qui l'entouraient directement étaient semblables à celles se trouvant n'importe où ailleurs. Aucun autre élément ne le touchait. Rien de physique ne paraissait pouvoir expliquer ce qui le maintenait en l'air, d'après ses perceptions, il aurait dû tomber. Il avait l'habitude de subir des évènements impossibles, mais là... c'était de l'impossible de la catégorie complètement impossible. Cela défiait toutes les lois de la physique. Quoi que certains s'amusent à prétendre, il était loin d'être suffisamment microscopique pour que l'ambivalence d'états quantique puisse s'appliquer à lui ! Cette situation n'avait tout simplement aucun sens.

Bon. Trouver une solution sans connaître les causes du problème était généralement plus délicat, mais rien n'était impossible. Si on exceptait le fait de se retrouver suspendu la tête en bas au défi de toutes les lois de la physique. Mais passons. Ne pouvant percevoir ce qui le retenait, il ne pouvait agir dessus, mais il pouvait agir sur tout le reste de son environnement. Agir à distance sans le moindre contact avec la matière à altérer était plus difficile, mais il était probablement le meilleur alchimiste ayant jamais existé, toute fausse modestie mise de côté. Après tout, il avait été considéré comme un génie à douze ans, alors qu'à l'époque il n'avait fait qu'apercevoir le Portail une seule fois. Depuis, il avait traversé le Portail en quatre occasions supplémentaires, et toujours davantage de connaissances s'étaient déversées en lui. Désormais, même lui n'avait aucune idée des limites de ses capacités.

Déployant ses perceptions alchimiques, il en étendit le rayon en se limitant toutefois au bâtiment dans lequel il se trouvait. Il enregistra mentalement la structure de celui-ci, afin de savoir ce qu'il pouvait altérer dans sa composition sans risquer de faire tout s'écrouler. Puis il répertoria ses possibilités d'action les plus directes : dresser un mur entre lui et l'homme pour éviter d'être touché par une autre attaque, entraver l'homme pour l'immobiliser et l'empêcher d'accéder à son arme, assommer l'homme. Bon. Il ne voyait toujours pas comment se libérer, mais au moins il ne restait pas sans recours. Il pourrait tout de même agir pour se protéger le cas échéant.

Il en était à ce point de ses réflexions, continuant à fixer l'homme responsable de sa position inconfortable avec une expression courroucée, quand celui-ci mit un terme à leur bref duel de regards pour reprendre la parole. Pour déclarer qu'il ne répéterait pas son ordre. Ah, ben comme quoi, fallait pas se fier aux apparences, le type était un rigolo. Très franchement, même s'il avait eu la moindre inclination à obéir, comment il était censé quitter les lieux alors qu'il était coincé en plein milieu des airs ? Quant au commentaire que l'homme ajouta sur les colonnes Vigreux...

Ed avait maintenant conscience que l'homme qui lui faisait face était non seulement hostile, mais enclin à utiliser d'autres moyens que la parole pour le manifester. De plus, les techniques que l'homme utilisait ne ressemblaient à rien de ce qu'il connaissait, et ne pourraient donc être contrées avec efficacité. L'homme était donc potentiellement suffisamment dangereux pour le mettre réellement en difficulté. Son intérêt était de cesser de le provoquer et d'essayer de le faire parler pour récolter des informations et gagner du temps tout en réfléchissant à une solution pour s'en tirer. Sans prendre trop de temps quand même, parce que le sang qui montait à la tête, ça ne facilitait pas la réflexion. Agir autrement serait déraisonnable.

Seulement, personne n'avait jamais prétendu que le blond était la personne la plus raisonnable qui soit. C'est pourquoi, forçant ses traits à se détendre et affichant de nouveau ce sourire irritant qui venait de prouver son efficacité sur cette cible, il répondit avec une innocence très mal jouée.

"Ah ben, où que vous vouliez les mettre, il faudra le faire vous-même. Parce que, vous savez, à y réfléchir je l'ai peut-être déjà vaguement mentionné, mais j'ignore où elles se trouvent, ces colonnes."

Pas tout à fait aussi insensé qu'on pourrait le penser, Ed se tint toutefois prêt à réagir immédiatement s'il voyait qu'il courait le risque d'être touché par un autre de ces trucs lumineux qui devraient pas exister. Ou par toute autre forme d'attaque. Son alchimie étant toujours déployée, ses bras formant toujours un cercle, il lui suffirait de se concentrer le temps d'une pensée pour déclencher l'effet désiré.

Mais reprenant ensuite une expression plus sérieuse et fronçant les sourcils, il tenta d'obtenir une réponse lui paraissant bien plus capitale désormais que l'emplacement des colonnes Vigreux, actuel ou souhaité.

"Vous êtes quoi, au juste ?"

L'homme ayant impliqué qu'il était un professeur de chimie, et usant de capacités qu'il n'avait vu personne d'autre employer depuis qu'il était arrivé dans ce monde, Ed aurait pensé qu'il était également alchimiste... s'il n'y avait pas eu le léger détail de ses propres perceptions l'assurant qu'aucune molécule n'avait été altérée par ce qu'il avait fait. Et ce n'était pas un homonculus non plus, l'homme avait une âme normale pour un humain. Non, ce qu'il faisait était différent... et Ed voulait savoir ce que c'était.

"Et c'était quoi, ce truc lumineux sorti de votre brindille ?"

Comme toujours, sans laisser à son interlocuteur le temps de répondre à une première question, Ed avait enchaîné sur une seconde. Bon, il était conscient que ce n'était pas les questions les plus brillantes qu'il ait jamais posées. Mais quand on ignorait quelque chose, il n'y avait aucune honte à s'informer. C'est ainsi qu'un scientifique progressait. Il y avait d'ailleurs désormais une curiosité non feinte décelable dans la manière dont il observait l'homme en noir.

Spoiler:

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Durant toute sa vie, il y avait eu des tas de choses qui pouvaient se vanter d'avoir horripilé Severus... à commencer par les les Gryffondor en particulier, puis, quand il avait commencé à enseigner, les élèves en général. Ajoutez à cela la mauvaise foi, l'hypocrisie, les attitudes d'autrui telles que la curiosité mal placé ou l'insolence et autres insupportables propos. A près de cinquante ans, on a beau être un homme et un sorcier accomplis, il y a des choses que l'on ne peut plus supporter. Et l'attitude nonchalante, insolente et presque outrecuidante de ce jeune moldu en faisait partie.
Non content de se trouver là où il ne devait pas, ce type avait à son actif un état d'esprit tel que Snape avait perdu son sang froid pour l'envoyer dans les airs. Bon, d'un côté, ça soulageait énormément, d'un autre... c'était une erreur de faire de la magie chez les moldus...

Le regard glacial du sorcier fixait intensément le bonhomme en suspension dans l'air. Il était allé trop loin et les nerfs déjà bien élimés du Prince de Sang-Mêlé n'avaient pu supporter cela. Et voilà que l'autre continuait à poser ses questions auxquelles Sev n'avait aucune envie de répondre, pas plus qu'il n'avait envie de les entendre, d'ailleurs. Le sorcier, s'il ne l'avouait certainement pas, ne savait même pas ce qu'étaient ces fichues colonnes Vigreux. Il se doutait, évidemment, qu'il devait s'agir de matériel de chimie et que ce devait être suffisamment indispensable dans cette science moldue pour qu'un malotru comme ce pitiponk attardé en connaisse l'existence et l'utilité. Mais décidément, Sev n'était pas au courant des pratiques moldues. Peut-être, s'il avait suivi les cours d'étude des moldus dans son jeune temps, eût-il eu une idée un peu plus précise de ce que cela pouvait bien être, mais rien n'était moins sûr... Pour bien faire, il aurait alors fallu que le professeur en charge de ce cours inutile fût quelqu'un d'extrêmement compétent, ce qui n'était pas le cas.

Snape évita de répondre aux trois questions successives qui lui furent posées. Il n'avait pas à répondre, de toute manière. Il se contenta donc de quelques paroles accompagnées d'un air aussi mauvais que possible.

"Vous n'avez pas à savoir cela.
Maintenant, j'aimerais savoir avec précision ce que vous êtes venu foutre ici. Je doute que vous soyez là pour ces colonnes..."

La baguette du sorcier était toujours pointée vers l'intrus lorsqu'il ajouta :

"Vous m'espionnez pour le compte de qui? L'Ordre du Phénix ou les quelques Mangemorts qu'il reste?"

Invité

Ed attendit la réponse du type, espérant que sa curiosité ne tarderait pas à être satisfaite et qu'il découvrirait une nouvelle voie de connaissances à explorer... mais il aurait dû se douter que ses attentes seraient déçues. Après tout, il avait déjà eu l'occasion de remarquer au cours de cette entrevue, si brève fut-elle, que le type en question n'était pas un modèle de bonne volonté et de coopération.

Après avoir refusé de répondre à ses légitimes interrogations et avoir proféré des accusations complètement ridicules, l'homme continua à le fixer avec un regard noir, attendant manifestement que le blond cède. Pfff, comme si. Continuant à garder les bras croisés avec une expression ferme, tout en conservant son alchimie à portée de pensée, Ed rendit à l'homme son regard noir, refusant de céder le moindre terrain.

Et cela aurait pu durer, si une vague impression d'étourdissement passager n'avait pas rappelé au blond que la position dans laquelle il se trouvait n'était pas idéale pour ce genre d'affrontement muet susceptible de durer une éternité. Le sang lui montant à la tête allait finir par le faire se sentir vraiment mal. Cependant, n'étant pas du genre à se montrer conciliant quand il était menacé, au lieu de chercher à discuter pour tâcher de résoudre la situation dans laquelle il se trouvait, il ne put s'empêcher de railler.

"Dites, vous êtes certain que c'est professeur, votre métier ? Et pas, oh, je sais pas, inquisiteur ?"

Il prit le temps de rouler dramatiquement des yeux avant d'enchaîner, fixant de nouveau le type avec un regard déterminé, refusant d'être intimidé.

"Parce que je voudrais pas dire, mais vous n'avez pas répondu à une seule de mes questions depuis le début. Alors si vous êtes vraiment prof, je plains sérieusement vos élèves, vos méthodes pédagogiques sont clairement à chier. Vous semblez juste savoir donner des ordres et exiger des réponses à vos propres questions."

Le petit blond secoua la tête d'un air faussement navré.

"En plus, pour ne rien arranger, vous êtes affreusement parano. Je n'ai jamais entendu parler des organisations que vous évoquez. Mais vous pourriez suggérer à leurs chefs de trouver des noms qui aient un peu moins l'air d'avoir été choisis par des gamins de cinq ans, soit dit en passant. Et sinon, franchement, vous pourriez m'accorder un peu plus de crédit : si j'avais voulu vous espionner, je n'aurais pas été assez crétin pour m'y prendre ainsi."

Tout en parlant, Ed avait fixé son interlocuteur droit dans les yeux d'un air de défi, et c'est ce qu'il continua à faire ensuite. Tout en espérant qu'il n'aurait plus à garder la tête en bas trop longtemps.

Invité

Il fallait bien le reconnaître, Severus n’était pas très doué pour les relations sociales. Surtout lorsqu’il s’agissait d’une première rencontre… sans parler de ses préjugés incessants sur tout le monde et en particulier sur les moldus. Sachant cela, il était normal de considérer que le sorcier avait les nerfs suffisamment à fleur de peau pour envoyer valdinguer un inconnu au plafond avant de réfléchir vraiment. Surtout si l’on ajoutait que l’inconnu en question avait particulièrement de quoi horripiler l’illustre préparateur de potions.

Tout ce dont était capable Snape, en cet instant précis, c’était de toiser son vis-à-vis d’un œil froid et sombre et d’éluder toutes les interrogations de celui-là en cherchant uniquement un moyen pour pouvoir se tirer d’affaire sans que l’autre ne soit trop choqué par ce qu’il avait vu. Et vécu. En soi, la seule solution qui s’offrait à Severus était l’utilisation du sortilège d’Oubliettes, mais cela impliquait qu’il allait lui falloir inventer des souvenirs pour combler la béance mentale qui serait dès lors créée chez ce blond.
Le sorcier en était là de ses réflexions lorsque l’autre essaya de le cuisiner encore un peu. C’eût pu être la goutte qui ferait déborder le chaudron… si le chaudron en question n’avait pas déjà débordé depuis un moment !

"Et alors ? Si vous n’avez pas menti, vous n’avez pas à juger de mes méthodes puisque vous n’aurez pas à les subir…"

Non mais ! De quel droit se permettait-il de critiquer, ce jeune imbécile ?
Et il remettait ça, encore et encore, ajoutant une couche bien épaisse sur l’énervement déjà ambiant… Severus, parano ? mais que racontait-il, ce rejeton de mandragore blette ?

"Je vois… "

C’était peut-être l’un de ces enfoirés qu’utilisaient les directions moldues pour tester les nerfs des enseignants… Une sorte d’inspecteur, mais sans aucune aptitude. Si c’était bel et bien le cas, mieux valait ne pas trop retarder le moment de la relaxe. Snape marmonna le Liberacorpus nécessaire pour que le sortilège précédent prenne fin, sans se soucier le moins du monde de l’endroit où tomberait le corps de l’intrus.
Croisant les bras, Sev parla alors :

"Qui êtes-vous ?"

Invité

Décidément, s'il y avait une compétence que le blond maîtrisait vraiment, c'était bien celle d'énerver les gens. On aurait pu croire que l'attaque physique indiquait que l'homme en noir était déjà à bout, mais pourtant, Ed semblait avoir réussi à l'exaspérer encore plus en contestant son aptitude à être enseignant. En tout cas, c'est ce qu'il en déduisit en voyant le type continuer à se braquer. N'étant pas du genre à s'arrêter en si bon chemin, Ed afficha un nouveau sourire irritant et enchaîna sur d'autres railleries.

Seulement, cette fois, le type ne fit que fermer davantage l'expression de son visage avant de marmonner quelque chose de non intelligible... et le blond se sentit soudain tomber. La gravité était revenue. Il se dirigeait droit vers le sol. Et sa tête semblait destinée à devenir le point d'impact. Bon sang, pourquoi est-ce que tout le monde semblait supposer qu'il était équipé d'un crâne anti-chocs ??! Maintenant que Winry n'était plus là pour le frapper à coups de clé anglaise au risque de provoquer un traumatisme crânien, voilà que des inconnus auxquels il n'avait rien fait (ou presque, quoi, on va quand même pas chipoter...) se mettaient à le prendre pour cible !

Sans prendre le temps de réfléchir, il se laissa guider par son instinct d'alchimiste, et se concentra sur le diagramme de transmutation qui permettrait d'altérer la nature du sol situé en dessous de lui. Heureusement, la modification était plutôt simple, ou du moins pour lui : la composition atomique d'un plastique souple ne se différenciait pas foncièrement de celle du béton et du carrelage, il lui suffisait de réorganiser les chaînes carbonées de manière appropriée. Le temps d'une pensée, et c'était fait. Un bref éclat de lumière bleue, originaire du point situé directement sous le jeune alchimiste et se propageant ensuite sur l'ensemble de la pièce, fut la seule manifestation visible du changement qui venait de prendre place. Enfin, du moins jusqu'à l'instant suivant, quand le contact du blond avec le sol se fit beaucoup moins brutalement qu'il n'aurait dû, le sol se courbant simplement sous l'impact comme s'il s'agissait d'un matelas bien mou, sans aucun bruit de choc ni cri de douleur de la part du blond.

Ledit blond se redressa d'ailleurs prestement, claquant des mains au passage pour rendre au sol son état naturel dans un nouvel éclair de lumière bleutée, et dirigea vers le professeur de chimie un regard outré. Tout en conservant suffisamment de présence d'esprit pour l'observer en même temps : si l'homme ne manifestait pas la moindre surprise devant ce qu'Ed venait de faire, ce serait un signe qu'il n'était pas étranger à l'alchimie. Et alors, peut-être que son truc avec la brindille était une particularité de l'alchimie de ce monde.

"Dites, vous cherchez à me tuer ou quoi ? Me suspendre la tête en bas avec je ne sais quoi, passe encore, mais vous étiez vraiment obligé de me laisser tomber comme ça au risque de sérieusement me blesser ?"

Bon, à sa place, quelqu'un comme Al aurait certainement trouvé moyen de plutôt remercier pour avoir été libéré. Mais Ed ne voyait vraiment pas pourquoi il devrait remercier le responsable de son problème d'y avoir simplement mis un terme. Surtout quand il y avait mis un terme de manière aussi peu considérée. Bref. Il avait exprimé sa colère, il estimait avoir eu raison de le faire, et maintenant que c'était fait il pouvait enchaîner sur un autre sujet.

D'ailleurs, l'homme semblait opter pour une démarche semblable, reprenant l'interrogatoire - Ed commençait sérieusement à penser que c'était le seul mode de communication que ce type connaissait - avec une question de base : son identité. Ed roula des yeux.

"Vous n'auriez pas pu commencer par là ? Genre, avant de décider de me suspendre la tête en bas ?"

Il croisa lui aussi les bras, veillant une nouvelle fois à les positionner de manière à ce que son alchimie reste directement accessible, et enchaîna sans attendre de réponse à sa question, qui de toute manière resterait probablement rhétorique.

"Et puis en général, on se présente soi-même avant d'exiger de connaître l'identité de quelqu'un. Du moins quand on ne se prend pas pour un inquisiteur. Mais bon, je suis Edward Elric. Et comme je l'ai déjà dit, je vais enseigner ici, à partir de la prochaine rentrée. Maintenant, pourriez-vous envisager d'avoir l'amabilité de m'informer de votre identité, ou bien est-ce trop demander ?"

Haussant un sourcil et affichant un sourire clairement ironique, Ed attendit la réaction de son interlocuteur.

Invité

Ce type exaspérait Snape, c'était un fait. Le blond, que le sorcier venait de libérer du sortilège Levicorpus - sortilège que Sev avait inventé lors de ses études à Poudlard, faut-il le rappeler -, avait réussi, Salazar seul sait comment, à amortir sa chute. Severus en conçut une frustration persistante : il eût apprécié une chute brutale à sa juste valeur, c'est-à-dire qu'il eût vraiment apprécié de voir s'écraser ce bête type sur sa tête... Mieux encore, il eût aimé sincèrement pouvoir assister à un traumatisme crânien en direct et suffisamment grave pour être sanglant. Oh oui, il eût adoré se débarrasser ainsi de son interlocuteur !

Seulement voilà, ce type aussi désagréable que frustrant était parvenu à faire quelque chose d'étonnant qui ne pouvait que pousser notre préparateur de potions à se poser des questions.

La lumière se fit en Snape quand il vit le blond atterrir, presque en douceur, sur un sol devenu mou pour l'occasion. Se pouvait-il que ce pâle type fût, lui aussi, sorcier ? Peut-être. Mais alors, pourquoi feignait-il de ne pas savoir ce qu'était une baguette magique ? A moins qu'il ne le sût simplement pas ?
Severus se creusa les méninges et parvint rapidement à une conclusion logique : son interlocuteur devait être un sang-de-bourbe n'ayant pas eu l'occasion d'étudier la sorcellerie dans une école comme Poudlard...

Face à pareille découverte, Sev ne pouvait rester de glace. Il répondit donc à la question du jeune homme comme il aurait parlé à n'importe quel idiot découvrant ses pouvoirs plutôt tardivement.

"Ce n'était qu'un test. Maintenant, je sais ce que j'avais à savoir."

Mais le blondinet, furieux qu'il était d'avoir été malmené de la sorte, adoptait une position fermée à la discussion, tandis que ses paroles exprimaient l'inverse. Enfin ! Enfin, il lui donnait son nom et son prénom - bien que très peu de personnes eussent la chance de pouvoir s'entendre appeler de Severus par leur prénom... Le sorcier en ressentit comme une vague de presque bonheur : les questions sans réponses, il détestait cela.

D'ailleurs, il finit par accéder à la demande, très mal formulée, de son interlocuteur et déclina à son tour son identité.

"C'est légitime. Severus Snape."

L'autre n'ayant pas besoin d'en savoir plus, l'homme se tut pour mieux toiser Elric dans un mutisme complet.

Invité

Ed détestait vraiment les gens qui n'affichaient jamais la moindre émotion et semblaient se faire un devoir de rester impassibles. Franchement, ce n'était pas humain. Bon, ce n'était pas tout à fait le cas de ce type, il avait prouvé qu'il était capable de s'énerver. Mais là, alors que le blond aurait aimé savoir si sa démonstration d'alchimie avait surpris l'homme, il se retrouvait dans l'impossibilité de le déterminer avec sûreté. Il aurait tendance à penser que non, vu l'absence de réaction. Mais il aurait préféré disposer d'une manifestation d'émotion plus tangible pour le confirmer.

Dans le doute, il jugea préférable de classer temporairement le type comme hypothétiquement initié à l'alchimie, et décida de le surveiller de près. Une raison supplémentaire de se débrouiller pour venir travailler dans cette université. L'alchimie n'était pas utilisée ouvertement dans ce monde, il avait déjà pu le constater, et si les alchimistes étaient simplement cachés aux non-initiés, ce type représenterait peut-être son ticket d'accès.

Avec cette possibilité en tête, Ed parvint à ne pas s'emporter quand pour toute justification de son action, l'homme prétendit qu'il s'agissait d'un test. Il avait cru être tombé dans une contrée civilisée, quel genre de barbare soumettait ceux qu'il croisait à un test susceptible de les tuer par simple contrariété ?! Mais bon, peut-être que l'homme avait décelé d'une manière ou d'une autre ses capacités alchimiques et avait voulu vérifier son hypothèse. Il aurait pu s'y prendre autrement, certes. Il devait avoir des tendances sadiques complètement assumées. Mais bon, Ed s'en était sorti sans même être blessé, alors il allait tâcher de ne pas épiloguer.

Haussant les sourcils pour marquer son scepticisme, il se contenta d'émettre une remarque sur un ton désinvolte.

"J'ose espérer que vous ne testez pas vos élèves de cette manière. Parce que sinon, j'ai encore été trop généreux dans mon appréciation de vos méthodes pédagogiques."

Enfin, le type avait apparemment abandonné l'idée que le blond avait été envoyé pour l'espionner et avait même consenti à décliner son identité, alors ils allaient peut-être malgré tout réussir à discuter ? Ed comptait bien essayer. Considérant l'incident précédent comme clos pour le moment, il afficha un large sourire plein de dents avant de déclarer sur un ton amusé.

"Il aurait quand même été plus simple de commencer par là, non ?"

L'homme s'appelait donc Severus. Pour ce qu'il savait de la culture de ce monde, ce n'était pas un prénom très courant. En fait, ça faisait davantage penser à un prénom de Romain de l'Antiquité qu'à un prénom américain. Et bizarrement, Ed n'avait pas trop de mal à imaginer l'homme en toge... mais en toge noire. L'imaginer en blanc restait difficilement concevable. Quoiqu'il en soit, le prénom lui allait plutôt bien. Est-ce qu'il avait déjà une tête pareille quand il était bébé pour que ses parents lui infligent un prénom qui aurait pu être dur à porter ? Tiens, d'ailleurs, ça lui faisait penser... Sans paraître remarquer que Severus conservait une posture déclarant un mutisme obstiné, Ed pencha légèrement la tête de côté pour le questionner à nouveau, sa curiosité n'étant pas du genre à accorder le moindre répit.

"Donc, vous êtes prof de chimie ici... nous serons bientôt collègues ! C'est quoi, votre spécialité ? Bon, pas la cosmétique, de toute évidence... les arômes, peut-être ?"

Ben oui quoi, il était manifeste que l'homme ne devait pas porter le moindre intérêt aux produits de beauté. Mais que par contre un tel appendice nasal pouvait être associé à un odorat particulièrement développé, qu'il aurait tort de ne pas exploiter dans son métier. En chimie, savoir reconnaître les odeurs était un atout très apprécié.

Invité

Severus, bras croisés et regard froid, avait évité toute réaction face au phénomène dont était, à coup sûr, responsable son interlocuteur. Ce dernier était donc, aux yeux du sorcier, un sang-de-bourbe mal tombé qui n'avait pas eu l'occasion d'apprendre à maîtriser des pouvoirs magiques qui devaient certainement lui avoir posé bien des questions avant qu'il ne comprenne comment faire pour utiliser cette magie, comme il venait de le faire... En somme, il ne mentait pas, Snape, quand il affirmait qu'il avait juste fait un petit test pour en apprendre plus sur l'intrus qui était là avec lui.

"Mes méthodes pédagogiques ont fait leurs preuves durant des années.
Mes élèves n'ont jamais eu le temps de s'ennuyer et aucun d'entre eux ne peut affirmer sans mentir que mes leçons ne leur ont pas été profitables."

L'autre, cet Edward Elric, puisqu'il fallait appeler un horklump un horklump, avait ensuite lâché une remarque que Sev aimait servir à d'autres lorsqu'il en avait l'occasion. Le fourbe. Le traître. Il lui piquait ses idées !
L'inégalable Maître des Potions se contenta d'un rictus affiché comme si cela lui coûtait beaucoup. Et de fait, cela lui coûtait assez bien, en soi. Quand c'était lui qui tenait ce discours à une andouille comme Lupin ou Black, au Square Grimmaurd ou à ses collègues de Poudlard, enfin, ses ex-collègues devrais-je dire...
Mais voilà qu'Elric demandait à Snape quelle était sa spécialité. Peut-être était-ce une question innocente, mais Severus n'avait jamais réfléchi à la cette question en postulant ici... Ne connaissant rien du tout à la cosmétique, le sorcier se sentit un peu étonné que cela fasse partie de la chimie... quant aux arômes... il connaissait, bien sûr, mais uniquement ce qu'il était intéressant de connaître pour les brauvages magiques... Alors il répondit ce qui lui sembla le plus logique et le plus normal :

"Distillation de poisons.
Et vous, dans quoi êtes-vous?"

Retourner la question à l'autre, c'était le meilleur moyen de ne pas trop en dire sur soi-même. De toute manière, au rythme où allait ce foutu monde moldu, Sev finirait par péter les plombs avant une semaine...

Invité

Ed roula des yeux avec un sourire toujours amusé quand le professeur assura que ses méthodes pédagogiques avaient fait leurs preuves et que ses leçons étaient profitables pour les élèves. Non pas que le blond doutât que les élèves apprennent effectivement quelque chose en présence de Severus. Mais il n'était pas du tout persuadé que ce qu'ils en retiennent soient les notions fondamentales de chimie. Et bien évidemment, il ne put s'empêcher de le faire remarquer, bien que sur un ton léger, manifestement simplement destiné à partager son amusement plutôt qu'à critiquer.

"C'est vrai qu'il doit être difficile de prendre le risque de s'endormir durant un de vos cours, en sachant que vous risquez à tout moment de vous transformer en grand inquisiteur dont le regard noir promet les pires châtiments à l'inconscient qui aura osé ne pas suivre ce que vous disiez. Et du coup, vos leçons auront appris à tous vos élèves à réagir face aux bâtards cruels disposant d'une plus grande autorité qu'eux-mêmes. Une compétence qui est effectivement des plus utiles. Davantage que la chimie, je dois bien l'avouer, quelle que soit ma passion pour ce domaine."

A la fin de sa tirade, le petit blond haussa les épaules en affichant de nouveau un sourire amusé, regardant son interlocuteur droit dans les yeux, comme le mettant au défi de nier son interprétation.

Ensuite, quand Ed demanda à Severus quelle était sa spécialité et que, non content de répondre, l'homme daigna retourner la question, son sourire s'élargit. A ce rythme, ils allaient peut-être finir par réussir par réellement communiquer, qui sait ? Et puis en plus, le type lui offrait la possibilité de placer une réplique idéale pour tester s'il avait un lien avec l'alchimie ou pas. Ed n'allait pas se priver.

"Eh bien, on dirait que nos spécialités sont complémentaires ! Moi, je distille la vie."

Il laissa son sourire s'étirer légèrement en coin avant de reprendre. Si le type était bel et bien initié à l'alchimie, il ne louperait pas l'allusion à la principale capacité de la pierre philosophale, et le blond espérait que ça l'intriguerait suffisamment pour le motiver à en savoir davantage. Après tout, l'alchimie de ce monde semblait moins développée qu'à Amestris, alors la méthode de confection d'une pierre philosophale devait être tenue encore plus secrète. Bien évidemment, le blond n'avait pas la moindre intention de révéler comment il fallait procéder. Mais c'était suffisant de laisser entendre qu'il le savait. Et puis, s'il se trompait, le type trouverait juste qu'il avait employé une tournure de phrase bizarre, mais les paroles qu'il allait ajouter éclairciraient ce que le blond entendait par là et l'autre professeur n'y accorderait pas davantage d'attention. Ed enchaîna donc rapidement.

"Je suis spécialisé en synthèses biochimiques."

Estimant que son interlocuteur était suffisamment calmé pour ne plus attaquer sans provocation, et que de toute manière, à présent qu'il était prévenu du danger, il saurait réagir suffisamment rapidement s'il voyait un autre truc lumineux foncer vers lui, Ed décroisa les bras et prit une attitude plus décontractée pour poursuivre la discussion.

"Mais donc, vous êtes autorisé à enseigner votre spécialité ? Je conçois qu'elle puisse rencontrer un certain succès, je n'ai jamais rencontré qui que ce soit qui n'ait rêvé d'empoisonner un autre, mais j'aurais pensé que l'administration de l'université s'y opposerait. Vous travaillez ici depuis longtemps ?"

Une fois de plus, il n'y avait aucun jugement perceptible dans les propos du blond, juste une sincère curiosité. L'idée que son interlocuteur soit passionné de poisons ne le dérangeait en rien. Selon son éthique personnelle, la connaissance d'un domaine n'était jamais un mal en soi. Seules les applications pouvaient l'être.

Invité

Et voilà, le petit blond se montrait à nouveau aussi impertinent que n’importe quel Bouffondor pouvait l’être. Traître et insultant. La tempe de Snape se mit à frémir dangereusement, signe avant-coureur de l’approche de la tumultueuse tempête qui n’allait plus tarder. Non, décidément, même en faisant beaucoup d’efforts, Severus ne pouvait décemment pas se laisser agonir d’injures. Elric l’avait appelé "bâtard cruel" et cela ne plaisait pas du tout au sorcier. D’ailleurs, le Maître des Potions n’avait retenu que cela. Bâtard cruel. Lui… le Prince de Sang-Mêlé, le meilleur sorcier de son époque, le plus doué en potions, celui-là même qui à quinze ans à peine avait déjà inventé plusieurs sortilèges d’attaque et de défense… Il était plus qu’évident que le blond ne savait pas ce qu’il disait ni à qui il le disait. C’est dans un grincement de dents que le sorcier répondit à son vis-à-vis, non sans laisser sa main droite se cramponner à sa baguette magique.

"Si vous aviez fait partie de mes élèves, je vous aurais fait payer ces paroles par une retenue comme jamais personne n’a pensé à les concevoir ! Et vous aurez ravalé votre fiel en même temps que votre fierté qui n’a, soit dit en passant, aucune raison d’être."

Oh que oui ! il lui aurait imposer de récurer des chaudrons pourris, racler des égouts grouillant de bestioles gluantes et dégoûtantes et Edward aurait fini par quelques tâches que l’esprit frappeur aurait systématiquement réduites à néant, forçant ainsi ce petit con à tout recommencer, encore et encore.

Et comme cet impertinent parasite conservait son air presque hautain, Severus fronça les sourcils en l’entendant parler de la distillation de la vie. Ce bête type était-il un préparateur de potions aux vertus soignantes ? non, certainement pas de potions, puisqu’il ignorait – ou semblait ignorer – ce qu’était une baguette magique. Une méthode moins poussée que les potions, alors ? un alambic, un élixir et quelques heures de vie en plus ? Snape ne pouvait concevoir l’inconcevable, cet imbécile blond face à lui ne pouvait pas être un spécialiste de quoi que ce soit. Tout au plus aurait-il pu être l’assistant – comprenez : le boy – d’un savant. Comment c’était son nom à ce pote de Dumby, déjà ? celui avec sa longue barbe, là… mais si, allez, il avait choisi de mourir à une date proche de son quatre-centième anniversaire…

"La vie est déjà présente partout. Et ceux que j’ai connus qui bénéficiaient d’une longévité spectaculaire ont tous choisi un jour ou l’autre d’arrêter là. Les poisons sont nettement supérieurs à vos petits moyens de prolonger une agonie."

Car, au fond, la vie, ce n’était que cela : le moment qui vous séparait de votre propre mort. Rallonger la vie, c’était prolonger l’agonie. C’était du masochisme pur et simple, et il ne fallait pas être sorcier pour se rendre compte de cela. Snape se doutait bien que même les moldus n’aimaient pas mourir vieux. Ce jeune blondinet imberbe et sans panache était donc l’un de ces rebuts de la société qui s’enrichissaient en vendant de la vie en bouteille. Severus était capable de fabriquer toutes sortes d’élixirs et breuvages, y compris ceux qui permettaient de maintenir quelqu’un en vie, mais jamais il ne les utilisait pour autre chose que l’Ordre du Phénix. Pardon, jamais il ne les avait utilisés pour autre chose.

Synthèses biochimiques. En entendant cela, Severus se braqua encore plus, si c’était possible. L’insultait-il encore, ce petit imbécile ? Là, il n’était pas bien sûr. Après tout, il y avait le mot "chimique" dans ce que le blond avait dit. Donc, c’était peut-être autre chose qu’une énième attaque de sa part. D’ailleurs, le jeune homme parut se décontracter. Snape, ne sachant de quoi il s’agissait, émit un grognement.

Et l’autre continua à poser ses sempiternelles questions horripilantes.

"Je ne vous ai pas demandé si c’était votre grand-mère qui tricotait vos caleçons, Elric ! J’en ai assez de votre interrogatoire et si vous avez des questions à me poser, vous passerez par mon casier."

Et boum. Severus avait prononcé tout cela d’une voix dure, puis doucereuse. Il en avait marre de toutes ces questions. Il ne supportait plus de voir ce freluquet versatile et trop compliqué. Snape ne supportait tout simplement plus d’avoir face à lui quelqu’un qui lui tenait tête. Surtout un potentiel sale moldu comme lui.

Invité

En voyant Severus s'énerver à nouveau au point de crisper sa main sur sa brindille, se retenant visiblement avec grande difficulté d'attaquer, Ed perdit quelque peu son sourire et haussa légèrement les sourcils. Il admettait volontiers que ça l'amusait d'irriter les gens et de les voir sortir de leurs gonds, et qu'il préférait largement la colère à un masque dépourvu d'émotion... mais bon, là en l'occurrence, il avait simplement plaisanté, il n'avait pas cherché à se montrer insultant. Après tout, il était dans son intérêt de bien s'entendre avec le futur collègue qui pouvait lui permettre un accès aisé au matériel de chimie, sans parler de l'intérêt qu'il portait à celui qui pourrait être le premier alchimiste de ce monde qu'il avait l'occasion de rencontrer. Et en ce qui le concernait, même si leur premier contact avait été mouvementé, dès qu'il avait pu exprimer son mécontentement à ce sujet, le trait avait été tiré. Il n'était pas du genre à épiloguer jusqu'à la transcendance ultime.

Malheureusement, il semblerait que son interlocuteur soit pour sa par à la fois terriblement susceptible et affreusement rancunier. Quelle plaie. Ed n'avait pas la moindre intention de constamment surveiller ce qu'il disait pour éviter que l'homme en noir se sente insulté. Franchement, c'était impossible si ce type était déterminé d'avance à s'offenser de tout ce qu'il pourrait dire. Dire que l'homme lui reprochait une fierté excessive... c'était plutôt lui qui en souffrait au point de ne pas pouvoir supporter le moindre propos un tant soit peu désobligeant, nan ?

Se sentant plutôt déçu de cette constante impossibilité de communiquer en dépit du progrès qu'il avait cru percevoir précédemment, le petit blond leva les deux mains dans un geste d'apaisement.

"Hey, doucement, je plaisantais simplement. Au fond, je me moque de ce que vous enseignez à vos étudiants ou de vos méthodes, si vous utilisez encore des retenues pour tenir une classe de niveau universitaire, c'est votre affaire."

Ce point étant précisé, il haussa les épaules et recroisa ses bras pour être prêt à se défendre avec son alchimie si l'autre ne se calmait pas.

La conversation se poursuivant, il éprouva une nouvelle déception. Le type ne semblait pas avoir reconnu dans ses propos une allusion à la pierre philosophale. Pire, il ne semblait même pas apprécier la valeur de la vie, que tout alchimiste se respectant tenait pour sacrée, sachant que c'était la seule chose qu'il ne pouvait recréer. Finalement, le professeur n'était-il qu'un alchimiste de bas niveau, en dépit de son attitude hautaine et de sa capacité à initier une réaction que le blond n'avait pu décomposer ? Ou alors, était-il complètement autre chose ? Mais quoi dans ce cas ? Même si ce n'était pas de l'alchimie, était-ce une capacité qui pourrait l'aider à rentrer dans son propre monde ?

Plus que jamais, Ed souhaitait des réponses à ses interrogations, mais ça semblait mal barré, le type était maintenant complètement braqué. Il refusait même de répondre aux questions les plus basiques concernant son travail. Peut-être vaudrait-il mieux ne pas insister... ou du moins pas aujourd'hui.

Cela dit, l'idée de Pinako lui tricotant ses caleçons était trop drôle pour qu'il ne relève pas.

"Hélas, ma grand-mère est bien plus à l'aise avec un tournevis et une clé à molette qu'avec une aiguille. Je préfère tricoter mes caleçons moi-même. Pardonnez-moi toutefois de ne pas vous proposer d'admirer mon travail... jamais au premier rendez-vous."

Souriant avec une expression se voulant innocente, il amorça un mouvement en direction de la sortie, avant de se raviser pour proposer une tentative de paix. Il ne pouvait pas partir avant d'essayer une dernière fois de se donner les moyens d'en apprendre plus sur l'homme.

"Communiquer par casiers interposés, c'est plutôt compliqué. Nous allons bientôt travailler ensemble, ce serait tout de même mieux de pouvoir coopérer. Ne serait-ce que pour discuter de l'harmonisation de nos programmes. Si je vous invite et promet de ne pas poser trop de questions, est-ce que prendre un verre ensemble un de ces soirs vous tenterait ?"

Invité

Severus était méfiant. Très méfiant. Trop méfiant, peut-être. Certainement à cause de son passé, de son enfance pas très heureuse, de toutes les humiliations vécues à l’adolescence, de son rôle double et particulier dans la guerre qui avait ravagé le monde magique durant des années et qui avait ensuite repris de plus belle, poussant Snape à respecter des promesses qu’il n’avait jamais voulu tenir… Un homme aigri n’a plus aucun besoin de chercher à communiquer avec autrui. Simplement parce que la solitude est bien meilleure amie, conseillère et bien plus fidèle aussi que les humains.

Donc, ce type-là, ce jeune homme qui allait travailler ici, le sorcier s’en foutait comme de son premier chaudron. Mais le paradoxe, c’était que si la personne n’avait aucun intérêt aux yeux de Severus – hormis peut-être celui de le remplacer pour donner cours à des étudiants – ce qu’elle disait l’horripilait. C’était plus fort que lui, cette arrogance, cette sempiternelle impertinence, son air railleur et hautain… tout cela lui rappelait trop Harry Potter. Et s’il y avait bien quelqu’un à qui Snape ne voulait plus jamais penser en venant chez les moldus, c’était bien les Potter.

D’ailleurs, autre point commun avec Potter : ce type confondait passé et présent. Le Maître des Potions avait bien envie de lui faire ravaler salive et venin, de lui faire regretter son attitude désobligeante et surtout de le réduire au silence pour un moment. La distance de sécurité qu’il y avait entre eux fut réduite d’un pas de Sev vers l’autre.

"Il suffit ! Vous me faites perdre mon temps et je ne le tolèrerai pas plus longtemps. Pour votre information, j’ai enseigné dans un collège prestigieux durant des années et j’y étais le professeur le plus craint des élèves. Le plus respecté aussi. Mes méthodes ont fait leur preuve chez les moins de 17 ans et si je n’utilise plus de retenues au-delà de cet âge, soyez certain que je trouverai un autre moyen de pression."

Oui, malheureusement, il n’avait pas encore trouvé ce moyen miraculeux. Mais d’un autre côté, il n’était pas pressé puisqu’il n’avait pas encore exactement compris ce qu’il était censé donner comme cours. Ok, il y avait des éprouvettes, des alambics et tout un tas d’instruments en verre ou en argent, ici, mais c’était tout de même foutrement différent des chaudrons et des breuvages magiques !

Elric aurait pu arrêter là ses paroles déconvenues et il y avait encore la possibilité d’un éventuel retour en arrière. Mais il eut encore l’audace de répondre. Les sourcils de Snape se froncèrent automatiquement et sa bouche se tordit en un rictus mauvais. L’autre n’était-il pas en train de sous-entendre une homosexualité latente chez le sorcier ? Braqué comme il l’était, Severus prenait chaque remarque comme une attaque personnelle et il estimait pourtant que le blond avait largement dépassé les bornes.

Silence. Snape garda le silence et cette grimace de colère sur le visage, il ne répondit pas à cette énième attaque de son vis-à-vis. Vis-à-vis qui se dirigea enfin vers la sortie de la salle de chimie. Salazar soit loué ! Sev allait être libre !!!!

Eh bien, non. Le blond se tourna vers le Maître des Potions pour lui proposer d’accepter un verre en sa compagnie pour discuter de l’harmonisation des programmes. Bon, il allait falloir que Jordan donne un petit cours d’informatique à Snape pour qu’il puisse essayer de concevoir un planning d’année avec les différentes matières à enseigner à ces pitiponks attardés. Après un grognement, il répondit tout de même.

"Il le faudra bien."

Invité

Voyant le professeur de chimie avancer d'un pas vers lui avec une expression menaçante, le petit blond affecta encore plus de nonchalance et haussa simplement un sourcil. Il serait temps que ce type comprenne qu'il n'avait aucune intention de se laisser intimider.

Il n'avait toutefois aucune difficulté à croire que l'homme avait été le plus craint des enseignants dans le collège où il enseignait auparavant. Pour des enfants, il devait facilement paraître effrayant. Ed ne comprenait même pas comment un type pareil avait pu être embauché pour s'occuper de jeunes d'âge impressionnable. Les pauvres avaient dû être complètement traumatisés...

Enfin, il était sans doute vain de chercher à revenir sur le sujet, Snape ne semblait pas franchement disposé à discuter de ses méthodes pédagogiques. Et ce n'était de toute manière pas le problème d'Edward, puisqu'il ne serait, le Portail en soit remercié, jamais son élève.

Le blond laissa donc l'échange se conclure, ne chercha pas à titiller son aîné à l'air coincé avec davantage de remarques sur ses caleçons, formula poliment sa proposition d'une rencontre ultérieure, et afficha finalement un sincère sourire quand l'homme accepta, quelque réticence que celui-ci y ait mis.

"Très bien ! En ce cas, puisque la rentrée est dans trois semaines, que diriez-vous de nous revoir dans une dizaine de jours ? Peut-être... hmmm... Le mercredi après-midi, vers 17 heures, est-ce que ça vous irait ? Et pour le lieu, je vous laisse décider, je ne connais pas encore les cafés du coin."

Restant à la porte, Ed attendit simplement que le professeur de chimie fixe les modalités du rendez-vous avant de quitter les lieux pour organiser son entretien d'embauche. Plutôt comique, quand il y pensait : il était en train de convenir d'une réunion de pré-rentrée avant même que le doyen de l'université sache qu'il ferait partie de son personnel. Mais bon, ce n'était pas comme s'il pouvait y avoir la moindre incertitude à ce sujet.

Invité

S'il y avait bien une chose que ne supportait pas Severus, c'était le manque de respect envers sa petite personne. Or, depuis le début, ce petit blond le prenait pour une véritable goule, semblait-il. Tout le monde savait qu'il fallait éviter de mettre en rogne un Severus Snape qui n'était déjà pas dans son élément naturel... et pourtant ce pitiponk le faisait.
Ainsi, l'air nonchalant et indifférent qu'affichait ce type rendait Snape complètement irascible depuis le début de leur "discussion". C'était tout simplement effarant de constater aussi que l'autorité naturelle du sorcier ne semblait avoir aucun effet sur ce gars-là.

La tempe frémissante, le Prince de Sang-Mêlé ne quittait pas des yeux son "collègue". Il n'y avait pas beaucoup de manières différentes d'agir quand on se sent agressé et Snape optait à présent pour la froide méfiance sans aucune imprudence. Il ne fallait pas commettre d'impair avec ce type parce qu'il serait bien capable de vouloir se venger par après et ainsi de suite jusqu'à... toujours... ou jamais, selon le point de vue.
Sev en était carrément à imaginer un duel à mort avec ce blond qui l'irritait. Ce n'était pas possible de feindre d'ignorer ses incessantes provocations. Et Snape de lui répondre lorsqu'il fut près de la porte :

"Je ne connais pas les lieux plus que vous. Et je ne tiens pas à ce que cette "rencontre" dure plus longtemps que nécessaire. Nous serons collègues, rien d'autre. Pas besoin de faire de prolongations inutiles."

Après tout, c'était vrai... Snape ne voulait pas avoir à passer du temps avec ce type. Simplement parce qu'il avait décidé que jamais il ne pourrait s'entendre avec un gars pareil. Et les choses étaient plutôt bien parties pour confirmer cette impression très nette.

Invité

Edward, pour qui paraître mature n'avait jamais été une grande priorité – il se savait capable de maturité quand il le fallait vraiment, mais il ne voyait pas de raison de se donner la peine de le demeurer le reste du temps – ne chercha même pas à s'empêcher de rouler des yeux en entendant la dernière précision de Severus, avant de commenter sur un ton ironique.

"Heureusement que vous me signalez que vous ne tenez pas à subir ma compagnie davantage que le strict nécessaire, vos manières sont si engageantes et vous dissimulez avec tant de soin votre antipathie que je ne m'en serais jamais douté."

Son tempérament lui ayant déjà attiré l'animosité d'un certain nombre de personnes par le passé, Ed n'allait pas s'émouvoir simplement parce qu'un autre nom venait de s'ajouter à la liste. Il avait décidé il y a longtemps qu'il ne changerait pas qui il était pour être toléré. Il fallait le prendre comme il était ou laisser tomber. Il préférait être accepté par quelques-uns tel qu'il était réellement plutôt qu'être apprécié d'une majorité qui ne verrait qu'un masque. Cela lui paraissait bien moins hypocrite. Et ça lui évitait de gaspiller de l'énergie à toujours retenir ses réactions et réfléchir à comment réagir.

Enchaînant donc avec un sourire parfaitement naturel, ne se sentant pas le moins du monde affecté par l'hostilité affichée par son futur collègue, il revint à l'organisation du rendez-vous.

"Bon, pour cette réunion, si vous désirez consacrer le moins de temps possible, je propose de la tenir au café du campus. Comme c'est tout près d'ici, vous économiserez même le temps du déplacement. Et je m'engage à me montrer parfaitement professionnel puisque vous y tenez, je me tiendrai à l'ordre du jour et ne parlerai que de l'harmonisation de nos programmes. Alors est-ce entendu comme ça ? De toute manière, si vous souhaitez changer les modalités d'ici-là, il vous suffira de me téléphoner ou même de laisser un mot dans mon casier pour m'en informer."

La tête légèrement inclinée de côté dans l'attente d'une réponse, Edward cessa de s'appuyer contre le chambranle de la porte, manifestement disposé à partir dès que Severus aurait confirmé que cet arrangement lui convenait. Et le blond espérait que l'homme en noir ne pinaillerait pas davantage. S'il ne participait pas à la mise au point de l'arrangement, la moindre des choses serait de ne pas en critiquer chaque point sans proposer de solution ! Mais vu ce qu'il avait pu observer au cours de la précédente demi-heure, Ed ne serait pas franchement étonné si Severus choisissait de continuer à faire le difficile... Il ne pouvait qu'espérer que l'homme tienne davantage à se débarrasser de lui qu'à prolonger les négociations pour le simple plaisir de dire toujours non.

Invité

Ce qu’il y a d’énervant avec les jeunes comme ce type, c’est qu’ils se croient tout permis. Même s’ils feignent de se plier à ce que vous leur dictez, rien n’est sûr. Ils sont fourbes et traîtres, veules et ignorants. Ils ne sont que façades et leurs provocations ne devraient jamais atteindre aucun homme comme Severus. Mais ce dernier était à bout de nerfs. Il ne parvenait pas à s’adapter comme il se devait à la vie moldue, il ne trouvait pas de quoi s’occuper l’esprit et les mains et il ne cessait de revoir le visage de Dumbledore au moment de sa mort. Jamais il n’aurait dû sauver sa peau, il aurait été bien plus tranquille en restant dans le monde magique : il aurait été condamné pour meurtre et basta, on l’aurait envoyé dépérir à Azkaban et il ne serait plus là à souffrir du passé.

Pour toute réponse aux paroles du jeune homme, Snape haussa les épaules. Il n’avait que faire de ce freluquet blond et ne comptait pas le laisser lui faire perdre son précieux temps en conciliabules inutiles.
Le sorcier songeait déjà à autre chose. Il ne pouvait tuer ce type sans avoir un autre crime sur la conscience, il ne pouvait le torturer sans risquer d’être découvert et puni et il ne pouvait pas s’en débarrasser proprement sans éveiller les soupçons. Vu le caractère contrariant de ce petit con, celui-là avait sûrement prévenu des amis de sa venue ici et il aurait paru bizarre qu’il ne revienne pas.

"Si c’est vraiment nécessaire… alors d’accord.
Je ne vous retiens pas."

Sev ajouta ces quelques mots pour bien faire sentir au blond qu’il était vivement conseillé qu’il déguerpisse s’il ne voulait pas subir la colère du Maître des Potions.
Levant sa baguette en direction de la porte, Snape fit claquer celle-ci derrière son soi-disant collègue, avant de la verrouiller doublement. Il n’était pas question d’être à nouveau dérangé par un petit con quelconque. Pas question non plus de laisser encore quelqu’un entrer ici sans son accord. C’était son laboratoire et tant que le type aux pouvoirs étranges n’aurait pas fait ses preuves, jamais Snape ne le laisserait à nouveau entrer ici.

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