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 Welcome To My Nightmare (PV Dr.Crane)

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MessageSujet: Welcome To My Nightmare (PV Dr.Crane)   Welcome To My Nightmare (PV Dr.Crane) EmptyMer 09 Déc 2009, 17:07

La nuit était claire, de cette clarté fantomatique des nuits d'hiver, où la pâle lumière de la lune donne aux objets des contours nets et tranchants comme des lames et aux êtres ce halo surnaturel des apparitions qui hantent parfois les cimetières et les routes écartées. Le froid était perçant et semblait presque palpable, comme un voile de cristal qui se briserait au moindre contact. Une brume insidieuse commençait à courir au ras du sol, lambeaux de coton qui s'accrochaient et s'effilochaient autour des arbres et le long des chemins, montant lentement du fleuve qu'elle étouffait déjà de son manteau épais et humide.

Il court. Il court pour lui échapper. Court jusqu'à tomber, se retourne, elle est là, calme et souriante, quelques mètres seulement derrière lui, elle ne court pas... Il a un sursaut, reprend sa course éperdue. Il ne doit pas s'arrêter, si elle le rattrape, elle le tuera, comme elle a tué les autres, les trois autres, avec ce sourire... Elle n'a même pas eu l'air de faire un effort, et elle les a tués, d'un geste... Il jette un regard affolé derrière lui, elle n'y est plus... Il l'a semée...


  • Où crois-tu aller, comme ça ?


Comment a-t-elle fait cela ? Il y a encore quelques secondes, elle était loin derrière lui... et là, elle se tient devant lui... Belle comme un ange... son visage pâle à l'ovale parfait auréolé de la lourde chevelure brune savamment nattée, son regard envoûtant, son sourire irrésistible qui fait s'entrouvrir ses lèvres soigneusement peintes sur les perles blanches de ses dents... Irréelle dans sa robe rouge dont les voiles flottent avec le vent qui se lève, infiniment désirable... Son coeur bat toujours autant, mais il ne peut lutter contre le charme de cette fille qui lui tend les bras... Son parfum lui parvient dans l'air glacé de cette nuit de novembre, un parfum épicé, boisé, enivrant comme l'encens... Sa voix, basse, chaude, prononce quelques mots qu'il ne comprend pas, mais son inflexion est si caressante... elle n'a pas bougé, et pourtant, il sent ses caresses, comme si elle était là, juste derrière lui, il sent son souffle sur sa nuque...

Et soudain, une poigne de fer l'immobilise, dure, impitoyable, douloureuse. Une main lui broie les os, l'autre saisit sa nuque. Il veut crier, lui demander de l'aide... mais aucun son ne passe ses lèvres. Elle, imperturbable, continue de sourire alors qu'elle s'approche de lui. Ne voit-elle donc pas son agresseur ? Ne va-t-elle pas l'aider ? Elle continue d'approcher, encore et encore... presque à le toucher... Doucement, elle cueille son visage dans ses mains, sourit, pose ses lèvres sur les siennes... Il a un hurlement de douleur. Elle vient de planter ses dents dans sa chair, elle l'a mordu au sang. Et à présent, elle lèche du bout de la langue ce sang qui coule de sa plaie à la commissure de ses lèvres. Cette fille est folle ! Il veut se débattre, mais ne peut bouger. Elle pose un index sur ses lèvres.


  • Shhhhh... Ne bouge pas. Ne te débats pas. C'est inutile. Ce soir, tu es à moi. Définitivement.


Il a un frisson d'horreur lorsqu'elle sourit, dévoilant deux canines longues et aiguisées. Ses lèvres parviennent à former le mot "vampire"... Elle le regarde presque avec compassion et le prend dans ses bras. A son oreille, elle chuchote :

  • Welcome to my nightmare...


Ce sera la dernière chose qu'il entendra. Sa dernière sensation terrestre est la douleur de deux crocs s'enfonçant dans sa jugulaire et la sensation d'être vidé lentement mais sûrement, le froid qui prend possession de ses membres, le noir qui descend devant ses yeux. Et enfin, plus rien. Le grand soulagement de la mort.

Carmilla laissa retomber le corps exsangue qui s'écroula à terre comme un pantin désarticulé. La belle vampire se passa une langue gourmande sur les lèvres pour recueillir les dernières gouttes de sang qui lui avaient échappé et contempla le cadavre avec un sourire amusé. Sa quatrième victime de la nuit. Elle s'était bien amusée avec les trois autres, ces pseudos-caïds qui avaient cru pouvoir lui faire peur. Mais lui... lui avait été assez intelligent pour comprendre qu'il était inutile de se battre, mais pas assez pour comprendre aussi qu'il était inutile de fuir... Et il avait fini par lui servir de repas.

Carmilla releva les yeux. autour d'elle la brume enveloppait tout de son manteau épais et blanc, toujours nimbé du halo d'argent de la lune. L'Autrichienne inspira profondément pour mieux s'imprégner de cette atmosphère qu'elle aimait tant et partit d'un grand éclat de rire. Un rire froid, amer, à la fois exalté, insultant et douloureux, un rire qui glaçait le sang et tirait des larmes. Un rire terrifiant, blessant, mordant, assassin. Un rire en somme démoniaque. A l'image de la belle.
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MessageSujet: Re: Welcome To My Nightmare (PV Dr.Crane)   Welcome To My Nightmare (PV Dr.Crane) EmptyLun 14 Déc 2009, 23:59

Jonathan avait été de garde à l'hôpital jusqu'au milieu de la nuit, et son service avait été étonnamment calme aujourd'hui. Peu de nouveaux cas pour lui, il avait donc pu s'avancer dans ses dossiers en cours, lui avait glissé un "excellent travail" appréciateur lorsqu'il lui avait présenté son dernier dossier. D'humeur presque agréable, il s'était même abstenu de lui préciser qu'un compliment de la part d'un psychologue de troisième zone n'allait pas effectivement illuminer sa journée, ce qui lui avait valu du même, toujours le même, un "rentrez bien" esquissé du bout des lèvres quand il avait terminé sa journée. Il était donc frais et dispos, ce soir-là, quand il avait franchi les portes de l'hôpital, et lorsque la fraîcheur de la brume l'avait frappé, il avait de suite décidé de rentrer à pieds, ses pas le guidant d'eux-même vers le chemin le plus calme et désert qu'il puisse emprunter.

C'était un de ces brouillards qui s'insinuent jusque dans vos bronches et dans vos poumons, vous glaçant l'intérieur comme le moindre parcelle de peau exposée d'une fraîcheur vivifiante. Marchant sur la neige craquante qui bordait la rive, Crane leva des yeux dédaigneux vers un de ces ciels de ville si pauvre en étoiles. La brume s'étendait depuis le milieu du fleuve, éraflant à peine sa surface comme un spectre errant au-dessus des vaguelettes qui troublaient l'onde cachant l'autre rive qui se perdait dans le brouillard et l'obscurité. Il aurait pu s'imaginer en train de marcher le long d'une de ces mers de légendes, encore peuplée des âmes que la mer a prématurément emportées, cherchant à jamais leur chemin à mis chemin entre les limbes et les flots qu'ils ne peuvent quitter. Son souffle s'échappa en petites bouffées blanches quand il leva ses mains jusqu'à sa bouche pour les réchauffer, et Crane ne put réprimer un petit sourire. La nuit était parfaite. C'était un de ces moments où il regrettait d'avoir mis en hiatus ses "activités", l'empêchant de jouer avec les ombres ténébreuse qui s'infiltraient jusqu'aux tréfonds des plus profonds feuillages, et venaient roder jusqu'aux fenêtres des maisonnées, si brillantes et colorées, pour se moquer de la sécurité illusoire que semblait promettre leur lumière dorée.

Si Jonathan appartenait quelque part, s'il avait un chez lui, ce n'était surement pas la chaleur colorée et la douceur de leur foyer, mais bien aux ombres qui rôdaient, vaporeuses, dans le froid et l'obscurité, s'avançant au cœur de la nuit jusqu'au lit des enfants, pour leur chuchoter à l'oreille la matière sirupeuse de leurs pires cauchemars. Il regrettait, parfois, de ne pas être l'une de ces créatures de la nuit qui meurent et revivent avec elle, ces êtres faits de brume qui ne connaissent pas les lois des hommes et viennent s'insinuer jusqu'au tréfonds de leur âme pour y distiller le nectar insidieux de leurs plus sombres pensées. Un hurlement de douleur trancha soudain le silence de la soirée, son écho se réverbérant sur la rive opposée, faisant s'envoler au loin un corbeau.

Jonathan se figea immédiatement. Des cris mêlés de pure terreur, il pouvait se vanter d'en avoir entendu plus d'un, plus d'une fois, mais celui-ci était certainement l'un des plus beaux dont il ait jamais été témoin. Il éprouva aussitôt une pointe de jalousie pour ce qui l'avait provoqué, quoi ou qui que ce soit, mêlée d'une brûlante curiosité. Il devait savoir de quoi il retournait. C'est donc sans hésitation qu'il se dirigea vers la source de sa curiosité, qu'il atteignit en peu de temps.

Un rire sombre et froid lui indiqua sans le moindre doute "l'agresseur", à ses pieds un corps probablement sans vie : celui dont le cri l'avait attiré jusqu'ici. Quant à celle qui était supposé l'avoir tué, elle n'était pas exactement conforme à ce à quoi il s'attendait : fin de l'adolescence, fin visage presque trop parfait et immaculé pour appartenir à ce monde, longs cheveux noirs élégamment coiffés et port et maintien d'une autre époque, la jeune fille était de celle dont les gentilshommes énamourés ramassaient les mouchoirs dans ces films aux gestes élégants et couleurs passées. Il l'avait déjà aperçu quelque part, mais il en voyait tellement défiler à l'hôpital qu'il lui fallut quelques instants pour se la remémorer. La soirée qu'ils avaient organisé il y a peu, en bas de son immeuble ... Et si jeune qu'elle était, lorsqu'elle se tourna vers lui, l'intensité de son regard confirma la première impression qu'elle lui avait laissé. Un prédateur en chasse. Voilà tout ce qu'elle lui évoquait. Une veuve noire aux mains de soie, dont la sensualité n'avait d'égal que la létalité. Instinctivement, sa main vint tâter sa poche à la recherche de ce petit "spray pour haleine fraîche" qu'il gardait sur lui en permanence, au contenu pas si inoffensif qu'on aurait pu le supposer, et il se fendit d'une expression de satisfaction morbide. La petite enfant prodige n'était pas le seul prédateur que cette ville abritait ... Il s'approcha de quelques pas, sans la quitter du regard.


Qu'est-ce que nous avons là ? Tout en restant, par précaution, à une distance raisonnable, il retourna le cadavre du bout du pied, et les yeux vides de ce dernier se tournèrent vers un ciel qu'ils ne contempleraient jamais plus, sans lui apporter plus d'informations sur la façon dont elle avait bien pu le tuer.

Moi qui croyait que c'était le jeudi, le jour de ramassage des ordures ... Vous semblez mieux que moi informé des us et coutumes locaux.
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MessageSujet: Re: Welcome To My Nightmare (PV Dr.Crane)   Welcome To My Nightmare (PV Dr.Crane) EmptyMer 16 Déc 2009, 18:40

Le rire s'éteignit comme il avait commencé, sur un soupir. Carmilla était consciente d'une présence bien avant que de le voir ou de l'entendre. Tout comme elle savait qu'il était inutile qu'elle tentât de se forger un visage innocent, comme elle savait si bien le faire. L'autre, quel qu'il fût, l'avait entendue rire, comme il avait entendu le hurlement de sa proie. Elle tourna lentement la tête dans la direction de l'intrus, sans chercher à dissimuler son sourire de prédateur ni l'éclat de folie meurtrière qui brillait dans son regard. Elle ferma un instant les yeux et quand elle les rouvrit, elle avait de nouveau cette expression indéchiffrable, ce sourire de Joconde et ce regard un peu ironique, un peu dédaigneux, qui filtrait sous les paupières alourdies.

Elle contempla son nouvel interlocuteur. Très différent de ceux qu'elle croisait d'ordinaire à une heure pareille, dans un lieu si désert. Un côté sage, avec son costume de tweed, sa chemise au col impeccable, sa cravate parfaitement nouée, ses cheveux soigneusement tirés en arrière, ses lunettes sévères. Mais le regard avait, derrière les verres qui semblaient le protéger, cette lueur que Carmilla connaissait bien. Et les lèvres esquissaient ce sourire qui la faisait toujours pouffer. Le sourire de celui qui pensait pouvoir quelque chose contre elle. Encore un que son aspect adolescent avait abusé. Pourtant, il aurait dû savoir, lui qui avait l'air à peu près inoffensif mais devait sans doute être plus dangereux qu'on ne l'imaginait, que les apparences sont souvent trompeuses...

Elle reporta son regard sur le cadavre qui gisait entre eux. Son sourire se modifia presque imperceptiblement. Elle s'était amusée avec lui. Peut-être aurait-elle dû faire durer encore un peu le jeu, l'envoûter un peu plus, le temps d'une valse, le temps d'une brève étreinte, puis, joignant la "petite mort" à la vraie, l'achever... Mais elle eut une petite moue. Non. Il n'en valait pas la peine. Elle avait bien fait d'en finir vite. La phrase de l'homme fit revenir le sourire sur ses lèvres. Les ordures... oui, la comparaison était très juste... Elle releva les yeux vers lui.


  • Pour les ordures ménagères, c'est le cas, mais les Monstres n'ont pas de jour fixe.


Elle avait répondu sans ciller, du tac au tac. De nouveau, son regard vint prendre la mesure de l'homme qui lui faisait face. Elle cherchait ce qui lui donnait cette assurance face à elle - elle qui venait de tuer un homme, quasiment sous ses yeux, et qui ne cherchait même pas à dissimuler ce fait, elle qui pouvait, si elle le souhaitait, le tuer là, avant même qu'il n'ait eu le temps de réagir... mais cela, bien sûr, il ne le savait pas. Pas encore. Et Carmilla n'était pas encore décidée à le lui montrer. Sans doute pensait-il avoir affaire à une adolescente, une petite meurtrière de bas étage, peut-être un peu plus douée que les autres... Sans doute croyait-il que même s'ils devaient en arriver aux mains, il pourrait facilement la maîtriser. Peut-être même avait-il sur lui une arme quelconque qui lui donnait cette fausse impression de sécurité face à elle, si évidemment désarmée...

Autour d'eux, la brume s'épaississait de plus en plus, au point de noyer les alentours et de donner l'illusion de les emprisonner dans son linceul blanc et froid. Carmilla se délectait de cette sensation et demeurait strictement immobile tandis que la brume l'enveloppait, comme passant à travers elle. Si elle l'avait voulu, elle aurait pu se fondre en elle, littéralement, s'y dissoudre en une fumée rouge sang qui aurait fini par s'y mêler et se dissiper en même temps qu'elle. Mais elle gardait cette idée pour plus tard. Il serait toujours temps d'y avoir recours si besoin était. Pour l'heure, elle laissait le froid prendre possession de ses membres, comme toujours. D'une voix douce, inquiétante, elle ajouta :


  • La nuit est parfaite, aujourd'hui...
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MessageSujet: Re: Welcome To My Nightmare (PV Dr.Crane)   Welcome To My Nightmare (PV Dr.Crane) EmptyJeu 24 Déc 2009, 03:26

Les monstres ... Et bien, au mois cette gamine avait de l'originalité. Un monstre, hein. C'est vrai qu'avec son visage angélique, cet air de ne pas y toucher alors que les restes fumants d'un macchabée gisaient à l'instant même à ses pieds, elle ressemblait un peu à ces créatures de légende, ces personnages sinistres qui viennent cueillir les âmes de ces gens un peu trop présomptueux, harmatia qui les précipite au pied de cette fin brutale qu'ils pensaient être trop différents, trop expérimentés pour rencontrer. Il leva les yeux vers le ciel, ou quelques nuages se fondant aux plus hautes couches de brume, comme une nappe lourde et moite de coton humide, témoignaient de la fraîcheur de la nuit.

Parfaite, en effet ... Du moins, elle l'était jusqu'à ce qu'on interrompe ma promenade. J'espère qu'au moins vous n'avez pas laissé de témoins ... Si divertissant que ce fut, ça m'ennuierait que l'on pense que je suis mêlé à cette histoire.

Mais la rive était silencieuse, les derniers promeneurs s'étant sans doute enfermés bien en sécurité, loin de la brume humide et froide qui leur collait à la peau et de l'obscurité. Tous sauf lui, et la jeune fille qui lui faisait face. Lâchant la peau blême du cadavre qui ne daignerait lui apporter aucune réponse, ni signe évident du poison qui l'avait frappé – car il avait la conviction c'était bien par cette petite perfidie qu'elle avait procédé - du rictus hautain qu'il lui adressait de ses yeux rendus blancs et vitreux par la mort et le froid, son regard vint se fixer sur celle qui lui faisait face, ses pas la rapprochant d'elle, une certaine prudence fixant le rythme de son avancée.

Ses instincts lui conseillèrent de s'arrêter là, puisqu'après ce cadavre encore rosé qui le lorgnait du coin de l'oeil, sans la moindre trace de sang, il n'avait encore pas la moindre idée de la façon dont elle l'avait tué ... Mais son instinct ne lui avait encore jamais dicté la façon dont il devait guider ses gestes et ses actions, et aujourd'hui n'était pas le jour où ils commenceraient. Un pas, puis deux, et deux ou trois dizaines de centimètres, à peine, le séparaient de la jeune fille. Il l'étudia comme une énigme, sa robe flottant au vent, d'un tissu léger si déplacé pour la saison, sa peau d'albâtre que nul frisson n'agitait malgré le blizzard, glissant le long du fleuve dont la surface était agitée de frissons, qui capotaient en un bruit léger. Cette fille était une énigme, et les énigmes, il s'appliquait à les résoudre, quel que soit leur difficulté. Celle-ci ne ferait pas exception à la règle.

Son regard se fit plus hautain, le coin de sa bouche remontant en ce rictus narquois, familier, qui était devenu pour lui comme une seconde peau. Ses yeux se fixèrent à ceux qui l'observaient sans ciller, une petite lueur supérieure juste au fond des pupilles, comme si elle était déjà convaincu qu'il ne représentait au mieux qu'une nouvelle victime dans son carnet de chasse. Ses doigts se resserrèrent sur le petit flacon qui n'attendait que lui dans le fond de la poche de son manteau, simple trench-coat de couleur brune.


Une mort mystérieuse, une jeune fille trop belle qui semble tout droit sortie d'un film d'horreur – mille excuses, mais il en faut u peu plus pour m'impressionner. Je parie pour le poison ... Une aiguille dissimulée dans une épingle ou un bijou, petite rose aux épines mortelles ... Toute la perfidie féminine dans un joli écrin, pour piéger les naïfs qui ont le malheur de tomber dans le piège de leurs charmes.
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MessageSujet: Re: Welcome To My Nightmare (PV Dr.Crane)   Welcome To My Nightmare (PV Dr.Crane) EmptyMar 29 Déc 2009, 05:08

Carmilla eut un haussement d'épaules en entendant sa remarque. Laisser des témoins ? Il la prenait vraiment pour une débutante ! Mais la vampire avait à coeur de ne pas trop attirer l'attention sur elle, ne tenant pas à revivre les douleurs du Grand Rituel. Non qu'elle en avait peur, non... simplement elle savait à quel point c'était désagréable et si elle pouvait éviter de retenter l'expérience, elle en serait ravie. Tout cela pour dire qu'elle n'avait évidemment laissé aucun témoin, elle était peut-être psychopathe, mais pas inconsciente... Et c'était la première raison qui lui fit prendre la décision que cet homme-là non plus, si plaisant qu'il soit, ne repartirait pas indemne de ce lieu.

Elle ne bougea pas d'un millimètre quand il s'approcha d'elle, statue vivante dont aucun muscle ne tressaillait, sa peau blanche semblant taillée dans l'albâtre ou l'ivoire, lisse et glacée. Aucun souffle ne venait soulever sa poitrine, ni dessiner devant ses lèvres ce léger nuage de vapeur qui atteste d'une respiration. Pourquoi ? parce que son corps était à température ambiante, et, par conséquent, son souffle, lorsqu'elle parlait, l'était également. Un léger, très léger sourire vint étirer ses lèvres, dévoilant fugacement l'éclat d'un croc vite disparu, et transformant l'espace d'un instant ce visage trop parfait en celui de la créature infernale, sanguinaire et cruelle, qu'il masquait.

Cela ne dura pas même une seconde. Déjà, levant son regard sombre vers lui, elle avait retrouvé son air angélique, presque innocent, que démentait pourtant l'angle sibyllin du sourire. Il était à présent proche d'elle presque à la toucher. Elle n'aurait eu qu'à tendre la main pour le saisir. Mais elle ne bougea pas, soutenant posément ce regard qui la détaillait, l'analysait, comme à la recherche de la clef qui lui permettrait de résoudre l'énigme qu'elle représentait. Lentement, insensiblement, son ombre presque effacée par la brume dont l'opacité étouffait la lumière de la lune se détachait d'elle, se fondait dans le brouillard, se dressait enfin sur ses pieds, forme sombre, à la fois impalpable et pourtant présente, qui se glissa sans bruit derrière l'homme, sans pour autant le toucher encore.

Carmilla n'avait pas quitté des yeux ceux de cet homme. Elle avait lu le mépris qui s'y inscrivait, tout comme elle devinait les sarcasmes qui s'accumulaient derrière ce rictus qui venait déformer son visage. Elle-même ne perdit pas son sourire, mais celui-ci se modifia insensiblement, se fit très légèrement plus dur, plus carnassier. Le changement était subtil, autant que la lueur qui brillait dans ses yeux ; et bien malin le mortel qui saurait l'interpréter correctement... De nouveau, Carmilla eut la certitude que cet homme était armé. Seule la possession d'une arme quelconque pouvait donner à quelqu'un ce sentiment de fausse sécurité, cette assurance, cette arrogance. Il croyait sans doute qu'il pourrait l'abattre, la terrasser d'une façon ou d'une autre. Elle se délectait d'avance de la tête qu'il ferait quand il réaliserait que toutes les armes du monde, employées à tort et à travers, ne pourraient rien contre elle.

Son petit speech lui fit tordre le nez en une moue dédaigneuse. Un film. Peuh ! Les gens de ce siècle rapportaient toujours tout à leur damné cinématographe ! Pourtant, bien avant cette invention, il existait des écrits décrivant ses semblables ou d'autres monstres, et ce de manière bien plus détaillée et frappante. Mais il semblait que plus personne ne s'en souvenait... Pour elle, Carmilla n'avait que mépris pour le cinéma, pâle copie de ce que l'imagination peut produire... Devenue hautaine et cassante, elle lâcha :


  • Le poison, mmh ? Voilà qui manque singulièrement d'originalité et de touche personnelle. Ne pouvez-vous donc faire preuve de plus d'imagination ? Vous autres américains êtes décidément fort décevants...
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MessageSujet: Re: Welcome To My Nightmare (PV Dr.Crane)   Welcome To My Nightmare (PV Dr.Crane) EmptySam 02 Jan 2010, 20:43

Un changement d'ombres se fit à la lumière de la lune. La fille le suivait du regard comme un chat qui s'interroge sur la manière dont il va jouer avec la souris sur laquelle il vient de tomber, de ces chats repus qui n'ont plus besoin de se nourrir mais ne peuvent résister à l'opportunité de se distraire un peu lorsque l'occasion se présente, en particulier lorsque cette distraction se fait aux dépens d'une autre créature. Lui même l'observa en silence, l'atmosphère dure qui s'étaient installée n'étant plus brisée que par les petits nuages de vapeur qui le quittaient à chaque respiration, pour venir se perdre dans l'air glacé de la nuit. Alors même qu'il s'en faisait la réflexion, il tressaillit soudain. Comment ce détail avait pu lui échapper jusqu'à présent ? Aucun souffle blanc ne venait perturber l'air autour de la jeune fille, quel que soit son nom, les seules - stupides – explications à ce phénomène étant soit qu'elle expirait de l'air à température ambiante, ou soit, fait encore plus improbable, qu'aucun souffle ne franchissait le seuil de ses lèvres. Il chassa cette pensée avant même de se la formuler entièrement – ça n'avait aucun sens, et il était hors de question qu'il perde son temps à même l'étudier.

Une fait, cependant, restait avéré. S'il avait horreur qu'on le méprise, cela n'en était que plus vrai de la part d'une gamine arrogante, qui plus est lorsque la fibre de ses instincts lui glissait, bien malgré lui, de rester à l'écart et de maintenir une distance raisonnable entre elle et lui. Il avait le désagréable sentiment que cette assurance n'était pas feinte, pour des raisons qu'il n'aurait pas vraiment su expliquer. Un mort si pâle qu'on l'aurait cru vidé de son sang, et par-dessus-tout, cette fille dont l'existence même semblait déplacée. Cette histoire avait tout du mauvais roman de vampire, ceci mis à part qu'il ne serait pas celui qui se retrouve du mauvais côté de la barrière. Oh ça non. Les faits inexplicables s'accumulaient depuis son arrivée ici, et il détestait cette sensation. L'impression que la situation échappait peu à peu à son contrôle, qu'il ne pouvait accepter. Une situation à laquelle il lui tardait de remédier ...


Tous les poisons ne manquent pas de touche personnelle, loin de là … Vous savez ce qu'ils sont ? Le moyen le plus ludique et efficace que l'homme ait trouvé pour semer la pagaille dans le corps et l'esprit humain. Défaire un à un tous ces petits fils qu'il tient pour acquis, jusqu'à ce que plus la moindre parcelle ni de ce qu'il est ni de ce qui l'entoure ne soit plus sous son contrôle ...

Il se rapprocha d'un pas, observant sa vis-à-vis, irrité par cette absence de brume blanche et rassurante, qui s'étendait partout mais pourtant fuyait le nez et les lèvres de la jeune fille, même d'aussi près. Il y avait déjà ce cadavre gênant qui traînait dans les parages, alors un problème de plus ou de moins, il trouverait bien un moyen de s'arranger ... Il n'allait tout de même pas laisser quelques ennuis judiciaires lui faire oublier son sens des priorités. Cette fille avait raison sur un point : la nuit était trop belle pour ne pas en profiter. Sa main sortit de la poche de son manteau – à quelques millimètres du visage de la jeune fille, pour appuyer sur la détente de son arme improvisée. Lorsqu'il repris la parole, seule une petite pointe d'amusement trahissait dans sa voix froide la jubilation qu'il éprouvait en ce moment précis.

C'est la seule façon de lui faire comprendre où est réellement sa place.

Il recula d'un pas, pour mieux savourer les effets, rajustant au passage se lunettes du bout de son index. Dans un objet si peu conçu pour ce genre de méfaits, la dose de toxine était bien plus réduite, mais suffisamment concentrée pour être efficace … De quoi prouver par la pratique que cette fille respirait bel et bien, et ce, à ses dépens.
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MessageSujet: Re: Welcome To My Nightmare (PV Dr.Crane)   Welcome To My Nightmare (PV Dr.Crane) EmptyDim 03 Jan 2010, 02:03

Carmilla ne manqua pas de remarquer le tressaillement de son vis à vis. Elle ne prit même pas la peine de dissimuler le sourire carrément moqueur qui vint étirer ses lèvres. Qu'avait-il pu remarquer chez elle qui l'ai ainsi fait sursauter ? Oh, probablement un détail, ce sont toujours les choses les plus perturbantes. Au demeurant, c'était sans importance, Carmilla se doutait que l'homme n'était pas prêt à admettre la réalité. Il avait tout de l'esprit rationaliste, qui s'efforce de tout expliquer selon ses lois et ses préceptes, sans admettre que certains phénomènes échappent aux-dits préceptes et loi.

Elle ne le quittait pas des yeux. Et constata avec une pointe de satisfaction qu'il semblait passablement irrité de la hauteur avec laquelle elle lui avait répondu. Oh, cela tenait à peu de choses : une crispation de la mâchoire, une lueur dans le regard, un léger frémissement de la narine, l'angle des lèvres... Mais il n'y avait aucun doute, son attitude avait touché un point sensible chez lui. Elle se campa confortablement sur une jambe, le buste rejeté en arrière, cambrée, la main droite sur la hanche et la main gauche la couronnant, comme, autrefois, elle reposait sa main sur la corbeille de sa robe, et écouta avec un amusement un peu méprisant son petit speech sur le poison. Tiens donc. Le poison, le moyen
"le plus ludique et efficace" pour détruire un esprit ? Carmilla manqua d'éclater de rire. Quelle naïveté ! Et quel aveu de faiblesse... Tellement humain ! Un véritable esprit supérieur n'a besoin d'aucun accessoire de ce type pour asservir, réduire à merci, broyer et finalement réduire en cendres et ruines fumantes ce qui était un esprit peut-être brillant. Défaire un à un tous ces petits fils qu'il tient pour acquis, jusqu'à ce que plus la moindre parcelle ni de ce qu'il est ni de ce qui l'entoure ne soit plus sous son contrôle... pour reprendre les mots mêmes qu'il avait utilisés. C'était une jouissance. Quelque chose de merveilleux. Quelque chose que, d'une certaine façon, elle avait le sentiment qu'il comprenait. Toutes proportions gardées, évidemment.

Lorsqu'il s'approcha encore d'elle, presque à la toucher, elle faillit avoir un soupir. Il était temps. Enfin, on allait passer aux choses sérieuses. Dans ces yeux clairs qui se voulaient - qui se croyaient - impénétrables, elle pouvait lire sa détermination à la faire taire, à l'obliger à reconnaître cette supériorité qu'il croyait avoir sur elle. Il allait faire usage de son arme. Elle s'amusait d'avance.

Fut-elle surprise de voir surgir ce léger nuage qui en quelques instants recouvrit son visage ? Sans aucun doute. Elle ne s'y attendait pas. Mais sa seule réaction fut un court silence, alors que son vis à vis exprimait tout haut ce qu'il pensait. Carmilla arqua un sourcil, ses lèvres arquées dans une moue méprisante. Elle laissa le nuage se dissiper et lâcha froidement :


  • Et quelle est ma place, selon vous ?


Elle planta son regard sombre dans celui, infiniment clair, de l'homme, et lui envoya une formidable décharge de mépris. Allons donc, c'était cela qui lui donnait le sentiment de lui être supérieur ? Petit à petit, le pathétique et le ridicule de la situation lui apparaissait. Elle eut un ricanement. Un ricanement qui enfla petit à petit en un rire froid... un rire qui lui-même enfla plus encore pour devenir démentiel, plus puissant, plus glacial, plus insultant, plus blessant et assassin que celui qu'elle avait laissé échapper plus tôt. Un rire qui n'avait rien à envier à celui de Méphistophélès. Elle ne parvenait plus à s'arrêter. Elle se serait certainement étouffée si elle avait eu besoin de respirer. Mais ce n'était pas le cas.

Enfin, le rire s'apaisa un peu. Elle le regarda longuement et, lorsqu'elle parla, sa voix était chargée de commisération :


  • Et c'est sur cela que vous basiez votre confiance ? Pauvre petit, elle doit être bien endommagée...


Elle pouffa à nouveau et se redressa de toute sa hauteur pour le contempler.
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MessageSujet: Re: Welcome To My Nightmare (PV Dr.Crane)   Welcome To My Nightmare (PV Dr.Crane) EmptyDim 03 Jan 2010, 04:23

Il sut que quelque chose n'allait pas lorsque les secondes s'égrainant, aucune des réactions qu'il avait escompté ne survint. Un peu tard, peut-être - lui glissa une petite voix dans sa tête dont le ton désagréablement narquois n'était pas sans rappeler la condescendance de son interlocutrice. Lorsqu'elle se mit un rire, le temps d'un fugitif instant il crut qu'elle avait enfin amené un certain résultat – peu habituel, certes, mais chaque esprit a sa façon bien à lui de se briser, mais les secondes qui suivirent démentirent aussitôt cette théorie. Et ce, de la manière la plus profondément humiliante qui soit. L'inefficacité totale de ce qui avait depuis toujours constitué son arme la plus absolue, il pouvait l'oublier. Le rire qui s'ensuivit, un rire profond, sonore, humiliant, passe encore, il pouvait le supporter. Mais la commisération, clairement évidente, qui teintait le moindre des mots qu'elle prononça par la suite … Il ne s'était encore jamais battu physiquement, même à l'école, se contentant de se protéger du mieux qu'il pouvait lorsqu'il encaissait les coups, toutes ces années. Même par la suite, contre cette maudite chauve-souris … Nulle trace d'hésitation, cependant, ne vint entraver ses mouvements lorsqu'il se saisit de la demoiselle par les bras, la plaquant contre l'un de ces peupliers noirs qui poussaient le long des berges comme de ces champignons.

Vous voulez savoir quelle est votre place ? Une petite créature pathétique, à laquelle la nature n'offre la moindre prise ni sur son corps ni sur son esprit. Comme tous les autres.

Serrant l'un des fins poignets qui s'offraient à lui, il s'arrêta cependant avant de faire quoi que ce soit de plus indigne de lui - se saisir d'un pierre ou d'un objet quelconque pour répandre sur le sol sa jolie petite cervelle, par exemple … Il n'aurait pas su dire ce qui l'avait fait reprendre ses esprits, peut-être la sensation de cette peau terriblement glacée, presque trop même en prenant compte de ses habits ainsi que du froid qu'il faisait ... Il releva le menton, une lueur meurtrière dans le regard, la toisant avec une expression de pur mépris. Sa respiration qui s'était fait haletante, il s'efforça de l'apaiser tandis qu'il contemplait avec des yeux emplis d'un froid ardent l'impudente qui lui faisait face. Son esprit, lui s'agitait déjà à la recherche d'explications à ce qui venait de se produire – une résistance inopinée aux opiacées que contenait la toxine, une erreur de dosage – peu probable, de sa part, mais savait-on jamais – ou encore l'effet de ce vent glacial, qui aurait pu dévier la trajectoire de sa visée, même à cette courte distance ... Il s'expliquait difficilement, cependant, qu'elle n'ait pas eu la moindre hallucination, si légère soit-elle, pas le moindre soupçon de tressaillement dans ce maintien si parfait qui la caractérisait, comme une poupée de cire à laquelle un esprit malade aurait insuffler le souffle fragile de la vie ...

Un simple humain. Une chose bien pathétique, qui s'entoure de pouvoir, d'une meute dominante ou bien d'argent parce qu'il sait bien que lorsqu'il est privé de tout cela, il n'est qu'une petite créature faible à la merci des autres … Mais c'est là que s'ouvrent à lui les véritables possibilités de récupérer le vrai pouvoir, celui qui s'obtient lambeau par lambeau et auquel il faut s'accrocher à toutes griffes sous peine de le voir s'échapper. Il serra plus fort le poignet de la jeune fille, au point de s'en faire blanchir les phalanges. Mais ce pouvoir si douloureusement obtenu, c'est le plus savoureux, le plus méritoire. Plus que celui de ces petits pantins pitoyables, qui sont nés maîtres de leur petit monde et qui ne connaissent même pas la saveur de ce qu'ils ont … Et qui ne deviennent que de petites brutes gémissantes, hébétées, une fois qu'on le leur a retiré.

Il articula les mots clairement, chaque syllabe détachée, d'une voix rendu glaciale de trop de rage contenue : Et ce, sans la moindre petite exception. Aucune !

Et il n'y avait pas la moindre raison que cette petite fasse exception à la règle, non pas la moindre …Et comme tout autre, avait un moyen d'être brisée, et il se promit de ne trouver aucune paix tant qu'il ne l'aurait pas mis, pas son corps, non, mais bel et bien son esprit, à genoux, quel qu'en soit le moyen ou le temps que cela puisse prendre. Sa voix, à défaut de son esprit, s'était apaisée lorsque finalement il déclara :

Ma confiance … Elle est basée sur mon opiniâtreté, c'est elle qui a créé ce maudit produit qui s'est révélé parfaitement inefficace, et non pas le contraire. Et elle trouvera la petite faille, si bien cachée qu'elle soit …
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MessageSujet: Re: Welcome To My Nightmare (PV Dr.Crane)   Welcome To My Nightmare (PV Dr.Crane) EmptyDim 03 Jan 2010, 06:07

Cette fois-ci, Carmilla ne fut pas surprise le moins du monde de la réaction de son vis à vis. Elle avait après tout tout fait pour la provoquer, et c'est avec un sourire de satisfaction hautaine et moqueuse qu'elle se laissa saisir aux bras par ces mains qui semblaient vouloir broyer ses os et plaquer violemment contre l'un des arbres qui se trouvait juste derrière elle. Sous le choc, il y eut même un craquement net, qui lui indiqua qu'elle devait avoir un os cassé quelque part - une côte, peut-être. Mais elle ne se départit pas de son expression supérieure, ignorant la douleur qui entendait s'installer. La blessure guérirait seule, comme toujours, et très vite. Elle n'avait donc pas à s'en faire.

Immobile, plaquée fermement contre l'arbre, sans même tenter le moindre mouvement de défense, elle le laissa enserrer ses poignets, son visage au-dessus du sien, visiblement à deux doigts de tenter de la tuer, indifférente à sa poigne qui laisserait l'espace d'un instant une trace sur sa peau. Là encore, elle put lire dans son regard comme dans un livre ouvert. Elle y vit sa haine, ses envies de meurtre, son mépris, toutes les questions qui s'étaient mises à tourner dans son esprit à une vitesse effrénée, ses tentatives de rationalisations. Elle écouta son discours, lourd de rage, de mépris pour la race humaine et de rancoeur, d'une passion et d'une ferveur inopinées quand il évoqua ce pouvoir conquis de si haute lutte, et dans son propre regard, une lueur gourmande s'alluma à cette pensée. Ce pouvoir, elle le connaissait bien, sans doute mieux que quiconque. Elle en connaissait la saveur indéfinissable, ce goût merveilleux de victoire, cette ivresse qui vous envahit quand enfin vous parvenez à briser un esprit.

Lorsqu'il se tut enfin, lorsqu'il eut craché tout son venin, lorsqu'il reprit haleine, elle laissa le sourire qu'elle retenait jusqu'alors s'épanouir sur son visage. Ecartant légèrement les bras, sans forcer, elle tendit le cou jusqu'à ce que son visage se trouve à quelques millimètres à peine de celui de l'homme, et elle murmura :


  • C'est ce que tu penses de moi ?


Elle se remit à rire. Doucement d'abord, puis de nouveau, de façon incontrôlable. Et plus elle riait, plus elle se dissolvait dans la brume, s'éclaircissant tout doucement d'abord, puis devenant translucide, puis transparente, comme une image qui s'efface, pour finalement disparaître, impalpable et invisible, brume rouge dans le brouillard gris, mouvante et insaisissable. Son rire mourut enfin tandis que les doigts de l'homme se refermaient sur le vide, alors que quelques secondes auparavant, il enserrait si fermement ses poignets. L'ombre, derrière lui, se pencha très légèrement en avant et murmura tout près de sa nuque :

  • Tu n'as rien compris...


La brume rouge l'enveloppa lentement, mais impitoyablement, sans même l'effleurer d'abord, tandis que la voix de Carmilla commençait à résonner à ses oreilles, tantôt ici, tantôt là...

  • Ce pouvoir dont tu parles, tu crois le maîtriser, tu es persuadé d'en connaître toutes les subtilités, tous les méandres, tu t'imagines le contrôler... Si tu savais à quel point tu en es loin... comme ton arme est pathétique, et ton influence dérisoire... aléatoire, les effets, et les résultats insignifiants !


L'ombre de la vampire glissa doucement, approchant ses lèvres de l'oreille de sa victime, et chuchota dans un souffle glacé :

  • Un esprit vraiment brisé, broyé, ruiné, c'est sans aucune aide que tu dois le réduire à merci, si tu veux un jour connaître la véritable satisfaction d'avoir détruit et mis à feu et à sang ce qui était jadis un adversaire peut-être redoutable...


La brume rouge se rapprochait dangereusement, commençait à effleurer la peau de l'homme, ses mains, ses poignets, sa nuque... le souffle froid dérangeait sa coiffure, courait le long de son échine, tandis que la voix de la vampire se faisait de plus en plus basse et envoûtante, languide comme évoquant un bonheur enfui...

  • C'est la force de ta personnalité, c'est ta voix, ton regard, qui doivent en forcer les premières défense, puis tu dois t'infiltrer en lui, te rendre indispensable à sa survie comme le sang qui coule dans ses veines, l'air qu'il respire, le bonheur dont petit à petit tu dois détruire toute trace, la joie ensuite, la satisfaction, l'estime de soi, le respect de soi-même et finalement toute trace d'ego jusqu'à ne plus avoir qu'une poupée de chiffon éventrée, qui perd son rembourrage et n'existe plus alors que par et pour toi... Alors, seulement, alors que sa volonté est annihilée et que même les pires tortures que tu puisses lui faire subir sont devenues pour lui une douceur sans nom, quand il ne reste plus rien à briser, plus rien à pervertir, à saccager, à aspirer, quand plus aucune de ses réactions ne peut plus t'amuser, te divertir ou seulement te distraire de ton ennui, quand enfin il n'est plus qu'un pantin désarticulé entre tes mains de marionnettiste... alors, il ne reste plus qu'à donner cette pichenette ultime... celle qui lui fait passer la barrière... plonger d'un pont ou d'un immeuble, avaler ce poison, inconscient de celui que tu as distillé impitoyablement dans son âme, dans sa tête et jusque dans ses veines... Et là, seulement, tu connais le vrai bonheur, le vrai pouvoir.


Elle se tut et s'immobilisa, l'enveloppant entièrement, l'ombre revenue à sa place derrière lui, les deux mains dont le froid mortel transperçait les étoffes posées sur ses épaules, et murmurant là encore tout contre son oreille :

  • Lorsque tu en seras capable... là, tu auras réellement obtenu ce pouvoir dont tu te réclames... pas avant.

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MessageSujet: Re: Welcome To My Nightmare (PV Dr.Crane)   Welcome To My Nightmare (PV Dr.Crane) EmptyMer 06 Jan 2010, 03:02

La nuit, qui jusque là s'était contenté de flotter joyeusement aux frontières du bizarre sans jamais véritablement se mouiller, prit une toute autre tournure lorsque soudain, la jeune fille s'évapora comme neige au soleil, en une brume rouge qui s'enroula autour de lui. Jonathan fixa un instant stupidement ses mains, comme si d'une seconde à l'autre, entre ses doigts qui avaient gardé la même position, il s'attendait à voir réapparaître un poignet, bien solide, comme celui qu'il avait pu sentir il y a un instant à peine juste sous son toucher. Il fit volte-face lorsqu'une voix vint chuchoter à son oreille, mais n'eut qu'une ombre pour seule vis-à-vis ... Il fut aussitôt assuré d'avoir perdu l'esprit, et cette pensée le glaça. Non, il valait mieux que ça ... Par réflexe, il recula de quelques pas. Est-ce qu'il avait inspiré quelques parcelles de sa propre toxine, sans le vouloir ? C'était impossible pourtant : le champ d'action du pulvérisateur n'était pas assez important, et le vent soufflait dans le sens idéal pour l'envoyer dans le visage de la demoiselle.

Vous n'existez pas …murmura-t-il.

Elle était partout à la fois, et son contact le fit frissonner. En un instant, il était le petit Jonathan, morpion méprisé de tous, enfermé dans la vieille chapelle à la merci de ces milliers de créatures avec leur unique bouche, leur unique regard, qui l'attaquaient pourtant de partout à la fois - et dans quelques années, on ne retrouverait plus que son corps décharné, tordu dans une expression tragiquement comique, les os de ses bras auxquels s'accrocheraient encore quelques lambeaux de chair tordus en une expression sordide d'éternelle épouvante - à jamais, jamais, prisonnier de ses peurs à lesquelles on l'avait livré - Non !

Non. Non … Il était Jonathan Crane, psychiatre de son état, brillant esprit et criminel notoire. Il était le bourreau qui tenait la hache et non le cou qui se trouvait sous le couperet. Il n'était plus dans cette damnée chapelle, et soit il avait perdu ce qui lui restait de santé mentale, et dans ce cas il était définitivement fichu … soit ce qu'il avait devant les yeux était bien réel, et il était définitivement fichu.

Baissant les mains qu'il avait dû lever à un moment où à un autre, par réflexe, pour se protéger, il fit alors ce à quoi il s'attendait le moins : il renversa la tête en arrière, et il éclata de rire. Oh, pas le rire diabolique et exagéré que la jeune fille avait pu avoir, à peine quelques instants auparavant ... plutôt un rire cynique qui tenait plus du spasme nerveux ou de l'hystérie pure et dure, du même genre que celui que devaient avoir certains de ces fichus emmerdeurs, à l'hôpital, juste avant qu'on ne les lui envoie parce qu'ils s'étaient joyeusement planté un cutter dans toutes les parties de leur corps où il pouvaient accéder. Le rire le laissa à bout de souffle au bout de quelques instants, il fini par recouvrir son visage de ses mains, prenant entre ses doigts de longues inspirations. D'accord, si cette chose existait bien, il y avait des chances qu'il ne passe pas la nuit. Il n'y accordait cependant, étonnamment peu d'importance, comme si au point où il en était rendu, foutu pour foutu, il n'avait au moins plus à prendre dans l'affaire la moindre responsabilité.


Je n'ai pas la moindre idée de si vous êtes réelle, ou bien si je suis en train de parler à une fichue hallucination … à ce point, j'avouerai que je n'en ai, pour reprendre les mots de quelqu'un, strictement rien à foutre.

Si elle était bien réelle, en tout, à ses mots ainsi qu'à ses évidentes capacités, il doutait qu'elle ait bien l'âge qu'il lui avait de prime abord accordé -ça expliquait, en tout cas, le « pauvre petit », si vexant qu'il en demeure. Plus encore ... si elle avait eu de telles capacités, et qu'elle ne s'en était pourtant pas encore servie, cela signifiait qu'elle jouait avec lui depuis le début, et cette pensée l'enrageait. Il s'était comporté comme une stupide parfaite petite proie, au final ...

Cependant, si mon esprit appartient à quelqu'un c'est à moi et uniquement à moi. Tout comme je n'accepte de leçon de personne, quelle que soit son « expérience ». Et si je ne peux pas briser le vôtre, oh, ça oui, je veux bien envisager cette possibilité … Mon équilibre mental est le mien, merci bien, et rien ni personne ne l'aura. Il serra le poing si fort qu'il sentit ses ongles s'enfoncer dans ses paumes. J'ai déjà eu suffisamment d'expérience avec les tordues manipulatrices pour ne plus les laisser jouer au château de carte avec mon esprit.

Il avait cruellement conscient que ce qu'il avait « en face » de lui, en ce moment présent, était bien plus différent et bien plus redoutable que le défunt ancêtre Keeny qui avait fini de pourrir sous le regard indifférent de ces corbeaux qu'elle affectionnait tant. Elle se trompait : même démuni de sa précieuse toxine, lui aussi savait jouer avec les esprits – n'avait-il pas fait quelques jolis dégâts, chez certains de ses compagnons de cellule, à Arkham, à l'époque où il avait été enfermé ? Mais s'il était bien sûr d'autre chose, c'est que nul être était parfait, quel qu'il soit. Même elle. La peur tient sa perfection, son invulnérabilité, du fait qu'elle n'existe pas : si cette chose existait bel et bien, cela signifiait aussi qu'elle avait ses faiblesses. Il rajusta ses lunettes et dit d'une voix basse, mais claire :

Je suis prêt à parier que vous n'êtes pas mieux que moi, au final. Que vous ne pouvez faire plier que les esprits faibles, inintéressants au possible. Les autres, vous ne pouvez que les briser. Il eut une moue cynique mêlée d'une touche d'auto-dérision. Et ça, ce n'est pas les posséder.
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MessageSujet: Re: Welcome To My Nightmare (PV Dr.Crane)   Welcome To My Nightmare (PV Dr.Crane) EmptyJeu 07 Jan 2010, 02:25

Carmilla savoura intensément le désarroi de l'homme, son regard stupéfait sur ses mains vides, son mouvement de recul, sa volte-face nerveuse. Elle se délecta de deviner dans son regard ses questions affolées, ses spéculations horrifiées. Elle eut un sourire qu'il ne put voir et commença à resserrer encore son étreinte autour de lui, quand il eut un murmure qui la fit éclater de rire à nouveau. Combien de personnes avait-elle entendues prononcer cette phrase ? Combien avaient cherché dans le déni un éphémère réconfort, une fugace échappatoire ? Et toujours, Carmilla avait détruit leurs illusions. Comme elle allait détruire ce soir celles de cet homme. Elle reprit soudain forme humaine juste devant lui, à moins d'un pas de lui. De nouveau droite, appuyée sur une jambe, la main droite sur la hanche, la main gauche la couronnant, le buste légèrement rejeté en arrière, elle le regarda avec cette ironie vaguement condescendante qui avait semblé tant l'irriter plus tôt.

  • Tu crois ?


Une lueur démentielle, effrayante, s'alluma dans ses yeux sombres quand elle le vit se débattre un instant avec ses fantômes, ses pensées, ses impressions. Carmilla savourait ce qu'elle faisait naître chez ce mortel trop imbu de lui-même - la peur, l'incompréhension, le doute, la panique, le retour de ses pires souvenirs. Elle ne bougeait pas, elle savait que c'était inutile pour le moment. Tout comme elle devinait qu'avec cet homme, la réaction ne tarderait pas. Une réaction nerveuse, une tentative désespérée de son esprit de se rebeller contre ce qu'il était incapable d'admettre, un sursaut d'orgueil. Cela se manifesta d'abord par ce rire trop aigu, trop fort, ce rire cynique et presque douloureux, un rire qu'elle avait appris à aimer : celui d'un homme dont l'esprit commence à se fissurer. Et puis cette phrase rageuse, truffée de grossièretés, qui lui seyait si peu... Carmilla se pencha un peu en avant et posa son index en travers des lèvres de son interlocuteur, les sourcils froncés.

  • Ttttt. Que de vilains mots dans une si jolie bouche...


Le contact physique était sa manière à elle de prouver qu'elle existait bel et bien, qu'elle était là, palpable, qu'elle n'était pas une hallucination. Se redressant, elle le laissa déverser sa hargne, son petit discours de gamin orgueilleux, qu'elle avait entendu cent fois. Ils pensaient tous pouvoir lui résister, ils croyaient tous qu'eux, ils seraient assez forts, assez habiles, assez solides pour lui tenir tête, garder leur esprit bien qu'elle ait décidé de se l'approprier... et ce vocabulaire, par tous les damnés ! ce vocabulaire, si incongru dans cette bouche jusqu'ici si posée et policée... Carmilla leva les yeux au ciel.

  • Les "tordues"... Tsss. A mon époque, l'on parlait de 'lunatiques'. Le terme avait tout de même un peu plus d'élégance. Décidément, même le vocabulaire a dégénéré !


Elle le savait, le terme de lunatiques n'était plus en vigueur depuis les années 1890-1900. Elle venait donc de lui faire implicitement entendre qu'elle avait dépassé les 120 ans. Elle était curieuse de voir ce qu'il ferait de cette information. Puis, décidée à ne lui laisser aucun répit, elle enchaîna, rebondissant sur le début de sa tirade :

  • Tu parles de ton équilibre mental... Je me permets de pouffer ! Je n'en suis encore qu'aux gammes, et le voici déjà qui vacille ! Qu'en sera-t-il après l'introduction ? et je ne parle même pas de l'aria ou du final ! Autant te faire à cette idée, il sera mien sitôt que je l'aurai décidé. Én mindig, mit akarok...


Elle s'amusait beaucoup à le voir reprendre pied, doucement, un équilibre fragile qu'elle allait laisser s'affermir encore un peu et qu'elle prendrait grand plaisir ensuite à détruire sans scrupule. Toutefois, quand il se compara à elle, elle se renfrogna un peu.

  • Ne compare pas ce qui n'est pas comparable. Toi et moi ne sommes pas de la même race. Moi, je ne brise ni ne courbe. Je vampirise. Je me nourris des illusions, me repais des peurs, déchaine les instincts, me délecte des passions, les attise jusqu'à ce que, destructrices, elles aient réduit en cendres ce dont je ne veux pas - mais que nul autre que moi ne doit avoir, jamais. Et quand plus rien - ni corps, ni esprit, ni âme - ne peut plus apaiser ma faim, alors, je me désintéresse de ma proie. A quoi bon l'abattre ? Rien ni personne ne peut plus rien pour elle.


Elle retrouva son regard moqueur et son sourire sibyllin tout en le regardant. Elle était proche de lui à le toucher, mais ce n'en était pas encore le moment. Le chat n'en avait pas fini avec la souris.

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MessageSujet: Re: Welcome To My Nightmare (PV Dr.Crane)   Welcome To My Nightmare (PV Dr.Crane) EmptyLun 11 Jan 2010, 00:46

Dire que Jonathan était contrarié du peu d'effets que ses mots avaient provoqués chez son interlocutrice aurait été assez en dessous de la vérité … Oh, ce n'était pas uniquement un jeu voué à le mettre hors de lui – ça, elle s'y était de toutes manières déjà attelée, et avec succès – non, elle était clairement convaincue de sa supériorité, un égo inébranlable hantant la moindre intonation de cette voix emplie de condescendance qui était la sienne. Le plus contrariant dans l'affaire, était cette petite voix si irritante, toujours elle, qui lui glissait d'un ton narquois qu'elle le faisait peut-être avec raison … Cette voix, il la fit taire sur le champ avec un élan d'humeur. Si le chat voulait jouer avec la souris, grand bien lui fasse … Il allait apprendre bien vite, à ses dépens, que le rongeur aussi pouvait faire très mal du moment où il avait trouvé le meilleur point où mordre. Si cette pensée avait suffit à faire renaître sur les lèvres de Jonathan ce sourire supérieur qui le seyait comme une seconde peau, il avait malgré tout les nerfs encore à fleur de peau - cette femme le dérangeant à un point qui en était presque épidermique, de sa condescendance appliquée à cette manie de l'approcher ou le toucher sans cesse sans son consentement. C'est donc d'une voix passablement irrité qu'il reprit la parole.

D'une, je vois que la profonde expérience qu'est supposée apporter, en toute logique, cette longévité dont vous vous vantez – que je la remette en doute ou non, c'est un tout autre débat – n'a pas suffit à vous apprendre la notion d'espace vital. Je vous serais cependant reconnaissant de bien vouloir éviter ces contacts rapprochés que vous semblez tant affectionner. Nous n'avons pas – je suis sûr que vous expliquerez la fragilité de mon vocabulaire, due sans le moindre doute à la fatalité de mon inexpérience, poursuivit-il avec un ricanement clairement ironique – gardé les cochons ensemble, après tout.

Oh, peut-être plus encore que ce penchant crispant, la remarque sur son vocabulaire l'avait passablement irrité – ainsi que le "pauvre petit" qu'elle lui avait servi un peu plus tôt. Comme cette phrase qu'elle avait esquissé dans une langue dont il ne connaissait pas le moindre mot.

Ensuite, si vous tenez à ce point à jouer les institutrices, rien vous empêche de faire la sortie des écoles primaires, plutôt que de venir m'importuner lorsque j'avais uniquement l'intention de profiter de ce qui s'annonçait comme une nuit des plus agréables ...

Autant pour l'estime qu'il avait de sa propre intuition. Il accueillit sa remarque sur la fragilité de son propre esprit avec un reniflement méprisant, ainsi que l'étalage qu'elle fit de ses capacités. Bla, bla, bla … ne savait-elle faire autre chose qu'ouvrir la bouche pour se vanter de sa propre supériorité ? Certes, il devait reconnaître qu'elle avait une éloquence certaine, et que ses mots étaient évocateurs de plaisirs qui ne pouvaient que faire envie ... Mais quant à ce qu'elle étende ce propre plaisir sur sa propre personne - son propre esprit – ça, il ne fallait pas y compter.

Le terme"vampiriser", cependant, retint clairement son attention. Mauvais jeu de mots où indice notoire sur son identité ? Ce qu'il avait pu voir d'elle jusqu'à présent tendait plutôt à corroborer la première hypothèse … Jonathan n'était pas homme de folklore : la découverte de son premier ouvrage de chimie allait de paire avec la découverte que tout, en ce bas monde, pouvait être maîtrisé, contrôlé, si seulement on s'en donnait les moyens. Reconnaître les "particularités" de cette femme, c'était reconnaître l'existence de forces qui le dépassaient, et prétendre que la pilule était dure à passer n'était qu'un doux euphémisme. Mais s'il l'identifiait, il pourrait de la sorte lui reconnaître des faiblesses ... Les vampires étaient censés craindre les objets liés aux cultes et selon les traditions, la lumière du jour avait une influence plus ou moins importante sur eux. Sa propre "amitié" pour la religion, cependant, excluait la présence de la première et il doutait avoir encore le pouvoir de faire se lever le soleil selon sa volonté. Traduction : il n'était pas vraiment plus avancé …

Hors de question, cependant, qu'il ne se replie ne serait-ce que d'un pas. Il aurait même avancé d'un pas s'il n'était pas déjà presque suffisamment proche d'elle pour presque la toucher. À la place, il se contenta de planter son regard dans celui de ce visage confusément juvénile qui lui faisait face, sont ton plus sérieux que narquois trahissant sa contrariété.


Que nous ne soyons pas de la même race, je veux bien le reconnaître. Au moins, pour ma part je peux me vanter de ne pas être un morceau de viande froide, et ce que j'obtiens, je ne le dois qu'à mes propres capacités, non pas à quelque force surnaturelle. Il marqua une petite pause, le temps d'observer le sourire si suffisant de sa vis-à-vis ... Votre frappante longévité, en tous les cas, semble suffisamment vous ennuyer pour vous donner le goût de perdre votre temps avec ceux de "l'autre race" ….
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MessageSujet: Re: Welcome To My Nightmare (PV Dr.Crane)   Welcome To My Nightmare (PV Dr.Crane) EmptyMer 13 Jan 2010, 21:21

Carmilla s'amusait. Elle s'amusait comme elle n'avait pas eu l'occasion de s'amuser depuis des lustres. Elle était ravie de voir la colère monter chez le jeune homme, son agacement face à ce qu'elle faisait ou disait, et surtout face à ce qui semblait être un instinct réprimé qui lui dictait de se méfier d'elle. Comment le savait-elle ? Oh, c'était simple, nul besoin de s'infiltrer dans son esprit : son regard, parfois brièvement troublé, était suffisamment révélateur. Elle apprécia comme une bonne farce le retour sur ses lèvres de ce sourire méprisant qui semblait chez lui être devenu un réflexe, et plus encore l'irritation certaine qui imprégnait chacun de ses mots. Mmmm. Il ne supportait pas le contact ? Un point intéressant à noter... Elle prit un air songeur.

  • "Espace vital", mmm ? Le dernier à avoir usé de cette expression n'a pas vraiment bien fini... Et pour répondre à votre remarque, effectivement, nous ne risquons pas d'avoir gardé les cochons ensemble : moi, j'ai des porchers pour ce genre de besogne.


Le ricanement sardonique retraversa le faible espace qui les séparait pour revenir se loger sur les lèvres délicatement peintes de la vampire, qui ne bougeait pas d'un millimètre. Elle ne réagit pas plus quand il la traita implicitement de Mlle Je-Sais-Tout, mais la fin de sa phrase était une perche trop belle pour qu'elle ne la saisisse pas.

  • J'y songerai, laissa-t-elle tomber avec indifférence. Mais laissez-moi réfléchir... qui est venu importuner l'autre ? Sans vouloir tomber dans un débat puéril ni jouer sur les mots - ma connaissance de l'anglais ne me le permettrait pas - il me semble bien que c'est vous malgré tout...


Petite mesquinerie, mais tellement tentante... Tout comme il était si tentant de s'infiltrer dans ses pensées pour en suivre le cours... Si tentant que la belle n'y résista pas. Plongeant son regard fermement dans celui, si clair, de son interlocuteur, elle laissa une partie de son propre esprit se plonger dans les méandres tortueux de celui du jeune homme, tandis que le reste de sa personne demeurait présent, attendant patiemment la prochaine attaque. Elle eut un sourire sardonique. Le scientifique qu'il était avait du mal à admettre l'irruption du surnaturel dans son univers bien ordonné... au point qu'elle fut presque surprise de le voir envisager ne serait-ce qu'un seul instant ce qui pour lui devait tenir de l'aberration : la vérité. Elle arqua un sourcil méprisant en suivant son raisonnement. Funérailles, que les humains étaient mal informés sur sa race... N'avaient-ils donc aucune idée que les vampires sont divisés en plusieurs classes et réagissent donc différemment suivant ladite classe ? Tch. Objets liés aux cultes. Bien sûr, ce n'était pas agréable de se brûler à une croix ou de se faire asperger d'eau bénite - à peu près autant que de se faire vitrioler, s'était-elle laissé dire... Mais enfin, pour détruire un vampire - un vampire comme elle à plus forte raison - il en fallait un peu plus que cela... Et cette histoire de soleil... S'il espérait faire trainer les choses pour voir si elle allait se transformer en torche ambulante, il risquait fort d'être très déçu...

En revanche, son regain de fierté était vraiment réjouissant. Et tandis qu'elle laissait une partie de son esprit vagabonder dans celui de son adversaire, elle se reconcentra sur ce qu'il allait dire, curieuse de voir ce qu'il allait trouver...

Elle ne fut pas déçue du voyage : l'insulte la frappa en plein visage, plus durement qu'une gifle. Un morceau de viande froide. Ce sale mortel, ce cadavre en puissance, cet être méprisable soumis encore aux nécessités avilissantes d'un corps périssable avait osé la traiter de "viande froide". Aurait-elle été vivante, Carmilla aurait bouillonné de colère. Rompant brusquement son immobilité, elle amorça un geste, prête à le gifler... mais se contint et se contenta de siffler entre ses dents serrées :


  • Effectivement, ce n'est pas encore le cas.


Ses propres capacités, hum ? Il allait voir ce qu'elle allait en faire, de ses capacités... Qu'il ose une seule fois encore lui manquer de respect, et Carmilla ne répondrait plus de rien. La température, déjà glaciale, avait encore chuté de quelques degrés autour d'eux, et un vent froid et mordant commençait à se lever, faisant danser les plis de la robe de la vampire et ses lourdes boucles sombres. Son beau visage avait perdu son sourire, et c'était à présent une moue méprisante qui tordait ses lèvres pincées, et un éclair de fureur avait passé dans ses prunelles... Mais ses traits se détendirent presque aussitôt pour retrouver leur subtile expression de moqueuse supériorité alors qu'elle rassemblait ses esprits. Tempérant sa voix, elle répondit, comme sans y toucher :

  • Perd-on son temps quand on s'amuse ? J'en doute. Et je constate que les trente et quelques années que vous avez passées sur cette terre et toute votre éducation, pourtant si stricte, ne vous ont pas appris la politesse... On ne vous a jamais dit qu'un "s'il vous plait" pouvait avoir beaucoup plus d'impact qu'une insulte ? Si vous vouliez que je parte, il aurait suffit de le demander aimablement... Dr Jonathan Crane.


Elle savait que la réaction qui allait suivre serait violente. Elle avait volontairement choisi un sujet sensible d'après ce qu'elle avait vu et perçu dans sa petite exploration de la psyché de son interlocuteur. Elle n'attendait plus qu'un dérapage, un tout petit dérapage de sa part pour déchainer sa colère et ses effets les plus destructeurs...
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MessageSujet: Re: Welcome To My Nightmare (PV Dr.Crane)   Welcome To My Nightmare (PV Dr.Crane) EmptyVen 15 Jan 2010, 03:52

Un éclat de triomphe, passa, l'espace d'un instant, dans les yeux de Jonathan. Nul doute, ses dernières remarque avaient-elles fini par faire mouche, du moins suffisamment pour mettre enfin la demoiselle délicieusement hors d'elle. Il misait sur le coup de la "viande froide" – créature prétendument surnaturelle ou non, une femme restait une femme, et il étaient certains mots qui ne pardonnaient pas, et ce quelle que soit la "race' de celle à laquelle on s'adressait. Comme le lui glissait le vent froid qui le mordait à travers l'épaisseur plus que raisonnable de son trench-coat, il aurait probablement dû s'inquiéter de la réaction de cette dernière, de la main qui s'était levé un instant, comme prête à le frapper. Mais quel délice de voir cette bouche si condescendante un instant pincée par la fureur, et ces yeux moqueurs briller d'une rage non dissimulée … Le naturel revint au galop, très bientôt, il savait cependant que les mots si légers de cette dernière ne trahissaient pas tout à fait ce qu'elle devait encore éprouver …

Il déchanta bien vite, cependant, en entendant la suite de son discours … "Son éducation", disait-elle … Comment osait elle ? Il bouillonna de rage en entendant les mots, emprunts d'une ironie triomphante, se déverser les uns après les autres. Elle ne disait pas cela au hasard, elle connaissait exactement la pesée de chaque mot, cela se sentait. Elle appuyait juste là où le bas blesse et elle en était parfaitement consciente. Et s'il pouvait encore en douter, les mots qui ponctuèrent la fin de son discours écartèrent les dernières réserves qui pouvaient encore subsister. "Dr Jonathan Crane" … Comment pouvait-elle savoir ça, connaître jusqu'à sa profession, alors qu'il ne connaissait lui-même pas même le prénom de cette dernière ? Les mots tranchèrent comme un couperet et son regard se durcit, les lèvres crispées en une expression à mi-chemin entre la fureur et le plus pur mépris.


"Mon éducation ?" … Tu ne sais pas de quoi tu parles, petit tas de restes mal refroidis … Mon éducation, comme tu dis, ne regarde personne d'autre que moi … Et elle avait, d'ailleurs, un point de vue assez radical sur les choses comme toi.

L'écart de langage qu'il eut en la tutoyant le fit lui-même tiquer, mais elle l'avait cherché ... Personne ne ramenait les vieux os de feu Mary Keeny dans la conversation, avec ou sans son autorisation. Qu'on la laisse à pourrir dans la terre qu'il l'avait recouverte, les ruines de la vieille chapelle comme seule sépulture et pour seul linceul les déjections des corbeaux. Personne n'évoquait son "éducation", personne n'avait même à en savoir quoi que ce soit. Lui demander aimablement ? La blague. Comme si son "éducation" lui avait appris ce genre de politesses. Il voyait ça d'ici : "Jonathan, va dans la vieille chapelle, s'il te plait, et n'oublie pas de dire bonjour aux corbeaux de ma part." … Tout à fait le genre de la maisonnée. Jonathan ricana audiblement. Il était purement et simplement désarmé, n'avait jamais eu le moindre talent pour les activités physiques, et encore moins pour le combat - de toutes manières, il doutait que ce lui soit d'une quelconque utilité face à quelqu'un qui avait apparemment, jusqu'à preuve du contraire, le pouvoir de se dissoudre selon son bon vouloir dans l'air environnant. Cette idée, pourtant, ne lui semblait plus de la moindre importance. Quand bien même elle voudrait le tuer, et alors ? Il eut un rictus mauvais.

Un visage magnifique et de lourds cheveux d'un noir d'ébène, lisses et soyeux … Qui pourrait croire qu'il y a telle tromperie sur la marchandise ? Il passa un doigt le long de la joue de la "jeune fille", moqueur, sur la pommette juvénile au froid bien plus mortel que celui qui régnait autour d'eux. Si elle voulait du contact rapproché, ma foi, elle serait servie. "Et le ciel regardait la carcasse superbe comme une fleur s'épanouir" *. Un miroir aux alouettes – un visage d'ange et la peau glacée d'un cadavre pas frais. Il ricana. Au temps pour ceux qui se plaignent que leur compagne ait simplement les pieds froids. Tant de charmes qui ne servent à rien, j'appelle ça du gaspillage.

Ils vivaient dans le même immeuble, et elle avait très bien pu se renseigner à son compte et ce depuis bien longtemps. Toutes ces informations qu'elle sortait de son chapeau comme un vulgaire prestidigitateur de trottoir, elle les connaissait sans doute déjà bien avant de le rencontrer – peut-être même leur rencontre était-elle moins le fruit du hasard que ce qu'elle voulait bien prétendre ? Il ne serait guère étonné de ce genre de sournoiserie. Si elle croyait l'intimider avec ce genre de spectacle de mauvais goût, elle n'en aurait pas pour son argent, ça non ...

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MessageSujet: Re: Welcome To My Nightmare (PV Dr.Crane)   Welcome To My Nightmare (PV Dr.Crane) EmptyDim 17 Jan 2010, 00:08

Carmilla eut juste le temps de savourer l'expression de fureur qui vint tordre les traits de Crane, satisfaite d'avoir visé aussi juste, que déjà, il répliquait. Et sa réplique fit instantanément disparaître tout sourire du visage de la belle, la laissant un instant sans voix. Ce... ce mortel... ce repas en puissance... ce sale morveux avait osé la tutoyer ? Lentement, à l'incrédulité succédait la fureur. Une fureur froide, aussi froide que le vent qui soufflait de plus en plus fort autour d'eux. Pour l'heure, Carmilla se contenait encore. Elle se contint quand il caressa sa joue, attendant encore un peu de voir où il voulait en venir... Mais la citation de Baudelaire eut raison des derniers bastions de sa patience, qui vola en éclat. Hors d'elle-même, elle écarta la main de Crane d'un geste brusque et sa propre main partit toute seule.

Le claquement sec de la gifle résonna jusqu'à l'autre berge, porté par le vent, la brume et la surface paisible du fleuve. Les lunettes avaient volé à quelques pas sous la violence du choc et elle l'avait déséquilibré. Cette gifle n'était pourtant que le centième de ce qu'elle aurait voulu lui donner pour ce qu'il venait de lui dire. Elle le rattrapa juste avant qu'il ne touche le sol, le saisissant à la gorge d'une seule main et l'attira implacablement vers elle en sifflant entre ses dents, retrouvant dans sa rage l'allemand de son enfance :


  • Tödlich Hund ! Sie wissen nicht, wem Sie sprechen! Ich bin eine Gräfin, und wenn in diesem Land zu degenerieren, bedeutet dies nicht, nichts, lernen Sie, dass in mir, das heißt, ich werde nicht zulassen, ein Bauer, wie Sie, ein Emporkömmling, Abschaum der Kerker , Du zu mir sagen! Hörst du mich? Ich bin nicht nur ein Aas, das Sie groß sehen kann! Aber da du noch nicht verstanden haben, lass mich dir zeigen, was kann Mircalla Von Karmstein machen!*


Et, brutale, elle le jeta à terre. Elle le contempla un instant de toute sa hauteur, tandis que, derrière elle, son ombre libérée grandissait, se démultipliait, s'envolait enfin, obscurcissant la lune qui s'obstinait à vouloir percer la brume, tandis qu'à nouveau, la belle vampire se dissolvait dans le brouillard. Un bruissement, comme un battement d'aile, s'éleva, d'abord léger, puis de plus en plus fort à mesure que résonnait la voix de la belle :

  • Regarde ! Regarde bien ! et écoute, Jonathan, écoute-les, tes amis aux plumes noires... Ecoute ! Ils sont là, ils approchent, les voici sur toi ! Regarde ! Mais regarde donc ! Tu ne les vois pas ? Venant de la senestre, sinistres oiseaux de mauvais augure, ils viennent pour toi !


Les battements d'ailes étaient à présent assourdissants. L'ombre fondit sur sa victime, impitoyable. Une première fois. Une seconde. Puis une autre, une autre encore. Elle attaquait de partout à la fois, comme autrefois les corbeaux, ballottant sa victime d'un point à un autre, l'enveloppant de sa masse noire et indéfinie, le bousculant dans un sens, puis dans l'autre, poussant, tirant, frappant, plus tangible, plus cruelle que les oiseaux avec leurs mille becs et leurs deux mille yeux, ne lui laissant pas le temps de respirer, de reprendre ses esprits, de comprendre ce qui se passait, l'empêchant de fuir, aidée par Carmilla elle-même, dont la poigne glacée se refermait parfois sur son épaule ou son bras, le faisait pivoter pour mieux le rejeter au milieu de ce cauchemar qu'elle avait fait resurgir du plus profond de sa mémoire.

Pour elle, la vampire se délectait du spectacle, son rire démoniaque déchirant parfois l'espace d'un instant la masse noire et mouvante pour mieux la laisser se reformer autour de Crane. Elle s'amusait comme un torero aguerri s'amuse des charges et des échappatoires désordonnées du taureau. Elle avait planté ses banderilles, elle en avait encore d'autres en main. Le temps du coup de grâce n'était pas encore venu.

Soudain, l'ombre s'envola et Carmilla reprit corps. Elle s'approcha de sa proie à pas comptés et lui saisit la mâchoire pour l'obliger à tourner la tête dans la direction qu'elle avait choisie. Et, tout prêt de son oreille, elle murmura :


  • Jonathan ! relève la tête, et regarde ! regarde donc !


Elle savait que ce qui se trouvait à cet instant en face de lui ne pouvait lui inspirer qu'horreur et incrédulité. Alors que, sous ses doigts, elle sentait qu'il voulait lui échapper, sa main libre s'abattit sur son épaule alors qu'elle ajoutait d'une voix dangereusement douce :

  • Tu ne vas pas quitter la fête, ils sont venus exprès pour toi, ce serait de la dernière impolitesse... Allons, Jonathan, salue tes invités !


Et, d'une dernière poussée, elle le renvoya au milieu de son cauchemar...

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MessageSujet: Re: Welcome To My Nightmare (PV Dr.Crane)   Welcome To My Nightmare (PV Dr.Crane) EmptyDim 17 Jan 2010, 16:58

Rien qu'à voir l'expression de la demoiselle, il sut aussitôt qu'il avait touché juste. Le triomphe, cependant, fut de courte durée, la main de cette dernière y mettant un terme prématuré. Le coup, d'une violence inattendue, le frappa en plein visage, la douleur résonnant dans sa tête, pulsative, et ce n'est que lorsqu'une étreinte puissante se saisit de sa gorge qu'il s'aperçut qu'il avait perdu l'équilibre. Une voix empli d'irritation cracha des paroles farouches en un Allemand au débit parfait, et il lui fallut toute sa bonne volonté pour comprendre ce dont il ressortait au travers de l'écho douloureux qui assourdissait son esprit à chaque pulsation de son coeur. Il avait au moins appris son nom, et était parvenu à la mettre proprement en colère, cela ne faisait plus de doute. Peut-être avait-il, cependant, légèrement sur-estimé les bienfaits d'une telle victoire. Oh, si peu. Il commençait à y voir plus clair lorsqu'il fut invité à voir le sol de plus près, et il était en train de se relever, grimaçant légèrement tout en évaluant l'ampleur des dégâts, et s'en estimant plutôt satisfait, lorsque s'annoncèrent la suite des ennuis.

La lune s'obscurcit sous l'ombre qui s'y étendait et un son qu'il avait appris à détester monta dans l'air. Impossible. Ce n'était rien d'autre qu'un de ses pièges, un tour de sa part - mais les choses passèrent à l'attaque, mettant un terme définitif au temps de la rationalisation. Ce n'était plus les mille becs maladroits d'un groupe d'oiseaux qui se gênaient les un les autres, mais une chose aussi unique que multiple, munie d'un volonté bien décidée à ne lui laisser aucun répit. Il leva les bras devant son visage mais les volatiles étaient partout, s'engouffrant dans la moindre faille pour le mordre, le griffer de leur bec et de leurs serres qui venaient, sans merci, mordre la moindre parcelle de chair à laquelle ils pouvaient accéder. Le cri des créatures emplit jusqu'à l'air qu'il respirait, étouffant, et ce n'est que lorsque sa gorge se mit à le brûler qu'il réalisa qu'il ne s'agissait que de son propre hurlement.

Une voix vint flotter au milieu des visions, narquoise, enchaînant des mots qu'il écouta sans vraiment entendre. Étrangers mais aussi étrangement familiers, évocateurs d'une autre réalité – une réalité différente de celle qu'il avait sous les yeux en l'instant, qui rôdait au frontières de son esprit, mais qui semblait disparaître en fumée chaque fois qu'il voulait l'agripper, glissant entre ses doigts comme autant de grains de sable – il fallait bien pourtant qu'elle appartienne à quelqu'un, cette poigne glacée, qui le maintenait fermement, l'empêchant de fuir ou même de lutter. Une main de fer lui fit lever la tête, et là, sur les rives d'un fleuves dont les eaux sombres se dirigeaient sans le moindre doute dans les profondeurs de l'enfer, une silhouette d'une élégance absurde, étrangement pliée, se découpait dans la brume.

Marion Keeny, sa grand-mère et troisième victime, jouait au milieu du groupe d'ombres noirâtres, menaçantes, qui l'avaient enfin quitté. Des griffures au rouge qui tirait sur le violet zébraient sa chair, celles qu'elle s'était elle-même infligé, précipitant son décès, lorsqu'il l'avait empoisonnée avec sa toxine, quelques années auparavant ... Ignorante du sang qui s'écoulait en caillots noirâtres, épais, figés, comme une répugnante confiture de groseille trop foncée, de plaies qui n'allaient plus se refermer, elle paraissait danser. Un funeste ballet s'il en était, dans sa jolie robe de soirée tâchée de rouge, au milieu des corbeaux qui s'amassaient autour d'elle, attirés par la nourriture qu'elle leur offrait, la tendant à bout de bras comme une gamine offrirait des bouts de pains au rouge-gorge perché à sa fenêtre .Un frisson courut le long de son échine lorsqu'il s'aperçut qu'il ne s'agissait de rien d'autre que d'un nourrisson, dont les cris déchiraient le calme de cette nuit indifférente aux crimes qu'elle hébergeait. Et tandis que les yeux de Jonathan se détournaient du nouveau-né hurlant à plein poumons, Marion lui sourit, la tête penchée sur le côté, le sourire tordu d'une poupée cassée.

Il déglutit péniblement, la saveur âcre de la bile manquant de le faire tousser, se forçant à détourner les yeux, mais déjà la voix musicale, teintée de douces notes de triomphe, l'adjoignait de regarder à nouveau, de ne pas ignorer ses invités … Cette voix, elle appartient bien à quelqu'un, pas aux fantômes qui hantent ton esprit - rappelle-toi … C'est celle de la peur elle-même, celle que tu as tant nargué, que tu as cru maîtriser et qui maintenant vient prendre sa revanche, glissa une voix venue de quelque part au fond de son esprit. Non ! Il s'agissait de quelqu'un d'autre, quelqu'un qui n'aurait pas dû se réjouir ainsi, la fierté présente dans la moindre de ses intonations, et l'amertume le prit à la gorge, comme s'il avait trahit une promesse qu'il avait passée avec lui-même. Une tout autre voix lui fit lever les yeux, cependant, avant qu'il ne puisse démêler ses réflexions, une voix qu'il aurait toujours pu reconnaître entre mille, si intensément qu'il ait voulu l'oublier … Le "non" qu'il murmura à mi-voix écorcha sa gorge déjà râpée à vif d'avoir crié.


Et bien Jonathan, comme tu as grandi … Regarde toi, tu es devenu tel que je t'avais imaginé – aussi ridiculement chétif qu'au jour de ton infortunée venu sur cette terre. Jonathan, enfant indigne, ne salueras-tu même pas ton arrière-grand mère ?

Vêtue d'une robe noire déchirée laissant apparaître des os encore habillés de lambeaux de chair pourrie, tenant sur sa main, tel un fauconnier, un corbeau qui se délectait de la chair de la main de sa maîtresse, et qui s'acharnait comme un diable sur un morceau particulièrement coriace qui lui résistait encore, s'avança la silhouette douloureusement familière de feu Mary Keeny. La chair, desséchée par endroits, encore pourrissante pour beaucoup, était agitée de soubresauts, qui lui donnait l'aspect horriblement grotesque d'une marionnette désarticulée, empêtrée dans ses propres fils … Des yeux vides qu'elle fixa sur lui, presque entièrement dévorés, ne restait que quelques morceaux gélatineux encore agglutinés contre les parois noirâtres de ses orbites : ce dont son compagnon à plume ne s'était pas encore délecté. Ricanant doucement, elle s'approcha pour lui caresser la joue, d'un geste empreint d'une douceur qu'il imaginait presque maternelle, la peau desséchée, immonde, lui arrachant un frisson lorsqu'elle gratta contre celle de sa pommette, et une odeur nauséabonde de cadavre pourri vint frapper ses narines … Son regard se tourna vers le bras, la chair moucheté d'un fin duvet bleuâtre se levant et se soulevant au rythme des mouvements de la vermine, tel au diapason tordu d'un coeur agité par la maladie. Incapable de détourner les yeux de ce spectacle morbide, il réprima à grand mal un haut-le-cœur tandis qu'elle venait murmurer à son oreille :

Sans moi tu serais mort, un petit tas de chair grouillante de vermine enfouie dans la terre du potager … C'est comme ça que tu me remercie de t'avoir nourri, éduqué … endurci ? En m'infligeant le sort que je t'ai épargné ?

La main descendit pour venir se serrer autour de sa gorge, la vermine se détachant pour tomber dans son cou, qu'il griffa pour l'en dégager, une douleur vive l'encourageant à continuer jusqu'à ce qu'il ne reste plus ni trace de vermine ni trace de chair - mais durant ce temps le contact s'était fait plus ferme, les doigts qui le tenaient plus assurés, et, stoppant le mouvement frénétique de ses doigts crispés pour se forcer à lever les yeux vers son ancêtre il reconnut à la place les traits masculins du Dr. Pigeon. Celui qu'il avait si longtemps considéré comme son mentor, et, de souvenir, la première personne qu'il ait jamais estimé, respecté, pris en modèle … lequel n'avait pas émis un mot en sa défense lorsqu'on l'avait renvoyé de l'université. Et le premier homme dont il ait organisé la mort avec un calme parfait, méthodique - mortellement efficace. Qui lui faisait face à présent, regard laiteux, vitreux, encore frais, et mouvements empoté de cadavre rigidifié, hébété, presque surpris de se trouver parmi les vivants. Chair raide et froide, presque cireuse, des cadavres reposant fraîchement dans leur linceul, exposée dans leur cercueil pour y recevoir les derniers hommages, poupées de cire maquillées en une grotesque parodie de la vie, plus dérangeantes encore d'imiter les traits d'êtres chers quand la teinte même de leur chair n'évoque que la viande froide exposée dans les boucheries. Il eut un rire de le voir ainsi engoncé dans son costume d'universitaire démodé, les mouvements roides et ridicules d'un Frankestein de série B, un rire trop aigüe, trop saccadé qui manqua de le faire s'étouffer, ou peut être était-ce à cause du manque d'air …

Je vais ai tués …, cracha-t-il finalement. Je vous ai tués, tous autant que vous êtes.

Un nom finit par s'arracher à sa conscience … Mircalla Von Karmstein, et une voix désagréable qui parlait en allemand. Cette voix même qu'il avait oublié comment identifier. Personne ne s'amusait à parler allemand inutilement, dans sa famille, ni même ce damné professeur … Elle ne faisait donc pas partie des fantômes, et sans bien savoir pourquoi, il sentait que s'il s'y raccrochait, il ne perdrait pas totalement pied, trouverait le pont qui l'entraînerait ailleurs. Car il existait un ailleurs, n'est-ce pas ? Il décida finalement de répondre à cette voix qui voulait le diriger hors ce cet endroit-là, le soumettre à son contrôle, espérant que sa voix serait suffisamment stable lorsqu'il prendrait parole.

Tout ça n'existe pas … Et je ne laisserai personne toucher à mon équilibre mental ... Sa voix sonnait comme étrangère à ses propres oreilles, un peu trop rauque et étrangement essoufflé, et cette pensée le fit ricaner audiblement. Tout était si dramatiquement comique aujourd'hui. Surtout pas … une tordue manipulatrice.

Les mots lui étaient familiers, délicieux, agréables, comme s'il les avait prononcé dans une autre réalité. Non, pas une autre. Il leva la main jusqu'à sa tempe, tentant de démêler ses pensées. LA réalité … Une où il n'était pas victime mais bien bourreau. Il n'avait qu'à faire un petit effort, se souvenir, elle était si près ...
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MessageSujet: Re: Welcome To My Nightmare (PV Dr.Crane)   Welcome To My Nightmare (PV Dr.Crane) EmptyMar 19 Jan 2010, 03:30

Toute autre créature que Carmilla aurait sans doute eu pitié en voyant le jeune homme se débattre ainsi. Il y avait quelque chose de ridiculement poignant dans ses revirements, ses gestes désespérés pour saisir une ombre sans cesse en mouvement, se dégager d'une prise qui l'empêchait de fuir et peut-être même de respirer, son hurlement d'agonie, ses hauts-le-coeur et sa fascination hypnotique pour les créatures engendrées par son propre esprit, ses propres souvenirs. Ces souvenirs eux-mêmes auraient serré le coeur de n'importe qui. Ils révélaient un passé qui avait dû être des plus horribles, des plus douloureux, des plus effrayants...

Oui, n'importe quelle autre créature aurait eu pitié. N'importe quelle créature aurait mis fin à cette torture. Mircalla elle-même, telle qu'elle était dans ses premières années, se serait laissée fléchir. Mais pas Carmilla. Pas celle qu'elle était devenue au fil des siècles, amante des ténèbres, sombre marionnettiste qui se délectait de voir son pantin tenter de lui échapper, savourait ses cris et ses protestations comme autant de délicats mets présentés à elle pour lui faire plaisir, lui laissait un instant la bride sur le cou pour mieux, l'instant d'après, raccourcir le fil et faire ressentir plus intensément son contrôle. Et pour l'heure, Carmilla s'amusait de le voir, empêtré dans ses fils, tenter de se défaire de sa poigne, de son influence, s'efforcer de lui échapper, de lui résister. Ah, il n'était pas facile à soumettre, son orgueil le soutenait, et le soutenait bien, c'était un tuteur solide... Mais il ne saurait pas être suffisant. Pas si Carmilla en avait décidé autrement.

Elle le laissa cracher à nouveau son venin, observant ce sursaut de conscience avec le détachement d'un biologiste observant la réaction d'un rat de laboratoire. L'insulte se voulait sans nul doute vexante. Mais Carmilla, à présent qu'elle avait laissé libre cours à sa rage et libéré toute la démesure de son pouvoir, n'y était plus sensible. Elle avait abandonné pour l'heure tout lien avec l'humanité pour s'abandonner pleinement à ce qu'elle avait de démoniaque.

Elle reprit forme humaine, juste en face de lui, à quelques pas. Les ombres et les fantômes vinrent alors docilement se ranger auprès d'elle, esclaves soumis. La fière et orgueilleuse Mary Keeny elle-même courba la tête un instant. Carmilla pour elle, avait retrouvé son visage de madone, auréolé de sa lourde chevelure brune que le vent faisait toujours flotter. Elle le contemplait en silence alors que s'effaçaient dans la brume les victimes de sa proie. Elle ne souriait pas. Elle semblait même étrangement détachée de la scène. Elle s'approcha, passa derrière lui, posant une main sur son épaule, et murmura à son oreille :


  • Au contraire... tout est bien réel... Je n'ai rien créé... Tout existe bel et bien. En toi. Dans ta mémoire. Tes peurs. Ton esprit. Je n'ai pas même besoin de le toucher, il vacille seul... Tout est aussi réel que cela...


Elle tendit une main devant lui, l'enjoignant à regarder dans la direction qu'elle indiquait. Autour d'eux, la brume s'était épaissie. Il faisait sombre, très sombre. La lune ne parvenait plus que faiblement à éclairer une scène aux allures de plus en plus surréaliste. Lentement, du brouillard, se détachaient des formes. Imprécises d'abord. Certaines rampantes. D'autres suspendues dans les airs. Grouillantes, ondulantes, comme un noeud de vipères, elles se précisaient petit à petit. Jeunes filles au visage pâle et émacié, aux yeux creusés et brillants de fièvre, jeunes hommes au pas trébuchant, pour certains à peine sortis de l'adolescence, hommes vacillants au regard douloureux, femmes aux bras tendus... certains avaient encore les traits qui avaient su séduire la vampire de leur vivant, mais la plupart n'étaient plus que des ombres, squelettes titubants dont les mains décharnées se levaient comme en prière pour une imploration vaine vers celle qui leur avait ôté la vie et l'âme. Au milieu de la masse se détachaient le visage tendre d'un enfant, celui d'une toute jeune fille dont les larmes ne tarissaient plus, ou encore celui d'un homme aux traits angéliques.

Lentement, ils s'approchèrent d'eux. Comiquement tordus dans des postures de tragédie ou de mélodrame, tendant les bras pour tenter de saisir celui que leur maîtresse tenait si doucement par l'épaule, jaloux, désireux de se réapproprier ses faveurs, son attention. Déjà, les âmes les plus proches s'étaient emparées de lui, l'avaient saisi aux chevilles, aux poignets, et resserraient leur étreinte alors que la masse, toujours grandissante, des victimes de la vampire affluait vers lui. Carmilla l'avait lâché et avait reculé de quelques pas. Une main de femme le saisit par la manche, dérapa, déchira le trench-coat. Une autre le tenait fermement par les épaules. Dans les regards enfiévrés, les orbites assombris, les yeux brûlants, un seul désir, une seule volonté : mettre en pièce celui qui avait ainsi su retenir l'attention de leur maîtresse, de leur dame.

Une ombre, soudain, fendit la foule. Celle d'un homme âgé d'une petite trentaine d'années, grand et fort, à qui il manquait un oeil. Ecartant sans ménagement ses congénères, il marcha droit sur Crane, sans un mot. Mais dans son oeil unique brillait plus que la simple jalousie. Il y avait de la haine, et du mépris. Et le souvenir de ce jour où, en Géorgie, vingt ans auparavant, il avait perdu son oeil par la faute de cet épouvantail chétif qu'il martyrisait chaque jour. Sa formidable poigne le saisit par le col et le souleva de terre, l'arrachant à l'étreinte glaciale des autres ombres. Déjà son poing était serré, élevé à la hauteur de sa mâchoire, déjà il allait frapper...


  • Ce ne sera pas nécessaire.


La voix de la vampire avait résonné dans un silence angoissant, ses mots tombant comme des gouttes d'eau dans une grotte. Le cancrelat éborgné tourna vers elle son demi-regard, interrogateur. La vampire secoua la tête. Docile, l'ombre baissa le poing et reposa sa victime, puis recula, la tête basse, comme un chien qui se serait fait réprimander par son maître, et s'approcha humblement de la belle, comme pour quémander une caresse. Carmilla le repoussa sans douceur. Il retourna alors se fondre dans la foule indistincte de tous ceux que la vampire avait tués au cours de son existence... et la masse referma à nouveau sur Crane.
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MessageSujet: Re: Welcome To My Nightmare (PV Dr.Crane)   Welcome To My Nightmare (PV Dr.Crane) EmptyVen 22 Jan 2010, 02:02

La brume âcre de la nuit se scinda pour reprendre forme concrète, le regard qu'elle portait sur Jonathan vide de toute expression humaine. Ce dernier ferma lentement les yeux, sentant la fraîcheur de l'air en cette heure, entendant le bruit de voitures au loin, entrecoupé par le son de l'eau qui glissait le long de la berge en clapotement apaisants, avant de les rouvrir plus doucement encore, comme émergeant lentement d'un mauvais rêve. Mircalla Van Karmstein. Douloureusement, douloureusement concrète à présent. Le froid de cette nuit de fin d'automne s'imposa à sa peau glacée de sueur et il frissonna, ses mains montant automatiquement jusqu'à ses bras dans l'espoir de se réchauffer, tentant de reprendre l'usage de son corps maintenant qu'il avait agrippé de nouveau celui de son esprit. Suivant des yeux les fantômes qui s'étaient rangés près de la créature, il put observer avec une fascination maladive Mary Keeny incliner la tête en une expression de respect humble. L'image glaça quelque chose au sein de lui, plus intimement douloureuse que les cauchemars dont il venait d'être le jouet.

Mircalla se dressait, magnifique, au centre des fantômes qui l'entouraient, et Jonathan ne put nier, l'espace d'un instant, la jalousie farouche qui montait en lui. Un éclat presque féral monta en lui, durcissant son regard, encore mêlé d'émotions plus trouble alors qu'il la regardait presque malgré lui s'approcher de lui sans pouvoir se convaincre d'esquisser le moindre mouvement. Il avait l'impression d'être un animal pris au piège, auquel le moindre mouvement pourrait être fatal ou pire – et le désagréable sentiment que cette vision n'était pas bien éloignée de la réalité. Son échine frémit presque d'elle-même lorsque sa voix vint s'insinuer au creux de son oreille, et c'est d'une voix presque dépitée qu'il répondit :


Alors je ne peux qu'applaudir mon imagination – formidable, j'aurais du choisir d'être écrivain d'horreur à la place de psychologue. Je ne saurai vous remercier assez de vous occuper de mon orientation ...

En l'occurrence, c'était plutôt de sa désorientation – mais déjà un nouvel acte débutait et Jonathan suivit l'entrée en scène des nouveaux figurants de ce lugubre opéra, naissant de l'ombre et de la brume comme s'ils y étaient tapis de toute éternité, la nuit elle-même semblant se retirer, reculer hors de portée de ces ombres grotesquement animées qu'elle ne se reconnaissait pas. Presque comiquement pathétiques, elles se détachèrent de la brume pour avancer vers eux, squelettes immondes et rampants dont la vue seule donnait envie de vomir ou visages horriblement esthétiques, tous unis en la même avancée pitoyable et impitoyable dans leur direction. Leurs regards d'un vide dérangeant convergeaient sur lui – ils esquissa un moment de recul, stoppé lorsqu'une main se referma sur l'une de ses cheville, puis ses poignets; Le contact de leur peau répugnante le fit revenir à lui – mais ses mouvement pour se dégager ne le libéraient que pour le soumettre à d'autre prise, les doigts rêches et sac se tordant sous ses efforts mais l'agrippant avec un désarroi de forcené, une main déchira son manteau, lui déboîtant à-demi l'épaule en tirant, et son coeur battait dans ses tempes, l'empêchant de réfléchir. Quelqu'un se détacha de cette foule anonyme, l'expression haineuse qui se lisait dans ses yeux – non, il n'y en avait qu'un – contrastant avec celle de ses pairs. Il avait tout perdu de l'aspect juvénile sous lequel il l'avait connu, ses traits durcis en ceux d'un adulte aussi impitoyable que le gosse qu'il avait été, mais Jonathan le reconnu aussitôt. Un ricanement dépité s'échappa de ses lèvres, sous un coup aussi traître de l'ironie du sort -vite interrompu lorsque l'autre le souleva du sol, l'arrachant à l'étreinte que les choses avaient sur lui. Même mort, cet abruti fini avait toujours la même force de boeuf – il referma sa main sur celle qui le tenait, la serrant et la griffant, une vieille panique qu'il croyait depuis longtemps oubliée remontant en lui comme si elle ne l'avait jamais quitté. Déjà son poing se levait -fermant les yeux par réflexe, il se prépara à l'impact … Qui ne vint jamais.

Il les rouvrit au son de la voix de Mircalla, le soulagement se changeant bien vite en fureur lorsqu'il le reposa sagement – elle l'avait épargné, hein, trop gentil … Il eut un frisson de dégoût à le voir se rapprocher de cette dernière, petit chiot servile venant quémander les faveurs de sa maîtresse. Le charme s'était déjà rompu, la masse grouillante revenant contre lui, immonde, il se débattit sans pouvoir pour autant leur échapper. Oh, il était douloureusement conscient de tout. Il sentait ce qui lui restait de contrôle,de santé mentale échapper peu à peu à sa prise, lui glisser entre les doigts inexorablement. La peur le saisit à cette pensée, plus intense, plus mortelle que celle qu'il ait jamais connu dans son existence ou dans les cauchemars qui s'étaient à présent jetés sur lui pour le dévorer. Qu'elle lui échappe, qu'il coure le risque de ne jamais la retrouver. Il entendit sa propre voix s'élever à ses oreilles, montée d'un octave, proprement pitoyable --


Ça suffit, ça suffit, faites-les cesser … s'il ...

Il s'arrêta. S'il vous plait ? Il était bien placé pour savoir que cela ne marchait jamais. C'était comme renoncer à une partie de celui qu'il était, maintenant, ouvrir la fenêtre sur le garçon soumis qui suppliait son arrière-grand-mère de ne pas le punir il y a déjà une éternité. Lui qui se vantait en lui-même d'avoir bien changé. Il serait plus facile, lui glissa une voix, de lâcher prise, laisser les démons emporter ce qu'il te reste de conscience et de fierté – il eut un regard incertain vers les masses de membres, de visages entremêlés qui l'entouraient. Ce n'était plus les fantômes de son passé, mais des visages inconnus à part pour l'un d'entre eux, qu'il n'avait jamais vus. Ils ne lui appartenaient pas, à lui. Lui appartenait-ils, à elle ? Il s'imagina un instant céder, rejoindre les rangs de ces petites choses tragiquement pitoyable, gémissantes, se tordant pour gagner les miettes de faveur de leur tortionnaire. Arrêtant de lutter, il eut un sourire narquois en direction des choses qui s'agitaient sur lui, le noyant et l'étouffant sous leur ridicule désespoir.

Oh, allez-y, donnez-vous en à coeur-joie, murmura-t-il d'un ton défait.

Il préférait encore être mis en pièce où se perdre dans le gouffre de sa propre folie. Au moins cette dernière lui appartenait.
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MessageSujet: Re: Welcome To My Nightmare (PV Dr.Crane)   Welcome To My Nightmare (PV Dr.Crane) EmptyVen 22 Jan 2010, 09:02

Quelques pas à l'écart, Carmilla observait la scène, silencieuse et immobile. Elle avait eu un rictus amusé à la réplique de sa victime. Ce jeune homme avait du cran. Et il était intéressant de le voir s'agripper à la moindre branche à sa portée pour essayer de sauvegarder ce qui lui restait de dignité et d'équilibre. Tout lui était bon, même ce fragile sarcasme. Par-devers elle, Carmilla dut admettre qu'il était digne d'intérêt. Au cours de ses deux siècles et quelques décennies d'existence, la vampire avait possédé des centaines d'esprits. Elle en avait brisé plus encore, et courbé quelques uns. Aucun ne lui avait encore résisté si longtemps et avec tant d'acharnement. La plupart ne passait pas le stade des fantômes. Aucun n'avait pu soutenir plus de quelques secondes l'apparition des âmes qu'elle tenait enchaînées. Rien que pour cela, ce mortel était en train de s'attirer une certaine estime de la part de Carmilla.

Et soudain, au coeur de la masse, elle put voir son visage se décomposer. Carmilla n'eut même pas besoin de s'infiltrer dans son esprit pour savoir ce qui s'y passait. Il perdait le contrôle. Contrôle de la situation. Contrôle de son corps. Contrôle à présent de son esprit. Et cela le terrifiait. La peur qu'il avait ressentie jusqu'alors, jusque sous la poigne du cancrelat éborgné qui avait voulu lui faire regoûter aux douleurs de son enfance, cette peur-là était viscérale, un instinct de survie, rien de plus. Mais la peur qui l'envahissait en cet instant, qui prenait possession de son esprit et glaçait jusqu'à son âme, cette peur-là, il ne pouvait pas la combattre...


Ça suffit, ça suffit, faites-les cesser … s'il ...

A ces mots, Carmilla, pourtant strictement immobile, se figea plus encore. Ils étaient ce qu'elle attendait depuis le début. Elle clama :

  • Elég!


Les ombres, jusqu'alors mouvantes, s'immobilisèrent. Tendue dans chaque fibre de son être, dans un silence assourdissant, Carmilla guettait. Elle guettait ses mots, ce qu'il dirait. Ce furent des mots de renoncement. D'abandon. Las de lutter, son adversaire se couchait. Carmilla aurait dû être ravie. Elle aurait dû sentir cette délicate ivresse de la victoire. Mais elle n'était que déçue. Insatisfaite. Dans ce combat, elle avait trouvé un adversaire presque à sa taille, et l'issue l'attristait un peu. Elle laissa tomber d'une voix brève et dure :

  • Hátul van, szél! Hátlap zenekar woodlice! Eltűnik!


Une à une, les ombres s'empressèrent de relâcher leur étreinte, d'abandonner leur prise. Apeurées, elles s'agglutinaient, comme pour se protéger des foudres de leur maîtresse, effrayées par sa voix qui avait claqué comme un étendard dans la nuit silencieuse. La vampire s'avança alors au milieu d'eux. Ils reculaient à son passage, hideuse Cour des Miracles à laquelle elle n'accorda pas même un regard, belle et hautaine. Tous levaient vers elle leurs yeux morts, dans l'espoir d'un regard, les plus audacieux allaient même jusqu'à tenter d'effleurer au passage le tissu de sa robe, mais retiraient aussitôt leurs doigts décharnés, comme s'ils s'étaient brûlés à l'étoffe. Lentement, les ombres les plus éloignées se dissolvaient dans la brume, à présent qu'elle ne leur prêtait plus la moindre attention.

Elle s'approcha de Crane et, avec une douceur qui contrastait avec la dureté de sa poigne jusqu'alors, elle cueillit son visage dans ses mains. Ses doigts caressèrent la joue qu'elle avait frappée un peu plus tôt, et qui s'ornait d'un hématome qui devait être certainement douloureux. Mais sous la main glacée, l'hématome se résorbait. En quelques instants, il n'en resta plus qu'un souvenir. Elle écarta délicatement, d'un geste presque tendre, quelques mèches qui venaient balayer les yeux d'un bleu si envoûtant, et y planta son regard sombre et grave. Alors, seulement, elle parla. D'une voix douce, oh ! si douce... si éloignée de celle qu'elle avait eu depuis le début de leur entretien... une voix calme, apaisante. Rassurante. Presque maternelle. Et cette voix murmura :


  • Deux mots. Deux mots pour compléter ta phrase et tout sera fini. Tu vois ? tu m'as demandé de les faire cesser. Ils ne te toucheront plus. Si tu finis ta phrase.


Carmilla avait approché son visage tout près de celui de Crane. Elle venait de prendre une importante décision. S'il prononçait ces mots qu'elle attendait de lui, alors, elle lui laisserait la vie sauve. Elle le laisserait partir. S'il s'obstinait... il viendrait gonfler les rangs des nombreux malheureux dont Carmilla s'était repue.

Ils étaient à présent à nouveau seuls. Le vent était retombé. Le brouillard, un instant plutôt encore impraticable, s'était en partie dissipé, et la lune nimbait à nouveau de sa lumière blanche les objets de contours tranchants comme des lames, et leurs deux silhouettes de ce halo fantomatique. Carmilla eut une ébauche de sourire, un sourire un peu effacé, un peu mélancolique. Un sourire qui n'avait plus étiré ses lèvres depuis longtemps. Elle lâcha le visage de Crane, et posa ses mains sur ses épaules. Elle les laissa glisser le long de ses bras, comme pour le réchauffer, les yeux posés sur la manche déchirée de son manteau, et sur son épaule sans doute douloureuse elle aussi, tandis qu'elle murmurait, à moitié pour elle-même :


  • Tu es glacé... Pourtant, ton coeur bat. Tu ne devrais pas avoir aussi froid. Oh, tu es résistant, je sais. Ton corps l'est, et ton esprit plus encore... tu es bien le premier à aller aussi loin...au coeur de l'horreur.


Elle se tut et releva les yeux. Son sourire flou erra encore un instant sur ses lèvres, puis vacilla et mourut, comme la flamme d'une chandelle. Ses mains, abandonnant les bras de Crane, s'envolèrent comme deux oiseaux blancs. La manche déchirée, sous les doigts de Carmilla, était de nouveau intacte, et l'épaule démise ne l'était plus. La belle croisa sagement les mains devant elle, les laissant reposer sur sa jupe. De ce que dirait Crane à cet instant dépendrait sa survie. Elle se surprit à espérer qu'il cède. Elle n'avait pas envie de le tuer.

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MessageSujet: Re: Welcome To My Nightmare (PV Dr.Crane)   Welcome To My Nightmare (PV Dr.Crane) EmptySam 23 Jan 2010, 03:57

Jonathan fut surpris de ne plus sentir aucune poigne le broyer ou l'érafler, les créatures se figeant d'un seul "homme" au son de la voix de leur maîtresse. Mais c'est qu'ils étaient bien dressés, ces petits … La voix sèche et claquante rompit encore une fois le silence, et chaque prise s'effaça peu à peu, marrée descendante qui s'éloignait de lui peu à peu, le laissant enfin seul avec le vent moite de la nuit, qu'il pouvait sentir sur la peau de son visage tandis qu'il reprenait lentement son souffle. Un bruit de pas légers capta son attention, et ses yeux quittèrent les créatures pour se poser sur leur propriétaire, qui n'était plus qu'à quelques pas de lui. Il la regarda s'avancer en silence, ne prenant même pas la peine de reculer - il se redressa cependant légèrement, s'asseyant correctement, jambes pliés devant lui.

Nous voilà au quatrième acte, je suppose … il eut un ricanement un peu amère. Ce n'est pas que je n'aime pas faire durer le plaisir, mais si l'on pouvait passer de suite à l'acte final, j'aimerais autant.

A ce point, la notion d'espace vital lui semblait dorénavant assez futile. Il grimaça lorsque des doigts plus glacés qu'un stéthoscope frôlèrent la joue même que, plus tôt, ils avaient abîmée, mais fut surpris de sentir la douleur s'effacer progressivement sous son toucher, jusqu'à ce qu'il n'en subsiste plus une trace. Il recula légèrement, cependant, quand les doigts fins et blancs vinrent écarter ses cheveux, pour dégager ses yeux, peu sûr de ce qu'elle y cherchait. La douceur de sa voix le fit frémir, plus que le vent qui était retombé, tandis que ses paroles se faisaient traîtreusement tentantes. Un piège dans lequel il ne tomberait pas. Il se méfiait comme de la peste de ce calme qui avait entamé de le corrompre, de s'installer en lui, presque malgré lui. Cet instant de soulagement et de torture à la fois, où vous êtes sortis d'un cauchemar, mais, le cœur battant, vous n'arrivez pas à vous convaincre du fait que tout n'était qu'un mauvais rêve, le souvenir encore trop présent dans votre esprit. Pourtant la morsure douloureuse de l'espoir est là, juste à côté, rendant plus effrayante l'idée de perdre cette saveur que vous aviez presque oublié … Traître.

Oh non … Non, ça, jamais.

Sa voix s'était durcie, une agressivité plus familière renaissant en lui, qui se figea, un peu prise au dépourvu, au sourire presque un peu triste qui vint flotter sur les lèvres de celle qui ne se trouvait plus qu'à quelques centimètres de lui. Il pouvait sentir son souffle sur lui, aussi froid que l'air qui, autour d'eux, s'était soudain figé, et il eut soudain cruellement conscience de leur proximité et de leur solitude. Autant pour l'effet de sa remarque sur l'espace vital. Ses mains descendirent le long de ses bras, geste d'un proche qu'on accueille, enfin de retour du froid, une voix absente déliant des paroles qui s'adressaient peut-être à lui, peut-être à elle-même, il n'aurait vraiment su le dire, qu'il écouta sans esquisser un son, de crainte de briser cette minute de répit qui semblait trop fragile pour durer. Ou peut-être que pour une fois, il ne savait tout simplement pas répondre. Il leva la main devant lui, dépliant et repliant lentement les doigts, surpris de ne ressentir aucune douleur dans l'épaule qui le lançait douloureusement il y a un instant encore. Contre quoi était-il censé lutter ?

Ce doit être le prix à payer de ceux qui désirent faire partie de la nuit, vivre en elle - se couper de tout ce qui est étranger à sa froideur … Murmura-t-il finalement.

Elle n'avait pas tort, ce qui commençait à devenir une habitude désagréable chez elle. Il était glacé, et la sueur moite et froide qui pénétrait jusqu'à ses vêtement ne semblait épargner la moindre parcelle de peau, l'empêchant d'espérer même se réchauffer. Il tremblait d'ailleurs, il était probablement échevelé, et il avait l'impression que s'il esquissait le moindre mouvement un peu trop imprévu, il allait vomir. Il n'arrivait même plus à se convaincre lui-même qu'il n'avait pas totalement perdu, et cela l'horripilait. Il avait conscience de l'absurdité de s'agripper au silence de ces deux mots dont le poids dans la sauvegarde de son amour-propre semblerait somme toute relatif quand les asticots viendraient faire leurs déjections dans les chairs moisies, mouchetées de champignons noir-marron-violacés de son cadavre. Pourtant, plus il se persuadait de la nécessiter de les formuler, moins il lui semblait concevable que les mots puisse franchir le seuil de ses lèvres.

Il se mordit la lèvre un instant, de frustration mêlée d'indécision, puis, relevant des yeux qu'il ne se souvenait pas d'avoir baissés, il croisa le regard de Mircalla, l'étudiant attentivement pour la première fois depuis qu'il l'avait rencontré. Si inhumainement distant, comme s'il baignait dans des vérités qu'il ne pourrait jamais saisir, fruit des siècles à entendre murmurer à son oreille les plus ténébreux secrets de la nuit. Et quelque chose de plus proche à la fois, parfois présent, parfois absent, mais toujours un peu là, comme la flamme tremblotante d'une bougie, qui s'était avivé l'espace d'un instant lorsqu'elle lui avait souri. Il marqua un temps, avant d'articuler d'une voix calme :


S'il vous plait.
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MessageSujet: Re: Welcome To My Nightmare (PV Dr.Crane)   Welcome To My Nightmare (PV Dr.Crane) EmptySam 23 Jan 2010, 05:26

Il luttait encore. Carmilla n'en était pas surprise. Il lutterait probablement jusqu'au bout, pour la forme, parce qu'il n'était pas dans sa nature d'abandonner, quand bien même cela devait signifier sa mort. Elle eut un soupir. Le premier qui dessinât un léger nuage de vapeur devant ses lèvres. Le sourire flou avait disparu de ses lèvres, mais la flamme vacillante qu'il avait allumé dans son regard ne s'était pas éteinte alors qu'elle posait les yeux sur lui, songeuse.

Il y avait longtemps, très longtemps qu'elle n'avait pas été si indécise. Si peu désireuse de faire ce pourquoi elle était revenue d'entre les morts, ce qui était sa raison de vivre... Tuer. Tuer un mortel, le vider de son sang, s'approprier son âme pour combler le vide que la sienne avait créé en elle en la quittant... Ce soir, Carmilla - non ! Mircalla... n'en avait pas envie. Elle gardait sur sa peau la sensation de celle de son visage. Elle ne détachait pas ses yeux des siens. Elle le sentait encore frissonner sous ses doigts. Elle le contemplait, abîmée dans une rêverie un peu mélancolique. Il avait froid. Il avait eu mal. Encore à présent, il ne se sentait pas bien. Carmilla pouvait ressentir tout cela, mais ne pouvait plus le comprendre. Et Mircalla, pour la première fois de son existence de non-morte, le regrettait. Sans doute est-ce pour cela qu'elle murmura en retour, presque malgré elle :


  • Prends garde, à trop errer dans la nuit, elle finit par te posséder... et il n'y a pas de retour en arrière possible.


Elle se tut et détourna les yeux pour la première fois. En elle, Carmilla et Mircalla s'affrontèrent brièvement. La créature démoniaque qu'elle était devenue se moquait ouvertement des atermoiements de la jeune fille qu'elle avait été. Elle avait choisi son destin, plus de deux cents ans plus tôt. Elle l'avait choisi à l'instant où, comprenant qui était Ezequiel, elle avait malgré tout accepté son baiser mortel, le jour même de ses noces. Elle l'avait choisi quand, venant la chercher dans sa tombe, il lui avait offert d'être sa compagne et de perdre son âme et qu'elle avait accepté. Et ce choix, elle ne l'avait pas regretté jusqu'alors. Ou si peu que rien. Qu'est-ce que la chaleur d'un corps, s'il doit pourrir et disparaître ? Cette chaleur, elle peut la voler, pour quelques heures, aux bras d'un amant, d'une maîtresse. Qu'est-ce qu'un esprit mortel, si l'on peut à loisir le briser ? Qu'est-ce qu'une âme, si l'on doit souffrir ? Qu'est-ce que vivre, si l'on peut être esclave ? Elle avait choisi le pouvoir, et cela voulait dire renoncer à son humanité. Va, Mircalla, va ! retourne dans ce coeur qui ne bat plus, retourne t'y cacher. Tu n'aurais pas dû en sortir.

Mais Mircalla, doucement, mais sûrement, résistait. Le pouvoir, ce pouvoir, cette illusion brillante qui l'aveuglait... un mortel pouvait l'en déposséder ! Ce destin qu'elle avait choisi, quel destin était-ce ? Une longue fuite en avant pour échapper à l'ennui d'une vie trop longue, qui s'étirait sans fin à l'horizon, aride et desséchée, stérile comme son coeur désormais. Oui, être un monstre signifiait avoir le pouvoir sur les autres... mais la chaleur d'un corps vivant... l'étreinte de bras aimants... aimer en retour, souffrir et pardonner... et faire preuve de clémence...

La paix, folle ! A quoi bon s'embarrasser à présent de ces considérations ? Elles arrivent deux siècles trop tard ! C'est à l'époque, Mircalla, c'est quand tu frissonnais sous les mains de cet amant que tu admirais tant, c'est quand il t'a offert d'être désormais de son sang que tu aurais dû y songer ! Il est trop tard pour reculer, trop tard pour revenir sur ce que tu es devenue ! Tais-toi donc, Mircalla, tais toi et disparais, rendors-toi. Tu n'aurais jamais dû te réveiller.

Quand elle reposa son regard sur lui, la flamme d'humanité était presque éteinte. Elle vacillait encore un peu pourtant, refusait de s'éteindre, de laisser de nouveau la place à la noirceur glacée du démon. Et enfin, il prononça ces mots. Ces mots qu'elle espérait, ces mots qu'elle attendait. Le sourire flou revint étirer ses lèvres et brouiller ses traits, comme sur une photographie presque effacée. L'espace d'un instant, Mircalla reprit le pas sur Carmilla...

Lentement, elle s'agenouilla près de lui. De nouveau, elle prit son visage dans ses mains, approcha le sien tout près, oh, si près... Un bref instant, Carmilla revint se battre, et un éclat dur passa dans les yeux, un éclat de folie... Mais qui ne dura pas. Pour la première fois en deux cents cinquante ans, Mircalla se rebellait. Elle avait promis que s'il prononçait ces mots, il serait libre, et vivant. Elle tiendrait sa promesse. Le sourire flou vacillait sur ses lèvres alors qu'elle le contemplait, son regard sombre plongé dans ses yeux bleus. Enfin, elle se penche, et déposa un baiser sur les lèvres de cet homme. Un baiser comme elle n'en avait jamais offert. Juste ses lèvres, posées contre celles de Crane, comme pour y puiser elle-même ne savait quoi. Un baiser sans sensualité, un baiser d'enfant encore, un baiser volé.

Elle le rompit presque instantanément et pourtant presque à regret. Elle recula son visage, lâcha celui de Crane, se releva. Le sourire flou était revenu. Elle ne dit rien. Ne fit pas un geste. Elle se contenta d'incliner la tête en signe d'adieu. Puis, elle tourna les talons et s'éloigna. La brume l'engloutit. Elle avait disparu. Et avec elle, toute preuve que ce qui s'était passé cette nuit-là sur les berges du fleuve était réel...
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