Une petite perturbation (Pv Captain Harkness)

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Harley avait lamentablement passé la nuit dans son camion, au milieu des jouets, des peluches et des explosifs en tout genre. Une nuit noire et branque où elle avait déliré comme en pleine fièvre. Dans sa tête, elle entendait encore crépiter le feu qu’elle avait allumé dans son propre appartement et ses angoisses rapport au Joker n’en était que plus grande. A Arkham, lors des fugues en solitaire de son psychotique employeur, elle vivait avec l’idée qu’il reviendrait vers elle tôt ou tard, là bas. C’était obligé. Mais maintenant ? Dans une ville libre comme celle-là, aucune fatalité ne le contraignait de rejoindre sa petite Harley. Et avec ça, comme un disque rayé, tournait dans sa tête en boucle les mots de Batman quand il venait la voir, où il lui expliquait sa vision des choses. Vision confirmée par des centaines de faits jusqu’alors.

Au réveil, elle observa que ses mains tremblaient. Avec dans l’arrière de la tête un dérèglement qu’elle connaissait par cœur. Après une courte lutte sur elle-même, elle parvint à redresser ses deux jambes et à se tenir dessus, s’écroula sur l’armoire à pharmacie et engouffra une poignée de ces pastilles, calmants en vrac, avec ce qu’il faut d’eau pour tout faire couler.

Puis, une fois que les effets s’étalaient dans son corps et dans son esprit, apaisée, elle ouvrit la grande porte de sa demeure de fortune. Le ciel était gris, c’était le matin, très tôt.
Avec une bouteille d’eau, elle s’aspergea le visage et pour se délester de son engourdissement et probablement aussi de son inquiétude, elle poussa un cri. Une sorte de vieux râle du fond de la gorge qui dégringola les octaves pour se transformer en faible ricanement.

Le quartier était désert ou presque. On était à une centaine de mètre d’un commissariat. Elle ne doutait plus que si elle restait ici trop longtemps, tout allait recommencer. Dans ce bled ou ailleurs, personne ne voulait croire qu’elle pouvait redevenir normale. Nul n’avait confiance en elle, même le docteur qui lui avait remis son certificat devait songer à la voir revenir d’ici peu. En la voyant, tout le monde si disait qu’elle ne tiendrait pas ! Si c’était comme ça, à quoi bon lutter ?
D’ici quelques minutes, si ça se trouve, une ambulance viendrait la chercher. En réalité bien sûr c’était encore impossible mais sa paranoïa la conforma à cette idée. Voilà ce qui arriverait. Et si ils viennent pour la ramener à l’hôpital, elle se défendrait avec tout ce qu’on peut trouver de nocif dans son carrosse.

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Le ciel était gris, les berges monotones. Il était 5 heures trente du matin, et Jack avait passé la moitié de la nuit à la chasse au dahu. Il y avait eu deux-trois agressions suspectes dans les environs du fleuve, ces derniers temps. Ce qui pouvait être aussi bien l'œuvre d'un simple détraqué que d'un nouveau maître du mal descendu coloniser la terre. Et ces temps-ci, il s'ennuyait tellement qu'il en aurait presque préférer le second. L'avantage d'habiter une ville qui se situait pile en-dessous d'une faille spatio-temporelle, comme à Cardiff, c'est qu'au moins il y avait de quoi s'occuper tous les quatre matins. Ici – ici les choses étaient différentes. Bref. Il n'était pas plus avancé, mais autant rentrer, il allait se faire une part de pizza devant Men in Black, comme tout bon humain de ce siècle, et dans dix ans il aurait suffisamment grossi pour ne plus passer dans les portes et donc ne plus avoir à se soucier d'aller chercher des activités en dehors de l'appartement – Un cri, plus loin à sa droite, interrompit ses réflexions. Quoi que ce soit, il doutait que ce fut humain. Et si ça l'était, son propriétaire était soit en danger de mort, soit risquait d'avoir un contentieux avec les petits hommes en blanc incessamment sous peu (où alors, il s'agissait encore une fois d'une fille qui avait vu une araignée, une belette ou que sais-je encore).

Il glissa les doigts autour de la crosse de son arme avant de se diriger vers la source du bruit, aussi silencieusement qu'un mercenaire qui vient rompre le cou d'une petite fille, pour se trouver en face d'un camion, portes ouvertes. A la lumière du matin, il distingua des peluches, des jouets, et bien entendu leur propriétaire juste devant. Sa première réaction fut de se dire que le costume était original, mais qu'il lui allait bien. La seconde, qu'elle avait l'air d'avoir passé une sale nuit -journée -dernière décennie. La troisième, qu'elle avait de jolis yeux. La quatrième tint plus du "Non mais c'est un lance-roquette que j'aperçois dans le fond ?", et il leva le canon du Webley dans sa direction.

Loin de moi l'idée de dénigrer la décoration intérieure façon Toys 'R Us au Vietnam, ni votre choix assez particulier de logement …. Mais je peux savoir qui vous êtes ?

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Harley ouvrit des yeux ronds sur le revolver pointé vers elle. Le type planté derrière ressemblait à un compagnon du soldat Ryan, probablement le type qu’on avait envoyé pour l’arrêter et la renvoyer à la case prison. Son premier réflexe fut de chercher à mieux voir son visage mais elle avait le soleil dans les yeux. Ensuite elle mit ses mains dans son dos pour chercher une éventuelle crosse de carabine quelque part dans son costume. Nenni. Le nounours à sa gauche contenait un cran d’arrêt mais il était trop loin et bien inutile à l’heure actuelle. Elle leva les mains en signe de capitulation puis plongea brutalement sur le côté, derrière une des lourdes plaques en métal. Un neuf-millimètre lui tendait les bras, sur les genoux d’une poupée. Elle le chargea et chercha le meilleur angle pour tirer sans être blessée avant. Pour une fois elle ne souriait pas du tout. Elle poussa un peu une des portes et ouvrit ainsi une fine meurtrière. Sans franchement viser avant, son doigt pressa la détente jusqu’à vider complètement le chargeur.

Légèrement inquiète, Harley jeta un timide coup d’œil en se rongeant un ongle. Le militaire s’apparentait à présent à la famille des passoires. Comme une gamine, elle frappa dans ses mains et rejoint la place du conducteur. En voilà un qui ne ferait plus de mal. Elle lui aurait volontiers expliqué qu’elle était innocente mais c’est lui qui avait commencé. En jetant enfin un œil à son cadavre, elle nota que le type avait un superbe manteau. Si elle l’avait su avant elle aurait juste tire sur la tête (quoi que, en se basant sur le costume violet du Joker elle avait pu constater à quel point la cervelle, ça tâche). En poussant une grimace dégoûtée, elle détourna la tête et fit rugir le moteur de son carrosse de fortune. Elle essaya d’éviter le corps par terre mais étant donné la place qu’il prenait sur la route, elle fut contrainte de lui rouler sur le bras quand même.

Maintenant l’affaire était de savoir si elle retournait à l’appartement gentiment ou pas.

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