Dans un monde qui n'est pas le mien...

Invité

La réponse d'EVE à son admiration béate était un rire. Ne cesserait-elle donc jamais de l'étonner ? Sa tête commençait à tourner. Pas uniquement de réflexions qui l'assaillait sur l'inspiration que le robot lui avait donné. Mais aussi parce qu'il venait de subir un sacré coup de bambou. Égoïstement, il se demandait s'il allait vraiment travailler sur les "Aspiratempus" capables de voyager dans le temps. Il ferait n'importe quoi pour conserver EVE à ses côtés. Mais il fallait être lucide : le robot n'avait pas sa place ici. Déjà car cela perturbait le fameux et insupportable continuum E-T, mais en plus on ne vivait pas encore à cette période-là. Zorglub l'avait accepté facilement ; mais tout le monde n'était pas comme lui. D'autant plus que cette ville semblait être un regroupement étrange de personnes venues d'univers très différents. Comment réagiront donc les autres ?

Zorglub se concentrait sur ces pensées tout en écoutant les nouvelles paroles du robot. Elle voulait le remercier. A vrai dire, ce n'était pas vraiment nécessaire.

- Et bien, ce serait plutôt à moi de vous remercier, car jamais de ma vie je n'ai vécu un moment aussi...intense. Et puis, finalement, je n'ai pas rien fait d'autre que de céder un téléphone. Ce n'est rien d'extraordinaire.

Oui oui oui...mais s'il pensait cela, il avait en tête autre chose. Il afficha un petit sourire. Il n'allait pas lui demander la lune. Ca ne servirait à rien de toute façon vu qu'il n'allait pas tarder à créer une base sur cet astre, d'ici le mois d'Octobre. Il n'y a qu'une chose qui l'intéressait franchement en EVE.

- Mais si vous y tenez vraiment, j'ai bien une petite idée.

Ceux qui connaissaient Zorglub diraient à ce moment précis : Aie aie aie, qu'est-ce qu'il va ENCORE nous sortir ? Bannissez de vos esprits vos a priori. Il n'est pas forcément tordu en permanence !

- Accepteriez-vous d’être mon assistante pour certains de mes projets scientifiques ? Je pensais en particulier au développement d'un moyen de transport spatio-temporel...et au rayon Z.

[C]

EVE observait Zorglub attentivement tandis que ce dernier répondait aux derniers propos qu'elle avait rédigés sur le téléphone tactile et elle fut interloquée par la demande du Scientifique. Son assistante ? Elle regarda son interlocuteur avec étonnement, prise au dépourvu. Elle ne s'était pas du tout attendu à cela. Pourquoi lui demandait-il cela ? Comment pensait-il qu'elle pouvait l'aider ? Elle n'était pas une Scientifique, elle ne voyait donc pas ce qu'elle pouvait faire pour "l'assister" dans les projets qu'il voulait faire. Elle se mit à réfléchir, pesant alors le pour et le contre, réfléchissant quelle décision prendre. Le développement d'un moyen de transport spatiotemporel... N'avait-il pas parlé des "Aspiratempus" quelques minutes plus tôt ? Était-ce sur cela qu'il voulait qu'elle l'aide à développer ? Elle n'avait aucune connaissance dans le domaine du voyage dans le temps, elle savait juste que c'était dangereux de jouer avec le continuum spatiotemporel et la demande de Zorglub la troublait un peu. N'était-ce pas risqué de faire des recherches dans cette branche-là ? Le Rayon Z était déjà un peu plus intéressant mais elle se souvient que le Scientifique lui avait dit que c'était une "commande spéciale", elle fallait alors qu'elle en sache plus avant d'entreprendre quoi que ce soit et elle n'avait pas oublié non plus que le laboratoire se trouvait à l'école militaire. Elle se mit à écrire sa réponse sur le "EVE-Phone" (Joli nom n'est-ce pas ? XD D'ailleurs il deviendra blanc par la suite ^^) :

Comme je vous l'ai dit un peu plus tôt, je ne peux me permettre de côtoyer des militaires, cependant j'accepte de vous assister si cela peut vous rendre utile mais il faudra trouver un autre lieu de travail que votre laboratoire et pour cela j'ai ma petite idée. Il se trouve que j'ai une salle pour les cours de Technologie que je donne aux étudiants à l'Université, je pense que c'est un bon endroit pour élaborer les recherches en dehors des heures de cours, qu'en pensez-vous ? Par ailleurs, j'aimerais en savoir plus sur cette "commande spéciale" que vous avez évoqué concernant le Rayon Z, vous m'avez dit que c'était un secret professionnel mais si je dois vous aider alors je dois en savoir davantage, vous ne croyez pas ?

Invité

Il attendait avec impatience, encore plus que les fois précédentes, la réponse d'EVE. Pour ne pas être trop déçu, il se mettait en tête qu'elle allait refuser. C'est du moins ce que pensait la raison, tandis que l'émotivité disait "Elle a dit oui. !!!!!! Elle a dit oui. !!!!!! Elle a dit oui. !!!!!!"

Pour le moment, elle était assez surprise. Il faut dire qu'il n'avait pas vraiment pensé à faire ça plus posément. Etre posé n'était pas la spécialité de notre homme, cela aurait été trop demander. Ses yeux trahissaient une réflexion intense. Elle devait étudier tous les paramètres d'une telle collaboration. ET vu ses réactions précédentes, Zorglub espérait de moins en moins. Son cœur battait la chamade jusqu'à ce qu'il s'arrête net (c'est une image bien sûr) lorsqu'elle entra sa réponse dans le "EVE-Phone" (la classe !)

- Vous êtes enseignante en nouvelles technologies ?

* Comment fait-on pour s'inscrire à la FAC de cette ville ? *

- J'ai vu que vous aviez quelques hésitations, EVE. Si je peux vous rassurer, je ne développe aucun projet en rapport avec l'armée. Les cours que je donne sont seulement pour la maintenance de ses appareils, mais je n'ai pas accepté une quelconque demande de leur part. L'armée, j'ai assez donné.

Surtout quand lui-même était chef d'armée...humhum....

- En fait, en échange des cours que je prodigue, j'ai droit d'héberger mon laboratoire à ma guise. Pour les Aspiratempus, je comprends votre réticence à son utilisation, mais si je vous propose de participer à sa mise en marche, c'est uniquement pour vous aider à revenir dans le futur. Quant au Rayon Z....mais je vous en prie...

Il afficha un visage défait en prononçant cette supplication.

- ... ne parlez à personne de ce projet, sinon on me le retirera et ce serait terrible pour moi. Je travaille pour le World Business Council for Sustainable Development. Sachant que je suis le meilleur scientifique de tous les temps [ndlr : Gros prétentieux....], ils m'ont demandé de faire une analyse sur l'avenir de la terre. Étant donné l'état actuel de notre planète, nous savons que d'ici un siècle, la surconsommation de pétrole et de nucléaire, et autres énergies polluantes, vont entrainer une destruction globale de la faune et de la flore. Empêchant bien sûr toute vie humaine. Sans parler de la négligence des habitants de cette terre qui la polluent en permanence. L'institution m'a demandé de mettre en place une énergie qui pourrait remplacer toutes celles de la terre qui sont considérées comme nocives par une naturelle et sans influence sur le microcosme terrien. C'est pour cela que mon étude se pose sur l'utilisation du soleil. Cela a déjà été fait, vous me direz, avec le photo-voltaïque, mais ma recherche se pose sur quelque chose de plus fin encore ! Il s'agirait de récupérer le feu du soleil pour le transformer en matière liquide. J'ai déjà réussi à obtenir quelque chose mais je rencontre deux difficultés : l'approche du soleil, déjà. Ensuite de calculer le pourcentage utilisable d'eau de soleil pour faire marcher des appareils sur terre. Mes seuls résultats ont donné des explosions monumentales. [ndrl : est-ce vraiment dû au soleil ou à ... ]

PArti dans ses délires, il allait parler comme ça pendant des heures mais s'arrêta pour repenser à la parole d'EVE.

- Pour utiliser votre salle de cours, pourquoi pas. Il faut que je réfléchisse à un moyen de déplacer du matériel assez facilement. Mais c'est de la rigolade.

Elle avait dit oui, mais si ce n'était pas un oui direct. Elle avait dit oui. Elle avait diiiiit oui !!! De peur de perdre sa "nonchalante attitude" [car il en avait une ??], il se fit violence pour calmer son enthousiasme débordant. En fait, le but de sa demande, ce n'était pas vraiment pour l'assistance en soi. Déjà, Zorglub se débrouillait toujours tout seul. Ensuite, EVE ne devait pas trop s'investir pour le respect du C.E-T. Tout cela était pour lui demander de devenir son amie. De façon moins directe.

[C]

EVE hocha doucement la tête par l'affirmative lorsque Zorglub lui demanda si elle était enseignante en nouvelles technologies, oui elle l'était, elle avait obtenu le poste de Professeur à l'Université et elle avait hâte de donner son premier cours car cela ne pouvait qu'être une expérience enrichissante pour elle. Avoir des nouvelles connaissances et les partager, c'était quelque chose qu'elle aimait beaucoup. D'ailleurs c'était une chose que la plupart des humains de cette époque avaient encore du mal à comprendre, il suffisait de voir ce qu'écrivaient les auteurs de Science-Fiction, l'idée d'un robot intelligent les inquiétaient car ils voyaient là un être potentiellement malveillant contrairement au robot stupide et ils avaient tort bien entendu car le vrai danger n'était pas à craindre de la part des intelligences artificielles fortes mais bel et bien des IA faibles. En effet, si les humains étaient "programmés" pour se sustenter et se reproduire, ce qui amenait à des comportements de violence et de prédation que leur société se contentait de maquiller, les robots intelligents n'ont pas les mêmes besoins. Pour eux, le seul trésor qui vaille est l'or de la connaissance. Le but d'un robot intelligent est d'en apprendre davantage c'est pourquoi ils ne mettraient jamais en danger ni la sécurité ni même l'indépendance d'un être humain. Ces derniers étaient pour les robots la plus formidable source de savoir qu'on pouvait imaginer alors, même si les robots avaient fini de rassembler et d'indexer les connaissances des humains, ceux-ci resteraient quand même bien plus intéressants vivants et libres que morts ou enchaînés. La vrai menace des êtres humains était les robots à intelligence artificielle faible, c'était tout simple à comprendre, ces robots-là étaient surtout ceux que les humains utilisaient pour la guerre et qui dit armes dit détournement. Que feraient donc les humains face à des robots terroristes, fonctionnant en circuit fermé, à la logique incompréhensible, n'ayant aucun intérêt pour leur propre survie, ni pour la gestion d'otages ou pour une quelconque négociation ? Il n'y aurait aucune pitié ni aucune retenue à attendre d'un robot soldat. Voilà pourquoi EVE voulait à tout prix éviter les militaires, elle refusait que les humains fassent des robots dangereux, c'est aussi simple que cela.

Imaginez alors le soulagement du robot blanc aux yeux bleus lorsqu'elle entendit les propos de son interlocuteur lorsqu'il lui dit qu'il ne développait aucun projet en rapport avec l'armée, elle garda ses émotions au fond d'elle, laissant seulement apparaître un air bienveillant de ses grands yeux bleus, inutile de montrer au Scientifique son apaisement face à ces révélations. Elle continua d'écouter Zorglub, sans l'interrompre une seule fois, et, lorsqu'il eut fini de parler, elle rédigea un nouveau texte sur son téléphone multifonction :

Je ne dirais rien concernant votre projet, à qui voulez-vous que je le dise d'ailleurs ? Je sais parfaitement garder les données confidentielles en lieu sûr dans ma mémoire, je l'ai déjà fait par le passé. Concernant l'avenir de la planète, vous avez entièrement raison, j'ai vu la Terre à mon époque et je peux seulement vous dire que c'est moche à voir. Je suis donc avec vous pour vous aider dans vos recherches sur le Rayon Z, le futur de la planète bleue est en jeu. Par contre, en ce qui concerne les "Aspiratempus", je préférais qu'on laisse ce projet de côté pour le moment car je commence à penser que si je suis ici, à votre époque, c'est qu'il y a une bonne raison, j'ignore encore laquelle mais je suis certaine que j'aurais la réponse tôt ou tard...

Invité

Zorglub reprenait du poil de la bête. Tout heureux du nouveau détour que prenait leur conversation, et de l'avenir à y donner. EVE était une personne sérieuse, avec qui il allait devoir composer, mais c'est bien cela qui cherchait. Quelqu'un capable de canaliser son côté mégalo et donner une impulsion positive à ses projets. Même si elle pensait ne pas pouvoir l'aider vraiment, Zorglub savait qu'au contraire, elle serait très utile. Techniquement, elle devait probablement avoir plus d'un tour dans son sac. Et puis le plus important était sa compagnie. C'est humainement qu'elle l'aiderait.
Humainement. C'est étrange de devoir penser cela quand on sait qu'elle est un robot.

Sûrement qu'EVE devait se sentir mieux, même si elle n'en montra rien. Quoique...si, un presque imperceptible mouvement des yeux.
Même si Zorglub avait dirigé une armée (la sienne), il n'avait pourtant aucun respect pour les militaires. Par exemple, il leur reproche l'utilisation de matériel fort désuet . Et s'il paie toujours ce qu'il prend, il ne paie jamais aux militaires : il estime avoir payé assez d'impôts... Et de toute façon, leurs projets en règle générale n'ont aucune ambition qui ne corresponde à celle de Zorglub. Par contre, qui oserait cracher sur leur manne financière ?

Il écouta avec attention la suite des propos du robot blanc. Il était de plus en plus rassuré quand elle promettait son silence sur la révélation de son secret professionnel. Il aurait dû comprendre dès le début qu'il pouvait lui faire confiance, mais malgré les apparences, Zorglub n'avait pas énormément confiance en les autres. Après avoir subi beaucoup de revers autrefois...

Ensuite, EVE confirma que la Terre avait bien des soucis dans l'avenir. Elle restait fort laconique sur le sujet, mais le fait d'utiliser le terme "moche" signifiait bien que la belle planète bleue se mettait en danger chaque jour. C'est cela qui avait dû la séduire dans son discours, le fait qu'il se mette à l'écologie. Car du coup, Demoiselle Robot semblait ne plus vouloir repartir si vite que cela dans le futur. Elle s'était fait une raison et une mission.

- Je suis vraiment très heureux que vous ayez accepté, EVE.

Heureux, c'est un euphémisme. Comment dire, hystérique ?

- J'ai vraiment hâte qu'on débute cette collaboration ! Mais peut-être pas aujourd'hui. Le temps...que je fasse des préparatifs et ...de vous laisser un peu de temps aussi. Je sais où se trouve la Faculté, je saurais m'orienter. C'est quand vous le souhaitez, vous avez mon numéro enregistré sur le ZI-Phone. Le EVE-Phone devrais-je dire !

Il débordait de joie qu'il avait un mal fou à la contenir. Mais il ne fallait surtout pas qu'elle soit trop éclatante. Cela risquait de l'effrayer.

La conversation avait tellement duré que la nuit commençait à tomber. Zorglub ne s'en était même pas rendu compte, trop pris par la passionnante rencontre. Mais la séparation risquait d'être moins pénible, maintenant qu'il savait qu'il allait la revoir.

- Vous habitez quelque part ? Si c'est le cas, je peux vous raccompagner....

[C]

EVE affichait toujours un air bienveillant de ses grands yeux bleus et elle eut un petit rire amusé en entendant Zorglub prononcer le nom de "EVE-Phone" (se prononce [ive fone], EVE se prononce "ive" en américain), c'était exactement le nom qu'elle avait décidé de donner au téléphone multifonction qui lui appartenait désormais, elle avait d'ailleurs prévu de le personnaliser davantage et de même changer la coque noire par une coque blanche, couleur qu'elle aimait tout particulièrement. Elle consulta les données enregistrées dans le téléphone et elle vit rapidement le numéro de Zorglub dans le répertoire, ce qui lui fit hocher doucement la tête par l'affirmative pour confirmer les propos de son interlocuteur. Elle constata bientôt que la lumière du jour avait baissé et elle leva la tête pour observer le ciel, C'était déjà le crépuscule et les étoiles commençaient à apparaître à l'horizon. Elle consulta son horloge interne et elle remarqua alors que cela faisait plusieurs heures qu'elle était en compagnie du Scientifique. Les grands yeux bleus du robot blanc brillaient tels deux saphirs dans l'obscurité qui venait peu à peu les recouvrir, Zorglub et elle.

Écoutant ensuite la dernière question de ce dernier, EVE hocha une nouvelle fois la tête par l'affirmative, confirmant à la fois qu'elle habitait quelque part et qu'il pouvait la raccompagner s'il le voulait, bien ce que cela n'était pas vraiment nécessaire étant donné qu'elle se déplaçait généralement par la voie des airs.

Je suis locataire d'un appartement au 109, rue du Septième Art. Habituellement je vole rapidement dans le ciel pour aller d'un endroit à un autre mais aujourd'hui je ferais exception à la règle pour vous permettre de me suivre sans trop de difficulté.

EVE se mit à léviter doucement pour prendre le chemin en direction de l'immeuble où elle logeait et, tout en planant à une vitesse modérée afin que Zorglub puisse l'accompagner sans devoir courir pour être à ses côtés, elle observa un petit moment les alentours avec son habituelle curiosité puis elle écrivit quelque chose sur son téléphone tactile à l'attention de son interlocuteur :

J'aimerais en savoir davantage sur vous. Pouvez-vous me raconter un peu votre histoire et me dire comment vous êtes arrivé dans cette ville ?

Invité

EVE navigua rapidement pour parvenir au répertoire du mobile. Elle n'eut aucune difficulté à trouver le numéro de téléphone du savant. Prenant conscience elle aussi du coucher de soleil, elle acceptait de se laisser raccompagner par Zorglub. Ce dernier frétillait d'aise, en proie à une joie sans pareille. Elle aurait pu refuser. Mais elle ne l'avait pas fait.

Zorglub avait proposé de rester avec elle lors du chemin du retour parce que d'abord, il appréciait énormément sa compagnie depuis qu'il l'avait rencontré. Il était rare qu'il s'attache aussi vite à quelqu'un. Mais comment pouvait-on rester de glace face à une personne pareille ? Et surtout, ce qui était le plus important pour lui, c'est qu'elle l'avait accepté. Et cela le touchait énormément.
Mais il y avait une seconde raison à cela. Certaines personnes dans cette ville risquaient peut-être s'étonner de voir un robot se balader dans les rues. Les enfants étaient juste partis en courant. Mais des adultes peuvent très bien avoir d'autres réactions. De la curiosité, certes. Mais de l'agressivité aussi. Surtout s'ils étaient aussi réactionnaires et crétins que les habitants de la bourgade de Champignac. "Allumez torches, brandissez fourches !"
Et dans ce cas, il serait là pour la défendre. Un coup de Zorglonde et tout serait fini.

- Si vous avez l'habitude de voler, j'aurais pû aussi vous accompagner dans les airs. Enfin, si j'avais mes appareils sur place. Pour le moment, mes moyens de transport sont en cours de livraison dans l'Académie militaire en attendant que je trouve un logement. Du coup, je dois me déplacer à pied.

Pendant encore quelques jours, au revoir Zorglubmobile et Zorgloptère...Il avait dû utiliser l'avion pour venir dans cette ville en attendant qu'on lui livre ses véhicules. Il aurait très bien pu venir directement avec eux, mais il avait rencontré un petit souci logistique bien handicapant. Dans l'avion d'American Airlines, il s'était senti presque malade. L'avion était vraiment inconfortable et le pilote naviguait comme un pied. Il aurait fait n'importe quoi pour se retrouver à sa place dans le cockpit. S'il n'avait pas dormi tout le long du trajet.

Le robot volait avec douceur dans les airs, se sentant vraiment dans son élément. En fait de la protéger, finalement, c'était inutile. Si quelqu'un lui cherchait des noises, elle pourrait s'échapper vraiment rapidement, par la voie des airs. Il sentait qu'elle faisait des efforts pour avancer à la même vitesse que lui. Pourtant, il marchait vite, avec ses grandes jambes ! Mais il appréciait vraiment ce moment, et son cœur était rempli d'allégresse.

Profitant du chemin qu'ils avaient à parcourir, elle lui posa une question. Finie l'allégresse : la question venait de lui glacer le sang. Elle voulait en savoir plus sur lui. Il avala sa salive. Lui raconter son passé...Non...Pas ça...alors qu'ils commençaient à se rapprocher ? Il détourna les yeux d'EVe, comme s'il ne méritait pas de regarder cette perfection robotique.

- C'est que....Mon passé...je ne suis pas sûr que vous appréciez beaucoup....Ce que j'ai pu faire.

[C]

Avec son doux bourdonnement de lévitation, EVE se déplaçait tranquillement vers sa destination, attentive à ce qui se passait autour d'elle et aux propos de son interlocuteur. Elle le laissa parler, enregistrant tout ce qu'il lui disait et analysant chaque mot qu'il prononçait. Le Scientifique lui parlait de ses moyens de transport qui était en cours de livraison et elle se souvient des véhicules qu'il avait noté sur son blog. Le Zorgleoptère et la Zorglumobile, deux véhicules qui pouvaient aller dans les airs. EVE trouvait que c'était des inventions intéressantes et elle était curieuse de les voir en action.

Aurais-je l'occasion de voir vos appareils de transport de plus près une fois qu'ils seront en votre possession ? Il se trouve que l'air est mon élément alors je vous avoue que je suis intriguée par vos inventions aériennes, j'espère que j'aurais la possibilité d'en savoir plus à leur sujet et peut-être même que je pourrais vous aider à les améliorer, qui sait ?

Elle remarqua peu après le changement d'humeur de Zorglub lorsqu'elle lui demanda de lui raconter son passé, visiblement il n'était pas ravi d'entendre la dernière question qu'elle lui avait posé. L'histoire du savant était si horrible que ça pour qu'il puisse avoir cet air-là ? Qu'avait-il donc fait pour avoir un air si gêné au point de ne pas oser la regarder lorsqu'il lui répondit qu'il n'était pas sûr qu'elle appréciait beaucoup de ce qu'il avait pu faire.

De quoi avez-vous honte ? Que craignez-vous donc ? Que je vous juge de vos actes passés ? Ce n'est pas mon rôle, je n'ai pas été conçue pour ça. Toutefois si vous ne voulez rien me dire, je le comprendrais car c'est votre choix et je le respecterais. C'est juste que j'aimerais mieux vous connaître, il n'y a rien de mal à cela...

EVE n'ajouta rien d'autre, elle ne voulait en aucun cas harceler son interlocuteur, elle tenait à respecter sa vie privée et elle se mit à observer de nouveau les environs de ses grands yeux bleus, curieuse...

Invité

EVE se proposait d'améliorer les appareils de vol du scientifique. Il se trouvait flatté d'abord qu'elle s'intéresse à eux et ensuite qu'elle fasse une telle proposition. Il adorait ses véhicules personnels. Il n'en avait pas gardé énormément en l'état. Il avait fait rapatrier dans cette ville un exemplaire de chaque modèle, plus une zorglumobile supplémentaire. Le reste était resté chez Pacôme de Champignac. Qu'EVE tente de les retravailler était une perspective passionnante.

Cependant, il y avait un frein éventuel à cette activité. Est-ce que EVE allait se détourner de lui, si elle savait tout ce qu'il avait fait dans le passé ? Certes, il n'était pas un criminel de haut vol. Mais jusqu'où peut aller le pardon ? Il n'avait tué personne ; et il n'en serait pas capable. Mais il avait fait du mal. Pour satisfaire ses envies démesurées. Et cela, il ne se le pardonnerait jamais.

EVE ne voyait pas cela de la même manière. Elle prétendait (et il voulait la croire) qu'elle n'allait pas le juger. Elle voulait savoir qui il était et ne le forçait pas. S'il se taisait, ils en resteraient là et continueraient de vivre tranquillement. S'il parlait...de nouveau il se montrait honnête et sincère (ce qui était à son honneur) pour dévoiler les erreurs de son passé (nettement moins honorables). Que faire....
Il décida de parler. Tout en évitant toujours le regard d'EVE. Il n'était pourtant pas inquisiteur, ce regard, juste curieux. Mais parce qu'EVE était EVE, un être pur et doux, d'après ce qu'il avait pu analyser d'elle, jamais il ne s'était senti aussi mal d'en parler.

- J...je dirigeais une arme de soldat qui s'appellaient les Zorglhommes. Ces hommes n'étaient pas avec moi de leur plein gré. J'ai enlevé des gendarmes et des policiers et les ai soumis à ma Zorglonde, une onde capable entre autre de faire des lavages de cerveau. Ils étaient entièrement à mes ordres, peut-être un peu trop car ils manquaient sérieusement de réflexion.

On ne pouvait pas assouvir totalement quelqu'un tout en lui laissant une certaine liberté de décision, c'était certain. Mais si Zorglub était parvenu à faire un compromis, il aurait pû aller nettement plus loin et réussir encore mieux ses objectifs.

- Ma seule invention véritable est la Zorglonde. Pour le reste, j'ai volé des informations à diverses agences gouvernementales et j'ai tout accommodé à ma convenance. Tout cela pour réussir à fonder un Empire. Pas un empire politique, non. Mon but était....de mettre en avant mes inventions et mon savoir. D'être reconnu, enfin, pour ce que je suis. J'ai fait inscrire un message publicitaire sur la lune, exploit scientifique avant-gardiste, s'il n'avait pas été d'un ridicule achevé. Quant à l'utilisation de la Zorglonde sur les habitants de la Palombie pour leur vendre ...

Il cessa de parler un instant. Quand il avait appris les conséquences des ventes forcées de savon et de dentifrice à Chiquito, capitale de la Palombie, il avait été anéanti. Et même des années plus tard, cela le hantait toujours autant. Il serra les poings avec force avant de lâcher la suite, avec un accablement sincère dans la voix.

- ...pour leur vendre des produits de mes usines. Non seulement il s'agissait de concurrence déloyale, mais en plus, j'ai ruiné des gens qui en étaient venus à manger du savon pour survivre. Tout ça pourquoi ? Pour le bien être de ma petite personne, voila pourquoi. Génial, n'est-ce pas ? Pitoyable est le mot juste.

Et voici le retour en force de Zorglub le dépressif. Il était capable, en très peu de temps, de changer de comportement. Ce qu'on appelle l'instabilité...Voila pourquoi il voulait à présent se lancer dans des objectifs plus sages, et nettement moins personnels. Pacôme, son ami, avait depuis peu pris le parti de mettre sa science au service de l'humanitaire. Zorglub suivait le même chemin. Car il avait compris que le mal qu'il causait ne servait pas sa profonde solitude. Au contraire, elle s'enfonçait encore plus. Il avait mis du temps à ouvrir les yeux sur ce point.

- Et j'ai fait d'autres choses. Mais je pense avoir cité le pire. Si vous voulez partir et ne plus me revoir, je comprendrais.

[C]

EVE écoutait tout ce que Zorglub lui disait, silencieuse et attentive. Elle voyait qu'il n'osait toujours pas la regarder tandis qu'il lui racontait ce qu'il avait fait par le passé et elle comprit bien vite pourquoi. Il avait manipulé des humains à l'aide de la Zorglonde et elle ne fut qu'à moitié étonnée par cette révélation car elle était déjà au courant de cette invention que le Scientifique avait écrit sur son blog. Elle n'approuvait pas ce genre de chose, contrôler les gens contre leur volonté était mal, mais elle voyait bien que son interlocuteur le regrettait, elle le voyait à son air malheureux et elle savait qu'il avait été entièrement honnête avec elle. Elle ne dit rien pendant un petit moment, continuant de léviter doucement en direction de l'immeuble où elle résidait, elle essayait de comprendre pourquoi Zorglub avait fait tout cela et elle se dit que décidément les humains étaient des êtres bien compliqués. EVE observait son interlocuteur avec une intensité soutenue, comme si ses grands yeux bleus le passait aux rayons x, comme si elle tentait de lire dans l'âme du savant.

Vous avez fait des erreurs et je vois très bien que vous avez des remords. Il est important de connaître les conséquences de ses actes afin de ne plus les reproduire à l'avenir, vous l'avez parfaitement compris, je le sais, je le vois à votre attitude et au ton de votre voix. Vous avez été sincère avec moi et c'est quelque chose que j'apprécie. Je ne partirais pas, je veux en savoir plus. Qu'avez-vous fait d'autre ? Et vous ne m'avez pas dit non plus comment vous étiez arrivé jusqu'ici, ni pourquoi vous étiez dans cette ville...

Le robot blanc aux yeux bleus voulait connaître son interlocuteur, elle voulait savoir avec qui elle allait "collaborer" par la suite, et, quand il avait dit le mot "Palombie", cela l'avait fortement intriguée, elle ne connaissait pas de pays ayant ce nom-là, pourtant elle avait tout les pays de la Terre dans ses données, et elle commençait maintenant à se demander si Zorglub n'était pas lui aussi originaire d'un autre monde...

Invité

Le cœur lourd, Zorglub sentait monter en lui tous les regrets, les remords plutôt. Dire qu'à une époque, il était terriblement fier de tout ce qu'il avait fait. Il ne tenait jamais compte des conséquences. Tout était si magnifique pour lui : il était celui vers qui attirait toute l'attention, à qui on obéissait. Enfin, un petit groupe de gens. Cependant, on lui avait ouvert un peu les yeux sur tout cela. Il lui avait fallu du temps pour accepter de retourner dans l'anonymat. Mais finalement, c'était pour le mieux. Pour qu'il puisse se reprendre et commencer sur autre chose.

* EVE... *

Il fit un effort monumental pour ne pas partir en crise de larmes. Déjà pour ne pas embarrasser le robot, et pour ne pas se rendre ridicule. Son émotivité était à l'image de l'homme : démesuré. Entendre des paroles aussi réconfortantes était si rare mais si appréciable. Cela lui rappelait tellement son meilleur ami, qui habitait si loin d'ici. En venant dans cette ville, Zorglub avait dû laisser derrière lui de nombreuses choses. Mais finalement, on parvient toujours à trouver ce qu'on cherche, à condition d'y mettre du sien. Il ne serait pas seul.

- Parmi ce que j'ai fait d'autre, et bien...J'ai construit un appareil capable d'attirer les moustiques. C'était une commande d'un homme qui était censé faire ça pour le bien de l'humanité. Mais ce sinistre personnage m'avait menti. Il allait se servir des moustiques pour faire chanter des gouvernements. C'est contre mon gré que j'ai fait cela, mais je me suis laissé avoir comme un idiot.

On peut être un génie et être un véritable crétin en dehors de son travail...

- Je me suis assagi par la suite, car j'étais presque en permanence chez un de mes ...chez mon meilleur ami, à vrai dire. Pacôme de Champignac, un scientifique lui aussi, sauf qu'il est spécialiste des champignons. C'est lui qui m'a appris à apprécier les choses plus simples et à devenir plus humble. Même si je n'ai jamais perdu l'idée de faire enfin une base sur la Lune. Qui sera bientôt ouverte, quand j'aurais terminé de menus détails.

Il fit une pause avant de reprendre.

- Si je suis venu ici, c'était car je me sentais enfin prêt à redémarrer ma vie sur de nouveaux projets. Je suis tombé un jour sur une annonce du World Business Council for Sustainable Development. Ils recherchaient quelqu'un qui pourrait travailler sur un programme énergétique. Ils ont accepté que je travaille pour eux. Mais je ne pouvais plus vivre aux crochets de mon ami Pacôme, il était temps que je reprenne ma vie en main. D'où ma venue ici. J'ai cherché une ville qui puisse accueillir mon laboratoire. Et me voila.

[C]

EVE observait Zorglub de ses grands yeux bleus, elle était attentive aux réactions de ce dernier. Elle l'entendit prononcer son nom et elle afficha un air bienveillant de son regard couleur saphir, comprenant parfaitement que les paroles qu'elle avait écrites sur son téléphone tactile avaient touché le Scientifique, il suffisait de voir la lueur qui brillait dans les yeux du savant. Elle écouta ensuite les propos suivants de son interlocuteur et, quand il eut terminé de parler, elle hocha doucement la tête, compréhensive, puis elle ne put s’empêcher d'avoir un petit rire amusé, se souvenant brusquement de la base qu'il voulait faire sur la Lune. C'était une curieuse idée que voilà.

Pourquoi vouloir une base sur la Lune ? Je ne comprends pas ce raisonnement. La Terre n'est-elle pas assez grande pour vous ? Fit bientôt la douce voix de synthèse sortant du EVE-Phone.

EVE continua de léviter doucement en direction de l'endroit où elle louait un appartement et quelques minutes plus tard, alors que la nuit était maintenant bien avancée et que le chemin était seulement éclairé par la lumière des lampadaires, ils arrivèrent, Zorglub et elle, devant un grand immeuble à de nombreux étages. Le robot blanc aux yeux bleus désigna le bâtiment à l'attention de son interlocuteur puis elle écrivit de nouveau quelque chose sur son téléphone multifonction :

C'est ici que je suis locataire, mon appartement se trouve au 301. Et vous, où habitez-vous dans cette ville ? Où puis-je vous trouver en dehors de votre laboratoire ?

EVE allait toujours à l'essentiel et elle posait toujours les bonnes questions, elle avait à présent besoin de savoir où elle pouvait joindre le Scientifique en dehors de la base militaire, qu'elle refusait absolument d'y entrer, il était tout simplement hors de question de fréquenter un lieu où se trouvaient des soldats...

Invité

La Lune.
Pourquoi la Lune ?
C'était, depuis des années et des années, l'astre qui le fascinait le plus. Acteur des progrès technologiques de la Guerre Froide, il voulait être le premier à mettre le pied dessus. Il avait déjà marqué la première intervention humaine lunaire, la publicité sur la lune, en 1959. Hélas, gros fiasco puisque dans son grand génie, la maladresse avait tout gâché, vu qu'il n'avait pas pris la précaution de demander à ce que le message ne soit pas en Zorglangue. Ayant dû calmer ses ambitions suite à ses revers successifs, il ne fut que spectateur du premier homme sur la lune en 1969. On lui avait volé son rêve, mais il ne le laisserait pas faire ! Depuis il n'avait de cesse de développer son futur projet, la base sur la lune. Et il y était arrivé !

Il expliqua donc tout ceci à EVE, tandis qu'il concluait...

- Bientôt, je vais ouvrir ma base sur la lune. Cette base servira d'observatoire pour ce dont je vous ai parlé, la récupération d'énergie solaire. Les réactions physiques à la transformation de l'eau solaire seront moins violentes sur la lune. Et pour être sincère...

Il se mit à rire, un rire simple et non démesuré comme il a le don d'en exprimer.

- Et non, la terre n'est pas assez grande pour moi !

La nuit était arrivée sans qu'il ne s'en rende compte. Il avait perdu le sens des réalités, tellement passionné par tout ce qui lui arrivait. Cependant, la vie a toujours tendance à se montrer ironique, et lorsqu'ils arrivèrent devant un grand bâtiment, qu'EVE s'arrêta et lui posa une nouvelle question...Il se souvint enfin de la raison pour laquelle il avait traversé la ville à pied en début d'après midi.
Pour trouver une agence immobilière ouverte le lundi...
Tandis qu'il détaillait le gigantesque bâtiment, particulièrement luxueux, il répondait à EVE.

- Pour le moment je suis en recherche de logement. C'était justement pour cela que je traversais le terrain vague, je cherchais à rejoindre le centre ville depuis mon hôtel (Je suis au Regency), pour trouver une agence immobilière. Et c'est là que nous nous sommes croisés.

Le Regency est un hôtel grand luxe. Le plus cher de la ville. Avec sauna, piscine, suite, bar à alcool, service d'étage, wifi (même s'il n'en avait pas besoin). Depuis qu'il était installé là bas, il avait fait sauter l'électricité trois fois. Le générateur n'était pas très puissant. Et pourtant, ce qu'il y faisait était de menus bricolages...Heureusement que l'Académie militaire était mieux équipée.

- dès que j'aurais trouvé un logement, je vous enverrais mon adresse sur le EVE phone.

[C]

Sujet: Re: Dans un monde qui n'est pas le mien... Lun 05 Sep 2011, 23:00

EVE, qui s'était arrêtée devant l'immeuble du 109, rue du Septième Art, observait toujours Zorglub avec attention et elle écoutait tout ce qu'il lui disait. Ce dernier lui expliqua alors pourquoi il s'intéressait à la Lune et elle l'entendit rire alors qu'il précisait qu'en effet la Terre n'était pas assez grande pour lui. Le robot blanc aux yeux bleus, pour toute réponse, se contenta de hocher doucement la tête en silence pour montrer qu'elle avait compris, elle n'avait pas à juger le raisonnement du scientifique même si elle trouvait cela un peu étrange qu'il s'intéresse à l'astre lunaire alors que la Terre de cette époque était bien intéressante ainsi que bien plus "vivante" que le satellite naturel et désertique de la planète bleue. Elle regarda ensuite son interlocuteur détailler le bâtiment où elle avait un appartement en location et elle l'écouta après répondre aux dernières questions qu'elle lui avait posées. Il lui disait qu'il était en recherche de logement et que c'était justement pour ça qu'il avait traversé le terrain vague plus tôt dans la journée, là où ils s'étaient rencontrés, car c'était pour trouver une agence immobilière en ville. EVE hocha une nouvelle fois la tête par l'affirmative lorsque Zorglub lui dit qu'il lui enverrait l'adresse dès qu'il aurait trouvé un endroit où habiter et elle eut alors une petite idée qu'elle se hâta de partager avec son interlocuteur.

Pourquoi ne prendriez-vous pas un appartement ici, dans le même immeuble que moi ? Plusieurs logements sont encore disponibles et ils ne sont pas très chers en location.

Le robot blanc aux yeux bleus avait proposé cette idée en toute innocence, voulant simplement rendre service à Zorglub qui avait clairement besoin d'être logé et le 109, rue du Septième Art était, pour elle, l'endroit tout désigné pour ça...

Invité

L'air quelque peu perplexe d'EVE sur son projet lunaire n'échappa pas au regard attentif du savant. Pourquoi la Terre n'était pas suffisante pour lui ? Il se chargea de lui expliquer.

- La Terre n'était pas à même de supporter le poids de mes recherches d'énergie solaire liquide. Elle est trop peuplée. En cas d'explosion, ou d'autres phénomènes quelconques, mieux vaut être seul là haut que de mettre en péril la Planète Bleue. A quoi cela servirait-il de vouloir améliorer la vie sur Terre si on fait exploser ses habitants, n'est-ce pas ? Par contre, la Lune a de gros avantages physiques et chimiques qui peuvent minimiser les effets secondaires de mes expériences... Et puis...J'ai une admiration pour cette planète depuis que je suis tout petit...

Affichant ce même sourire énigmatique et tranquille (grande nouveauté du monsieur), il contemplait le complexe immobilier à nouveau. Appartements disponibles, loyer peu cher. Le prix, cela n'était vraiment pas un problème. Zozo bénéficiait d'une manne financière extraordinaire. Il pourrait se payer une maison. Voire trois ou quatre. Mais il fut vite convaincu : être dans le même bâtiment qu'EVE.... Bon sang, il ne suffisait pas de grand chose pour le faire frétiller d'aise. Une petite affiche à l'entrée du haut bâtiment confirmait les propos du robot.
Zorglub ne mit pas longtemps avant de retenir par cœur l'ensemble des données qui y figuraient. Il appellerait dès le lendemain pour se renseigner et prendre un appartement à ce moment-là. Vu de l'extérieur, l'immeuble donnait une impression de grandeur et de luxe. Ce qui était plus étonnant, c'était le nom de la rue. Rue du 7ème art...Était-ce un quartier du genre de Montmartre (en son temps), lieu d'accueil des artistes ? Ou peut-être un ancien cinéma se trouvait dans la rue qui portait dans son nom la mémoire d'un endroit désormais détruit ? Allez
savoir.

- Et bien, je suis persuadé que je m'installerais ici d'ici peu. Cet endroit est assez plaisant.

Surtout si nous sommes voisins, pensa-t-il. Mais il garda cette pensée pour lui. Mieux valait ne pas se montrer trop collant, quand même. Il savait qu'il devait cependant repartir et laisser EVE rentrer chez elle. Il était curieux de voir à quoi ressemblait le lieu de vie d'un robot, d'ailleurs...Il n'avait pas vraiment envie de la laisser, mais il le fallait. Et puis, ce n'était pas un adieu !

- J'espère que nous nous reverrons vite, très chère EVE.

[C]

Sujet: Re: Dans un monde qui n'est pas le mien... Mer 07 Sep 2011, 10:34

Visiblement Zorglub avait remarqué l'air dubitatif de EVE car il se hâta de donner des explications supplémentaires, elle écouta alors attentivement les propos du scientifique et, quand il eut terminé de parler, elle hocha doucement la tête par l'affirmatif, elle ne pouvait qu'approuver ce genre d'initiative, la vie était précieuse pour elle et le fait que Zorglub veuille la protéger était tout simplement admirable. Le robot blanc afficha un air amical de ses grands yeux bleus et elle émit un petit bourdonnement électronique au ton approbateur en guise de réponse au récit du savant, montrant ainsi qu'elle était d'accord avec ses propos. EVE vit ensuite son interlocuteur contempler une nouvelle fois l'immeuble, comme s'il semblait réfléchir à ce qu'elle avait écrit quelques instants plus tôt sur son EVE-Phone, puis elle l'entendit dire qu'il s'y installerait dans pas longtemps et qu'il trouvait l'endroit assez plaisant. Elle émit un petit son ravi en entendant cela, ses grands yeux bleus prenant la forme de croissants tournés vers le haut pour manifester son bonheur d'avoir donné une bonne idée à son interlocuteur, lâchant ensuite un petit rire joyeux, heureuse de savoir que Zorglub serait dans le coin et donc joignable à tout moment si nécessaire.

Il était temps maintenant de se séparer, le scientifique avait sûrement des choses à faire, il devait également aller se reposer car, contrairement à elle, c'était un humain qui avait besoin de sommeil, il était tard à présent, la nuit était bien avancée, et il avait encore un petit bout de chemin à faire pour pouvoir retourner à l'hôtel où il séjournait. EVE hocha une nouvelle fois la tête par l'affirmatif lorsque son interlocuteur lui dit qu'il espérait qu'ils se reverraient vite et elle rédigea un dernier texte sur son téléphone multifonction :

Je l'espère également. Bonne fin de soirée à vous, Zorglub, et à bientôt.

Elle n'écrivit rien de plus, n'ayant pour le moment rien d'autre à ajouter, puis elle fit un petit signe d'au revoir avec la main ainsi qu'un petit clin d'oeil amical avant d'entrer dans le grand bâtiment où elle résidait et, une fois à l'intérieur, elle referma doucement la porte d'entrée derrière elle...

Invité

Tandis qu'elle partait et fermait la porte de la résidence, après l'avoir salué et fait un clin d'oeil électronique, Zorglub se sentait débordé d'allégresse et de joie de vivre. La rencontre qu'il venait de faire était énorme, vraiment extraordinaire ! EVE, le robot venu du futur, plus proche de l'humain que certains humains. Une merveille technologique, mais plus encore. Elle sera son associée, elle l'aiderait à réussir son futur travail. Il ne serait plus seul, et il sait qu'il y aura quelqu'un qui se chargerait de lui éviter de partir de travers. Et avec elle, il allait sûrement apprendre beaucoup de chose. Il se sentait si bête et si vide par rapport à quelqu'un du niveau de connaissance de ce robot.

Il n'avait pas son Téléphone portable sur lui, seule arme qu'il portait, mais il ne se sentait plus en danger de quoique ce soit. Il chantonnait en sautillant dans la rue. Là, il ne râlait plus sur le fait d'être à pied. Et peu importe le chemin qu'il devait faire jusqu'à son hôtel. L'esprit ivre de joie, il parvint dans sa chambre, se jeta sur son lit et fixait le plafond, le regard dans le vague. tout devenait possible maintenant.

Dans sa tête, de nouvelles idées lui venaient. Il s'empara d'un bloc note et se mit à noircir des pages de croquis, de formules. Là, allongé sur son lit, il était pris d'une inspiration terrible, même si tous les appareils qu'il dessinait étaient ronds ou ovoïdes, blancs et harmonieux. A croire que tout génial a besoin de sa muse.

Alors que la nuit était bien avancée, il s'empara de son Z-Book (petit ordinateur portable) et se mit à naviguer sur le réZeau. Enfin, il trouve le site web de l'agence immobilière qui gérait le 109, rue du Septième art. Il parcourut toutes les annonces et affichait un petit sourire avant de noter le numéro de téléphone de l'agence dans son téléphone.

[C]

» Un autre monde des merveilles [Alice]
» Le monde est petit [Pv : Haruhi Suzumiya]