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 Dinner for... three. (Abberline & Crane)

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MessageSujet: Dinner for... three. (Abberline & Crane)   Dinner for... three. (Abberline & Crane) EmptyJeu 14 Jan 2010, 04:18

C'est bon, allez-y, je ne bouge pas.

Jordan adressa un sourire aimable à son collègue et attira à elle le dossier sur lequel ils travaillaient en se calant confortablement sur sa chaise. Renversée en arrière, se balançant à moitié, elle se mit à parcourir les notes, rapports divers, relevés et photographies. Un cas comme elle ne les aimait pas. Le genre pour lequel on vous appelle à quatre heures du matin quand vous vous êtes couchée à trois ; le genre de cadavre avec des bouts de corps partout, plus ou moins préservés par la neige, la boue, le froid ambiant, plus ou moins attaqués par les bestioles du coin - corbeaux et rats en tête ; le genre d'autopsie impossible à faire sans risquer de détériorer des preuves... Tout va bien. Elle avait passé une matinée merveilleuse. Elle était crevée, dans les vapes, se soutenait à grand coups de cafés ultra-serrés, de thés bouillants et corsés et de tablettes de vitamines avalées à la va-vite entre deux incisions et avait aussi envie de manger - et surtout à la cantine de l'hôpital - que d'aller vérifier si on est mieux emmuré qu'enterré vivant.

Mais bon, il était midi, l'inspecteur chargé de l'enquête, pensant lui faire plaisir en lui donnant l'occasion de faire un break, venait de lui offrir de remonter à l'air libre et c'était elle-même qui, machinalement, lui avait proposé de déjeuner ensemble pour parler du dossier. Vieux réflexe idiot, et qu'elle regrettait déjà. Mais le mal était fait, ils avaient déjà traversé la file pour se servir au self, aussi frugaux l'un que l'autre, lui se contentant d'un bloc de polystyrène blanchâtre sur un lit d'algues dont le vert foncé moucheté de blanc faisait ressortir la lividité mélancolique de leur corollaire, le tout pompeusement désigné sous le nom de "filet de colin" et "d'épinards à la crème", et elle de son sempiternel grand café, d'un yaourt blanc qu'elle remplirait à bloc de sucre, et d'une espèce de champignon beigeâtre moucheté de bleu et que l'on avait sans honte appelé "muffin aux myrtilles". Puis, l'un derrière l'autre, ils avaient rallié le recoin le plus éloigné de la salle de restauration, celui où nul ne s'aventurait car il était assez mal éclairé, et inconfortable, près d'une fenêtre qui fermait mal et d'où coulait un courant d'air désagréable. Peu de personnes connaissaient la manipulation délicate nécessaire à la fermeture complète de la fenêtre. Jordan était de ceux-là. Saisissant fermement la poignée de la fenêtre, elle l'avait ouverte un peu plus grande, avait pris de l'élan... et l'avait claquée violemment. Puis, tout naturellement, elle avait rabaissé la poignée. Le tout était de doser suffisamment la violence du coup pour que la fenêtre ne rebondisse pas.

Et à présent, après quelques minutes de discussion et avant de passer aux choses sérieuses, son interlocuteur venait de s'absenter pour aller chercher chose ou autre - sel, poivre, sauce quelconque susceptible de masquer le goût immonde du plat qu'il avait imprudemment choisi - la laissant seule à leur table, avec un seul plateau posé devant elle, en train de relire vaguement un dossier qui lui sortait déjà par les yeux. Que n'aurait-elle donné à cet instant pour être dans son lit ? Pouvoir profiter de ce qui devait être son jour de congé, dormir enfin, prendre pour une fois soin d'elle, trainer dans son appartement déserté sans avoir à se préoccuper de quoi ou de qui que ce soit... Être égoïste pour une fois, n'être ni médecin, ni de garde, ni voisine, ni colocataire, ni amante, passer une journée exclusivement pour elle... Mais ce ne serait pas encore pour aujourd'hui.

Elle réprima un bâillement. Elle devait avoir, sous le fard, le visage creusé et séduisant de Glenn Close dans le rôle de Cruella... Pour se maintenir éveillée, elle fredonnait
Master Of Puppets de Metallica, fidèle à elle-même.

End of passion play,
Crumbling away,
I'm your source of self-destruction.

Veins that pump with fear,
Sucking darkest clear,
Leading on your deaths' construction.

Taste me you will see,
More is all you need,
Your dedicated to how I'm killing you.

Come crawling faster,
Obey you're master,
Your life burns faster
Obey your master, master.

Master of puppets I'm pulling your strings,
Twisting your mind and smashing your dreams,
Blinded by me, you can't see a thing,
Just call my name 'cause I'll hear you scream,
Master, master.

Just call my name 'cause I'll hear you scream,
Master, master.


Perdue dans ses pensées et dans sa lutte pour ne pas s'endormir, elle ne remarqua pas qu'elle n'était plus seule dans son coin, avec son dossier et Le Procès de Kafka, qu'elle avait pris avec elle machinalement au moment de quitter les profondeurs de son antre...
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MessageSujet: Re: Dinner for... three. (Abberline & Crane)   Dinner for... three. (Abberline & Crane) EmptySam 16 Jan 2010, 20:46

Si le regard noir que lança Jonathan à la cantinière lorsqu'elle identifia le tas de reste verts, probablement ramassé dans un caniveau martien après la guerre civile qui avait décimé leur peuplade, comme des "épinards à la crème" l'avait impressionné, elle n'en laissa rien paraître. L'habitude d'endosser les réprobations de clients insatisfait, sans le moindre doute – honnêtement, il fallait être né sans papille gustative, un monstrueux fumeur ou encore s'être entraîné aux épreuves de koh-lanta en allant déjeuner au Mac Donald tous les midis pour rêver un jour s'estimer satisfait. Lorsqu'il lui avait demandé, en toute innocence, si elle daignait aussi accorder à la pâte violacée qui recouvrait ses lèvres ainsi que le poireau qui poussait gaillardement à côté le privilège de se nommer "rouge à lèvres", ce bel exemple de self-contrôle professionnel avait cependant connu une fin prématurée. La garce s'était vengée en faisant éclabousser la sauce des épinards jusque sur les rebords de son assiette, lui offrant une délicieuse surprise au moment où il s'en était saisi ...

Au risque de passer pour un éternel insatisfait – ce qu'il n'était pas : il avait simplement une échelle de satisfaction qui prenait base bien plus haut que celle de la majorité des gens, Jonathan maudit à mi-voix tous ceux qui avaient pu, de près ou de loin, participer à la construction de l'édifice maudit. Il n'était retourné que trois ou quatre fois à la cantine -"thérapie" oblige - depuis ce premier repas qui ne s'était, somme toute, pas si mal déroulé, mais chaque nouvelle expérience y avait été plus mémorable que la précédente, et l'entourage, d'un délice … Dans le désordre : l'étudiante en médecine anorexique qui n'avait pas touché à son plateau, mais avait tout de même jugé utile de rester une demi-heure à sa table, lisant un magazine dont la une promettait de réussir en un tour de main la coiffure de star de Britney Spears avant son passage par la case désintoxication ( quoi que cette dernière aurait été encore plus aisée à réaliser, mais probablement moins populaire), en s'appliquant à ouvrir soigneusement la bouche à chaque mastication de son chewing-gum parfumé à la fraise – et qui avait fini par partir en pleurant lorsqu'il avait laissé échapper une remarque sur les effets rénaux du comprimé laxatif qu'elle avait daigné consommer avec son verre d'eau, le neurologue d'âge mur qui racontait sa dernière opération, qui lui avait valu un article si prenant qu'il ferait probablement expirer avant l'heure les quelques croulants qui le liraient, à une jeune infirmière qui baissait la tête en gloussant, son nez touchant presque la salade qu'elle picorait quand elle ne dévorait pas papi des yeux ... ou, le meilleur pour la fin, le couple amoureux qui s'étaient partagé romantiquement un yaourt Mamie Nova en se faisant manger l'un l'autre avec la même cuiller, à grand renfort de rires et de regards entendus … De toute apparence, passer un quart d'heure à manger un yaourt en s'échangeant ses sucs salivaires mutuels semblait être passé preuve d'amour ultime. Autant de repas où les minutes s'étaient égrainées au rythme des pages qu'il tournait, prenant régulièrement quelques bouchées de la chose qui refroidissait dans son assiette. Aujourd'hui, cependant, semblait avoir commencé sous de meilleurs auspices.

Dans la retraite relativement tranquille où il avait pris l'habitude de s'installer, à une dizaine de mètres environ, livre en main, se détachait en effet un profil familier. Jordan Cavanaugh, l'une des rares personnes de sa connaissance à pouvoir prétendre faire d'un repas à la cantine une épreuve surmontable à ses yeux. La chanson qu'elle fredonnait parvint jusqu'à ses oreilles tandis qu'ils s'approchait, un sourire se formant sur ses lèvres à ce qu'elle évoquait. Tout un programme ... Il posa son plateau en face de celui de la légiste, et s'installa à sa table pour y poser son propre plateau, ponctuant son arrivée d'un "Dr Cavanaugh" lâché d'un ton presque civil. Il s'assit sur une chaise libre, laissant à la légiste le temps de s'extraire des pensées au cœur desquelles elle s'était emmurée avant de reprendre la parole.


Tiens donc, vous avez dérogé à la règle numéro un aujourd'hui ? - constata-t-il en jetant un regard au plateau de cette dernière, étonnamment complet. Envie de voir si les petites choses vertes finiraient par revenir d'entre les morts si vous les ignoriez suffisamment longtemps ?

Son propre plateau, semblait, cette fois-ci, moins consistant que celui de cette dernière : colin et épinards dont il comptait consommer un bon quart s'il était particulièrement motivé – rien n'était moins sûr, le ragoût de martien, il le préférait le vendredi - thé vert également et pomme dont le teint s'accordait plus à la tendance générale qu'à l'évocateur "golden" dont on l'avait labellée. L'Art de la Guerre de Sun Tzu, posé au coin gauche du plateau, suffisamment loin pour éviter d'être maculé de sauce, était plus appétissant qu'aucun des autres éléments qui y étaient entreposés. Son regard se posa sur le visage de la légiste, s'attardant sur les yeux cernés et la mine particulièrement déconfite qu'elle arborait … S'ils étaient dûs à une affaire en cours, cette dernière promettait d'être singulièrement intéressante. Un bruit de pas s'approchait de par-derrière lui, il espéra qu'il ne s'arrêterait pas à leur tablée.

Mauvaise nuit ? Vous ressemblez à Maila Nurmi dans un de ses mauvais jours.
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MessageSujet: Re: Dinner for... three. (Abberline & Crane)   Dinner for... three. (Abberline & Crane) EmptyDim 17 Jan 2010, 01:59

La chanson, pour peu lénifiante qu'elle fût, n'avait pourtant pas eu l'effet escompté, et Jordan avait commencé à sombrer dans une demi-torpeur quand une silhouette survenant dans son champ de vision et une voix familière prononçant son patronyme la firent sursauter. Elle fronça un instant les sourcils, mécontente de s'être laissée surprendre, mais ses traits se détendirent immédiatement quand elle reconnut l'intrus. Jonathan Crane, l'une des rares personnes que Jordan acceptait volontiers à sa table. Pour lui libérer un peu de place, elle écarta le plateau, qu'elle plaça à côté d'elle, se saisissant seulement du grand gobelet de café, dont elle prit quelques gorgées après avoir salué le nouveau venu d'un signe de tête.

Sa remarque sur le contenu du plateau, nettement plus rempli que lors de leur première rencontre, et sa référence à sa plaisanterie du premier jour lui tirèrent un sourire amusé.


C'est même une entorse aux deux première règles - l'autre étant de ne manger à la cantine qu'en cas d'extrême nécessité... Mais à dire vrai, j'attends plutôt de voir à quelle vitesse cette chose va mourir... ajouta-t-elle en saisissant une fourchette et en piquant la masse verte, dont la crème laissa échapper quelques bulles de mauvais augure. Voyez ? Quoi que ce soit, c'est encore vivant...

Elle reposa l'ustensile avant d'ajouter avec un haussement d'épaules :

Mais à dire vrai, ce plat-ci n'est pas pour moi. J'attends un collègue pour un "déjeuner de travail".

Sa mimique lasse en disait long sur l'opinion qu'elle avait de sa propre situation : que diable faisait-elle dans cette galère ? Enfin, puisqu'elle était là... Elle jeta un regard machinal au plateau de son vis à vis et songea par-devers elle qu'il ne manquait plus que les cuisses de grenouilles pour que toute la gamme des verts soit représentée. Bon, ok, c'était affreusement mauvais comme plaisanterie. Mieux valait que ça reste dans sa tête. Foutredieu, elle était vraiment crevée pour tomber si bas...

Elle était de nouveau aux prises avec l'envie de dormir qui entendait s'installer dans sa tête, accompagnée de surcroît de sa meilleure amie la migraine, quand Crane lui adressa de nouveau la parole. Elle tiqua d'ailleurs légèrement, surprise de cette question chez quelqu'un qu'elle pensait ne pas porter un intérêt excessif à ses semblables... Mais passée la seconde de surprise, elle eut un rictus ironique. "Mauvaise nuit" était devenu un pléonasme pour elle. C'est d'ailleurs ce qu'elle faillit répliquer, mais elle tourna cela légèrement différemment :


"Nuit" ? Quel est le sens de ce mot ? Je ne crois pas qu'il fasse partie de mon vocabulaire, n'est-ce pas un archaïsme ?

Elle laissa échapper un ricanement amer, mais ne s'attarda pas sur la question et préféra rebondir sur sa comparaison :

Tiens... Maila Nurmi... ça me change de Boris Karloff. Bah, tant que je ne lui ressemble pas telle qu'elle est aujourd'hui...
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MessageSujet: Re: Dinner for... three. (Abberline & Crane)   Dinner for... three. (Abberline & Crane) EmptyJeu 21 Jan 2010, 00:32

Crane eut un léger sourire lorsque la créature qui se trouvait dans l'assiette de la légiste émit un râle de protestation en retour du mauvais traitement qu'elle lui faisait subir. À cela près qu'au final, la sus-nommée assiette de la légiste se révéla être en réalité l'assiette de quelqu'un d'autre. Jonathan leva légèrement les yeux au ciel. Évidemment. Que serait un repas à la cantine sans mauvaise surprise ? Il fallait cependant reconnaître que celle-là, il ne l'avait pas vue venir.

Un collègue, hein … Il envisagea un instant de proposer de ne pas s'attarder, mais un regard en coin au reste de la pièce, positivement rempli, ne lui offrit guère d'alternative plus encourageante. De toute manière, il ne doutait pas une seconde que la légiste lui airait proprement signalé qu'il dérangeait si tel avait été le cas. Au final, la discussion de deux légistes sur le dernier puzzle humain en date était probablement l'une des perspective les plus distrayantes qui lui aient été proposées par ici -cela lui ferait un bruit de fond tolérable pendant qu'il avancerait dans sa lecture.

La remarque de la légiste sur les nuits blanches lui arracha un léger ricanement : ce n'est pas ses propres expérience, si bien en milieu hospitalier qu'à Arkham – et plus particulièrement encore en tant que patient qu'en tant que docteur – qui allaient la démentir. Loin de là même.


Mais si, répliqua-t-il d'un ton mortellement sérieux. C'est ce moment où l'on regarde sa montre, avec l'impression fugace qu'il y a un autre endroit où est supposé être ; avant de se replonger dans ses activités. Il haussa les épaules. Il paraît que certains en profiteraient pour reposer leur organisme.

Il découpa le haut d'un sachet de sel, kidnappé en chemin en même temps que son ami le poivre, le répandant méthodiquement sur le contenu de son assiette. Il garda le poivre pour plus tard, en mesure de dernier recours, le déplaçant du bout d'un doigt à la gauche de sa serviette en papier. Il hésita un instant à remuer le tout, mais il valait mieux ne pas tenter le destin. La créature aurait pu s'en offenser et décider de revenir à la vie … Il goûta une bouchée et estima que c'était, somme toute, relativement mangeable, tout en pondérant la fin des paroles de sa voisine de table.


Vous avez le mérite d'avoir un peu plus de chair sur les os qu'elle, si ce n'est en meilleur état. Envie de partager votre affaire ? Les histoires morbides m'ont toujours ouvert l'appétit. S'il s'agit du cadavre de la cantinière, retrouvée noyée dans ses épinards à la crème, je vous jure que je n'ai rien à voir dans l'affaire ...


Et une troisième blague. Soit l'humour qui semblait être le dernier fil reliant la légiste au monde des vivants avait déteint sur lui, soit il pouvait exceptionnellement se considérer d'humeur presque agréable ce midi. Trop beau pour durer, ajouta-t-il en lui-même. Le troisième invité surprise, qui il ou elle soit, n'allait pas tarder à renverser la tendance, il en aurait mis sa main à couper.
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MessageSujet: Re: Dinner for... three. (Abberline & Crane)   Dinner for... three. (Abberline & Crane) EmptyJeu 21 Jan 2010, 18:29

Il y a certains jours, où rien ne se passe comme vous l'auriez souhaité. Des jours où, pour une fois que vous arriviez à dormir, on vous réveille à une heure à peine humaine - en tous cas, certainement pas décente. Où votre collègue habituelle, d'ordinaire agréablement moqueuse, ne décroche pas un mot. Où, au lieu d'un cas simple, vous héritez d'un puzzle écoeurant et d'une pelote de fausses pistes à démêler. Tout cela sans parler, évidemment, des faux témoignages, des résultats des labos qui n'arrivaient pas, de la mauvaise volonté des divers protagonistes et de votre patience qui s'amenuise à une vitesse approchant celle de la lumière.

Bref, la journée avait très mal commencé et, en une matinée, Frederick pensait avoir essuyé à peu près tout ce qui pouvait lui pourrir la vie. Ne restaient qu'une vision et une altercation avec son colocataire, et le tableau serait complet. Enfin, Dieu merci, il ne devait pas rentrer avant tard ce soir-là, ce qui, a priori, devait lui éviter de croiser Crane. A priori. On ne savait jamais, avec lui...

Un peu plus tôt, il avait reçu un appel du Dr Cavanaugh, qui lui avait annoncé avoir enfin terminé l'autopsie. Il l'avait donc rejointe à l'Institut Médico Légal, et, face à sa mine défaite, lui avait offert de sortir pour discuter du cas dans une autre atmosphère que celle, confinée, des sous-sols de l'hôpital. Machinalement, Cavanaugh l'avait invité à en parler autour d'un "repas" - elle avait elle-même mimé les guillemets - à la cantine de l'hôpital. Bien que n'étant pas outre mesure affamé, Frederick avait accepté, voyant que, manifestement, l'idée même de s'éloigner était au-delà des forces de la légiste. Voilà comment il s'était retrouvé à faire la queue dans ce que Cavanaugh désignait sous le terme de "self", piloté par la légiste, visiblement habituée à l'endroit. Il avait pu admirer son doigté pour fermer une fenêtre rétive et, en voyant le peu de choses qu'elle prenait, s'était demandé un instant comment elle pouvait survivre en se nourrissant si peu. Mais lorsqu'il fut assis et eut regardé plus attentivement la... chose... qui se trouvait dans son assiette, il avait mieux compris la réserve de sa compagne.


Croyez-vous que cette créature puisse devenir comestible une fois noyée sous une sauce assez forte ?

Jetant un regard dubitatif au rectangle livide sur son lit vert, il avait fini par se décider à se lever et à aller chercher quelque chose susceptible d'améliorer un tant soit peu le goût qu'il subodorait infect.

Excusez-moi, je reviens de suite.
C'est bon, allez-y, je ne bouge pas.

Il s'absenta seulement quelques minutes. Pas plus de trois. Le temps de trouver où étaient sel, poivre et sauces, de se servir et de rafler au passage un ou deux sachets de sucre supplémentaires pour sa compagne de tablée et de revenir. Mais déjà, quelqu'un avait profité de son absence pour s'installer en face de Cavanaugh. De là où il était Frederick ne le voyait que de dos, mais l'intrus lui semblait étrangement familier... Il fronça les sourcils, contrarié. La présence d'un tiers rendait plus délicat d'évoquer une affaire en cours pendant le repas... A moins que la légiste n'estimât que l'on pouvait parler en toute confiance devant le-dit tiers.

S'approchant, il contourna la table et lança en matière de plaisanterie à Cavanaugh :


Quel succès ! Je vous quitte trois minutes, et me voici déjà remplacé. Ne seriez-vous pas un rien inconstante, docteur ?

Tournant la tête vers le troisième convive, prêt à faire preuve de bonne volonté et d'un semblant d'amabilité, il se figea. Assis en face de Cavanaugh se tenait la personne qu'il souhaitait le moins voir, aka son colocataire, Dr Jonathan Crane en personne. A cet instant, Frederick eut la confirmation qu'il devait être maudit. Prenant place, il se contenta d'un signe de tête poli mais glacial et reprit le dossier des mains de sa collaboratrice.

Il serait sans doute judicieux de remettre à plus tard cette étude, vous ne croyez pas ?
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MessageSujet: Re: Dinner for... three. (Abberline & Crane)   Dinner for... three. (Abberline & Crane) EmptyJeu 21 Jan 2010, 20:22

Jordan remarqua le léger regard jeté au plafond par son vis à vis. Ah, s'il espérait un moment de silence, il risquait d'être déçu, Jordan était décidée à s'occuper de ce dossier pendant le déjeuner, pour ensuite avoir peut-être une chance de rentrer chez elle à une heure normale et de compléter ce repas désastreux et, peut-être, grappiller une petite demi-heure de sommeil avant de reprendre le service le lendemain... en revanche, la définition de la nuit donnée par Crane, autant que le ton, aussi sérieux que celui d'un employé des pompes funèbres - et elle savait de quoi elle parlait - manquèrent de la faire éclater de rire. Elle se contenta cependant d'un sourire et répliqua du tac au tac :

Aaah, attendez, ça me dit quelque chose... Ce n'est pas le moment où il n'y a plus personne dans les couloirs et que la qualité du silence et du calme est décente ? Oh, mais je connais alors ! C'est mon moment favori de la journée...

D'aucuns pensent que travailler à l'IML signifie "calme". C'était faux. Entre les ambulances qui amenaient les cadavres, parfois à une cadence infernale, les allers-et-venues des policiers qui venaient chercher un rapport, une signature, un renseignement ou simplement regarder par-dessus votre épaule, les familles ou les amis qui venaient pour identifier tel ou tel cadavre, les crises de nerfs des-dites familles, ceux qu'il fallait retenir de se jeter contre la vitre qui séparaient les visiteurs des morts, ceux qui s'écroulaient et qu'on devait transporter à l'étage, ceux qui explosaient de colère et s'en prenaient à l'un ou l'autre des légistes, les rendant responsables du décès de leur proche, ceux avec qui il fallait composer pour avoir le droit de faire une autopsie - convictions religieuses, ou éthiques obligent - les grands pontes de la police qui venaient faire schtroumpfer le monde pour que telle ou telle affaire plus ou moins médiatique passe en priorité ou au contraire soit étouffée, les journalistes à virer à coups de pieds dans le train pour les empêcher de prendre en photo les corps et/ou les familles - certains n'avaient vraiment aucun respect et aucune pudeur ! - et un certain nombre d'autres joyeusetés, Jordan, en tant que désormais directrice du bureau du Médecin-légiste, et chef de l'institut, avait fort à faire et affaire à pas mal de monde dans une journée. Alors pouvoir bosser la nuit, quand plus personne n'était là pour lui pourrir la vie était un luxe qu'elle appréciait généralement à sa juste mesure.

Elle attrapa son café et en descendit une solide gorgée, avec le vain espoir que ce liquide brunâtre et insipide - qui, comme toujours, se refroidissait à une vitesse qui n'avait d'égale que la lenteur de la légiste à le boire - lui donnerait le coup de fouet nécessaire pour continuer sa journée sans risquer la syncope, quand Crane, avec une délicatesse digne de l'asocial qu'il était, lui fit remarquer que, l'un dans l'autre, sa tête actuelle ne valait guère mieux que celle de la défunte suédoise. Bon, au temps pour son ego, heureusement qu'il n'était pas trop développé sur ce sujet-là. Elle avala le café et répliqua :


Merci de m'avoir fait remarquer que mon état de décomposition avancée se voyait tant, j'irai faire un raccord maquillage après le déjeuner. Quant à la cantinière, je sais bien que ça ne peut pas être vous, puisque c'est moi qui l'ai poussée dans le plat... J'espérais que la créature la dévorerait et ferait disparaître le cadavre... Mais motus !

Et, ironique, elle reposa le gobelet pour se saisir du yaourt, qu'elle contempla d'un air désespéré en constatant que la date de péremption était largement dépassée.

Décidément, les responsables doivent avoir un accord caché avec les urgences... grommela-t-elle en reposant le yaourt incriminé et en se saisissant d'un morceau de pain. Quant à l'affaire en question, si vous aimez le morbide, vous allez être servi, sitôt que mon collègue sera là, parce que je n'ai pas l'intention de repousser l'analyse du dossier.

En parlant du loup... Abberline venait d'entrer dans son champ de vision et contournait la table en plaisantant. Jordan sourit :

Savez-vous que la jalousie ne fait pas partie des défauts que les femmes apprécient ? Et puis pourquoi chercherais-je à vous remplacer, pour une fois que c'est un bel homme qui m'invite à déjeuner !

La mimique qui accompagnait ses dernières paroles signifiait clairement à Abberline qu'elle plaisantait, et qu'elle ne cherchait pas à lui faire des avances. Mais si ses paroles le gênaient, il ne pourrait s'en prendre qu'à lui-même, il n'avait qu'à pas partir dans cette direction ! En revanche, elle ne put que constater le refroidissement soudain de l'atmosphère à la table quand Abberline avisa Crane. Allons bon. Elle avait oublié ce détail. Effectivement, à l'occasion d'une ou deux discussions avec Abberline, suite à l'ASN, celui-ci lui avait dit être en colocation avec Crane et que les relations entre eux étaient quelque peu problématiques. Il ne s'était pas étendu sur le sujet, mais elle avait cru comprendre que "problématique" était un euphémisme de mauvais aloi...

La légiste soupira. Elle ne pouvait plus qu'espérer que les deux hommes agiraient en adultes et éviteraient de faire un scandale dans le self bondé, Jordan ne se sentait pas la patience de gérer un conflit. D'ailleurs, la façon dont Abberline lui reprit le dossier l'agaça légèrement. Et cet agacement pointa un peu dans sa voix quand elle répondit :


Inspecteur, j'ai encore deux autopsies qui m'attendent, quatre séances d'identification avec tout ce que cela peut sous-entendre de gestion des ressources humaines, un océan de paperasse qui est en train de noyer mon bureau, et un stagiaire à qui passer un savon, tout ça avant la fin de la journée. Et accessoirement, j'aimerais avoir le temps de rentrer chez moi pour me changer avant de reprendre mon service - ce qui relève un peu de l'utopie, je sais. Donc sauf votre respect, j'aimerais que nous réglions au moins ce dossier dès à présent.
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MessageSujet: Re: Dinner for... three. (Abberline & Crane)   Dinner for... three. (Abberline & Crane) EmptyMar 26 Jan 2010, 06:55

Le manque de sommeil ne semblait pas avoir atténué le goût de Jordan pour les plaisanteries acerbes, loin de là même. Jonathan eut un rictus amusé à l'évocation du sort de la cantinière, reprenant par esprit de bravade une bouchée de la mixture qui avait épargné au monde de subir désormais la présence de cette dernière. Le yaourt qu'elle s'apprêtait à consommer, quant à lui, ne sembla pas trouver grâce à ses yeux, et un regard en coin en direction de l'étiquette lui apprit qu'il était périmé. Sérieusement, quel niveau de résignation a atteint l'esprit humain quand il ne parvient même plus à s'étonner de ce genre de fait ?

Il est des choses qui restent définitivement indigestes, même pour des créatures de l'espace …, soupira Jonathan, avec un mouvement de fourchette éloquent en direction des dits organismes verdâtres.

Il s'apprêtait à conclure sur son goût pour le morbide, lorsque la voix qui retentit soudain dans son dos manqua de faire tomber la portion d'épinard qui était établie en équilibre précaire sur sa fourchette, et il maudit son manque de self-control … Elle avait par-dessus tout des intonations quelque peu familières, et non dans le sens le plus agréable du terme – ce qui lui fut bien vite confirmé, lorsque l'invité surprise se révéla n'être nul autre que son colocataire, l'inspecteur Abberline en personne. Il eut l'espace d'un instant l'impression de se trouver dans l'une de ces stupides émission de caméra caché, lui faisant un instant envisager de vérifier s'il n'y avait pas un quelconque gadget dissimulé dans le pichet. Autant pour l'utilisation du terme "collègue" … si la légiste l'employait pour tous ceux qui tripotaient de près ou de loin le moindre bout de viande froide qui passait sous son scalpel, ne devrait-elle pas y inclure au passage les meurtriers eux-mêmes ? Il aurait été tenté de rajouter "et les cantinières", mais c'était sans compter l'aversion de la légiste pour tout ce qui ne relevait ni de la caféine ni du sucré dans ce lieu de perdition ...


Quel malheur …, conclut-il au mots d'Abberline en levant les yeux au ciel, en une moue dramatique volontairement exagérée. Moi qui savourais déjà l'éventualité d'entendre parler de mon dernier meurtre en date : une prostituée éventrée sur laquelle j'avais prélevé quelques organes. À moins qu'il n'y ait d'autres tueurs en ville ?

Évidemment, ce dernier s'était senti obligé de lui faire comprendre instantanément qu'il n'était pas le bienvenu – il eut un sourire narquois à cette observation. Au moins il ne perdait pas de temps en fausse sympathie – c'était l'un des rares points qu'il appréciât chez ce dernier. La plaisanterie avec laquelle il s'était introduit, cependant, l'avait un peu surpris de par son ton léger, presque de franche camaraderie. Il ne put s'empêcher de s'interroger sur la proximité "affective" des deux collègues. La réplique de Jordan, qui trahissait un agacement certain, quant à elle, refroidit l'expectation qui s'était déjà éveillé en lui de répondre à la pique qui ne manquerait pas de tomber en réponse à sa provocation. La façon dont il lui avait repris le dossier n'était certainement pas étrangère à la réaction de la légiste : si elle pouvait se montrer relativement aimable lorsqu'on ne lui cherchait pas de noises, il valait mieux ne pas froisser le tempérament de cette dernière.

Ce n'était pas tant qu'il craignait lui-même de froisser le dit tempérament, mais qu'il s'aperçut de l'impression que pouvait donner leur attitude d'un oeil extérieur à ce qui était devenue la routine, presque musicale, de leurs conflits. Il n'y avait que le bras tordu de Mc fate pour transformer en une infortunée seconde ce qui promettait d'être un repas passablement non-désagréable en match de rhétorique improvisé. En dans les circonstances actuelles, sa propre attitude lui apparaissait comme dangereusement puérile … Et sans aller jusqu'à dire qu'il tenait au semblant d'appréciation que la légiste semblait entretenir à son attention, il n'avait pas non plus envie de passer pour un gosse capricieux. Il rangea donc – momentanément – sa langue acerbe dans sa poche, et glissa du ton le plus modéré qu'il pouvait dans ces circonstances :


J'espérais seulement faire un repas tranquille sans gloussements et commentaires enthousiasmes sur le dernier acteur vampirique à la mode – et pas me battre avec vous, Abberline. Il soupira légèrement, presque malgré lui. Et j'ai déjà glané suffisamment d'anecdotes sordides lors de mon service à Gotham pour briller lors des repas de société sans avoir à trahir la confidentialité de vos affaires en cours, si c'est qui vous travaille.

Il se vengea d'un coup de couteau bien placé sur un morceau d'épinard particulièrement résistant, avant d'avaler la bouchée, et de mettre le plat de côté pour s'occuper de sa pomme et du thé, qui avait déjà dangereusement refroidi depuis son arrivée. Autant pour son appétit capricieux. Note pour l'avenir : ne jamais considérer qu'une journée s'annonce relativement bonne tant que minuit n'a pas encore sonné ...
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MessageSujet: Re: Dinner for... three. (Abberline & Crane)   Dinner for... three. (Abberline & Crane) EmptyMar 26 Jan 2010, 15:39

Une autre fois, Frederick aurait sans doute été extrêmement gêné du compliment direct dont Cavanaugh l'avait gratifié. Mais sa consternation et son déplaisir à voir leur table envahie par la seule personne qu'il aurait préféré ne pas voir de la journée étaient tels que c'est à peine s'il y prêta attention. D'autant que celui-ci, sautant sur l'occasion de le faire plus enrager encore, venait de faire une remarque que Frederick savait n'avoir rien d'innocent. Premièrement parce que "Dr Jonathan Crane" et "innocence" étaient à ses yeux deux termes parfaitement antinomiques ; et deuxièmement parce que l'allusion était trop évidente pour être fortuite. Sans parler de son expression. Abberline s'apprêtait à répliquer quelque chose sur son manque d'originalité - d'après ses renseignements, des dizaines de meurtriers s'étaient chargés d'imiter l'Eventreur - mais fut coupé par la réponse peu amène de la légiste.

C'est en entendant son ton que Frederick s'aperçut qu'il avait agi quelque peu en goujat en arrachant quasiment le dossier des mains de Cavanaugh. Cela le contraria encore plus, d'une part parce qu'il détestait faire preuve de mauvaise éducation, et d'autre part parce qu'il ne tenait pas à se mettre mal avec la légiste. Jordan Cavanaugh n'était pas le genre de personne qu'il est bon de froisser. Mieux valait faire profil bas et ravaler ses remarques, il serait toujours temps de régler ses comptes avec Crane plus tard, une fois qu'ils seraient rentrés. De plus, partir sur ce terrain pour le moins glissant, c'était risquer de se montrer d'une décourageante puérilité.

Frederick préféra donc se cantonner dans un silence prudent vis à vis de Crane, et ne fut pas tellement surpris de le voir adopter une ligne de conduite similaire en prononçant une petite tirade qui, a priori, enrayait toute velléité de concours rhétorique entre eux. Vraisemblablement, son colocataire avait dû suivre un raisonnement proche du sien et parvenir à la même conclusion... Il eut un hochement de tête.


Je ne suis pas non plus venu me battre. répondit-il simplement. Et rassurez-vous, je doute que vous ayez à supporter gloussements ou commentaires d'adolescentes surexcitées de notre part.

Se tournant vers Cavanaugh, il lui rendit le dossier en ajoutant :

Navré pour cet intermède, je ne voulais pas être impoli. Je ne vais pas vous faire perdre plus de temps, je vous écoute.
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MessageSujet: Re: Dinner for... three. (Abberline & Crane)   Dinner for... three. (Abberline & Crane) EmptyMar 26 Jan 2010, 18:25

Dieu merci - et hormis une référence à Jack l'Eventreur, visiblement dirigée contre Abberline et que Jordan ne saisit pas complètement - les deux hommes semblaient décidés à se comporter de façon responsable. Coupant court à toute éventualité de dérive, elle conclut :

Parfait, personne n'est donc là pour se battre, merveilleux. Nous pouvons commencer, maintenant ?

Tout en parlant, elle avait saisi le muffin et commençait à en détacher un morceau, un peu songeuse. Elle avait le désagréable sentiment d'être une mère qui aurait emmené ses deux gamins au restaurant et dont les-dits gamins auraient une furieuse envie de se bagarrer mais n'oseraient pas à cause de la présence de la mère... Pourquoi était-ce désagréable ? Parce que Jordan n'avait que cinq ans de plus qu'Abberline et huit de plus que Crane, et qu'elle avait toujours affirmé ne pas vouloir d'enfants.

Elle eut un soupir intérieur discret et repoussa le dossier, montrant ses mains occupées et maintenant tâchées de fruit en guise d'explication. Elle allait prendre une bouchée avant de commencer son rapport, quand son regard tomba sur le morceau de gâteau qu'elle tenait. Ces taches bleues qu'elle avait prises pour des morceaux de myrtilles... Elle eut une grimace de dégoût et lâcha le muffin moisissant avec un soupir excédé.


J'avais pourtant demandé un muffin, pas des champignons !!! C'est décidé, en redescendant, j'appelle les services de l'hygiène !

S'essuyant les mains avec énervement, elle songea que, décidément, ce déjeuner était encore plus catastrophique que prévu. Elle était bonne pour aller s'acheter quelque chose au distributeur plus tard. Non qu'elle se préoccupât particulièrement de son équilibre alimentaire, mais elle en avait décidément plein le dos de ne pas pouvoir faire ne serait-ce qu'un seul repas correct quand elle venait ici ! Ou même simplement avaler quelque chose de mangeable... Elle attrapa son café, en descendit un bon quart histoire de se caler - ou du moins de se donner l'illusion de s'être calée - et se tourna enfin vers Abberline.

Bien, je vais essayer de faire court. Après rassemblement des morceaux, prélèvements ADN etc. je me suis attaquée au puzzle. Elle désigna dans le dossier une photo. Comme vous le voyez, la moitié gauche du bassin est celle d'une femme, trente-cinq, quarante ans, souffrant d'ostéoporose précoce. Idem pour le tibia, la mâchoire et les doigts de la main gauche. Le crâne, en revanche, est celui d'un homme, noir, vingt, vingt-cinq ans. Voyez, la base du nez et l'arcade sourcilière. Après analyse rapide - l'ADN nous en dira plus - il semblerait que les côtes soient également celles d'un individu de sexe masculin, et l'autre moitié du bassin aussi, quoiqu'appartenant vraisemblablement à un adolescent. En définitive, nous avons non pas une, mais trois victimes... Elle désigna une autre photo. Si l'on écarte les dommages infligés aux restes par les rats, les vers et les corbeaux, on peut supposer que l'homme a été tué d'un coup derrière la tête, la fracture est très nette. On l'a frappé de haut en bas avec un objet contondant, aux bords assez nets pour ne pas écraser le crâne comme une coquille d'oeufs, mais au contraire le fendre proprement. Il faudrait envisager une lame ou quelque chose de tranchant. Pour les autres, sans le reste du corps, je ne peux pas me prononcer.

Elle se renversa, reprit son café, et le vida pour essayer d'apaiser les appels désespérés de son estomac, tout en ajoutant :

Quant au corbeau, je l'ai disséqué dans la foulée, ça n'a rien donné. A tout hasard, j'attends la toxicologie, si jamais il s'est empoisonné en les bouffant, on aura plus de chances de savoir ce qu'était le poison en passant par lui qu'en espérant un résultat des restes de chair...
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MessageSujet: Re: Dinner for... three. (Abberline & Crane)   Dinner for... three. (Abberline & Crane) EmptyLun 01 Fév 2010, 02:33

Abberline avait lâché l'affaire assez facilement, lui aussi, il eut l'élan de se demander si la légiste n'avait pas cachés quelques pouvoirs magiques. S'il grinça légèrement des dents face à la réplique au sarcasme assez évident de cette dernière, il préférait ne rien répliquer, sentait l'irritation transpirer d'elle en ondes presque palpables. Réaction somme toute démesurée, pour si peu … Il la regardait entamer son muffin d'un air un eu absent, lorsque la tirade de cette dernière le fit se concentrer plus avant sur les … myrtilles ? Champignons. Urk. Si en plus d'être immangeables, les plat faisaient fi de l'hygiène la plus élémentaire, ils allait finir par croire qu'ils se fournissaient dans une des poubelles de l'armée du salut ...

Les services d'hygiène ? Je suppose que l'endroit est devenu no man's land pour eux, depuis que le plus courageux d'entre eux est parti en dépression nerveuse après avoir eu la folie de seulement franchir le seuil de la cuisine ...


Irritation mise à part, il était somme toute assez surpris de voir que Jordan et Abberline avait suffisamment sympathisé pour prendre un déjeuner ensemble, même si le s'agissait de toute évidence sûrement que d'un déjeuner de travail. Il n'avait pas particulièrement eu l'occasion d'observer l'inspecteur ni froid ni irrité depuis la dégradation mystérieuse de leurs échange – oh, certes, on pouvait peut-être considérer le fait qu'il ait fouillé ses affaires comme éléments déclencheur, mais c'était chipoter. De toutes manières, inspecteur et criminel en stand-by, la cohabitation ne pouvait être qu'explosive. N'empêche qu'il était somme toute curieux de savoir de quoi ils pouvaient bien discuter, en dehors des affaires en cours. Affaires en cours qui constituaient indéniablement la substance du repas du jour. Si l'évocation des cadavres en kit était effectivement loin de lui couper l'appétit, la mention des désagréables volatiles était déjà bien moins appréciable à ses oreilles.

Comptez sur ces satanés bestioles pour mettre en pièces tout ce qui aura eu le malheur de se trouver à leur portée, marmonna-t-il presque pour lui-même, avec un reniflement de mépris.

Tout en reprenant sa pomme, il laissa son regard glisser sur le plateau de la légiste en face de lui. Naufrage de yaourt et de muffin et les miettes du morceau de pain qu'elle avait consommé. Elle semblait bel et bien partie pour ne manger que ça. Ce qui était somme toute relativement stupide : ayant payé le repas, elle pouvait allègrement ramener le muffins moisi et le yaourt périmé au personnel de cantine, pour se les faire échanger, et, si elle savait suffisamment doser sa voix pour que les "clients" d'à côté risque d'entendre ce qui se tramait, repartir avec un café gratuit. Mais apparemment, la légiste avait d'autres plans. Il posa sa pomme sur le plateau de cette dernière, accompagnant le son étouffé que fit le fruit en touchant le plastique d'un discret soupir irrité. Sans faire plus ample commentaire, histoire d'éviter d'attirer l'attention de l'inspecteur par-dessus le marché.

Reprenant l'assiette qu'il avait écarté, il se tut jusqu'à la fin la fin du récit de la légiste, se passant d'intervenir étant donné que l'affaire ne le concernait pas, mais en profitant son saoul de la description des évènements. Tout à fait charmant ... Toute irritation mise à part, il reconnaissait maintenant la chance que lui offrait ce repas. Non seulement l'affaire était définitivement plus intrigante à ses yeux que les dernières sorties cinéma de la semaine, mais elle avait l'avantage de lui en apprendre un peu plus sur le fonctionnement de la police au sein de cette ville. Il n'avait pas encore vraiment pris sa décision quant à l'endroit où il s'établirait, une fois "blanchi" judiciairement. S'il avait à la base l'intention de s'installer dans une grande ville où personne ne le connaîtrait, il commençait à envisager sérieusement de s'installer ici sur un plan plus ou moins définitif. Après tout, s'il se débarrassait de Lüger -et plus le temps passait, plus cette perspective lui apparaissait comme une évidence – ne resterait a priori plus grand-monde pour contrarier ses projets. Sauf l'inspecteur Abberline, peut-être – mais il serait probablement reparti d'ici là, et si ce n'était pas le cas, et bien, disons que cela lui ferait au moins un adversaire distrayant avec le quel s'amuser. En tous les cas, les renseignements qu'ils pourrait glaner étaient toujours bon à prendre ...
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MessageSujet: Re: Dinner for... three. (Abberline & Crane)   Dinner for... three. (Abberline & Crane) EmptyLun 01 Fév 2010, 22:56

L'agressivité inhabituelle de la légiste fit légèrement tiquer Frederick. A son époque, aucune femme ne se serait permis de parler aussi ouvertement et aussi brutalement à un homme, quand bien même l'homme eût été son cadet, comme c'était - censément - le cas ici. Même des femmes qui n'avaient pas leur langue dans leur réticule - et son esprit lui représenta brièvement Mary Kelly - gardaient une certaine retenue quand elles parlaient à un homme. Sauf dans certains cas, mais mieux valait ne pas y songer.

Mais d'un autre côté, pour avoir déjà discuté à ce sujet avec Cavanaugh, il avait rapidement compris que celle-ci se considérait à peine comme une femme. Hormis dans quelques rares cas, elle semblait mettre un point d'honneur à illustrer l'androgynité de son prénom. Sans doute le fait d'avoir été élevée par son seul père depuis l'âge de dix ans - elle n'en faisait pas mystère - avait dû beaucoup jouer. Et Frederick savait qu'elle avait toutes les raisons du monde d'être mécontente de se trouver là, un jour où elle n'était pas censée travailler, à subir une journée catastrophique du début à la fin. Elle ne devait pas avoir particulièrement envie de servir d'arbitre dans une bataille verbale improvisée.

Il choisit donc de ne pas se formaliser et commençait à feuilleter les diverses photographies et les rapports, quand il l'entendit pester contre la cantine. Posant les yeux sur le muffin qu'elle avait lâché avec dégoût, il put constater que celui-ci avait depuis longtemps cessé d'être apte à la consommation. Tout comme visiblement le yoghourt qu'elle avait abandonné sur un coin du plateau. Ce qui signifiait qu'hormis son café et un morceau de pain, Cavanaugh n'avait rien avalé. Frederick vérifia machinalement son propre plateau à la recherche d'un éventuel dédommagement à offrir à sa collègue, mais ne trouva rien. Pas même un deuxième café. Il se promettait déjà de lui payer quelque chose au distributeur quand ils sortiraient, quand son regard fut attiré par un léger mouvement de son colocataire...

L'espace d'un instant, Abberline se demanda s'il n'avait pas rêvé. Incrédule, il regardait la pomme posée sur le plateau de la légiste. Il n'avait pourtant pas pris de substances bizarres, ce matin-là... et n'était pas non plus en manque... Sa flasque était restée bien sagement dans la poche de son manteau... Ses cigarettes ne contenaient que du tabac... et a priori il ne s'agissait pas d'une vision... Donc... comme le disait un grand détective de son époque,
"Lorsqu’on a écarté toutes les hypothèses impossibles, ce qui reste, aussi improbable soit-il, ne peut être que la pure vérité." Traduction : il n'avait pas rêvé. Crane - Jonathan Crane - venait bel et bien de donner son propre dessert à Cavanaugh.

Bien. De deux choses l'une à présent. Soit Frederick avait manqué un épisode du feuilleton - voire même tout un volume de la saga - soit... Crane avait quelque chose derrière la tête, voire même avait empoisonné le fruit. Frederick ne savait pas comment il aurait pu le faire, mais il était sûr d'une chose, si quelqu'un en était capable, c'était bien Crane.

C'est à cet instant qu'il prit conscience que Cavanaugh lui parlait. Se reconcentrant sur ce qu'elle disait, il put rapidement reconstituer la teneur de son discours en parcourant en diagonale le rapport d'autopsie et en observant les photographies qu'elle lui désignait. Sourcils froncés, concentré, il écoutait attentivement désormais les informations que lui donnait la légiste. En quelques mois, il avait pu se documenter et se familiariser avec les nouvelles techniques d'investigation, à défaut de savoir s'en servir, ce qui lui permettait d'avoir une vague idée de ce qu'elle lui disait. Dieu merci, Cavanaugh était apparemment habituée à gérer quelqu'un de rétif à la technologie, ce qui lui évitait de se sentir trop ridicule quand il devait demander une précision ou une explication.


Pour l'ADN, j'ai cru comprendre qu'il faudrait au moins quarante-huit heures, n'est-ce pas ? Mais la toxicologie ?

Il reprit conscience de la présence de Crane quand il entendit celui-ci marmonner quelque chose au sujet des corbeaux. Frederick nota mentalement cette réflexion. C'était la deuxième fois que le psychologue réagissait à l'évocation de ces charognards. La première fois remontait à leur première - et houleuse - discussion, le jour de leur emménagement. Cette première fois d'ailleurs avait été quasiment imperceptible, et aurait échappé à toute personne moins rompue que lui à la recherches du détail. Le Britannique n'avait pas cherché à creuser la question, n'y ayant pas prêté extrêmement attention sur le coup, mais se promit d'y songer à l'avenir...

D'un point de vue strictement rationnel, cependant, il avait raison. Poursuivant machinalement le raisonnement, Abberline reprit :


Pour une fois, je suis d'accord. De plus, les corbeaux, comme la plupart des charognards, agissent généralement en bandes. S'il y a eu empoisonnement, pourquoi n'a-t-on retrouvé qu'un seul corbeau mort ? Il y aurait dû y en avoir plusieurs, vous ne croyez pas ?
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MessageSujet: Re: Dinner for... three. (Abberline & Crane)   Dinner for... three. (Abberline & Crane) EmptyMar 02 Fév 2010, 02:38

Plongée dans son dossier, concentrée sur ce qu'elle disait, Jordan en arrivait à faire abstraction de tout le reste. Elle voulait en finir au plus vite, quitter la cantine, boucler ce qu'elle avait à faire... et tout ça sans tomber dans les pommes faute d'avoir mangé et dormi assez. Utopique ? Noooooon! Mais ambitieux, Miss Cavanaugh. Peut-être trop ambitieux. Vous avez toujours eu cette fâcheuse tendance à avoir les yeux plus gros que le ventre en ce qui concerne votre travail, mademoiselle. ça vous perdra un jour...

Pourquoi cette phrase d'un lointain enseignant venait-elle faire un tour dans sa tête juste à ce moment précis ? Elle secoua la tête et tendit une main distraite pour saisir le pichet d'eau et se servir un verre, tout en répondant à la question d'Abberline, sans avoir remarqué son blocage de quelques secondes :


La toxicologie, je devrais avoir ça dans l'après midi, je vous en ferai porter une copie dans la foulée. L'ADN, comme j'ai sonné les cloches du laborantin, on devrait avoir ça dans un délai de trente-six heures.

Ses doigts se refermèrent enfin sur l'anse du broc, qu'elle souleva légèrement... Bon, il était plein, une chance. Elle baissa les yeux à la recherche de son verre, son regard balayant le plateau, et commença à demander :

Je sers quelqu'...

Elle n'acheva pas sa phrase, effectuant un double check digne des Marx brothers. Vous savez ? quand l'acteur aperçoit quelque chose, passe sans faire attention et immédiatement se retourne pour fixer le quelque chose en question d'un air ahuri... En l'occurrence, ce qui valait cette performance comique inhabituelle était la pomme déposée sur le coin de son plateau. Jordan prit un instant le temps de réfléchir... non, elle n'avait pas pris de pomme... Abberline non plus, donc a priori, ce n'était pas une erreur de plateau... on n'était pas encore à Noël, donc ce n'était pas le père Noël, et de toutes façons, c'était des oranges qu'il apportait, pas des pommes... Alors... ? Nooon... Noooooon... Si ? Ah bon. A l'expression de surprise incrédule qui était peinte sur ses traits succéda un sourire reconnaissant, quoiqu'un peu gêné. Elle chercha rapidement à croiser le regard de Crane, question muette demandant confirmation, pour ne pas commettre un impair. N'y parvenant pas, elle finit par en prendre son parti et prit le fruit dans sa main libre, achevant sa phrase :

Je sers quelqu'un ?

Remplissant les verres qu'on lui tendait, elle croqua une bouchée de la pomme, écoutant la remarque marmonnée par Crane et acquiesça. Effectivement, les corbeaux ne faisaient pas dans le détail quand ils s'attaquaient à une carcasse. En revanche, elle manqua de s'étouffer en entendant Abberline annoncer pour la première fois depuis qu'elle l'entendait parler de ses rapports avec son colocataire... qu'il était d'accord avec ce dernier. Elle attrapa son verre et prit une solide gorgée pour faire passer la bouchée qui avait décidé de bloquer son oesophage, et dut prendre quelques instants pour retrouver son souffle avant de répondre.

*cough* Désolée... *cough* Pour vous répondre, je suis légiste, anatomiste et pathologiste, pas zoologiste. Ce n'est pas parce qu'on m'a traité de corbeau pendant des années que je suis la mieux placée pour comprendre comment fonctionnent ces piafs. Je suppose qu'en théorie, vous avez raison, à moins que celui-ci ne se soit plus goinfré que les autres et n'ait fait une overdose. C'est aussi une possibilité. Ou alors il a avalé quelque chose qui se trouve encore dans son gésier et que je n'ai pas vu, ça peut se faire aussi. Je referai une dissection tout à l'heure. Elle eut un sourire ironique. Le gag serait que j'y retrouve une balle... ou une alliance. Deux éléments qui nous feraient sacrément avancer ! Enfin... on peut toujours rêver ! conclut-elle avant de recroquer à belles dents dans la pomme avec un sourire.
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MessageSujet: Re: Dinner for... three. (Abberline & Crane)   Dinner for... three. (Abberline & Crane) EmptyLun 15 Fév 2010, 23:45

Jonathan avait repris la lecture de L'Art de la Guerre, accordant de temps à autres le droit à une bouchée de désastre vert-blanc la permission de franchir le seuil de ses lèvres. Il avait bel et bien remarqué la réaction de Jordan ainsi que le léger silence d'Abberline lorsqu'il avait posé. Diantre. Ce n'était qu'une pomme après tout. Ce n'est pas comme s'il lui avait offert une bague et proposé de l'épouser. Réprimant un frisson à cette idée, il avait donc jugé plus sûr d'adopter, du moins pour le moment, une situation de semi-repli stratégique, laissant son regard cheminer entre le livre et la tablée. Avait-il rêvé, ou Abberline ne venait-il pas d'affirmer qu'il était d'accord avec lui ? Il ne put retenir un haussement de sourcils quelque peu surpris à cette affirmation, ravi que l'excuse de sa lecture lui permette de faire semblant qu'il n'avait pas remarqué le blocage de Jordan. Plus ça allait, plus ce repas tenait de la science-fiction ....

Le rythme familier des mots qu'il avait déjà lus une ou deux fois auparavant ne l'empêchait pas de suivre la conversation qui se tenait à la table entre Jordan et l'inspecteur Abberline, en dessinant le rythme tout en lui dispensant d'y participer, ce qu'il appréciait doublement compte-tenu du sujet vers lequel s'orientait la conversation.« Ce n'est pas parce qu'on m'a traité de corbeau pendant des années que je suis la mieux placée pour comprendre comment fonctionnent ces piafs. » S'il avait déjà entendu parler des alléas de sa scolarité de la bouche de cet dernière, cet élément-là était définitivement un détail qu'il ignorait. Il aurait rit audiblement à l'ironie d'une telle affirmation si l'acte n'avait pas risqué de s'attirer un questionnement auquel il n'avait pas envie de répondre. Mais si lui avait été traité d'épouvantail tout au long de sa scolarité, à défaut d'être incollable sur les hommes de paille il en savait néanmoins un rayon sur les volatiles en question. Mettez ça sur le compte des jours passés à consulter des ouvrages d'ornithologie, après l'échec de sa tentative pour faire disparaître le cancrelat éborgné de son existence, pour s'assurer - mêlé d'une sorte de fascination morbide plus persistente qu'il n'aurait voulu le reconnaître pour les ailes noires qui avaient hanté les ombres de son enfance.

Sa fréquentation de la cantine lui ayant appris une vérité élémentaire, qui était que la nourriture semblait légèrement plus mangeable lorsqu'on ne voyait pas ce qu'on avalait, c'est donc le regard encore fixé aux lignes qu'il avait devant les yeux - "... jamais dans de petites actions que vous ne soyez sûr qu'elles tourneront à votre avantage, et encore ne le faites point si vous n'y êtes comme forcé, mais surtout gardez-vous bien de vous engager à une action générale si vous n'êtes comme assuré d'une victoire complète" - qu'il intervint d'une voix presque machinale.

Les corneilles vivent en groupe. Le corvus corax -corbeau commun ne le fait que plus jeune, les adultes vivent en couple, chaque couple défendant son propre territoire . Ils ne vivent en groupe que près des lieux où la nourriture est abondante, près des décharges par exemple - *Ou lorsqu'on les habitue à se regrouper en un point particulier à coups de phéromones, par exemple*, ajouta-t-il en lui-même avec une moue de dégout. Tout ça pour dire qu'il peut s'agir d'un des deux membres de ce couple, qui a eu le temps de se nourrir suffisamment pour en mourir avant qu'un groupe de plus jeune n'ait été attiré dans son territoire par le buffet gratuit. Enfin, ce n'est qu'une hypothèse. D'ailleurs, les plus jeunes ont l'habitude de voler les objets brillants, alors si vous souhaitez retrouver une balle où une bague, vous feriez mieux de ratisser les endroits où il se regroupent.

Le bout de sa fourchette de planta dans sa serviette en papier, assez loin probablement de l'assiette qu'il visait. Bah, peu importe, il n'avait plus particulièrement faim, conclut-il en la posant contre son assiette. Il détacha enfin son regard des lignes qu'il avait sous les yeux -"n'oubliez pas d'entretenir des intelligences secrètes avec les ministres étrangers, et soyez toujours instruit des desseins que peuvent avoir les princes alliés ou tributaires" - pour le laisser revenir sur ses deux voisins de table. Au moins Jordan avait-elle décidé de faire bon usage de cette stupide pomme.

Si jamais ça vous est utile, vous me confierez le bilan psy du coupable si vous mettez la main sur ce dernier ?
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MessageSujet: Re: Dinner for... three. (Abberline & Crane)   Dinner for... three. (Abberline & Crane) EmptyMer 24 Fév 2010, 15:39

Frederick, après avoir pris une bouchée distraite de l'horreur sub-humanoïde qui se trouvait dans son assiette, avait rapidement abandonné l'idée même d'en faire son déjeuner. Non qu'il fût des plus délicats vis à vis de la nourriture - loin s'en fallait même - mais il y avait des limites, tout de même ! Il repoussa donc le plateau sur le côté et reprit le dossier qu'il parcourait des yeux tandis que Jordan parlait. La toxicologie dans l'après-midi, c'était une bonne chose, qui leur permettrait d'avancer plus rapidement. De toutes façons, il faudrait qu'il reparte sur les lieux avec une équipe de la scientifique. Ils avaient dû passer à côté de quelque chose, ce n'était pas possible autrement... L'ADN, il s'en passerait le temps nécessaire, de toutes façons, cette technique le dépassait.

Il releva les yeux sur Jordan quand celle-ci s'étouffa à moitié, mais elle sut se débrouiller seule pour retrouver son souffle. Il eut un sourire et songea que la pauvre devait aller de surprise en surprise depuis tout à l'heure. Elle devait sans doute se demander si elle n'hallucinait pas...


Ne vous étranglez pas, ça n'en vaut pas la peine... lâcha-t-il machinalement avant de rebaisser les yeux sur le rapport d'autopsie.

Ce fut pour les relever quasiment immédiatement pour l'écouter. Sa petite phrase, quoique teintée d'ironie, sonna étrangement à ses oreilles. Observant la légiste, il chercha à se la représenter enfant, essayant d'imaginer ce qui avait pu lui valoir ce surnom peu avantageux - car il était évident que celui-ci ne datait pas de la veille. Mais à part sa crinière noire et indisciplinée, il ne parvenait pas à trouver. Cependant, quelque chose lui donnait à penser que ce n'était là qu'un détail parmi ce qu'elle avait dû entendre. Frederick se demanda l'espace d'un instant si les écoles de filles étaient aussi dures que les écoles de garçons pour ceux qui étaient "en marge", comme il imaginait volontiers que Cavanaugh avait été.

Mais il ne s'appesantit pas sur la question car déjà la légiste enchaînait. Il s'apprêtait à répondre et à poser une question, quand son colocataire intervint, corrigeant ce qu'il avait dit précédemment. Passée la première irritation d'avoir été interrompu, et d'être de surcroît repris, Frederick prêta une oreille attentive aux explications de Crane. S'il passait outre le fait que celui-ci était quasiment en train de lui dire comment faire son travail - ce qui était loin d'être agréable - il devait reconnaître qu'il soulevait des points intéressants, d'une part, et des pistes de réflexion et d'investigation valables d'autre part. Et même si, par acquis de conscience, Frederick irait revérifier ses affirmations, quelque chose - une petite voix à laquelle il aurait volontiers cloué le bec - lui soufflait que Crane ne parlait pas à la légère et savait ce qu'il disait. Ce qui agaçait l'Anglais au plus haut point. Il ne put s'empêcher de lâcher une petite mesquinerie, tout en sachant qu'il la regretterait sitôt prononcée :


Navré, mes connaissances ornithologiques sont extrêmement limitées, et les seuls corbeaux que j'aie jamais approchés sont ceux de la Tour de Londres. Vous, en revanche, semblez avoir une connaissance approfondie de la question...

Voilà, c'était lâché. C'était petit, c'était indigne, mais bon Dieu, que ça faisait du bien ! Et peu importait que Crane répliquât, Frederick était prêt à l'accueillir comme il se devait. Par devers lui, il se promit d'aller à l'occasion faire une petite visite dans la chambre de son colocataire - rendre, en somme, celle que celui-ci avait fait dans la sienne et qu'il n'avait toujours pas digérée. Ce serait de bonne guerre, même s'il doutait que Crane le prendrait ainsi.

Et en plus, il demandait à être chargé de l'analyse psychologique ! Le premier mouvement de Frederick aurait certainement été de refuser, mais une pensée lui traversa l'esprit. Celui qui avait fait ça avait tué - avait massacré - une femme et un enfant et avait découpé les corps. A son époque, la sentence eût été la peine de mort. Où, si la peine avait été commuée, nul doute que certains des autres prisonniers se seraient fait une joie de rectifier le tir. Alors pourquoi ne pas confier à Crane un esprit certainement déjà pas mal perturbé, afin qu'il finisse de le broyer ? Au moins, après un petit tour entre les mains du psychologue, il risquait fort de ne plus être capable de grand chose. A cette pensée, l'Anglais eut une esquisse de sourire carnassier, vite disparue. Il haussa les épaules.


Personnellement, je ne vois pas de contre-indication. Cavanaugh ?
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MessageSujet: Re: Dinner for... three. (Abberline & Crane)   Dinner for... three. (Abberline & Crane) EmptyDim 28 Fév 2010, 19:21

L'espace d'un instant, Jordan décrocha de la conversation, de l'affaire même. Elle eut une courte absence, un blanc. Une sorte de parenthèse presque imperceptible pendant laquelle son cerveau se mit en stand-by. Ce n'était même pas qu'elle pensait à autre chose : elle ne pensait plus. Cela lui arrivait parfois, surtout quand elle était vraiment fatiguée. Séquelle sans trop de gravité de son opération, quelques années auparavant. Le regard dans le vide, le visage neutre, le menton sur le dos de la main gauche, la droite, qui tenait la pomme, appuyée contre la joue, elle paraissait rêver.

Cela ne dura que quelques dixièmes de seconde. La voix de Crane, machinale et détachée, ré-enclancha la mécanique. De nouveau concentrée, Jordan reposa le fruit sur son plateau et croisa ses mains sous son menton, écoutant attentivement les explications - inattendues - données par le psychologue. Elle était impressionnée. Elle le reconnaissait sans peine. Et si c'avait été dans sa nature, elle aurait même été un peu jalouse : sortie de son domaine de compétence et de quelques passions datant de son adolescence et qu'elle avait suffisamment cultivées à l'époque pour qu'il lui en reste quelque chose à l'âge adulte, Jordan se disait volontiers d'une inculture crasse. Elle admirait sans retenue les gens qui, comme Crane semblait l'être, étaient capable de retenir des informations sur à peu près tous les sujets et de les restituer au moment le plus opportun. A la fin de sa démonstration, elle laissa échapper un sifflement admiratif.


Waw. Alors là... Je suis soufflée.

Sa voix trahissait une réelle admiration. Par-devers elle, elle songea qu'entre ces deux-là, elle faisait pâle figure... Pour un peu, elle en aurait honte... Un jour, quand elle aurait un peu de temps à elle, il faudrait qu'elle aille se barricader à la bibliothèque histoire de relever un minimum son propre niveau.

L'intervention d'Abberline la coupa dans son élan. Allons bon. Visiblement, il y avait entre ces deux-là échange de private jokes acides agrémentées de sauce piquante. Et justement parce qu'il s'agissait de private jokes, elle se sentait un peu laissée sur le quai. Avec un rictus à la limite entre la vexation et l'ironie, elle murmura :


Euh, si je dérange, vous me le dites, hein...

La question de Crane la surprit un peu. Elle n'aurait pas imaginé qu'il prendrait de l'intérêt à ce cas. D'un autre côté, à la réflexion, il devait certainement présenter plus d'intérêt pour l'ancien responsable d'asile qu'il était que les cas de TS ou de pseudo dépressions qu'il devait rencontrer à l'hôpital... Elle eut un sourire.

Techniquement, je n'ai pas mon mot à dire : je ne suis qu'un rouage de la machine, c'est vous qui dirigez les opérations, inspecteur. Après, si c'est mon avis que vous voulez, je vote pour à 100%. L'avis d'un spécialiste est toujours plus qu'appréciable, et puisque vous (elle s'était tournée vers Crane) connaissez déjà le dossier... Bien sûr, pour cela, il faut déjà qu'on mette la main sur lui, et pour ça une enquête plus poussée serait nécessaire.
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MessageSujet: Re: Dinner for... three. (Abberline & Crane)   Dinner for... three. (Abberline & Crane) EmptyMer 24 Mar 2010, 01:43

S'il y avait bien une chose à laquelle Jonathan ne s'était pas attendu, c'était bien à une exclamation de la part de quelqu'un d'aussi mesuré que Jordan. D'autant que question connaissance cachées, il soupçonnait que cette dernière ne soit pas en reste ... D'où la confusion quand à ce genre de ..."débordements". Il l'accueillit de prime abord avec un regard dubitatif, il semblait que cette dernière était bel et bien sincère … En bref, il ne savait trop quoi en penser. Avec le sentiment que ce repas ne cessait d'être plus incongru et incompréhensible d'une seconde à l'autre, Jonathan dissimula son hésitation d'une ou deux secondes derrière un raclement de gorge soigné.

Rien de bien impressionnant : des années isolé de tout "ilot" urbain forcent nécessairement à apprendre un tas de choses plus ou moins inutiles.

Il allait ajouter autre chose, quand les mots d'Abberline le firent s'interrompre sur le champ – lui faisant regretter au passage d'avoir laissé glisser une nouvelle référence à la période Géorgienne dans la conversation. Pris dans l'échange, il avait fait l'erreur de presque oublier ce dernier. Il avait repris pour une fois ce dernier sans y penser, plus par automatisme que par mesquinerie – et il avait, sur le coup, relevé la tête avec une expression d'incrédulité presque naïve. Chose pour laquelle il s'infligea une copieuse baffe mentale. Touché. Oh non, il s'était un peu trop détendu au cours de la conversation – chose à laquelle il soupçonnait le naturel de Jordan de ne pas y être étranger - et il se rembrunit aussitôt pour remédier à cet état de fait. Certes, c'était probablement de bonne guerre, que ce soit après leurs précédentes incartades, si bien que parce qu'il avait eu l'affront de faire ressortir la stupidité de sa remarque des plus inutiles en . Mais après tout, il n'avait qu'à de prime abord faire son travail correctement, ou bien se contenter, comme les autres policiers incompétents, de constater qu'il ne s'agissait pas de son domaine de compétence en savourant un délicieux beignet. Certes, en l'occurrence, le beignet était plus dans les habitudes de Jordan que dans celles d'Abberline, mais l'idée était la même. Jonathan esquissa brièvement le sourire expectatif du serpent prêt à mordre. Si Abberline décidait de jouer la carte du terrain personnel, il allait le trouver. Et pas qu'un peu, encore ...

Chacun ses domaines de compétences, je suppose … Je ne manquerai pas de quérir vos connaissances la prochaine fois où j'aurai besoin d'un conseil pour abréger ma vie conjugale ou en dégustation d'opium, soyez-en sûr.

Il s'apprêtait à rajouter quelque chose, mais se ravisa. Il en avait déjà probablement suffisamment montré à Abberline pour lui prouver qu'il avait touché juste, et cette idée le hérissait. Il n'aurait même pas dû avoir à en arriver jusque là, d'ailleurs. C'était la première fois que ce dernier faisait mouche en un point strictement personnel … et qu'il soit maudit s'il avait l'imprudence de le laisser aller plus avant sur ce terrain. L'idée qu'il ait déjà laisser glisser suffisamment d'éléments pour le mener jusque là le hérissait déjà, au point d'envisager sérieusement de mettre un terme au problème Abberline s'il venait à se faire trop … "intrusif". Il se contenta donc, pour toute conclusion, de "tsser" brièvement avant de retourner aux pages de son livre - qu'il n'allait probablement pas tarder à finir d'ailleurs, vu la taille de ce dernier. Sage décision, si l'on en croyait la remarque de Jordan, auquel il ne répondit que par un haussement d'épaules peu concerné. Après tout, cette fois-ci il n'était pas celui qui avait commencé.

La réponse de l'inspecteur à sa demande – qu'il avait formulé sans grande illusion quand à la réaction de ce dernier, le surprit en revanche suffisamment pour qu'il lève un instant les yeux de son ouvrage – croisant brièvement son regard – et l'éclat particulier du sourire de ce dernier, si fugitif qu'il fut, le fit ricaner doucement en son fort intérieur. Oh, il voyait où ce dernier voulait en venir - et pour une fois, c'est un service qu'il ne lui refuserait pas. Sa rivalité avec l'inspecteur ne valait pas de manquer une perspective aussi intéressante que l'opportunité d'avoir un joujou un peu plus intéressant et instructif que ce que lui offrait le quotidien de l'hôpital. Après le temps qu'il avait passé des deux côtés des barreaux d'Arkham, la plupart de ses cas actuels lui laissaient le goût d'un repas de régime, et un peu de changement serait le bienvenu. De nouveau dans ses pensées, il ne remarqua pas tout de suite la confirmation de Jordan, qu'il remercia d'un léger signe de tête.


Je suppose que le problème est réglé alors, posa-t-il assez sèchement.
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MessageSujet: Re: Dinner for... three. (Abberline & Crane)   Dinner for... three. (Abberline & Crane) EmptyMer 24 Mar 2010, 15:08

L'enthousiasme presque adolescent de Jordan tira au britannique un demi-sourire indulgent. La légiste avait une fâcheuse tendance à sous-estimer ses propres capacités et connaissances et à légèrement surestimer celles des autres. Sauf évidemment quand il s'agissait de son travail. En tant que médecin légiste, elle connaissait exactement sa valeur et n'avait aucune hésitation. Il était plus que vraisemblable qu'elle eût, par-devers elle, des connaissances éclectiques et sans doute aussi inattendues et pointues que celles dont Crane venait de faire preuve, mais elle le nierait sans doute jusqu'à être placée au pied du mur - et même là trouverait-elle sans doute encore le moyen de minimiser sa valeur. Il était presque affolant de constater à quel point elle pouvait manquer de confiance en elle-même et de self-estime...

Il nota mentalement et machinalement que Crane avait grandi, selon ses propres termes, "isolé" du milieu urbain. Probablement était-il, comme lui-même, originaire d'une petite ville, voire d'un village à distance respectable de la grande ville la plus proche. Jordan, il le savait, était née et avait grandi dans un quartier relativement tranquille de la banlieue de Boston, avant de déménager pour le coeur de la ville et, plus tard, Los Angeles avant de revenir à Boston. Elle était donc la seule à avoir toujours vécu "en ville".

La réplique mordante de Crane l'atteignit de plein fouet. Le premier réflexe de sa raison fut de lui siffler à l'oreille qu'il aurait mieux fait de se taire. Mais le mal était fait, et Crane était en train de l'attaquer sur un terrain des plus personnels. Frederick eut un rictus. Son tir à l'aveugle avait fait mouche, et plutôt deux fois qu'une. La réaction de Crane en était la meilleure preuve. Seulement Crane avait un avantage sur lui : il possédait des éléments sur lui, tandis que Frederick devait pour l'heure se contenter de spéculations. Hargneux, il lâcha froidement :


Vous évoquez une hypothèse qui n'a pas lieu d'être. Il est aussi improbable que vous trouviez jamais femme assez suicidaire pour accepter d'être votre compagne que vous ne puissiez comprendre certaines choses qui dépassent votre entendement borné de scientifique obtus.

Il n'entendit pas la remarque de Jordan. Ou plutôt, il l'entendit, mais ne l'enregistra pas. Les lèvres pincées, il observait son adversaire, désormais retranché derrière les pages de son ouvrage. Quelque part, son inconscient lui soufflait qu'il venait de dépasser des bornes, de réagir en gamin en colère et non en adulte. Décidément, Crane avait le don de le faire régresser... Il regrettait déjà d'avoir accepté sa proposition, et si un instinct de prudence quasi-élémentaire ne l'avait retenu, il aurait rebondi sur la première partie de la réponse de Jordan, qui venait de faire remarquer que techniquement, son avis ne comptait pas. Il se contenta de se retrancher à son tour dans le dossier. Trop énervé encore pour regretter ses paroles, mais déjà suffisamment calmé pour sentir qu'il venait de déclencher quelque chose...
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MessageSujet: Re: Dinner for... three. (Abberline & Crane)   Dinner for... three. (Abberline & Crane) EmptyMer 24 Mar 2010, 15:32

L'espace d'un court instant, Jordan avait eu le sentiment que l'ambiance à la table s'était légèrement détendue. Prudente, elle n'osait pas encore s'en réjouir. Mais elle s'était surprise à espérer que le reste du repas se passerait sans heurts. Elle avait apprécié que Crane lâchât une information sur lui-même, quand bien même ce n'était qu'une information mineure.

Mais la détente n'avait pas duré longtemps. Elle aurait dû s'en douter, d'ailleurs. Visiblement, Abberline avait touché un point sensible chez son interlocuteur, à en croire la répartie de celui-ci. Et si Jordan n'avait jusqu'alors pas vraiment saisi tout le sel des attaques, cette dernière, en revanche, elle était à même de la comprendre, ayant appris de la bouche d'Abberline lui-même qu'il était veuf et qu'il avait perdu son fils à la naissance. La référence à l'opium, cela dit, la laissait perplexe.

Elle espéra encore un instant qu'Abberline, mobilisant ce légendaire flegme britannique qui était sa marque de fabrique, ne répliquerait pas et que la tablée ne virerait pas au champ de duel verbal... mais dut vite déchanter. Et face à la mesquinerie de l'attaque, Jordan demeura interdite. Cela ressemblait tellement peu à l'homme avec lequel elle avait l'habitude de travailler, posé, correct en toutes circonstances, parfait gentleman... Et l'insulte finale touchait également la légiste de manière indirecte, puisqu'après tout, elle aussi était une "scientifique obtus(e)" !

Posément, en silence, Jordan se releva, ramassa son sac qu'elle ajusta sur son épaule, y glissa
Le Procès, qui avait sagement assisté à toute la scène depuis un coin de son plateau, et, prenant son plateau, quitta la table. Elle vida le plateau au passage, l'abandonnant avec ses congénères et, sans se retourner, quitta la cantine pour rallier ses sous-sols, qu'elle n'aurait certainement pas dû quitter, laissant les deux hommes s'entredéchirer si bon leur semblait. Elle avait abandonné, à sa place, la pomme dont il ne manquait que trois bouchées.
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