Table 1 : F. Abberline, M. Addams, Balsa, K. Beringer, S. Bonasera

L'été s' affaiblit peu à peu mais l'air est encore chaud. Quand les feuilles commencent à tomber des arbres et que les jours deviennent plus courts, on sait que l'automne approche.
C'est dans cet état d'esprit qu'ont été décorées les tables.
Des couleurs chaudes et naturelles sont présentes sur vos tables, avec, en outre, les bougies et des éléments naturels tout à fait charmants.

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Prenez donc place et... bon appétit !

Invité

De l'angle où il se tenait, Frederick avait pu voir arriver les autres invités masculins. Jeunes et moins jeunes, plus ou moins élégants, inconnus pour la vaste majorité d'entre eux. A dire vrai, hormis son colocataire - dont Frederick s'étonnait intérieurement qu'il fût là, au vu de la considération qu'il professait d'ordinaire vis à vis du reste du genre humain - le Britannique n'identifia qu'une seule autre personne, un autre expert criminalistique, Dexter Morgan, qu'il connaissait de vue et de nom.

Son regard se promena sur les personnes de l'assemblée. La plupart des hommes avaient misé sur une certaine élégance, mais demeuraient dans un style classique qui pouvait s'accorder à la plupart des époques. En revanche, chez les femmes, il avait remarqué notamment deux personnes dont les tenues évoquaient irrésistiblement son époque. Il s'attarda un instant sur la plus jeune, qui se faisait manifestement courtiser par un jeune homme, puis son regard passa à une demoiselle à l'extraordinaire chevelure violette en grande conversation avec un homme en smoking, à une femme près du buffet, dont la robe était, aux yeux de l'Anglais, à la limite de l'indécence, et qui discutait avec un homme dont la main droite était remplacée par un crochet d'acier, pour revenir dans la direction de la légiste.

Avec son humour caustique, son franc-parler, son caractère bien trempé et sa finesse d'esprit, la légiste faisait partie des rares personnes qu'Abberline appréciait. Elle avait du cran, de l'estomac, et le don pour trouver la remarque qui pourrait lui arracher un sourire. Il appréciait qu'elle ne ressente pas le besoin de meubler le silence par des paroles oiseuses, et qu'elle sache en venir aux faits sans prendre de détours ni de précautions oratoires inutiles. Elle ne semblait pas une forcenée de la science, et ne se moquait pas de sa réticence face aux nouvelles technologies. Une femme agréable, donc.

Aussi fut-il passablement surpris de la voir engager la conversation avec Crane. Plus exactement, il était surpris de voir Crane engager la conversation avec qui que ce fût, et Jordan Cavanaugh était probablement la dernière personne qu'il aurait imaginée à même de retenir l'attention de son colocataire. Et au vu de l'expression de la légiste, ladite conversation ne semblait pas trop mal engagée. Mais il est vrai que le Dr Cavanaugh n'était pas la personne la plus expressive qu'il connaisse et que, si elle le souhaitait, elle savait fort bien dissimuler ses sentiments.

Bonsoir, Inspecteur.

Il sursauta. Plongé dans ses pensées, il n'avait pas vu s'approcher Stella Bonasera. Il esquissa un sourire gêné et s'inclina.

Bonsoir, Miss Bonasera. Navré, je ne vous avais pas vue.

La criminaliste était très élégante, comme toujours, et souriait en lui tendant une coupe de champagne. Frederick l'accepta avec un signe de tête en guise de remerciement.

Je vous retourne le compliment. La surprise est aussi de mon côté... Mais je vous avoue que je suis si peu dans mon appartement que je n'ai pas la moindre idée de qui peuvent bien être mes voisins.

Levant son verre, il trinqua avec la légiste et prit une gorgée, tout en observant les gens autour d'eux. Il ajouta :

Peut-être pourrez-vous m'éclairer ? Connaissez-vous d'autres personnes ici ? J'ai déjà remarqué la présence du Dr Cavanaugh et de Mr Morgan, votre collègue...

Plusieurs personnes commençaient à se diriger vers les tables. Frederick jeta un regard à sa montre. 21h45. Il était effectivement temps de passer à table. Se tournant vers Stella, il s'inclina.

Me permettez-vous... ? demanda-t-il en offrant son bras à la criminaliste.

Aimable, il la guida vers l'une des tables, à la recherche de son nom, constata qu'ils étaient placés côte à côte et tira le siège pour permettre à la jeune femme de s'installer, puis lui même prit place à son côté, observant la table.

Les organisateurs semblent s'être donné beaucoup de mal pour cette soirée...

Il ne savait pas trop pourquoi il entretenait la conversation. Peut-être parce que Stella était une personne chaleureuse et que se montrer froid envers elle eût été lui manquer de courtoisie. Peut-être par éducation. Peut-être parce qu'il avait pris plus tôt la résolution de se montrer un peu plus aimable... Et quelle importance, au fond ? Frederick avait décidé de ne pas chercher à tout comprendre ce soir-là. Juste de profiter de ce moment qui pouvait être agréable. Si tout se passait bien.

Invité

Stella eut un sourire en voyant sursauter le Britannique et plus encore face à son inclinaison. Abberline avait toujours des manières tellement désuètes, mais en même temps si agréables...

Je vous en prie. C'est moi qui suis navrée de vous déranger.

Il accepta apparemment volontiers la coupe qu'elle lui offrait et, tandis qu'ils trinquaient et prenaient une première gorgée, il lui demanda si elle pouvait éclairer sa lanterne. Mais la criminaliste ne put que hausser les épaules.

Vous en savez autant que moi, inspecteur. Hormis mon colocataire - qui n'est pas là ce soir - je ne connais pas plus nos voisins... Je dois être à peu près aussi souvent que vous chez moi. Cela dit, rectifia-t-elle en avisant quelques visages ici et là, il me semble reconnaître la brunette, en robe bustier noir. Il me semble, sauf erreur, qu'il s'agit de la directrice de l'hôpital, j'ai déjà eu affaire à elle pour obtenir l'autorisation d'interroger des suspects hospitalisés. La jeune femme en robe noire et rouge est serveuse dans un des pubs de la ville, et l'homme au crochet est le patron de ce même pub, le William The Conqueror. De même, la rouquine en robe noire travaille dans un autre pub, le RDV des Coeurs Brisés, et le jeune homme en grande conversation avec la première jeune fille est son patron. Pour les autres, je suis comme vous : dans l'ignorance totale.

Elle surprit son regard, posé sur le Dr Cavanaugh, en "grande conversation" avec l'homme qui l'avait bousculée, et ajouta :

Connaissant Jordan, je m'étonne qu'elle se montre si aimable... d'ordinaire, les mondanités ne sont pas sa tasse de thé, elle aurait plutôt tendance à y jouer le rôle de la langue de vipère... Vous savez, celle qui fait en douce les commentaires les plus acerbes et les plus justes ? A moins qu'elle n'ait trouvé un interlocuteur qui l'égale au niveau sarcasmes...

A peine avait-elle achevé sa phrase, qu'Abberline lui offrait son bras pour la conduire à sa table. La criminaliste, surprise, marqua un temps, puis prit son bras et se laissa escorter jusqu'à sa place. Elle eut l'agréable surprise de constater qu'elle était placée juste à côté de son interlocuteur et n'avait qu'à se retourner pour échanger quelques mots avec la légiste. Juste avant de s'asseoir, elle posa une main sur l'épaule de Jordan Cavanaugh et lui souffla avec un sourire amusé :

Bonne soirée... J'ai l'impression qu'avec toi, la plupart des invités vont se retrouver rhabillés pour l'hiver, je me trompe ?

Puis, remerciant son cavalier d'un signe de tête, elle prit place tandis qu'il s'asseyait à sa gauche. Elle regarda à son tour la décoration, à son goût d'ailleurs. Jolie, discrète... L'idée était bien trouvée, et changeait radicalement des décors d'Halloween, en noir et orange, qui avaient envahi la ville depuis près d'un mois. Elle hocha la tête.

C'est exact. Ce n'en est que plus agréable d'être venus. Je me demandais... Fête-t-on Halloween, en Angleterre ?

Invité

Morgan eut le même réflexe que son interlocuteur et huma le rhum. Pour elle, elle n'était pas méfiante, la bouteille était bouchée et le cachet intact quand elle l'avait ouverte, mais elle voulait s'assurer que l'alcool n'avait pas viré. Elle fut rassurée en reconnaissant l'arôme familier et agréable qui avait participé pendant de longues années à embellir ses journées. Elle avait déjà commencé à prendre une gorgée alors que son vis à vis se présentait. Capitaine James Hook. Collègue ou Royal Navy, là était toute la question aux yeux de la pirate. A sa remarque, elle répondit avec un haussement d'épaules :

J'allais dire Capitaine. Mais je suppose que, sans navire, ce titre n'a plus de raison d'être.

A la seconde remarque de son interlocuteur, elle eut un sourire pour toute réponse, et, d'un geste preste, avala cul-sec son verre, se promettant de se renseigner pour savoir qui avait amené ce nectar, histoire de négocier une bouteille dans l'avenir... Puis, elle se laissa escorter jusqu'à sa place, souriant intérieurement de cette galanterie à laquelle elle n'était pas habituée et qu'elle ne s'était jamais souciée de revendiquer. Moins on la considérait comme une femme, mieux elle se portait, d'ordinaire... Elle eut un signe de tête pour remercier son cavalier d'un instant et reporta son attention sur sa tablée.

Deux personnes étaient déjà installées. Morgan connaissait déjà la femme - celle-ci était déjà venue une ou deux fois prendre un verre au pub, et plus souvent encore interroger untel ou untel, en tant que témoins ou suspects. Avec elle, Stella Bonasera n'avait jamais été désagréable, mais Morgan préférait quand même ne pas la voir trop souvent s'approcher de son comptoir. L'homme, en revanche, lui était pour l'heure totalement inconnu. Le visage était agréable, quelque chose de flou dans le regard et dans l'angle du sourire lui rappelait vaguement Sparrow, et, l'un dans l'autre, il ne semblait pas désagréable non plus. La pirate jeta un rapide coup d'oeil aux autres noms. Elle se trouvait placée entre l'homme - un nommé Abberline - et un(e) certain(e) Balsa. A côté de l'inspecteur Bonasera était placée une personne répondant au nom de K. Beringer. Aucun de ces deux noms n'éveilla de souvenir chez Morgan, qui finit par poser la main sur le dossier de sa chaise et se pencher légèrement.

Bonsoir, detective Bonasera. Monsieur...

Ayant ainsi annoncé sa présence d'une manière cent fois plus polie que d'ordinaire, elle prit place, moyennement curieuse quant à la suite des évènements...

Invité

Les gens commençaient à s'asseoir aux tables auxquelles ils avaient été répartis, signe évident de l'annonce du début du repas. Pour la première fois depuis qu'elle était entrée dans la salle, Kate porta son attention sur la décoration des tables. Originale: des bougies et de des branchages, des marrons et des fruits de saison. Ça changeait radicalement des décorations traditionnelles oranges et noires, avec des toiles d'araignées et des citrouilles, que tout le monde installait à l'approche d'Halloween sans même plus savoir ce que ça signifiait.
Elle observa du même coup que toutes les personnes présentes étaient très distinguées, ou tout du moins polies et passaient beaucoup de temps à se faire des compliments. Les autres étaient aussi habillés en tenue de soirée très élégante, ce qui, en outre, ne signifie absolument pas qu'ils étaient continuellement habitués aux costards et robes cintrées, il n'y avait qu'à observer certaines femmes, mal à l'aise dans leurs tenues.

Enfin, la jeune femme jeta un regard rapide aux étiquettes posées sur les assiettes, cherchant sa place. Comme par hasard, son nom se trouvait à la dernière table sur laquelle elle passa, portant le numéro 1. Trois personnes étaient déjà attablées et avaient entamé une discution. La première personne qu'elle remarqua était une "femme pirate" qui rappela a Kate les livres d'images que sa maman lui lisait quand elle était petite. Elle sourit à la concernée, du nom de M. Addams. Comme la famille Addams. En face d'elle, un homme et une femme qui avaient l'air de déjà se connaître étaient assis côte à côte. S. Bonasera et F. Abberline. Des inconnus eux aussi. La place vide à côté de Morgan indiquait seulement "Balsa". Bizarre comme nom et prénom.

Kate était placée en bout de table, entre Frederick et Morgan. Elle s'assit discrètement au moment où la pirate apporta une éclaircie sur l'autre femme: une détective. De toutes les personnes qu'elle avait fréquenté, plus ou moins normales, la jeune femme n'avait jamais rencontré de détective. C'était un peu comme dans les films... et ça lui donna l'envie d'en savoir un peu plus à propos de ces gens qui habitaient le même immeuble qu'elle mais à qui elle n'avait jamais adressé la parole. Elle adressa un sourire aimable aux trois.

- Kate Beringer, enchantée.

Elle en profita pour remarquer que cette soirée, aussi étrange soit-elle avait été remarquablement bien préparée. Les serviettes pliées dans des assiettes, un verre à eau un verre à vin... Qui ne lui servirait malheureusement pas, pour une raison évidente, des sets en bois artisanal...

Invité

Stella ne put s'empêcher de rire à la pique de Jordan Cavanaugh. Après tout elle l'avait bien cherchée. On ne chatouillait pas impunément une vipère de l'envergure de la légiste. Et les deux femmes se connaissaient et s'estimaient suffisamment pour que Stella ne prenne pas ombrage de la remarque, qu'elle devinait n'être pas méchante. Elle sourit à l'arrivée à leur table de Morgan Addams et lui tendit une main amicale par-dessus la table.

Bonsoir, Morgan. Pitié, laissez tomber les titres pour ce soir, nous ne sommes en service ni vous, ni moi. Ce soir, c'est Stella. C'est fou ce que vous autres Anglais, pouvez être formels ! Ou bien c'est moi qui ne le suis peut-être pas assez ?

Elle désigna ensuite l'inspecteur, toujours souriante.

Morgan, voici un de vos compatriotes, l'Inspecteur Principal Frederick Abberline. Inspecteur Abberline, Miss Morgan Addams.

Stella remarqua alors la jeune femme qui venait de prendre place et de se présenter si discrètement. Jeune, mignonne, et enceinte à n'en plus pouvoir. La criminologue lui adressa un sourire chaleureux.

Bonsoir, mademoiselle. Enchantée.

Elle recommença rapidement les présentations, puis, se tournant vers Morgan, demanda :

Morgan, peut-être allez-vous pouvoir m'éclairer, vous qui en savez long sur l'Histoire, de quelle origine est-ce, cette All Souls Night ? J'ai eu beau faire des recherches, je n'ai quasiment rien trouvé !

Stella s'efforçait d'inclure tout le monde dans la conversation, quand bien même cela pouvait sembler artificiel. Mais ce serait tellement triste - et désagréable - si, alors que la tablée était si petite, chacun restait dans son coin...

Invité

Frederick hocha la tête aux explications de la criminologue, notant mentalement non sans une petite pointe d'amusement qu'en quelque sorte, les deux tenanciers avaient échangé leurs serveuses. La femme que Stella avait désignée comme étant la directrice de l'hôpital, après réflexion, lui apparut effectivement comme vaguement familière, il avait dû avoir une ou deux fois affaire à elle dans des conditions similaires. A la remarque de son interlocutrice sur le Dr Cavanaugh, il ne put tout à fait retenir son sourire. Effectivement, il imaginait plus volontiers la légiste dans son coin à dire toutes les méchancetés qui lui passeraient par la tête qu'à engager une conversation visiblement somme toute pas désagréable avec quelqu'un... et il imaginait de même mieux son colocataire dans la même situation qu'à discuter avec une personne que lui-même appréciait - et une femme à plus forte raison.

Quelqu'un qui l'égale au niveau sarcasme... Vous ne croyez pas si bien dire.

Il eut un léger haussement d'épaules et précisa pour expliquer sa remarque précédente :

Ce monsieur est mon colocataire. Et probablement l'un des esprits les plus caustiques qu'il m'ait été donné de rencontrer.

Il avait failli dire "d'affronter". Mais quelle que soit l'estime en laquelle il tenait la criminologue, ses rapports - pour le moins tendus - avec Crane ne regardaient que le principal intéressé et lui-même. Alors que Stella prenait place, il eut l'occasion d'apprécier le genre de rapports que celle-ci entretenait avec la légiste. Et l'échange lui tira un sourire amusé. La réplique était - autant qu'il pouvait en juger - du Cavanaugh pur fruit. Il lui adressa un signe de tête aimable et une ébauche de sourire, qui mourut presque immédiatement en constatant qu'il était placé si près de son colocataire. Subitement "refroidi", il se contenta d'une brève et sèche inclinaison de la tête à son égard, avant de reporter son attention sur sa voisine. A sa question, il secoua la tête.

Je vous avoue que j'ignore ce qui se fait maintenant et ce qui ne se fait pas. A mon époque, Halloween, comme Thanksgiving, était un évènement très américain...

Il s'interrompit quand arrivèrent à leur table deux femmes. La première était la rouquine dont la robe l'avait choqué un peu plus tôt, l'une des deux serveuses. Elle les salua et Frederick répondit à son salut d'un signe de tête, tandis que Stella faisait les présentations. Il serra la main à cette femme qui, maintenant qu'il la voyait d'un peu plus près, ne semblait pas si vulgaire que sa robe aurait pu le laisser croire.

Enchanté, Miss Addams.

La seconde arrivée était une toute jeune fille, dont la robe noire moulait étroitement la grossesse. Frederick, en gentleman accompli, s'empressa de l'aider à s'installer, avant de reprendre place. Laissant Stella faire les présentations, il se contenta d'un machinal "enchanté" quand son nom fut prononcé. Puis, Stella lançant une conversation avec Miss Addams, Frederick se laissa aller à rêvasser un instant. La jeune fille, avec son ventre rond, venait en toute innocence de réveiller chez le Britannique des souvenirs doux-amers. Il se surprit à songer à l'époque où il se promenait par les rues de Londres, au bras de son épouse. Il se souvenait encore de sa fierté, de sa joie de jeune premier à avoir à son bras une femme si belle que sa Victoria, qui portait dignement un enfant dont tout le monde disait qu'il serait beau... Et puis Victoria avait accouché et était morte. Et l'enfant ne lui avait pas survécu plus d'une heure. Frederick avait été si assommé par l'annonce du décès de son épouse qu'il n'avait pas même été capable de songer à un nom pour son fils. On le lui avait mis dans les bras, pauvre petite chose muette, en lui disant d'une voix étrange que c'était tout ce qui lui restait. Il n'avait pas compris de suite. Et l'enfant était mort dans ses bras alors qu'il pleurait le décès de sa Victoria...

Il secoua la tête et se força à revenir au présent. Son regard se porta machinalement sur la table d'à côté. Cavanaugh et Crane étaient en pleine discussion. Il se surprit à se demander de quoi diable ces deux-là pouvaient parler...

Comme le temps passe... Les présentations sont faites et désormais, les conversations maintenant bien engagées se partagent autour d'un verre, voici déjà les premiers plats qui passent de main en main et de table en table, l'on se sert, plus ou moins généreusement et l'on peut déjà commencer à manger... Mais avez-vous remarqué que, plus le temps passe, plus la température baisse ? Sur les radiateurs, la veilleuse s'est éteinte... Et ce courant d'air qui n'en finit pas, malgré les fenêtres et la porte bien fermées... bientôt, il fera plus froid dans la pièce que dehors, malgré le vent qui souffle de plus en plus fort et commence à faire trembler les vitres. Est-ce que la pluie ne serait pas aussi en train de se mettre de la partie ? Décidément l'atmosphère semble se mettre au diapason de la date...

(Vous avez jusqu'à mercredi 17 février 2010, 23h59, pour poster à la suite de ce message. Merci.)

Le geste du Capitaine Hook soulève les réactions les plus diverses - surprise, fascination, peur, peut-être ? Mais alors que l'on se tourne vers lui ou que l'on commente l'évènement, les lampes épargnées par le coup de mousquet se mettent à vaciller. Le vent souffle de plus en plus fort, de plus en plus violemment, et la pluie est devenue à présent un grondement ininterrompu contre les vitres de la salle. Une nouvelle détonation éclate, cent fois plus violente que la précédente, et un éclair déchire le ciel noir et lourd de nuages. Au même instant, les lumières s'éteignent, et avec elles, la moitié des bougies comme soufflées par un esprit malin. Qui remarquera dans la confusion que, sur le carton qui indique sa place, un autre nom a fugacement remplacé le sien ? Un nom aimé ou honni, oublié ou encore bien présent... le nom d'une personne disparue... Et qui tentera d'ouvrir les portes, les fenêtres, pour aller chercher plus de lumière ? Inutiles tentatives... vous voici pris au pièges, mes jolis...

NB : Vous avez jusqu'au 3 mars 2010 23h59 (heure française) pour poster. A vos claviers !!!

Invité

Le dîner se déroulait bien trop normalement jusqu'à lors... Les plats arrivés sur la table, tout le monde se servait, mangeait, buvait, discutait joyeusement, même Kate commençait à se mêler timidement à la conversation, portée sur des sujets bien communs, les métiers de chacun, la météo, les actualités, entre autres. Cependant, personne n'aborda la question du sujet du repas de la soirée: All Souls Night. Kate se demandait ce que celà pouvait bien signifier. Les deux femmes, Stella et Miss Adamms étaient toutes deux très souriantes et agréables à vivre. L'inspecteur Abberline, quant à lui, il était la caricature du parfait gentleman: il servait les demoiselles, était très poli et serviable, enfin, adorable lui aussi. La jeune fille reprenait peu à peu confiance.

Cependant, quelque chose dérangeait Kate: les radiateurs semblaient ne pas fonctionner... Au fur et à mesure que l'heure tournait, il se faisait de plus en plus froid dans la pièce. Balayant les autres tables du regard, elle constata que tout le monde semblait s'en apercevoir, mais dans un consensus de discrétion, personne ne dit mot. Les gens se contentaient seulement d'enfiler un gilet, une veste, une écharpe... La jeune fille regretta soudain amèrement de ne rien avoir pris d'autre que son boléro aux manches courtes et fines. Elle frissonna et tenta de se réchauffer en mangeant, et en se frictionnant les avants-bras, puis fit comme si de rien n'était, alors que le froid était de plus en plus prenant et inquiétant.

Les mets étaient délicieux. Raffinés, un rien relevés, variés et équilibrés. Pourtant, la jeune femme commençait à se sentir légèrement nauséeuse... Une nausée très mal venue à ce repas. Elle recula sur sa chaise, prit un verre d'eau et respira a fond en espérant que ça passe, mais rien. Le froid la faisant grelotter en plus n'arrangea pas son problème, ça allait arriver quoi qu'il en soit. Une main sur son ventre, l'autre sur sa bouche, elle se leva précipitamment et lâcha des paroles d'excuses quasiment inaudibles avant de se précipiter vers la porte de la salle.

- 'xcusez moi... c'est... la grossesse.

La porte de la salle était fermée de l'extérieur. Kate appuya sur la poignée comme une forcenée pendant quelques secondes puis, désemparée, elle se jeta sur la seule poubelle de la pièce pour vomir dedans. Agenouillée dans le coin de la salle, à côté de la porte et du buffet, elle ne remarqua même pas le geste du Capitaine Hook: des éclats de verre et des brindilles volèrent dans la pièce, ainsi que des haricots verts et une tranche de saumon fumé. La jeune fille était tellement occupée à se vider qu'elle n'entendit pas le pirate crier. Cependant, quand le noir total se fit dans la pièce, elle ne pût l'ignorer. Terrifiée, elle se recroquevilla dans le coin et se mit à respirer doucement pour ne pas se remettre à gerber. Elle tremblait, de froid et de peur. Il avait évidemment fallu que cette soirée se passe mal... Concentrée, elle écoutait les murmures des convives qui s'inquiétaient eux aussi, certains essayèrent de sortir de la salle mais comme Kate l'avait remarqué un instant avant, il était impossible de quitter la pièce.

Spoiler:

Invité

Peu bavard, Frederick n'avait jusqu'alors que peu participé à la conversation. Ayant confirmé sa qualité de représentant de la nation britannique sur cette terre d'Amérique, répondant ça et là à quelques questions, il écoutait plus qu'il ne parlait. Son regard balayait les tables. Les discussions semblaient bien engagées, certaines plus que d'autres. Il revenait régulièrement regarder à la table la plus proche, méfiant, se demandant encore de quoi Cavanaugh pouvait bien discuter avec son colocataire.

Il avait remarqué que plusieurs personnes semblaient souffrir du froid. Pour lui, il n'y était pas sensible, mais il semblait que la température avait fortement baissé, et plusieurs personnes avaient rajusté vestes et gilets pour se réchauffer. Frederick, pour lui, était à peu près tranquille : qu'il fît chaud ou froid ne changeait pas grand chose à ses yeux, il était également insensible à l'un comme à l'autre. Mais il était compréhensible que pour les autres, cela devînt gênant. Les hommes, encore, étaient généralement en costume, et disposaient donc d'une épaisseur supplémentaire - sauf un, remarqua-t-il alors même qu'il se faisait cette réflexion. N'était-ce pas ironique : justement le soir où Crane se décidait à laisser de côté costume de tweed et pull de laine, il fallait que la pièce se transformât en congélateur. Frederick eut un sourire ironique à cette pensée en portant son verre à ses lèvres.

Il mangeait peu. D'une manière générale, son organisme malmené et capricieux se contentait du minimum vital et de toutes façons, Frederick n'était pas ce que l'on pouvait appeler un gourmet. Il mangeait par nécessité exclusivement et non par plaisir. Mais enfin, il avait gardé suffisamment de goût pour apprécier les plats qui étaient servis. Il vit soudain Miss Beringer se dresser, pâle comme si elle avait vu un fantôme, et filer pour sortir de la salle. Machinalement, Frederick s'était levé. Il se souvenait de Victoria, à l'époque, et devinait aisément de quoi il retournait. Il savait également que, normalement, elle irait mieux rapidement, et se promit que si elle n'était pas de retour d'ici quelques minutes, il irait voir s'il pouvait l'aider.

Mais lorsqu'il constata qu'elle ne pouvait pas sortir, il fronça les sourcils. Ce n'était pas normal. Il la rejoignit alors que, penchée sur la poubelle, elle rendait ce qu'elle avait déjà avalé et, s'agenouillant auprès d'elle, retint ses cheveux pour qu'ils ne soient pas souillés. Combien de fois avait-il fait cela avec son épouse ? Il sursauta quand un homme à la table numéro 2 fit éclater une lampe et porta par réflexe la main à la poche intérieure de sa veste... pour constater que celle-ci était vide. Evidemment, il n'allait pas emporter son arme lors d'une réception...

C'est à cet instant que la tempête éclata. La pluie ininterrompue semblait vouloir briser les vitres, et il était surprenant que les fenêtres n'aient pas déjà cédé à la pression du vent. Comme soufflées soudain par une main invisible, toutes les lumières électriques s'éteignirent. Ne restaient plus, fantomatiques, que quelques bougies, ça et là disposées sur les tables, qui n'apportaient qu'un faible éclairage. Frederick fronça les sourcils, nerveux pour la première fois depuis le début de la soirée. C'était inquiétant. Quelque chose se préparait, mais quoi ? Habitué au surnaturel et au bizarre, Frederick se tenait prêt à tout.

Sous ses mains, la jeune femme terrorisée grelottait. Frederick ôta sa veste et la posa sur ses épaules, frottant doucement ses bras pour la réchauffer. Rassurant, il murmura :

N'ayez pas peur. Tout va bien se passer, le problème va être vite réglé. ça va aller ? Vous tenez le choc ?

Il rejeta un nouveau regard à la pièce, maintenant plongée dans la pénombre. Seuls les visages de quelques convives étaient encore éclairés, et les ombres dansantes projetées par les flammes renforçaient l'impression de Frederick que quelque chose allait se produire. Quelque chose qu'il n'était pas sûr d'aimer...

» Dinner for... three. (Abberline & Crane)
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