Dans un monde qui n'est pas le mien...

Sujet: Dans un monde qui n'est pas le mien... Sam 05 Mar 2011, 17:00

Des enfants jouaient au football sur un terrain vague du centre-ville et ils n'avaient pas remarqué qu'ils étaient observés. Des grands yeux bleus suivaient le ballon du regard avec curiosité. C'était EVE qui était un peu plus loin et qui regardait les jeunes gens s'amuser. Elle se baladait tranquillement dans le coin quand le cri des enfants avaient attiré son attention. Elle resta un petit moment à regarder le match, saisissant au fur et à mesure les règles du jeu, puis elle se perdit dans ses pensées, songeant à son monde et en particulier à un certain robot qui lui manquait. C'est alors que ce qui devait arriver... Arriva. EVE fut percutée de plein fouet par le ballon qui venait tout droit dans sa direction.

VLAN !

Le choc fut si violent qu'elle en perdit l'équilibre, maintenu uniquement grâce à sa lévitation électromagnétique, et elle fit un vol plané assez brusque dans une benne à ordures qui se trouvait à quelques mètres de là, manquant de faire renverser cette dernière au passage. Berk, que c'était dégoûtant ! Elle était surtout un peu sonnée et surprise de se retrouver là. Elle se redressa doucement, contemplant son joli corps tout blanc devenu maintenant tout sale à cause des différents déchets et elle afficha un air écoeuré en voyant cela. Berk, berk, berk ! Voilà qu'elle avait à présent besoin d'une bonne douche ! Elle lévita pour sortir de la benne à ordures et elle retira lentement une peau de banane qui était encore accrochée à elle. Berk, c'était vraiment trop dégoûtant !

Pendant ce temps-là, les enfants avaient assisté à toute la scène avec des regards médusés et, quand ils virent le robot blanc aux yeux bleus ramasser le ballon puis venir doucement vers eux pour leur rendre, ils fuirent tous en hurlant de terreur, croyant sûrement qu'ils avaient affaire à un extraterrestre. EVE, qui tenait toujours le ballon, resta un bref moment interdite, ne comprenant pas la réaction des jeunes humains. Pourquoi avaient-ils eu peur d'elle ? N'avaient-ils jamais vu de robot ? Puis elle se souvient soudainement que la technologie de ce monde était inférieure à la sienne. Mince alors...

Invité

Dure est la vie quand on est seul, sans moyen de transport digne de ce nom (et quand on se refuse l'achat d'un vélo. Avouez tout de même que c'est un objet primitif !) et qu'on doit traverser la ville à la recherche d'une agence immobilière ouverte un lundi. La gestion du temps par les hommes était une véritable plaie. Zorglub était en train de travailler à un nouveau concept temporel; mais une fois qu'il serait parvenu à le réaliser, encore fallait-il que ce soit accepté et validé. Car une innovation telle que celle-ci serait révolutionnaire ! Et fini les déboires de ce style, trouver porte close lorsqu'on a besoin d'un service.

Mais rabaissons un peu nos ambitions. Avant d'en arriver jusqu'à là...Il fallait d'abord trouver à se loger. Et dignement, de surcroit ! Un homme comme lui ne pouvait se contenter d'un studio de 30m² - surtout quand on a été le propriétaire d'une vingtaine de Quartiers Généraux à travers le globe dont le plus petit faisait 20 hectares ! Pour le moment, il vivait à l'hôtel, et avait hâte de trouver un endroit pour s'installer. Se poser. Enfin.
L'argent n'était pas un problème. Zorglub avait amassé de fortes sommes grâce à des stratagèmes dont il n'était certes plus très fier. Mais son meilleur ami, Pacôme, l'avait autorisé à le conserver pour qu'il l'utilise à des fins "humanitaires". La notion d'humanitaire était un peu floue pour notre Grrrrrand personnage, mais cela viendrait à l'usage. Il avait déjà fait de gros efforts dans le domaine des relations avec autrui.

Toutes ces circonvolutions de notre discours nous font revenir au point initial de notre récit : Zorglub se déplaçant à pied dans le centre de sa nouvelle ville. Il ne saurait dire s'il était heureux d'être là ou non. Faire table rase de sa vie n'était jamais chose aisée, surtout lorsqu'on est un être assez instable. Et ici, il ne se sentait pas à son aise. La population était trop hétéroclite, leurs intérêts si différents de Champignac, Chiquito ou Marcinelle. Il se sentait obsolète sur le plan humain. Mais il savait que ce n'était qu'une période de transition. Lorsqu'il reprendrait du poil de la bête et ses travaux, il reviendrait sur le devant de la scène. Et s'imposerait au monde ! Gentiment, hein !

Il ne se rendit même pas compte qu'il venait de pousser un rire tonitruant qui résonna dans le terrain vague sur lequel la rue débouchait. Les enfants qui jouaient en ces lieux, cependant (tandis qu'ils regardaient une benne à ordure. Drôle d'occupation...) répondirent à ce son par des hurlements de terreur !!! Ils quitt_rent le terrain vague en fuyant. Zorglub en resta baba : c'était vraiment l'effet qu'il provoquait ? (et encore, ils ne l'avaient qu'entendu...)

Il ne mit que quelques secondes avant de se rendre compte de sa bévue : il n'était pas à l'origine de cette panique. La cause était un objet blanc, à vue de nez de forme ovoîde, qui tenait en l'air comme suspendu par un fil.
L'adrénaline explosa en lui et partit en courant, non pas pour s'enfuir, mais au contraire pour se rapprocher de l'intrus. Dans un tel paysage, s'imaginer une telle rencontre était si peu crédible. Et pourtant, ses sens ne le trompaient pas !

Il dévalait la pente, manquant à plusieurs reprises de perdre son équilibre (même s'il gardait une forme olympique pour son âge, il n'était pas à l'abri de ses célèbres maladresses). Il freina brusquement quand il fut au niveau de l'objet en question. Un robot. Blanc immaculé. Enfin, blanc immaculé...C'est ainsi qu'il aurait dû être s'il n'avait pas fait un passage dans la benne à ordure qui était renversée à terre. Penser que quelqu'un avait pu mettre une telle merveille à la poubelle l'emplissait d'une profonde colère.
Etant très grand (et le robot plutôt petit), Zorglub s'accroupit pour examiner l'entité avec curiosité. Il distingua qu'il portait entre ses mains un ballon. Ce n'était pas partie intégrante de son enveloppe "corporelle". Analysant tous les faits, il comprit ce qui avait dû se passer. Le robot avait voulu récupérer le ballon des enfants pour leur faire plaisir. Mais au lieu de récolter les remerciements d'usage, ils avaient préféré s'enfuir en courant. Philistins !!! Zorglub tendit ses mains gantées vers le robot pour récupérer le ballon, tandis qu'il affichait le sourire d'un enfant devant une vitrine de bonbons.

[C]

EVE, qui tenait toujours le ballon dans ses mains et qui restait encore interloquée par le comportement des enfants à son égard, vit soudainement un humain venir à sa rencontre. Elle le vit faire un grand sourire, comme s'il était en admiration devant elle, tandis qu'il s'accroupissait en tendant les mains comme pour récupérer le ballon. Elle prit légèrement de l'altitude pour léviter à sa hauteur, afin qu'il se redresse, et elle lâcha doucement le ballon pour qu'il le prenne. Elle l'observa ensuite de ses grands yeux bleus, intriguée, se demandant qui cela pouvait bien être, et elle afficha un air ravi en voyant que lui au moins ne s'était pas sauvé en la voyant. Peut-être qu'il avait déjà vu des robots auparavant ?

Se contemplant ensuite, remarquant qu'il y avait encore de la saleté sur elle, résultat de la "visite" dans la benne à ordures, le robot blanc aux yeux bleus commença donc à se dépoussiérer tout en émettant un doux bourdonnement mécontent. Tout ça à cause d'un ballon ! Si elle l'avait vu venir, elle l'aurait esquivé sans problème et elle n'en serait pas là ! Ça lui apprendra à être distraite et à ne pas faire attention à ce qui l'entourait ! Elle se jura alors qu'on ne l'y prendrait plus et elle reporta son attention sur l'humain qui se tenait toujours en face d'elle.

Identité ? Lui demanda-t-elle avec un doux bourdonnement électronique au ton interrogateur.

EVE était maintenant curieuse de savoir qui était son interlocuteur et surtout pourquoi il regardait comme ça, à croire qu'il était vraiment fasciné par elle...

Invité

Le robot était vraiment splendide. La coque était d'une grande solidité, cela se voyait. Elle était lisse, afin de faciliter ses déplacements grâce à une coupe aérodynamique. Il se demandait comment il pouvait se déplacer : il n'avait pas de jambes. Pour cela, deux solutions : soit le robot cachait des jambes rétractables, soit il devait voler par un système d'autopropulsion. Le Scientifique en eut bientôt la confirmation : la merveille s'envola et se mit à léviter dans les airs. Comme sa Zorglumobile, mais de façon encore plus élégante et surtout silencieuse. Le robot avait des voyants bleu électrique, qu'on pourrait peut-être qualifier d'yeux (les humains avaient vraiment une propension à tout décliner à leur image).

Zorglub se releva et récupéra le ballon dans ses mains. Le robot avait pris en compte le fait qu'il devait se baisser pour lui parler. Alors que Zorglub était un grand bavard en règle générale, il conservait le silence. Il aurait donné n'importe quoi pour discuter avec celui qui avait créé ce robot blanc. Les expressions des "yeux" bleus n'avaient rien à voir avec celles d'une machine quelconque (ou des hommes manipulés-robotisés que notre homme avait conçu par le passé). C'était de l'intelligence artificielle pure.
Mais il n'était pas au bout de ses surprises. Le robot s'épousseta (il avait donc la notion de saleté ?) en émettant un espère de ronronnement...Mais pas un bruit émis par la machinerie, non, un ronronnement intentionnel et contrarié. Contrarié !

Le robot reprit conscience de la présence d'un être humain (après avoir fait consciencieusement le ménage...) et se mit à parler. Une voix...robotique, certes, mais voix charmante, envoutante, séduisante. Une voix de femme, qui plus est. Un ton à faire fondre les plus insensibles. Zorglub mit un bon moment avant de réaliser que le mot qu'il venait d'entendre était une invitation à une réponse. Il tenta de se donner une contenance (bien que ce fut trop tard), s'éclaircit la voix en toussant discrètement. Enfin il répondit avec emphase.

- Mon nom est Zorglub, grand spécialiste des Nouvelles Technologies.

Puis, d'un ton un peu plus réservé...

- Et vous ?

Peut-être qu'il considérait cet entité comme un "semblable" pour qu'il lui demande une réponse ? Ou qu"il testait l'étendue des possibilités du robot. Décidément il était curieux de savoir qui l'avait construit. Car si lui était un génie, alors ce créateur était un Dieu.

[C]

EVE observait avec intérêt son interlocuteur, elle le détaillait des pieds à la tête et elle trouvait son apparence très curieuse, il ne ressemblait pas à un humain ordinaire, on aurait dit qu'il sortait tout droit d'une bande dessinée ou bien d'un dessin animé, c'était vraiment étrange... Elle le regardait de ses grands yeux bleus tandis que ce dernier se présentait : Zorglub. Curieux nom à vrai dire mais elle ne le releva pas, elle était bien plus intéressée par ce qu'il avait dit ensuite : grand spécialiste des Nouvelles Technologies. Voilà pourquoi il semblait si intéressé par elle !

Entendant après la question de son interlocuteur, EVE se désigna avec ses mains tout en émettant avec un doux bourdonnement électronique calme et posé :

EVE.

Faisant ensuite des gestes simples, le robot blanc aux yeux bleus montra les alentours puis elle pointa le sol avec son index en émettant un autre bourdonnement électronique mais qui, cette fois-ci, était dans un ton interrogatif. EVE voulait clairement faire comprendre à Zorglub qu'elle désirait savoir la raison de la présence du scientifique dans le coin. Peut-être même qu'il avait des réponses aux autres questions qu'elle se posait comme, par exemple, pourquoi elle se retrouvait à cette époque alors qu'elle était tranquillement dans son monde avec son compagnon...

Invité

Le robot était vraiment expressif. Il...enfin Elle...n'avait que deux yeux bleus mais ils étaient suffisants pour refléter bon nombre d'émotions. Des émotions tellement proches des humains. Et cette voix digitale, avec laquelle elle prononça son identité coulait comme l'eau hors de sa source.

EVE. Soit le nom de la première femme dans la Bible. La femme qui avait commis le péché originel. Et bla bla bla. Le genre de chose qui ne servait qu'à la culture générale, mais dont le contenu idéologique n'était que fadaise. En tout cas, il était certain que l'inventeur d'Eve se prenait lui-même pour Dieu. Ou alors qu'il avait le sens de la dérision. Pourquoi appeler un robot de cette manière ? Car c'était le premier robot féminin ? Cette personne avait vraiment un orgueil des plus démesurés....

Zorglub se demanda s'il pouvait en savoir plus sur ce robot et ses origines. Mais pour le moment, il ne semblait pas qu'Eve soit capable de faire des phrases longues. elle parlait par mots isolés. Et par geste. Il était difficile de saisir ce qu'elle voulait signifier, mais rien n'est impossible pour le Grand Personnage qui parvint à comprendre les interrogations de l'entité. Elle lui demandait pourquoi quelqu'un comme lui se trouvait ici. C'est vrai qu'un scientifique sur un terrain vague, c'était incongru. On l'imagine plutôt dans un laboratoire ou se déplaçant en voiture plutôt que de marcher pour faire des courses. Mais plus étrange encore, c'était qu'un robot soit là. Le moins qu'on puisse dire, c'est qu'elle détonnait dans un lieu pareil.

- Hum...J'ai dû laisser mes véhicules personnels au garage et j'ai dû faire le chemin à pied. Ce n'est pas digne de ma personne, c'est certain, mais cela revêt son charme. Par contre, vous ne ...

Ah, tiens, comment parle-t-on à un robot ? On le tutoie ? on le vouvoie ? Excellente question. Zorglub se gratta la tête avant d'opter pour la solution de facilité : faire comme il faisait avec tout le monde.

- Vous n'êtes pas en conformité avec l'environnement. Vous vous êtes peut-être perdue. Auriez-vous des coordonnées GPS de votre ....domicile ?

A l'intérieur de lui-même, Zorglub ricana en pensant que s'il ramenait EVE chez elle, il rencontrait son constructeur. Oh joie ! Il allait peut-être pouvoir lui piquer des idées grâce à son appareil à Onde manipulatrice (surnommé Zorglonde). Puis il secoua la tête. Non, l'espionnage industriel, c'était fini. Zut. Zut Zut Zut. Saleté de conscience. Il fallait savoir discuter entre gentlemen et donc soutirer autrement les secrets d'un robot tel que EVE.

Du coup, il sortit plutôt un espèce d'appareil assez compact, une de ses nouvelles inventions, le Zi-Phone (Prononcez [Zaï fone]). Sorte de téléphone portable amélioré qui servait d'ordinateur de contrôle, de GPS, de télécommande pour ses véhicules, de brouilleur (pratique pour embrouiller les radars sur la route), d'appareil photo numérique reflex d'une résolution de 8 462 x 4 831, et cas échéant de téléphone portable - et encore, nous n'avons pas fait l'inventaire de toutes ses possibilités techniques.

Lançant le mode GPS de son Zi-Phone, Zorglub attendit la réponse de EVE, tandis que quelque chose fit TILT dans son esprit.

- Je vous écoute.

Il s'empara de son stylet pour taper les coordonnées sur la carte numérique qui apparaissait sur l'écran LCD. EVE.
Ce nom-là ne lui était pas inconnu. Il l'avait déjà vu quelque part, mais où ?

[C]

EVE observait Zorglub avec grand intérêt et curiosité, ses grands yeux bleus affichaient un air amical, ayant la forme de croissants tournés vers le haut, tandis que le scientifique répondait à son interrogation gestuelle. Elle était ravie de voir que son interlocuteur avait compris ce qu'elle désirait savoir mais elle fut un peu déçue qu'il lui donne une réponse plutôt évasive. Peut-être, qu'après tout, il était là par hasard et qu'il n'avait pas vraiment de raison particulière de passer dans le coin, contrairement à elle qui ne savait toujours pas pourquoi elle était dans ce monde et dans une époque très différente de la sienne.

Écoutant ensuite Zorglub lui dire qu'elle n'était "pas en conformité avec l'environnement" et supposer alors qu'elle était perdue, EVE l'entendit lui demander les "coordonnées GPS" de son domicile. Elle le regarda avec un mélange d'amusement et d'étonnement, intriguée par la manière qu'il avait de dialoguer. C'était vraiment un curieux personnage mais qui était intéressant étant donné qu'il était passionné de la technologie, quelque chose qui se confirma très vite lorsqu'elle le vit sortir un petit appareil de sa poche, on dirait dit un téléphone portable mais en plus sophistiqué, faisant apparaître un mode GPS dessus et lui dire qu'il l'écoutait tout en préparant son stylet pour visiblement taper les coordonnées qu'elle lui dirait sur l'interface de la carte numérique qui apparaissait sur l'écran LCD de son appareil.

Futur. Fit-elle alors avec un doux bourdonnement électronique, voulant clairement faire comprendre à son interlocuteur qu'elle n'était pas de cette époque.

EVE ne savait pas quoi dire d'autre, aucun autre mot ne lui venait dans son vocabulaire. Que c'était compliqué de dialoguer avec les humains lorsqu'on s'exprimait généralement par langage électronique ! Elle eut soudainement une idée brillante et elle attrapa vivement l'appareil ainsi que le stylet que tenait Zorglub dans ses mains. Elle comprit rapidement le fonctionnement de l'objet, elle y fit apparaître un bloc-note électronique à la place de la carte numérique et elle commença alors à rédiger quelque chose dessus à l'aide du stylet. Cela dura quelques secondes et, quand elle eut terminé d'écrire, elle rendit l'appareil de son interlocuteur où on pouvait lire à présent dessus :

Je viens du futur, de l'an 2805. Quelque chose, j'ignore quoi, s'est produit pendant que j'étais tranquillement dans mon monde et j'ai fait un bond temporel dans le passé.

Elle n'avait rien noté de plus pour le moment, elle voulait déjà voir la réaction de Zorglub face à ce court message avant de faire quoi que ce soit d'autre...

Invité

Spoiler:

***

Le savant se chargea de taper les données qu'EVE venait de lui communiquer. F.U.T.U.R.. Étrange, comme indication. D'habitude, les GPS ne fonctionnaient qu'avec des références chiffrées. Peut-être qu'il s'agissait tout simplement d'un code secret. L'inventeur avait pensé à tout pour ne pas être démasqué. Parfait ! Un tel défi n'allait pas l'arrêter ! Ah ah, haut les cœurs ! Il se mit à réfléchir à des solutions mêlant des calculs complexes de nombres premiers. Mais il fut interrompu par le robot qui s'empara, avec une rapidité étonnante, de son ZI-Phone.
Zorglub sentit le sang se glacer dans ses veines. Il ne fallait pas qu'on abîme sa nouvelle invention ! Et puis si l'on ne connait pas la façon de l'utiliser, il pouvait y avoir des dégâts ! Il regretta de ne pas avoir mis en place un système de reconnaissance des empreintes digitales ! (Il s'y emploierait lorsqu'il récupérerait son appareil et cela signifiait par la même occasion qu'il n'aurait plus besoin du stylet).

C'est alors qu'il constata qu'elle était au contraire adroite et qu'elle savait ce qu'elle faisait. Elle utilisait le stylet avec une dextérité tout à fait surprenante, le manipulait sans aucune hésitation. Ses mains avaient des doigts d'une finesse extrême. Néanmoins Zorglub restait inquiet. Pourvu qu'elle ne déclenche pas la Zorglonde par erreur...ou le régulateur de climat !
Aussitôt après s'en être emparé, elle tendit au scientifique effaré son ordinateur de poche. Elle avait écrit un message clair, net et précis. Elle venait du futur.

Non, mais quelle andouille il était. Comment avait-il pu se méprendre de cette façon? Ses paroles, ce n'était pas un message secret...FUTUR ! elle venait du futur. Il se tapa sur le front avec le plat de sa main comme pour se punir de sa bêtise.

Avant de réaliser ce qu'elle venait d'annoncer.

Et d'accuser terriblement le coup.
Il fit tomber le ballon qu'il tenait toujours de son autre main (NDRL : oui, je l'avais oublié, cet objet...)
Il manqua de flancher et fit un pas en arrière.

- Le fu..le fut....le futur ????????

Le futur...
L'esprit de Zorglub fonctionnait à toute vitesse. La première chose qu'il pensait était qu'il était donc possible de voyager dans le temps. Il le savait !!! Il avait raison, toutes ses années ; ses recherches n'étaient pas une utopie ! C'était possible ! Il avait été renvoyé de la faculté, on s'était fichu de lui, alors que c'était faisable! Si seulement on lui avait laissé la possibilité de développer son pistolet temporel ! Mais non, on lui lançait toujours la même rengaine !!
"C'est ça, et moi, je peux créer un toaster avec des corn flakes !" ; "Tu as pensé à inventer un simulateur de cerveau, ça te serait utile !" ; "Monsieur Zorglub, vous n'êtes qu'un danger public et vous n'arrivez même pas à faire fonctionner vos machines sans faire tomber le plafond sur nos têtes ! Je ne puis supporter plus longtemps vos pitreries !"

Deuxième réaction : Zorglub avait été touché dans son orgueil. Quelqu'un d'autre que lui avait découvert le voyage dans le temps. C'était pourtant lui le plus grand génie de tous les temps, le Dictateur Électronique !
Quoique....Une seconde...Si on y réfléchissait bien, EVE venait du futur, non ? Donc, tout n'était pas perdu ; son créateur était postérieur au présent ...
Et si....après tout...il était l'instigateur de tout cela, lui, Zorglub ? Il était sûrement celui qui avait ouvert la voie, des siècles avant 2805; aux réalisations scientifiques les plus abouties ! Et si ça se trouvait...il était peut-être le père d'EVE, qui sait ? Zorglub se mit à rire à voix haute, réconforté.

Dans son délire, il avait failli en oublier l'origine de son enthousiasme. EVE. Il se calma et porta un doigt sur sa bouche, tandis que son bras gauche maintenait son coude. Il cogitait.
- Voyons...si je comprends bien, vous venez de 2805. Et vous souhaitez retourner à votre époque.

Il agrandit son sourire. C'était à la fois rassurant...et inquiétant, il faut l'admettre.

- Vous ne pouviez tomber mieux. J'ai commencé il y a quelques années le développement d'un Pistolet temporel, qu'un de mes collaborateurs a appelé Aspiratempus (j'aurais sûrement trouvé mieux comme nom). J'ai laissé tombé car...

Il secoua la tête. Il n'allait pas l'encombrer de détails, non ?

- ...On n'a pas cru en mes capacités. Mais cette fois, c'est décidé ! Je vais vous aider à retrouver votre époque !!!

Il avait dit cela en brandissant le poing vers le ciel, comme pour défier ceux qui l'avaient humilié à l'époque. Grâce à EvE, il retrouverait sa dignité perdue ! Puis, se calmant à nouveau, il la regarda en affichant un regard interrogateur.

- Dites-moi, EVE, le robot Blinky, ça vous dit quelque chose ?

[C]

EVE, après avoir rendu l'appareil à son propriétaire, observa Zorglub avec intérêt tandis que celui-ci lisait le message qu'elle lui avait écrit. Elle ne put s'empêcher d'émettre un doux petit rire robotique, très amusée, en voyant la tête qu'il fit ensuite, visiblement elle l'avait impressionné en lui faisant cette révélation. Elle affichait toujours un air amical de ses grands yeux bleus à l'attention à son interlocuteur et elle attendit patiemment que ce dernier dise quelque chose. Elle l'entendit d'abord rire, ce qui l'intrigua sur le coup, ne comprenant pas pourquoi, puis elle le vit avoir un air songeur avant de l'écouter dire qu'il avait commencé il y a quelques années à créer un pistolet temporel. Un pistolet temporel ? Vraiment ? Et il avait laissé tomber car... Car quoi ? Elle le vit secouer la tête, comme s'il ne voulait pas l'ennuyer avec des explications, et il dit qu'on n'avait pas cru à ses capacités. Oh ?

L'entendant ensuite dire qu'il était décidé à l'aider à retrouver son époque, EVE afficha un air surpris. Il allait vraiment faire ça ? Mais, avant qu'elle puisse se poser d'autres questions, elle vit Zorglub la regarder avec un air interrogateur et lui demander si le robot Blinky lui disait quelque chose. Blinky ? Il avait bien dit "Blinky" ? Elle hocha affirmativement la tête en guise de réponse et elle reprit vivement le Zi-Phone des mains du scientifique afin de rédiger un nouveau texte dessus. Le robot blanc aux yeux bleus en profita pour vérifier quelque chose sur Internet, étant donné que l'appareil pouvait s'y connecter, et elle ce qu'elle vit alors lui fit afficher un air amusé. Mais oui, c'était donc ça ! Elle n'était pas retournée sur son blog depuis et le nouveau commentaire qu'elle y trouva expliquait bien des choses.

Ainsi donc l'internaute au pseudo de "Bulgroz" c'est vous, ce qui est logique après tout étant donné le commentaire très intéressant que vous avez laissé sur mon blog. Je viens de consulter votre "Zorblog" et je le trouve également très instructif, j'ai hâte de lire vos prochains articles. Il est vraiment pratique votre "Zi-Phone", sera-t-il possible de m'en fabriquer un pour que je puisse communiquer plus facilement ? Pouvait-on bientôt lire sur l'appareil de Zorglub lorsque EVE termina de rédiger dessus et qu'elle le rendit à son créateur...

Invité

Ah, il aurait dû s'en douter dès que le robot avait révélé son identité. EVE ! c'était bien elle qui tenait un blog passionnant sur la robotique, avec qui il avait tant rêvé de parler et d'échanger. Il avait une chance folle de voir que son souhait se réalisait ! Il allait pouvoir faire tant de choses avec elle, grâce à elle ! Elle venait du futur, elle devait savoir tellement de détails, tellement de savoirs qui l'enrichirait, lui - pas financièrement, intellectuellement. Il se voyait déjà passer une époque à une autre comme il passe le seuil d'une porte, et ramener des circuits imprimés, des diodes ! Il pourrait mettre au point la majorité de ses inventions, tout ça grâce à une invention majeure qui révolutionnerait le monde : LE PISTOLET TEMPOREL (il fallait qu'il lui trouve un nom en Z avant que l'invention ne passe à la postérité...).

Il était tellement dans ses pensées (et son délire) qu'il calcula à peine qu'EVE s'emparait une seconde fois du Téléphone mobile pour y taper un nouveau message. Lorsqu'elle retourna l'engin, il découvrit le message avec un amusement certain. Elle écrivait de la même façon que sur son blog. Pour un robot, elle avait une intelligence hors du commun. Comment avait-on pu parvenir un un tel degré de technologie ? Développer une intelligence artificielle parfaite. Non, même pas artificielle : véritable !!! Il ne manquait plus à ce robot qu'une parole plus développée pour être humaine ? non, ce n'était pas un humain, mais du moins, elle sortait déjà des sentiers battus en n'appartenant plus aux objets, mais aux êtres vivants.
EVE parlait à présent du ZI-Phone et des possibilités d'en faire un pour elle. Zorglub ne mit que peu de temps à réfléchir.

- Un jeu d'enfant ! On pourra l'adapter à vos capacités de sorte que votre écrit passe directement par voix orale. Au fur et à mesure que vous inscrivez le message, le téléphone traduira en son tout le texte. Nous pourrions synthétiser votre voix pour que ce soit celle-ci que l'appareil utilisera. Cela sera vraiment VOTRE parole !

Il fit une pause avant de pousser plus loin la réflexion.

- Et puis...

Il s'interrompit. L'idée qu'il allait développer était certes ambitieuse, mais elle était dangereuse. Pour EVE. Il pensait qu'il pourrait tenter d'améliorer le robot de sorte que son blocage vocal (pour avoir une vraie parole et non un ensemble de mots sans liaison - bref, le langage qu'elle avait à l'écrit) ne soit plus une gêne et qu'elle puisse s'exprimer comme n'importe quel quidam. Mais cela posait un gros problème. Toucher à EVE, ce n'était plus comme jouer avec les ondes sur des zorglhommes ou modifier un véhicule pour qu'il puisse recycler l'oxygène à volonté. Non. Il était venu à la conclusion qu'EVe pouvait être considérée comme un être vivant, avec une conscience. L'ouvrir pour faire des expériences et des modifications, c'était comme...disséquer un animal pour en comprendre la physiologie. Cela le répugnait soudain de devoir faire une telle chose.

- Et puis voila !

Il coupa la conversation en coupant court à son idée. Mieux valait ne pas inquiéter EVE outre mesure. Il venait de faire une rencontre formidable, il ne fallait pas la perdre d'ores et déjà !

EVE, après avoir rendu le Zi-Phone à Zorglub, observa celui-ci de ses grands yeux bleus, silencieuse et attentive. Elle trouvait cet humain très sympathique et très intéressant étant donné que c'était un scientifique qui s'intéressait à la technologie. Elle afficha bientôt un air ravi en entendant la réponse positive de ce dernier à la question qu'elle lui avait posée concernant le téléphone portable, c'était un jeu d'enfant pour lui d'en fabriquer un pour elle et il pouvait même l'adapter à ses capacités. Le robot blanc aux yeux bleus était très enthousiaste et elle avait hâte d'avoir une telle merveille en sa possession, enfin elle pourrait s'exprimer plus facilement avec les humains !

Cependant, EVE se demanda brusquement s'il y avait un prix à payer pour obtenir un tel objet et son enthousiasme disparut aussi vite que la neige qui fondait au soleil. Zorglub n'allait tout de même pas lui concevoir un Zi-Phone personnalisé gratuitement quand même ? Si ? Dans le doute, elle s'empara une nouvelle fois de l'appareil que le scientifique tenait dans ses mains pour rédiger encore un texte dessus.

Je suppose que je vais vous devoir quelque chose en échange d'un Zi-Phone. Écrivit-elle rapidement. Quel service allez-vous me demander pour que je puisse au final posséder cet utilitaire ?

EVE ne se faisait pas d'illusion, elle savait très bien qu'un objet technologique d'une telle puissance devait coûter très cher à cette époque, et elle voulait mettre les choses au point avec son interlocuteur. Elle était un robot, elle ne possédait rien en dehors de sa personne et ses fonctionnalités. Sa spécialité à elle c'était l'exploration et la botanique, elle ne voyait donc pas ce qu'elle pouvait faire pour se rendre utile à cet humain qui pouvait déjà obtenir tout ce qu'il voulait grâce à son génie...

Invité

Le Robot (petite parenthèse : comment dit-on robot au féminin ? Robote ? Ce n'était pas très esthétique, comme nom commun) était aux anges ; il n'y avait qu'à voir ses yeux bleus pour savoir qu'elle était contente de ce qui arrivait. Il faut dire que la proposition de Zorglub ne pouvait que lui convenir. Dans un monde où la communication était au centre de tout, EVE ne pourrait pas avancer si elle ne pouvait parler que par mots isolés. Les gens ne sont pas bien patients. Ils veulent tout, tout de suite. Attendre qu'elle tape sur un clavier, comme elle le faisait avec lui, ne marcherait pas. Zorglub était certes un impatient, mais cela dépendait des situations et prenait le temps de la voir taper le texte. Mais tous les humains ne seraient pas aussi cléments. Passer directement de l'esprit - était-il juste de parler d'esprit en ce qui la concernait ? - à l'oral était la meilleure chose à faire.
Les projets, les plans et les calculs envahissaient le cerveau inventif du Scientifique. Jusqu'à ce qu'il voit qu'EVE avait changé d'expression. Elle qui paraissait si ravie quelques secondes auparavant était devenue bien sombre. Etait-ce une parole malheureuse qu'il avait prononcé qui avait mis mal à l'aise le robot ? Il eut bientôt la réponse à son inquiétude. EVE se demandait ce qu'il souhaitait en échange.

EVE avait vraiment des notions avancées de psychologie humaine. Même si celle-ci n'est pas flatteuse. Le robot n'avait pas pensé une seule minute que la répartie n'était pas obligatoire,. En bref, elle n'était pas naïve. Loin de là. Elle connaissait le principe qui régissait la société humaine.
Ce qu'on appelait en alchimie l'échange équivalent.
Dans certaines sociétés plus rudimentaires, le troc.
Et dans les sociétés dites "évoluées", le commerce.
En contrepartie d'une chose, on devait fournir autre chose.

Au départ, Zorglub pensait qu'elle voulait lui donner de l'argent. Chose inutile : il était assez riche comme cela, et continuait à asseoir un certain confort en travaillant à l'Académie militaire (sans parler des subventions pour les recherches). Cette réflexion était toutefois inutile. Dans son discours, elle avait bien précisé : "quel SERVICE".
Face à un bien matériel, elle proposait un service. C'était pour notre homme nettement plus important que l'argent ! Cependant, il ne fallait pas qu'il réclame quelque chose de démesuré. Pour ne pas décourager le robot et que leur relation s'arrête sur ces entrefaites; cela serait dramatique.
Le seul fait de travailler sur ce projet était une récompense en soi. Un scientifique digne de ce nom doit pratiquer la science pour la science, avec pour seule rémunération le plaisir de savoir.

- En échange...et bien...Je voudrais en savoir plus sur vous. Que je connaisse vos fonctions, votre construction et votre système électronique, votre histoire. Et .... je voudrais en savoir plus sur le futur. Votre quotidien.

Là, des voix amies (mais bigrement contrariantes) auraient élevé la voix en disant : "attention, il ne faut pas dérégler le continuum Espace-Temps, il ne faut pas en savoir trop sur l'avenir !!"
Billevesées.

- Si cela vous convient, nous pourrions nous voir quand vous le souhaiterez dans mon laboratoire.

Puis il croisa ses longs doigts en espérant qu'elle dise oui. Pourvu qu'elle accepte...

EVE, qui observait toujours Zorglub avec curiosité et intérêt, écouta celui-ci répondre à son interrogation écrite. Elle le regarda ensuite avec un air interloqué en entendant ses propos. En échange il voulait en savoir plus sur elle ? Contre un bien matériel il voulait enrichir son savoir ? C'était curieux comme raisonnement mais pourquoi pas ? Elle savait cependant qu'elle ne pourrait répondre à toutes ses questions, il y avait des choses qu'elle ne pouvait toutefois pas révéler, surtout en ce qui concernait l'avenir, sous peine de chambouler le continuum spatiotemporel et, ça, elle était certaine que le scientifique devait le savoir.

Vous m'en demandez beaucoup. Je ne pourrais pas satisfaire entièrement votre curiosité étant donné qu'il y a des révélations qui ne doivent pas être dites et je ne peux accepter non plus de visiter votre "laboratoire", cela ne m'inspire pas confiance. Vous êtes un scientifique et je suis un robot, qui me dit que vous n'allez pas essayer de pratiquer des choses désagréables sur ma personne ? Écrivit-elle bientôt sur le Zi-Phone qu'elle avait de nouveau emprunté à son propriétaire.

EVE préférait rester prudente car, après tout, elle ne connaissait pas son interlocuteur, elle ne savait rien de lui et rien ne prouvait qu'il avait vraiment des bonnes intentions à son égard. Peut-être allait-il mal le prendre mais, dans tout les cas, elle ne prendrait aucun risque, ce monde était tellement différent du sien et il pouvait contenir beaucoup de danger pour elle, suffisait de voir comment les gens la regardait dans la rue...

Invité

Tout allait pour le mieux ! Cette rencontre fortuite se révélait de plus en plus intéressante ! Il allait faire connaissance avec des technologies totalement inconnues à cette époque, et il allait tenter de l'améliorer même ! Si ce n'était pas une consécration, alors, de quoi s'agissait-il ?

Mais l'illustre savant ne tarda pas à redescendre violemment de son petit nuage suite à la nouvelle réponse d'EVE.
Et avant même d'analyser le discours du robot, son comportement tomba dans l'opposé ; de l'enthousiasme à la déprime. Il n'existait pas d'intermédiaire chez lui, c'était quelqu'un au caractère assez extrême. Quoiqu'il en soit, les idées noires ne tardèrent pas à affluer.

C'était ty-pi-que. Dès qu'il arrivait enfin à quelque chose, il fallait que tout tombe à plat comme une crêpe de la chandeleur qui rate sa poêle. Entendre du négatif dans les phrases du robot était assez douloureux. Pourquoi cette opposition ? Avait - il dit quelque chose qu'il aurait dû taire ? Avait-il montré dans une quelconque parole un certain égoïsme ? Avait-il fait peur à l'entité robotique ? Un dépressif (mégalomane de surcroit) pense toujours que c'est lui qui est responsable de cet état, qu'il ne pouvait faire autrement que d'inspirer la méfiance des autres, alors qu'on ne le connait même pas. Ca doit se sentir et se voir, à coup sûr. On ne se débarrasse pas facilement de sa nature.
Zorglub était persuadé que si la demande avait été faite par son ami de Champignac, EVE n'aurait émis aucune restriction...

Très déçu (et encore, le mot est faible), il prit ENFIN le temps de décortiquer les écrits d'EVE (l'émotionnel, la raison en second). D'abord EVE savait évaluer le danger "Continuum Espace-temps". Diable, il est vrai que cela pourrait avoir des conséquences tragiques, mais dans un sens....le continuum était déjà perturbé puisque EVE ETAIT LA, ET NON A SON EPOQUE.
Baste, il ne voulait pas éveiller d'avantage les craintes du robot, déjà que leur relation "amicale" (s'il l'on pouvait parler d'amical entre un humain et un robot) à peine entamée semblait déjà vaciller. Ensuite, il y avait le fait du laboratoire qui déplaisait à EVE. Elle soupçonnait un éventuel danger à se retrouver seule en même temps qu'un responsable de labo. Elle n'avait pas tort en soi ; cependant cette paranoïa devait supposer qu'elle en avait vu des vertes et des pas mûres dans son monde.

Zorglub savait qu'il aurait dû continuer sa phrase, quelques minutes plus tôt. Dans son for intérieur, il avait de lui-même repoussé l'idée d'ouvrir le corps de métal du robot. En s'explicitant comme il aurait dû le faire, au moins EVE aurait compris qu'il s'opposait à cela. Scientifique d'accord, mais dans le respect de l'autre (notion toute nouvelle aussi pour lui
cependant il tenait bon pour ce coup-là).
Il fit un énorme effort sur lui-même pour ne pas afficher ses états d'âme ; mais il savait qu'il n'en donnait pas l'impression, il n'était pas un spécialiste du camouflage des émotions. Au moins n'avait-il pas explosé de colère contre lui-même - comme c'était déjà arrivé à moult reprise. Il se massacrait plutôt les doigts en regardant le sol comme s'il voulait s'enterrer du regard.

- Je n'avais aucunement l'intention de .... vous modifier. Cela était juste pour....
Une raison matérielle, allait-il ajouter. Mais il sauta la fin de la phrase.

- ... je comprends néanmoins, et nous pourrons mettre en place ce système à heure, lieu et jour qui vous convient. Quant à cet échange, je...Je me contenterais simplement du fait de travailler sur ce téléphone. Le simple plaisir d'inventer est une récompense en soi.

EVE regardait toujours Zorglub de ses grands yeux bleus, silencieuse et attentive, seul le doux ronronnement de son système de lévitation se faisait entendre tandis qu'elle faisait du surplace devant son interlocuteur. Elle vit le brusque changement d'humeur de ce dernier lorsqu'il consulta ce qu'elle avait écrit sur le Zi-Phone, visiblement ses propos rédigés ne lui plaisaient pas et elle pouvait que comprendre car, après tout, c'était une réponse négative qu'elle lui avait donné. Elle ne bougea pas, restant immobile dans les airs, et elle se contenta d'observer, toujours en silence, le scientifique avec patience. Le robot blanc aux yeux bleus n'attendit pas longtemps car elle vit bientôt Zorglub avoir un air qui semblait honteux et lui dire qu'il n'avait aucunement l'intention d'apporter des modifications sur elle, que c'était juste pour... Juste pour quoi ? Pourquoi ne terminait-il pas sa phrase ? Lui cachait-il quelque chose ?

L'entendant ensuite dire qu'il comprenait et qu'ils pourraient mettre en place le système à l'heure, le lieu ainsi que le jour qui lui convenait, EVE le contempla avec un air dubitatif. Sa perplexité augmenta légèrement en l'écoutant rajouter que pour l'échange il se contenterait simplement de travailler sur le téléphone et que le simple plaisir d'inventer était une récompense en soi. Le robot blanc aux yeux bleus ne comprenait pas ce raisonnement, ce n'était pas logique pour elle, et elle demeura un instant confuse, indécise, ne sachant que penser. Elle haussa finalement les épaules et elle secoua doucement la tête avec un air de dire "Je ne sais pas." tout en affichant un regard qui se voulait désolé de ses grands yeux bleus...

Invité

Dire qu'en s'installant ici, il pensait ne plus tomber dans le sentiment incommodant de la dépression. Mais hélas, on ne se débarrasse pas de ce genre de tempérament. Il avait deux façons de réagir à la tristesse : soit le dénigrement total de sa personne (avouez que quand on parle de soi à la Troisième personne et qu'on aime s'afficher comme un génie notoire, ce revirement est assez extrême, preuve du mal être absolu), soit il entrait dans une colère noire. Sa colère, il avait appris à la gérer. Mais pour le désespoir, c'était une autre paire de manche.

Il n'avait pas vraiment compris ce qu'il se passait, tout allait si vite. Qu'est-ce qu'il avait dit qui avait pu faire changer d'avis le robot ? Tout allait si bien, deux minutes auparavant ! Ca venait de ce qu'il avait dit, c'était certain ! Il revint en arrière dans sa tête.
D'abord, le fait qu'il se moquât du fait de déranger le continuum (ce n'était pas dit comme ça, mais c'était bien l'idée qui se cachait derrière).
Ensuite, le laboratoire. Ça, ce n'était pas sa faute, cela venait de la méfiance d'EVE.
Puis le fait qu'il n'exprimait pas l'entièreté de ses idées. Il n'aurait pas dû laisser des phrases en suspens. Et puis c'est vrai que son caractère devait y jouer ; il ne pouvait s'empêcher de se montrer enjoué, de façon parfois démesurée. Elle avait dû le prendre pour un fou. Tout le monde le prenait pour un fou, de toute façon. Le savant fou. Frankenstein. Un monstre quoi. En même temps, soyons honnête : si EVE savait la moindre chose du passé du personnage, elle l'aurait fui depuis le début. Les gens ne cherchent pas à juger quelqu'un sur pied. Finalement, l'idée même de pardon ou de rédemption est un leurre. Le passé vous suit comme la boule d'un bagnard. Et jamais vous ne pourrez vous en débarrasser. Jamais. Vous aurez beau sauver le monde, découvrir un médicament qui guérit les maladies orphelines ou adopter un chien à la SPA ; si on connait la partie sombre de votre histoire, vous êtes définitivement exclu de la société. On ne vous donnera jamais le droit de vous tromper (ok, Zorglub s'est trompé à plusieurs reprises, mais maintenant c'était terminé).

Que devait-il faire à présent ? Partir en se maudissant sur Trente générations, se coucher et dormir pendant cinq jours, ou renoncer à toute vie sociale ? Ou devait-il tenter de rassurer EVE ?

Inspiration.
Respiration.
Allez, courage, c'est nouveau pour toi, mais il faut savoir évoluer soi-même.

- Je ne souhaitais en aucun cas vous faire du mal, EVE. Si c'est ce que je vous inspire, et cela peut se comprendre, j'en suis de même désolé. J'aurais dû être franc avec vous. J'émets toute réticence à expérimenter quoique ce soit sur vous. Après tout, vous êtes un être vivant. De même qu'aller dans mon laboratoire revêtait pour moi une question pratique. Quant à un échange entre service, le seul fait de créer est pour moi une satisfaction. Mais je saisis vos réticences, et si nous devons en rester là, restons-en là.

"Respire avant de t'étouffer", pensa-t-il.
Ca lui fait tout drôle de dire une chose pareille. Mais cela serait-ce assez convainquant ?

[C]

EVE écouta les derniers propos de Zorglub et elle se plongea ensuite dans de profondes réflexions. Elle hésitait toujours, se demandant si elle pouvait faire confiance à son interlocuteur ou pas. Elle ne savait pratiquement rien de lui et elle ignorait si c'était quelqu'un de fiable ou, au contraire, quelqu'un de dangereux.

Je veux en savoir plus sur vous, je veux savoir à qui j'ai affaire avant d'entreprendre quoi que ce soit. Vous ne devez rien me cacher et n'essayez surtout pas de me mentir car je le saurais tout de suite. Parlez-moi un peu de ce "Rayon Z" que vous refusez donc de communiquer sur votre blog. Écrivit-elle peu après sur le Zi-Phone.

Le robot blanc aux yeux bleus avait opté pour la prudence, bien qu'elle était parfaitement capable de se défendre avec son arme, elle préférait toutefois éviter de s'en servir dans ce monde afin d'éviter de troubler les humains de cette époque ainsi que l'espace-temps. EVE avait lu attentivement le blog de Zorglub et ce qu'elle avait lu concernant la "Zorglonde" ne lui plaisait pas trop. Cette onde permettait de dominer le comportement humain, c'était quelque chose de pas très correct et si cela tombait dans de mauvaises mains cela pouvait faire des choses terribles. Rien n'indiquait pour l'instant si Zorglub avait des bonnes ou des mauvaises intentions. Bref pour elle l'emploi de la Zorglonde était dangereux et elle n'aimait pas du tout ça.

Bien que Zorglub lui avait dit qu'il ne souhaitait en aucun cas lui faire du mal, EVE avait bien vu qu'il était sincère de ses propos mais elle voulait quand même rester vigilante tant qu'elle n'en saurait pas plus sur lui. Le fait qu'il avait dit aussi qu'elle était un "être vivant" l'avait aussi un peu troublée, c'était bien la première fois qu'on lui disait cela, c'était étrange comme sensation qu'elle éprouvait à ce moment-là, elle était incapable de décrire de qu'elle ressentait, c'était tout nouveau pour elle...

Invité

Spoiler:

Le robot était de plus en plus suspicieux. Elle parvenait à voir à travers lui, à le décrypter, d'une façon tellement critique qui faisait un peu peur. Cela n'était pas étonnant que la situation se dégrade. Zorglub était quelqu'un qui cachait ses pensées, ne les exprimait pas immédiatement, non par méfiance, mais pour cultiver le mythe du secret. Tandis qu'EVE était authentique, elle n'aimait que la vérité. Pour un robot, elle était assez directe.
La franchise n'était pas facile pour le scientifique. Déjà, il ne se confiait qu'aux personnes qu'il connaissait bien. Et ici, ce n'était pas le cas : il ne connaissait personne. Ensuite, il était tenu par le secret professionnel depuis peu. Autant auparavant, il travaillait seulement pour lui même et ses intérêts, autant maintenant il était en free lance et au service de l'académie militaire. Il ne pouvait donc pas tout révéler sur ses intentions ou sur ses projets.
Face à quelqu'un d'aussi perspicace et droit, il n'avait pourtant pas beaucoup d'alternatives. De toute façon, qu'il dise la vérité ou qu'il dissimule, cela donnerait le même résultat : il n'était pas fréquentable. La seule chose qu'on pourrait lui reconnaitre, c'est d'avoir été sincère.

- Le rayon Z était au départ une arme mortelle qu'un sale bandit m'a forcé à construire. Je ne suis pas fier d'avoir fait cela. De toute façon j'en ai été la seule victime puisqu'il a utilisé l'arme contre moi. Juste punition, oserais-je dire.

Mauvais souvenir...Voulant empêcher le malfrat de sévir, il s'était interposé et avait pris le rayon de front. L'arme (qui existait en un seul exemplaire) a été détruite sur le coup, en explosant, ce qui a permis l'arrestation du criminel. Seulement, pendant des mois, Zorglub a perdu la mémoire, les notions élémentaires de la vie. Il lui a fallu beaucoup de temps avant de s'en remettre.

- J'ai décidé de donner ce nom à une autre invention, qui n'a aucun rapport. Pour exorciser. Je n'en parle pas sur mon blog parce qu'il s'agit d'un secret professionnel. Une commande spéciale.

Il fit une pause. Il allait trahir son commanditaire. Tant pis.

- En fait, le nouveau Rayon sera capable de remplacer n'importe quel carburant d'automobile. Finie l'essence, le GPL et tout ce qui peut être nocif et polluant. Il s'agit d'un rayon capable de capter les rayons du soleil et de les transformer en une énergie durable. Cela pourrait ressembler au photo-voltaïque mais ce n'est pas ça. Mieux encore, on peut l'utiliser pour remplacer les centrales nucléaires, éviter les pannes électriques ! Cela fonctionnerait même en temps de pluie, et sans mettre des panneaux solaires partout.

De nouveau, il s'emballait dans ses explications. Il éprouvait toujours beaucoup de plaisir à s'entendre parler. Cela lui permettait de mettre à plat ses idées, d'en trouver de nouvelles, et de se prouver qu'il était toujours au top dans son domaine. Il en était persuadé, certes, mais se lancer des fleurs était une récompense fortement agréable !
Lorsque son enthousiasme retomba, il attendit, le coeur battant, le verdict du robot blanc. Il était persuadé qu'elle n'allait retenir que la première partie de son discours.
C'est vrai que l'expression "Arme mortelle" n'était pas très encourageante.

[C]

EVE observait attentivement son interlocuteur tandis que celui-ci répondait à la dernière interrogation qu'elle avait écrite sur le Zi-Phone et, en le regardant bien, elle vit qu'il lui disait entièrement la vérité, quelque chose qu'elle apprécia grandement. Elle l'écouta jusqu'au bout, sans l'interrompre une seule fois, et, quand il eut terminé son récit, elle hocha doucement la tête pour montrer qu'elle avait parfaitement compris. Ainsi donc le "Rayon Z" avait été une arme mortelle inventée pour un criminel, il en avait payé le prix, il avait donc visiblement compris de son erreur en faisant cela, elle espérait sincèrement que cela soit le cas et qu'il ne referait pas quelque chose de ce genre à l'avenir.

EVE fut ensuite contente d'apprendre la nature du nouveau "Rayon Z", c'était une très bonne initiative de la part du scientifique, elle-même approuvait les énergies renouvelables, elle en avait même prévu d'en faire plusieurs cours en tant que Professeur de Technologie à l'Université, en commençant par les éoliennes puis ensuite le photovoltaïque et l'énergie solaire. L'idée de Zorglub était très honorable et EVE en éprouva un sentiment qui ressemblait de l'estime à son égard. Cet humain n'était pas mauvais, il avait un bon fond, il semblait parfois être dépassé par ses inventions mais on voyait clairement qu'il ne cherchait pas à nuire, du moins pas volontairement, conclut EVE tout en observant Zorglub de ses grands yeux bleus.

Sachant alors très bien qu'elle ne risquait rien de le fréquenter, qu'elle pourrait toujours se défendre avec son arme en cas de réel danger, elle décida donc de lui faire confiance. Elle rédigea un nouveau texte sur le Zi-Phone, le verdict que semblait attendre le scientifique avec appréhension :

Vous avez dit la vérité et je vous en remercie. Votre honnêteté mérite ma confiance, c'est pourquoi je vous l'accorde, en espérant que cela reste ainsi et que vos intentions soient toujours bénéfiques dans le futur. Combien de temps prendra la création d'un nouveau Zi-Phone ? Si vous devez vraiment aller jusqu'à votre "laboratoire" pour le construire alors j'accepte de vous suivre, peut-être que j'y découvrirais des choses intéressantes sur place, qui sait ?

Invité

Les poings serrés, notre homme attendait encore une fois, dans un suspense insupportable pour lui, qu'EVE rende son verdict. Le mot n'était pas exagéré. Il s'agissait presque en effet d'un procès. Un juge, impartial, EVE. Et lui, le coupable, celui qui avait commis des crimes, sans avoir conscience du mal qu'il ferait, certes, mais il avait fait néanmoins. Est-ce que d'avoir lâché la vérité, peu glorieuse, allait la convaincre ? Ou serait-il un mauvais homme toute la vie ?

Les rêves d'un scientifique sont malheureusement toujours contraires à l'éthique. Si l'on ne se bat pas pour le bien des êtres vivants, la médecine, l'écologie, la science est mal vue. Le génie n'était plus reconnu de la même manière depuis la fin de la guerre froide. On peut parvenir à créer une machine extraordinaire, qui va révolutionner les connaissances, elle sera pointée du doigt sans aucune admiration pour la réalisation du créateur. Zorglub avait toujours envie de répondre à ses détracteurs que s'il devait incriminer un scientifique pour une invention néfaste, il fallait qu'ils incriminent Dieu en premier lieu.
Après une longue discussion avec son ami Pacôme, il avait compris qu'il devait absolument changer de domaine. Il continuait à travailler sur les véhicules nouveaux, la conquête de l'espace et, bien sûr, son cheval de bataille, la communication. Il allait aborder un nouveau projet, la création de nouvelles énergies (c'était très à la mode, l'écologie). Mais il avait abandonné l'idée de dominer le monde. CEla faisait mal à l'égo, mais il avait réalisé quelque chose après tout ce qui lui était arrivé. Lorsqu'on est à la tête des humains, on a beau être entouré, on est toujours seul. Et la solitude, c'est ce qui l'effrayait le plus.

Les yeux bleus d'EVE se courbèrent. Elle réfléchissait une nouvelle fois. Quelle émotion allait-elle exprimer à présent ?
Elle fit un mouvement de la tête. Elle ne ratait pas un seul mot de son discours. Elle analysait tout, avec la rigueur que seul un robot ou un intellectuel de haut vol en était capable.
Enfin, ce fut une libération. Les yeux affichèrent une forme de croissant de lune, exprimant sans nul doute qu'elle appréciait le contenu des paroles. Zorglub poussa un soupir de satisfaction.

C'était fou, la façon dont il réagissait envers ce robot. Ses sentiments envers elle avaient évolué alors qu'il discutait depuis quoi, une heure ? Au début, c'était un intérêt purement technologique. MAis à présent, il l'envisageait non pas comme un robot, si évolué soit-il, mais comme une personne à part entière, dont il cherchait le soutien et la reconnaissance.
Voila donc ce qu'on appelle l'ironie du sort : il avait créé une armée entière d'hommes transformés en robot (les Zorglhommes) afin de se sentir entouré, et c'est auprès d'un robot aux sentiments humains qu'il voulait absolument trouver ce réconfort.

Il décrypta le nouveau message sur le Zi-Phone avec le coeur qui battait la chamade.Elle avait apprécié sa sincérité - comme quoi c'était payant, même si c'était douloureux et difficile. Son enthousiasme revenait à la vitesse d'un cheval au galop, mais cette fois-ci, il dut se faire violence pour ne pas éclater dans ses délires habituels. Il se réfugia dans ses pensées pour calculer le temps de construction. Que sous-entendait la construction de l'appareil ? Pas grand chose, vu qu'il avait la base du Zi-phone. Il allait devoir synthétiser la voix d'EVE, mais il n'y aurait aucune difficulté. Là où cela risque d'être sérieux, c'est d'utiliser les ondes permettant de relier le robot à l'appareil pour qu'il se fasse la parole de cet être. Car il fallait qu'il fasse en sorte de ne rien modifier du robot, il devait s'adapter à une technologie du futur. Et selon le cas, la tâche allait se révéler ardue.

- Vous serez la bienvenue, EVE. Pour le temps, et bien, c'est difficile à dire, puisqu'il faut que je m'adapte à votre technologie. Tout dépend d'elle, et de ma capacité à relier la mienne à la vôtre. En attendant...

Il sortit une carte de visite sur laquelle était inscrite son nom et l'adresse de son laboratoire.

Code:: [i][b]Université du New Jersey.
Ecole militaire.
Bâtiment B, Laboratoire 1[/b][/i]

- Je suis le seul occupant du bâtiment B. Il y a là-bas mon laboratoire, la salle de cours, un hangar pour héberger toutes mes inventions. C'est assez grand, vous ne pouvez pas le rater.

[C]

En lisant ce qui était écrit sur la carte de visite, EVE eut un mouvement de recul. École militaire ? Il travaillait pour l'armée ? Pourquoi ? Il n'avait pas encore compris que collaborer avec des soldats étaient plus nuisible qu'autre chose ? Ses inventions allaient servir pour la guerre ! Elle était pacifiste, elle ne pouvait pas accepter de venir là-bas, elle refusait de fréquenter un lieu comme celui-ci.

Je vois que votre laboratoire se trouve à l'école militaire, cela ne me plait guère, il faut trouver un autre endroit pour faire ce que vous avez à faire. Je tiens aussi à vous dire que je ne peux pas me permettre que vous ayez accès à ma technologie, vous devez vivre avec votre temps et les technologies de votre époque, cela serait trop dangereux que vous ayez accès à des informations auxquelles vous n'êtes pas censé connaître. Tout ce que je demande c'est un Zi-Phone similaire au vôtre, ni plus, ni moins, il n'est pas nécessaire de faire des modifications importantes sauf si bien sûr vous y tenez vraiment mais dans ce cas-là il vous faudra vous passer de mes données car je ne vous l'autorise pas, désolée. Nota-t-elle sur le Zi-Phone.

EVE voulait que les choses soient bien claires entre son interlocuteur et elle, elle ne voulait en aucun cas qu'il croie qu'il pouvait tout se permettre concernant sa technologie, il n'y aurait pas accès, elle ne changerait pas d'avis sur cela, c'était trop bien risqué et les données obtenues pourraient tomber entre de mauvaises mains, c'était tout simplement hors de question que cela se produise, encore plus s'il fréquentait des militaires...

Invité

Malédiction....Dès qu'il faisait un progrès quelconque, il fallait que quelque chose n'aille pas. En fait, le problème, ce n'était pas forcément de lui que cela venait (même si c'est vrai qu'il avait tendance à accumuler les défauts). Il essayait de mettre beaucoup de lui depuis un moment, mais EVE semblait rester sur ses positions. Oh, c'est sûr, chacun ses opinions. Mais les leurs ne semblaient pas compatibles.

EVE devait faire partie des êtres pacifistes ; ce n'était pas vraiment le cas de Zorglub, qui avait dirigé une armée et mit en place une dictature dans le passé, par pure mégalomanie. Alors comment pouvaient-ils s'entendre ? Il fallait se rendre à l'évidence : on ne peut pas plaire à tout le monde. Chercher à tout prix l'adhésion des autres n'était pas faisable. Il avait vraiment tout tenté, et c'est le coeur lourd qu'il devait se faire l'idée qu'EVE, robot splendide venant du futur, une magnifique création qu'il aurait tellement pris plaisir à étudier, n'allait pas devenir un proche.
Elle était trop pure pour s'approcher un tant soit peu de l'ombre.

Cependant, il ne voulait pas en rester là. Il avait promis.

- Je comprends.

Il avait parlé cette fois sans aucune hésitation. Il récupéra le téléphone multi-fonction et retira la coque à l'arrière. il appuya sur un petit bouton noir. Aussitôt, l'appareil émit un petit bip. Il s'éteignit et se ralluma. Un petit écran d'accueil s'afficha.
Zorglub sortit une espèce de petite clé usb, qu'il brancha à l'appareil. Zorglub écrivit avec le stylet sur l'écran afin de pouvoir configurer l'appareil. Une fois qu'il eut terminé, il le tendit à EVE.

L'écran d'accueil qui s'affichait était tout blanc, contrairement au précédent entièrement noir.
Les menus étaient moins nombreux. Il n'avait laissé que l'appareil photographique, le GPS, le rayon Z, le réZeau, le générateur électrique. Ainsi d'un menu nouveau indiquant "notes".

- Je ne me fais aucun souci concernant votre capacité à utiliser ce téléphone. Il a beaucoup de possibilité. Je viens juste de programmer son application "Notes". Le logiciel mélange le principe du mégaphone et du bloc note. En tapant comme vous l'avez fait, le téléphone utilisera une voix de synthèse pour retranscrire votre écrit. J'aurais préféré parvenir à quelque chose de plus abouti. Mais vous avez des réticences, je ne vous forcerais pas. Si vous souhaitez avoir des améliorations de cet appareil, vous n'avez qu'à vous connecter sur le réZeau et me faire parvenir vos demandes. Je me chargerais de mettre à jour le système. Sans que nous ayons besoin de nous parler de vive voix.

[C]

EVE, après avoir mis les choses au clair avec son interlocuteur, remarqua comme de la déception dans le regard de ce dernier, comme s'il avait eu des projets et ceux-ci étaient tombés à l'eau, concernant sa technologie sans doute, et elle l'entendit après dire qu'il comprenait. Elle resta silencieuse, ne sachant que dire ou que faire, et elle attendit la suite des événements. Le robot blanc aux yeux bleus n'attendit pas longtemps, Zorglub avait repris le téléphone multi-fonction et il le bidouilla. Elle le regarda faire avec curiosité, enregistrant tout les gestes qu'il faisait, et, quand il eut terminé, elle prit doucement l'appareil qu'il lui tendait avec étonnement. Elle observa l'écran et elle remarqua alors les changements sur l'interface. Il avait modifié le téléphone pour elle ? Il n'allait donc pas en fabriquer un autre ? Elle écouta les propos suivants de Zorglub et elle ouvrit la nouvelle application "Notes". Elle rédigea trois mots sur le logiciel avec le stylet :

Test numéro un. Fit une voix de synthèse, sortant tout droit du haut-parleur du téléphone.

Hum... Cette voix ne lui plaisait pas, il fallait remédier à cela... Elle pianota alors rapidement sur les touches invisibles qui se trouvaient sur son torse et un petit compartiment s'ouvrit, révélant des circuits imprimés. Elle fit exactement la même manipulation que Zorglub sur le téléphone à part qu'au lieu de brancher une clé USB, elle connecta une petite puce électronique afin de faire un transfert et, quand ce fut terminé, elle replaça la puce à sa place dans le compartiment puis elle le referma avec un doux bruit métallique. Elle réinitialisa le Zi-Phone, modifiant les programmes, enlevant ceux qui lui étaient d'aucune utilité et en ajoutant d'autres ainsi qu'un système de sécurité inviolable, le téléphone était devenu si bien protégé que même le créateur de l'appareil ne pourrait jamais le percer. Elle termina enfin par rédiger un nouveau message :

Test numéro deux. Fit alors une autre voix, beaucoup plus douce et féminine. C'était le timbre vocal de EVE, elle avait tout simplement transféré ses données phoniques sur le téléphone à l'aide de la puce électronique qu'elle avait branchée sur l'appareil quelques instants plus tôt...

Invité

EVE se mit à tester le téléphone. Visiblement, la voix qui émanait du haut parleur n'était pas formidable. Trop brusque, trop ...stricte peut-être ? Il est vrai qu'il aurait obtenu un meilleur résultat en enregistrant une voix réelle pour la synthétiser par après. Cependant, il avait préféré (assez bêtement) programmer lui-même une voix pendant des heures. Pourquoi faire simple quand on peut viser la complexité ? Le défi était intéressant : jongler avec les systèmes binaires, si laborieux soit-il, avait un résultat positif sur l'orgueil. Mais il fallait être honnête : à l'écoute, cela donnait l'impression d'entendre un robot...heu...un robot basique, pas un robot comme EVE, bien sûr. Le degré 0 du robot, quoi !

Il aurait bien voulu proposer d'y remédier, mais cela signifiait revenir en arrière sur ses propositions alors qu'il venait juste de baisser les bras. Or, il n'eut pas besoin de faire quoique ce soit. EVE se mit à toucher son "corps" ? (comment appeler cela autrement ? Une carapace ? Elle n'est pas une tortue !), ce qui eut pour conséquence l'ouverture d'un orifice donnant directement sur ses circuits imprimés. Imaginez un instant la flamme qui anima le regard du scientifique ! EVE, la perfection du monde technologique : la pointe en la matière dans un écrin de douceur et de beauté. Tout était pensé au millimètre près.
Effleurant à peine l'écran tactile, elle utilisait le téléphone comme si c'était elle-même qui l'avait créé. Avec une facilité si déconcertante que Zorglub se sentait un peu vexé. Il n'aimait pas trop qu'on se situe au dessus de lui. Il devait néanmoins relativiser les choses ; il n'avait aucune chance : EVE venait du futur.

Il suffisait à Zorglub de constater lui-même les progrès de la technologie entre les années 1960 et maintenant. A l'époque où il avait inventé les Zorglhommes, le robot-fourrier, la publicité à base de Zorglonde, il n'aurait jamais imaginé qu'aujourd'hui, dans son laboratoire de l'école militaire, il aurait développé un appareil tactile qui écraserait littéralement l'I-Phone, un réseau téléphonique plus rapide encore qu'Internet. Sans parler du nouveau Rayon Z, qui, lorsqu'il serait achevé, irait enterrer le nucléaire, le photo-voltaïque et le pétrole. Tous ces progrès en ...combien ? 50 ans de différence ! Alors, quand on fait le calcul en ce qui concernait EVE, rien ne devait l'étonner ou le froisser. C'était l'évolution normale de la société.

En moins d'une minute, elle avair reconfiguré entièrement le téléphone. Ce qui aurait pris une semaine à Zorglub lui avait pris moins d'une minute. Zorglub en restait bouche bée. IN-CRO-YA-BLE. Dommage que le continuum espace-temps était si dangereux. Il aurait tellement rêvé de pouvoir voyager à l'époque d'EVE. A une époque, EVE aurait vraiment eu à craindre de lui. Enfermé dans sa mégalomanie, il aurait été capable de la conserver pour l'observer et l'étudier. Cela aurait permis de soumettre le monde comme il en avait rêvé.
Mais il avait changé. Il aspirait à autre chose. Laisser sa marque sur le monde, certes, mais sans nuire à la liberté d'autrui. Même si cela signifiait limiter la sienne. C'était dur. Il fallait juste accepter qu'il fallait laisser aux autres leur libre arbitre si l'on ne veut pas se retrouver entouré mais ....seul.

- C'est...C'est....phénoménal......

[C]

EVE laissa échapper un doux petit rire robotique, très amusée en voyant l'air surpris de son interlocuteur, visiblement elle l'avait une nouvelle fois impressionné et elle rit encore en l'entendant dire que c'était phénoménal. C'était vraiment comique de voir à quel point il était fasciné, pourtant elle ne se trouvait pas si extraordinaire que cela, elle était elle-même tout simplement, mais elle supposait que c'était dû à ses capacités bien supérieures à ce qui se faisait à cette époque, étant donné qu'elle venait du futur, peut-être était-ce cela qui devait émerveiller le Scientifique. Elle le regarda ensuite un petit instant, en silence, se demandant si elle pouvait faire quelque chose pour lui, pour le remercier pour ce qu'il avait fait pour elle, puis elle rédigea quelque chose sur le téléphone tactile qui se mit à traduire tout ce qu'elle écrivait d'une voix synthétique douce, le timbre si apaisant qui caractérisait si bien le robot blanc aux yeux bleus :

Je voudrais faire quelque chose pour vous, pour vous exprimer ma gratitude, ce n'était pas grand chose, c'est vrai, mais je tiens quand même à vous remercier. Que puis-je faire pour vous, pour me rendre utile ? Il ne faut pas hésiter à me demander, cela me ferait vraiment plaisir de vous rendre service à mon tour, et je ferais de mon mieux pour vous satisfaire, dans la mesure du possible bien entendu.

EVE tenait vraiment à ce que son interlocuteur lui demande quelque chose, elle voulait absolument lui montrer sa reconnaissance, c'était la moindre des choses après tout ce qu'il avait fait pour elle et elle tenait vraiment à ce que cela soit réciproque...

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